0304 Un Mariage Et Quelques Entraînements.
Cet épisode est dédié à la mémoire de tous les Zelim Bakaev du monde.
14 février 2002.
Aujourdhui, cest la Saint Valentin. On a beau se dire que cest un jour comme tous les autres. On a beau être agacés par le bombardement médiatique dont cette « fête » fait lobjet. Ou bien sinsurger contre cette « obligation » de montrer quon aime, tout en attendant quon nous le montre en retour, comme sil y avait besoin dune date « consacrée » pour faire la démonstration de nos sentiments. On a beau se dire que cest une fête commerciale avant tout.
Et pourtant, lorsquon est séparé de lêtre aimé, on ne peut sempêcher dattacher une signification à cette date, une importance. Car la Saint Valentin est un jour, ou du moins un soir, quon a envie de passer avec la personne quon aime. Et quand cela nest pas possible, ça fait un bon gros pincement au cur.
Mais je sais que je ne suis pas à plaindre. Ma Saint Valentin, je lai eue au moins trois fois depuis Noël. La semaine passée à Campan, avec le premier « je taime » de Jérém à laube de la nouvelle année, sa nouvelle visite surprise à Bordeaux en janvier, et ce séjour récent à lhôtel à Poitiers.
Oui, il y a encore moins de 48 heures, jétais avec mon Jérém. Définitivement, son attitude me touche et me bouleverse. Jai longuement eu besoin dêtre rassuré quant à ses sentiments, et tout ce que je viens de vivre depuis Noël prouve sans équivoque quils sont bien réels.
Et je suis dautant plus touché que je suis conscient de leffort que tout cela lui demande. Je pense à la route, au temps de repos auquel il renonce pour me voir. Mais je pense surtout et avant tout au conflit qui gronde en lui, à ses peurs, à ses angoisses. Au tiraillement entre lenvie de donner une chance à notre histoire et les peurs qui parasitent son élan vers moi.
Je repense à mon réveil dans la nuit, je repense à Jérém en train de fumer un joint dans la pénombre. Je pense aussi au coup de fil quil a reçu lorsque la neige lui a fait rater un entraînement, à son malaise après sêtre fait gronder par son entraîneur.
Jai limpression quil marche en permanence sur des ufs, quil nest pas complètement serein même lorsque nous ne sommes que nous deux, comme sil avait peur à chaque instant de faire un faux pas, de se trahir, de se faire repérer.
« Tu peux pas imaginer ce que jentends dans les vestiaires, Nico. Il y a tant de haine pour les gars comme nous, tu ne peux pas savoir. Si ça se sait, ma carrière est foutue. Il vaudrait encore mieux que je me casse une jambe
Il vaudrait encore mieux que je tue mon père et ma mère
Ulysse maide à garder les apparences
mais si la vérité se sait, il ne pourra rien pour moi
».
Je me rends compte de sa difficulté à sassumer dans un environnement « hostile ». Et je mesure ma chance dévoluer dans un milieu où je nai pas trop de difficultés à être moi-même, beaucoup moins contraignant que celui de Jérém, avec un entourage qui a intégré mon orientation sexuelle sans trop daccrocs.
Je suis entouré, Jérém lest beaucoup moins. Certes, il pourrait parler à Charlène, à son frère Maxime, et il y a toute une bande de cavaliers qui le soutiendrait. Mais ils sont tous loin, et le contact téléphonique ne vaut pas une bonne discussion autour dun verre avec une cousine, un pote, ou une présence bienveillante de lautre côté de la cour, à quelques mètres de chez soi. Ulysse est dans la confidence, mais je ne pense pas non plus que Jérém se sente à laise de lui parler de notre relation, de ses doutes, de ses angoisses aussi ouvertement que je le fais avec Elodie, avec Julien, ou avec mes deux papis. Dautant plus que Jérém nest pas quelquun qui souvre facilement, mais il a tendance au contraire à garder tout pour lui. Notamment lorsquil se sent sous pression.
Oui, aujourdhui cest la Saint Valentin et je voudrais être avec Jérém. Mais je nai pas à me plaindre, non. Jai limpression que si Jérém prend le temps et le risque de faire vivre notre histoire, cest parce quil vient chercher du réconfort auprès de moi, et quil en trouve.
« Joyeuse Saint Valentin, mon amour », je lui envoie par sms.
Les cours, les coups de fil de Jérém le soir, voilà mon quotidien des semaines suivantes. Jérém me manque, mais je sais que nous allons nous revoir bientôt. Du moins, je lespère. Cest cet espoir qui maide à supporter labsence, le manque. Une absence, un manque qui me hantent tout particulièrement le soir, au moment déteindre la télé et de chercher le sommeil. Pendant toutes ces nuits loin de Jérémie, je me refugie dans son t-shirt, dans son odeur, dans mes souvenirs avec lui.
Mais mon quotidien est hélas fait aussi de ce compte à rebours commencé le soir où la capote de Benjamin a cassé. On shabitue à tout, même à lattente dune réponse qui pourrait faire basculer notre vie tout entière. Mais lorsque la date du test, et surtout du résultat, approche, lorsque les mois glissent les uns sur les autres et quils deviennent semaines, puis une semaine, des jours, puis 6 jours, 5 jours, 4, 3, 2, 1, langoisse reprend le dessus.
Jai fait le test hier, le 13 mars, et jaurai mes résultats demain à 15 heures. Ces 48 heures dattente sont les plus longues de toute ma vie. Jai envie de savoir, jai envie que demain arrive le plus vite possible. Jai envie quil narrive jamais. Je compte les heures, jai limpression quelles passent à la fois au ralenti et trop vite. Je ne voulais pas parler à Jérém du test, pour ne pas le faire angoisser avec moi, mais je nai pas pu men empêcher. Il ma demandé si javais fait le test le jour même où je me suis rendu à lhôpital pour faire le prélèvement. Du coup, depuis 48 heures, il est tout aussi angoissé que moi. Je lai senti au téléphone.
Vendredi 15 mars 2002.
Lheure de vérité approche, je sèche les derniers cours de laprès-midi pour me rendre au centre de dépistage. A chaque fois que je me rends à lhôpital depuis l « accident », je ressens un malaise insistant. Jai limpression que tous et tout me jugent. Les hôtesses daccueil, les infirmières, les médecins, les autres « testés », les couloirs, le mobilier. Et moi-même. Je me sens honteux. Dans la salle dattente, nous sommes 5 gars à ne pas tenir en place sur les chaises en plastique. Une infirmière les appelle par leur prénom à tour de rôle, ils disparaissent derrière une porte, dans une pièce où leur vie peut basculer à tout jamais. Ils passent lun après lautre, mais ils ne réapparaissent pas, ils doivent sortir par un autre côté du bâtiment. Dautres arrivent après et passent avant moi. Tout ce va-et-vient me stresse, je commence vraiment à avoir peur. Seigneur, donne-moi une chance, sil te plaît ! Ça nest arrivé quune fois et ça a vraiment été un accident, je ne lai pas cherché ! Ça ne peut pas se passer comme ça !
