Le Réveillon
Assis devant la table du petit déjeuner, je soupire dans ma tasse de thé. Décidément, je naime pas les fêtes de fin dannée. Je vais me faire chier toute la nuit de Noël. Au moins dhabitude, on invite la famille, du coup je peux tromper lennui en faisant semblant de mintéresser aux personnes qui mentourent. Cette année, chacun reste chez soi. Enfin, « chacun », cest sans compter lidée géniale de mon père, de récupérer un collègue de boulot, sa compagne, et leur fils. Non seulement je naurai aucun grand parent ou tante éloignée derrière laquelle me réfugier afin dêtre peinard, mais en plus il y a de grandes chances pour que les regards se tournent, à un moment où un autre, vers moi. Je mache songeur ma tartine, en tournant la tête vers la porte de la salle à manger. Je vois déjà le profil quaura cette soirée. Ma mère va passer son temps aux fourneaux, à sassurer que les plats ne brûlent pas dans le four. Mon père va discuter comme à son habitude, de boulot, politique et foot, bref le trio gagnant du consensus. Quant à ma sur, elle va probablement interagir avec les invités pour agrémenter la conversation à la place de notre père. Surette, tu es une crème. Tu arrives à me sauver la peau de nimporte quelle situation gênante. En général, lorsquon va déjeuner ou dîner quelque part, et que je deviens un peu trop le centre de lattention, tu récupères lauditoire avec un problème bidon de lactualité, une question de culture générale, ou comment se portent les autres membres de la famille absents. Pas grand monde me soutient aussi bien que tu le fais, et je compte bien te rendre la pareille un jour.
En tout cas, le 24, cest aujourdhui, et de facto, le réveillon, cest ce soir. Ma journée est donc officiellement pourrie. Le seul point positif : jai tellement de choses à faire en attendant que je ne verrai pas le temps passer. Je dois emballer les cadeaux pour mes parents, acheter les dernières courses pour ma mère qui stresse à mort, préparer les décorations de la table de Noël, et essayer de me faire beau.
Jorganise lexécution des tâches dans ma tête. Ne voulant pas aller dans les magasins en pyjama, jattends que ma mère termine dans la salle de bain pour prendre sa place. Jen profite pour choisir ma tenue parmi mes affaires. Classe ou décontracté ? Narrivant pas à choisir, je sors de ma chambre pour voir la tenue de ma mère. Sur le lit parental, une robe bleue et noire satinée est posée délicatement, devant des bottines de cuir. Ok, il faudra mettre quelque chose de classe. En revanche, jai peur de salir mes habits avant ce soir, si je les porte dès maintenant. Changement de programme, je vais porter une tenue normale, et je me changerai un peu avant le réveillon. Je file faire mes ablutions, même si je sais que je naurai pas à me battre pour la cabine. Je me rase, passe sous la douche, en ressors, me coiffe. Je constate que jai oublié ma tenue dans larmoire, garde donc ma serviette à la taille et vais la chercher en jetant le bout de tissu empreint dhumidité sur mon fauteuil de bureau. A peine habillé, ma mère mappelle. Garde à vous dans la cuisine. Elle est affairée à sortir casseroles et ustensiles de tiroirs pleins à craquer.
- Tu es prêt pour les courses ?
Je récupère la liste quelle me tend.
- Ouaip. Tu as déjà un plat en tête pour ce midi ?
- Ah. Euh
Non. Tu veux bien prendre un plat préparé pour 4 ? Félicia est du matin, elle finit avant midi.
- Je men occupe.
Une bise sur sa joue plus tard, je saisis ma veste chaude, et descends allumer le moteur de ma voiture. Brrr. Il fait froid dehors. Pour linstant, il ne neige pas, mais si des flocons se décident à tomber, il y a de grandes chances pour que la route reste blanche un moment. Coup de bol, il ny a pas non plus de verglas. Je roule tranquillement vers la zone commerciale du coin, conscient de ne pas être seul sur la route à vouloir faire les dernières emplettes. Je moriente vers le supermarché, où je pourrai trouver toute la nourriture nécessaire. Il ny a pas beaucoup de choix dans les plats pré-faits, ce qui ne métonne guère vu le jour de fête, cependant je réussis à récupérer une belle tourte ainsi que des patates sautées. Je ferai une salade de tomates pour compléter et ça suffira. Une fois retourné à la voiture, je me dépêche de tout ranger dans le coffre. Mon téléphone affiche 11h30, lheure tourne. Assis, je constate que la sortie principale est embouteillée. Jenvoie un message à ma mère pour lui dire que jaurai peut-être un peu de retard. Tant pis pour la voie rapide, je passerai par le centre-ville. Je mextirpe du parking par une voie secondaire, et emprunte lautre sens de circulation. Sur le chemin, japerçois une boutique un peu isolée de jouets pour adultes. Je repense aux cadeaux, mais jai tout pris, et ce serait plus quelque chose de personnel. Cela étant, je ne me suis rien pris pour Noël. Bon, de toute façon, jai dit que je serai un peu en retard, alors autant en profiter. Je fais demi-tour et me gare sur lune des places libre. En entrant, je suis accueilli par une douce chaleur du radiateur coupe-froid au-dessus de la porte. Jentends la vendeuse me saluer sommairement de derrière lun des rayons. Jembrasse les différentes allées du regard, et me dirige vers celle qui me semble la plus prometteuse. Bien que je sois un consommateur appliqué, il faut dire que je ne viens pas souvent, puisquil est nettement plus simple et discret de commander sur internet.
- Vous voulez une petite bougie ?
Je réfléchis quelques secondes. Ça décorera la table, et elles sont différentes de celles du supermarché.
- Est-ce que vous en avez sans odeur ?
Elle fouille un peu létagère et men tend deux. Je lui en redonne une.
- Une seule suffira merci.
Elle scanne les articles, puis pointe du menton la grosse boîte.
- Je fais un papier cadeau ?
Je fais un peu la moue.
- Ce sera pas nécessaire.
- Ah. Désolé.
- Pas de soucis.
Elle les met dans un sachet en papier brun ordinaire quelle me présente. Je lempoigne en me retournant prestement. La voix fluette de la vendeuse me ratt.
- Je vous souhaite tout de même un bon réveillon !
- A vous aussi.
Je passe sous le radiateur chauffant, et tâche de bien refermer la porte derrière moi. La circulation a lair raisonnablement fluide de ce côté de la ville. Je contourne donc les bouchons. Après une vingtaine de minutes, la maison est enfin visible. Je me gare dans le garage, et à peine sorti, jentends une autre voiture ralentir au niveau du portail. Ma sur vient de rentrer. Je sors les courses du coffre, et laisse mon sachet au pied dune roue. Je récupère une partie que jemmène directement à la cuisine, laissant le tourbillon de préparation gastronomique quest ma mère sen occuper. Je repasse par le couloir, ma sur ferme la porte du garage.
