Histoire Des Libertines (23) : La Légende Noire De La Reine Margot.
Marguerite de France (1553-1615), dite la reine Margot, était la fille dHenri II et de Catherine de Médicis.
Ses noces avec Henri de Navarre, le futur Henri IV, qui était, avec lamiral de Coligny le chef du parti protestant, furent marquées par le massacre de la Saint-Barthélemy.
Le personnage de la reine Margot a été popularisé par le roman dAlexandre Dumas et, plus récemment, le film de Patrice Chéreau (1994) avec Isabelle Adjani dans le rôle-titre.
«Dune grande beauté». Cest ainsi que ses contemporains qualifiaient la reine Margot. Consciente de ses atouts physiques, Marguerite de Valois en prenait le plus grand soin. Elle prenait deux bains par jour, y incorporant, comme Cléopâtre avant elle, du lait dânesse pour conserver une peau blanche.
Blanc était également son visage. A la Renaissance, époque où elle vécut, on se devait dans la noblesse darborer un teint diaphane. Marguerite usait, comme cela se faisait en cette seconde moitié du XVIe siècle, de préparations à base de plomb (la céruse) ou de mercure, deux substances particulièrement dangereuses pour la peau et lorganisme. La fille de Catherine de Médicis utilisait des baumes et des onguents et se parfumait : on savait par les écrivains de lépoque, notamment Brantôme et même Ronsard, que ce parfum avait un sillage principalement de jasmin ». Sy ajoutait de lambre et du musc.
Le musc donnait «une note un peu animale, très sensuelle au parfum», souligne dans « Secrets dhistoire » Nicolas de Barry, ajoutant quà lépoque «il faut oser un parfum aussi spectaculaire, cest un parfum sensuel qui simpose au voisinage». Mais comme il le fait remarquer à juste titre : «Margot ce nest pas nimporte qui, et son parfum est à cette image-là».
UNE JEUNESSE SULFUREUSE
Elle a eu peu l'occasion de connaître son père, mortellement blessé lors d'un tournoi en 1559. Avec sa mère, elle entretient des rapports distants, éprouvant pour elle un mélange dadmiration et de crainte.
Elle entretient d'abord d'excellents rapports avec ses frères, à tel point que des rumeurs persistantes feront par la suite état de relations ueuses avec Henri et François dAlençon, voire Charles IX. Le futur Henri III a-t-il pris la virginité de sa sur un soir de bal, dans une alcôve du Louvre, comme il sest dit ? Certains auteurs imaginèrent même qu'elle fut violée par ses frères.
Margot était fine, élégante, lettrée, intelligente. La princesse a reçu une éducation soignée et possède toutes les qualités pour briller à la cour, à commencer par son éclatante beauté (« Sil y en eust jamais une au monde parfaicte en beauté, cest la royne de Navarre », écrira Brantôme).
LE DUC DE GUISE, SON PREMIER AMOUR
Une idylle nait entre la princesse et Henri de Lorraine, duc de Guise, l'ambitieux chef de file des catholiques intransigeants. Le duc de Guise est le premier dune longue série d'amants prêtés à Marguerite.
Les Guise étant partisans dune monarchie placée sous la tutelle des Grands et préconisant des mesures radicales contre les protestants, soit lopposé de ce que souhaitent les Valois.
Une union avec Guise est donc absolument inenvisageable. La réaction de la famille royale est donc très violente, dautant que des négociations matrimoniales avec Henri de Navarre sont en cours. Cet épisode est peut-être à l'origine de la « haine fraternelle durable » qui sétablit entre Marguerite et son frère Henri, ainsi que du refroidissement, non moins durable, des relations avec sa mère.
UN MARIAGE POLITIQUE
À la fin des années 1560, resurgit lidée dune union avec le jeune chef du parti protestant, Henri de Navarre. Héritier présomptif de la couronne de France après les fils de France mais la perspective d'une accession au trône de France est alors très lointaine , Henri est aussi lhéritier de vastes possessions dans le Sud-Ouest.
Quant à Marguerite, c'est non sans réticences qu'elle consent à épouser le souverain hérétique ; Les noces ont lieu le 18 août 1572. Elle aurait manifesté de la résistance pour ne pas épouser Henri de Navarre. Le jour du mariage, le roi Charles IX lui aurait même poussé la tête pour qu'elle donne son consentement.
Lentente entre réformés et catholiques dure peu : cest dabord la tentative dattentat contre lAmiral de Coligny, puis le massacre de milliers de protestants lors de la Saint-Barthélemy.
