Samia - 37 Troisième Partie.
Le monde du travail.
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Lavion, je naime pas. Comme tous les Roms, je suis une voyageuse, mais par la route, pas dans les airs. Par contre, ce trouillard de Julien, lui, il est à laise. Ça va lui coûter cher. Il na pas à me faire honte.
On atterrit à côté de Lille et il fait... beau ! Nempêche, je préfère lAtlas. Amis du Nord, ne croyez pas que je critique votre belle région. On va dans la banlieue entre Lille et Roubaix et ce nest pas très glamour comme coin. Cest là que mon beau-père a ses usines et sa belle maison. On habitera dans lancienne conciergerie remise à neuf ! Mon beau-père me laisse deux jours pour minstaller en disant :
Après demain, soyez tous les deux à neuf heures au bureau.
Neuf heures ! Pourquoi pas six heures du matin ? Je ne dis rien car je suis sûre quil me répondrait « les ouvriers commencent à huit heures. ».
***
Le surlendemain, on attend dans le bureau de la secrétaire. Ça me fait penser à lécole, quand jétais convoquée chez le dirlo, parce que javais fait un nez sauce tomate à un garçon ou montré mes fesses à un autre. Cest long... Enfin, on entre. Le dirlo est derrière son bureau. On lembrasse, ce qui nous vaut un :
Pas trop de familiarités au bureau. Asseyez-vous. Voyons voir...
Pas sympa le dirlo ! Il dit à Julien :
Tu as été nul partout...
Cest que...
Par conséquent, tu vas toccuper de lentretien de lusine. Vérifier ce qui doit être réparé, repeint, nettoyé... Il faut aussi voir si le service de nettoyage fait bien son boulot. Tu es nommé directeur des services dentretien et de nettoyage. Lisa te mettra au courant, elle est très efficace.
Julien bredouille :
Oui, mais...
Si tu fais ça bien, dans trois mois, tu auras un poste plus important. En attendant, tu travailleras avec Lisa.
Il se tourne vers moi en disant :
À toi. Quest-ce que tu as comme diplôme ?
Le rat ! Comme si on pouvait faire de brillantes études quand on est tout le temps sur la route ! Je réponds :
Jai été jusquen première et puis.
Tu as un diplôme ?
Non, mais cest parce que...
Bon, tu pourrais superviser le travail dans un des ateliers, mais ce nest pas facile et les journées sont de 8 à 18 h.
Je fais la grimace. Il poursuit :
Ou alors...
Ou alors quoi ? Il va me proposer un poste de veilleur de nuit ?
Ou alors... Comme tu as un bon contact avec les gens, surtout avec les hommes, que tu nes pas trop bête malgré ton inculture et que tu ne tembarrasses pas de scrupules...
Nen jetez plus, Monseigneur, la cour est pleine ! Ah si, il en rajoute encore un peu :
De plus, tu es une fille du peuple, même si cest du peuple des Tziganes... Ça rassure les ouvriers, que tu ne sois pas de la haute société, toute Comtesse que tu sois devenue...
Je devrais men foutre de ce quil dit, mais non. Il termine... son réquisitoire :
Donc, tu devrais bien tentendre avec les syndicalistes. Cest un poste très important. Sans un bon dialogue avec les syndicats, lusine peut fermer... Tu pourrais être responsable des relations avec eux. La rémunération est importante. Cest un travail qui ne toccupera que le matin. Laprès-midi, tu seras libre. Sauf deux ou trois fois par semaine où tu devras toccuper de gérer lemploi du temps des clients importants : leur faire visiter lusine, retenir des places dans un bon restaurant et dans un music-hall ou une boîte de nuit. Tu feras équipe avec Suzy, une fille de la publicité. Je viendrai parfois avec vous, pour les clients vraiment importants. Quest-ce que tu en penses ?
Ça me botte.
À son tour de faire la grimace, tandis quil me dit :
Évite ce genre dexpression. Et puis, à lusine comme devant les clients, cest mieux que tu dises Monsieur.
Et en dehors de lusine... "Monsieur" ?
