Hébergement D'Urgence (23)

Au réveil, j’étais blotti dans ses bras. Elle me caressait la tempe, en souriant, du bout du pouce.
– Comment vous avez été câlin, hier soir, n’empêche, quand Alexis a été parti. Tout tendre. Vous l’êtes encore. Vous avez de la douceur plein les yeux. C’est souvent que c’est comme ça que ça se passe, à ce qu’il paraît, quand une fille, elle laisse enfermé un type un peu longtemps. Il a envie de se sentir plus proche d’elle. De lui donner davantage d’importance. Ça peut paraître bizarre, mais ce qu’il y a en fait, c’est qu’il lui est reconnaissant de pas pouvoir la désirer avec sa queue. D’être obligé de la désirer autrement. Mais ça, c’est quelque chose que pas grand monde peut comprendre.
Elle a approché son visage du mien. Tout près. Presque à le toucher.
– Donnez-moi vos yeux !
Et ça a doucement remué sous les draps. Sa jambe est venue s’arrimer à la mienne. Son autre main est venue se refermer sur la cage, m’a tout doucement poli la peau des couilles. Elle a respiré plus profond. Plus vite. Et son plaisir est venu. Qu’elle a grondé sans me quitter des yeux. Jusqu’au bout.

Elle a repoussé les draps.
– Vous voulez mon goût sur vos lèvres ? Oui ? Eh bien, venez alors !
Je suis descendu. Je l’ai bue, avec volupté, tandis qu’elle me pétrissait doucement la nuque. Avant de me repousser. Tout aussi doucement.
– Là… C’est tout…
Elle s’est levée.
– Vous m’aurez avec vous, comme ça, tout à l’heure, au magasin.
– Pourquoi ? Tu t’en vas ? Tu vas où ?
– J’ai rendez-vous avec Emma. Vous vous rappelez bien Emma ? Elle est passée un jour.
– Celle avec qui t’allais aux cours de gym ?
– Voilà, oui ! Ils vont reprendre. C’est sûr, maintenant. Alors on veut en parler un peu avant toutes les deux.

* *
*

Elle n’est revenue qu’en fin d’après-midi. Tout excitée.
– Faut que je vous raconte… Parce qu’alors là… D’abord on a vu Maxime, le prof.

Qu’est absolument ravi qu’on revienne. Du coup, en parlant, comme ça, après, je lui ai raconté à Emma qu’un soir, l’an dernier, je l’avais surpris en train de s’envoyer en l’air avec Hugo sur un tapis de réception. Elle en revenait pas. « Tu crois qu’il va recommencer ? » « Oh, à mon avis, oui. Avec Hugo ou avec un autre. Parce que comment ça a l’air de le tenir ! » On a un peu déliré là-dessus et puis on a décidé de se mettre en mode radar. Parce qu’elle est comme moi, exactement comme moi. Elle aime trop ça, voir deux mecs ensemble. Et je sens que c’est des sacrés bons moments qu’on va passer, nous, là-bas. Vous devriez venir, vous aussi, d’ailleurs. Pourquoi vous viendriez pas ? Ça vous ferait le plus grand bien n’importe comment un peu de gym. Faut pas s’encroûter à votre âge. C’est mauvais pour la santé.
– On verra.
– De quoi vous avez peur ? Que tout le monde s’aperçoive que vous êtes prisonnier en bas ? Je suis pas complètement idiote. À part vous, Emma et moi, personne se rendra compte de rien. Personne saura rien. Ah, ben, oui, attendez, oui, à elle je lui ai dit ! ment. On était en pleines confidences toutes les deux. Comment elle hallucinait ! « Si bien que le mec, tu peux bien l’exciter tant que tu veux, il y a pas moyen qu’il prenne son essor. Comment ça me plairait trop, ça, à moi ! Si j’étais à ta place, j’arrêterais pas de le provoquer. Toute la journée. Alors là ! » Mais elle est pas à ma place. Et c’est pas si simple que ça. En attendant, de fil en aiguille, je lui ai proposé de venir vous jeter un coup d’œil un de ces soirs. Ça vous dérange pas au moins ?
– Au point où j’en suis… Elle viendra quand ?
– Oh, vite à mon avis. Demain. Après-demain. Elle a trop hâte. C’est une fille super, vous verrez. Je suis sûre qu’elle va vous plaire.

