Hébergement D'Urgence (3)
Jai raccompagné la cliente jusquà la porte du magasin.
Et si jamais il y a quelque souci que ce soit, nhésitez pas ! Revenez ! On vous fera les retouches nécessaires.
Coralie a attendu quelle ait traversé la rue, disparu.
Ben, voyons !
Quest-ce quil y a ? Quest-ce qui te fait rire ?
Non, rien.
Mais si, dis !
Pourquoi vous me lavez pas laissée, celle-là ?
Ça sest trouvé comme ça.
Tu parles ! Vous me lavez carrément arrachée des mains, oui ! Ah, elle vous plaisait bien, hein, avouez !
Mais non, mais
Bien sûr que si ! Vous imaginez quoi ? Que ça se voit pas ? Alors là ! Quand vous prenez votre petite voix toute caressante comme ça
Je commence à vous connaître depuis le temps
Et puis il y a pas que ça ! Elle vous faisait bander, jai bien vu. Et pas quun peu !
Hein ? Je
Vous, quoi ?
Elle sen est aperçue, tu crois ?
Quest-ce que vous voulez que jen sache ? Mais sûrement ! Cétait vraiment pas discret. De toute façon, vous, quand ça vous arrive, on peut pas dire que ça fasse semblant. Oh, mais tirez pas cette tête-là ! Quand elle est pas trop mal foutue, une nana, cest à longueur de journée quil y a des types qui lui bandent dessus. Et alors ? Cest plutôt flatteur, non ? Moi, en tout cas, je sais que jaime bien leur faire de leffet aux hommes. À condition quils restent dans les clous. Quils membêtent pas avec ça, parce que sinon
Mon téléphone ! Cest lui ! Cest Baptiste.
Et elle a disparu en réserve.
Quand elle en est revenue, une demi-heure plus tard, elle avait quelque chose à me demander.
Eh bien, vas-y ! Quoi donc ?
Vous allez jamais vouloir
Dis toujours !
Il pourrait pas venir, ce soir, Baptiste ?
Et pourquoi il pourrait pas ?
Parce quon bosse demain et que, sil passe la nuit ici, je risque de pas avoir les yeux en face des trous.
Cest pas pour une fois
Cest vrai ? Je peux alors ? Oh, merci. Merci. Vous êtes un amour. Je vous revaudrai ça.
Et jai fait la connaissance du fameux Baptiste. Qui sest montré, ma foi, un hôte fort agréable, mais de la conversation duquel Coralie ne ma malheureusement pas laissé très longtemps profiter. Elle sest empressée, aussitôt la dernière bouchée avalée, de lentraîner dans sa chambre.
Et ça na pas perdu de temps. À peine y étaient-ils réfugiés depuis cinq minutes quelle poussait ses premiers soupirs, quelle balbutiait ses premières plaintes. Jai fermé les yeux et jai imaginé : la tête de Baptiste entre ses cuisses. Sa langue, ses lèvres. Qui ont couru le long de ses replis secrets. Qui se sont insinuées au cur de ses anfractuosités moirées. Qui se sont voluptueusement repues de ses liqueurs océanes. Qui ont fait gonfler son bouton. Qui lont fait longuement rouler
Oh, Baptiste ! Oh, Baptiste !
Ses mains à elle dans ses cheveux à lui. Sa jouissance éperdument déferlée.
Tant de reconnaissance dans ses yeux.
Il y a eu des mots murmurés tendre. Des baisers claqués. Du silence. Encore des mots.
Et puis ça a recommencé. Encore et encore. Jusquau bout de la nuit.
Au petit matin, on sest croisés, lui et moi, dans le couloir.
J y vais. Je bosse
Même pas le temps dun petit café ?
Vite fait alors !
Il a longuement tourné sa cuiller dans sa tasse.
Sacrée nana, cette nana, hein !
Ah, ça, il pouvait le dire !
Jy croyais pas au début quil y avait rien entre elle et vous. Je me disais que cétait pas possible.
Et pourtant
Je sais, oui ! Elle ma expliqué. Mais comment ça doit pas être facile pour vous ! Une fille super bien roulée comme ça
Avec qui vous passez toutes vos journées. Et vos soirées. Me dites pas que vous avez pas envie.
Je le disais pas, non ! Mais bon ! Elle avait été très claire là-dessus.
Il a haussé les épaules.
Cest pas que je veuille vous jeter dans ses bras, loin de là ! Mais enfin elle peut changer davis, on sait jamais
Jai froncé les sourcils.
Ah, oui ? Quest-ce qui vous fait penser ça ? Elle vous a dit quelque chose ? Parlé de quelque chose ?
Oh, non, rien de spécial, non ! Une impression comme ça
Hou là ! Sept heures déjà ! Faut que jy aille ! Faut vraiment que jy aille
Quand Coralie a surgi au magasin, la matinée était déjà largement entamée.
Je suis désolée. Je me suis rendormie.
Cest pas un drame
Oh, ben quand même ! Vous me payez et moi
Ten as bien profité ?
Son visage sest éclairé.
Oh, oui, alors !
Le fameux cunni ?
Bien sûr, oui ! Ça, bien sûr ! Mais pas seulement
Pas seulement ?
Elle a baissé la voix.
Oui
Parce que les mecs, il se fait tout un foin sur la longueur de leur queue. Cest pas la question, la longueur. On sen fout de la longueur. Non, ce qui compte, cest lépaisseur. Que tu te sentes toute bien remplie. Et là, avec Baptiste, je suis servie. Il y a du calibre. Et comme, en plus, il sait super bien sen servir, je vous raconte pas
Elle a suivi des yeux un couple qui passait, sur le trottoir.
Non, la seule chose que je me demande, vu comment il est monté, cest ce que ça donnera si, un jour, ça le toque de venir me rendre visite derrière. Mais enfin ça, on verra. On nen est pas encore là
Il y avait un autre problème dont elle ma entretenu un soir, alors que, comme souvent, nous nous attardions à table.
Cest quil a une copine, jparie !
Non. Plusieurs. Et il sen cache pas. Bon, mais ça, je me vois mal le lui reprocher : je fais pareil. Enfin, pas pour le moment, jai que lui, mais ça me reprendra, je me connais. Parce quil y a des mecs, quand tu les rencontres, tu peux pas tempêcher davoir envie de les essayer.
Du moment que vous êtes au clair tous les deux là-dessus
On lest. Il y a pas de souci. On lest. Sauf que si je lui apporte pas quelque chose que les autres lui apportent pas, sil trouve exactement la même chose ailleurs, il y aura aucune espèce de raison quil me garde. Et ça, jai pas du tout envie. Cest trop le pied, attends, avec lui. Non, faut absolument que jaie un plus. Absolument.
Oui, mais quoi ?
Cest bien là, toute la question, quoi ?
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