L'Importun 10 Fin

- Tu m’as présenté ton hypothèse pour m’expliquer la présence de Sylvain et de son compagnon Jo. Tu nommes à juste titre « désastre » ce qui a succédé à mon départ de notre maison. C’en est un terrible. Ces deux individus t’ont souillée malgré toi, dis-tu ? Ils ont profité de leur force et de leur surnombre pour t’imposer des relations sexuelles non voulues. Que n’as-tu porté plainte contre eux pour viol en réunion ? Ta version serait plus crédible.

– Qui plus que toi, mon mari aurait ajouté foi à mon récit ? Me vois-tu devant un agent de police dans un commissariat en train de raconter par le détail tout ce qui s’est passé chez nous. Me vois-tu ensuite répéter à un juge puis à un avocat et à des journalistes que j’avais trop arrosé mon anniversaire au bureau, qu’un jeune homme aimable m’avait reconduite à la maison. Et il faudrait que je narre mon imprudence, que j’explique pourquoi je m’étais laissé embrasser, pourquoi je n’avais pas su repousser la main posée sur ma poitrine, l’autre qui chiffonnait ma culotte avant de triturer ma vulve, pourquoi j’avais admis un doigt dans ma fente, pourquoi le trouble des caresses sur mon clitoris n’avait pas suscité la seule réaction normale. Parce que pour tous ces gens, il n’est pas normal de succomber. Savent-ils la puissance des attouchements sexuels ?

- Parce que, à t’entendre, tout ce que tu me rappelles, était normal ? Tu avais déjà bien bu, un peu trop. Sylvain est gentil, tu l’invites à boire un verre, vous descendez une bouteille de champagne à deux, tu juges ça normal. Il embrasse tes lèvres, il fourre ses mains dans ton corsage, il passe dans ta culotte, il te l’enlève, c’est normal ? Pour faire bonne mesure, il lèche tes parties génitales, les tripatouilles avec les doigts, te mène au bord de l’extase et se prépare à te prendre, c’est normal ?
Tu es sauvée de l’adultère par mon retour, ça c’est normal !

- Tout aussi normal me semble-t-il que la suite ! Qui aurait voulu croire qu’un mari amoureux de sa femme, avait pu lui offrir en cadeau d’anniversaire un amant ? Pratiquement à la pousser à accomplir l’adultère, à le consommer pendant une heure complète avant d’accorder des prolongations ? Normal ça ? Pour ma défense j’aurais dû mettre en cause ton rôle.

Ils auraient tous trouvé normal et très intéressant ta participation à la consommation de ces relations sexuelles. La presse en aurait fait des gorges chaudes de la femme prise par en bas mais avec la tête sur la cuisse du mari. Police, avocats, journalistes et juges te seraient tombé dessus, auraient voulu savoir si l’innommable était vrai. On aurait glosé sur tes motivations, on aurait voulu savoir si tu avais coutume de prêter ta femme, si tu en tirais des bénéfices pécuniaires ou si tu étais dépravé, voyeur, candauliste.

– Voilà le joli portrait de moi fait par mon épouse.

- Réfléchis. Une plainte pour viol en réunion aurait éclaboussé le mari qui livrait sa femme à un autre homme puis fuyait à la fin du premier acte, autant qu’elle atteindrait le principal acteur de l’accouplement adultère, en premier, puis le même et un complice venu en renfort, ensuite. On punirait peut-être les violeurs. Personne n’échapperait au scandale, ni auteurs, ni victimes, ni toi, ni moi. Ma réputation de dépravée n’aurait plus été à faire. Si tu insistes, il est toujours possible déposer une plainte. On te demandera ton témoignage. On confrontera nos versions. Quelques bleus sur mon corps, faute d’avoir conservé les préservatifs pleins ou de prélèvements vaginaux immédiats, constiont des preuves de faible valeur contre d’éventuelles dénégations. Le résultat vaudra-t-il les conséquences que nous devrons subir.
C’est bien une réponse d’homme de compter sur une plainte pour viol pour régler un problème conjugal issu des conditions que tu connais. Te vanteras-tu au tribunal d’avoir même participé ce soir-là à une partie à trois dans notre lit ?

– Pardonne-moi d’avoir parlé sans peser toutes ces conséquences de notre malheur commun. Mais devrais-je te remercier d’avoir pensé à ma réputation un peu tard. Salie, elle pourrait me nuire sur tous les plans, dans ma vie privée et dans ma vie professionnelle. Que faire ? Ils sont dehors, nous ne pouvons pas appeler la police pour nous en débarrasser, sinon notre silence de la semaine et des accusations de ces deux voyous se retourneront contre nous.
Le scandale serait d’égale importance.

