Mais Oui, C'Est Elle 5
Greg est obligé de calmer l'empressement d'Elvire, il l'écarte en posant sa main gauche sur le sein gauche de sa conquête déjà soumise. A la fois il palpe et il la tient à distance :
- Attends, ne brûle pas les étapes. Tu as répondu de façon satisfaisante à ma première question. Je crois sincère ta déclaration. J'ai annoncé que deux choses m'intriguaient. Permets-moi de poser la deuxième question. Tu es mariée avec Jean, c'est établi. As-tu fait avec lui un mariage d'amour ou un mariage de raison ? L'as-tu épousé parce que tu étais amoureuse de lui ou parce que c'était le seul ou le moins mauvais parti possible ?
- Je l'aimais follement et je l'aime toujours autant, comment peux-tu en douter ? C'est un excellent mari. Nous sommes très amoureux l'un de l'autre et nous continuons à faire l'amour avec de plus en plus de force.
N'étais sa présence chez Greg, je devrais me réjouir d'entendre ces mots. Mais Elvire est là, assise sur le canapé profond, à la droite d'un gaillard sûr de sa victoire et qui savoure ces instants de bonheur. La certitude de l'emporter est telle qu'il retarde à plaisir le passage à l'acte. Il tisse autour de cette "volontaire" sa toile d'araignée. Il l'enferme peu à peu, imperceptiblement, dans ses contradictions
- Tes propos contredisent ta conduite. Tu te jettes dans mes bras; pour moi cela signifie que tu trahis ton époux et donc que tu ne l'aimes plus, ou beaucoup moins que lors de votre mariage. Je ne suis pas malheureux de te recevoir, au contraire ! Béni soit le ciel qui t'envoie à moi. Bénie sois-tu d'avoir su prendre la décision de venir librement Je veux simplement qu'entre toi et moi les choses soient bien claires. Tu dois agir en pleine connaissance de cause. Ou tu aimes ton mari ou tu m'aimes, moi.
- Que j'aime mon mari n'exclut pas que je puisse répondre à ton invitation. Car c'est bien toi qui m'as fixé ce rendez-vous, ici, aujourd'hui. Ma conduite ne veut pas dire que tu remplaces mon mari dans mon coeur ou dans mon corps.
- Que c'est surprenant ! A combien d'hommes as-tu dit la même chose lorsque tu les admettais dans ton corps.
- Une nouvelle fois tu me traites comme si j'étais une putain, sans foi ni loi. Sache ceci: Jean a été mon premier amour. Jamais aucun autre homme ne m'a prise. Certains m'ont fait la cour. Le dernier en date, rejeté, m'a joué le sale tour de la scène du baiser, qui m'a nui et à cause de laquelle je fais des ménages, là où tu sais, avec les risques que tu m'as annoncés à l'instant de devoir sombrer dans la prostitution
- Ta présence, ici, en plus d'être surprenante, n'en est que plus flatteuse. Je suis donc l'exception à ta règle vécue de fidélité, le premier homme à pouvoir espérer de succéder à Jean et à te posséder après lui. Qu'est-ce qui fait que tu me choisisses ? Je me pose des questions pour mieux cerner ta personnalité. Ce n'est ni mépris ni insulte. Tu es bien placée pour savoir que je fréquente cette maison où je rencontre des femmes. Depuis un peu plus de deux ans je suis veuf. J'ai un fort tempérament, j'ai besoin de sexe mais aussi de tendresse. Je trouve là-bas principalement le sexe, parfois du sentiment, trop rarement sincère. Quand je t'ai vue, j'ai su ce qu'est le coup de foudre. Immédiatement je suis tombé sous ton charme.
- Dans mon accoutrement de femme de ménage?
- Quel que soit l'emballage, je reconnais au premier coup d'oeil la valeur du contenu. En toi j'ai tout de suite reconnu la femme que j'attendais. Aujourd'hui tu as soigné la présentation, tu n'en es que plus désirable.Comme j'aimerais évincer Jean, prendre sa place et te donner tout le bonheur que tu mérites.
