Voisin Voisine 1
VOISIN VOISINE 1
Le veuf septuagénaire retraité du pavillon voisin du nôtre fait de fréquents séjours de plusieurs mois au Maroc, au Portugal, au Brésil etc. dont il mentretient souvent par-dessus le grillage de séparation de nos jardins. Dernièrement il a fait aménager létage de sa maison pour y loger une personne qui assurera une présence continue dans les murs lorsquil part en voyage. Jai mis un certain temps à reconnaître sa locataire. Cest dailleurs Odile, ma femme qui ma révélé son identité :
- Devine qui est notre nouvelle voisine.
- Cest à peine si le lai aperçue. Tu joues aux devinettes ?
-Tu aurais dû la reconnaître, cest une de nos amies dautrefois, je pourrais même te dire une de mes anciennes concurrentes, cette fille qui alors te plaisait presque autant que moi. Ne fais pas lignorant, tu nas pas pu loublier. Il nous est souvent arrivé de déambuler ensemble certains soirs. Jai même craint que tu la choisisses à ma place. Allez, si je te dis Nadège, ah ! tu vois, oui cest elle, je lui ai parlé hier. Elle sest tout de suite souvenue de moi et de toi.
- Quel hasard. Lucien ne mavait pas donné le nom de sa locataire. Elle est vraiment installée à côté ?
- Sa présence est-elle due au hasard ? Elle et moi étions amies avant quelle ne tombe amoureuse de toi. Mais tout cela est du passé. Jespère pouvoir établir une relation de voisinage apaisée avec elle.
Cest ce qui peut arriver de mieux. Nagite pas le passé. Nas-tu pas été choisie pour devenir ma femme, ne suis-je pas le mari fidèle dont tu rêvais. Cette Nadège te ferait-elle de lombre autant dannées après notre mariage ? Ce ne serait pas raisonnable.
Oui, je me souviens de ces années lointaines. A lépoque mon premier flirt sappelait Nadège. Odile sétait jointe à notre groupe damis, sétait montrée entreprenante. Nadège était sage, presque prude.
En labsence de Nadège, elle ma embrassé avec audace, a posé mes mains sur son corps, na repoussé aucune caresse mais a poussé mes doigts dans ses replis intimes et a frissonné au contact de ma peau sur son sexe. Entre elle et Nadège, jai choisi la plus disponible, celle qui a tout permis, tout accepté. Lune avait le temps, lautre a brûlé les étapes, sest offerte et donnée. Nous avons, pendant trois ans, trompé la vigilance de nos parents et amis. Odile avait des connaissances surprenantes et savaient quand on pouvait saimer sans risque ou quand il fallait utiliser des préservatifs dérobés à ses parents. Elle ne fuyait pas les rapports, elle en avait envie plus souvent que moi. Comment ne pas lépouser quand elle la souhaité, vraisemblablement pour écarter définitivement la belle et plantureuse Nadège.
Au bout de quelques années de vie conjugale ses ardeurs se sont calmées, cela se produit dans tous les couples. Je travaille comme mécanicien dans un garage. Odile est gérante dun magasin de chaussures dune marque renommée. Il marrive de prendre des r.t.t. alors que ma femme doit assurer des heures déquivalence pour que son magasin reste ouvert au public. Jétais dans mon jardin lorsque Nadège est venue contre le grillage pour me saluer cet après-midi. Nous avons évoqué le bon vieux temps, elle ma appris le décès de son mari, a réveillé des vieux souvenirs, ma avoué quelle avait longtemps nourri le désir de mépouser. Pourquoi ma-t-elle demandé avec un air de doute si jétais heureux avec Odile ? A quoi jai répondu que javais une épouse parfaite. Notre conversation sest arrêtée car elle avait quelque chose sur le feu.
Quelques semaines plus tard, un dimanche matin, je cultive mon jardin ; Nadège apparaît contre le grillage et se met à parler choux, carottes, navets, tomates, haricots.
