Mister Hyde 30
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Tu nas pas changé davis ?
Frédéric avait attendu trois jours avant dappeler Nathalie. Il estimait que cétait le temps nécessaire à la consolidation ou à labandon de ce genre de décision. Face à la réponse négative de son ex, il poursuivit.
Ça se passera chez moi, rue Molière. Tu viendras vêtue dune jupe et dun bustier, bleu de préférence et tous deux fermés par un zip. Dessous, tu porteras un string, un porte-jarretelles et des bas : même couleur. Pas de soutien-gorge, le bustier en fera office. Nous tattendrons entre dix-neuf et vingt heures ce soir. Si tu arrives passé ce délai, notre accord sera caduc. Prends avec toi de quoi écrire.
Oh ! Dernière petite chose : la punition commence maintenant. Le vouvoiement est de rigueur. Jaimerais que tu me répètes ce que tu mas demandé lautre jour.
À lautre bout du fil, la voix de Nathalie répéta sans trembler :
Punissez-moi, sil vous plaît.
***
Nathalie se présenta à dix-neuf heures passées dà peine une ou deux minutes. Ainsi, elle voulait montrer sa détermination à en finir bien plus que lurgence quelle ressentait. Lucile et Frédéric lattendaient et laccueillirent ensemble.
Galamment, lhomme prit son manteau et linvita à entrer au salon à la suite de Lucile qui lui désigna un siège.
Je comprends que tu sois surprise de la présence de Lucile. Elle ninterviendra pas, elle veut juste voir. Si sa présence te dérange, tu régleras le problème avec elle mais dabord, je veux être certain que ta volonté nest pas viciée par un quelconque élément dont je naurais pas connaissance. Je veux donc savoir ce qui ta décidé.
Nathalie leva les yeux vers Frédéric qui, debout, lui faisait face.
Je vais redevenir prof. Cest cela qui ma décidé. Jai besoin de laisser mes démons derrière moi une bonne fois pour toutes et je crois votre méthode plus rapide quune psychothérapie ou quune psychanalyse.
Si jagis en lieu et place de Juan, cela pourrait impliquer des relations disons
plus intimes. Tu en es consciente.
Jen suis consciente et je me permettrais dajouter que si vous nagissiez pas à sa place, cela pourrait aussi les impliquer. La seule personne que je crois susceptible dempêcher cette éventualité, cest Lucile, ici présente.
Et je ne moppose à rien intervint cette dernière. Je te lai dit je crois : quoiquil advienne, je laccepte si cela peut te faire du bien et mettre fin aux s que tu timposes au nom de Juan. Jen ai assez de te voir souffrir à cause de ce souvenir qui te bouffe et je veux tout autant que toi que cela cesse. Si jai voulu être là, cest pour ça. Pour voir la fin de ton calvaire, ton retour vers la vie et le plaisir quelle engendre.
Alors merci dit Nathalie dont lémotion nétait pas feinte.
Je suis prête ajouta-t-elle en se tournant vers Frédéric.
Pas moi répondit-il en souriant. Jai encore quelques mises-en-garde à te faire. La première cest que je vais être dur, très dur avec toi. Ne compte pas me voir baisser le niveau de ta punition sous prétexte que tes hurlements me vrilleront les tympans. Tu serais dans lerreur. Je te conseille donc de prendre ton manteau et de partir.
La seconde, cest que ce genre de séance peut être addictif. Ladrénaline que cela génère est un poison violent dont on peut très vite ressentir le manque. Et cest sans compter la puissance du plaisir cumulé à celle de la douleur. Je ne voudrais pas que lenvie se transforme en nécessité. Je te conseille donc de prendre ton manteau et de partir.
Nous allons te laisser seule Lucile et moi. Tu viendras nous chercher quand tu seras sûre de ton choix. Si tu restes, jaurais encore à te parler, si tu choisis de ten aller, je te rendrais ton manteau et nous nous reverrons après-demain, comme prévu pour fêter ton retour au sein de léducation nationale.
Es-tu daccord ?
Bien sûr que je le suis dit Nathalie sans hésiter et ce nest pas la peine que vous sortiez. Ma décision est prise et je my tiens. Je ne suis pas venue ici, dans cette tenue imposée par vous pour reculer ou menfuir. Si je dois le redire, je le fais : je suis venue pour que vous me punissiez enfin de toutes les erreurs que jai commises depuis la mort de Juan et peut-être aussi de celles davant
OK ! linterrompit Frédéric. À partir de maintenant, tu vas te soumettre à ma seule volonté et oublier la tienne. Tout ce que je te dirais de faire, tu le feras sans hésiter. À commencer par te mettre à genoux et recopier ce texte à laide du papier et du stylo que je tai demandé dapporter.
