La Fessée De Charlotte
Cest encore en train de sengueuler à côté. Et grave. Ce que jen ai marre ! Chaque fois que ses parents sexpliquent. Et cest souvent. Et cest très « engagé », Charlotte vient se réfugier chez moi.
Au moins, ici cest calme.
Elle sassied sur la petite chaise basse près de la fenêtre et elle parle pendant des heures. Elle est intarissable.
Si seulement je pouvais foutre le camp. Mais il y a la fac. Je vivrais de quoi ? De petits boulots ? Jai déjà essayé. Ça ma fait rater mon année. À moins quavec Thibault
Parce quon sentend super bien tous les deux. On y arriverait. Seulement pour le bouger Thibault. Il te dit toujours oui. Ça, de ce côté-là, il y a pas de problème. Mais dès quil sagit de passer à lacte, cest toujours « Après », « Plus tard », « On a bien le temps » Il magace. Ce quil peut magacer des fois
Elle finit par se lever avec un profond soupir.
Bon, faut que je retourne à côté. Ça va me retomber dessus, sinon. En tout cas comment jaime ça parler avec toi. Si, cest vrai ! Tu comprends plein de choses pour quelquun de ton âge.
En larmes. En sanglots hoquetés. Irrépressibles. Ravageurs.
Eh bien, quest-ce qui tarrive ? Cest quoi ce gros chagrin ?
Elle sest jetée comme une désespérée dans mes bras, a enfoui la tête dans mon cou.
Jai mal. Jai si mal.
Cest Thibault, cest ça ?
Elle a fait signe que oui. Oui.
Il te trompe ? Il a quelquun dautre ?
Non, cest pas ça, non. Il veut plus de moi.
Elle sest dégagée, sest laissée tomber sur le canapé et a redoublé de sanglots
Longtemps.
Allons ! Allons ! Calme-toi ! Vous vous êtes disputés ? Ça peut peut-être sarranger.
Non, ça sarrangera pas, non. Si tu savais ce quil ma dit ! De tout il ma traitée. De sale petite vicieuse. De cinglée. De désaxée. Que je ferais mieux daller me faire soigner. Et il veut plus jamais entendre parler de moi.
Eh ben, dis donc ! Et la raison de tout ça ?
Oh, rien. Des conneries.
De grosses conneries, alors
Oui. Non. Mais si je te le dis, toi aussi, tu vas croire que je suis folle.
Et si tu le dis pas, je vais tout imaginer. Les pires perversions.
Oh, non ! Mais cest un truc
Disons que je lui ai demandé de me faire quelque chose.
De te donner une fessée ?
Elle a levé sur moi un regard stupéfait.
Hein ? Mais comment tu le sais ?
Si cest que ça ! Il y a vraiment pas de quoi fouetter un chat.
Elle a eu un bref fou rire nerveux.
Si, justement ! Il y a de quoi fouetter.
Elle est redevenue sérieuse, presque grave.
Si tu savais comment ça mhabite cette idée den avoir une un jour. Une vraie. Une bonne. Je pense quà ça des fois. Pendant des semaines. Mais à qui tu veux que jaille demander une chose pareille ? Thibault. Jai cru. Parce quon sentendait bien. Parce quil se prend pas la tête. Et voilà le résultat. Je suis pas près de recommencer. Ah, non alors ! Jen parlerai plus. Jamais. À personne.
Et allez ! Cest reparti pour un tour à côté. Ils vont finir par foutre le feu à la baraque, oui ! Mais dis, pour ce que je tai raconté hier, ça reste entre nous, hein ?
Motus et bouche cousue. Mais tu sais que cest pas bien du tout davoir des idées comme ça ?
Elle a rougi, baissé les yeux dun air contrit.
Cest pas de ma faute. Jy peux rien. Ça vient tout seul.
Il nempêche. Tu sais ce que tu mériterais pour la peine ?
Un court regard interrogateur.
Une bonne fessée
Ses yeux se sont embrumés. Quelque chose dun noir intense, profond, y est passé.
Non ? Tu crois pas ?
Si !
Dune toute petite voix. Dans un souffle.
Une bonne fessée déculottée. Et tu vas la recevoir.
Je lai entraînée par le bras, fermement, jusquau canapé où je me suis assis. Jai pris ses mains entre les miennes.
Tu me promets de faire des efforts ? Dessayer de chasser ces vilaines pensées ?
Oui.
Plus fort ! Jai pas bien entendu.
Oui.
Je lai doucement, tout doucement, fait basculer en travers de mes genoux, installée, calée. Jai relevé la robe jusquà la taille.
Être obligé den arriver là. Une grande fille de ton âge. Tu nas pas honte ?
Si !
23 ans ! 23 ans et
Jai poussé un profond soupir, tiré sur la culotte que jai baissée, descendue jusquen haut des cuisses. Jai posé une main sur ses fesses, légère, ly ai laissée.
Si au moins jétais sûr que ça serve à quelque chose, que tu vas tamender, mais ça !
La première claque la fait sursauter, lui a arraché un gémissement. Jai fait attendre la seconde. La troisième. Une dizaine. À intervalles irréguliers, imprévisibles. Qui lont chaque fois surprise, fait bondir bien haut du derrière. Et puis, dun coup, en pluie. En grêle. En rafale. Elle a accompagné, tout du long, dune longue plainte continue de fond de gorge. Jai ralenti, espacé, arrêté.
Tu sais que ça ta donné de belles couleurs ? Ça te va à ravir.
Elle sest très lentement retournée, redressée. Elle est restée assise sur mes genoux, a passé un bras autour de mon cou
Merci. Cétait bien. Beaucoup mieux encore que quand jimagine.
On na pas bougé. Au-dehors le soleil jouait à la cime du grand chêne. Des oiseaux ségosillaient. On a laissé séterniser le moment. Et puis
comme un tremblement dabord, ténu, retenu, presque imperceptible. Qui sest élargi, amplifié, sest fait vibration, houle, vagues, rouleaux. Elle a rejeté la tête en arrière. Les veines de son cou se sont affolées, sa bouche sest entrouverte. Et cest venu. Elle ma laissé ses yeux. Jusquau bout. Tout sest apaisé, est retombé. Elle ma souri.
Dis, sil te plaît, tu me puniras aussi pour ça ?
Et elle a quitté mes genoux.
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