Collection Le Marin. Casablanca (4/5)
Il y a quelques mois que je nai pas raconté une histoire du marin que j'étais quand javais 18 ans.
Je repense à une aventure que jai eue lors dun de mes voyages, nous avions fait escale à Casablanca.
Cest Radia, jeune marocaine qui a réveillé ce souvenir, mais sils sont restés toujours très vivant dans mon esprit.
Ces moments qui ont changé ma vie dhomme sont gravés dans ma mémoire.
Qamar, ma maîtresse marocaine, mapprend la patience envers les femmes.
Je suis un bon élève et mon amie semble satisfaite de notre soirée et notre nuit.
Je suis étonné par les murs de ce beau pays, bien différents des nôtres.
Après le petit déjeuner, nous nous préparons pour sortir en ville, je veux visiter Casablanca.
Surtout quil y a soixante ans, la télé était balbutiante et en noir est blanc.
On pouvait s'occuper autrement.
À cette époque, notre république voulait décider du bien et du mal pour notre peuple, il y avait un ministre de la communication qui avait le droit de censure.
Les films pornos, il ne fallait pas en parler.
Alors, découvrir des pays à mon âge surtout au bras de Qamar, je nétais pas peu fier.
Surtout que sur un bateau comme le nôtre, le nombre des marins qui sortaient à terre étaient nombreux.
Avant de sortir, ma chérie entoure sa tête de son châle.
La première chose dont je me souvienne, cétaient les rues de Casablanca.
Chez nous, les routes étaient déjà en bitume, ici la rue principale est en terre.
Nous croisons de nombreux hommes guidant des ânes, tirant des charrettes avec de nombreux gros ballots de paille, ou autres céréales.
Incroyables pour une ville de cette importance, Lyon, Marseille, dans ces années 60, étaient modernes par rapport à ce que je découvre.
Nous arrivons au pied de la grande mosquée, cest dici que partent les prières, un homme en djellaba entre.
- Peut-on visiter, je voudrais faire quelques photos, jaimerais monter au sommet du minaret, on doit survoler la ville ?
- Impossible et pour toi et pour moi.
Pour toi car les étrangers, pardon, les non-musulmans, sont considérés comme impurs.
Les femmes sont autorisées à entrer, mais moi, ma tenue aujourdhui, malgré ma tête couverte, est aussi considérée comme impure.
Mon dieu, que ce pays est étrange en rapport du nôtre, maman va encore à la messe, cest seulement à ces moments-là, quelle met un « carré » comme elle dit sur sa tête.
À mon âge, la faim vient vite, malgré notre petit déjeuner.
- Connais-tu le couscous, ici, cest le plat national ?
Vous allez rire, jamais je navais entendu le nom de ce plat.
Il y a 50 ans le couscous nétait pas devenu ce quil est aujourdhui, presque un plat national en France, aussi prisé que la choucroute et surtout le buf bourguignon et même la paella espagnole ou la pizza italienne.
Joublie volontairement les hamburger Américain.
Elle memmène dans un restaurant, non loin de mon bateau.
Je fais encore sensation, plusieurs marins sont là.
Demain, dès que nous serons en mer, ils viendront me demander où et comment jai connu Qamar.
Cest là que je vois quatre copains mécanicien mangeant ensemble.
Ceux de dos se retournent fréquemment, sans nul doute, ils parlent de nous.
Effet de groupe, je vois Charles, notre quartier maître chef, se lever et venir vers notre table.
- Bonjour Mademoiselle, que faites-vous avec ce puceau, si vous voulez connaître un homme véritable, un vrai, venez avec moi, je vous emmènerai au nirvana.
- Jeune homme, si Christian est un puceau, vous vous êtes un gros lourdaud.
Jignore qui vous a appris la politesse, mais il sest loupé.
Votre copain ma fait lamour divinement et dès que nous serons rentrés chez moi, je vais de nouveau me donner à lui.
Vous pouvez retourner faire le coq près de vos copains, Monsieur le malotru.
Comme on dit vulgairement, je vois Charles retourner vers mes copains, la queue entre les jambes.
Je prends conscience que Qamar a parlé assez fort pour que les autres entendent.
Il nest pas fier.
On nous amène le couscous, dans un plat, jattends des assiettes et des fourchettes.
Qamar voit bien que je suis surpris.
- Christian, je tai appris à satisfaire les femmes, je vais faire maintenant ton éducation marocaine.
Je viens daller me laver les mains avec toi, tu te souviens, tu te serrais sur mes fesses et nous nous sommes embrassés.
Si nous navions pas été dans un restaurant, je me serais certainement donnée.
Tu bandais sous ton pantalon blanc.
Ce couscous, nous allons le manger avec nos mains.
Pardon notre main droite directement dans le plat, la main gauche est considérée comme impure chez nous.
- Alors je suis impur, je suis gaucher.
- Fait un effort, mais si tu ny arrives pas, fait comme tu peux.
