Grands Moments De Solitude (6)
Chloé nen revenait toujours pas.
Wouah, les filles ! Ce pied que jai pris, hier soir ! Non, mais ce pied que jai pris ! Il y avait des mois et des mois quun mec mavait pas fait grimper aux rideaux comme ça, moi !
Ça, on a vu.
Et entendu.
Vous pouvez parler, vous ! Vous étiez pas mal non plus dans votre genre.
Pauline a ri. Moi aussi.
Faut reconnaître quon sest pas mal défendues.
On était toutes les trois dans la salle de bains. Et Julien
Il est où, lui, dailleurs ?
Encore parti chercher les croissants, jparie !
Dici à ce quil y ait boulangère sous roche
Manquerait plus que ça ! Oui, ben alors là, il a pas intérêt. Cest chasse gardée, Julien.
À trois, on te rappelle, hein ! À trois.
Je sais, les filles, oui ! Je sais. Paniquez pas. Vous aussi, vous laurez. Chacune son tour. Comme à confesse.
* *
*
Il avait ramené des croissants, oui, mais aussi des huîtres. Et de la lotte.
Que je vais vous préparer. Aux petits oignons. Vous men direz des nouvelles.
Et il sest mis aux fourneaux.
Elle avait un fantasme, Pauline. Parmi beaucoup dautres.
Cest de voir un mec cuisiner à poil.
Vous êtes vraiment infernales, hein, les filles ! Mais bon, sil y a que ça pour vous faire plaisir
Et il sest désapé.
Non, mais ces petites fesses !
On en mangerait
Il y a rien à jeter, faut reconnaître
Ça lui donnait des idées à Chloé.
Oh, là ! On craignait le pire, Pauline et moi.
Mais non, oh, tout de suite ! Non, ce que jétais en train de me dire, cest que, comme cest une vraie perle, Julien, et dans plein de domaines pas la peine que je vous fasse un dessin et comme, en plus, on sentend super bien tous les quatre, ben, on pourrait peut-être envisager de prendre un appart ensemble en septembre.
Oh, voilà une idée, comment elle est bonne !
Oui, je trouvais, moi aussi.
Et toi, Julien ?
Lui ? Il demandait pas mieux, lui. An contraire.
Je suis pour à neuf cents pour cent
Et même davantage.
Bon, ben il y avait plus quà alors !
On sen occupe dès quon est rentrés. Toutes affaires cessantes.
* *
*
Il faisait tellement beau que, quand on a quitté la plage, il était pas loin de neuf heures. On a grignoté quelque chose vite fait, on sest confortablement installés pour profiter au maximum de la soirée et
Chloé a éclaté de rire en me regardant.
Quest-ce quil y a ? Jai une bille de clown ?
Non, mais jétais en train de me dire
Tas pas choisi Domingo pour superviser ton mémoire de master au moins ?
Arrête ! Déjà quil va falloir que je me le croise au détour des couloirs.
Il va pas te manger non plus
Non, mais chercher à me faire rougir, cest couru. Je suis sûre que ça lexcite.
Et il va y arriver.
Plus tappréhendes de le faire et plus tes sûre de pas pouvoir réussir à ten empêcher
Elle connaissait ça aussi, Pauline.
Avec mon voisin, après ma saoulerie, je vous dis pas ! Suffisait que je laperçoive, même de loin, pour devenir écarlate. Et pas que mon voisin, dailleurs, parce quun jour
Julien sest frotté les mains.
Chouette ! On va encore avoir une histoire. Allez, à poil, Pauline ! Cest à poil quon raconte.
Ah, oui, cest vrai !
Et elle a retiré son maillot.
Lui, il sest rapproché de Chloé. Ce qui a suscité nos protestations indignées.
Pas toujours la même !
Et nous, alors ? On compte pour du beurre ?
Okay ! Okay !
Et il est allé sallonger tout près de Pauline, la tête posée en travers de ses genoux. Et tournée vers elle.
Ben, tiens ! Il va pouvoir admirer le panorama en prime comme ça.
Bon, ça y est ? Vous mécoutez ? Je peux y aller ? Donc, ce jour-là, moi non plus, comme Océane, javais pas de culotte.
Décidément ! Non, mais cest une manie, ça, chez vous, les filles !
Quand elle faisait une lessive, cétait un vrai raz de marée, ma mère.
Tu bossais où ?