Nathalie prit son sac et en sortit un bloc-notes et un stylo. Elle saisit le texte quil lui tendait et ne sagenouilla quaprès. Il la gifla.
Lordre, dit-il. Je te donne les consignes dans lordre où tu dois les exécuter, tu suis cet ordre et tout se passe bien. Tu ne le fais pas, tout se passe mal. Est-ce compris ?
Oui
Je
dit Nathalie un peu éberluée davoir été giflée. Jai compris.
Bien ! recopie ce texte.
« Je demande par la présente à Monsieur Frédéric *** daccepter de me punir de toutes les turpitudes que jai fait endurer à mon défunt mari, à moi-même et à toutes les personnes que jai pu blesser au cours de ma vie. » Elle signa. Non sans sêtre secrètement étonné de la dernière partie du texte. Comment avait-il su ? Elle nétait plus en capacité de poser la question. Elle lui rendit le texte dactylographié et sa page décriture.
Parfait ! dit-il en prenant les feuillets sans même les regarder. Jai encore une chose à te dire. Écoute bien car cest important. Deux mots vont te permettre dinterrompre ou de mettre fin à la séance. Pour linterrompre, tu diras « Blanc » pour la faire cesser le mot sera « Lucile ». A ces termes correspondent des signes au cas où je te bâillonnerai.
Nathalie sexécuta.
Bien. Une dernière chose maintenant. Ensuite nous nous rendrons à létage où nous attend mon donjon. Tu vas baiser mes pieds
Souci de bien faire, Nathalie se précipita. Frédéric la retint dun mot.
Stop !
Ne sois pas si pressée. Tu devrais pourtant le savoir toi qui es prof, il faut toujours écouter les consignes jusquau bout avant de commencer à travailler. Cela évite bien des erreurs.
Je disais donc, que tu vas me baiser les pieds mais entre les deux, tu vas me refaire ta demande en mappelant « Monsieur ». Cest ainsi que tu devras mappeler ce soir, à chaque fois que tu tadresseras à moi. As-tu bien tout compris ?
Oui Monsieur laissa fuser Nathalie.
Nathalie se pencha pour baiser le pied droit, refit sa demande en regardant Frédéric dans les yeux puis réitéra sa révérence vers le pied gauche. Satisfait, Frédéric lui tendit la main et laccompagna au donjon.
Lucile suivit le mouvement.
***
Frédéric avait guidé Nathalie au centre de la pièce, là où pendaient deux chaînes dacier à laspect ancien terminées par des bracelets de cuir flambant neufs ; lune surplombant la patiente dune dizaine de centimètres, lautre sarrêtant à la moitié de son oreille.
Lucile était restée debout et regardait la scène. Cétait la première fois quelle pénétrait dans un donjon. Le lieu limpressionna.
Elle sursauta lorsque Frédéric lui prit la main pour la guider jusquau siège central où il la fit sasseoir. De là, lui dit-il, elle ne perdrait rien du spectacle. Elle acquiesça timidement.
Frédéric revint à Nathalie. Il expliqua :
Je vais tattacher. La chaîne gauche est plus basse que la droite pour ménager ton épaule parce que je veux que ta souffrance ne vienne que de moi.
Nathalie obtempéra découvrant les bas, le porte-jarretelles et le string tous trois dune couleur bleu sombre qui tranchait admirablement avec la blancheur de la peau et salliait parfaitement avec la crinière rousse de la jeune femme.
Tourne demanda-t-il.
Elle tourna jusquà lui faire face. Il posa le dos de sa main sur le pubis voilé de bleu.
Tu as chaud. Jaime ça.
Tourne encore ajouta-t-il.
Nouveau demi-tour et cette fois une caresse, lente et possessive qui enveloppa le fessier.
Ton cul est superbe ! il la toujours été. Je vais avoir un plaisir fou à le fouetter. Tu peux te rajuster.
Sur ces mots et sans attendre quelle ait pu rabaisser sa jupe, Frédéric lui saisit le poignet droit et, lentraînant en lair, le captura dans le bracelet de cuir. Linstant daprès, il pratiquait la même opération sur le poignet gauche en prenant soin de ne pas tirer sur lépaule.
La position de Nathalie neut naturellement pas la symétrie à laquelle il était habitué mais comme il avait lintention dépargner le haut de son dos, cela navait dautre importance que le manque desthétisme. Il haussa les épaules et abandonna sa patiente en lui demandant décarter les jambes.
Tout en se déplaçant, il continua de parler :
Je vais également tattacher les chevilles, à laide dun objet quon nomme un écarteur. Cest grâce à lui que mes divers instruments auront accès à la zone de ton sexe sans que tu puisses te refermer.
Il le présenta à Nathalie tout en restant légèrement de côté de façon à ce que Lucile le vit aussi. Puis il saccroupit pour en ceindre sa patiente.