* *
*

On venait à peine de fermer.
– Ben dites donc, j’aurai pas beaucoup bossé, moi, aujourd’hui…
Que son téléphone a sonné.
– C’est Alexis. Allô, oui, bonjour. Mais quand tu veux… Eh, ben ça marche ! Il y a qu’à faire comme ça.
Et elle a raccroché.
– Il a appelé en coup de vent. Il est en plein boulot.
– Il y a rien de grave ?
– Oh, non, non. C’est juste que depuis qu’on lui a parlé de « La paroi percée », il pense plus qu’à ça. Et il voulait savoir quand on ira. Je lui ai proposé demain. Ça vous va à vous ?
– Oui, mais…
Elle a éclaté de rire.
– Non, mais vous imaginez tout de même pas que je vais vous envoyer là-bas engoncé dans ce truc ! Faut pas le garder trop longtemps d’affilée n’importe comment, à ce que j’ai lu. Surtout au début. Alors juste avant d’entrer je vous libérerai. Dans la voiture. Que vous soyez en pleine possession de tous vos moyens. Il me racontera, Alexis. Et moi, de mon côté, j’irai avec Emma. Je l’appelle. Qu’elle nous réserve sa soirée.

Elle n’en a pas eu le temps. On a frappé. C’était elle.
– Ah, ben tiens, tu tombes bien, toi ! T’en serais demain soir d’aller à la boîte dont je t’ai parlé, tu sais, là…
– Oui.
– Non, ça a pas l’air.
– Oh, si, si !
– On dirait pas. Ah, je vois ! C’est autre chose qui te préoccupe pour le momen, hein ! Mais oui, il va te montrer, oui !
Elle m’a fait signe.
– Allez-y, vous ! Parce que tant qu’elle aura pas vu…
J’ai descendu pantalon et boxer.
Et Emma s’est penchée, tout près.
– J’imaginais pas ça comme ça. Pas du tout.
Elle a délicatement soulevé.
– Et alors du coup il peut pas du tout bander…
– C’est le but.
– Eh ben, dis donc !
Elle est restée un long moment absorbée dans sa contemplation. A fini par se détourner. À regret.
Coralie a demandé.
– Ça y est ? T’es satisfaite ? On peut parler ? Donc, la question était de savoir si t’avais envie de nous accompagner là-bas demain soir.
– Et comment ! Plutôt deux fois qu’une…
– Tu regretteras pas, tu verras. Surtout qu’on sera ensemble. Et puis après, quand on sera rentrés, s’ils ont gardé des forces, Alexis et lui, là, ils nous offriront un charmant petit spectacle. Rien que pour nous deux.
– Ils s’enculeront ?
– Si ça nous dit, oui. Il y a pas de problème. Pour ce genre de choses, ils sont toujours partants.

* *
*

Après dîner, elles sont allées se réfugier dans la salle de bains. D’où me sont parvenus de grands éclats de rire. Et puis des appels.
– Hou… Hou… Ben, venez avec nous, quoi ! Restez pas tout seul.
Je ne me suis pas fait prier.
Elles étaient toutes les deux debout, nues, dans la baignoire. Coralie aspergeait Emma avec la pomme de douche. L’eau ruisselait sur ses seins, des seins lourds, veinés de bleu, aux larges aréoles claires, dont les pointes étaient fièrement dressées. Elle suivait la pente légèrement bombée du ventre, glissait le long de la douce encoche à nu refermée sur ses secrets.
– Qu’est-ce vous avez à me regarder comme ça ? Vous avez jamais une fille à poil ? Si ? Eh ben alors ! Venez me frotter le dos, tiens, plutôt. Au moins vous servirez à quelque chose.
Un dos qui surplombait deux amours de petites fesses bien bombées, aux hémisphères bien séparés, vers lesquelles je me suis, tout en lui lavant le dos, progressivement dirigé. Comme par inadvertance.
– Eh là ! Vous vous égarez pas un peu ? Faites-moi le ventre, tiens, plutôt, maintenant. Mais que le ventre, hein ! Ni au-dessus ni en-dessous.
Elle a longuement fixé ma cage.
– Peut-être que le reste vous pourrez un jour. Peut-être. Si vous êtes sage…