– Je hais ce Sylvain qui a abusé d’un rare moment de vulnérabilité pour m’entraîner dans cette sale histoire. Il y a pire que lui. Je ne nie pas sa responsabilité et j’assume mes torts. Je serai très malheureuse si tu me rejettes. Je hais encore plus celui ou ceux qui veulent exploiter notre division à leur profit, de façon sournoise. Je parle en particulier de ton ami Gérard, auquel on pourrait associer son porte-parole, Louis. Sans eux, ces deux crapules ne camperaient pas à côté de ma voiture. Méfie-toi de leurs bons conseils. Louis ne connaît pas tous les aspects cachés, il ignore peut-être les vraies intentions de Gérard. Pour moi le chef d’orchestre malfaisant, c’est Gérard.

– Ne condamne pas sans preuve. Ne l’indispose pas envers moi, s’il te plaît.

– Je craignais donc à bon escient que, pour ta carrière, tu ne me livres, cette fois, en cadeau, à ce gros porc. Ta promotion et ta nomination seraient assurées. Je connaîtrais le sens de l’expression « promotion canapé », je serais contrainte de coucher avec mon patron ou pire, e de l’épouser. Je n’ai plus rien à attendre de toi.

– Tu t’emballes, tu montes sur tes grands chevaux. Assurons-nous d’abord de la culpabilité de Gérard. Nous étudierons après les suites à donner à l’affaire. Attends, j’appelle la petite blonde dont tu te montres jalouse injustement. Elle sait que je serai le remplaçant de Louis et n’osera rien me refuser.

- C’est ce que je pensais, avant que tu ne l’avoues naïvement !

- Nous ne parlons pas de la même chose. Je veux dire qu’elle fera ce que je lui demande par intérêt professionnel. Elle … oh ! et puis zut, regarde et tu comprendras.

– Monsieur m’appelle ? Que puis-je faire à votre service ?

- Vous m’avez alerté sur le manège de ces deus hommes autour de la voiture de mon épouse. J’aimerais savoir qui ils sont, d’où ils viennent, quel moyen de locomotion ils ont utilisé, qui les a dépêchés et, autant que possible, dans quel but.
Leur conduite est étrange. Je suis persuadé que votre charme agira sur eux, si vous savez vous y prendre.

– Monsieur m’attribue des pouvoirs que je n’ai pas. Je vais faire de mon mieux. Est-ce que, ainsi, je suis un peu plus sexy, plus attirante ? Vous voyez ce qui peut les rendre bavards ?
dit-elle en faisant sauter deux boutons de sa blouse, dévoilant des seins fermes et laiteux dont apparaissent des moitiés d’alvéoles brunes et petites, attendrissantes. La coquine exhibe ses atoutssous mon nez, face au front plissé de Marie.

– Oui : Je vois très bien, vous serez irrésistible, c’est indubitable. Vous êtes belle, ils vont baver et bavarder. De toute façon, ne craignez rien, nous vous protégeons. En cas de danger, faites-nous signe et nous accourrons.

– Je peux déjà répondre à certaines de vos questions. Je les ai vus arriver dans une voiture blanche portant le sigle de notre administration, garée à gauche, sous les arbres du parking. Je me suis dit qu’ils ne seraient pas contents de la voir couverte de crottes de pigeons. Il y a quelques minutes, j’ai passé un appel téléphonique de monsieur Gérard à monsieur Louis. Mon patron a répondu « Tes émissaires sont arrivés, se montrent et ont été remarqués. J’ai envoyé ma secrétaire alerter Jean. » Il ne me reste plus qu’à découvrir leur mission. Je relève un peu ma jupe, gare à leurs yeux, ils vont bander, baver et bavarder. Je suis si heureuse de pouvoir me montrer utile.

– Merci mademoiselle. Il est inutile de vous exposer. Je ne voudrais pas qu’ils vous enlèvent. Je n’aime guère leur apparence. Vous pouvez retourner dans votre bureau. Merci encore. Oui, vous pouvez nous laisser.

Elle est déçue et tente :

– Faut-il appeler la police ? Dois-je avertir monsieur Louis ?
- A mon avis, il ne faut pas l’inquiéter inutilement, Monsieur Gérard l’a certainement rassuré ou mis en garde. Si vous pouviez être discrète.

– Comptez sur moi, monsieur.


