Le Cadeau De Mariage 4

L’emprise.
La robe lui va à ravir comme le jour où elle l’a mise pour la première fois en présence de sa famille. Antoine se souvient de son trouble d’alors. Il venait de découvrir un aspect de sa personnalité imprégnée d’une sexualité toute différente de celle que son éducation lui avait insufflée. Convaincu que seul l’amour du cœur gouvernait la sexualité des humains, ou du moins la sienne.
Pourtant, la simple évocation crue des jambes d’Agnès (rien que ses jambes !) par cet individu, l’avait complètement bouleversé au point de lui faire perdre brutalement toutes ses références. Il s’était laissé envahir, agressé même, par une excitation qu’il n’avait pas pu refreiner. Il savais désormais qu’évoquer devant lui les parties cachées et sensuelles du corps d’Agnès l’exciterait au point de se masturber à s’en faire jouir.
Même quand elle lui avait fait part de la visite de son beau-père dans la cuisine, il avait été envahi d’images lubriques du vieux posant ses mains sur le corps de sa bien aimée.
Antoine a acquis la certitude qu’il ne pourra jamais avouer ce penchant à sa bien aimée. Il aurait trop honte et surtout peur d’une réaction de rejet d’Agnès. La perdre serait la pire des choses à vivre, et vivre sans elle provoque en lui une vive souffrance. Alors il comprend déjà que jamais elle ne devra savoir ce qui s’était passé, et de la conversation avec l’inconnu au téléphone, et de ce qui s’en était suivi, qui restait bien gravé dans sa mémoire.
En cet instant, en admirant Agnès devant le miroir, une érection le prit. Il a du mal à reprendre ses esprits et se concentrer sur la tâche de convaincre la belle d’ôter son soutien gorge.
Agnès avait passé sous la robe un soutien gorge bandeau sans bretelles pour laisser ses épaules nues sur lesquelles ses cheveux tombent comme l’eau vivante des cascades. Il décide de la jouer fine.
- Tu as trouvé le bon soutif. On ne voit rien. Mieux que celui avec des bretelles en matière soi-disant invisible qui, au lieu de se faire discret, explosait de vulgarité hypocrite.

