Hébergement D'Urgence (4)
Il sest écoulé une grosse semaine sans quil donne le moindre signe de vie.
Elle sagaçait.
Mais jen sais rien ce quil y a ! Jen sais rien. Il est sur messagerie. Il répond pas à mes textos. Il fait chier. Il fait vraiment chier.
Et puis, le lundi suivant, il la enfin appelée. Ils ont passé près de deux heures ensemble au téléphone.
Et alors ?
Il était comme dhabitude. Exactement comme dhabitude.
Et la raison de ce long silence ?
Je lui ai pas demandé. Il a pas de comptes à me rendre. Si cest pour le remonter contre moi avec mes questions
En plus ! Mais je suis quasiment sûre quil y a une nana derrière tout ça. Quil a craqué dessus. Pendant une semaine il y en a plus eu que pour elle et puis, maintenant quil en a fait le tour, il me revient. À moi de savoir lui donner envie de me garder.
Il na pas fait sa réapparition pour autant.
Mais au moins, maintenant, il me téléphone.
De temps à autre. Tous les trois ou quatre jours. Quelquefois longuement. Dautres fois, très brièvement au contraire.
Ça fait pas tout, mais enfin ça prouve quil pense à moi. Quil tient au moins un peu à moi. Et puis, cest pas juste comme ça, pour causer. Je vois bien quil sintéresse. Il me pose des tas de questions. Sur ce que je fais. Sur ce que je veux faire. Sur mes goûts. Et puis aussi sur vous.
Sur moi !
Oui. Je crois quil saisit pas trop comment on fonctionne tous les deux. Quil a du mal à comprendre. Cest sans arrêt quil me demande si vous tentez votre chance avec moi. « Jamais ? Vraiment jamais ? Cest fou, ça ». Et je vois bien quil me croit quà moitié. Que ça lui paraît complètement invraisemblable. Ce quil voudrait aussi savoir, cest si vous vous branlez en nous écoutant quand je suis avec lui. Sans arrêt il revient là-dessus.
Et tu lui réponds quoi ?
Que jen sais rien du tout. Comment il veut que je sache ? Même si
Même si quoi ?
Même si je le sais.
Je suppose que non.
Ben, évidemment ! En attendant, vous savez ce que je crois quil croit, du coup ? Cest que vous préférez les garçons.
Quest-ce qui te fait penser ça ? Il te la dit ?
Oh, non, non, mais il y a plein dindices. Des petites réflexions. Des allusions. Plein de choses. Ça métonnerait que je me trompe. Et ça me fait trop rire. Parce que quand on voit comment vous les couvez des yeux, les nanas ! Vous les adorez, oui !
* *
*
Ça va ? Je vous dérange pas trop ?
Je ne lavais pas entendue revenir de la réserve, tout occupé que jétais à suivre des yeux une petite brunette vêtue dun legging noir qui lui épousait les formes au plus près.
Quest-ce que vous cherchez à voir ? Si elle a une culotte en dessous ? À mon avis, non. Mais ça demande confirmation.
Elle a jeté son portable sur la caisse.
En attendant, cest pas demain la veille que vous pourrez vous faire du bien en nous écoutant batifoler à côté, Baptiste et moi.
Parce que ?
Parce quil mamuse. Parce que je sais plus ce que je dois penser. Parce que, chaque fois que je parle de se voir, il élude. Cest toujours : « Plus tard. Jai du boulot par-dessus la tête. Dautres soucis. Et talali et talala. » Si jinsiste un peu, cest : « Dès que je pourrai, je me pointe, cest promis
» Sauf quil peut jamais. Jen ai marre, si vous saviez ce que jen ai marre !
Une fille dune vingtaine dannées est entrée. Ravissante. Mini jupe rose sautillant tant et plus sur les cuisses.
Décidément, aujourdhui, vous êtes gâté, vous ! Vous aurez toujours ça pour vous mettre en forme. Pour y repenser le soir. Les clientes. Et puis vous mavez moi quand même, là-haut. Même quil y soit pas, Baptiste. Cest pas rien, avouez ! Non ?
Oh, si !
À ce propos, tiens, dailleurs, je voulais vous dire
Je vois plus du tout les choses comme au début que jétais chez vous, moi, mais alors là, plus du tout !
Cest-à-dire ?
Ben, quand je suis arrivée, ce que je voulais, comme je vous ai dit, cétait juste pas avoir à me cacher. Parce que cétait ce que javais toujours fait. Du moins jusquà ces deux nouveaux voisins, là. Parce quil y a que comme ça que je me sens bien. Toute nue. Et du moment que vous y voyiez pas dinconvénient, que vous me faisiez pas de réflexion, le reste
Maintenant, que ça puisse vous faire de leffet de me voir comme ça, ça me venait même pas à lesprit. Parce que, pour moi, quelquun de votre âge, il y avait belle lurette que ça le concernait plus tout ça, quil avait plus denvies, quil vivait dans ses souvenirs.
À cinquante ans, tu sais
À peine cinquante ans
Oui, ben ça, jai vu ! Je pouvais pas y croire au début. Jy regardais, discrètement, à deux fois
Mais si ! Si ! Vous bandiez ! Et pas quun peu ! Comment ça me faisait bizarre ! Mais cétait pas si désagréable finalement ! Complètement différent davec les gars de mon âge. Parce quavec eux, je peux coucher si je veux. Tandis quavec vous
Ce qui fait que cest pas du tout la même chose ce quon ressent, mais alors là pas du tout ! Cest même presque mieux dans un sens. Je saurais pas vraiment dire pourquoi. Peut-être parce quon couchera jamais justement. Non ? Quest-ce vous en pensez, vous ?
Rien. Jen pensais rien. Est-ce quil était vraiment nécessaire de vouloir toujours tout expliquer ?
Oui, vous avez raison. On sen fout. Lessentiel, cest que maintenant les choses soient claires.
Elle ma décroché un grand sourire complice.
Vous, pour bander. Et moi, pour vous faire bander.
Cest le moment que la fille en mini-jupe a choisi pour sengouffrer dans la cabine juste en face de la caisse dont elle na pas négligence, inadvertance ou volonté délibérée tiré le rideau jusquau bout de la tringle. Il sen fallait dune bonne vingtaine de centimètres. La mini-jupe est tombée. En-dessous cétait un string à fleurs mauves et roses offrant une vue imprenable sur deux adorables petites fesses délicieusement galbées.
Même si je suis pas la seule à y arriver.
Elle a jeté un regard appuyé sur ma braguette.
La preuve ! Faut dire aussi quavec vous, cest vraiment pas difficile
* *
*
Vous dormez pas ?
Si ! Enfin non ! Quest-ce quil se passe ?
Elle sest avancée jusquà mon lit. Elle était nue.
Jai eu Baptiste au téléphone. Il viendra demain soir.
Enfin ! Jen suis ravi pour toi.
Oui, mais vous savez pas ce quil veut ? Quon senvoie en lair en bas, au magasin.
Ah !
Soi-disant quil a envie de le faire là où je bosse. Dans ce climat de cabines dessayage, de robes et de sous-vêtements. Il trouve ça très sensuel. Mais moi, je croirais plutôt que ce qui lexcite, cest lidée que, si jamais vous entendez du bruit, vous allez ment descendre voir si on est pas en train de vous cambrioler et que, du coup, vous allez nous surprendre en pleine action.
Maintenant que tu mas mis au courant
Ben, il fallait, attendez ! Je tiens pas à me ramasser un coup de fusil, moi !
Tes sûre que cest la seule raison ?
Évidemment ! Vous me connaissez
Justement ! Je te connais
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