Voilà, nous sommes prêts dit-il en se relevant. À chaque nouvel instrument dont juserai, je ferai les présentations ainsi, tu auras une petite idée de ce quils savent faire avant de goûter leur morsure.
Nathalie saperçut quil était nu hormis une ceinture dont les accessoires, pendants à de petits crochets, lui faisaient comme un pagne.
Voici le premier, pas besoin de te dire comment il sappelle, je pense que tu le sais. Il a deux frères, un aîné, un cadet, dont tu feras bientôt la connaissance mais pour linstant, attardons-nous sur celui-là. Il est parfait pour débuter, ni trop lourd ni trop léger et ses lanières sont assez longues pour permettre bien des surprises au contraire de ses frères qui sont assez peu polyvalents.
Vois comme il vole bien ajouta-t-il en imprimant au manche du martinet un mouvement de rotation en constante accélération. Il siffle, cest un vrai bonheur de lentendre.
Nathalie sentit lair que déplaçait lengin avant den sentir la piqûre. Au début, ce ne fut quun effleurement du téton mais bientôt il heurta tout son sein. Elle lâcha un long cri uniquement fait de douleur. Frédéric dirigea son fouet vers lautre mamelon. Elle avait trouvé long le temps de la préparation, les secondes de lui parurent interminables. Lorsque les paumes de Frédéric remplacèrent les claquements secs sur sa peau tendre, elle bénit son tourmenteur davoir su sarrêter à temps.
Tu aimes les bijoux demanda-t-il tandis quil faisait rouler les tétins entre son pouce et son index.
Oui Monsieur répondit Nathalie dune voix essoufflée.
Jen ai pour toi. Ferme les yeux pendant que je ten orne.
Nathalie ferma les yeux et les rouvrit aussitôt sous leffet de la douloureuse surprise quil lui faisait. Une longue chaînette était accrochée à ses tétons par deux pinces que serraient des ressorts. Lorsquil tira dessus, si doucement que ce fut, la souffrance lui coupa le souffle. Elle cligna des yeux pour en chasser une larme. Cet instant suffit à Frédéric pour disparaître. Le premier coup claqua sur la fesse de Nathalie. Il nétait pas très fort mais de surprise elle sursauta. Cela fit bouger la chaînette et le mal irradia ses seins.
Cest à cause du bijou quelle appréhenda la frappe suivante. Mais elle ne vint pas. La voix de Frédéric la remplaça.
Maintenant que tu as compris le principe, jaimerais que tu me racontes par le détail toutes les raisons qui font que tu as demandé cette punition. Prends bien le temps de réfléchir car je veux une chronologie mais ne soit pas trop longue, tu te refroidirais et, dans ta situation, ce nest pas une bonne chose. Préviens-moi dès que tu seras prête.
Frédéric séloigna à pas de loup pour se rapprocher de Lucile.
Son manque dhabitude fait quelle a besoin dune pause. Son corps doit se remettre de cette première attaque et son esprit se préparer à la suivante mais de façon inconsciente. Doù ma demande de récit qui, par ailleurs, devrait laider à supporter la deuxième charge murmura-t-il à loreille de Lucile. Si on ajoute à ça un peu de pression
Jattends cria-t-il dun ton impatient qui fit sursauter la jeune fille à ses côtés.
Désolé si je tai fait peur, stresser son sujet fait partie du jeu et on dirait bien que jai réussi.
En effet, Nathalie prévenait quelle était prête. Frédéric regagna sa place. Il frappa demblée par en dessous, entre les cuisses.
Je técoute dit-il.
Le discours de Nathalie fut ponctué de cri mais elle narra par le détail les raisons qui, selon elle, nécessitaient quelle fût punie. Frédéric ne trouva pas les premières très convaincantes jusquà ce quelle aborde le proche passé.
Je me suis mise à le tromper
En pensée. Mais cétait quand même des tromperies.
De quand ça date ?
Quelques mois
Sois plus précise.
Je ne peux pas. Ça sest fait comme ça. Un jour, jai eu envie dun homme.
Qui ?
Je ne sais pas, un homme
Quelquun avec deux bras, deux jambes, des yeux
Un homme.
Il y avait une forme de défi dans la voix de la jeune femme. Frédéric changea son martinet contre un fouet à longue lanière qui lui permettrait datteindre, selon son choix, le dos ou la face de Nathalie mais en se gardant bien de le lui annoncer.
Le fil de cuir atteignit le ventre de Nathalie alors quelle parlait. Elle mit quelques secondes à reprendre sa phrase.
Un soir jai cessé de me battre. Je me suis caressée en pensant à dautres hommes que lui
Dautres zhommes
reprit Frédéric en insistant sur la liaison. Peut-on savoir les noms de ce pluriel ?