- Bismillah.
Elle éclate de rire.
- Ça veut dire « au nom de Dieu », si tu veux, tu prends du pain pour saisir les aliments qui sont devant toi.
Avec quelques difficultés, jarrive à manger, tant bien que mal, inutile dénumérer de quoi ce plat est composé, vous le savez tous.
La chose intéressante, cest que dépassant les conventions, ma main, plutôt mes doigts, ségarent dans le plat, lui saisissant ses doigts, alors que je la regarde intensément.
- Arrête Christian, jadore tes doigts sur mes doigts, personne ne peut nous voir, mais ma petite culotte commence à se mouiller, mais continue, hélas pour la chaise.
Ici encore dans ce restaurant, une chose me contrarie, le thé, autant le couscous, jadore autant le thé à toutes les sauces, très peu pour moi.
Une bonne bouteille de vin pourrait faire laffaire, même du pays sil y en a, mais Qamar ne commande que du thé.
De plus, avant darriver à lescale, nous avons été briffés sur le pays, je sais que les musulmans ne boivent pas dalcool, alors je bois mon thé.
À Rio, je compte bien me rattr, mais là encore, cest une autre histoire.
- Hamdoulah.
Ça veut dire, merci à Allah dans ma langue.
Haboula.
Elle éclate de rire, jadore son rire, surtout quà la table voisine, ils sont tous le nez dans leur assiette.
Ils se sont fait servir à lEuropéen, il y a même une bouteille de vin sur la table.
Avant de sortir, pour venir à lambassade, le commissaire de bord, un officier supérieur, nous a fait distribuer des dirhams marocains, je me lève, je vais demander au patron combien nous devons.
Ouf, jai assez pour payer, je suis fier de régler laddition avant de laider à se lever et de partir.
Nous passons près de la table, de mes copains, elle ouvre son sac et sort des billets.
- Jeune homme, voici, quelques billets, allez sur le port, il y a un café à la façade rouge, vous ne pouvez pas vous tromper.
Entrez, demandé Aïcha, cest une grande brune avec des yeux très maquillés, cest une amie originaire de mon village.
Elle a voulu sémanciper quand nous étions jeunes.
Elle est tombée dans les pattes dun souteneur, dites-lui que vous venez de la part de Qamar, elle vous dégorgera le poireau.
Une pute, cest tout ce que vous méritez.
Elle me prend la main et nous quittons létablissement.
À bord demain, jespère ne pas essuyer leur vengeance, je serais obligé de faire le coup de poing.
Je ne suis pas bagarreur, mais je sais défendre lhonneur dune femme.
Ça fait partie des valeurs que mon père ma apprise.
Quand je me suis engagé, mon père ne ma donné quun conseil.
- Tu as appris au catéchisme que si on te frappe la joue gauche, tends la droite.
Je suis daccord sauf si ton honneur ou celui de ta femme est en jeu.
Il est préférable de prendre une volée que de baisser son pantalon.
Jai fait mienne cette devise toute ma vie, à ce jour ça ma réussi, je me suis battu deux ou trois fois, mais je suis toujours debout.
- Christian, dis-moi, peux-tu me montrer ton bateau, jaimerais voir où tu navigues.
- Je suis bête, je suis sûr quhier si nous navions pas plongé sur ton matelas, nous aurions pu le voir de ta terrasse !
Pas lui, mais léclairage que lon a mis en place le matin, première corvée avant celle à lambassade.
- Tu as lair de regretter !
- Attention, Qamar, je vais faire un incident diplomatique, je vais te prendre sur mes genoux et te donner une bonne fessée.
Encore des éclats de rire.
- Tu verras quand nous serons rentrés, mais avant, il est possible que je te fasse faire la visite du bateau, ça a commencé à partir de 14 heures.
Nous passons devant un bar à la façade rouge, mon quartier maître chef va pouvoir se dégorger le poireau comme la dit Qamar.
Le bateau est là, plus de cent cinquante mètres de long, nous passons près de la coupée avant, celle des officiers, alors que pour les visites, il faut passer par larrière réservé à léquipage et à la visite du bord.
De nombreux hommes attendent, une ou deux femmes toutes avec un châle comme Qamar attendent, il ny a que des femmes habillées à lEuropéenne.
Nous arrivons à la hauteur de la coupée des officiers quand une grosse voiture arrive et s'arrête.
Le commandant en second, avec son maître dhôtel, en descend et arrive devant la porte de la voiture.
Le chauffeur en descend et vient ouvrir la porte arrière.
Un châle sur la tête alors quelle est en jeans et basket, Madame lambassadrice en descend ainsi que trois bambins.
Le plus vieux, un garçon, saute au cou de ma maîtresse.
- Qamar, que faites-vous là, cest vrai, jai dû téléphoner à cet officier pour votre ami, il nous a invité à visiter le carré des officiers et le bateau pour mes s
Comments:
No comments!
Please sign up or log in to post a comment!