Et pourtant, si, bien sûr que ça peut se passer comme ça. Quelle va être ma vie si je suis séropositif ? Comment vais-je lannoncer à ma famille, à mes proches ? A Jérém ? Que va devenir notre belle histoire ? Comment va-t-il appréhender cet état de choses ? Est-ce quil va pouvoir gérer ? Est-ce quil va culpabiliser ? Je lui ai dit et je lui redirais quil na pas à culpabiliser, car ce nest pas lui qui a fabriqué la capote qui a cassé, et encore moins lui qui ma poussé dans les bras de Benjamin. Mais est-ce quil va y arriver ? Est-ce quil va supporter de me voir prendre mon traitement au quotidien ? Est-ce quil va supporter de continuer à mettre la capote ? Est-ce que nous allons pouvoir un jour pouvoir arrêter la capote ? Est-ce que jy arriverais un jour, même si un médecin my autorise ? Si je suis positif, la peur de linfecter me hantera toute ma vie, capote ou pas.
Une infirmière appelle enfin mon nom et sa voix me fait sursauter. Du coup tout devient encore un peu plus réel. Lheure de vérité est arrivée. Ça y est, je vais savoir.
Le médecin qui me reçoit doit avoir une soixantaine dannées, il est grand, maigre, grisonnant. Il a les sourcils en chapeau, les traits tendus et lair pas commode. Il parcourt deux fois les feuilles de mes résultats sans madresser la parole. Jai limpression que soit il cherche à gagner du temps avant de mannoncer une mauvaise nouvelle, soit quil prend du plaisir à me faire mijoter.
Jai limpression que tout se bouille dans ma tête, que mon cur tape dans ma gorge, dans mes tempes.
« Dites-moi, sil vous plaît, je mentends lâcher, la voix basse, comme éteinte.
Vous avez de la chance Mr Sabathé, il mannonce froidement un instant avant que mon cur nexplose.
Ça veut dire que je suis
Négatif, oui. »
Le stress, langoisse, la peur accumulés depuis trois mois et oubliés dune certaine façon par le quotidien remontent dun coup. Et je pleure.
« Vous nêtes pas content ?
Si si, cest juste que jai eu tellement peur.
Quest-ce qui vous est arrivé ? »
Jai beau être soulagé, je me sens toujours honteux à raconter pour la énième fois les circonstances qui mont amené à ce test.
« La capote a cassé pendant un rapport.
Anal ?
Oui.
Et vous étiez actif ou passif ? »
Mais quest-ce que ça peut bien faire ? Que cherche-t-il à la fin ? Tout ça na plus dimportance désormais. Du coup, je trouve humiliant de devoir répondre à ce genre de question.
« Cétait un accident, je me contente de répondre, pressé de me sortir de là.
Ce genre daccident arrive le plus souvent aux hommes comme vous.
Un accident cest un accident, je lui lance sur un début dagacement.
Jespère que cette mésaventure vous apprendra peut-être à faire davantage attention à ce que vous faites. Il ny a pas toujours de deuxième chance
»
Le ton et lair accusateurs du médecin ne gâcheront pas ma joie dêtre délivré de cette angoisse avec laquelle jai vécu depuis trois mois. Je le remercie, et je me tire de là au plus vite. Je mempresse de quitter lhôpital. Dès linstant où je suis dans la rue, et où je sens lair frais circuler dans mes sinus, emplir mes poumons, les rayons de soleil chauffer mon visage, jai limpression de renaître. Je me sens léger, heureux, euphorique.
Je prends quelques bonnes inspirations, je me retiens de pousser un grand cri de joie et jappelle mon Jérém. Je tombe sur son répondeur, mais rien que le fait dentendre sa voix enregistrée me fait du bien. Je lui laisse un long message décousu pour lui dire quil na plus à sinquiéter. Jaimerais tant quil soit avec moi, le prendre dans mes bras, pleurer de joie dans son étreinte, le sentir contre moi, partager ce moment de joie et de sérénité retrouvées.
En attendant, jenvoie un message à Julien pour le prévenir. Il me répond dans la seconde.
« Je suis content pour toi, mon poto ! »
Définitivement, Julien est un pote formidable.
Jérém me rappelle une heure plus tard alors que je viens de rentrer chez moi et de faire part de la bonne nouvelle à mes deux adorables papis.
« Je le savais ! Je le savais ! Putain, je le savais ! Ça ne pouvait pas être autrement ! ! ! »
Je sens que mon beau brun est très heureux, mais aussi ému.
« Tu peux pas savoir comment je suis content pour toi ! il ajoute, la voix vibrante démotion.
Merci mon amour
Tu sais ce qui va tarriver maintenant ? il enchaîne sans transition.
Non, quest-ce qui va marriver ?
Des bricoles ! ».
Je commence à comprendre où il veut en venir et je sens instantanément mon excitation monter.
« Quel genre de bricoles ? je le cherche.
Moi je pense que tu sais très bien ce que je veux dire.
Tu peux être plus clair ?
Tu verras quand je taurai chopé ! »
Là, cest ma queue que je sens monter.
« Tu vas toccuper de mon cas ?
Oh que oui ! Et tu vas prendre cher ! »
Jouvre mon pantalon, je glisse ma main dans mon boxer.
« Ah bon ? Tu vas me faire lamour ?
Je vais te défoncer ! »
Ah, ça a le mérite dêtre clair. Clairement bandant.
« Mais encore ?
Je vais te
il lance, puis sarrête net, il me fait languir, je suis suspendu à ses lèvres.
Tu vas
quoi ? »
Je sais à quoi il pense, je pourrais y parier un million. Mais jai envie de lentendre me le dire.
« Je vais te
gicler dans le cul !
Ten as envie, hein ?
Et pas quun peu !
Moi aussi !
Je sais
je lentends lâcher dans un chuchotement accompagné dun ahanement que je reconnais sur le champ.
Tu te branles ?
Ouais
et toi ?
Aussi
jai tellement envie de toi !
Moi aussi !
Jai envie de te sucer
Quand je pourrai te coincer, je te baiserai direct !
Tu ne me laisseras pas te sucer un peu avant ?
Non ! »
Soudain, le souvenir de Jérém qui me colle violemment contre le mur, et qui mencule direct après le bac philo saffiche dans ma tête. Au fond de moi, jai envie de ça. De beaucoup de tendresse, de mille autres choses, mais de ça aussi, de sentir sa fougue, sa force, son animalité, tout en même temps.
« Tas autant envie de me gicler dans le cul ? » je le cherche. Cette perspective, ces simples mots, mexcitent au plus haut point.
« Tu peux pas savoir
Tas la queue bien dure ?
Tu vas pas être déçu !
Tas les couilles bien pleines ?
A ras-bord !
Il est bien chaud ton jus ?
Brûlant !
Et tu vas tout me loffrir ?
Tu vas me supplier darrêter !
Ça, je ne crois pas, non !
Cest ce quon verra !
Jai hâte de tavoir en moi !
Et moi dêtre en toi ! »
Limage de Jérém tous pecs et abdos dehors en train de me tringler, en train de prendre son pied, de perdre pied, de lâcher son jus en moi saffiche dans ma tête dans toute sa violence. Cest comme une gifle puissante.
« Je viens
» je lâche, alors que mon premier jet atterrit sur lun de mes tétons.
Les ahanements vibrants et prolongés à lautre bout de la ligne ne me laissent pas de doute quant au fait que le beau brun a également atteint son orgasme.
« Quel dommage ! je lâche.
De quoi ?
Que tu naies pas pu me remplir, là.
Cest clair !
Tas giclé où ?
Sur mon torse ! »
Limage de son torse musclé et de sa peau mate parsemés de giclées chaudes, denses et odorantes me rend dingue.
« Jai tellement envie de tout lécher !