On cache en masquant, pour le respect des bonnes mœurs. Une offense à la beauté de ton buste, de tes épaules et de tes seins.
- C’est vrai, celui-ci affleure l’élastique qui maintient la robe à mon buste.
- Oui, mais tu n’as pas peur qu’en bougeant, ta robe ne descende un tant soit peu et dévoile sa présence ?
- Tu crois ?
- Ben oui ! Et en plus je pense que cela risque de ternir l’élégance et la classe de cette robe qui exprime très bien la vie et la liberté de ton corps. J’ai peur que l’apparition de la moindre entrave n’éteigne cette puissance symbolique et érotique.
- Je ne peux tout de même pas aller voir cet inconnu les seins nus sous ma robe.
- Et pourquoi pas ? Tu l’as bien fait chez moi ?
- Ce n’est pas pareil. Nos parents sont nos parents.
- Mais, cet homme représente un ami de ma famille, non ?
- Oui c’est vrai…
Antoine sent la volonté de sa belle fléchir. Elle se plante devant le miroir de l’armoire et se met à bouger les bras puis le corps, de plus en plus violemment. Et bien évidemment, au bout de quelques mouvements, le bord du sous-vêtement apparaît. Une honte. Une offense à la beauté de la jeune femme et de la robe. Et la disparition de son pourvoir érotique, pense Antoine en lui même.
Comble de la mocheté et de l’insulte, la couleur gris-sale du tissu du soutien gorge jure avec le blanc immaculé de la robe et de la peau laiteuse de la jeune femme. Ce n’est pas possible ! Agnès remet tout en place, ajustant ses seins dans les balconnets et reprend sa série de mouvements. Rebelote ! Le gris réapparaît encore plus évident criant à l’imposture. Résignée, elle passe ses mains derrière son dos et dégrafe l’affreux objet et le jette sur le lit, loin d’elle. Elle se regarde à nouveau dans la glace et cette fois sa décision est prise, pas besoin pour Antoine d’en rajouter. Elle ira sans soutien gorge.
En cette minute, Agnès est sereine. Depuis quelques jours le sentiment de culpabilité qui la tourmentait par rapport à Antoine a disparu.
Un terrible sentiment devant ce qui lui était apparu comme une double trahison. Une à l’égard de la maman d’Antoine bien sûr mais aussi, une autre plus douloureuse, au regard des serments prononcés avec son fiancé. Comment envisager de conserver son innocence quand elle s’est déjà laissée tenter par la déchéance en jouissant de caresses interdites ? La voix de cet inconnu avait bousculé ses certitudes et sa sérénité. Une brèche s’était ouverte en elle qui la mettait devant un terrible dilemme : se laisser aller à l’envie d’être séduisante pour rencontrer cet homme à la voix si troublante ou respecter son amour pour Antoine.
Sereine car elle a bien réussi à effacer de sa mémoire, à la force de sa seule volonté, son comportement et celui du beau-père d’Antoine ce fameux dimanche. Oublié même sa soumission à cette pulsion qui l’avait poussée jusqu’à réclamer ces attouchements. Elle arrivait même par période à ne plus se souvenir de ce qui s’était réellement passé. Elle ne pouvait même pas envisager que cette certitude puisse être illusoire. Et pourtant !
Et pourtant, une angoisse surgit au détour de son image chargée de sensualité dans le miroir. Cette chaleur qui lui envahit le bas ventre. Ses sens qu’elle semblait pouvoir maîtriser, lui enjoignaient à nouveau de se soumettre. Sa vigilance vacille.
Non ! Allons ! Elle a réussi à se ressaisir et fermer sa mémoire à ces débordements inadmissibles et elle s’est convaincue de faire en sorte de ne plus se mettre en situation de succomber. Antoine et elle s’aimaient d’un amour romantique qui ne devait pas se laisser souiller par le péché. Antoine si pur et si innocent, comme elle le connaît, ne se laisserait pas aller à des jeux que leur éducation leur avait défendus.
Non ! En écoutant le petit peu de clairvoyance qui lui restait, elle ne peut pas se résoudre à sortir les seins nus sous une robe qui cache si peu de ses atours. Et Antoine ? S’il lui venait à l’idée qu’elle s’abaissait à « allumer » cet inconnu ? Qu’allait-il penser d’elle ?
- Tu es belle ma chérie.
Et si cet homme veut se conforter dans l’idée que j’ai eu du goût en voulant faire de toi ma femme, eh bien, il va être servi.
Cette phrase la sidère. Antoine l’encourage de sortir les nichons à l’air ! L’objet de son angoisse disparaît. Et au delà de ce soulagement, elle vient de comprendre qu’elle allait pouvoir user en toute impunité de ses charmes pour obtenir ce qu’elle pouvait désirer. Le ver pénètre le fruit et lentement Agnès prend conscience de son pouvoir de séduction.
- Tu es sûr ? Je peux y aller habillée comme ça ?
Pour Antoine, c’est justement à cet instant que, soulagé d’avoir trouvé la complicité de son amour, une réflexion lui traverse l’esprit et lui glace le sang. Mais comment l’inconnu connaît-il l’existence de cette robe et qu’Agnès doive la porter sans soutien gorge ? La voix d’Agnès l’a sorti de ses pensées et bien vite il lui répond.
- Bien sûr, tu es superbe, ma chérie !
Agnès s’assoit à ses côtés sur le lit et croise les jambes, une puis l’autre, pour chausser de jolies sandales compensées de couleur beige avec des talons corde laissant ses pieds découverts. La longueur de la robe dévoile ses jambes jusqu’à mi cuisses. Antoine a du mal à cacher son érection et cela n’échappe pas à sa fiancée. Emue, elle lui adresse un regard plein de tendresse, et de compréhension pour le déculpabiliser.
- Je vois que Monsieur n’est pas insensible aux charmes de sa future !
- Heu… Oui, ma chérie, tu es si belle et désirable dans cette robe. Je suis sûr que le mandataire du curieux ami de maman sera convaincu que tu satisfais à ses critères de beauté !

- Allez, gros nigaud, il est temps d’aller à notre rendez-vous.

Agnès se couvre d’un léger manteau de lin, bleu Majorelle fermé à la taille par une fine ceinture et qui recouvre sa robe alors qu’Antoine se contente de passer son blouson de cuir.

Un peu avant 20h, hôtel de la gare. L’homme qui est assis dans le salon arbore un sourire satisfait.
Il attend le couple de jeunes amoureux. C’est un pervers, expert dans ce qu’il appelle la « mise à disposition ». En fait il excelle dans toutes les méthodes destinées soumettre les femmes, jeunes de préférence, à ses désirs les plus vils. Pour lui mais aussi pour des connaissances.
Il a déjà essayé l’hypnose mais, son pouvoir est limité. Beaucoup trop de ses victimes prenaient conscience trop vite de la situation où il souhaitait les mener. Elles finissaient par se révolter et se « réveiller » sans franchir les limites de l’indécence jouissive. Alors il s’est tourné vers les techniques de l’emprise.