- Tu as tort de croire que tu chasses mon Jean. Tu ne le remplaces pas. Ton entrée dans ma vie n'en sort pas Jean. Il n'y a pas soustraction mais addition. Tu viens en quelque sorte compléter mon mari. Je m'explique. J'arrive à trente ans. Vais-je vieillir sagement, avec des oeillères, alors qu'autour de moi tout bouge.
- Ce fruit est tout disposé à se laisser dévorer. Car c'est moi ce fruit bienheureux ?
- Est-ce que je dois arriver à la fin de ma vie après avoir raté des expériences ? En vérité, tu es arrivé au moment où je me posais de telles questions, où je me mettais à craindre de manquer de belles situations, où je m'interrogeais sur la nécessité et le bien fondé de la monogamie. Pourquoi ne pourrait-on aimer qu'un être? Et tu m'as doublement tenté au point que j'ai douté et que je viens chercher près de toi la réponse d'un sage.
- Voilà ! Tu as douté de ton amour pour Jean. La vue de billets de banque et celle de mon sexe ont ren le doute ! De mon côté, j'ai ressenti un sentiment global et la certitude que tu es la nouvelle femme de ma vie. Alors j'ai jeté tous mes pions dans la bataille. J'ai même été un peu fou, je l'ai regretté depuis. C'est trivial de tendre de l"argent, y compris à une femme de ménage. C'est grossier de sortir devant elle sa queue et de lui demander de la prendre en main. Pardon d'avoir osé, pardon de t'avoir donné l'impression que je te considérais comme une fille légère ou une grue. Tu es pour moi l'exception, tu es la première femme invitée, non au lupanar comme les autres, mais dans ma maison. C'est un honneur unique; n'est-ce pas un signe de considération ?
Greg avance hardiment. Il s'excuse de la brutalité de sa conduite passée alors que la méthode produit ses fruits visiblement ! Il veut persuader Elvire de l'importance exceptionnelle qu'elle revêt à ses yeux. Je me souviens, il a essayé de m'acheter ma femme. Maintenant il fonce pour l'obtenir d'elle-même. Sa maison, sa générosité, et maintenant une l'affirmation qu'elle est la femme de sa vie. Il veut Elvire, il met tout son poids sur le plateau de la balance, elle jouit du privilège d'être la seule femme reçue chez lui.
- Moi, la première ? J'en suis touchée.
Mais Greg ne croit pas à l'idée de sa complémentarité avec moi. Il essaie de ramener Elvire à la monogamie, mais à une monogamie en sa faveur. Elle est unique, ne devrait-il pas être également unique pour elle. Ma présence à la cuisine ne lui permet pas de me dénigrer, il s'offre dans son milieu de gros bourgeois, il accorde des privilèges qui produiront des effets . Ses arguments portent, Elvire semble touchée, reprend :
- Quoi ? Cela fait deux ans et plus et aucune autre femme n'a été reçue avant moi. Vraiment ? Je serais ton coup de foudre. C'est émouvant. C'est pour cela que tu as été aussi hardi ? Mon Dieu, que dire ? Tu es amoureux de moi ? Ce n'est pas vrai, ce n'est pas possible. Moi, Eivire, je suis aimée de deux hommes. Tu m'embrouilles. Dans ma tête tout était plus simple.
- Attend une seconde, tu vois les choses autrement tout à coup ? Parle, je sens un virage énorme.
- Je suis venue pour faire une exception. J'avais besoin de changement dans ma vie, pour une fois j'ai voulu sortir des sentiers battus Bref, je me suis dit que "tirer un coup", une fois, avec un autre homme, me permettrait d'établir une comparaison entre deux hommes, de ne pas mourir idiote mais de comprendre que l'union des corps est toujours semblable quel que soit le partenaire. Finalement je suis aussi triviale que toi. Faire quelque chose de différent au moins une fois devait m'éviter d'avoir des regrets.