Tu peux mappeler par mon prénom quand on est seuls ou en famille.
Oh, 1000 mercis, "Monsieur".
Arrête de faire la conne, Samia !
Voilà, lui, il peut dire « conne » et moi je ne dois pas dire « ça me botte » quel enfoiré ! Il dit à Julien :
Va voir Lisa et établis un plan de travail avec elle.
Puis, à moi :
Et toi, va te présenter au délégué syndical.
Oui... "Monsieur". Il sappelle comment et il est où ?
Maxime Desallié et renseigne-toi pour savoir où il est.
Toujours aussi sympa, beau papa. Ah ! non "Monsieur", pardon. Il ajoute :
Ce nest pas un de chur ! Crée des liens mais fais-toi respecter. Tu fais partie des cadres.
Il appelle sa secrétaire par interphone pour lui dire :
Gisèle, conduisez mon fils et ma belle fille à leurs bureaux.
On suit Gisèle qui est une belle blonde avec un gros cul. Elle me montre mon lieu de travail. Cest simple, mais pas mal du tout... Un bureau, un fauteuil pour moi, deux chaises pour les visiteurs. Il y a une fenêtre, je vois même un peu de verdure et sur un mur, il y a une photo panoramique des usines.
La secrétaire va montrer son bureau à Julien. Après ce que son père lui a dit, je crois que ça va être un placard à balais !
À moi les syndicalistes. Je ne me fais pas trop dillusions, je vais être entre le marteau et lenclume, mais je compte sur mon charme et mes formes pour les mettre dans ma poche. Dabord, je vais aller voir Manu... Vous vous souvenez de mon enterrement de vie de jeune fille ? On a été proches, toutes les deux. Elle sest même assise sur mon visage, ce qui crée des liens. Cest une fille vraiment rock 'n roll.
En fait, je ne connais quune ou deux personnes dans cette usine, mais dans les bureaux, les cancans vont vite, tout le monde a lair de me connaître.
Je descends et jentre dans un atelier... Des rangs douvrières sont devant dénormes bobines de fil... Il y a beaucoup de bruit. Un homme vient vers moi et me dit :
Je peux vous aider ?
Euh... oui, je cherche Manu, je pense quelle travaille ici.
Et vous êtes ?
La femme de Julien de Préville.
Ah oui, bienvenue Madame. Je ne connais quune Manu et elle est mécanicienne.
Cest possible...
Prenez cette petite porte au fond, elle doit être là.
Je le remercie et jy vais. Jarrive dans une grande pièce. Il y a beaucoup moins de bruit. Plusieurs ouvriers en salopettes discutent autour dun moteur ou un truc du genre. Je leur dis :
Bonjour Messieurs, je voudrais parler au chef datelier.
Un gros homme me répond :
Cest moi.
Enchantée, Monsieur. Je suis Samia de Préville et je cherche Manu.
Classe, non ? Il est surpris que je lui tende la main et il me tend sa manche en disant :
Excusez-moi Madame, jai du cambouis sur les mains.
Pas de problèmes. Vous pourriez me dire où est Manu ?
Vous ressortez et vous prenez le couloir à droite. Elle doit être dans le troisième local. Vous voulez que je vous accompagne ?
Non merci, ça ira... Bonne journée Messieurs.
Je sors de la pièce et je sens presque leurs regards traverser le tissu de ma jupe légère. Je suis bien habillée : chemisier rouge, jupe noire un peu collante, escarpins, lingerie La Perla.
Je vais où il dit, je toque et jentre. Debout devant un établi, une femme lime une pièce. Cest Manu. Elle est en salopette, sans rien dessous. Ce qui est très sexy, parce que dès quelle bouge les bras, on aperçoit les pointes roses de ses seins et les poils noirs de ses aisselles. Elle est jolie, mais très peuple. C'est aussi une coriace, jen sais quelque chose. Mayant bien sûr reconnue, elle me dit :
Madame de Préville, quel honneur !