Il marqua sa question dun coup qui zébra la poitrine de Nathalie et fit danser la chaîne. Il ne sut pas si le silence qui suivit était dû à la réflexion ou à la douleur.
Anonymes
cétaient des anonymes
La somme des désirs que je me cachais.
La voix de Nathalie flûtait, celle de Lucile inonda la pièce :
Menteuse !
En quelques secondes, Lucile fit face à sa cousine.
Tu subis tout ça pour ten sortir et tu continues à mentir. Pourquoi ? Tu veux nous faire croire, à toi comme à Frédéric, comme à moi, que ton ombre de lautre nuit navait pas de nom. Mais il ny avait quà te regarder le matin pour savoir qui tu avais envie quelle soit. Il ny a eu quà voir ta tête quand tu as su qui elle était, pour comprendre. Jespère que si moi jai compris, tu as eu le courage de lui donner un nom, son nom. Jespère aussi que tu ne crois pas que cest pour faire plaisir à Frédéric que jai permis ce que tu es en train de tourner en mascarade. Non ! cest pour toi, pour toi seule
Je ne mens pas Lucile, cest vrai. Ce soir-là, mes désirs navaient pas de nom, pas de visage non plus. Cest arrivé un peu plus tard, un soir où jétais allé voir Frédéric à lhôpital, la veille ou lavant-veille de sa sortie. Cette nuit-là, jai rêvé de Juan pour la dernière fois. Son visage sest noyé dans la brume et cest celui de Frédéric qui la remplacé. Jai continué à me caresser et jai joui. Jai joui comme jamais mes mains navaient réussi à le faire quand je pensais à Juan. Il ny a que depuis ce jour que mes rêves ont un nom et je navais aucune intention de le cacher. Mais « Monsieur » ma demandé un récit chronologique, je nai fait que suivre ses ordres. Tu es intervenue trop tôt. Je crains que ça ait tout gâché.
Détache-moi Frédéric, sil te plaît. Il semble que nous ayons fini.
***
Tu nas pas tenu ta parole.
Frédéric avait quitté son attirail et sétait rhabillé. Il prononça sa petite phrase en tendant la main à Lucile pour la faire sortir du donjon. La jeune fille pensa quelle aurait aussi bien pu y rester, les quelques mots lavaient frappée plus fort quune volée de bois vert. Cest elle, désormais, qui méritait dêtre punie.
Lui, najouta rien. Une fois dans le salon il commanda une pizza, demanda à Lucile à quel parfum elle voulait la sienne et se faufila dans la cuisine ouvrir une bouteille de vin.
Ils dînèrent en silence et se couchèrent côte à côte sans se toucher.
***
Nathalie bougonna et pesta contre Lucile durant tout le trajet qui la séparait de chez elle. Mais une fois arrivée, elle dut se rendre à lévidence, elle se sentait plus légère. Les aveux quelle avait faits, même si elle eût préféré quils se fissent selon les règles établies par Frédéric, lavaient soulagée dun grand poids. Autre avantage de la soirée, elle disposait de nouveaux fantasmes. Elle se déshabilla et se hâta daller les tester dans lobscurité de sa chambre.
***
Son téléphone sétait lentement déchargé depuis deux jours. Il némit donc quune brève sonnerie avant de séteindre. Nathalie ne le brancha pas pour autant, elle était occupée à relire la lettre dexcuse de Lucile et se demandait comment y répondre sans vexer sa cousine qui, tout bien réfléchi, navait commis, contrairement à elle, aucune faute.
Elle navait pas fait cette démarche la veille bien quelle fût attendue pour fêter sa réintégration au sein du corps professoral mais à cet instant, il le fallait. Elle sauta donc dans sa voiture et fila sur Courbevoie : ce message-là, elle ne pouvait le délivrer quen personne.
***
Lucile la reçut sur le pouce.
Frédéric nest pas là et je pars à un colloque
Je temmène si tu veux, jai des tas de choses à te dire et cest urgent. Sil te plaît
Lucile accepta, elles partirent pour Villetaneuse.
Je ne sais pas vraiment par où commencer, entama Nathalie après avoir démarré et enclenché la première. Ou plutôt si : cest à moi de te faire des excuses, pas le contraire. Je me suis conduite comme une conne lautre jour et comme une égoïste aussi. Je ne sais pas quelle impression ça ta donné mais ce que je vivais était très fort, très pur. La douleur que je ressentais au début était en train de se transformer en plaisir. Jattendais chaque coup avec langoisse quil me fasse mal et lespoir quil me fasse jouir. Cétait magique
Pas une seconde je nai pensé à toi, à ce que tu voyais, entendais, ressentais. Je nétais intéressée que par moi, par mon corps qui exultait. Je prenais mon pied ma chérie. Cerise sur le gâteau, ce que je racontais mexcitait et en même temps me retenait de jouir. Alors jai pris mon temps, Je nai pas annoncé quil y avait une suite. Jai menti par omission.