Bientôt ! »
Le lendemain, je suis dhumeur joyeuse. Je suis tellement bien que ça doit se voir.
« Tu as lair en forme, ce matin, ça fait plaisir à voir ! me lance Monica.
Eh, quest-ce qui tarrive, tu as gagné au loto ? me taquine Fabien.
Tas tiré ton coup ? » me taquine Raph à son tour.
Après la bonne nouvelle dhier après-midi, mon horizon se rouvre enfin, comme après un orage. Je retrouve lintérêt pour les cours que javais un peu perdu depuis quelques temps, et tout me paraît à nouveau possible. Et il y a quelque chose qui ajoute encore du bonheur à cet état de choses. Un mot prononcé par Jérém juste après notre petite gâterie en télécom, et qui ne cesse de tourner en boucle dans ma tête : « Bientôt ».
Le beau brun a sous-entendu quil me ferait bientôt tout ce qui ma promis. Ça voudrait dire que nous allons bientôt nous revoir, quil a peut-être même déjà une petite idée du quand et du comment. Hâte de savoir ce quil prévoit, hâte de le retrouver. Hâte de faire lamour avec lui. Mais hâte avant tout de le serrer dans mes bras et de le sentir contre moi, sans cette distance, cette peur et cette culpabilité que lattente du test a mises entre nous depuis Noël.
Je rentre à lappart, jallume la télé, je me cale devant « On a tout essayé », cette émission que je suis depuis la rentrée et qui égaye mes fins daprès-midi. Une interview de Hugues Delatte demandant à une Nicoletta morte de rire si son titre « Mamy blue » est inspiré par la Grand-mère Schtroumpf, me fait également rire aux larmes.
https://www.facebook.com/raphmezrahi/videos/231102304915987
Je mapprête à dîner, tout en pensant au coup de fil avec Jérém qui va tomber aux alentours de 20 heures, comme chaque soir, lorsque le bruit strident de linterphone résonne dans la petite pièce. Au bout du combiné, le bonheur mattend.
« Oui ?
Cest moi
»
Mon cur fait un bond dans ma poitrine. Sa voix à linterphone. Jérém est là. Ah, cétait donc ça « bientôt ». Vraiment « bientôt ». Je pensais que ce serait dans pas longtemps, mais en aucun cas je navais pas osé espérer imaginer que ce serait si vite.
Jappuie sur le bouton, je me précipite à la porte de mon appart, je me rue dans la petite cour.
Dès que limage de mon beau brun traverse ma rétine, je suis KO. Pull à capuche gris, le zip ouvert sur un triangle de coton blanc au col arrondi, mon Jérém me fait craquer au premier regard.
« Quest-ce qui se passe Nico ? » jentends Denis me questionner en me voyant débouler comme un fou hors de chez moi. Depuis leur baie vitrée ils ne ratent par une miette de ce qui se passe dans lentrée de limmeuble.
« Va voir, il y a peut-être le feu à lappart ! jentends Albert lui lancer.
Oui, il y a le feu
mais pas celui que tu crois ! » lui répond Denis qui a dû voir Jérém avancer dans le passage couvert.
Je profite de la discrétion offerte par la configuration des lieux qui nous permet de nêtre vus que par mes deux propriétaires, pour sauter au cou de Jérém.
« Tu es là
»
Sur le coup, le beau brun se raidit. Il regarde partout autour de lui, je ne le sens pas à laise vis-à-vis de mes effusions.
« Tinquiète, personne ne peut nous voir ici, à part les propriétaires
»
Et là, Jérém membrasse. Je prends ça pour un feu vert, je le prends dans mes bras, je le serre très fort contre moi, je lembrasse comme un fou.
« Je suis tellement heureux que tu sois là !
Je ne pouvais pas attendre
Jérém ! jentends Albert lancer, ça fait plaisir de te revoir !
Bonjour monsieur ! »
Sa façon de dire « monsieur » et le respect avec lequel il semble charger ce mot lui donnent un côté « petit garçon devant son prof » qui le rend craquant.
« Venez prendre lapéro, enchaîne Albert.
Mais laisse-les tranquilles, un peu ! fait Denis, ils ont dautres chats à fouetter que de gâcher leur soirée avec deux vieux ! »
Ça me fait sourire. Et ça fait sourire mon Jérém.
« Viens ! » je lui lance tout bas, tout en saisissant sa main et en lattirant vers moi, impatient de me retrouver seul avec lui.
Une seconde plus tard, nous sommes dans le petit studio. Jérém me colle contre le mur, il prend mes lèvres comme sil ne mavait pas embrassé depuis des siècles. Il me serre très fort contre lui, il couvre mon cou de bisous. Je sens son souffle sur ma peau, je sens son bonheur dêtre avec moi. Je sens quil est bien, là, avec moi. Quest-ce quil me touche ce petit gars !
Son bassin collé contre le mien, je sens son érection monter à vitesse grand V. Jai envie de le pomper, jai envie de lavoir en moi. Mais en même temps, je nai pas envie de quitter cette étreinte qui me fait un bien fou et qui me montre à quel point je compte pour lui, plus que tous les mots du monde.
Je ne sais pas me décider, alors je me laisse porter. De toute façon, tout va très vite. Le bobrun est chaud bouillant. Il a envie de câlins, mais il a aussi envie de prendre son pied. Pendant quil membrasse sans retenue, il ouvre le zip de son pull, il sen débarrasse. Le coton molletonné glisse sur le coton de son t-shirt avec un petit crissement qui a la douceur dune caresse. Je suis aveuglé par léclat du t-shirt blanc qui moule terriblement bien ses pecs et ses biceps. Mais le bogoss se débarrasse aussitôt de cette dernière couche de coton. Son torse en V à la peau mate soffre à moi dans toute sa splendeur virile. Sans attendre, il défait sa ceinture le cliquetis de la boucle qui souvre est un son terriblement excitant à mes oreilles puis sa braguette, puis ma ceinture, et ma braguette à moi. Les gestes sont secs, rapides, ils trahissent la délicieuse précipitation du désir.
Dun coup rapide et puissant, il fait glisser mon pantalon à mi-cuisse. Il me fait alors me retourner face au mur. Définitivement, tout ça me rappelle le jour où je lavais suivi chez lui après le bac philo, après lavoir chauffé à bloc pendant lépreuve. Ce jour-là, dès la porte claquée derrière nous, il mavait plaqué contre le mur, il avait presque arraché ma ceinture et ma braguette, et il mavait baisé direct, sans autre forme de procès. Il mavait baisé avec une fougue presque bestiale, comme un animal en rut, tout en me traitant de sale pute. Il mavait fait sentir à lui comme ce nest pas permis, et il mavait giclé dans le cul.
Aujourdhui, Jérém ne me traite plus de sale pute, mais il me fait toujours sentir autant à lui. Les gestes nont pas la brutalité de ceux du jour du bac philo, ils sont désormais empreints dun mélange de douceur et de fermeté virile qui me fait délirer.
Je sens le souffle chargé dexcitation de mon mâle glisser sur mon cou, sur ma nuque. Je suis aux aguets de ses ahanements empreints de désir. Jérém mordille nerveusement mon oreille, il passe ses mains sous mon t-shirt, agace mes tétons, me rend dingue dexcitation. Je sens sa queue chaude et raide tendre le tissu élastique de mon boxer, senfoncer dans ma raie. Je crève denvie de lui.
