Quel Pied !
"Dialogues Interdits" : une série de mini-nouvelles sans narration, uniquement faite de dialogues. Confessions crues, drôles et surprenantes entre amis...
Quel pied !
Allez, cest daccord ! Aujourdhui je vais te raconter. Ça remonte à mon enfance. Je devais avoir dix ans, et mon grand frère douze. Notre fantasme absolu était de mater les filles sous les douches de la piscine municipale.
Classique
et même banal, je dirais.
Oh, ça va ! Sois un peu indulgente. À cet âge on a les fantasmes que lon peut. Et pas ment loccasion den avoir dautres.
Encore quon peut se servir de son imagination.
Là, ce nétait pas pareil car ce nétait pas que limagination : les douches, on avait vraiment trouvé un moyen dy avoir accès. Enfin, dy avoir une vue.
Beaucoup de nageuses enlevaient tout ?
Presque toutes. Cétait une époque où ça se faisait bien plus que de nos jours, et pour notre plus grand bonheur. Notre plus grande frustration aussi.
Parce que vous ne pouviez pas les baiser ?
Ça, on ny a pas pensé une seconde. Non, on voulait juste les voir, et
en fait, notre planque nous permettait pas den voir beaucoup.
À quoi ça servait alors ?
À rêver ! À prendre des risques, se faire peur, frémir, et ressentir toute cette chair fraîche si près de nous, dont on pouvait presque sentir lodeur
waouh
je ne regrette pas, que de beaux moments.
Vous étiez où exactement ?
Dans une douche individuelle condamnée qui servait de placard à balais. On allait sy planquer vingt minutes avant en passant par un vieux conduit daération inutilisé. Le genre de vieille construction qui peut seffondrer
je te raconte pas toutes les fois où on aurait pu y passer.
Et ça débouchait direct sur les douches ?
Juste à côté. Là on escaladait la cabine et on attendait patiemment.
Porte entrouverte ?
Tes folle ! On aurait été grillés sur le champ.
Souvent ?
Chaque semaine. Le jeudi après-midi on navait pas classe. Lécole des filles, si. Celles de notre tranche dâge venaient toujours pour seize heures.
Au moins pour faire bosser limaginaire, ça le fait bosser.
À fond ! Ça ma donné envie de dessiner, dinventer. Mon frangin non, ça lui a seulement donné envie de piquer les magazines érotiques de papa.
Vous ne voyiez que des bouts de membres ?
Oui. Une toison, un bout de sein, un demi-cul
Les seuls membres quon voyait en entier cétait les pieds. Les portes de cabines sont toujours un peu surélevées. On avait pleine vue sur les pieds, et une partie des mollets. Pleine vue aussi sur les maillots qui étaient laissés à terre, puis renfilés à la fin.
Jai compris ! Cest ça qui ta fait devenir fétichiste des pieds.
Pas la peine de faire dix ans de psychanalyse pour ça. Longtemps je me suis demandé pourquoi, plus tard, je me suis mis à sucer goulûment nombre dorteils avec autant de passion quune nana taille une pipe.
Et puis aussi masser le talon, y passer ta langue, lintroduire entre chaque orteil, mordiller
tout ce que jaime.
Au début tu naimais pas.
Jai juste été surprise. Puis je me suis laissé faire et jai trouvé ça extra. Quelle fille ne le trouverait pas ?
Presque toutes celles que jai connues ont apprécié, effectivement. Pas folles les guêpes, en toute modestie.
Je suis bien contente de tavoir trouvé.
Tu ne maimes que pour mon fétichisme ?
Bien sûr que non idiot. Nempêche, ça fait partie de tes points forts. Tu es un
comment on pourrait décrire ton travers en un seul mot ? Pour introduire un terme parlant des pieds, on commence par « péd » ou « pédi ». Pédicure, pédiluve, pédestre
Je préfère quon dise adorateur de pieds, ou fétichiste des pieds. Si on se met à dire « pédiphile », ça prête trop à confusion.
Et tu es devenu adorateur de petons dès le début ?
Dabord, cétait lensemble qui me fascinait. Les voix qui rient, chantent et fredonnent, les bruits deau, le corps fin qui passe par lentrebâillement et quon à tout juste le temps de deviner. Les gamines adoraient se doucher nues les unes près des autres, il est clair que cétait un instant hyper sensuel pour elles. Certaines sarrangeaient même pour se frotter lune contre lautre, lair de rien, du style je rigole ou je joue à Chat. Elles kiffaient aussi le prof de sport, qui devait les surveiller.
Aujourdhui, cest impensable.
Par chance, ce nétait pas un pervers. Il restait éloigné, et ne venait quen cas de bêtise ou de gros retard sur lheure. Ce qui frustrait beaucoup ses élèves. Ça ma fait venir tant dimages que si javais tout vu en vrai ensuite, si ça se trouve jaurais été déçu.
Est-ce que la gent féminine ta déçu, plus tard ?
Plus tard, ce fut longtemps après. Jétais bien plus grand, et jai découvert la nudité féminine en même temps que le sexe. Logique, comme la plupart des mecs. Les filles avaient bien plus que des chants et des fredonnements à moffrir, alors comment être déçu.
Et ton frère ?
Eh bien, pendant que jétais couché le nez au sol, lui était debout, sur mon dos, sétirant le plus quil pouvait. Javais vu sur les pieds, lui sur les cheveux. Chacun son trip
on na jamais voulu échanger nos places.
Pas étonnant que tu aies des problèmes dorsaux. Et est-ce quil est devenu fétichiste des cheveux ? Du genre à masser le cuir chevelu, passer mille fois ses mains entre les mèches, ou bien tenir la tignasse de la fille pendant lamour ?
Il est devenu coiffeur pour dames.
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