Le Nez - Dénouement

Je n’avais pas du tout prévu une suite pour « le nez ». C’est surtout Patrick, alias PP06, qui a sournoisement instillé dans mon esprit, les mots explication et vengeance.


Cela fait six mois que David est parti. Le choc a été tellement violent, que j’ai dû être hospitalisée, après que mes parents m’aient trouvée dans un état catatonique, sur le sol de la cuisine. J’étais sévèrement déshydratée après deux jours par terre. Depuis, je suis en arrêt maladie.

Le mariage a été annulé faute de fiancé. Bien entendu, la raison en a été connue et commentée par tous. Maintenant, je suis la honte de la famille, la traînée du bureau et la salope de mon cercle d’amis.

Pour être sûr que je ne fasse pas de bêtises, le médecin m’a prescrit des médicaments. Je les avale comme des bonbons, mais ça ne change rien ; il ne reviendra pas et j’en suis responsable.

J’ai cédé à Sébastien et à son copain Laurent, j’ai accepté tout ce que j’avais refusé à mon fiancé. Non seulement j’avais trompé David, avec deux hommes en même temps, mais en plus, je m’étais laissée sodomiser par les deux.

Ils m’avaient baisée dans tous les sens et je n’avais rien refusé. Une levrette, pendant qu’on me baisait la bouche, une double pénétration anale et vaginale, j’en passe et des meilleures. Ils avaient échangé leurs places à plusieurs reprises, varié les positions et ils avaient rempli tous mes trous de sperme. C’est aussi sordide et vulgaire que vrai, hélas.

Tout s’était fait sans la moindre protection. Ils m’avaient pénétrée sans se préoccuper de grossesse ou d’IST. Par chance je prenais la pilule, mais ça ne protégeait pas contre les maladies. Les tests faits pendant mon hospitalisation étaient tous négatifs. Ironiquement, ça a été le seul point positif dans ma vie dernièrement.

David l’a su et m’a quittée après avoir fait disparaitre toute trace de notre vie commune. Il n’en reste rien, à part cette lettre qu’il m’a laissée en partant.

Je la lis et la relis en espérant que son contenu change. Selon Einstein, la folie c’est de répéter la même action et s’attendre à un résultat différent. Je suis donc folle.

Pourquoi ? Mais pourquoi ? Je ne me comprends pas. J’avais tout et je l’ai gâché pour une histoire de cul. Je donnerais tout ce que je possède, pour revenir en arrière et exploser les couilles de Seb, lorsqu’il m’a invitée danser.

Ma vie est foutue et mon avenir inexistant. Je me contente de respirer, et encore, c’est un réflexe musculaire. Mes parents viennent régulièrement me voir, m’apportent à manger et s’assurent que je me nourris. Je ne sors plus, je n’ai envie de rien. Ma mère me force à me doucher, chose que j’oublie souvent aussi. Pourquoi prendrais-je soin de moi, ou plutôt, pour qui ?

J’ai essayé d’avoir des nouvelles de David, sans succès ; ses amis refusent de me parler. Je ramperais à ses pieds, si cela pouvait changer quoi que ce soit, mais si la situation avait été inversée, lui aurais-je pardonné ?

J’ai lu l’histoire d’une certaine Alice, qui avait été abandonnée par son mari, après l’avoir trompé. Il avait disparu, mais elle l’avait retrouvé grâce à un détective privé. Je n’ai pas le courage de faire la même démarche. Si je le retrouve, je ne pourrai pas le regarder en face, car je n’ai pas d’explications et encore moins d’excuses, pour ce que j’ai fait.

Comme tous les jours, ces derniers mois, je m’assois sur le canapé et j’allume la télé. Peu importe ce qu’il y a à l’écran, je ne regarde pas. Le bruit de fond comble partiellement le vide de mon existence.

Je reprends brusquement mes esprits. Mes insomnies nocturnes me provoquent de la somnolence pendant la journée. J’ai l’impression d’avoir raté quelque chose. Je regarde autour de moi, qu’est-ce que ça peut bien être ? Pourquoi ce sentiment d’urgence ?