Tout comme le jour du bac philo, le beau brun att le bas de mon t-shirt, le pull en plus, le retourne, le fait glisser le long de mon torse. Jai tout juste le temps de seconder son mouvement, et je me retrouve torse nu, mon dos enveloppé par sa présence virile.
Et lorsque son bassin relâche enfin la pression, je nen peux plus. Je charge mes mains de descendre mon boxer, comme une urgence, mais Jérém men empêche. Cest lui qui se charge de le descendre, doucement, lentement, sensuellement. Je me retrouve avec le boxer à mi-cuisse et la langue de Jérém qui lèche ma rondelle avec un entrain jouissif.
Le beau brun cale son torse contre mon dos, sa queue raide dans ma raie humide et hypersensible, il frotte et tapote son gland contre ma rondelle. Jérém nest pas encore venu en moi, et pourtant je me sens déjà dominé par sa virilité. Je nen peux plus !
« Jai envie de toi ! je finis par lui lancer, fou de lui.
Je vais te défoncer !
Cest tout ce que je demande ! »
Son bassin exerce une pression de plus en plus forte, lente et impitoyable, jusquà ce que je sente mes muscles humides céder, jusquà le sentir venir en moi lentement, mais inéluctablement. Sa pénétration est lente, puissante mais tout en douceur. Ses va et vient sont délicieux. Sa façon dagripper tour à tour mes hanches, mes épaules ou mes biceps pour mieux me secouer me rend fou.
Je sens son souffle dans mon dos, ses ahanements de plaisir, je perçois ses frissons, je ressens son envie.
« Quest-ce que cest bon ! je lentends lâcher.
Mais grave ! »
Et pourtant, quelques secondes plus tard à peine, il sarrête net. Envahi par sa queue, je suis instantanément en manque de ses coups de reins.
« Fais-moi lamour Jérém !
Si je continue comme ça, je vais jouir de suite
Fais-toi plaisir, beau mâle ! »
Ses coups de reins reprennent, mais pas pour longtemps.
« Je vais te remplir
» je lentends souffler.
Ses mains se crispent, ses doigts senfoncent dans ma chair. Un réflexe nerveux, lorsque son corps et son esprit perdent pied. Son souffle semballe, ses va-et-vient ralentissent jusquà se caler sur le rythme de ses éjaculations. Et son plaisir sexprime par des râles puissants et étouffés.
Ça y est, pour la première fois depuis des mois, mon beau brun vient de gicler en moi. Je suis tellement heureux de lui offrir ce plaisir, cet aboutissement sensuel qui avait lair de tant lui manquer !
Je suis tellement excité que je pourrais jouir sans même me toucher. Mais je me retiens, car jai envie de faire durer cet instant de bonheur le plus longtemps possible. La sensation, lidée davoir son jus en moi me rendent dingue.
« Je suis désolé
je lentends me glisser, entre deux bisous posés sur mon cou alors quil est toujours en moi.
Désolé de quoi ?
Je suis venu trop vite
Mais cest pas grave du tout !
Cest meilleur quand ça dure
Cétait intense, il y avait le feu !
Un feu de paille
Un feu de dingue !
Tas aimé, quand même ?
Et comment !
Moi aussi !!! Putain quest-ce que ça ma manqué !
A moi aussi
»
Le bogoss se déboîte lentement de moi. Il me fait me retourner, il se met à genou et il me pompe à bloc. Il ne faut pas longtemps pour me sentir perdre pied à mon tour.
« Je vais jouir ! » je lui annonce.
Jérém cesse de me pomper. Il empoigne ma queue et la branle vigoureusement. Un instant plus tard, je gicle sur son torse musclé et poilu, sur sa peau mate. Le beau brun avale une dernière fois ma queue, comme sil ne pouvait pas résister à lenvie de goûter à mon sperme. Je suis surpris par cela. Et avant de revenir à moi et de me rappeler que je nai plus aucune raison de le faire, je me retiens de justesse de len empêcher. Lorsque la peur sinstalle, cest difficile de la faire repartir. Il faut du temps.
Le bogoss passe son pull à capuche à même la peau, referme approximativement le zip et entrouvre la fenêtre pour griller une clope. Lorsquil revient au lit, il me prend dans ses bras. Le bonheur que ce gars sait moffrir est un cadeau du ciel.
Jérém a lair plutôt fatigué, alors je lui propose de lui préparer à manger. Mais je nai pas grand-chose dans mon frigo. Alors, pendant que je le laisse se reposer à lappart, je pars en expédition de survie à la superette du coin. Jachète de quoi lui faire une bolognaise maison, des escalopes milanaises. Je suis tellement content que Jérém soit là, et de pouvoir moccuper de lui.
En rentrant des courses, je retrouve le beau brun assoupi. Il est vraiment fatigué. Et il est touchant comme un . Je baisse le son de la télé et je fais attention à ne pas faire trop de bruit en cuisinant. Je regarde ma bolo en train de mijoter et je ressens un tel bonheur ! Cest le bonheur des petites choses du quotidien quon a envie de partager avec lhomme de sa vie. Jai un jour entendu quelquun dire que quand on aime, on cuisine. Jai tellement envie de cuisiner pour Jérém !
Un couvercle qui glisse et tape contre la poêle dans un grand bruit métallique fait revenir brutalement mon beau brun de sa petite sieste.
« Putain, je me suis endormi
Tu étais fatigué
Ah oui
»
Il est tellement mignon !
« Cest prêt dans 5 minutes, je lui annonce.
Ça sent très bon tout ça, il considère en regardant en direction des fourneaux.
Cest rien
Non, ce nest pas rien. Cest beaucoup pour moi » je lentends me glisser à loreille un instant plus tard.
Pendant notre petit dîner improvisé et en amoureux, Jérém me parle de son quotidien, de ses entraînements, de sa progression sportive, de son intégration au sein de léquipe. Je le sens enfin à nouveau épanoui, bien dans sa peau, confiant. Il me raconte comment, avec Ulysse, il a limpression de retrouver le parfait tandem au rugby, comme avec Thib. Dans sa façon de me raconter ses nouveaux exploits dans léquipe je retrouve le Jérém un brin frimeur que jai connu à Toulouse. Mais ce qui le rend encore plus craquant, cest le fait que cette « assurance » retrouvée nest pas dénuée de quelques craintes. Son assurance revient, mais jai limpression quelle nest plus si nette quavant. Comme si elle était toujours marquée par le choc inattendu avec cette nouvelle réalité dans laquelle il sest senti dabord rejeté, où il a dû lutter pour se faire accepter. Comme si sa sérénité était toujours entremêlée par lincertitude du lendemain, parasitée par la pression quil doit supporter au quotidien.
« Tu es retourné à Toulouse depuis Noël ? il me questionne au détour dune conversation.
Jy suis retourné une fois en février, et je vais y retourner dans un mois pour le mariage de ma cousine. Je suis son témoin.
Ah, tu vas te faire tout beau ! Et tu vas encore te faire draguer !
Nimporte quoi !
Jen suis sûr !
Tas quà venir pour me surveiller
Je ne suis pas invité !
Si !
Quoi ?
Ma cousine ma dit de te dire que tu es le bienvenu si tu veux venir.
Moi ?
Oui, toi !
Et pourquoi, moi ?
Parce que tu es le copain de son cousin préféré qui est aussi son témoin de mariage, banane ! »
Jérém ne répond pas, il semble soudainement pensif.
