Un Coup, Un Soir.

Le cliquetis de la ceinture suffit à me faire mouiller. Suivit le bruissement du pantalon et du caleçon baissé à la hâte, et je le sentis s'insinuer en moi. Je gémis doucement. Il dû s'y reprendre plusieurs fois, dans le noir et comme j'étais probablement un peu trop basse par rapport à lui, la manoeuvre demandait quelques arrangements.
J'entendis soudain l'écho d'un rire et le claquement d'une porte. L'absurdité de ma situation me tomba dessus en un clin d'oeil. Les mains attachées aux montants du lit, les hanches posées à l'autre bout, à plat ventre sur le lit, me campant de toutes mes forces sur mes pieds qui dérapaient sur le parquet. Et les détails outrageants : le bâillon - un torchon dans lequel il avait fait un noeud pour faire une boule - et la robe relevée sur les reins, le pan de tissu coincé dans la ceinture pour bien dégager l'accès.
Et où était la culotte ? Baissée, coincée quelque part au niveau des genoux, complexifiant encore un peu plus l'effort pour se maintenir à plat ventre sur le lit en s'arqueboutant sur les échasses qui me servaient de talons aiguilles. Si je lâchais, tout le poids allait peser sur mes poignets et certainement me couper la circulation.
J'avais le souffle rauque à force de me crisper. Soudain je sentis son pénis entrer complètement en moi. Il commença ses allers et venus.
- Tu aimes ça, espèce de pute ? Tu peux rien dire, rien faire, tu es juste obligée de te laisser faire. ça te fait bizarre, de pas pouvoir ouvrir grand ta gueule ?
Je grognais. Il me tira brutalement les cheveux, me déséquilibrant. Aucune sensation, aucun plaisir. Quelle idée pourrie.
J'observais la literie sous mes yeux. Une housse de couette ikéa tout ce qu'il y a de plus banal. Beaucoup de coussins pour un lit de mec. Au loin j'entendais la musique de la fête qui battait son plein.
Je soupirais ; derrière, je l'entendis se raidir. Il m'agripa fermement par les hanches et se pencha. Je sentis sa barbe effleurer ma nuque dénudée.

- J'en ai parlé à quelques potes, me chuchota-t-il, ils sont carrément chauds pour avoir leur tour aussi.
Mon sang se figea. Ça ne faisait pas du tout partie du plan.
- Y en a un qui est parti chercher des capotes lubrifiées, des fois que tu mouillerais plus assez après trois bites.
Tout en parlant, il accéléra progressivement ses coups de butoir.
- Ça te troue le cul, toi qui pensait te la jouer grande diva qui me fait l'immense honneur de te laisser fesser et baiser attachée ? Profite bien parce qu'après ce sera pas la même cadence.
Je gémis à travers mon bâillon. Je n'aimais plus du tout du tout ça. Je n'avais pas envie d'une tournante. Je tirais sur mes liens et m'agitais pour me libérer, quand d'une fessée il me rappela à l'ordre.
- Arrête de gesticuler, tu me déconcentres ! Sinon je t'attache aussi les jambes.
Je tentais de crier à travers mon bâillon. Une autre volée de fessées tomba.
Soudain, sans crier gare, je commençais à jouir. Ça y était, je le sentais venir. A chaque fessée, une vague de panique, un pic de plaisir.
- On dirait que tu aimes vraiment les fessées, dit-il en me pinçant la fesse.
Soudain je sentis le zip dans mon dos descendre, et ma robe bustier s'ouvrir comme les pétales d'une fleur sur laquelle on souffle. En moins bucolique. Ses mains brulantes se posèrent sur mes seins, faisant pointer aussitôt mes tétons. Je me maudis de cet aveu d'excitation. Je l'entendis ricaner.
Je ne gémissais plus, je poussais des hurlements de bête à travers mon bâillon tandis qu'il pinçait mes tétons.
- Les autres ne devraient plus tarder, sois patiente, me souffla-t-il.
Mes pieds glissèrent, mes jambes ne tenant plus la posture, et je m'affalais de tout mon poid, reposant sur mes hanches mes poignets. Il grogna, ayant perdu l'équilibre lui aussi, et se réinséra.
Ce fut à peu près à ce moment là que je climaxais. Il finit peu de temps après moi.
Il tomba assis sur le parquet, mais se releva bien vite en entendant mes cris de douleur. Il m'arracha le bâillon.
- Qu'est-ce qu'il y a ?!
- Mes poignets ! Détache moi !
Il m'assit sur le bord du lit et entreprit de défaire mes liens. Mes mains étaient blanches et douloureuses, et je les massais pour faire revenir la circulation.
Puis je fondis en larmes, torse nue, la robe sur les hanches, la coiffure détaite, la sandale à talons de traviole sur la cheville.
Il me prit dans ses bras.
- Je déconnais hein, j'connais personne à cette soirée, moi... s'excusa-t-il.
Je ris entre essuyant les rigoles sur mes joues.
- Je m'en doutais, mais c'était plutôt efficace pour me faire jouir.
Je l'embrassais. Il se blottit dans mes bras et nous déshabillâmes mutuellement pour nous enlacer.
- C'est bizarre de se déshabiller après avoir fait l'amour, tu trouves pas ? chuchota-t-il.
- Pas plus que d'attacher une meuf rencontrée dans la soirée, non ?

Après un saut à la salle de bain où je me redonnais une apparence à peu près banale, je retournais à la fête. Je demandais une cigarette et allais m'assoir sur une chaise longue dans le jardin, prenant bien soin de croiser les jambes et me couvrir de ma robe.
- T'as pas mis de culotte ? plaisanta une amie.
- Je l'ai laissée dans la bouche d'un gars que j'ai attaché aux montants du lits où on a baisé, répondis-je franchement.
Elle éclata de rire. Je consultais ma montre. Dans vingt minutes environ j'y retournerais, le temps de laisser bien flipper.