Grands Moments De Solitude (2)
Pauline sest penchée sur moi.
Tu dors plus ?
Plus vraiment, non.
On va chercher des croissants alors ?
Allez
Au-dehors, le soleil était déjà haut. On sest engagées sur le petit chemin bordé dajoncs, derrière, à droite. Cétait un raccourci, sûrement.
Il y a un sacré beau petit poulet, Julien, hein !
Ça, jallais pas dire le contraire, mais cétait pas un scoop. Il y avait longtemps quon le savait.
Oui, mais on avait pas tout vu. Tandis que maintenant
Elle sest absorbée un instant dans ses pensées et puis
Elles sont à croquer ses petites fesses, nempêche ! Comment je me suis régalé les yeux, moi ! Pas toi ?
Oh, que si !
Tu limaginais comment sa queue ?
Je sais pas. Je
Me dis pas que tu y as pas pensé. Toutes, on essaie de se représenter comment ils les ont faites, les mecs. Toutes ! Et à moins dêtre vraiment coincée du cul. Ce quest loin dêtre ton cas. Alors ?
Quand je me limaginais, cétait plutôt en train de bander. Tandis que là, hier soir
Cétait loin dêtre le cas, cest sûr. Oh, mais ça viendra. Parce quà nous trois, ce serait quand même bien le diable quon narrive pas à lui faire donner sa pleine mesure.
Quand on est rentrées, Chloé et Julien venaient de se lever.
* *
*
On a fait plage, plage et encore plage. Avec, de temps en temps, une incursion dans leau. Plage jusquà midi. Plage laprès-midi. Plage jusquau dîner. Quon a pris dehors, face à la mer.
On venait juste de terminer quand Julien a réclamé.
Elle devait pas nous raconter quelque chose, Océane ?
Si ! Oui. Elle a promis.
Allez, vas-y ! On técoute.
Ils se sont tous confortablement installés et je me suis lancée.
Cétait il y a trois ans. Pour mon anniversaire. Mes vingt ans. Elle sétait vraiment pas fichue de moi, ma tante Aline. Un gros billet, elle mavait donné.
On aurait fait la même chose.
Et là
Là
Non, mais c'était pas vrai ! Évidemment ! Évidemment, comme par hasard, il y avait plus ma taille. À moins que
le trente-huit peut-être
J'avais pas mal perdu ces derniers temps. Alors ça allait le faire. Il allait bien falloir que ça le fasse n'importe comment. J'en avais trop envie. Et, dans la cabine, j'ai tiré, insisté. Je me suis tortillée, cabrée. Jai rentré le ventre. Jai ondulé. Et jai enfin réussi à me faufiler dedans. Sauf que
pas moyen de le fermer. Même avec la meilleure volonté du monde, impossible. De trois bons centimètres il sen fallait. Inutile dinsister. Et, la mort dans lâme, jai entrepris den sortir. Nouveaux tortillements. Nouveaux déhanchements. La culotte a suivi. Jai tenté de la retenir, de la ramener. Mais elle sétait complètement emberlificotée avec. Tant pis. Pas grave. Je la récupèrerais en lenlevant, le jean. Seulement en bas, à hauteur des chevilles, ça a coincé tout ça. Et que je te tire. Et que jessaie de maider dun pied, de lautre, pour en sortir. Et que je ménerve. Putain ! Mais ça va le faire, oui ? Ça va le faire ? Que je ménerve de plus en plus.
Je timagine bien.
Et quà force de me démener, je perds léquilibre. Je me ratt, vaille que vaille, à ce qui me tombe sous la main. Le rideau. Le rideau de la cabine. Je magrippe de toutes mes forces à lui. Avec tant de conviction quil cède. Que jarrache tout. Rideau, tringle et support. Et que je métale de tout mon long au beau milieu du magasin, le cul à lair, sous les regards abasourdis des vendeuses et des clients une bonne dizaine figés dans une immobilité stupéfaite.
Oh, la honte !
Tu las dit, Chloé, tu las dit ! Sans compter que
va te relever, toi, quand tes entravée, comme je létais, aux chevilles, par ce foutu jean et la culotte. Ty arrives dautant moins que tu veux te dépêcher. Et tas tout du scarabée qui pédale dans le vide. Heureusement quune employée compatissante sest rapidement portée à mon secours, quelle ma aidée à me redresser et quelle ma guidée, à petits pas ridiculement lents, à cause, toujours, de ce jean et de cette culotte que je traînais comme des boulets, jusquà une autre cabine. Il y avait quoi ? Deux mètres jusque là. Qui mont paru des kilomètres. Une éternité. Je me suis laissée tomber sur le tabouret. Épuisée. Meurtrie. La vendeuse est allée me chercher mes affaires, sest discrètement éclipsée. De lautre côté du rideau, il y a eu un rire. Masculin. Un autre. « Non, mais tas vu ce petit cul ? » Dautres mots que je nai pas compris. Et puis une voix de femme. « Elle pourrait se le débroussailler un peu quand même ! ». Encore des rires. Moqueurs. Dautres. Le silence. Je me suis désincarcérée du jean. Je me suis rhabillée. Et maintenant ? Ben, maintenant, il allait falloir sortir. Javais beau tergiverser, mefforcer de gagner du temps, je navais pas dautre choix, de toute façon, que de mextirper de là-dedans. Alors jai pris ma respiration, bien à fond, et je me suis bravement lancée. Jai traversé le magasin. Sans regarder personne. Avec une seule idée en tête : atteindre la porte. Latteindre le plus vite possible. La main sur la poignée. Enfin ! « Et revenez quand vous voulez, hein ! Tout le plaisir sera pour nous. » Le patron. Il ma bien semblé que cétait le patron. Mais jétais dehors. Jétais sauvée.
Et tes allée tacheter ton jean ailleurs
Même pas, non. Lenvie men était complètement passée du coup. Des tonnes de musique je me suis pris à la place.
Jai machinalement jeté un coup dil sur lentrejambes de Julien. Il bandait. Il bandait comme un furieux.
* *
*
Quelque chose ma réveillé dans la nuit. Un souffle précipité. Un halètement plutôt.
Pauline a chuchoté à mon oreille.
Cest Julien. Il se branle.
Ça sest accéléré. Il y a eu des chuintements. Il a respiré de plus en plus vite. De plus en plus fort. Et puis ça sest apaisé. Arrêté.
Chloé a ri.
Eh ben, dis donc, Julien ! Faut pas se gêner !
Désolé. Je croyais que
Quon dormait. Ben non, cest raté. Moi, en tout cas, je dormais pas.
Ni nous non plus.
Vous êtes trop mignonnes toutes les trois aussi ! Comment vous voulez résister ? Cest pas possible, ça. Dès que je pense à vous
Cest pas une raison. On ne se comporte pas dune façon aussi éhontée en présence de pures jeunes filles.
Il a eu une petite toux dubitative.
Comment ça ? On nest pas de pures jeunes filles ?
Oh, si !
Sur un ton moqueur.
Fiche-toi bien de nous ! En plus
Bon, ben tu sais pas, pour la peine, demain matin tiras nous chercher les croissants. Et, nous, pendant ce temps-là, on staa sur ton cas. Parce que faut peut-être bien quand même envisager des sanctions.
Pauline sest réjouie, à voix basse.
Je sens quon va bien samuser.
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