- Besoin daide pour transporter quelque chose ?
Je soulève les dernières courses achetées.
- Non cest bon. Jai fini.
- Et pour le sac qui reste ?
- Quel sac ?
Elle pointe mes achats personnels.
- Le brun à côté de toi.
Mes bras sont pris, je nai plus de doigt disponible.
- Oh, celui-là
Féli, est-ce que je peux te demander de le monter dans ma chambre sans regarder ce quil contient ?
- Aucun problème.
Je passe donc le couloir et range comme je peux les derniers aliments dans le frigo. Je ferme la porte de la cuisine. En passant devant les marches, du haut de lescalier qui mène à nos chambres, jentends ma sur me crier :
- Cest pour qui la boîte ?
Je la fusille du regard.
- Je te déteste !
Elle me fait un grand sourire innocent.
- Mais nan, tu madores !
Bougon, je marmonne :
- Il y a des fois, je me pose la question
Elle rit pour toute réponse et sengouffre dans sa chambre. Ça ne me dérange pas vraiment. Elle me connait mieux que moi, et je ne comprends même pas pourquoi je lui ai demandé de ne pas regarder. Je secoue la tête avec exaspération. Le temps de réchauffer le repas de midi, et de faire la salade, elle aura fini sa douche et sa mise en beauté.
- Maman, je peux préparer le repas ?
- Oui, oui, je te fais un peu de place.
La tourte est mise à cuire dans le four remplit à craquer, les patates sautées trouvent un endroit dans le seul espace de cuisson non utilisé, et jutilise les quelques centimètres carrés de plan de travail offert par ma mère pour couper les tomates, les glisser dans un saladier et les assaisonner. En allant dans la salle à manger, je vois que la table est déjà mise. Mon père est en train de trier les affaires disséminées dans la pièce pour la nettoyer. Il profite de ma présence pour me tendre divers papiers et objets que javais laissé traîner. Je repasse donc une énième fois le couloir pour monter les escaliers. À mi-hauteur, ma sur descend en esquivant la charge que je porte, et narquoise, me fait une petite bise sur la joue. Je rosis légèrement.
- Tu thabilleras de façon correcte après avoir vidé tes bras frérot ?
- Je me mettrai en tenue ce soir.
- Tas intérêt à me concurrencer !
Moqueur, jentre dans ma chambre en proférant.
- Je naurai pas besoin de faire beaucoup !
Un coussin vole devant ma porte à la suite de ma remarque. Je souris, en posant tranquillement le matériel en vrac sur mon bureau, et commence à ranger. Les cahiers, dans leur casier, les crayons, dans le porte-stylos, et les papiers importants, à lintérieur des pochettes qui leur sont assignés.
- A table !
Je vérifie en sortant la tête quaucune autre munition duveteuse ne mattend den bas, et ramasse ledit coussin en le posant sur le lit de ma sur bien aimée avant de descendre. Je me lave les mains puis me dirige vers le repas servi. A table, la discussion na rien dexceptionnel. On échange sommairement quelques nouvelles par-ci par-là, ce quil reste à faire pour que le réveillon soit prêt, et rien de plus. Une fois fini, je laisse mon père et ma sur débarrasser, pour aller emballer mes présents. Je récupère le papier cadeau, ainsi quun rouleau de ruban dans la réserve, monte, et fais de la place sur ma table en face du lit. Pour ma mère, ce sera simple. Je lui ai pris trois livres : un de détente, un polar, et le nouveau Goncourt. Pour mon père, ce sera un peu plus compliqué, je lui ai pris un sac, mais, il a une forme bizarre. Il faut que je me contorsionne pour réussir à en faire un cadeau à lallure acceptable. Un petit flot pour chacun, un petit mot gentil dessus et voilà. Ils peuvent aller à côté de celui déjà préparé pour ma sur. Jatt mon sac brun posé sur mon lit, et le met dans un coin invisible de la pièce pour une personne de passage, avant de saisir ma nouvelle bougie que jamène à la salle à manger. Ma sur est en train de grignoter des petits gâteaux de Noël posés sur le buffet.
- Tu vas grossir à force den manger.
Elle se retourne et me tapote le ventre.
- Jai encore un peu de marge, moi.
- Eh ! Mon poids est tout à fait acceptable !
- Nempêche que tu devrais aller faire du sport.
- Ok, ok. Jai compris la subtilité de ton message, jirai courir après le dressage de la table.
Je prends un peu plus de temps pour admirer sa tenue. Elle porte une robe rouge vermeil qui lui arrive jusquaux genoux, mettant en valeur la blancheur de ses bras et ses mollets nus. Les froufrous au niveau de sa poitrine apportent une touche de fantaisie au motif sobre, et le textile au niveau des jambes est suffisamment ample pour lui laisser une liberté de mouvement. Classe et pratique. Si on ajoute les chaussons assortis en tissu plats, on a la confirmation que jirai courir tout seul. Je voulais initialement faire une table rouge, mais je ne veux pas que ma sur soit considérée comme une extension de la déco. Du coup, Verte ? Bleue ? Orange ? Jaune ? Grise ? En vrai, je peux mixer un peu. Je me penche au niveau du buffet pour attr une nappe grise et un chemin de table blanc. Les deux sont aussitôt posés dans le sens de la longueur. Je positionne les assiettes dapparat, avec un lot de fourchette, couteau et cuillère, et me rend compte que je ne sais pas ce que lon va manger.
Je passe la tête par la porte qui donne sur la cuisine.
- Maman ! On mangera quoi ce soir ?
Elle se retourne, les mains enfarinées, et compte sur ses doigts.
- Amuses bouches, apéro choisi par ton père, entrée froide, puis chaude, le plat principal, une assiette de fromage avec de la salade, un dessert et une bûche.
Je lorgne la montagne de nourriture qui samasse tout autour delle.
- Tu peux me rappeler combien de personnes viennent manger avec nous ???
- Juste nous quatre, avec les amis de ton père, ce qui fait 7.
Je lève les yeux au ciel, touche mon ventre et valide la pique de ma sur. Course obligatoire cet après-midi, et course à prévoir durant la semaine qui arrive, voire celle daprès. Retour à la déco. Elle sera moins présente que pensée initialement, sinon il ny aura plus de place pour les plats. Je rajoute un set de couverts, et une assiette plus petite par personne pour les entrées. Pour les verres, je nai aucune idée de ce que compte faire mon père, donc je prévois un verre de blanc, un verre de rosé, un verre de rouge, et un verre pour leau. Les verres à champagne seront directement posés sur la petite table du salon pour la partie amuses bouches et potins davant repas. Première étape finie. Pour les bibelots qui vont égayer la table, je trouve des petites pommes de pins colorées, des étoiles argentées, 4-5 boules de sapin non utilisées. Je les réparties un peu partout en faisant attention de laisser de la place pour des dessous de plats, et pour conclure, je pose la bougie que jai acheté du côté où je massiérai. Ma préparation est somme toute plutôt colorée. Je me suis servi de la nape et du chemin de table comme base, pour réhausser un peu de rouge, de jaune, dorange. Une décoration en soit tournée vers des couleurs chaudes. Jécris au feutre noir les quatre noms que je connais sur des papiers de présentation, et pars au garage demander à mon père les trois inconnus.