Je regarde la télé, c’est le JT et il y a une interview d’un auteur apparemment célèbre, Eler, connais pas.
J’active la fonction replay. Avant ça, une sombre affaire de et d’erreur judiciaire de la commissaire Sarah Castaing, je m’en fous. Avant encore, un énorme incendie dans un entrepôt de produits chimiques, rien à fou… STOP ! Il est là ! C’est David.

J’ai enregistré le JT. Je ne sais pas combien de fois j’ai regardé les images. C’est lui, il fait partie des personnes évacuées des bâtiments alentour, plus par peur des risques chimiques que de l’incendie. Il porte un masque pour protéger son odorat, mais c’est lui, son regard ne trompe pas.

Je veux le voir. Je dois le voir. J’ai besoin de le voir. Je jette quelques affaires dans un sac et je fonce à la gare. Je ne suis pas en état de conduire, mais le train fera l’affaire. Deux heures d’attente et six heures de train plus tard, je suis arrivée. C’est l’aube, je me sens reposée, j’ai dormi quatre heures d’affilée pendant le voyage. Cela ne m’était plus arrivé depuis… oui, depuis.

J’ai trouvé un petit hôtel, près de la gare. La chambre n’est pas prête, il est trop tôt. Peu importe, je laisse mon sac et prends un taxi. La fortune souriant aux idiots, le chauffeur connait bien la zone industrielle. Il me conduit jusqu’à un bâtiment, dans lequel une grande marque de cosmétiques fait de la recherche. David ne peut travailler que là.

Je me poste dans un coin, derrière des containers. J’ai une vue parfaite sur l’entrée. Les premiers employés arrivent puis c’est le troupeau, et pendant un moment, j’ai peur de le rater. Enfin, il arrive, c’est bien lui, comme dans mes souvenirs.

Quand il entre dans le bâtiment, je reprends ma respiration, que j’avais retenue sans m’en rendre compte. Il venait du côté parking, il a donc un véhicule. Je retourne à l’hôtel en bus, m’installe dans la chambre et cherche une agence de location proche.

A midi, je suis garée à proximité du parking, mais il n’apparait pas. J’ai oublié de me prendre à manger, tant pis, je n’ai pas faim de toute façon, je suis trop stressée.
À la fin de la journée, les gens arrivent au compte-goutte, puis par vagues. J’ai encore peur de ne pas le voir passer.

Il est bientôt 21h, je pense l’avoir manqué, mais je n’ose pas rentrer. Finalement, j’ai eu raison, il arrive peu après. Quand une voiture sort du parking, il fait nuit et je n’arrive pas à distinguer le conducteur, mais ça ne peut être que lui. Je le laisse prendre un peu d’avance et j’entame la poursuite.

Je le suis jusqu’à un petit immeuble, dans un quartier calme. Dès que je le vois se garer, je précipite la voiture dans un petit espace libre, moitié trottoir, moitié passage piétons. Maintenant je sais où il habite, mais un code m’empêche d’entrer.

Le lendemain, après une étonnante bonne nuit de sommeil, je suis postée devant l’édifice aux aurores. Je le vois sortir, je n’ose pas me montrer et encore moins lui parler. Dès qu’il s’est éloigné, je viens rôder devant l’immeuble. C’est bon, en journée la porte n’est pas sécurisée.

Je rentre et fais le tour des boîtes aux lettres. C’est l’appartement 4F. Je monte par les escaliers pour être plus discrète. Je me retrouve devant sa porte, je ne sais pas quoi faire. Je la contemple un moment, mais je n’ose pas rester longtemps, de peur d’alerter les voisins.

Pendant toute la journée j’alterne promenades dans le quartier et visites à l’appartement, pendant lesquelles je me colle à la porte et j’écoute. C’est pitoyable ? Oui.

En milieu d’après-midi, je reviens une fois de plus vers l’immeuble, quand je m’aperçois que sa voiture est déjà là. Je ne sais pas combien de temps je suis restée figée. Puis tel un automate, je rentre dans le bâtiment et me dirige vers l’escalier. Ce n’est pas conscient, je ne réalise pas vraiment ce que je fais.

J’ai sonné. J’attends. Quoi ? Je ne sais plus, je ne réfléchis pas. La porte s’ouvre.

- Bonjour.

- B… b… bonjour.

C’est une belle jeune femme qui m’a ouvert.
Elle a un sourire doux et chaleureux. Elle… ELLE EST ENCEINTE ! Je regarde son annulaire gauche. LA BAGUE DE SA GRAND-MERE !