« Je ne suis pas prêt à jouer le parfait petit copain pédé, il finit par lâcher à mi-voix.
Tranquille, je ne te demande pas ça. Je nai pas besoin de te présenter autrement que comme un pote. Ce quil y a entre nous ne regarde que nous.
Je ne suis pas prêt pour ça
la famille, les repas, tout ça
Tinquiète, je comprends. Jaimerais bien que tu viennes, bien sûr, mais je ne vais pas insister. Je te le dis juste parce quelle me la proposé. Elle voudrait juste te montrer que tu es le bienvenu dans ma vie et que dans ma famille tout le monde nest pas comme mon père.
Ah, oui, ton père. Je nai vraiment pas envie de le croiser ! Et puis, de toute façon, je déteste les mariages
Il ny a pas de mal, vraiment.
Cest cool que tu aies eu un jour de repos, je change de sujet.
Mais je nen ai pas eu !
Et comment tu as fait pour venir ?
Jai dit que javais rendez- vous chez le dentiste.
Tes génial !
Mais demain matin je dois être impérativement aux entraînements à 9 heures
Mais ça va te faire lever super tôt ! je considère.
Il va falloir que je prenne la route à 3 heures du mat.
Mais tu ne vas jamais arriver à temps !
Neuf heures plus ou moins le quart dheure toulousain, il plaisante.
Mais tu es fou !
Javais trop envie de te voir
Tu es adorable
Et de te faire lamour comme il se doit
»
Mon beau brun a traversé la moitié de la France pour venir me faire lamour, alors nous refaisons lamour. Après le dîner, Jérém me fait mallonger sur le dos et il vient en moi une nouvelle fois. Il me pilonne lentement, les ondulations de son bassin sont divines. La vision de son torse nu sculpté par le sport, de ses poils bruns, de ses tatouages, de sa belle gueule défaite par le plaisir sont autant dimages de bonheur. Cette fois-ci, mon beau brun prend son temps. Il me pilonne, il membrasse, il me lime, il me caresse, il me défonce, il me branle, et il me fait jouir. Mes jets chauds atterrissent sur mon torse au moment même où le corps et la petite gueule de mon beau brun se crispent dans lexpression de son nouvel orgasme, à linstant même où il lâche de nouvelles bonnes giclées viriles en moi.
Après son immanquable cigarette, Jérém mannonce quil a besoin de dormir et il passe à la douche aussitôt. A travers lencadrement de la porte laissée ouverte et des vitres translucides de la cabine, je regarde mon Jérém en train de se doucher. Jentrevois, jentends leau tomber sur son corps musclé, je sens le parfum du gel douche se répandre dans la pièce. Je le regarde sortir de la cabine, les cheveux et la peau ruisselants deau, sa nudité spectaculaire, beau comme un Dieu. Je le regarde sessuyer, les cheveux, le dos, les bras, les aisselles, lentrejambe, les jambes, les pieds. Je le regarde faire disparaître sa virilité dans un boxer rouge à lélastique blanc.
Un petit passage devant le miroir pour dompter un minimum ses cheveux bruns en bataille et il revient dans la pièce principale, sans me quitter du regard.
J'adore capter la fraîcheur qui se dégage de sa peau à la sortie de la douche. Quelle soit portée par les notes enivrantes dun gel douche de petit con, ou bien par la douce sensualité dun savon neutre qui laisse sexprimer lodeur naturelle de sa peau, cette fraîcheur de la peau qui vient dêtre douchée me rend complètement dingue.
Je lui demande de sallonger à côté de moi et le bogoss sexécute sans me quitter des yeux. Au fond des siens, une étincelle coquine qui me confirme ce que javais deviné. Nos envies se complètent.
Le temps nous est compté, les quelques heures de sommeil devant nous sont précieuses. Surtout pour Jérém. Et pourtant, le beau brun est chaud comme une baraque à frites, et il ne compte pas vraiment se coucher avec les poules. Il préfère coucher avec son poulet toulousain.
Il me caresse et il membrasse partout, tout en jouant délicatement avec ma queue déjà bien tendue. Cest entre la caresse et la branlette, et cest juste divin. Excitant, frustrant, un truc de fou. Jérém me suce, longuement, amoureusement. Il enlève son boxer lentement, me regardant fixement dans les yeux. Sa queue tendue est magnifique. Je crève denvie de le prendre en bouche, mais je sais que le beau brun a envie dautre chose. Je le regarde sallonger sur le lit, mappeler silencieusement pour que je lui fasse lamour à mon tour. Tu peux le faire, Nico, tu nas plus rien à craindre.
Alors je lui fais lamour, je me laisse glisser entre ses fesses musclées de rugbyman. Je le pilonne en faisant bien attention à son plaisir, en prenant du plaisir à le voir frissonner au rythme de mes coups de reins. Me sentir coulisser en lui est une sensation incroyable. Et me sentir perdre pied, sentir mes giclées se répandre en lui, cest juste délirant.
Juste après lamour, jenserre Jérém très fort dans mes bras. Je suis tellement heureux. Et je le suis dautant plus que mon beau brun a lair lui aussi vraiment heureux. Une visite surprise, un dîner improvisé, et beaucoup damour. Et ce petit appart de 13 m² devient le plus beau des endroits sur Terre. Il est près de 22 heures, il faut dormir. Jéteins la lumière.
Nos lèvres se cherchent dans le noir, se rencontrent, et ont du mal à se quitter.
« Cest gentil de la part de ta cousine, quand même » je lentends me glisser, la voix déjà pâteuse, juste avant de glisser dans le sommeil.
Tu t'appelles Jérémie Tommasi mais tout le monde t'appelle Jérém ou Jéjé ou Jé. Aussi loin que tu te souviennes, tu te dis que tu nas jamais été heureux. Dans ton enfance, tu vois tes parents se disputer sans cesse. A dix ans, ils divorcent et ta mère part refaire sa vie loin de toi. Très jeune tu comprends à quel point ça fait mal de se sentir abandonné. Ça te déchire le cur et tu narrives pas à le réparer. Tu veux oublier cette souffrance, mais tu ne peux pas. Tu apprends à jouer au rugby, tu deviens un petit champion, tu te fais des potes, tu te tapes des meufs, mais tu narrives pas à oublier. Tu veux t'endurcir, mais tu narrives à tendurcir que de lextérieur. Car au plus profond de toi, les pleurs silencieux d résonnent toujours. Et les fantômes de ton enfance reviennent sans cesse te hanter.
Tu finis par te convaincre que tu ne seras plus jamais heureux, parce que tu ne mérites peut- être pas dêtre heureux. Parce que tu ne mérites pas dêtre aimé. Et tu essaies de taccommoder de cet état de choses. Tu te bâtis un personnage, et un monde dans lequel le faire graviter. Une sorte de réalité virtuelle, définie par les regards que tu arrives à attirer. Ton bonheur ne vient pas de ton cur, mais du regard des autres. Tu narrives pas à aimer parce que tu ne veux pas que ton bonheur dépende des autres, mais tu as besoin du regard des autres pour te sentir heureux. Tu fais tout pour plaire, pour être admiré. Tu ne montres que ce que tu veux montrer et tu caches soigneusement cette partie de toi que tu as découverte bien assez tôt et qui te perturbe depuis. Tu essaies doublier ton attirance pour les mecs, mais tu ny arrives pas.
