Lectures Érotiques (15). Joy Laurey « Joy » (Editions Robert Laffont, 1981)
Lors de la sortie de ce roman, « Joy », celle-ci était présentée, après Emmanuelle, comme la nouvelle héroïne de la littérature érotique. Très franchement, cette prétention nest pas justifiée, même si jai redécouvert récemment cet ouvrage.
LAUTEUR
Joy Laurey fut le pseudonyme sous lequel écrivait ses romans érotiques Jean-Pierre Imbrohoris (1943-1993), producteur de radio, journaliste, romancier et essayiste.
Il est l'auteur de « Marion du Faouët » (Grasset, 1979) qui contait les premières aventures de cette héroïne hors du commun, et le coauteur, avec René-Victor Pilhes, des cinq volumes de «Toute la vérité».
Jean-Pierre Imbrohoris est auteur de romans érotiques sous le pseudonyme "Joy Laurey". Les romans ont été adaptés à plusieurs reprises pour le cinéma X, avec Claudia Udy, Brigitte Lahaie ou Zara Whites.
Il est décédé dans un accident de voiture le 13 décembre 1993 à Montélimar, dans le sud de la France. L'accident fit trois autres victimes, sa femme, l'écrivain Nathalie Perreau, leur fils et l'écrivaine Vanessa Duries.
RESUME
Elle a vingt-deux et s'appelle Joy. Née d'un père inconnu et dune mère toujours ailleurs, découvrant à quinze ans le plaisir et le pouvoir de sa beauté, voici Joy à Paris. Aussitôt emportée, enlacée, passant d'amants en copines, goûtant à tout et pourtant toujours affamée de plaisir.
Joy rencontre Marc, un homme qu'elle aime à corps et cur perdus dès le premier regard: mais il n'est pas de ceux qui s'attachent, Joy non plus d'ailleurs.
La première fois que Joy voit Marc, cest aux obsèques de son oncle. Dès ce moment, elle le veut. Ils sont amants dès leur première rencontre, mais lattitude de Marc, qui jouit delle, sans la moindre tendresse, la blesse profondément.
Marc part en voyage daffaires et ne donne plus signe de vie. Joy tente de se consoler en couchant avec son ami Alain, mais Marc lobsède.
Elle tente doublier en se consacrant à sa carrière de mannequin. Son chemin croise à nouveau celui de Marc. Joy est folle de jalousie en le voyant avec une autre femme, Joëlle.
Marc réapparait. Il veut les deux femmes, il envoie des fleurs quand Joy est à New York, pour des tournages. Elle se refuse au producteur Goraguine et a dautres relations qui ne lui font pas oublier Marc. Marc lui a dit quelle nest pas de « celles quon épouse ». Parmi ses rencontres, Steve Corléone, qui ladore, mais qui refuse que Joy le touche.
Elle fait la rencontre de Bruce, un riche pervers, qui lemmène dans une soirée où elle découvre le « glory hole »
Toujours à New York, Joy rencontre Joëlle, sa « rivale », quelle hébergera chez elle. Les deux femmes découvrent dans les bras lune de lautre les plaisirs saphiques.
Joy rentre à Paris et retrouve Marc. Elle reste quelques jours chez lui, jusquau retour de Joëlle. Ce seront à nouveau des moments torrides entre les deux amants. A son tour, Marc encourage Joy sur la voie de la perversité, prenant plaisir à la voir sucer des inconnus.
Le roman se termine par le départ de Joy pour la Nouvelle-Zélande, à linitiative de Bruce. Ce qui annonce une suite, « Joy et Joan » dont je parlerai après avoir pris le temps de la relire.
QUELQUES EXTRAITS POUR INVITER A LA LECTURE
Marc et Joy baisent. La jeune femme commence par faire une fellation à son amant.
« Plus il senfonçait et plus il me paraissait long, je rêvais quil métouffait, mes yeux se remplissaient de larmes, mais ces larmes navaient plus rien de commun avec lamour, jallais mourir avec cette chose prodigieuse dans la bouche. (
). Je magrippais à cette chair tendue que jadorais comme une païenne, masservissant pour la première fois à cette obsession (
) : avaler la verge, membre rougi et hostile que jaime, pour qui jéprouve le besoin fondamental de posséder une bouche et de donner ma bouche pour que sy répande la semence dont la fade onctuosité me rend hystérique mais mapaise aussi.
Marc a poussé un long soupir. Jai (
) fait monter et descendre mon visage le long de son sexe avec une lenteur que je savais insupportable. (
)
(Marc) sest cassé en deux, faible et fragile pendant quil inondait ma bouche, quil coulait sur mon visage, sur mes seins. (
) je ne voulais pas le lâcher, je continuais à le boire, à labsorber, à laspirer, à me nourrir de sa semence venue du fond de sa vie. Je me suis barbouillée de son miel sucré, jai léché son corps, jai fouillé mon sexe liquéfié, jétais devenue une bête, une femelle qui adorait son félin. »
Puis cest le coït.
« Il sest redressé sur un coude, ma repoussé en arrière, ma ouverte et sest enfoncé jusquau fond de mon ventre. Javais mal. Il ma dit :
Regarde-moi. Ouvre les yeux ! Regarde !