Je suis dans la voiture. J’ai eu un trou noir et je ne sais pas ce qui s’est passé. J’ai vu cette femme et après… ? Je pleure toutes les larmes de mon corps et prends une décision. Je rends la chambre, la voiture et retourne à la gare. Dans le train, je fais le point. J’ai vu ce qu’aurait été ma vie, j’ai touché le paradis mais il n’est pas pour moi, je resterai en enfer. Je suis responsable de mon malheur, mais je ne suis pas la seule. Sébastien va payer lui aussi.

Une semaine est passée et je viens de charger le revolver pour la dernière fois. Cela fait deux jours que je le manipule. J’ai appris sur internet comment faire. Ce sont mes parents qui ont été étonnés et ravis de me voir dîner aussi souvent chez eux. Le temps qu’il m’a fallu pour trouver l’arme de mon père, cachée dans la maison.

Je suis planquée à côté de l’entrée de l’immeuble de Sébastien, le moment est arrivé. Je le vois s’approcher. J’ai de la chance, il fait nuit et il n’y a personne alentour. Je tiens l’arme dans ma main droite. Pour être sûre de l’atteindre, je devrai m’approcher à moins de deux mètres. Je me sens mal…

J’ai eu une absence, je suis désorientée et j’ai les jambes en coton. Le revolver ! Je ne l’ai plus. Je regarde autour de moi, rien, il n’est nulle part. Dépitée par la perte de l’arme et par l’occasion perdue, je retourne chez moi.

Après avoir ruminé quelques jours, je décide de retourner au travail. Je m’arrange avec le médecin, ravi de me voir reprendre du poil de la bête. S’il savait ! La gorge est une zone particulièrement vulnérable, une paire de ciseaux suffira et tant pis pour la discrétion. Je plaiderai la folie.

Lundi au bureau, je sens tous les regards braqués sur moi. Tout le monde est au courant de ma situation. J’ai droit à d’hypocrites paroles de bienvenue. La salope dépressive est de retour, voilà ce qu’ils pensent tous en réalité.

Après avoir pris des ciseaux neufs dans la réserve, je monte à l’étage de Sébastien. Les gens me regardent et je sais aussi ce qu’ils se disent : la traînée vient voir son amant. Il n’est pas là. Une secrétaire, un peu plus compatissante, s’approche de moi.

- Bonjour. Seb n’est pas venu travailler. Il est malade. C’est grave, car il a été hospitalisé ce week-end.

- Ah… d’accord, merci, je voulais juste… rien, oublie.

Le reste de la semaine est passé sans que je ne me décide : je l’attends au bureau ou je vais en finir à l’hôpital ? Le vendredi soir est arrivé et je suis toujours dans le flou. Je rentre à la maison, fatiguée par la tension nerveuse de l’indécision. En entrant, je sens une différence. Quelque chose a changé dans la cuisine. Sur la table. UNE LETTRE ! Je me précipite pour la lire.



Tu ne te rappelleras donc jamais que je suis un nez. J’ai senti ta présence devant chez moi, le jour où tu es venue sonner. Ton odeur est imprégnée dans ma mémoire et ton parfum est une de mes créations, il est unique et spécialement créé pour toi.

Mais revenons en arrière, à ce matin maudit où tu es revenue couverte des fruits de ta débauche. J’ai été anéanti, mais j’ai quand même senti que ton odeur avait changé, ta sueur était différente. Je ne savais que penser, alors j’ai récolté tous les échantillons possibles sur toi. Je t’ai même piqué le doigt, avec une épingle, pour recueillir un peu de sang. Épuisée par ton orgie de sexe, tu n’as pas bronché. Pour finir j’ai aussi pris ta culotte et avant de partir, j’ai donné le tout à un ami qui travaille dans un labo.

Quelques semaines plus tard, il m’a transmis les résultats. Mon intuition était correcte, il y avait des traces d’une sorte de GHB, dans ton organisme. Ce produit stimule ta libido, amoindri ta volonté, mais ne provoque pas une perte de mémoire.

Pourquoi ne suis-je pas revenu, quand j’ai su que tu avais été e ?
Parce que cela ne changeait rien à ta trahison. Une première fois, tu avais eu envie de lui et cela t’avait suffi pour me mentir et le retrouver une deuxième fois. La drogue n’a été qu’un coup de pouce, à un adultère que tu avais déjà mis en route.