Les protestants sont massacrés jusqu'à l'intérieur du Louvre, un gentilhomme gravement blessé trouve même refuge dans la chambre de Marguerite. Cet adultère est au cur du film de Patrice Chéreau.
La proximité du massacre a valu au mariage le surnom de « noces vermeilles ». Il nest alors plus question de conciliation et la dissolution du mariage pourrait être prononcée, mais Marguerite choisit de faire preuve de loyauté envers son mari.
Lépoux de Marguerite, Henri de Navarre, nest pas vraiment le mari dont on rêve : le couple fit très vite chambre à part car la pauvre Margot ne supportait pas lodeur dail et de bouc du futur Henri IV.
LA LIBERTINE COMPLOTEUSE
La reine de Navarre tombe alors follement amoureuse de Boniface de La Môle, un beau seigneur, aux nombreuses conquêtes. Ce dernier fut impliqué dans un complot contre le frère de Marguerite, Charles IX. La reine de Navarre lapprit et mis en garde son frère adoré. Résultat : Boniface de La Môle fut décapité, causant un profond chagrin à la reine Margot. Il paraît quelle racheta la tête de son amant et lenterra dans le jardin de labbaye de Montmartre.
À l'avènement d'Henri III, Navarre et Alençon sont laissés en liberté sous surveillance à la cour, mais le nouveau roi ne pardonne pas à sa sur de l'avoir trahi.
UN COUPLE LIBERTIN ET COMPLICE
Les rapports du couple de Navarre se détériorent, Marguerite n'arrive toujours pas à être enceinte. S'il n'a jamais été question d'amour entre les époux, Henri continue à remplir assidument son devoir conjugal.
Celui quon appellera le Vert Galant a de nombreuses maîtresses et trompe ouvertement Marguerite avec la belle Charlotte de Sauve. Dame de compagnie de Catherine de Médicis, celle-ci provoque également une brouille entre Alençon et Navarre, tous deux ses amants, que Marguerite semployait à allier.
Le couple multiplie les infidélités. Henri ne se rapproche de sa femme que lorsque cela sert ses intérêts, mais nhésite pas à la délaisser dans le cas contraire. De son côté, Marguerite profite de l'absence de jalousie de son époux pour prendre un amant, en la personne du fameux Bussy d'Amboise. Durant quatre années, Margot sera la maîtresse de Bussy.
Henri et Margot se disent tous. Sils font lit à part, il ny a pas entre eux de jalousie. Henri dira, à propos de Bussy dAmboise : « DAmboise ? Je lai même surpris maintes fois en train de baiser ma femme sur la porte de sa chambre. » (Alain DagNaud « Les dessous croustillants de lhistoire de France » Larousse, 2017). Candauliste, le futur Henri IV ? Sans doute pas, mais tolérant en tout cas !
Navarre, puis Guise, réussissent à senfuir. Marguerite sera retenue plus longtemps au Louvre.
En 1577, elle est autorisée à se rendre aux Pays-Bas, pour plaider la cause de son frère Alençon, qui cherche une couronne. Elle aura, à cette occasion, une brève liaison avec Don Juan dAutriche, gouverneur des Pays-Bas Espagnols et vainqueur de Lépante.
Puis elle se réfugie à Cambrai, dont le gouverneur, le comte dInchy, est « un homme tout en grâce et en toutes belles parties requises » pour séduire Margot.
Pendant deux mois, son frère, François dAlençon la rejoint au château de la Fère, en Picardie.
Marguerite revient à la cour, où latmosphère est toujours aussi tendue. Les combats se multiplient entre mignons d'Henri III et partisans d'Alençon, au premier rang desquels Bussy d'Amboise, lamant de Marguerite. La situation est telle quen 1578 Alençon demande à sabsenter. Mais Henri III y voit la preuve de sa participation à un complot : il le fait arrêter en pleine nuit et le consigne dans sa chambre, où Marguerite le rejoint. Quant à Bussy, il est conduit à la Bastille. Quelques jours plus tard, François senfuit de nouveau, grâce à une corde jetée par la fenêtre de sa sur.
LA DAME DE NERAC
Marguerite obtient enfin lautorisation de rejoindre son mari, le roi de Navarre.
Lhypersexuelle Margot prend avec elle un amant de voyage, un beau joueur de luth, Guillaume Raspault. Le cortège fait une pause en forêt de Chinon, la reine de Navarre séloignant dans un fourré avec le beau jeune homme, prise dune envie soudaine : forniquer ! Les amants trouvent un accueillant tapis de mousse et commencent à baiser, sans sinterrompre quand un magnifique cerf vient les déranger !