Je remplaçais la mère dune copine à son magasin des fois. Quelle puisse aller faire le tour de ses fournisseurs. Ou ses courses. Bref, ce quelle avait à faire. Et, en échange, elle me donnait une petite pièce. Ce qui marrangeait bien. La seule ombre au tableau, cest quil y avait un bonhomme, dès quil voyait que cétait moi à la caisse, il rappliquait. Et je lavais planté là comme un piquet pendant des heures. À faire le beau. À pas savoir quoi inventer pour se rendre intéressant. Pour que je ladmire. Comment il pouvait magacer ! Déjà que jai horreur de ces types qui se croient irrésistibles, mais celui-là comment ça me vexait, en plus, quà son âge il puisse simaginer quil avait le moindre début de commencement de chance avec moi. Seulement javais pas le choix. Fallait que je le supporte. Bon gré mal gré. Cétait un client. Et il sortait pas des clous. Jamais. Non, il parlait. Il se contentait de parler. De faire la roue. Histoire de men mettre, à ce quil croyait, plein la vue. Et moi, juchée derrière ma caisse, je bouillais. Je bouillais littéralement et je me balançais, dénervement, sur mon tabouret. Plus il sattardait, plus ça durait et plus je bouillais. Et plus je me balançais. Et ce qui devait finir par arriver est arrivé. Et, comme par hasard ce jour-là, alors que javais pas de culotte. Ce qui est arrivé, cest quà force de me balancer tant et plus comme ça, je suis partie à la renverse. Dans un mouvement incontrôlé pour rétablir un équilibre compromis jai jeté les bras en arrière et jai, dinstinct, ouvert les jambes au large. Vous imaginez sans peine quel spectacle je lui ai offert.
Julien a suggéré.
Un peu comme celui que tu moffres en ce moment.
Et il a approché ses lèvres tout près de son petit réduit damour.
Elle a glissé une main dans ses cheveux. Et poursuivi.
Un spectacle qui a duré. Parce que je nétais pas complètement tombée : les étagères, derrière moi, avaient arrêté ma chute. Du coup, je luttais. Je luttais désespérément, la jupe remontée haut sur les cuisses, pour nous remettre daplomb, le tabouret et moi. En mouvements désordonnés et longtemps infructueux. En mouvements qui continuaient à lui offrir une vue imprenable sur ce qui aurait dû lui rester à tout jamais caché. Venir maider ? Il ny songeait même pas. Il fixait goulûment mon entrejambes, les yeux exorbités. Ça a duré, mais ça a duré ! Une éternité ! Cest seulement quand jai enfin réussi à me redresser, rouge de confusion, quil sest précipité
« Vous vous êtes pas fait mal au moins ? Cest sûr ? Vous vous êtes pas fait mal ? »
Elle sest interrompue, mordu les lèvres.
Julien !
Quest-ce quil y a ? Tu naimes pas ?
Mais si, jaime !
Eh bien alors !
Et il y a remis sa langue.
Chloé a réclamé.
Continue ! Finis ton histoire au moins !
Je métais pas fait mal, non ! Des clients sont entrés. Je me suis occupée deux et
Oh, je peux plus ! Cest trop. Cest trop bon, Julien
Elle sest laissée tomber en arrière. A fermé les yeux, doucement gémi.
Julien ! Oh, Julien
Je me suis penchée sur elle. Je lui ai effleuré les lèvres, les lui ai entrouvertes du bout de la langue. Me suis enroulée à elle. Pour un long baiser. Un autre. Son plaisir sest approché. A surgi. Je lai regardé déferler. En longues vagues éperdues.
Elle ma souri.
Hou
Je sais plus où je suis.
Julien est doucement remonté. À petits baisers précipités. Sur son ventre. Sur ses côtes. Sur un sein. Dont il a englouti la pointe.
Elle a imploré.
Viens ! Oh, sil te plaît, viens !
Il est venu. A entrepris un lent mouvement de va et vient.
Elle ma saisi la main, la serrée à la broyer.
Je lui ai souri, caressé le front.
Elle est bonne sa queue, hein ?
Il a accéléré. Vite. De plus en plus vite. Encore plus vite.
Elle a feulé. Elle a tempêté. Elle a mugi.
Derrière, des grondements de fond de gorge, sourds, saccadés, lui ont répondu. Chloé faisait frénétiquement aller et venir un gode entre ses cuisses.
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