Improbable Trahison + Autres Épisodes

"Dialogues Interdits" : une série de mini-nouvelles sans narration, uniquement faite de dialogues. Confessions crues, drôles et surprenantes entre amis...



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### Ne pas se trahir ###
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— Pourquoi tu te savonnes au lavabo depuis dix minutes ?
— Parce que ma maman a le nez fin. Très fin. Elle travaille pour les marques de parfum en tant que « nez », c’est dire. Tout à l’heure, elle va venir et m’embrasser. Si son petit amour a la bouille qui sent le sperme, ça risque de lui casser une certaine image qu’elle se fait de moi.
— Ça, c’est sûr… Comme signe que tu grandis, ce serait un peu trop radical.



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### Improbable trahison ###
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— Je n’aurais jamais dû participer à ce projet de body-painting.
— Quoi, la peinture t’a donné des irritations ?
— C’est bien pire encore : plusieurs personnes m’ont reconnue.
— Je croyais que tu avais demandé à conserver l’anonymat.
— Pour des photos de nu et par rapport au métier que je fais, c’est obligatoire !
— Il n’a pas respecté ton souhait ?
— Bien sûr que si. Il a changé le prénom, et je n’ai le visage apparent sur aucun cliché.
— Eh ben alors ?
— Alors il y a un truc auquel je n’avais pas pensé : il ne m’a peint qu’une partie du corps, et m’a pris dans toutes les positions. Enfin, je veux dire m’a photographié dans toutes les postures.
— Quelles parties étaient peintes ?
— Un motif me couvrant les épaules, la nuque et une partie du dos.
— C’est pas vrai ! Il y a des mecs qui ont reconnu ton cul ?
— …Je dirais même plus : vu toutes mes soirées masquées qui se sont finies en partouzes, il y a bien plus de mecs qui ont vu mon cul que mon visage. Le photographe a reçu des messages de mes conquêtes.
— Remarque, la boucle est bouclée.

C’était des soirées anonymes. Les mecs qui t’ont fourrée ne te connaissaient pas. Malgré le buzz des photos sur les réseaux sociaux, ils ne savent pas plus qu’avant qui tu es. Ils ont juste un prénom, et un faux. Et toujours pas de visage !
— Le problème, c’est que même papa m’a reconnue.
— Hein !?
— Eh, rassure-toi ! C’est à cause de mon grain de beauté en bas de la fesse droite, et un autre un peu plus haut. Pauvre de moi… signe distinctif inloupable. Il ne l’a vu que quand j’étais toute petite, quand j’étais en âge d’être baignée par les parents. La honte…
— Tout de même, se faire trahir par son propre cul, quelle tristesse…



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### Sacré Molière ###
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— « O, O. Il n'y a rien de plus juste. A, E, I, O, I, O. Cela est admirable! I, O, I, O »
— Tu révises ta scène ma chérie ? J’ai cru reconnaître « Le Bourgeois Gentilhomme ».
— Oui papa, je joue monsieur Jourdain. C’est à apprendre pour demain. Toi aussi tu l’as appris, quand tu étais petit ?
— Plus ou moins comme tous les s. Et tu connais bien les répliques ?
— Par cœur. Ce qu’il faut que je travaille, c’est le ton. La maîtresse dit que je suis trop scolaire.
— Une maîtresse qui dit ça, c’est fort de café ! C’est vrai que tu as tendance à réciter sans beaucoup d’intonation.
— Justement c’est mon défaut. Elle m’a dit qu’il fallait bien exagérer les mimiques, être un peu caricatural. « OOOH, il n’y a rien de plus juste. AAAAH, IIIIH, OOOOH, cela est admirable ! ». Tu vois ? Un peu comme ça.
— Je vois. Mais je pensais que tu devais finir ça pour hier… quand je pars pour la journée tu n’es jamais capable d’y penser toute seule ?
— C’est pas ça ! J’ai pas pu, maman m’a trop dérangée.
— Comment ça ?
— Elle a invité un collègue dans sa chambre, pour des dossiers qu’elle a dit. En fait je crois qu’ils ont répété la même pièce, maman dans le rôle de monsieur Jourdain. Question intonation elle est au top, maman. Je lui ai demandé conseil, elle m’a dit de me taire et que c’était un secret. Je crois qu’elle prépare la scène pour te la jouer en te faisant la surprise !