La cour de Nérac devient surtout célèbre pour les aventures amoureuses qui sy seraient multipliés, au point davoir inspiré Shakespeare pour sa pièce Peines d'amour perdues. « Laise y amena les vices, comme la chaleur les serpents », dénonce Agrippa dAubigné.
Le roi et la reine de Navarre multiplient, chacun de leur côté, les frasques. Les dames de compagnie de Margot sont bien entendu les proies du Vert Galant, parmi elles Françoise de Montmorency, dite la « Belle Fosseuse ». Bien que celle-ci cherche à écarter Marguerite, la reine assistera la maitresse de son mari, lors de son accouchement.
Marguerite entretient de son côté une liaison avec lun des plus illustres compagnons de son mari, le vicomte de Turenne. Marguerite séprend ensuite du grand écuyer de son frère, Jacques de Harlay, seigneur de Champvallon.
Elle aurait été, par ses intrigues amoureuses, la cause de la septième guerre de Religion (1579-1580). On a prétendu que cette guerre avait été déclenchée par Marguerite par rancur envers son frère aîné.
En 1582, Marguerite revient à Paris. Sans doute veut-elle échapper à une atmosphère devenue hostile, peut-être aussi se rapprocher de son amant Champvallon, ou soutenir son frère cadet Alençon.
La reine Margot cause scandales sur sandales en saffichant avec des amants au grand mécontentement de son frère, le roi Henri III.
Le 7 aout 1583, un bal est donné au Louvres. Henri de Navarre est bien loin de son épouse, laquelle a compensé son absence par ses nombreux amants.
Cest ce soir-là quHenri III reproche publiquement à sa sur son comportement et linsulte de tous les noms possibles et inimaginables. Il qualifie Margot de « putain à chiens, bagasse sans pudeur, fille à muletiers ». Elle est également accusée par le roi dintriguer avec son plus jeune frère François-Hercule, duc dAnjou contre la couronne et den être la maîtresse ! Le roi, qui ne se maitrise plus, finit par vociférer que Marguerite a donné un à Champvallon. La reine de Navarre sévanouie en entendant les accusations de son frère. Elle est finalement chassée de Paris et exilée.
Navarre se fait prier pour la récupérer. Il lui témoigne peu dintérêt, passionné quil est par sa maîtresse du moment, Corisande. Aux malheurs de Marguerite sajoute encore la nouvelle de la mort de François dAlençon, en juin 1584, décès qui fait du protestant Henri de Navarre lhéritier dHenri III.
REVOLTEE ET PRISONNIERE
En 1585, alors que la guerre reprend, Marguerite, rejetée par sa famille comme par son mari, rallie la Ligue, qui rassemble aussi bien les catholiques intransigeants que toutes les personnes hostiles à la politique d'Henri III. Elle prend possession dAgen, ville faisant partie de sa dot et dont elle est la comtesse, et en fait renforcer les fortifications. À l'arrivée des troupes royales, Marguerite doit fuir précipitamment, « avec un désarroi si pitoyable quelle et ses suivantes ressembalient mieux à des garces de lansquenets quà des filles de bonne maison. »
Marguerite sinstalle alors au château de Carlat. Le gouverneur de la forteresse entre en conflit avec son amant du moment, Gabriel d'Aubiac, dit le Bel Athis, qu'elle a nommé capitaine de ses gardes.
Elle veut trouver refuge un peu plus au nord de l'Auvergne, au château dIbois. Mais elle sy retrouve assiégée par les troupes royales qui semparent de la forteresse. Elle doit alors attendre près dun mois que lon statue sur son sort. Son amant Aubiac, quant à lui, est pendu.
Le roi décide finalement de l'assigner à résidence dans le château d'Usson, au cur de l'Auvergne. À partir de 1586, Marguerite est donc retenue prisonnière. Elle parvient néanmoins rapidement à adoucir sa détention, en achetant son gardien, Monsieur de Carillac : un amant de plus !
Durant les longues années passées à Usson, Marguerite épaissit, ce qui ne lempêche pas de séduire encore. Cest une femme qui désire et cest la force de son désir qui séduit.
Margot est toujours aussi hypersexuelle et devient ce quon appellerait aujourdhui une cougar.
Elle a auprès delle un doux jeune homme blond aux yeux pervenche, Silvio, fils de son apothicaire. Un autre prétendant, Lignerac, jaloux et refusant de la partager, entre dans la chambre où les deux amants font lamour et poignarde son rival !