Cest difficile pour toi de penser à ce mot, gay, et surtout de limaginer sappliquer à toi. Au fond de toi, tu sais que cest le cas, mais tu veux croire que tu peux oublier. Les autres te rappellent sans cesse quêtre pédé nest pas bien, alors tu apprends à faire semblant. Tu te dis que tu trouveras le moyen de garder les apparences. Tu fais ce que tu peux pour survivre, mais un sentiment de culpabilité tenvahit. Tu te sens comme une merde.
Tu baises des meufs, mais tu noublies pas. Tu as envie daller vers les mecs, mais tu ne peux pas. Tu te caches, des autres, de toi-même. Tu te dis que tu ne peux pas être pédé, jamais. Tu vis dans la peur quun regard te trahisse. Tu finis par avoir des aventures avec quelques mecs. Tu prends ton pied mais tu culpabilises un max. Mais tu arrives à donner le change, à garder les apparences. Tout cela est bien fragile, mais tu arrives à tenir en taidant avec lalcool et la fumette.
Puis, un jour, tu croises le chemin dun gars qui fait voler tout ça en éclat. Son regard rabat toutes les cartes. Tu as eu envie de lui, et tu as fini par assouvir cette envie. Ce que tu navais pas prévu, cest de te sentir aimé, et ça ta fait peur. Tu avais limpression dêtre libre quand tu couchais avec toutes les nanas que tu voulais et parfois un mec, vite fait et tu aurais voulu continuer ainsi. Tu n'as jamais eu l'intention de tomber amoureux, et encore moins dun gars.
Et pourtant, quand tu as croisé son chemin tu as ressenti quelque chose que tu navais jamais ressenti auparavant. Il ta fallu un certain temps pour apprivoiser cet amour. Avant votre première révision, et malgré les apparences, tu étais en train de te noyer. La présence de Nico a donné un nouvel élan à ta vie. Grâce à lui, tu as pu enfin comprendre et accepter qui tu es.
Tu te demandes ce qui se serait passé si tu navais pas croisé le chemin de Nico. Si tu navais pas connu le bonheur quil a su tapporter.
Oui, tu tappelles Jérémie Tommasi et ce soir tu es heureux. Tu es heureux parce que tu as eu tellement peur pour Nico. Tu ne voulais pas croire quil ait pu être contaminé, tu ne pouvais pas. Et pourtant, tu avais peur. Tu y pensais chaque jour, chaque heure. Tu nas vraiment pas envie quil arrive du malheur à ce petit gars. Parce que ce petit gars, tu laimes. Cette nuit, tu es tellement bien dans ses bras. Tu te sens en sécurité, tu te sens libre. Quand tu es avec lui, tu as limpression de respirer enfin, à pleins poumons, comme après une trop longue apnée. Quand tu es avec lui, tu recharges ton moral, tu remontes ta jauge de bonheur. Penser à lui, te rend ton quotidien plus supportable. Le voir heureux, te rend heureux. Cest pour ça que tu aimes être avec lui.
Oui, ce soir tu es heureux. Et si cet instant est si précieux pour toi, cest parce que tu sais que dès que tu auras quitté cet appartement minuscule, dès que tu ne sentiras plus sa présence rassurante, tes fantômes vont revenir te hanter. Tu sais que dès demain matin 9 heures, tu seras à nouveau prisonnier dun monde où tu devras faire semblant, où il ne te sera pas autorisé dêtre toi-même. Alors tu profites de cet instant, de cette étreinte dans le noir, de ses bisous, de son amour.
Tu aurais envie dêtre avec lui plus souvent mais tu te dis aussi que tu ne peux pas prendre le risque. Tu ne veux pas tout gâcher maintenant que tout semble sarranger pour toi, alors que tu es de mieux en mieux intégré dans léquipe, alors que le coach semble enfin apprécier ton jeu, alors quil te montre enfin de lestime, alors que tu retrouves enfin peu à peu les sensations et les regards que tu ressentais à Toulouse, celles et ceux qui tont tant manqué et que tu essaies désespérément de retrouver depuis 6 mois : la sensation dêtre un bon joueur, la sensation dêtre à ta place, les regards admiratifs, les regards bienveillants, les regards qui te portent, les regards qui te font rêver, parce quils te montrent que toi, tu fais rêver. Tu as envie de briller, tu as envie de te sentir le meilleur, à nouveau. Tu ne veux plus jamais ressentir lhumiliation de te sentir scruté, jugé, exclu, regardé avec méfiance, avec défiance.
Oui, être avec Nico te paraît difficile. Mais ça cest uniquement parce que le monde nest pas prêt à accepter votre amour. Mais dans labsolu, tu sens quêtre heureux est à ta portée. Il suffirait de saisir sa main, tendue vers toi depuis votre première révision, et même depuis le premier jour du lycée. Et même si tu ne peux pas la saisir autant que tu veux, tu sais quil suffirait dun geste pour la saisir. Et ça, ça te met du baume au cur.
Lorsque le réveil sonne, cest comme un coup de fouet impitoyable. Jentrouvre les yeux et je regarde mon radio réveil. Il est 2h45. La seule note de douceur dans ce réveil brutal est la présence de Jérém contre moi, ses bras autour de ma taille. Mais cela ne dure pas. Mon beau brun me fait un bisou dans le cou et bondit hors du lit. Un instant plus tard, jentends le jet dru tomber dans la cuvette, suivi par celui de la chasse deau. Jérém revient près de moi, il commence de shabiller. Il passe son t-shirt blanc et sa queue mi-raide attire mon regard. Je suis dans le coltard, mais ma main part toute seule, elle ne peut résister à la tentation de la caresser. Le bogoss se retourne illico. Dans ses yeux, une étincelle lubrique qui menchante.
Un instant plus tard, il se glisse sous les draps, il se glisse sur moi, il glisse entre mes fesses, il glisse en moi. Il me pilonne une dernière fois, il me refait lamour, ses mains fébriles saisissent mes hanches, je lentends souffler son plaisir de mec. Et il gicle une dernière fois en moi au petit matin.
« Oh, putain, quest-ce que cest bon
» je lentends souffler, la voix basse, ralentie, comme assommé par son orgasme.
Jérém se déboîte aussitôt et termine de shabiller. Sa queue disparaît dans le boxer et le jeans, son t-shirt blanc sous le pull à capuche dont il referme la fermeture zip jusquen haut. Une minute, un dernier bisou et un « bon retour, fais attention sur la route, envoie-moi un message quand tu es arrivé. Je taime » plus tard, le beau rugbyman quitte mon appartement et repart dans sa vie loin de moi.
Vendredi 29 mars 2002.
Ce vendredi est un jour de grandes annonces. Déjà, le soir, en rentrant des cours, je trouve dans ma boîte aux lettres linvitation officielle du mariage dElodie. Puis, le même soir, vers 21 heures, alors que je viens tout juste de raccrocher davec Jérém, la sonnerie de mon portable retentit à nouveau. Je regarde le petit écran et je vois « Thibault » safficher. Au fond de moi, je sais pourquoi il mappelle. Je sens que je vais apprendre une bonne nouvelle.
« Thibault, ça va ? je fais en décrochant.
On ne peut mieux. Nico
»
Puis, après un petit moment de flottement, ladorable pompier finit par lâcher la grande nouvelle :
« Ça y est
je suis papa ! Nathalie a accouché cet après-midi. Cest un beau petit gars, Nico ! Il sappelle Lucas ! »
Sa voix est fébrile, transportée par lémotion. Je le sens tellement heureux que jen ai les larmes aux yeux.
