Lundi Matin
Lundi matin
Comme toutes les semaines nous sommes en réunion de service. Comme toutes les semaines tout le monde est fatigué. Comme toutes les semaines jattends ce moment pour la voir, pour échanger un regard, pour la faire sourire.
Elle est au bout de la table et discute avec un collègue. Ses cheveux bruns ondulent tranquillement. Je nentends pas leur conversation et mévade dans sa contemplation. Ses lèvres et sa bouche simplement, parfaitement dessinée. Ses yeux rieurs. Ses mains agiles qui contribuent, elles aussi, à ces échanges inaudibles. Son corps fin et musclé, aujourdhui dissimulé par une belle écharpe colorée.
Elle passe la main dans ses cheveux pour les ébouriffer un peu. Jimagine que ce geste mest destiné. Je le pense, au fond de moi, ses exclamations, ses convictions, ses soupirs sont faits pour moi. Pour me plaire sans me le dire.
*
Cest lhistoire de ma vie, ces amours impossibles. Ces amours non formulées, non dévoilées. Ces femmes auxquelles je vouais une passion réfrénée. Celles qui venaient membrasser, celles que jadmirais, celles qui me réchauffaient, celles que je réconfortais. Toutes ces femmes qui maimaient seulement dans les bras de Morphée. Ces femmes qui ont nourri mes rêves depuis mon enfance, aucune na jamais su le désir que je leur portais.
*
Une fois de plus je songe à sa voix, à ses mouvements infimes, à sa douceur et me laisse envahir. Je mévade du bureau et me laisse guider par elle. Cette fois nous serions dans son appartement et elle serait triste. Je la consolerait puis lenlacerait. Elle me regarderait et nous nous embrasserions. Tout serait chaud et tendre. Mes mains glisseraient dans son dos et elle commencerait à lâcher prise.
Une fois de plus je redescends sur terre. De retour dans cette salle où elle seule illumine lespace, où elle seule fait sarrêter le temps quand nos regards se croisent enfin.
La réunion sachève, elle se lève et me frôle en sortant.
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Ce fut lamitié qui avait dicté ma vie pendant longtemps. Par crainte que ces femmes désirées ne comprennent lamour que je leur portais, je jouais la bonne copine. Je nosais pas montrer plus et ne dévoilais jamais le fond de mon cur. Jétais la confidente, la protectrice, la fille sur qui on peut compter, lamie qui ne piquait pas les petits copains, celle qui ne leur faisait pas de lombre et les complimentais souvent.
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Cest la pause-café et comme toujours elle passe à mon bureau pour my inviter. Je la taquine et nous rigolons en chemin. Dans ce couloir où nous marchons je revois des brides de rêves où elle est avec moi, où je lembrasse passionnément entre deux portes, des rêves où nous nous tenons furtivement la main pour ne pas révéler notre amour aux autres, des rêves où nous faisons lamour à même le sol, frénétiquement, où elle jouit pour la première fois des mains dune femme
Des rêves à la pelle me reviennent et elle nen sait rien. Je lui jette un coup dil et lenvie menvahit. Cette fois-ci je ne me contenterais pas des désirs cachés, des sentiments vains. Aujourdhui, jagis.
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Une seule femme avait réussi à me percer au grand jour, « ma première » comme il semble si important de lappeler. Nous nous étions aimés quelques instants, le temps des premiers émois. Et le printemps était passé emportant avec lui les sentiments quon a quand on a 20 ans. Elle navait pas chamboulé ma vie, elle avait simplement pris une place inoccupée en moi depuis toujours.
*
19h, je sors tardivement du boulot et constate que ma décision ne me fait pas peur. Je vais aller chez elle et lui dire tout ce quelle est pour moi. Peu importe sa réaction, je dois lui dire, elle doit savoir, elle doit entendre ce quelle me fait.
Elle,
Elle.
Elle que jadmire pour sa force et sa beauté, elle qui comble mon cur dun simple éclat de rire, elle qui me rassure sans sen rendre compte, elle qui menivre de ces histoires folles, elle pour qui je ferais le tour du monde, elle qui fait tourner tous les moulins de mon cur, elle qui promène aux quatre coins de ma vie de bohème le feu de ses 30 ans, elle qui éveille ma vie. Elle que mes mains attendent, elle que je veux caresser, elle que je désir nue dans mes bras, elle que je veux savourer, elle que je veux combler.
Ça sera beau quand je lui dirai tout cela sur le pas de sa porte. Elle me prendra dans ses bras et nous nous embrasserons et
et voilà que je rêve encore.
Mes pas mont guidé chez elle. Jai hâte de la voir me sourire. Mon corps trépigne dappréhension
Je toque, enfin, à la porte.
(à suivre)
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