Margot se console avec le fils dun chaudronnier du Puy, nommé Claude François, « qui na de remarquable que son énorme laideur et sa belle voix. » Elle aura pour ce « rustre » une violente passion, au point de faire graver son nom sur une boite dargent quelle porte en pendentif, comme talisman damour.
Elle finira par se lasser et par marier cet homme avec une de ses demoiselles dhonneur. Lui succède le jeune Dat : « Ils pouvaient demeurer ensemble enfermés dans un cabinet sept à huit jours avec les nuits entières. »
Insatiable Margot !
RECONCILIATION ET DIVORCE
En 1589, Marguerite devient reine de France. Bien qu'à son nom s'attache un lourd parfum d'intrigues et de scandales et que sa stérilité soit avérée, elle sait que le nouveau roi a besoin d'un fils légitime pour consolider son pouvoir. Pour cela il a besoin de lappui de son épouse car il souhaite se remarier et avoir enfin cette descendance légitime qu'il espère.
Les négociations commencent en 1593, après le retour de la paix et labjuration dHenri IV. Pour appuyer la non-validité du mariage auprès du pape, le roi et son épouse mettent en avant la stérilité de leur couple, sa consanguinité, et les vices de forme du mariage. Pendant les pourparlers, la situation financière de la reine saméliore, mais Henri songe à épouser sa maîtresse, Gabrielle d'Estrées, mère de son fils, César.
Marguerite refuse de cautionner un remariage déshonorant et lourd de risques politiques avec cette « bagasse ». Elle exige que la future épouse soit « une princesse de sa qualité », ce qui bloque les négociations, mais après la mort providentielle de Gabrielle dans la nuit du 9 avril 1599 au 10 avril 1599, elle revient sur son exigence, pour des motifs de conscience, en échange de fortes compensations financières et du droit de conserver l'usage de son titre royal. Clément VIII prononce la bulle d'annulation le 24 octobre 1599. Henri IV épouse un an après Marie de Médicis.
« JEUNE PUTAIN, VIEILLE BIGOTTE »
De bons rapports désormais peuvent se rétablir entre les deux ex-époux. Marguerite regagne Paris en 1605. Alors qu'elle a été belle en sa jeunesse, elle est devenue « horriblement grosse » à en croire Tallemant des Réaux. Elle est aussi désormais très dévote et Vincent de Paul est un temps son aumônier.
Face au Louvre, elle se fait construire un hôtel qui va vite devenir le nouveau rendez-vous des écrivains et des artistes. Elle y donne de nombreuses réceptions et sy entoure de poètes et de philosophes ; son hôtel devient un lieu important de la vie culturelle, intellectuelle et politique de la vie parisienne.
A cette époque, la grande beauté de la reine Margot sen est allée, laissant place à une femme laide et obèse, mais qui collectionne toujours les amants ! Elle aura toujours un homme dans son lit, jusquà la fin de sa vie. Jusquau bout, elle aura aimé et aura été aimée.
Désormais, elle pouvait mener librement la vie fantasque qui lui plaisait, en compagnie de nombreux jeunes favoris, sans que personne puisse trouver à redire contre cette grande et généreuse dame qui savait perpé le souvenir de la brillante cour des Valois. Selon la légende forgée par les enjolivements de romanciers, elle porte dans les poches de son vertugadin le cur embaumé de ses divers amants.
MARGOT ET LES FAISEUSES DANGE
Revenons maintenant à ce soit disant que Marguerite aurait donné au seigneur de Champvallon.
Marguerite de Valois doit donner un héritier à son époux Henri de Navarre. Nétant pas enceinte aussi vite quon laurait souhaité, la reine est dabord allée faire une cure à Bagnères pour favoriser sa fécondité. Dans Paris, on racontait bel et bien que la reine de Navarre avait dû avorter dun de son amant Champvallon.
Cependant à lépoque, lavortement était très dangereux. Il était pratiqué par des « faiseuses danges », lesquelles utilisaient des aiguilles à tricoter pour déloger lembryon ou piétinaient le ventre de la future mère jusquau moment où l qui nétait pas encore à son terme sorte.
Dans nombreux cas, la mère ne survivait pas à lavortement. Lambassadeur dAngleterre prétendait lui que Marguerite de Valois, enceinte, avait accouché. Elle aurait également eu un deuxième en 1586 né au château de Carlat. Le père de celui-ci serait d'Aubiac, son amant du moment.