« Félicitations mon grand, félicitations ! Tout le monde va bien ?
Oui, le gosse, la maman, tout le monde va bien. Ça a été un peu long, mais tout sest bien passé.
Et comment va le papa ?
Le papa a failli tomber dans les pommes, mais il se remet peu à peu de ses émotions !
Je suis vraiment, vraiment heureux pour toi, Thibault ! »
Oui, je suis heureux pour Thibault. Même si jai encore du mal à imaginer ce petit mec de 20 ans avec un gosse, ce gars avec qui jai fait lamour quelques mois plus tôt alors que sa copine était déjà enceinte bien que nous lignorions encore à ce moment là je suis certain quil fera un papa merveilleux.
« Merci Nico, merci !
Et tu as annoncé la bonne nouvelle à Jérém ? je ne peux mempêcher de le questionner.
Non, pas encore. Je vais le faire.
Ça lui fera plaisir, il sera heureux pour toi
Oui, je pense
»
Je sens de lhésitation dans sa voix. Comme sil nétait pas à laise avec la perspective de contacter Jérém.
« Ça fait un moment que nous ne nous sommes pas parlé, il finit par ajouter.
Tu sais, il me demande souvent de tes nouvelles. Ce sera loccasion de lui en donner directement.
Je me demande ce quil va ressentir quand je vais lui annoncer que je viens davoir un petit gars
Ça va le bouleverser, cest sûr
mais il va être heureux pour toi.
Merci Nico.
Encore félicitations Thibault. Et félicitations à Nathalie. Et à Lucas. Il a de la chance davoir un papa comme toi.
Jespère que je vais être un bon père.
Je ne me fais pas de souci pour ça, vraiment pas.
Merci Nico. Il va falloir que tu passes faire sa connaissance quand tu viendras sur Toulouse.
Je ny manquerai pas ! »
Loccasion de tenir ma promesse se présente trois semaines plus tard, le week-end où je remonte sur Toulouse pour le mariage de ma cousine.
Jarrive dans la Ville Rose le vendredi soir. Je fais un bisou à Maman, nous discutons un peu tant que nous ne sommes que tous les deux. Dès que Papa rentre à la maison, je me sens mal à laise et la belle complicité entre Maman et moi doit se faire discrète. Les mots doivent se prononcer à voix basse pour ne pas provoquer, les rires doivent s pour ne pas heurter. Fait chier. La présence de mon père plombe lambiance. Le dîner est lugubre. Papa ne décroche pas un mot et Maman se charge de faire la conversation pour ne pas laisser le silence assourdissant sinstaller. La discussion tourne essentiellement autour du mariage dElodie qui va avoir lieu le lendemain soir. Jessaie de lui donner le change, mais je ne suis vraiment pas à laise. Jai limpression que Papa juge chacun de mes mots comme étant dénué de tout intérêt, quil trouve ma voix pas assez virile, mes attitudes pas assez viriles, et ma présence dérangeante. Ce nest peut-être que dans ma tête, mais jai limpression d et il me tarde de partir de là. Ça me fait chier pour Maman, parce que je voudrais passer plus de temps avec elle. Dailleurs, je ne sais pas comment elle fait pour le supporter. Je ne veux pas que mes parents divorcent à cause de moi, pas du tout. Mais Papa se comporte vraiment comme un con. Maman doit vraiment beaucoup laimer, ou elle a dû vraiment beaucoup laimer, pour lui pardonner son attitude depuis mon coming out.
Samedi 20 avril 2002, 8h17.
Ce matin, je me réveille avec le moral en berne. A vrai dire, ça fait un petit moment que mon moral est chancelant. Et lambiance du dîner dhier soir na rien arrangé.
Ça fait désormais plus dun mois que je nai pas revu Jérém. Il mavait prévenu que pendant cette dernière ligne droite avant la fin du championnat ça allait être dur de se voir. Parce quil allait devoir être à fond dans le rugby, parce quil allait devoir tout donner.
Et cela sest confirmé au fil des dernières semaines, depuis que son équipe traverse une phase difficile.
La dernière fois que Jérém était venu à Bordeaux, je lavais senti confiant, vis-à-vis de sa place dans léquipe. Il avait lair de dire que tout se passait bien et que le plus dur était derrière lui.
Hélas, dans le sport, non seulement on ne peut jamais vendre la peau de lours avant de lavoir attrapé, mais même quand on la attrapé, il vaut mieux rester prudent car lours en question peut séchapper à tout moment. Dans le sport, notamment le sport déquipe, la réussite dépend dune multitude dacteurs, dune infinité de paramètres, ainsi que dun facteur chance. Autant de variables quon ne peut contrôler individuellement et dont la défaillance passagère, peut très vite faire tout basculer. Oui, dans le sport déquipe, tout peut changer très vite. Un jour aux Anges, le suivant en Enfer, sans transition.
Après un lot de matches en début dannée plutôt satisfaisants, depuis quelques semaines le Racing se fait régulièrement dominer. Au dire de Jérém, lambiance dans les vestiaires et aux entraînements est de plus en plus difficile. Je le sens de mauvaise humeurs, soucieux, distant. Je sens quil essaie de ne pas me faire subir tout ça, mais je ressens son malaise.
Jessaie de lencourager, de lui dire que les choses vont sarranger, que son équipe a connu des temps meilleurs et quelle va en connaître dautres. Mais entre le fait que je ne connais pas les tenants et les aboutissants des problèmes que traverse son équipe, et le fait que mes compétences en rugby sont dun niveau plus bas que terre et mer, mes propos doivent sonner bien creux aux oreilles de mon beau brun, dénués de toute crédibilité. Ce qui fait que lencouragement que je souhaite lui apporter doit tomber à plat.
Preuve en est le fait que lors de nos derniers échanges téléphoniques, dès que jessaie de lui demander des nouvelles, il se contente de répondre « ça va » et il change direct de sujet.
Je sens quil est fatigué, physiquement, mentalement, moralement. Ces défaites multiples laffectent beaucoup. Je sais, parce que ça lui a échappé un soir, quil se sent de plus en plus sur la sellette, quil commence à craindre de ne pas être reconduit pour la saison prochaine. Je sens que ces problèmes sont à nouveau en train de nous éloigner, mais je me fais surtout du souci pour lui. Je ne veux pas que son rêve se termine si tôt. Je ne veux pas quil soit malheureux. Je ne veux pas le voir partir en vrille, parce que je ne sais pas si jaurais la force de len empêcher. En attendant, son inquiétude déteint sur moi.
Il me manque, jessaie de tenir bon. Mais ce nest pas facile tous les jours. Cest de plus en plus dur pour moi de ne pas savoir quand je vais le revoir. La fin du championnat cest dans plus dun mois. Est-ce que je vais devoir attendre jusque-là ? Est-ce que notre relation va être ça, tout le temps ? Se voir de temps en temps, une fois par mois au plus, beaucoup moins quand il doit être à fond dans le rugby ?
Jessaie de me réconforter en me disant quen dépit de la faible quantité de nos rencontres, leur qualité est excellente. Je repense à cette visite éclair de mon beau brun un mois plus tôt, après le résultat négatif de mon test HIV. Quand je pense à la façon dont il sest tapé deux fois six heures de route pour venir me voir lespace dune soirée et dune nuit écourtées, pour venir me faire lamour comme il me la fait, pour me faire me sentir bien et aimé comme il a su le faire, je me dis que je suis un garçon chanceux.