Sil ny avait eu que Frédéric, cela naurait pas eu de conséquences. Ma faute, cest davoir négligé ta présence. Je te dois des excuses. Jespère quavec le temps tu les accepteras
Il na jamais cessé de taimer tu sais. Même pendant les années où vous ne vous êtes pas vus, il ta aimé. Tout comme il aime Frédérique. Il veut votre bonheur, même si cela doit lui faire mal. Ton histoire a réveillé Lucrèce. Il se cache pour lui parler mais je le sais. Il fait ça la nuit quand il croit que je dors. Et moi je les écoute. Parfois même, je devine ce quelle va lui répondre. Il est tellement fou delle quelle le hante pour de bon. Cest pour ça quil ne veut pas que ce qui lui arrive tarrive aussi. Te punir, cétait se punir de retenir Lucrèce comme il le fait.
Quand il a retrouvé la mémoire, cest à moi quil est venu parler, parce quil avait besoin dun être de chair et dos en face de lui. Mais aujourdhui, tous ses secrets, cest à elle quil les confie. Je ne veux pas, il ne veut pas que tu tombes dans le même travers. Et si pour ça il doit te baiser jusquà plus soif
Quil en soit ainsi. Il me donne beaucoup plus que lAmour physique, je ne suis pas jalouse de son corps. Je nen suis pas non plus propriétaire. En revanche, je comprends son besoin de posséder les autres. Il en a besoin pour ne pas sombrer. Et moi je ne veux pas quil sombre.
Alors, non seulement je te pardonne mais je te supplie de maider à le maintenir à flot.
Merci pour la balade, je vais descendre ici.
Bisous ma chérie.
Nathalie se retrouva seule et perdue dans une banlieue où le sens unique semblait de mise. Elle mit un temps fou à rentrer chez elle.
***
Lui qui ne sonnait jamais grésilla comme une centrale électrique en plein court-jus. Nathalie se saisit de son téléphone fixe avec circonspection.
Tu fais quoi avec ton téléphone ? Jessaie de te joindre depuis ce matin et je tombe direct sur ta messagerie
Je te rappelle que tu devrais être à la brigade depuis
Oh et puis merde, on sen fout. Rapplique vite fait. Tu dois me rendre ton insigne et ton arme. Mets le gyro, si tu en as un. Je tattends.
Son ex-supérieur était véner. Nathalie ne prit pas plus de cinq minutes pour trouver son téléphone et ses chaussures, son arme de service, son insigne et sa carte. Son téléphone était effectivement exsangue, elle le brancha sur lallume cigare, alluma le gyrophare et le klaxon deux tons et démarra en trombe.
La démarche ne lui prit pas plus de cinq minutes à lissue desquelles elle rentra chez elle. Son portable, légèrement regonflé, elle put lallumer tout en grimpant les marches. Elle tapa le code pin et aussitôt surgirent des messages. Plusieurs émanaient de Lucile, Nathalie put ainsi compter les jours de coma de lengin, lun venait du fou furieux qui lui avait servi de chef. Le dernier, le plus ancien, venait de Frédéric : « Je tattends jeudi soir, même heure même tenue. Programme différent. En cas dabsence, je ferai de même tous les jeudis jusquà te voir. »
On était vendredi, elle avait donc raté le coche et Frédéric devait être en route pour voir Franck et Frédérique. Elle lui envoya tout de même un texto accusant réception et linformant quelle viendrait la semaine suivante. Ensuite, elle appela Lucile.
***
Frédéric sourit en lisant le « smeusse » de Nathalie. Agenouillée face à lui, Frédérique linterrogea du regard.
Avec un peu de chance, tout rentrera bientôt dans lordre lui dit-il. Pour le moment, viens me faire jouir. Après, nous parlerons.
Il se dégrafa tandis que sa soumise avançait vers lui avec un air gourmand. Puis elle lenjamba et sempala sur lui.
Il sattendait à être sucé, la surprise fut divine. Dautant que les lèvres infibulées de Frédérique étaient agrémentées dun tout nouveau cadenas qui rendait le passage si étroit que les délices vinrent vite.
Ne bougez pas Maître, sil vous plaît. Cest moi qui dois vous faire jouir, pas le contraire
Aussitôt il gela son bassin ce qui ne lempêcha nullement de dévorer la poitrine quelle lui agitait sous le nez.
Depuis quelle avait cessé dallaiter, les seins de Frédérique avaient tissé. Pour le plus grand plaisir de son Maître : il avait toujours eu du mal avec les poitrines opulentes qui lui faisaient systématiquement penser à la chanson de Brassens et à Brive-la-Gaillarde. « Pas très érotique tout ça » spécula-t-il, heureux que cette idée reculât dautant son plaisir.