A la fatigue physique, sajoute chez elle, un certain agacement, une baisse du moral devant les exigences croissantes des clients :
- Une femme qui na pas enfilé ses dix paires descarpins, de talons bas ou de talons vertigineux estime que la mode ne se renouvelle pas assez. Lhomme prend plus de plaisir à observer la gymnastique de la vendeuse en mouvement, à ses pieds, quà comparer mocassins et semelles de cuir, quand il ne guette pas le moment où il volera une vue rapide sur la culotte de la femme qui le sert. Dernièrement déjà elle a fait part de sa lassitude :
- Il faut toujours prendre garde à ne pas exciter des obsédés, sourire quand on aurait envie de gifler. Cest un éternel recommencement. Eh ! bien moi, je commence à en avoir marre de ce métier trop difficile et trop mal payé. Je commence à penser à une reconversion.
Pourquoi pas ? A quoi as-tu pensé ?
- Comment me trouves-tu physiquement ? Je mentends souvent dire que jai gardé un corps de jeune-fille, que je ne parais pas mes trente-six ans, que mon visage pourrait faire la une de revues féminines. Le penses-tu aussi ? Sois sincère mon chéri.
Je peux répondre sans me forcer, en toute sincérité, que ses admirateurs font un constat fort juste, que sa beauté a contribué à me rendre amoureux delle et que je suis toujours très fier quand en promenade elle me donne le bras.
- Jaimerais être plus présente près de toi, avoir le temps de mieux et plus faire lamour. Revivre plus libre, aimer.
Cest vrai, avant elle maidait au jardin, soignait les fleurs. Depuis quelle est débordée, usée, je bêche, je sème seul, seul jarrose
seul. Par bonheur, Nadège me tient compagnie ce dimanche matin. Ma solitude est moins pesante.
Tu devrais tarrêter, le soleil tape trop fort, il va être lheure de lapéro. Ca te dirait de venir le prendre chez moi. En même temps tu découvriras mon appartement entièrement rénové. Jai quelques bonnes bouteilles, tu choisiras.
Merci pour linvitation. Jaurai plaisir à me désaltérer en ta compagnie et je suis curieux de voir les transformations effectuées par ton propriétaire. Jarrive dans quelques minutes.
Le temps de revêtir une tenue adaptée, de constater quOdile dort du sommeil du sage, me voici dans lescalier qui mène à létage de Nadège. Lappartement est coquet, meublé avec goût, comprend un salon séjour, deux chambres et les indispensables : cuisine, sanitaires. La locataire se montre satisfaite de lagencement des lieux.
Nadège a vite mis en place le nécessaire pour un apéritif, sert, occupe un fauteuil, lève son verre, trinque
nous bavardons. Le sujet de la conversation devient Odile. Selon mon hôtesse, mon épouse a des soucis dordre professionnels. Elle a évoqué ses problèmes lors de plusieurs conversations avec notre voisine, a même confié à Nadège son projet de changer dactivité.
Excuse-moi, je suis étonné dapprendre quelle te fait des confidences de cet ordre alors que vous étiez fâchées depuis des années.
Ignores-tu son projet de reconversion ? Elle ten a également informé, je nen doute pas. Si je ten parle cest quelle ma mise au courant de ses intentions. Cela montre que nous, femmes, sommes capables dévoluer et quune longue séparation nest pas ment définitive. Enfin Odile doit avoir une bonne raison de se rapprocher de moi. Jaimerais pouvoir ten entretenir.
Je suis là et tout disposé à técouter. Tu sais créer le suspens.
Bien, tu sais que ta femme, après avoir renoué avec moi, ma fait des confidences. Celles-ci sont allées de choses légères à des éléments progressivement plus importants. Peu à peu de confidente je suis devenue partiellement complice, plus que toi jai découvert ce qui la ronge. Au début je men suis amusée, peu à peu jai ressenti un malaise et aujourdhui le poids de ma responsabilité devient insupportable. A mon tour jai besoin de me confier à toi.