J’ai décidé de me venger des hommes qui ont détruit mon couple. Cela a été facile de les retrouver. Le GPS de la voiture m’a indiqué l’adresse où tu avais passé la nuit. Ils sont voisins ; je les ai tout de suite reconnus. Leurs odeurs, que j’avais senties sur toi, bien sûr ; je les avais mémorisées. J’en ai suivi un, jusqu’à ton entreprise et l’autre jusqu’au laboratoire d’un groupe pharma. C’est lui qui leur procure la drogue probablement.

Je suis un chimiste, comme tu me présentais. Sais-tu ce qu’est un poison binaire ? Il se compose de deux substances, inoffensives séparément mais redoutables une fois combinées. C’est ce que j’ai utilisé sur eux. Un des éléments doit être absorbé, mais un contact cutané suffit pour l’autre.

Un soir, dans un pub, j’ai « sympathisé » avec eux et j’ai offert quelques tournées. Je leur ai administré le premier composant. Deux semaines plus tard je suis venu leur administrer le second, je l’ai badigeonné sur leurs boîtes aux lettres et leurs poignées de porte.

Cela ne va pas les , non. Je ne veux pas qu’ils s’en tirent à si bon compte. Ce poison provoque des lésions nerveuses. Ils vont récupérer peu à peu leur mobilité, mais leur impuissance est définitive. Plus d’érections, punis par là où ils ont péché. Ils m’ont volé ma vie pour assouvir leurs désirs malsains ; ma conscience ne me tourmente pas.

C’est moi qui t’ai pris ton revolver devant chez ton amant. Je venais d’appliquer le second composant, quand je suis tombé nez à nez avec toi. J’ai utilisé un petit spray à base de scopolamine, très, très allégée. J’avais prévu une petite assurance en cas de problème. Cela t’a désorientée et provoqué une petite amnésie. Je n’allais pas te laisser commettre un , j’avais mieux.

Je réponds aux dernières questions que tu peux te poser. Oui, j’ai eu une aventure avec la jeune femme que tu as vue chez moi. Oui, elle m’a donné ce que tu m’as refusé, mais donné à d’autres. Oui, elle est enceinte. Oui, elle est fiancée.
Non, je ne suis pas le père. Non, je ne suis pas le fiancé. Nous n’étions pas faits l’un pour l’autre. Un jour, je l’ai présentée à un collègue et ça a été un coup de foudre mutuel.

Je lui ai demandé de remplacer sa bague par la mienne, quand tu es arrivée. Je voulais te punir et te chasser, car je ne pardonne pas ta trahison. Si je t’écris, c’est à la demande de mon amie. Elle a été bouleversée par ta réaction quand tu l’as vue et elle m’a fait promettre de te donner des explications.



Je suis effondrée. Je me suis comportée comme une salope sans cœur. Concentrée sur mon nombril, je n’avais pas mesuré l’ampleur du mal que je lui avais fait. Je n’ai pas seulement détruit ma vie, j’ai aussi dévasté la sienne. Pour qu’un homme, aussi doux et gentil que lui, ressente le besoin de se venger, c’est que je lui ai déchiré son cœur et son âme. Je pleure, c’est tout ce que je peux faire.

Je ne comprends pas pourquoi il ne s’est pas vengé de moi. Comme il l’indique dans son courrier, si je n’avais pas accepté d’aller voir Sébastien, avec une idée derrière la tête, jamais il n’aurait pu me droguer. Je suis la principale coupable, j’ai obtenu ce que j’étais venue, inconsciemment ou pas, chercher.

Je ne sais pas si j’aurais franchi le cap de l’adultère, si ces salauds ne m’avait pas e, et je ne le saurais jamais. Une chose est sûre, j’aurais refusé la sodomie.

Je réalise que David m’ignore ; je ne suis même pas digne de sa vengeance. Ce n’est pas grave, je vais le faire pour lui. Un bain et le sèche-cheveux qui tombe. Un bête accident et on n’en parle plus. Désolée pour mes parents.