(Marc) me pénétrait lentement, à chaque mouvement je poussais un cri, de plus en plus fort jusquà hurler, hurlement infini, modulé, aigu dautant plus quapprochait ma délivrance. (
) Je sentais que ça allait arriver, que rien ne pouvait plus retarder lexplosion (
) Il sest cabré, il est devenu gigantesque, et un flot ma emportée, sans que je puisse me retenir à rien (
) et jai perdu connaissance. »
A propos de la fellation, que refusait le beau Steve Corléone :
« Jai tenté de lui expliquer que jéprouvais le besoin de prendre le sexe de lhomme que jaimais dans ma bouche, que jen retirais un plaisir profond, que cétait pour moi laboutissement logique de ce qui me poussait vers un homme que de mapproprier son sexe et de le boire et quen accomplissant ce rituel je néprouvais aucune honte mais au contraire lapaisement en recevant la semence dans ma gorge. »
« Glory hole » à New York
« La troisième niche était occupée par un sexe aussi rouge que le velours des murs (
) Je me suis approchée. Il fallait que je le touche, (
) on ne pouvait pas résister à cet appel (
) Je me suis agenouillée, jai saisi le sexe qui sentait le musc et lencens (
) Je fermais les yeux pour le prendre, possédée par le désir frénétique de le faire jouir avant les autres.
Initiation saphique
« Ma langue a ses lèvres serrées, je lai embrassée comme je nai jamais su embrasser un homme de ma vie. Pour la première fois le baiser avait un sens pour moi, ce nétait plus une habitude, sa bouche sentait lanis (
) je la prenais comme un homme, jétais un homme, je la serrais aux épaules, ma bouche caressait ses paupières avec douceur, son nez avec tendresse. Cétait donc cela lamour (
) Elle a gémi lorsque ma bouche sest posée sur ses seins pointés, je les tourmentais comme jaimais quon me le fasse, je caressais ses cuisses et elle poussait des cris qui me chaviraient. Jai posé mes lèvres sur son sexe (
).
Je lai lapé comme un petit chien (
) et jai reçu son plaisir comme un coup de fouet, le souffle court, les yeux noyés dans une ondée généreuse, le jus torride dun fruit rare (
) »
EMMANUELLE ET JOY DANS MON PARCOURS DHYPERSEXUELLE
Jai lu ce roman érotique il y a plus de 15 ans, layant trouvé dans la bibliothèque de Philippe, peu après mon installation chez lui, ainsi que le second tome dont je reparlerai, Joy et Joan, qui se veut un hommage à la bisexualité féminine.
Cétait lépoque où je tentais de rejeter fermement mon hypersexualité et où je refusais absolument dentendre les sirènes candaulistes de Philippe. Cétait un moment de ma vie où jétais très frustrée, tentant de calmer ma libido de toutes les manières possibles, sans avoir recours à un amant et donc où je pratiquais assidument les plaisirs solitaires, y compris à partir de lectures érotiques.
Jamais, sauf dans mon adolescence, je ne me suis autant masturbée, même si je suis toujours une pratiquante régulière des plaisirs solitaires, pour calmer mes pulsions.
Javais donc un recours fréquent à la masturbation et je parvenais à des orgasmes qui mépuisaient, soit par mes caresses sur mon clitoris, soit par lusage de godes ou de sextoys, le visionnage de films hard ou la lecture de romans érotiques.
Je pensais que, madonnant à ces plaisirs, je me préserverais de passer à lacte. En réalité, mimaginant à la place de ces femmes, je ne faisais quaccroître ma frustration. Le prix pour sortir de mes contradictions, dune impasse invivable, fut élevé, comme vous le savez, puisque ce fût le recours aux services de Rachid.
Je fais ce préalable pour souligner toute la différence pour moi entre Emmanuelle et Joy. La lecture dEmmanuelle, découverte en cachette, par ladolescente que jétais alors, dans lenfer de la bibliothèque familiale, fut un choc et une révélation.
Avec « le déclic » de Manara, cette lecture avait été fondatrice dans la prise de conscience de ce que jétais, même si, à lépoque, je ne mettais pas un nom derrière ma nature profonde : une hypersexuelle. Jai eu dinstinct envie dêtre Emmanuelle ou Claudia et je voulais que le Déclic soit déclenché pour connaitre ce plaisir que je nexerçais alors quà travers mes caresses solitaires, que je pratiquais assidument pour tenter de calmer ma frustration. Celui dont jattendais quil déclenche le déclic ne la pas fait alors, ce fut un autre qui fut mon initiateur, suivi par beaucoup dautres depuis.
Je rappelle tout cela pour dire toute la différence pour moi entre Emmanuelle et Joy.
Pour être honnête, cest en faisant des recherches pour préparer ce post que jai su que lauteur de la série Joy était un homme. Je dois lui reconnaitre cependant que ces descriptions montrent quil a bien observé et retranscris ce que ressent une hypersexuelle. Joy, le personnage central est bien une hypersexuelle et cest en-cela quelle mintéresse.
CE ROMAN ET MOI
Joy fut donc pour moi léquivalent dun sextoy ou du visionnage dun film X.
Jai voulu le redécouvrir dans un autre contexte et prendre le temps de le relire. Cela ma conduit à revaloriser quelque peu ce roman érotique, qui a eu sur moi le même effet quil y a quinze ans, en provoquant lexcitation de mes sens et la nécessité déteindre le feu qui montait peu à peu. Jai aimé redécouvrir les scènes dont jai reproduit plus haut quelques extraits. Je partage notamment ce qui est écrit au sujet de limportance de la fellation : cest exactement ce que je ressens.
La différence est que ce qui est décrit dans ce roman, comme dans le second, je ne me contentais plus de limaginer, en fermant les yeux et me mettant dans la peau de Joy. Ce qui est décrit dans le roman, y compris le plus hard, je lai pratiqué et le pratique encore.
La première fois que jai lu ce texte, je lai fait en tant quhypersexuelle refoulée. Cette fois, je lai lu en tant quhypersexuelle assumée, jallais dire (presque) apaisée.
Comments:
No comments!
Please sign up or log in to post a comment!