Allons Nadège, ne crois-tu pas te noyer dans un verre deau ? Quest-ce qui pourrait peser si lourd sur ta conscience ? La gravité de ton propos mintrigue. Va aux faits, quel mal étrange rongerait Odile dont je naurais pas écho, moi, son mari ?
- Vois cette photo sur mon smartphone. Connais-tu cet homme ? Fait-il partie de vos relations ?
- Lune ou lautre fois il a fait entretenir sa voiture au garage. Je nai pas particulièrement fait attention à lui. Quel rapport avec le mal-être de ma femme ?
- Attends, viens consulter ma camera de sécurité. Là, un homme monte mon escalier, tu peux vérifier que cet homme vient chez moi. Lis la date : vendredi 17. Hier donc.
Tu le connais donc au moins aussi bien que moi. Aujourdhui ta camera ma filmé gravissant le même escalier, hier cétait lui. Qui est-ce exactement, venait-il à ton invitation boire un apéritif hier vers 19 heures, es-tu en affaires avec lui ? Excuse mon indélicatesse, mais tu me conduis à te demander si cest ton amant ?
- Non, je nai pas damant. La caméra montre larrivée deux minutes plus tard dun nouveau personnage. Qui gravit les marches ?
Ta confidente Odile, ma femme. Est-ce étonnant après ce que tu mas dit ?
- La coïncidence ne te frappe pas ? Je continue. Regarde maintenant cette petite vidéo sur mon smartphone. Tu reconnais le cadre, cest cette pièce et les personnes qui sembrassent.
Oh ! Ma femme et cet homme. Ils sembrassent pour se saluer. Que veux tu me démontrer ? Ne tai-je pas embrassée en arrivant ?
- Ah, jai coupé limage trop vite. Vois la suite. Mas-tu embrassée sur la bouche, aussi longuement, as-tu posé tes mains, lune sur ma taille, lautre sur ma fesse ? Me suis-je pendue à ton cou de sorte que je naurais pas pu remarquer lappareil qui me filmait ? On essaie ? Pardonne cette plaisanterie en ce moment. Enfin, ouvre les yeux, rends-toi à lévidence, ta femme donne rendez-vous à son amant chez moi. Cest ça le fardeau que je ne peux et ne veux plus porter seule.
Tu as piégé Odile, tu exerces une basse vengeance. Cest moche. Quas-tu à gagner avec ce montage ? Tu nas toujours pas digéré que jaie choisi Odile autrefois. ? Je suis étonné par ton acharnement. Tu aurais voulu que je ne sois pas aussi heureux avec Odile que jaurais pu lêtre avec toi ? Tu me déçois, je préfère te quitter tout de suite.
Lexpression de son visage me fait aussitôt regretter mes paroles. Vexée, elle a une réplique sans pitié :
- Bienheureux les aveugles et les sourds, ceux qui ne veulent ni voir ni entendre.
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Cen est trop. Jai pris la mouche et je lui fais remarquer quelle ferait mieux de soccuper de ses oignons avant dajouter :
Et zut, si tu as quelque chose à dire, vide ton sac ou fous moi la paix.
- Pauvre Jean, tu dois être le seul à lignorer. Tu es cocu. Excuse ma franchise brutale. Je peux te fournir dautres preuves si tu ne me crois pas. Je naffabule pas. A bientôt, jespère.
Laccusation est trop grave, je veux savoir. Je ne veux pas ruminer cette information, je ne veux pas me rendre malade à supposer que ma femme me trompe surtout si cest linvention dune femme jalouse.
- Bon, achève-moi. Raconte-moi tout.
- Un jour, Odile réconciliée a osé me parler. Elle avait besoin de moi et ses travaux dapproche, ses amabilités, un cadeau de magnifiques escarpins, des compliments sur mon courage de veuve, quelques gentillesses accompagnées détreintes chaleureuses devaient mavoir conquise. Jétais digne de sa confiance, si je lui promettais de garder secrètes ses prochaines révélations. Dans la mesure où je ne mattendais pas du tout à leur contenu, en amie fière dêtre consultée, jai promis tout ce quelle voulait. En premier elle ma rappelé sa lassitude de gérante pas vraiment reconnue pour son ehgagement. Son second souci tenait à toi. Tu nétais pas un homme assez ambitieux, tu te complaisais dans une situation professionnelle de subalterne au lieu de chercher à sortir du lot.