- Papa ! Tes où ?
Au bout de quelques secondes, je vois la porte passante souvrir sur mon père en grosse parka.
- Dis, tu peux me rappeler le nom de nos invités ?
- Je vous ai déjà parlé de Blaise, on bosse pas mal ensemble. Sa femme cest Viviane et leur fils, il sappelle Théo.
- Blaise, Viviane, Théo, ok. Je te laisse bricoler tranquille, je finis la table. Si tu as besoin de moi, je serai probablement en train de ranger ma chambre, ou daider maman pour le dîner. Ensuite jirai courir en ville.
- Ça ira pour moi, je répare le portail. Je devrais men sortir tout seul. Aide ta mère si elle a besoin de toi.
- Félicia aide déjà maman pour linstant. Je la relayerai plus tard si jai le temps.
Je laisse mon père à son portail, et mempresse de noter les noms restants avant de les oublier. Jai pris pas mal davance sur mon planning, donc je prépare des origamis avec les serviettes sur les assiettes, et pose les noms par-dessus. Ma préparation est prête à recevoir le repas du réveillon. Pour la répartition, ma mère est seule, dans la largeur côté cuisine. En longueur, à sa droite, il y aura proche delle Théo, Viviane, puis Blaise au bout, et à sa gauche, Félicia, papa, puis moi au bout.
Bonne chose de faite. Passage à la cuisine, où je contemple les deux femmes de la maison batailler avec la nourriture, piquant et tranchant à tout va pour créer des uvres dart gustatives. Je les informe que la table est opérationnelle, avant de monter, encore, et toujours, dans ma chambre. Là, je regarde les cadeaux, qui vont devoir changer demplacement sous peu. Tant que tout le monde est occupé, je fais un aller-retour en toute discrétion sous le sapin pour les ajouter à la collection. En examinant ma chambre, je me rends à lévidence, cest un bazar complet. Opération rangement requise. Jouvre ma fenêtre pour aérer, change les draps de mon lit double, puis les emporte avec mes vêtements sales dans la buanderie. A part le bureau et la commode, le reste est propre. Il faut néanmoins vider la poubelle, qui est remplie par un peu trop de mouchoirs pour ne pas être suspecte. Tout ça me prend pas mal de temps, mais je suis content du résultat. Le bureau est propre, la commode un peu moins. Lheure tourne, il est déjà quatre heures et demie passée. Dans la cuisine, les deux filles surveillent le feu. Visiblement elles ont la situation bien en main. Je les aide un peu pour la forme, avant de massurer quil ne reste rien à faire de mon côté. Je décore de quelques objets de Noël le rez-de-chaussée, et me décide à enfiler mon jogging pour aller courir. La chaussée et les trottoirs sont dégagés, et je peux profiter dun parc pas trop loin pour respirer un peu dair frais. Même si le froid qui rentre par-dessous ma veste me fait frissonner, la chaleur que me procure la course est revigorante. Comme on peut sy attendre un 24 décembre en fin daprès-midi, le parc est vide. Au bout dun moment, des flocons de neiges flottent élégamment dans le vent avant de se poser au sol, signe annonciateur dune nuit blanche. Mieux vaut rentrer maintenant. Une nouvelle douche simpose. Une fois débarbouillé, je me décide à choisir ma tenue. Voyons, voyons. Quest-ce que jai envie de porter ? Chemise fantasy ou cravate ? Les vêtements sentassent sur mon lit. Non, non, non, peut-être, mouais, bof, pas pour cette fois, oh, elle est cool cette chemise. Motifs de feuilles et branchages, aux couleurs bleu roi et or. Va pour celle-ci. Pantalon en tissu noir, ceinture noire, chaussettes noires, chaussures noires. Je suis fin prêt à passer la pire soirée de lannée, avec mon meilleur costume. Mes vêtements éparpillés sur mon lit retrouvent, plus ou moins, leur place dans larmoire. Quelle heure est-il ? 17h55. Jattendrai nos invités dans le salon. Ma sur me rejoint en sortant de la cuisine.
- Mais dis-moi, cest que tes super mignon ce soir ! Tu sors pour draguer quelquun ?
- Cest ta faute ! Jai dû monter la barre assez haut vu ta tenue.
- Faute que jassume entièrement.
Elle me fait un câlin. Une fois dégagée, elle observe la table que jai préparée, et arque un sourcil en voyant la bougie. Cest vrai quelle a regardé dans mon sac. Je mapproche de la fenêtre en soupirant et tourne la tête vers la rue. Un petit manteau blanc couvre déjà le toit des maisons alentours, alors quune sableuse passe en amont des problèmes de circulation. Une voiture se gare en face de la maison, nos invités sont arrivés. Ils sortent du 4x4 alors que la lampe devant la porte dentrée sallume. Quand je le vois, ma bouche sétend à men décrocher la mâchoire. Heureusement pour moi que la lumière masque ma présence sinon je serais grillé.
- Eh oh ! Je te parle !
Ma sur me lève la mâchoire inférieure de lindex pour la remettre à sa place, et jette un coup dil dehors.
- Ah. Oui. Bon. Daccord. Jai compris. Dis, une fois que tu auras fini de reluquer les flocons, tu pourras peut-être maider à accueillir nos convives
- Euh
oui, oui.
Je me précipite dans le couloir.
- Papa ! Les invités sont là !
- Jai presque fini !
Le carillon informatique sonne. Je prends la clé sur son portoir, ouvre et salue ceux qui vont passer Noël avec nous. Blaise est tout sourire. Il me serre la main vigoureusement. Vient ensuite Viviane est plus contenue, qui me fait une bise polie avant de faire des petits pas au chaud en éparpillant un peu de neige au sol. Vient Théo. Il est canon. Juste
canon. De courts cheveux noirs en bataille, un visage émacié à la peau légèrement basanée, et des yeux bleu océan. Une chemise blanche au dernier bouton ouvert, laissant deviner une taille svelte et musclée. Un pantalon noir avec une ceinture de cuir brune élégante. Un léger renflement entre ses jambes discret, mais tout de même troublant pour mon il aguerri, et des chaussures de fêtes. Je lui serre la main en essayant de garder un visage impassible, chose non aisée, et le laisse rentrer. Je ferme la porte pendant que mon père descend, enfin habillé. Une fois les présentations officiellement faîtes, je récupère les manteaux pour les poser sur des cintres, et rejoins tout le monde dans le salon. Chacun trouve une place, qui sur un fauteuil, qui sur une chaise, arrangés en rond pour la discussion. De façon inattendue, cest mon père qui commence la discussion, vite rejoint par Blaise et Félicia. Je participe un peu, plus quand on me pose des questions. Les cacahouètes et les chips sont consommées, et rapidement remplacées, la bouteille de champagne, sablée, et sifflée lorsque vient le moment de se mettre à table.