- Cela peut se faire pour débuter, mais nous pourrons faire plus et mieux. Laisse-toi porter par une saine curiosité. Tu feras mieux que de tirer un coup, je te le promets.
- Oui, tirer un coup, ramasser l'argent promis au passage. Voir une verge plus épaisse, savoir si elle procure des sensations différentes : en somme, je suis venue surtout pour satisfaire ma curiosité, tu l'as compris.
- Eh ! bien ! Agissons. Faisons l'amour. C'est en forgeant qu'on devient forgeron, pourquoi ne serait-ce pas en faisant l'amour qu'on deviendrait amoureux pour toujours? Je t'aime, tu pourras satisfaire ta curiosité et en même temps ouvrir ton coeur comme tu auras ouvert ton corps et découvrir que tu peux m'aimer. A condition toutefois que mes cinquante ans ne soient pas un obstacle insurmontable.
L'animal sent que le bavardage risque de desservir sa cause. Il ne veut pas perdre cette occasion, il souhaite désormais le passage à l'acte. Il veut montrer, qu'à son âge, un homme en bonne santé peut très bien faire jouir une femme et lui communiquer l'envie de renouveler l'aventure. Il saura provoquer des orgasmes, Elvire pourra prendre goût aux rapports sexuels avec un homme expérimenté et capable de la faire frémir des pieds à la tête. Elvire ne peut pas partir sans avoir acquis les réponses à ses propres questions. Elle a vaincu sa pudeur et sa timidité naturelle, elle a torturé sa conscience pour trouver des justifications à sa conduite : ce n'est pas le moment d'abandonner l'affaire engagée et de paraître nouille, ridicule et stupide devant ce prétendant troublant. Elle joue la comédie :
- Cinquante ans ! Tu te moques de moi. Tu ne les parais pas, crois-moi. D'ailleurs, ce que j'ai vu de toi en dehors de ton visage ou de tes mains, cette chose encore dissimulée dans ton pantalon prouve, s'il en est besoin, que tu es en pleine force de l'âge. Peu importe donc l'âge, je suis décidée à éprouver la force de tes sentiments et ta vigueur d'homme amoureux pour compléter mes connaissances. Comme toi je suis d'avis à mettre l'ouvrage sur le métier. Un baiser sera le meilleur commencement
Les voici sur la même longueur d'ondes. Il a convoité ma femme. Ma femme veut savoir ce qu'est l'acte de chair avec un autre que moi. Ils sont toujours assis sur le canapé, ils pivotent de manière à se faire face. Greg me fait un clin d'oeil, Le profil de ma femme est tendu vers lui, dans l'attente du premier échange physique.
Je pourrais me montrer, mettre ma femme dans l'obligation de faire un choix entre le mari et le soupirant avant la chute. Elle se reprendrait peut-être, ouvrirait les yeux sur les conséquences de ce qu'elle entreprend, renoncerait à commettre l'adultère. Greg serait humilié devant moi par l'affirmation de l'amour de l'épouse pour le mari. Ses questions resteraient sans la réponse qu'elle est venue chercher chez cet homme, elles continueraient à hanter son esprit, à ronger son coeur. Ma victoire ne serait qu'apparente puisque le ver est dans le fruit. Une autre fois, avec cet homme ou avec un autre, Elvire voudrait SAVOIR, chercherait à goûter au fruit défendu. Elle y mettrait plus de soin, plus de ruse pour ne plus être interrompue.
Intervenir maintenant ? En dehors de rendre visite au tentateur que lui reprocher ? Ils vont s'embrasser, est-ce aussi grave ? Est-ce suffisant pour rompre ? Peut-être l'expérience s'arrêtera-t-elle là. Je souhaite une situation claire, limpide, oui. Et si , devant son amant, ma femme me crie que c'est lui qu'elle préfère, j'aurai l'air d'un con. Je suis parfois impulsif, mieux vaut remettre à plus tard le règlement de compte.
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