La brave fille referme à regrets ses boutons de blouse, affiche un sourire heureux, sort enfin. Jean est troublé :

- Ca alors. C’est à peine croyable. Ce Gérard si aimable cache un bel hypocrite. Tu avais raison. Je vais lui réserver un chien de ma chienne en réponse à son tour de cochon. Toi, Marie, tu retournes à ton bureau demain matin. Tu tires la gueule tu joues la désespérée devant tout le monde et tu évites de rencontrer Gérard. Quelqu’un se chargera de lui parler de ta mauvaise humeur, on a toujours des amis bien intentionnés quand ça va mal. Le sournois te fera appeler pour connaître ma décision et jouir de ta déception, certain de t’avoir à sa botte le moment venu. Je serai dans la place et te devancerai dans son bureau, si tu m’accordes cette priorité. Je serai accompagné de notre jolie secrétaire. J’annoncerai mon refus de t’embaucher dans mon service. Il sera fou de joie à l’annonce de la réussite de sa magouille.

. – Tu refuses de m’embaucher, c’est tout le résultat de notre entretien ?

- Patiente, il s’agit de détendre le rusé. Grisé par son succès, à son tour il baissera la garde. Au préalable, j’aurai demandé à la secrétaire si gracieuse avec moi de faire un numéro de charme à notre patron, de manière à mettre en évidence le goût trop prononcé de Gérard pour les belles femmes. Elle sera flattée du rôle important que je lui aurai attribué dans ma mutation et ma nomination. Elle saura que la mission périlleuse ne devra pas dépasser certaines bornes. Mini-jupe, couettes d’écolière, seins dénudés plus que de raison, œillades et voix mielleuse à l’appui, elle saura piéger le tombeur pressé de marquer des points avant qu’elle ne reparte avec moi. Il commettra une imprudence, voudra toucher, elle appellera au secours, criera « Monsieur, monsieur ». Au signal convenu toi et moi nous précipiterons au secours de notre complice, victime hurlante des instincts malsains qui ont fait fuir la femme de Gérard.

– Tu faisais semblant d’ignorer les causes du départ de Clémence. Comédien. Quel tour me prépares-tu, à moi ?

– Aucun, je ne suis pas en situation de te faire témoigner de sa mauvaise conduite et de t’accabler de sorte que tu ne témoignerais plus contre lui. Nous sommes alliés désormais, pour le meilleur et pour le pire. Plutôt pour le meilleur.

- Sans conditions ?

– Sans autres conditions que celles que j’ai énoncées : aucuns rapports sexuels avant l’acquisition de la certitude que tu n’es pas enceinte, soit de Sylvain, soit de Jo. Car il faut ajouter Jo aux potentiels procréateurs. Si tu as bien compté les fois où ils t’ont ensemencée, ils n’ont pas pu trouver assez de préservatifs dans ma réserve.

– En effet, toi parti, ils ne se sont pas souciés de me protéger ou de se protéger. J’ai pris depuis la pilule du lendemain. Avec un peu de chance, ils ne m’auront pas engrossée. Ils ont perdu beaucoup de sperme entre mes fesses, sur mes seins, mon ventre ou dans ma bouche. Leur but était plus de prendre leur plaisir et de me souiller que de me faire un dont le père devrait endosser la paternité. J’accepte tes conditions, toutes celles que tu as citées et les autres que tu voudras m’imposer, je n’en ai qu’une, « Aime moi. »

- Laisse au temps le temps de fermer les plaies. Que faisons-nous de ces deux brutes ? Sylvain et Jo ne doivent pas pouvoir suivre ta voiture ou la mienne quand je partirai pour te rejoindre. Il faudrait les éloigner. La secrétaire…. Attends, elle va faire le tour du pâté de maisons, ils la suivront comme des toutous amoureux, renifleront son parfum, saliveront à l’idée de la sauter dans un coin. Je leur emboiterai le pas. Je la rejoindrai, je leur volerai la belle ; ils seront penauds, reviendront, constateront le départ de ta voiture et se lanceront à ta poursuite, iront peut-être monter la garde devant notre maison. Ne quitte pas la ville, va stationner sur le parking de l’hôtel de ville et attends-moi. Nous partirons ce soir dans ma voiture, nous prendrons ce soir une chambre à l’hôtel de la gare, mais ne te fais pas d’illusions.

– Mon amour tu es génial. Ca marchera ?

DEPUIS

Gérard est mis en examen. Affaire à suivre. Je suis muté, Marie aussi. Notre secrétaire dévouée est devenue notre amie ; quoique Marie nous surveille. Marie n’est pas enceinte. Demain Louis offre son pot de départ. Marie sera ma femme le soir au lit si elle veut bien boire quelques coupes de champagne en ma compagnie. Pourquoi bouder les effets bénéfiques du liquide doré à bulles ? Surtout si ça peut simplifier des retrouvailles ? Et merde à tous les beaux esprits qui auraient voulu que je m’en sépare, je l’ai dans la peau, j’apprendrai à mieux la protéger. Je veux être heureux avec Marie.

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