Vis-à-vis des autres, ça me ferait plaisir quelle mappelle comme ça, mais je sais que cest aussi pour se foutre de moi.
Comme on est seules, je lembrasse sur la bouche.
Elle me demande :
Tu me cherchais pour me lécher la chatte ?
Euh... oui, je te verrais volontiers en dehors de lusine, mais je voudrais te demander un petit service. Tu veux bien maccompagner... enfin, me présenter au délégué syndical ?
Max Desallié ?
Oui, cest ça...
Lui tourne pas le dos.
Tu rigoles ?
Mais, oui.
On repart dans lusine. Je lui parle un peu de mon voyage de noces au Maroc. Enfin, je censure quand même. On arrive dans un très grand atelier. Il y a des rangées douvrières debout devant des machines, avec des courroies, des bobines de fil, des pédales, Manu demande où est Max à une des filles. Elles discutent un peu. On finit par le trouver devant une de ces machines, occupé à dévisser une plaque. Cest un grand type, costaud mais mince. Il a un visage allongé et des yeux noirs qui me détaillent des pieds à la tête. Je nai pas le temps de me présenter, quil dit à Manu :
Quest que tu mamènes de beau, Manu ? Un cadeau du patron pour quon ne fasse pas la grève ?
Elle rigole et répond
En quelque sorte, oui.... Bon, je vous laisse, jai du boulot.
Je lui tends la main en disant :
Bonjour Monsieur Desallié, je suis Samia de Préville et je viens pour... euh...
Il me laisse la main tendue... un long moment, avant de me dire :
Jai les mains sales... Vous désirez ?
Cest mon beau-père qui ma dit que... enfin, cest moi qui vais discuter avec vous pour...
Il me coupe :
Il a peur quon ne se mette en grève lundi, cest ça ?
Euh... Je ne suis là que depuis ce matin et...
Et il ne ma pas annoncé ça, le beau-père. Le délégué syndical, Max, me dit :
Vous savez comment fonctionne une machine de ce genre ?
Non... Comme je vous lai dit... je... jai commencé aujourdhui.
Vous devez apprendre le fonctionnement de cette machine pour vous mettre à la place des ouvrières et comprendre leurs revendications.
Oui, bien sûr, mais...
Montez sur cette petite marche, voilà...
Je fais ce qu'il dit et il vient se mettre debout derrière moi. Il passe les bras en dessous de mes aisselles. Ensuite, il prend mes mains pour leur faire faire des manuvres compliquées.
Un peu comme le beau professeur de golf quand il explique à votre femme comment tenir son club de golf en se collant à elle.
Comme votre épouse, je suis tout émue de sentir ce corps dhomme se coller à moi ! De plus, je suis petite et il est grand, mais grâce à la marche sur laquelle je suis, son bas-ventre est juste contre mes fesses. Il mexplique avec force gestes le fonctionnement de la machine et je sens son sexe grandir contre mes fesses. Je suis coincée entre cette machine à laquelle je ne comprends rien et un homme qui bande... Et pas nimporte quel homme, puisque cest le délégué syndical. Autour de nous, jentends des chuchotements, les ouvrières ont lair de trouver le spectacle très amusant. Je lui dis sèchement :
Vous voulez bien me laisser descendre Monsieur... euh... Max...
Non.
Mais... euh...
Il accentue la pression de ses hanches et de son sexe dur contre mes fesses. Il me dit à loreille :
Tu sens comme tu mexcites, petite salope...
Mais Monsieur, je vous en prie... je....
Je vais te faire visiter latelier et te baiser dans un coin discret.
Ça suffit ! Laissez-moi immédiatement descendre de cette machine. Je dois retourner au bureau et javertirai Monsieur de Préville de votre conduite scandaleuse !
Jai employé le ton quil faut. Là, il se recule et me dit :
En même temps, dites-lui que les négociations ont échoué et que nous maintenons le préavis de grève...
Mais...
Vous êtes nulle. Je vous ferai changer. Au revoir Mademoiselle.
À suivre.
Si vous voulez me joindre pour un compliment ou un renseignements, je suis ici.
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