Ah ! bon. Elle sest plainte à toi de mon manque dambition. Elle mavait bien reproché de ne pas gagner plus, sans citer un manque dambition. Je suis un travailleur satisfait de son sort, mon travail me plaît et mon patron applique les recommandations de la profession en matière de salaire. Ses récriminations ne sont pas justes. Nous ne sommes ni très riches ni à plaindre par les temps qui courent. Que veut-elle de plus ?
- Attends la suite et tu comprendras mieux. Jai fini par lui demander pourquoi elle continuait à travailler à contre cur. Je lui ai conseillé de chercher mieux. Elle ma alors révélé ce qui la retenait. Sa marque de chaussure était en relation avec elle par lintermédiaire dun jeune homme à lavenir prometteur, lui, contrairement à toi, un beau type plein dambition. Ce bel homme lui plaisait, notamment pour son audace professionnelle et pour sa grande franchise dans ses relations privées. Il lui avait déclaré son admiration pour son travail et avoué quil éprouvait pour elle plus que de ladmiration. André lavait invitée au restaurant alors que tu mangeais le sandwich quelle tavait préparé. Le repas arrosé sétait terminé en chambre dhôtel comme tu peux le deviner, elle navait pas pu résister à ce séducteur.
Es-tu certaine quelle na pas inventé une aventure amoureuse pour téblouir et pour se rassurer sur sa capacité à séduire ? Elle aime paraître.
La suite devrait vaincre tes doutes. En quittant lhôtel elle sest trouvée nez à nez avec un client habituel. Il ne te connaît pas et a pu croire que le jeune André était le mari de la commerçante. Elle ne voulait pas courir le risque dêtre démasquée une autre fois par un ou une cliente qui te connaîtrait. Voilà pourquoi elle venait me demander un service que seule une bonne amie pouvait lui rendre. Elle souhaitait revoir André. Plus dhôtel, impossible de le recevoir chez vous, la meilleure solution pouvait être de recevoir son amant chez moi. A cette époque je tai demandé si votre couple allait bien. Tu as été affirmatif. Jai cru que tu voulais fermer les yeux sur les écarts dOdile. Je nai pas insisté pour ne pas tembarrasser.
Tu as cru à tort. Tout ce que tu me dis là est nouveau et désolant. Je suis donc le cocu du quartier. Peux tu men dire plus ?
Depuis Odile et André se rencontrent ici, le vendredi à 17 heures. Quand ils sont arrivés, je quitte lappartement. Mon lit est tiré à 19 heures, je trouve un billet de cinquante euros sous mon oreiller. Hier soir, ils ont transformé pour la quatrième fois ma chambre en chambre dhôtel de passe. Cela devait être une solution transitoire, cela devient une habitude. De plus Odile voudrait profiter de la fermeture des magasins le lundi matin pour recevoir son amant chez moi le lundi en plus du vendredi/ Rendre service une ou deux fois ne peut pas devenir une obligation, quelles que soient la reconnaissance de ta femme et la générosité du jeune homme. Dès le premier rendez-vous, jai demandé, à Odile de prendre ses responsabilités, de te déclarer quelle envisageait de changer de métier et dhomme, car une situation comme la sienne finit toujours par être connue. Elle verse quelques larmes, prétend quelle veut te ménager et laisse aller, remet à plus tard.
Putain ! Je retourne à la maison, je la sors du lit et je la fous à la porte.
Tu vas au-devant dennuis. Réfléchissons ensemble pour imaginer et mettre en uvre la meilleure solution. Tu reviendras me voir, nous ne devons pas éveiller ses soupçons. Elle ne doit pas savoir que je tai alerté. Elle pourrait se méfier et continuer son adultère ailleurs. Or si tu veux la punir, il faut pouvoir la confondre, ici.
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