J’en suis là de mes divagations, quand soudain je me dis, et si… oui… et si. Peut-être ressent-il… encore… je ne sais pas. Un soupçon d’espoir me frôle. Y aurait-il une vague lueur dans les ténèbres ou est-ce un mirage ? Perdue pour perdue, je dois lui parler.

Ma décision prise, je fonce à la voiture, non sans d’abord brûler la lettre et faire disparaître les cendres dans l’évier, j’ai vu les Experts. Plus d’aveux écrits.

Un klaxon me réveille brusquement, je reprends difficilement le contrôle de ma voiture en zigzagant sur l’autoroute. Je me suis assoupie au volant. Epuisée, je m’arrête à la première aire et je m’endors comme une masse.

Quand je me réveille, le jour se lève et il me reste encore beaucoup de route. Pas grave, je fonce et deux heures plus tard, je déboule dans sa rue. Je me dirige vers un camion de déménagement garé devant l’immeuble de David et plante les freins à la dernière seconde. C’est bon j’ai coincé le véhicule.

Je me précipite dans l’allée et monte dans l’ascenseur. Qu’il est lent ! Arrivée au bon étage, je bondis dehors ; la porte est grande ouverte et deux types sortent un canapé. Je pénètre dans l’appartement et le cherche des yeux. Les déménageurs me regardent bizarrement. Je dois avoir l’air d’une folle, débraillée et échevelée. Là ! Dans la cuisine.

Une panique soudaine me fait boguer et tout ce que j’avais préparé est effacé de mon cerveau. Affolée, je me jette à ses pieds, enserre ses chevilles avec mes bras et pose ma tête sur ses chaussures. J’implore sa pitié, je supplie son pardon, je crie mon amour pour lui, je suis prête à accepter toutes les punitions et tout ce qu’il m’imposera comme sanction. Tout, je ferai tout ce qu’il veut, pour rester avec lui. Je ne dois pas être très cohérente, ni compréhensible.

Soudain deux mains me prennent sous les aisselles et interrompent ma litanie. David essaye de me relever. Je suis à moitié debout, quand soudain je panique. Il veut me chasser ! Je reste à genoux et passe me bras autour de lui pour l’en empêcher.

Qu’est-ce que je sens sur ma joue ? Une bosse est en train de grandir à son entrejambe. Incrédule, je lève les yeux vers lui. Son regard ne laisse rien transparaître. Il tire à nouveaux sur mes bras et je me retrouve debout contre lui.

Il me regarde un moment, me prend par la main et me tire dans la salle de bains, hors de vue des déménageurs ; le spectacle est terminé. Je me laisse conduire, sans savoir ce qu’il me veut. Peu importe, il me touche et c’est plus que je n’ai osé rêver depuis sa disparition.

Il ferme la porte derrière nous. J’ose à peine soutenir son regard, j’ai honte. Je baisse les yeux et vois une phénoménale érection emprisonnée. Il suit mon regard et constate lui aussi la bosse. Je le sens décontenancé par la situation.

Devant son manque de réaction, je tombe à genoux, ouvre son pantalon et sors de son écrin, le plus beau bijou qu’il m’ait été donné de voir, ou plutôt de revoir. Je l’engloutis et commence une fellation, comme je n’en ai jamais faite. J’ai tellement peur qu’il me repousse que mes mains sont agrippées à ses hanches. Je n’utilise que ma bouche et je ne laisse pas son sexe en sortir. Je l’avale le plus loin possible, et par moments, ses poils pubiens me chatouillent le nez.

Il pousse un cri rauque et se vide dans ma bouche. J’avais oublié son goût et c’est avec délice que je bois son nectar. La dernière goutte avalée, je libère son sexe, mais je continue à le lécher, l’embrasser et à frotter mon visage contre lui. Son érection qui avait à peine diminué, reprend de plus belle.

Cette fois je me lève, je déboutonne mon pantalon et le baisse en même temps que ma culotte. Je piétine pour finir de sortir mes pieds. Debout face à lui, je pose mes fesses sur le lavabo et mon pied gauche sur les toilettes. Je prends son sexe dans la main et le tire vers moi, puis en moi. Il colle son bassin au mien et commence à me donner des coups de reins.