On me complimente pour la décoration. Je prends place pour donner lexemple, et voit Blaise regarder les écriteaux, pour sinstaller à côté de la place de ma mère. Théo sassoit en face de moi. Mais pourquoi est-ce que ? Mais ?? Ce nétait pas lordre que javais prévu, si ? En tournant la tête, je vois ma sur me sourire. La peste elle a osé ! Jhésite un instant entre lenvie de l pour son audace, et de lui faire un câlin de remerciement, me ravise, et reste assis.
Ma mère arrive avec les entrées froides quelle place sur la table, en bougeant quelques babioles. Elle renverse la bougie en posant lun des plats. Heureusement que jai eu la présence desprit de la laisser éteinte. Je la remets debout. Lorsque je regarde Théo, il fixe la bougie, perturbé. Puis ses yeux font un aller-retour entre la bougie et moi. Non ! Cest pas possible !? Nouvel aller-retour de ses yeux, cette fois une lueur plus sensuelle. Je baisse les miens en rougissant. Aucun doute, elle ne lui est pas inconnue. Quand je les lève à nouveau, un sourire en coin sest dessiné sur ses lèvres. Je suis sorti de force de cet échange privé par mon père, qui me passe lassiette de lentrée. Foie gras avec petits toasts chauds, gelée, un peu de sel et confit doignons. Jévite de trop me focaliser sur la personne en face de moi, pour savourer pleinement mon assiette. Nous sommes tous les deux silencieux, ce qui nempêche pas les autres de parler de tout et nimporte quoi. Heureusement, ils ne nous remarquent pas. La chaleur des toasts se marie avec lonctuosité du foie gras et le sucré du confit. Délicieux, même si on ne finira jamais le plat principal à ce train-là. Pourtant, tout le monde dévore chaque bouchée avec appétit. Je jette tout de même des regards à Théo, pour le contempler, ce quil me rend avec zèle. Les assiettes sont dévalisées, alors quarrive lentrée chaude, présentée par ma mère, et commentée par ma sur. Poêlée de homard avec des asperges mi-cuites en sauce. Nouveau service, on remplit les plats, et bientôt les ventres. Le homard a beaucoup de goût. Il semble plaire à la tablée. Jen reprend une fourchette. Théo mange une asperge en me regardant. Il, Il
Je métouffe en mempourprant. Mon père me donne une claque dans le dos sans même tourner la tête, en continuant sa discussion avec Viviane. Ok il la mangeait pas, il me chauffait avec, et je nétais pas du tout prêt à voir un invité particulièrement attirant me mimer une pipe durant un repas de Noël. Je reçois un verre de vin blanc et le bois aussitôt, avant de regarder le verre vide confus. Si je commence à assécher mes verres aussi vite, je narriverai pas à me retenir de lui sauter dessus devant tout le monde. Je reprends ma respiration, en essayant de retrouver mon calme. Aucun autre incident durant cet dégustation dhomard et
dasperges. Ouf.
Félicia minterpelle une fois mon assiette finie.
- Max tu veux bien maider pour couper le plat principal ?
- Jy vais !
Jentre dans la cuisine et prend un gros couteau à viande pour trancher des parties de veau. Ma mère na pas lésiné sur le contenu. On devra en manger le restant de la semaine. Ma sur arrive quelques secondes plus tard. Elle sarrête à côté de moi, croise les bras en me scrutant, et me souffle à voix basse.
- Il ta dévoré des yeux depuis le début du repas.
Jessaie de me concentrer sur la taille de lénorme pièce de viande devant moi et finis par répondre doucement.
- Féli, je men suis rendu compte, je suis en face de lui.
- Tu veux le champ libre ?
- Comment ça le champ
- Max, tu sais ce que je veux dire. Tu ne las pas non plus quitté des yeux. La seule chose qui me surprend, cest quaucun de vous deux ne se soit fait prendre.
Mes joues piquent un fard pendant quelle continue.
- Jai encore des tas de sujets de discussion, pour garder les têtes vers moi, et Viviane et Blaise ont lair de trouver ça passionnant. Quant à papa, il na pas encore sorti de sujet qui fâche, tout va bien. Donc, souhaites-tu rester dans lombre et profiter de ta soirée ?
Je place les féculents et les légumes sur les assiettes en marmonnant.
- ment, si tu me le vends comme ça je ne peux quaccepter
- Toujours un plaisir daider mon ptit frère.
Elle me fait une petite bise, me faisant passer au rouge pivoine.
- Vous vous en sortez tous les deux ?
Je manque de bondir au plafond, le couteau de boucher encore en main, en entendant ma mère derrière moi. Ma sur me devance précipitamment.
- Oui, maman, tu peux retourner tasseoir, les plats arrivent.
Portant les deux assiettes que jai finies de préparer, ma sur me lance un clin dil aguicheur, fonçant encore plus mes joues déjà bien rouges. Elle refait des passages, et me laisse servir les deux dernières assiettes.
Je nai même pas besoin de deviner à qui il en manque une. Nouveau clin dil complice de ma sur quand je passe la porte. Je me dirige donc à lopposé de ma mère pour servir mon Théo séducteur, non sans frôler légèrement sa main, créant une petite décharge électrique qui se répercute dans mon bras. Il nest plus le seul à aborder un regard de braise. Maintenant que je sais que ma sur va me couvrir, autant savourer ce repas jusquau bout. La viande fond dans ma bouche. Elle se marie parfaitement avec la sauce de morilles, et la purée de marron, sans oublier le vin rouge qui réhausse son intensité. Ayant encore un peu faim, et voyant aussi lassiette vide de lautre côté de la table, je récupère nos assiettes pour nous resservir. Profitant de mon moment seul dans la cuisine, je glisse une asperge de lentrée dans celle de mon charmeur, avant de continuer à la remplir normalement et retourner dans la salle à manger. Je maccorde un petit sourire coquin, en lui tendant. Pendant cet interlude, ma frangine est partie dans un débat passionné avec Blaise sur les différentes places de la politique dans lhistoire. Ils ont débuté à lépoque romaine, alors jai le temps. Notre jeu de séduction continue jusquà ce que ma mère se lève pour débarrasser. Dun commun accord silencieux, nous arrêtons temporairement notre drague mutuelle pour reprendre le fil des discussions. Il semblerait que le thème ait viré vers la dynastie Ming. Je ne veux même pas savoir comment. Le plateau de fromage et la salade ne font pas beaucoup dadeptes. Il faut avouer que plus personne na vraiment faim. Je prends un morceau de lun, une cuillère de lautre mais uniquement pour faire plaisir à ma mère. Je me lève discrètement pour lui glisser à loreille quil faudra oublier lun des deux desserts. On se fixe sur le fait de garder la bûche, et de la servir après les cadeaux. Blaise narrive pas à se retenir de bailler un grand coup, rapidement imité par Viviane.