De ventousages en mordillages, il sentit le corps de Frédérique se tendre. Et lui nétait pas prêt : sa tête vagabondait sans sintéresser plus que ça aux caresses sensuelles que lui prodiguait létroite vulve de sa femelle.
À nouveau elle larrêta quand il voulut reprendre la direction des opérations. Mais cette fois ce fut dun baiser auquel il répondit avec ferveur. Elle en profita pour séchapper et sempaler aussitôt quelques centimètres plus haut. Frédéric ne résista pas aux quelques allers-retours langoureux que lanneau fit sur son vit.
***
Frédérique venait de coucher Franck. Entre son retour de promenade en compagnie de Julie et son coucher, Frédéric avait pu profiter de son fils trois bonnes heures. Ils avaient joué, fait la course et un concours de grimaces
Frédéric avait hâte dêtre au lendemain pour recommencer. Mais pour linstant, ils allaient dîner.
Ce dont tu voulais parler tout à lheure peut-il être dit devant Julie ou est-ce plus
intime ?
Depuis quelque temps, Frédérique maniait le langage et ses hésitations avec beaucoup plus dassurance que dans ses souvenirs. Frédéric sen inquiéta lespace dun instant, juste le temps de se demander si une inspection de lordinateur ne lui apprendrait pas de nombreux désagréments. Cependant, il répondit dun ton serein.
Tout à fait, elle est également concernée.
Et pour bien lui montrer quil ne négligeait pas sa présence, il sadressa directement à elle.
Il sagit dun projet que jétudie actuellement mais jai besoin de votre assentiment et de celui de Frédérique, bien entendu, pour le mener à bien. Je vous explique ?
Julie opina, quelque peu sur la défensive. Frédéric ne se soucia pas de lopinion de sa soumise.
Jai à Paris un bien qui, si je le vends, pourrait rapporter entre un million cinq et deux millions. Or, je ne men sers presque pas et je ny suis pas attaché. En revanche, jai trouvé, à moins de cent kilomètres de notre belle capitale, une friche industrielle à vendre. Entre lachat et les travaux pour la rendre habitable, il faut compter de neuf cent mille à un million et entre un an et dix-huit mois de travaux. Ma question est : accepteriez-vous de venir y vivre ?
Je sais, poursuivit-il que nous ne nous entendons pas le mieux du monde mais nous ne serons pas obligés de vivre constamment les uns avec les autres. Je prévois dy faire des appartements pour chacun de façon à ce que tous et toutes puissent avoir leur intimité et se retrouver seul ou inviter des amis quand ils le souhaitent.
Cent kilomètres de Paris
Ce serait bien pour le boulot et quand même assez à lécart.
Le premier voisin est à huit cents mètres.
Mais de mon boulot à moi, tout le monde sen fout ! Moi je vis ici et je bosse ici. Pas question de monter sur Paris, même à cent kilomètres.
Frédérique foudroya Frédérique du regard mais cela ne lui fit ni chaud ni froid :
On nest pas en train de discuter de nouvelles règles, on parle de changer de lieu de vie. Cette affaire, elle concerne la mère de Franck, pas la soumise de Frédéric. Ici, jai mon travail et jai mon fils. Pas question dabandonner lun et de trimballer lautre comme un bagage mal ficelé. Ma réponse est non ! cest ferme et définitif.
Frédéric tenta bien de la ramener au calme mais elle se leva dun bond et prit la direction de sa chambre.
Cette nuit, je dors dans ma chambre, pas toi ! Et elle claqua la porte.
Julie se leva à son tour en sexcusant :
Désolée
Cétait une jolie histoire.
En partant, elle posa sur la joue de Frédéric un bisou qui semblait signifier : Alliance.
***
Frédéric dîna seul et regarda le canapé avec un sourire amusé puis il descendit au donjon pour sinstaller nu dans son trône. Il nétait pourtant pas dupe et savait parfaitement que Frédérique ne viendrait pas. Cependant, selon les règles établies, elle navait pas interrompu leur relation. Elle avait donc le devoir de se présenter à lui avant vingt-deux heures.
Comme de juste, elle ne vint pas et il allait sassoupir quand il entendit du bruit dans lescalier.
Je ne pensais pas vous trouver ici dit Julie en évitant de trop le regarder. Mais comme vous nétiez pas au salon, je suis descendue à tout hasard.
Laissez-moi le temps de me couvrir et je vous écoute.
Euh oui, bien sûr.
Pudiquement Julie se retourna tandis que Frédéric enfilait son pantalon.
Cest bon, vous pouvez regarder, je suis décent.