Cependant, il paraît un peu illogique que Marguerite de Valois ait pu être enceinte : si elle et son époux faisaient chambre à part, cétait une fois le devoir conjugal accomplit. Connaissant lardeur de lun comme de lautre, comment expliquer que Margot pût être enceinte dun de ses amants et pas de son mari ? Les rumeurs de grossesse de 1583 sont probablement basées sur le fait que la reine de Navarre avait pris du poids au cours de cette année. En tout cas, sil y eut un ou même plusieurs s illégitimes, personne ne sait ce quil(s) est (sont) devenu(s), ce qui renforce la probabilité que tout cela est pure invention.
Cependant, ces ragots, crus par Henri III, auront fait beaucoup de tort à Marguerite. Celle-ci nia toute sa vie avoir avortée ou accouchée dun .
LA LEGENDE NOIRE DE MARGOT OU LE PARCOURS DUNE HYPERSEXUELLE
Cible de pamphlets violents de son vivant, les calomnies répandues à son époque ont voilé son histoire et créé le mythe de la « Reine Margot », nymphomane et ueuse. Fut-elle vraiment la fille délurée que les romanciers ont décrite ?
Marguerite de Valois, fille d'Henri II, épouse d'Henri IV, a mauvaise réputation. La littérature romantique, Alexandre Dumas en tête, l'a stigmatisée comme une intrigante et une femme aux murs dépravées.
Le nom même de la reine Margot, sobriquet lancé par Dumas en 1845, évoque en effet une princesse pervertie dès l'enfance par la cour dépravée des derniers Valois : Margot se serait vautrée dans l'e, faisant successivement succomber ses trois frères Charles, Henri et François à ses charmes ; la princesse aurait en outre témoigné d'un tempérament vraiment royal, à grand-peine assouvi par les plus beaux mâles de son temps : la liste des amants qu'on lui prête est infinie...
Lhistoire de la princesse Marguerite de Valois est aujourdhui voilée par la légende noire de la « reine Margot », le mythe d'une femme lubrique née dans une famille maudite.
De nombreuses calomnies ont été répandues du vivant même de la princesse, ce sont celles de son ennemi Agrippa d'Aubigné, avec le « Divorce Satyrique » qui ont eu le plus de succès. Broyée entre les deux camps, entraînée dans les conflits qui déchiraient sa fratrie, elle fut la cible de pamphlets qui en fait visaient à travers elle sa mère, ses frères ou son mari. Un pamphlet protestant rédigé contre Henri IV, le « Divorce Satyrique » (1607), présente Margot comme une nymphomane. C'est le trait de sa légende le plus persistant. Son séjour à Usson est souvent présenté comme une période de décadence où la reine occupe son temps à se donner à de jeunes paysans robustes du pays.
Margot aimait les hommes, elle aimait lamour, elle aimait se faire mettre. Elle était hypersexuelle. Et alors ? Cétait son droit !
Personne ne stigmatise le comportement dHenri IV, dont il est impossible de comptabiliser le nombre de maîtresses ! Le Donjuanisme est accepté et considéré avec sympathie, une hypersexuelle est, quant à elle, qualifiée de nymphomane, de putain, de salope.
Margot a enchaîné les amants, se faisant prendre de toutes les façons, nimporte quand et par nimporte qui de beau et bien bâti, contre un mur du palais, sur le sol dune rue pavée, trouvant grand plaisir dans la dégradation et la souillure.
Margot fut assurément une grande libertine et une hypersexuelle, elle a donc tout particulièrement place dans ces récits.
De ce point de vue, je me sens naturellement proche delle. Je veux aussi saluer la modernité et la tolérance du futur Henri IV qui collectionnait les maîtresses, mais qui, chose bien rare à lépoque, tolérait les frasques de son épouse et ny faisait pas obstacle. Certes, Henri nétait pas candauliste, mais la liberté de ce couple royal est à souligner.
Jai beaucoup de sympathie pour la grande hypersexuelle quétait Margot. Comme elle, jaime, quand le besoin se fait ressentir, quand un homme me plait, me faire prendre nimporte où, nimporte quand et par nimporte qui, du moment que lhomme est beau et bien membré. La différence, et elle est considérable, est dune part lévolution des mentalités, mais aussi le candaulisme de mon mari qui encourage et suscite mes débordements.
Dans ces moment-là, comme la reine Margot, je suis également disposée, pour reprendre les reproches qui lui furent adressés, à « toutes les dégradations et toutes les souillures », du moment que je jouisse encore et encore. Tout en prenant conscience, chose que je suis loin davoir toujours respecté, de la nécessaire prudence qui doit simposer aux temps du SIDA et des MST.
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