Quand jai su que jaimais les garçons, jai toujours pensé au fond de moi que mon orientation sexuelle et sentimentale rendrait plus difficile la recherche de mon bonheur. Le peu duvres, films, livres, chansons, traitant des histoires entre garçons que javais eu loccasion de connaître, se terminaient rarement avec un final heureux. Moi, mon bonheur, je lai trouvé. Il arrive par petites touches, ou plutôt par grandes touches isolées, mais il est bien là. Et cette idée maide à tenir bon. Mais pas à faire taire le sentiment de manque et dinquiétude. Que fait Jérém à Paris, entre deux entraînements, entre deux cours à la fac ?
Le mariage de ma cousine a lieu dans quelques heures. Je vais faire la fête. Cest en pensant à cela que jarrive à mextirper de ma morosité.
Samedi 20 avril 2002, 16h00.
Le mariage a lieu à la mairie de Blagnac. La cérémonie est courte, mais solennelle. Je suis ému de voir ma cousine sengager à partager sa vie avec un garçon. Ma cousine est toute en beauté dans sa robe blanche, très sobre et élégante, plutôt classe, tout à fait dans son style. Son Philippe est lui aussi tout en beauté dans son costume noir très bien taillé.
Et je suis vraiment ému lorsque, après les vux et léchange des alliances, je me retrouve à signer les papiers du mariage avec la sur de Philippe, qui est aussi son témoin. Je suis toujours autant touché quElodie ait pensé à moi pour ce rôle.
La fête se poursuit dans une salle des fêtes où le DJ chargé de lanimation de la soirée ne nous épargne absolument rien de la « beaufitude » légendaire des mariages. Déjà, il se fait remarquer par un choix musical sans originalité, par une voix très envahissante crachée dans un micro trop sonore, par des blagues grasses et souvent douteuses, par des animations grossières entraînant les invités dans des situations gênantes.
Jaimerais mextraire de ce carcan, partager davantage ce moment avec ma cousine, mais elle est occupée à faire le tour des invités. En attendant, je me fais chier. Et pour « soulager ma peine », je bois et je mate la faune masculine en présence. Il y a en effet quelques beaux spécimens, notamment dans la « garde rapprochée » des potes de Philippe. Mais the « bogoss » de la soirée est sans conteste mon cousin Cédric, celui qui a été à lorigine de mes premières et nombreuses branlettes solitaires dans mon adolescence. Il est toujours aussi canon, et chaque année il gravit une nouvelle marche dans lascension vers laccomplissement de sa beauté virile. Ce soir, dans sa tenue chemise blanche, cravate, et costume sur différents tons de bleu, il est juste craquant.
Sans que je cherche à lui parler, parce que je ne sais vraiment pas de quoi lui parler, parce que je nai pas envie de le sentir étaler sa vie parfaite, le déroulement de la soirée fait que nous finissons par tomber lun sur lautre et par échanger quelques mots. Il me parle de ses études en médecine et jai limpression dentendre le résumé dun épisode de « Greys anatomy ». Ou plutôt d« Urgences ». Je nai que peu loccasion de lui parler de mes études à moi. Mais quimporte, je lécoute moins que je ne le regarde. Sa présence est magnétique, comme capiteuse.
« Alors tu as une copine ou tu es toujours puceau ? il finit par lâcher au détour dune conversation.
Non, jai pas de copine » je réponds, un brin agacé.
Et là, lalcool aidant, je décide daller au fond de mes pensées.
« Mais jai un copain, jajoute aussitôt.
Ah
Ça tétonne ?
Pas vraiment
Tu ten doutais ?
Jai toujours pensé que tu me kiffais
Et cétait le cas
et cest toujours le cas
»
Le cousin semble soudainement mal à laise avec la franchise de mes mots. Il me regarde un brin interloqué, il cherche quelque chose à répondre.
« Mais moi je ne suis pas
Tinquiète, je le coupe, las de me faire prendre de haut par ce petit con. A une époque, je continue, si tu avais dit oui, je naurais pas dit non. Mais maintenant jai un copain canonissime et je ne fantasme plus sur toi ! »
Cédric me regarde sans savoir quoi répondre, lair un tantinet déstabilisé.
Et bam ! Ça sest dit
Cassé !!!! comme sexclamera quelques années plus tard un célèbre philosophe niçois.
Cest vers la fin de la soirée, ou plutôt de la nuit, que jarrive enfin à approcher ma cousine. Elle est épuisée par les obligations mondaines, et elle est heureuse de prendre un dernier verre avec moi.
« Ça va mon Nico ?
Très bien et toi ?
Ta cousine est désormais une femme respectable, elle me balance en me montrant son alliance avec un geste excessivement théâtral qui me fait mourir de rire.
Je vois ça, oui
Ton copain na pas pu venir, alors ? elle enchaîne.
Je lui ai proposé, mais il na pas voulu. Il nest pas prêt pour ça.
Ne lui en veux pas
Je ne lui en veux pas.
Ça se passe toujours bien entre vous deux ?
Ça fait plus dun mois que nous ne nous sommes pas vus, mais je crois que oui.
Je suis certaine que ça va bien se passer. Dans votre histoire, il y aura des hauts et des bas, mais vous vous retrouverez toujours.
Je lespère
Ta cousine a quelque chose à tannoncer, mon petit Nico, fait Elodie sans transition.
Ah bon ?
Tu vois cette robe blanche ?
Oui
Elle est un tantinet
comment je dirais
abusive !
Pourquoi ça ?
Parce quil y a Polichinelle dans le tiroir !
Quoi ?
Je suis enceinte, gros couillon ! De plus de deux mois !
Tu es
tu
Oui, jattends un bébé. Tu es lune des premières personnes à qui je le dis. Je ne lai même pas encore dit à Tata.
Elle men aurait parlé
félicitations ma cousine, je suis vraiment content pour toi ! »
Je rentre de la fête au petit matin. Je nai pas eu de nouvelles de Jérém depuis jeudi soir. Jai essayé de lappeler après le passage en mairie, mais je nai pas pu lavoir. Il me manque à en crever.
Je me réveille plusieurs heures plus tard, en tout début daprès-midi. Je grignote un peu et pense à ma promesse faite à Thibault de passer voir son gosse. Aujourdhui, cest jour de match. Je ne veux pas le déranger, je lui envoie un message pour lui proposer de passer le voir dans la soirée, sil est disponible.
Je passe laprès-midi à comater, à penser à Jérém, à avoir envie de ne rien faire, à broyer du noir. La fatigue est un catalyseur de tristesse. Heureusement, un rayon de lumière vient illuminer la fin de journée. En même temps que les infos sportives à la télé annoncent que cet après-midi le Stade Toulousain a remporté la victoire haut la main contre Montferrand, je reçois un message de Thibault qui me propose de passer pour une soirée pizza.
Zelim Bakaev
23 avril 1992 - 8 août 2017
A cause de sa notoriété dans son pays et en Russie, Zelim est devenu le symbole des exactions infligées en Tchétchénie aux personnes LGBT au nom de la « purification de la nation ». Lhorreur aux portes de lEurope.
https://eurovision-quotidien.com/zelimkhan-bakaev-trois-ans-deja/
Nous savons et nous noublierons pas ce quils tont fait, comme à tant dautres gars comme toi, ni pourquoi ils lont fait.
Paix à ton âme.
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