Son objectif est d'utiliser les autres pour parvenir à ses fins et Antoine s’est avéré un excellent élève. Il va lentement mettre en place des dépendances chez les jeunes gens, et les exploiter, dans le but s’étendre son pouvoir sur Agnès.
L’homme, un prédateur, va s’escrimer à séduire en utilisant plusieurs « outils » comme la flatterie. Il va chercher à provoquer des angoisses chez ses victimes en les déstabilisant. Leur faire perdre les repères de leur éducation. Ça c’est pour le jeune homme.
Attentions, générosité, le but est de dire à la victime ce qu'elle a envie d'entendre. La ruse du cadeau de mariage fonctionne à merveille. Il a constaté qu’il bénéficie d'un fort charisme auprès d’Agnès. Elle semble hypnotisée par sa voix. Il n’a pas hésité à la valoriser pour asseoir son pouvoir sur elle. Ça c’est pour la jeune fille.
Il a bien ferré le jeune couple, fragile et particulièrement malléable. Et ce qui ne manque pas d’attiser ses envies, la jeune femme est superbe. D’une beauté divine affublée d’un corps de statue antique. Il la veut. Et son Antoine va la lui livrer. Son complice dans la place l’a bien informé.
Ce soir, lui, le prédateur, va vérifier le lien de dépendance psychologique qu'il pense avoir réussi à mettre en œuvre chez cette jeune fille et son fiancé. Il sait très bien qu’il va falloir maintenant confirmer son emprise s’il veut utiliser et « mettre à disposition » la belle Agnès.
Les deux jeunes gens arrivent à l’hôtel un peu avant 20 H.
A la réception, un homme pas très avenant, de type maghrébin, leur indique qu’on les attend au bar de l’hôtel. Deux hommes sont au comptoir accompagnés d’une jeune femme et discutent joyeusement avec le barman devant trois verres à moitié pleins.
L’atmosphère de la salle est feutrée, chaude. De larges fauteuils profonds sont disséminés autour de tables basses destinées à recevoir des boissons et autres assiettes d’amuse-gueules. Trois hommes âgés, « des hommes d’affaire » pense immédiatement Agnès en les voyant, sont occupés autour d’un PC ouvert devant eux. Immédiatement la jeune fille est intimidée par l’ambiance qui règne dans la salle.
L’homme avec lequel ils ont rendez-vous est assis, ou plutôt avachis sur un fauteuil du bar devant une table basse. C’est un homme d’une soixantaine d’année, parfaitement habillé qui se lève quand ils pénètrent dans la pièce. L’inconnu du téléphone. Le « roi Mage ». Les deux jeunes gens restent interdits quelques secondes.
Ce qu’ils observent d’emblée, c’est son ventre qui tend sa chemise à la faire exploser. Son visage bouffi transpire la gentillesse, accentué par un regard qui se veut complaisant et plein de tendresse. Cela rassure les deux tourtereaux passablement ébranlés.
Le personnage ne colle pas tout à fait avec la voix. Petit et obèse, il fait penser au bonhomme Michelin. Il a des poils partout : dans les narines, les oreilles et même au coin des lèvres qu’il a mal rasées. Le crâne dépourvu de cheveux, lui confère cependant un certain charme. Mais c’est surtout son regard qui trouble Agnès. Un regard perçant qui la déshabille lentement. Antoine qui saisit ce regard est immédiatement excité. L’homme après les avoir salués d’une poignée de main, les invite à venir le rejoindre dans les grands fauteuils. Agnès surprend le regard d’un des hommes derrière le PC, immédiatement elle sent le chaud et le rouge lui monter aux joues. Sans équivoque, cet homme dont la tête dépasse de l’écran, la déshabille à son tour et la dévore des yeux. La jeune femme sent que son sexe se met à couler. Elle panique ! Voilà ses nouveaux démons qui resurgissent.
Au bar de l’hôtel, l’ambiance et la présence des autres personnes trouble également Antoine. Il imagine que l’homme va demander à Agnès d’enlever son manteau, et que cela allait offrir ses seins à la vue de tous. Il est pris d’une brusque érection.
Notre pervers a bien sûr enregistré ces manifestations du trouble qui déstabilise les deux amoureux.

- Vous êtes ravissante Agnès.