Décent, il fallait le dire vite. Son torse était nu et son pantalon moulant et taille basse. Cela ne masquait pas grand-chose de ce quelle avait entrevu.
Oui. Je voulais vous dire que
je trouve que cest une très bonne idée. Très généreuse aussi. Enfin là, je parle pour moi. La bonne idée, elle est surtout pour Franck. Habiter avec ses deux parents, cest toujours mieux.
Cest aussi ce que je pense. Cest tout ?
« Toujours aussi mufle » pensa Julie en acquiesçant.
Cela fait-il de nous des alliés ?
Elle fut surprise par la question mais sa réponse fusa au bout dune seconde à peine :
On peut dire ça, je crois.
Alors je monte avec vous. Entre alliés, trinquer, ça se fait
Aussitôt sur la défensive, Julie esquiva.
Jévite de boire, je tiens très mal lalcool et après, je ne me contrôle plus.
Et vous avez peur que jagisse mal avec vous
Julie baissa les yeux sans répondre.
Cest quand même fou quentre nous, tout bloque sur le cul. Mais on na jamais rien fait ensemble bordel. À part vous menacer dune fessée, je ne vous ai jamais touchée. Je crois que votre bisou de tout à lheure était notre contact le plus érotique. Merde à la fin, je sais me tenir
Mais pas moi, pas quand je bois et même parfois sans boire. Jai peur davoir un comportement que je regretterai. Il vaut mieux que jaille me coucher.
Julie prit la direction de lescalier. Frédéric ne fit rien pour la retenir si ce nest sourire quand elle se retourna.
Lespace dun battement de cil, elle hésita. Puis elle grimpa une marche, deux et trois mais elle ne franchit pas la quatrième et dévala celles quelles venaient de monter.
Et merde ! Tant pis pour les regrets. Fais de moi ce que tu veux
Son sourire ne quitta pas Frédéric quand il demanda :
Et si, justement, je ne voulais rien faire de toi
Ce serait pire que tout.
Julie était blême, Frédéric cessa de sourire.
Déshabille-toi dit-il en retirant son pantalon.
***
Tu sais que je ne suis pas tendre.
Je le sais.
Tu sais que jaime manier le fouet.
Je le sais.
Tu sais que jaime les femmes agenouillées.
Je le sais.
Que crois-tu mériter pour ta conduite de ce soir ?
Vous pouvez faire de moi tout ce que vous voulez. Quoi que je mérite vous me le donnerez.
Et si je ne te donnais rien alors que toi tu me donnerais tout
Ce ne serait pas très généreux de votre part mais cest votre droit dexiger sans rendre.
Tu mas accusé de viol, jai assez peu de raison dêtre généreux avec toi
Javais peur pour Frédérique, je voulais quelle fuie loin de vous. Et puis, je vous en veux. Vous mavez humiliée cette nuit-là, au bureau. Humiliée, excitée
Sans rien me donner. Sans me prendre comme vous auriez pu le faire. Javais pourtant joué le jeu selon vos règles, je méritais cette récompense. Je pense la mériter ce soir aussi.
Quas-tu à moffrir en échange ?
Mon obéissance, pour cette nuit. Ma persuasion, pour lavenir : vous avez un projet auquel Frédérique soppose vent debout. Je peux la convaincre de laccepter. Vous avez commis une erreur ce soir : vous avez négligé Frédérique. Ce nest pas le projet en lui-même quelle rejette, cest votre comportement à son égard. Vous avez considéré son acceptation pour acquise, du coup, vous vous êtes adressé à la mauvaise partie delle-même. Dailleurs elle vous la dit. À partir du moment où Franck est impliqué, cest à la mère et non à la soumise que vous deviez vous adresser.
Tu as raison. Et tu es loin dêtre aussi bête que tu veux le faire croire avec tes airs nunuches et tes fringues à la mode. Pourquoi fais-tu cela ?
Parce que les hommes aiment ça et que jaime les hommes.
Donc ton obéissance cest
Le meilleur moyen de vous avoir.
Approche.
Dès que Julie fut à sa portée, Frédéric saisit sa crinière et la tira jusquà une sorte de tréteau dont les pieds étaient rivés au sol. Il bascula le torse de la femme sur létroit tablier et entreprit de ligoter poignets et chevilles aux quatre pieds. Ceci fait, il enserra la taille de Julie dans une étroite ceinture cloutée sous le tablier et qui immobilisa ses hanches. Le premier coup claqua aussitôt après sur les fesses de la fille. Elle le reçut sans broncher.