Les sensations sont indescriptibles. Je sens un bien-être et une chaleur m’envahir. De plus en plus rapidement, monte depuis mon ventre un orgasme ravageur. Mon hurlement doit s’entendre dans tout l’immeuble, je n’ai jamais rien ressenti d’aussi fort. Je passe mes bras autour de son cou et pleure sur sa poitrine. Il continue à aller et venir en moi, c’est tellement bon.

Je réalise brusquement que je ne prends plus la pilule et que je suis dans un période du mois délicate. Je ne veux pas l’enchaîner à moi avec un . Je suis déjà tombée assez bas, je n’irai pas plus loin. Je le repousse un peu, à son grand étonnement. Je lui tourne le dos et pose cette fois mon pied droit en hauteur. Je prends son sexe et l’appuie sur mon anus. Je le sens réticent, Il doit se rappeler ces deux salauds à qui j’ai donné mon cul et imaginer une sorte de compensation. Ça ne lui plaît pas.

- Je ne prends plus la pilule, pourquoi le ferais-je ?

Il a compris et s’enfonce dans mon rectum. Je sens mon cul qui s’ouvre facilement. Il me prend dans ses bras et me caresse les seins d’une main, tandis que l’autre stimule mon clitoris. Je sens à nouveau une sensation de chaleur monter dans tout mon corps. Il accélère le rythme, la sensation devient de plus en plus forte et à nouveau je jouis, encore plus violemment que la première fois, pendant qu’il se vide dans mon rectum.

J’ai les jambes coupées et je dois m’asseoir sur les toilettes. Je sens mon anus dilaté qui évacue le sperme de David. Je me regarde et me demande comment il a pu avoir envie de moi. Je n’ai pas vu l’esthéticienne depuis son départ, j’ai plein de poils et une forêt vierge entre les jambes. Pas très appétissant tout ça.

- Tu m’as tellement manqué.

Cela faisait si longtemps que je n’avais plus entendu sa voix, que j’éclate en sanglots. Je pleure tellement que je n’arrive pas à articuler une parole. Je voudrais lui dire ce que je ressens, mais je n’y arrive pas. C’est encore pire quand je me rends compte qu’il pleure aussi. Je ne sais pas combien de temps dure ma crise de larmes, mais une fois calmée, je suis épuisée.

David s’est assis en face de moi, sur la baignoire. Il me regarde et j’ai peur de ce qu’il va me dire.

- J’ai beaucoup souffert et je n’arrive pas à te pardonner.

- Je ne me suis pas pardonnée à moi-même, pour ce que je t’ai fait subir. Je ne le ferai jamais d’ailleurs.

- Chaque fois que j’envisage de reprendre contact avec toi, je t’imagine avec ces deux hommes.

- Je te dégoute. Je me dégoute aussi, je comprends.

- Je ne sais pas, peut-être que j’aurais dû te parler de ce que j’ai ressenti après votre première rencontre.

- Tu n’y es pour rien. J’aurais dû me rendre compte toute seule, à quel point mes actes étaient choquants et voir les signes de ton mal-être. J’étais égoïstement concentrée sur ma petite personne. J’ai été assez conne pour me sentir flattée par les attentions de ce salaud et oublier notre couple. J’ai tellement honte de moi.

- Tu y as beaucoup réfléchi.

- Ça tourne en boucle dans ma tête, non-stop, et je ne trouve jamais de réponse à mon comportement.

- Je ne sais pas quoi faire. Pour l’instant je n’arrive pas à nous envisager ensemble. Il me faudra plus de temps et un jour peut-être…

- Je ne te demande que ça : de l’espoir.

- Je vais partir à l’étranger, j’ai accepté un contrat pour la création d’un nouveau parfum. Je serai parti, six mois, un an, peut-être plus.

- Je t’attendrai.

- Crois-tu que tu y arriveras ?

- Oh oui ! Je ne veux que toi. Prends le temps qu’il te faut, mais je te supplie de ne pas m’oublier. J’ai commis la pire des erreurs une fois, je ne recommencerai pas.

- Je ne te promets pas de revenir.

- Je t’attendrai.

Je repars, le laissant gérer le transfert de son mobilier vers un garde-meuble. Aucune promesse, seulement l’espoir. Rien de plus fragile, mais rien de plus merveilleux.