- Piouuu. Je suis plus tout jeune moi, je ne tiens plus les soirées. Et ma balance ne va pas maimer demain.
- Ne vous inquiétez pas Blaise, il ny a plus que le dessert, cest promis.
- Au moins les s sont en forme ! On a limpression quils pourraient passer la nuit sans dormir. Pas vrai ?
Je saute sur une occasion qui ne se reproduira peut-être jamais.
- Au pire, si vous le souhaitez, on peut héberger Théo cette nuit. En matière de discussion, Félicia est capable de nous garder éveillés jusquà demain matin. On pourra papoter sans voir le temps passer.
Blaise hésite un peu.
- Bah on veut pas vous gêner, si vous avez des choses de prévues demain.
- Ne vous inquiétez pas, cette année, cest un réveillon tranquille sans contrainte. Ce sera avec joie.
- Je sais pas, quen penses-tu Théo ?
- Si ça ne vous pose aucun soucis, je veux bien rester coucher ici.
Ma sur lève subrepticement le sourcil au choix de son vocabulaire à double sens, puis redeviens imperturbable. Je me tourne vers mes parents, essayant de ne pas paraître trop implorant.
- Maman, papa, on peut ?
- De toute façon, on ira probablement se coucher aussi, donc faites-vous plaisir les jeunes.
- Super !
Un sourire victorieux se développe sur mon visage. Je jette un coup dil à Théo, il est aux anges. Je regarde ma sur
qui me fait un petit signe de tête pour me montrer la pièce dà côté. Je comprends le message, et me mets à débarrasser. Une fois que jai toutes les assiettes, je vais les poser sur la table de la cuisine enfin vidée de la quantité gargantuesque de nourriture. Félicia me rejoint.
- « Discuter » hein ? Bah évitez de « discuter » trop fort cette nuit tous les deux, histoire de pas réveiller papa et maman. Dailleurs, tu as pensé à prendre un cadeau pour Théo ?
- Papa et maman sen sont chargé, on devait aussi le faire nous ?
- Je lui ai pris une bricole, après cest toi qui vois. Si tu as un cadeau pour lui, je le mettrai sous le sapin, sinon, on fera sans.
- Attends, jai peut-être une idée ! Elle est pas mal osée, mais il devrait apprécier, daprès ce que jai pu constater.
- Une idée osée sous le sapin à la vue de tous ?
- Mais ! Frangine ! Je suis peut-être idiot, mais pas à ce point-là ! Je lui offrirai dans ma chambre.
- Je veux pas savoir quel cadeau tu veux lui donner ?
- Tu veux pas savoir quel cadeau je veux lui donner.
- Vendu. Je vais couper la bûche en petites parts, histoire de pas trop en gaspiller, avec un peu de glace pour aider à faire descendre. Je suppose que tu las pas emballé. Tu as trois minutes. Top.
Je file dans ma chambre en sautant les marches quatre à quatre. Le scotch, les ciseaux et le papier cadeau sont encore sur mon bureau, attendant dêtre rangés. Je déballe le papier, récupère mon sac brun, en tire la boîte, la pose. Je coupe rapidement la partie qui me servira pour lentourer. Je plie élégamment pour faire quelque chose dun minimum soigné, je mets le scotch, cest bon, il est prêt. Je regarde ma montre, 2m47. Je le cache sous un vêtement, et reviens dans le salon le plus naturellement possible.
Dans cette pièce, on sent que la soirée est en train de se terminer. Les mines se font fatiguées, les discussions, plus tranquilles. Chacun mange sa part doucement, cueillant petit bout par petit bout la part de gâteau, rafraîchie par la boule de vanille. La fraicheur de la glace fait un bien fou. Mon ventre est tendu à lextrême, comme doivent lêtre ses compères autour de la table.
Enfin, le repas est fini. Les serviettes sales viennent rejoindre les cuillères dans les assiettes à dessert. Des petites tasses à café blanches et leur soucoupe assorties sont déposées en face de chaque être repus, afin de rester éveillé en ces derniers instants du réveillon. Ma mère revient enfin, et comme la maîtresse de maison quelle est, dirige la dernière étape de la soirée. Elle saisit auprès du sapin un cadeau au hasard dans chaque main, et se tournant vers nous, sexclame :
- Et maintenant, après leffort, le réconfort. Les cadeaux !
Les chaises raclent à lunisson, alors que dun geste commun, nous nous levons pour nous approcher du sapin. Ma mère et Félicia font le service, et distribuent les boites colorées à leur destinataire. Chacun se place à un endroit disponible pour libérer les présents de leur paquetage. Je recule un peu ma chaise, et pousse la vaisselle sale au centre de la table, où jy pose mes cadeaux. Jen ai eu trois, ainsi quune enveloppe. Lenveloppe, je sais déjà ce que cest. Chaque réveillon, ma mère a lidée de prendre des jeux de grattage pour le fun. Je louvrirai en dernier. Je commence par le petit paquet, il vient de mes parents. Ils mont pris un beau carnet décriture. Lidée a dû leur venir quelques semaines plus tôt, moment pendant lequel je leur avais fait part de ma volonté décrire des petites histoires sur des sujets divers. Voyons voir le deuxième cadeau. Celui-ci vient de nos invités. Un jeu de société Cranium. Les six facettes de la boîte sont remplies de blagues au second degré. Si mes souvenirs sont exacts, cest le même style quun Trivial Poursuit. On doit répondre à des questions de culture générale pour avancer sur le plateau. Enfin, le dernier cadeau vient de ma sur. Jarrache le papier, et voit deux boîtes de puzzle de mille pièces. Je vais en avoir pour un petit moment à les finir. Le premier ce sont des chats qui se roulent dans lherbe. Ils sont adorables. Je regarde la deuxième photo, et rate un battement de cur. Cest la couverture de Week-end. Je recommence à rougir un peu, car lhistoire nest pas aussi innocente que laffiche ne le laisse croire. Je la collerai à un cadre que jaccrocherai à ma chambre. Je suis un fan, et je lassume. Je pose mes nouvelles acquisitions en poussant un peu la vaisselle sale, et ouvre lenveloppe, avant de commencer à gratter les cases gagnantes. Je men sors avec un honorable 9 cumulé. Ça me fera mon prochain kebab avec des potes.
Tout le monde a lair content de ses cadeaux. Javais pris des bêtises de Cambray pour Félicia, quelle est déjà en train de manger. Mes parents remercient Blaise et Viviane, et vis-versa. Quant à Théo, il a ouvert sa boîte de casse-tête et sessaie à un mécanisme à base de ficelle reliée à des pièces en bois imbriquées les unes dans les autres. Le CD des musiques de Noël qui tournait en fond sonore a lair de sêtre arrêté. Je regarde lheure, il est 23h passé. Même si la journée ma un peu épuisé, je suis excité comme une puce à lidée de passer la nuit avec Théo. Ma mère sert des petites tasses de café pour aider nos invités pour la conduite sous un temps enneigé. Je vais dans la cuisine pour sortir une grande tasse que je remplis, et vide dun trait. Ma nuit, elle, nest certainement pas finie.