L’homme leur sourit et de la main les invite à le rejoindre. Antoine remarque que les deux hommes au bar et les trois personnes âgées derrière leur PC ont cessé de parler pour lever les yeux sur la silhouette d’Agnès qui s’avance, légère dans la pièce. Il ressent immédiatement un petit pincement au cœur qu’il reconnaît aussitôt. On lit clairement le désir et l’admiration dans leurs regards. Même la jeune femme au bar, reste le verre à la main, et admire.
Ils s’avancent dans la pièce, accompagnés des regards des clients présents. L’homme lui indique un fauteuil deux places en face de lui les invitant, à s’y installer. Agnès conserve son manteau et Antoine son blouson. Ils s’assoient serrés l’un à l’autre, au bord du fauteuil, les deux mains sur les genoux, guidés par la timidité que notre pervers explique déjà comme un démission devant son ascendant.

Sa voix est chaude, douce et les jeunes gens sont vite sous le charme. Antoine ne peut s’empêcher de rougir quand le regard de l’homme se pose sur lui. Il a l’impression qu’il lit dans ses pensées et qu’il évoque dans ce regard son moment d’égarement au téléphone. Il a peur qu’il le dénonce à sa chérie.

- Encore plus jolie que je ne me l’étais imaginé. Des millions de jeunes filles sont belles, poursuit-il, Moins sont jolies. Enfin très peu possèdent ce petit rien qui les rend divines. Elles peuvent être ni belles, ni jolies, mais quand elles apparaissent dans quelque endroit, elles éblouissent de leur présence l’assistance. Effaçant les belles et les jolies. C’est une grâce, un don de dieu. Une aura indéfinissable mais bien présente. C’est une chevelure, un regard, une couleur d’yeux, une démarche, une silhouette, un sourire, une voix qui font la différence.
Agnès, vous êtes de cette catégorie. Vous rassemblez une multitude de petits riens qui font de vous une jeune fille exceptionnelle.

Agnès n’est pas insensible à ces compliments. Cette voix, ces mots, elle est immédiatement envoûtée et sent son sang battre dans ses artères. Toutes ses défenses disparaissent. Sa véritable nature surgit alors que la chaleur au bas de son ventre se réveille et l’inonde d’images liées à ce fameux dimanche.
L’homme, serein sait que son emprise sur la jeune femme est achevée. Antoine est également sous son influence. Il n’a pas de temps à perdre. Il se décide à tester son autorité.

La mise à l’épreuve

- Antoine, demandez donc à Agnès de se défaire de son manteau. Qu’elle nous montre cette fameuse robe blanche. Conseillez lui de se porter au milieu de la salle, que chacun ici puisse juger de sa belle prestance. Dites-lui que c’est votre désir, pour votre plaisir Antoine. N’est-ce pas ?

Il parle fort, comme pour lui faire comprendre qu’il s’adresse aussi aux clients du bar.
Le jeune homme est pétrifié. Son blouson ne cache en rien l’érection qui vient de s’accroître.

- Qu’elle se place bien au milieu de la salle, près de l’éclairage, pour ne rien nous cacher des détails de cette jolie robe et de ses charmes.

Agnès est devenue blanche comme sa peau l’autorise. Elle sent des sanglots envahir sa gorge et n’ose pas lever les yeux de crainte de croiser un regard de réprobation. D’une voix mal assurée et murmurée, Antoine finit par murmurer ce que l’inconnu lui a demandé.
Les jambes tremblantes, Agnès s’appuie sur ses genoux pour se lever, intimidée, le regard baissé sur ses chaussures. Un léger tremblement envahit tout son corps maintenant dont elle ne sait pas si c’est la honte ou l’excitation qui en est la cause.

Le silence est lourd quand elle s’avance vers la lumière pour enlever son manteau, et qu’elle apparait dans sa robe blanche.
L’homme est satisfait, sa brebis, fragile, frêle et délicate et sous son emprise.
Antoine est sur le point de jouir sur lui quand les seins de sa belle apparaissent à la lumière à peine voilés par la transparence du tissu de la robe. Chacun des voyeurs, heureux spectateurs chanceux présents, remarque les deux pointes qui ne demandent qu’à jaillir hors du corsage.
Agnès est vaincue, soumise à cet homme et à sa véritable nature que ces derniers jours ont mis en lumière.
L’emprise confirmée, le pervers imagine déjà les avantages à tirer de la mise « à disposition » de sa nouvelle victime.
Mais avant il est bien décidé à les mettre tous les deux à l’épreuve pour assouvir ses propres fantasmes.

(à suivre)

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