Six mois plus tard, Sébastien est revenu au bureau et je n’ai pas laissé passer la moindre occasion de lui pourrir l’existence. Je le croisais à toute heure et partout, comme lui quand il cherchait à me baiser. Je lui parlais des levers difficiles le matin ou de l’érection d’un nouvel édifice dans la rue. Je n’étais pas discrète et mes propos devenant de plus en plus explicites, tout le monde a vite compris ses petits problèmes.

Un jour où je l’avais particulièrement humilié devant ses collègues, je l’ai vu pleurer dans son bureau et je suis allée le rejoindre.

- Je sais ce que tu m’as fait salopard. Ton copain et toi m’avez e pour me baiser. Vous avez foutu ma vie en l’air, juste pour votre plaisir. Vous ne m’avez pas laissé la possibilité de me refuser à vous. Vous m’avez même enculée, alors que je l’avais refusé à mon fiancé.

Il pleurait de plus belle, sans que cela ne m’émeuve, il n’avait que ce qu’il méritait. Combien d’autres femmes avaient-elles eu leurs vies détruites pas ces salauds ?

- Je sais ce qui vous arrive à tous les deux, votre impuissance, et ce n’est pas cher payé. Je vais m’en réjouir tous les jours et tu peux dire à ton salaud de copain, que c’est à cause de moi et que j’en suis fière. Allez vous faire foutre tous les deux, parce que c’est tout ce qu’il vous reste à faire sans vos queues.

Lui cracher mon venin au visage m’avait fait un bien fou. Peu après, Seb a eu un « accident » et est décédé. Ses actions avaient failli me pousser sur la même voie. Je n’ai pas versé une larme pour lui, j’ai même fêté ça au champagne. Je ne sais pas ce qu’est devenu Laurent, mais je lui souhaite de vivre un enfer.

J’ai également changé d’employeur à cette époque, après un petit incident. Un gros con alléché par ma réputation, m’a demandé si mon cul était toujours disponible après un bon repas. À mon grand bonheur je portais un pantalon et j’ai été ravie de l’entendre pleurer et gémir en rampant, après que mon genou ait rencontré son entrejambe.

Bientôt un an et demi que nous nous sommes vus ce fameux jour et je l’attends toujours. J’ai des besoins, comme toute femme, et je les comble avec mes doigts et des jouets, en repensant à ce qui s’est passé dans cette salle de bains. C’est mon trentième anniversaire, j’ai refusé l’invitation de mes parents avec une vague excuse, qu’ils ont fait semblant de croire. C’est un de ces jours particuliers où mon moral est au plus bas, comme pour son anniversaire, celui de notre rencontre et celui prévu pour notre mariage.

On sonne à la porte. Les parents sont venus me faire une surprise, malgré tout. J’ouvre et il est devant moi, un bouquet à la main. David !

J’ouvre les yeux. Je suis couchée sur le canapé du salon. David est assis à côté de moi et me regarde l’air inquiet.

- Tu t’es évanouie. Je pensais te faire une surprise, mais pas à ce point.

- Tu es revenu ?

- Oui.

- Tu vas rester ?

- Oui.

- Avec moi ?

- Oui. J’ai beaucoup repensé à… ce qui s’est passé. Je crois que nous pouvons essayer de repartir à zéro.

C’est ce que nous avons fait, nous avons tout reconstruit depuis le début. Il reste néanmoins des cicatrices qui font mal et j’ai toujours honte de mes actes passés. Je sais qu’il a connu d’autres femmes pendant son absence, mais il ne m’avait rien promis.

Récupérer la confiance n’a pas été facile, cela a duré plus d’un an et ce n’est pas fini. Puis un jour, il m’a demandée en mariage, en m’offrant une bague de fiançailles. Ce n’était pas celle de sa grand-mère ; il a pardonné, mais pas oublié. Je suis la femme de sa vie, mais plus l’amour de sa vie. Il a connu d’autres amours, mais c’est moi qu’il a choisi.

Aujourd’hui nous nous marions et je suis enceinte de trois mois. Ce sera un petit mariage avec ses amis, mes parents et quelques-uns de mes proches qui ne m’ont pas vomi dessus. Notre vie actuelle est merveilleuse, mais je regretterai toujours ce que j’ai détruit ; ce ne sera jamais la même chose. Je m’appelle Adeline et je suis la plus heureuse des femmes.

Comments:

No comments!

Please sign up or log in to post a comment!