Vient le moment des au revoir. Je donne leur parka à Viviane et Blaise, avant douvrir la porte pour les laisser passer. Dehors, le climat est un conte de Noël. La neige recouvre les trottoirs et les maisons. La route est raisonnablement nettoyée, quant aux flocons, ils virevoltent deçà-delà, pareils à la feuille morte, un jour dautomne. Lair froid envahit le couloir, accueillant les fêtards dune étreinte glacée. Après les embrassades et poignées de main, les voilà assis dans la voiture couverte dun nouveau toit blanc. Les phares sallument, projetant des lumières blafardes sur la route, alors que le moteur ronronne doucement. Blaise entrouvre la fenêtre coulissante en secouant la main.
- Et faites pas trop le bazar les jeunes !
Je fais de même en souriant à ses mots. Si ils savaient
Jentends mon père depuis la vitre ouverte de la salle à manger.
- Rentrez bien !
Je referme la porte, la verrouille, et tombe nez-à-nez avec Théo.
- Bouh !
Je sursaute légèrement à cette attaque surprise. Un coup dil à la porte qui mène à mon père. Fermée. Autre coup dil en bougeant un peu la tête en direction de la porte fenêtre vers la cuisine. Personne en vue. Théo qui se retourne pour comprendre ce que je regarde. Jen profite pour approcher à pas de loup de lui. Il est un peu plus grand que moi. Lorsque sa tête revient dans ma direction, je prends ses mains collées contre son corps dans les miennes, hausse mes pieds de quelques centimètres, et lembrasse sans plus de cérémonie. Puis je recule dun pas, le tenant toujours, avant de lui faire un grand sourire.
- Bouh.
Il retient un petit rire pour ne pas attirer lattention. Craquant.
- Cétait un tout petit bisous ça !
- On se fera un plus gros bisous dans un endroit plus discret et intime, cest promis.
Il se lèche les babines.
- Jai hâte.
- Moi aussi.
Ses mains sont chaudes, et douces, mais je dois les lâcher. Je suis conscient de briser une partie de la féérie du moment, cependant je nai pas envie davoir de regards ou de questions indiscrètes pour linstant.
Je pense que mes parents vont vouloir débarrasser les déchets de la table, en laissant là ce qui est sale au lendemain. De toute façon, rien nest transférable de la salle à manger à la cuisine. Cette dernière a lair davoir été prise dans un maëlstrom terrible, où casseroles, couvercles, couverts, plats et autres ustensiles ont échoué partout sur le plan de travail. Certaines piles marrivent à hauteur du menton, et lévier est proprement inaccessible. Le lave-vaisselle tourne à plein régime, et ne se désemplira pas avant au moins demain soir. Jentends ma mère faire du bruit dans la pièce à côté, en train dempiler les cadeaux temporairement, avant de leur dassigner à chacun une place. Elle vient déplacer ce qui traîne ou la gêne, pour remplir une cruche deau, quelle ramène dans le salon. Il savère que Blaise et Viviane lui ont pris un petit palmier en pot quelle est en train darroser. Une idée originale il est vrai. Pendant ce temps, mon père vide la table des déchets. Ils vont bientôt aller se coucher, ça se voit.
Quant à Félicia, elle est déjà montée pour se laver les dents. Elle va juste rester pour linstant hors de son lit pour maintenir lillusion de passer la nuit avec moi et Théo. Après quelques minutes, attendant que mes parents soient couchés, je monte avec Théo dans ma chambre pour quon puisse passer aux choses sérieuses
Je mavance, Théo reste respectueusement sur le seuil de la porte. Je lui fais un petit « vient ! » de la tête pour quil rentre. Après un rapide aperçu de mon lit, je récupère le cadeau, me retourne et le lance à mon partenaire de la nuit.
- Att !
Je lui envoie le cadeau tout neuf avant daller dans la salle de bain. Je me lave les dents, puis range la brosse et le tube dans le tiroir. En regardant à nouveau le miroir, je vois derrière moi une canne à sucre entrer et sortir de la bouche de Théo. Il la sort enfin de sa bouche et sapproche.
- Je nai pas de cadeau pour toi, moi.
Je me retourne en baissant les yeux, fixant la bosse bien formée dans son entrejambe.
- Je suis sûr que si. Il ne demande quà être déballé.
Je fais deux pas dans sa direction en relevant le regard. Nous sommes tout près lun de lautre. Il lève sa main libre pour me tenir le menton, et approche son beau minois. Nos bouches souvrent lune à lautre, nos lèvres se touchent, nos langues se découvrent, se caressent, se lient, se mélangent. Cette fois, je peux en profiter autant que je le veux. Pas de bruit, pas de vue, pas de pensée négative, juste le plaisir du moment.
Théo rompt le baiser pour respirer un peu, en secouant la tête.
- Tas pas menti quand tu parlais dun gros bisous.
Je fais un sourire provocateur.
- Bah alors ? Déjà essoufflé ?
Piqué au vif, il mengloutit à nouveau la bouche, pour faire taire linsolent que je suis. Jai chaud. Théo est un brasier de sensations charnelles que je nai pas goûté depuis trop longtemps. Je mabandonne totalement à son baiser langoureux en fermant les yeux. Mes bras viennent entourer son corps finement travaillé. Monsieur fait du sport régulièrement. Je sens ses mains descendre le long de mes reins, alors que dun geste agile, il mattire à lui jusquà ce que nos corps soient collés lun à lautre. Mon érection me fait mal tellement elle est serrée dans mon boxer. Nos deux bosses se frottent lentement, tendant encore plus les muscles de mon pénis. Cest une sensation on ne peut plus agréable. Mais il faut que je reprenne mon souffle. Jéloigne ma tête, et pantèle légèrement. Ce deuxième baiser sensuel se termine enfin, alors quil me regarde avec un sourire goguenard.
- Cest pas la dernière fois que tu vas haleter mon coquin
Profitant de son étreinte lascive, et de mon cou à découvert, Théo se fait entreprenant, et me bécote le cou, avant de me faire un petit suçon sur le côté gauche. Ma nuque frémit sous ses lèvres charnues, ainsi que le bout de sa langue qui titille ma peau fine.
- Mmmh
alors comme ça, tu marques ton territoire, hein ?
Il me mordille la peau un peu plus fort.
- Aie ! Fais attention, on va se faire capter.
- Oups désolé.
- Pas grave, jai aimé. Jai chaud, pas toi ?
Pour toute réponse, il enlève son Tee-shirt devant moi. Par-fait. Je me rince lil devant ses abdos expertement sculptés.
- Bah alors ? Tas peur de me montrer ton bidon ?
Je souris en mexécutant, provocant un petit sifflement de Théo.
- Je retire ce que jai dit, jai de la concurrence.
- Quest-ce que tu attends ? Il y a pas que ton ventre qui mintéresse
Je lui prends la main, et quitte la salle de bain. En traversant le couloir, jai entendu mon père ronfler, ce qui est bon signe. Je remarque quil na pas lâché mon gode. Enfin, son gode, maintenant. Bref. Il ferme la porte de ma chambre, et nous nous approchons tous deux du lit. Je massoie et enlève mon pantalon et mes chaussettes, pour rester en caleçon. Ce dernier est déformé par mon érection, difficilement ignorable. Debout, Théo mimite. Il met ses vêtements désormais inutiles sur mon fauteuil de bureau, et savance vers moi. Je me couche sur le lit, alors quil se laisse tomber en me surplombant, mains en avant, de chaque côté de ma tête. Baiser sexy rapide cette fois. On en veut plus tous les deux, et on est prêt à franchir le pas dun instant à lautre. Je lui souffle sensuellement.
- Avance un peu, que jouvre mon cadeau.
Il dépasse ma tête à quatre pattes, jusquà ce que son gros paquet soit devant mes yeux. Meilleur. Cadeau. De. Ma. Vie.
Mes mains se lèvent. Elles tâtent son fessier, massent les deux lobes musclés, et sapprochent de lélastique tendu. Comme un diable dans sa boîte, le sexe de Théo surgit devant mon nez. Son odeur musqué manque de me faire chanceler. Je respire à pleins poumons cette odeur de mâle, de puissance, damour, et de jouissance prochaine. Je fais descendre son caleçon jusquà ses pieds, et lenvoie rejoindre le reste du tas de tissu. Il est à moi. Comme en réponse à une question silencieuse, Théo abaisse son corps. Je peux enfin prendre sa queue en bouche. Je le fais sans hésiter. HMMMM ! Jen avais besoin. Jen avais dé-fi-ni-ti-ve-ment besoin. Elle fait au moins 18cm. Un régal. Pour ma bouche, et bientôt pour mon cul. Il sortira pas de ma chambre avant davoir juté en moi. Cest mort. Je suce délicatement ma friandise, passant ma langue autour de son gland. Mes mains viennent soupeser ses couilles pleines. Je lève la tête à répétition pour passer la majeure partie dans ma bouche. Jentends Théo gémir derrière moi, il a lair de prendre son pied. Bientôt, sa respiration devient plus saccadée. Je mapplique à presser plus fort ma langue contre son gland, passant et repassant contre son orifice, aspirant son frein, jusquà lentendre gémir.
- Attends ! Je vais-
Je ne lui laisse pas le temps de finir. Je lui mets deux petites claques sur les fesses en les saisissant pour le forcer à aller au plus profond de ma bouche. Sen est trop pour lui, il jouit à profusion directement dans ma gorge. Il revient non sans me lâcher un autre jet dans la bouche, que je déguste, et savoure.
- Salaud ! taurais pu me prévenir que tallais me faire faire une gorge profonde !
Je me lèche les lèvres, avant de lui minauder.
- Je pouvais pas, javais la bouche pleine.
- Tu vas voir, il y a pas que ça que je vais remplir
En attendant, recule sur ton lit. Il y a pas de raison que je sois le seul à avoir un traitement de faveur.
- A tes ordres chef !
Je gesticule pour me mettre complètement sur le lit. Théo fait un 180° et vient soccuper de mon érection douloureuse.
- Eh bien, eh bien. Elle est à létroit ta queue. Je vais arranger ça.
Et il menlève la culotte, non sans avoir fait tendre mon sexe au maximum avec lélastique. Puis il vient sapprocher de mon mât tendu vers lui. Il prend une inspiration, et souffle dessus. Ma peau sensible palpite sous la sensation. Lenfoiré, il me psychologiquement. Je me laisse porter par les sensations de mon corps en fermant les yeux, avant de lui remettre une petite tape sur la fesse en guise de revanche. Théo sapproprie finalement ma queue. Sa bouche est moite, sa langue adroite. Il caresse chaque parcelle de peau, sortant parfois mon sexe pour le lécher du côté. Il malaxe mes bourses dune main, puis titille lentrée de mon petit trou de lautre. Il y a pas à dire, cest un pro de la baise. Je vais plus tenir longtemps. Il laisse quelques secondes ma queue à lair, puis reviens dessus. Je sens alors un truc humide à lentrée de mon anus. Ça sannonce encore mieux que je le pensais
Il continue ses va-et-vient le long de ma hampe, et presse de plus en plus fort le gode contre ma rondelle. Cette dernière finit par souvrir lentement comme une fleur, à mesure quil fait pénétrer doucement lobjet en moi. Il relève la tête pour se concentrer sur mon visage. Je suis tellement excité par ce nouvel arrivant quarrivé au fond de mon cul, je gicle intensément, répandant mon sperme sur mon ventre. Encore sonné de cette assaut sexuel intense, je reprends lentement une respiration normale. Je lui fais une petite moue en messuyant dun mouchoir mon ventre encore humide.
- Espèce de !
- Espèce de quoi ?
Il me regarde de ses beaux yeux. Je fonds.
- Espèce de mec magnifique qui ma donné le meilleur orgasme de ma vie. Viens là.
Il me surplombe toujours, son sexe à demi tendu.
- Oui ?
Je profite de son inattention pour entourer son dos de mes deux bras, et le faire tomber à la renverse pour récupérer lascendant sur lui. Il est couché sur moi, mon cul juste devant son entrejambe.
- Tes un dieu du sexe.
Un sourire jusquaux oreilles le prend.
- Tes pas trop mal non plus
Jaffiche une mine offusqué, mais en voyant son visage provocateur, je comprends quil se fout de ma gueule. Là, cest moi qui suis piqué au vif. Je mempare de sa bouche que jinvestit pour le faire taire. Il me rend goulûment mes coups de langues passionnées. Mon corps est brûlant de désir pour ce mec. Ces bras se meuvent en spirales de caresses, alors que mes mains tiennent se visage angélique. Je les sens tout doucement descendre le long de mon aine, puis de mes fesses. Il sy arrête, y tourne, les tient fermement, puis les rapprochent lune de lautre. Mince ! Le gode ! Il est toujours là. Ses doigts le touchent, le font bouger un peu. Je ne peux pas retenir un petit cri, couvert par sa bouche. Il le saisit plus fermement, et commence à nouveau à faire des mouvements lents, tout en me pénétrant en rythme la bouche avec sa langue. Je nen peux plus, je vais craquer. Je pousse sur mes bras, mextirpe du baiser, lair déterminé. Théo affiche une mine confuse, un peu craintif davoir fait une gaffe. Je mécarte de lui de lautre côté du lit, me positionne à quatre pattes dans le sens de la longueur, parallèle à lui. Je retire le gode de mon anus et lui ordonne.
- Prends-moi. Maintenant. Tout de suite.
Sa confusion laisse place à une bouille illuminée ; sa tête, de soucieuse à radieuse. Sa queue sest tendue en un instant. Je lui tends une bouteille de lubrifiant. Il prend appui sur ses bras, se lève, me fait une petite bise dans le cou, avant de se mettre derrière moi. Mon baiseur menduit la raie. Je sens le liquide froid au contact de ma rosette, qui me fait frissonner, par la différence de chaleur, et par lappréhension dêtre enfin rempli. Ensuite, je le perçois contre mon oreille.
- Tes désirs
Je sens son pénis contre lentrée.
-
Sont des ordres !
Il me prend dun coup. Sa bite et mon trou ne font plus quun, alors que je madapte à la taille de son monstre. Jai failli pousser un autre petit cri, mais je me suis obstrué la bouche de ma main pour ne pas attirer lattention. Il la remue peu à peu, de droite à gauche, de haut en bas, ensuite davant en arrière, toujours lentement. Puis, il commence à accélérer en continu. Et Théo accélère. Et il accélère à nouveau. Je suis obligé de mettre ma tête contre loreiller pour ne pas me faire entendre.
- Alors ? Tu laimes ma bite ?
- Vas-y ! Plus fort ! Ne tarrête pas !
Je mords ma lèvre inférieure pour un gémissement de satisfaction. Les impulsions se répercutent dans tout mon corps. Des vagues de plaisir déferlent à chaque aller-retour de son sexe au creux de mes reins. Des étoiles dansent devant mes yeux, alors quil frotte constamment ma prostate en feu. Je perds toute notion du temps. Tous mes nerfs se sont réunis autour de ma petite glande qui subit les attaques répétées dune bite gorgée de sang, encore, et encore, et encore. Mes pensées confuses sont toutes tournées vers le plaisir.
Finalement, je sens Théo accélérer une dernière fois. A ce moment, je suis réduit à une boule dénergie sexuelle. Sa queue se gonfle, déchargeant en moi son sperme épais et chaud, alors que dans un ultime râle, il se vide à lintérieur de mes entrailles. Electrisé par la décharge de sa semence, je jouis du cul en plusieurs longs jets libérateurs. Tant pis pour les draps, ils iront au nettoyage demain. Assommé, et rompu, je maffale sur le lit. Je sens ce membre délicieux sortir graduellement de mon orifice enflammé, jusquà séchapper en un plop divin. En lespace de quelques secondes, jai une sensation de vide à combler. Mais cest normal. Ça se calmera.
Je le sens se coucher tout prêt de moi.
- Eh !
- Quoi ?
- Tétais génial.
Puis, il me fait une bise sur la joue. Je me redresse un peu pour le contempler, encore. Quest-ce quil est mignon. Je mallonge sur le dos, et regarde le plafond. Jai passé la plus belle soirée de ma vie, même si ça ma totalement vidé. Et remplis. Je souris un peu à ma dernière pensée. Sa tête se dresse au-dessus de la mienne. On dirait quil veut un nouveau baiser. Je prends sa tête dans mes mains pour lamener à moi amoureusement. Nos lèvres souvrent lune à lautre. Je ferme les yeux, puis, cest le noir dans mon crâne.
Je le sens vaguement bouger à côté de moi. Il se réallonge, et nous couvre de ma couverture, avant de me serrer fort dans ses bras. Mes pensées se font de plus en plus confuses, alors que je sombre dans un sommeil profond.
Le lendemain matin, je me réveille comme un bébé. Théo est déjà levé, assis sur ma chaise de bureau, me regardant. Il a mis son pantalon, mais me laisse toujours admirer ses pecs. Je me frotte les yeux avant de lui sourire avec difficulté.
- Bonjour beau gosse.
- Hey ! Bien dormi ?
- Oh merde. Désolé pour hier.
- Désolé pour quoi ? Mavoir dragué ? Embrassé langoureusement ? Mavoir offert ton petit cul sur un plateau ?
- Non, pour le black-out.
- Tinquiètes. Tu tes pris des coups de boutoir pendant une demi-heure sans broncher. Normal que tu sois éreinté
- Je men veux quand même un peu.
- Mais non, mais non. Il y a vraiment pas de quoi. Et pis, tes mignon aussi quand tu dors.
Sen suit un silence un peu gênant, mais de courte durée. Mon ventre grogne de mécontentement. Je me lève en me dirigeant vers ma porte de chambre.
- Toublie pas quelque chose ?
Il me lorgne lentrejambe. Je bande à fond.
Mince jallais partir à poil ! Il éclate de rire en voyant ma mine déconfite.
- Bah alors
Habille toi.
Je bredouille un vague merci, en récupérant des affaires au pif, que jenfile rapidement. On descend en silence lescalier pour rejoindre la cuisine. Ma sur et ma mère sont déjà en bas, elles nous accueillent chaleureusement. Le petit-déjeuner tardif se passe sans vraiment se parler. Je suis à la fois content de ma soirée, et triste que ce soit déjà fini. Jaimerais quil reste plus longtemps, mais Théo doit rentrer. Une fois les ventres rassasiés, je me propose de ramener notre invité. Ça sera la dernière fois que je pourrai le voir. Je récupère les clés, lemmène au garage, et démarre la voiture. Il me guide jusquà chez lui. On descend de la voiture, et je laccompagne jusquà la porte. Théo louvre avec ses clés, puis rentre dans le vestibule. Je baisse la tête, prêt à men aller. Il appelle ses parents pour prévenir quil est rentré. Je fais un pas en arrière pour partir, quand je lentends revenir.
Il fait demi-tour, et ressort de lentrée de la maison pour se jeter sur moi. Il menlace et membrasse à pleine bouche, dun baiser rempli damour. Mes joues virent au rouge cramoisie. Au bout dun moment, du bruit derrière lui arrête notre dernier échange intime. Je rejoins la voiture, et une fois rentré chez moi, je veux misoler pour le restant de la journée. Je vais essayer de ne pas trop penser à ce qui vient de se passer. Je grimpe les escaliers, ouvre ma porte, la referme, puis me plaque contre elle pour me prendre la tête dans les mains. Ça va être compliqué de ne pas pleurer. Déjà une petite larme coule le long de ma joue. Je suis stupide aussi. Quest-ce que jattendais ? Rageur, je mavance pour récupérer un mouchoir sur le bureau. Je le sors et me mouche. Il y a un mot sur le bureau, avec un stylo à côté.
- « Si jamais tas envie de me revoir, pour passer des petits (ou des gros) moments ensemble, appelle moi :-p ».
Le salaud. Il a pensé à tout. Je souris, en murmurant.
- Cest promis Théo, cest promis.
Finalement, jaime bien les fêtes de fin dannée
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