Frédéric cessa sa fessée au bout de quelques minutes, lorsque le cul de Julie fut bien rouge et quelle commença à ressentir une douleur assez vive pour la faire geindre. Mais contrairement à ce quil aurait fait avec Frédérique ou Fanny, il ne calma pas le feu quil venait dallumer ni ne marqua de pause. Il se saisit dun martinet léger aux lanières longues et fines et le fit tournoyer dans le sens des aiguilles dune montre. Il visa lentrejambe. Avec cette impulsion, ce sont le clitoris et le sexe de Julie qui furent atteints.
Julie navait reçu le fouet quune fois, longtemps auparavant. Elle était alors tout juste bachelière : une jeune péronnelle à la fois casse-cou et naïve. Lhomme en avait largement profité mais elle lavait ensuite proprement envoyé sur les roses. Depuis, elle avait toujours refusé le fouet sauf, tacitement, quand elle avait accepté la proposition de Frédérique qui ne sétait jamais concrétisée. Ce soir, elle goûtait donc à la flagellation pour la seconde fois et elle découvrit un univers fort différent. Frédéric ne la frappait pas comme une brute, pour lui faire mal mais de façon ciblée et modérée, pour lui faire plaisir. Lintensité douce, la régularité espacée des coups lui firent considérer le martinet comme un ami à la langue certes rêche, mais agile. Lorsque la cadence augmenta, elle devint folle. Lorsque brusquement tout cessa, elle ressentit une immense frustration.
Hey ! Non ! ne put-elle sempêcher de récriminer.
Pour toute réponse, elle vit apparaître le sexe tendu de Frédéric dans son champ de vision mais trop loin delle pour quelle pût le happer.
Dans sa position, lever la tête pour croiser le regard de Frédéric nétait pas chose aisée : les muscles de son cou et de son dos regimbaient. Mais Frédéric saccroupit, leurs visages se firent face.
Madame serait-elle insatisfaite du traitement que je lui inflige ? Aurait-elle quelques revendications
?
Ce petit ton suffisant, cette façon de la narguer
cétait tout ce que Julie détestait chez Frédéric.
Comment vais-je répondre à cela ? poursuivit-il. Je sais ! En muselant cette jolie bouche. Dans laquelle il introduisit trois doigts qui mimèrent aussitôt un « face fucking »
Julie fut surprise, non par lacte lui-même mais par la profondeur que Frédéric imposa. Elle eut un haut-le-cur.
Hum ! Pas bon les doigts, constata Frédéric. Ça cest meilleur ! ajouta-t-il en se redressant. Suce !
Julie engloutit le membre. La main gauche de Frédéric insufflait le rythme quil voulait lui voir suivre et laccompagnait dans ses va et vient, soulageant dautant les muscles inexistants de la femme. De la main droite, quelle ne pouvait voir, il tenait toujours le martinet quil abattit sur sa fesse droite. Il eut un geste de déconvenue. Il arma de nouveau son bras et cette fois, atteignit sa cible. La raie des fesses. Les lanières claquèrent en bout de course juste sur lanus de Julie qui ne put résister au sursaut. Du coup, elle lâcha sa proie.
Cela mérite bien une petite farandole dit Frédéric en séloignant delle.
Il visa le centre de la croupe mais plus haut cette fois. Les queues de cuir tombèrent juste. Le petit trou de Julie fut martelé. Il fit ainsi durer le plaisir quelques minutes puis inversa le sens giratoire de son instrument de sorte que les lanières atteignissent clitoris et lèvres du sexe de Julie. Elle ne put retenir ses cris : jamais elle navait vécu orgasme aussi puissant.
Frédéric la détacha puis labandonna pour aller sinstaller sur son trône. Il laissa à Julie le temps de récupérer et, quand enfin elle se redressa, il lappela dun claquement de mains.
Wahou ! Cétait détonnant dit-elle.
Il y a dautres façons de me remercier que de tébaubir sur les prouesses de mes instruments. Tu te souviens de ma troisième question ?
La question laissa Julie perplexe. Elle bafouilla :
Euh, je crois, oui.
Alors quattends-tu ? Un ordre peut-être
À tout hasard, Julie sagenouilla.
Bien ! Approche maintenant. Les mains dans le dos.
« Les mains dans le dos. » Julie se rappela des paroles de Frédérique le soir où elles étaient allées pécher une soumise. Elle nallait pas tarder à avoir confirmation de son intuition. Frédéric voulait une pipe.
Elle avança lentement, droite comme un « i » sur ses genoux. Elle escalada lestrade comme elle put et se retrouva placée entre les deux cuisses de lhomme qui lui montra son sexe sans prononcer une parole.
Frédéric avait les deux bras sur les accoudoirs du fauteuil, il ne les bougea que pour lier en chignon la chevelure châtaine qui lui masquait la vue. Dessous, le visage de Julie montait et descendait lentement le long de la tige érigée.
On ne sait pour quelle obscure raison mais Frédéric était persuadé que Julie allait montrer dans cet exercice un talent formidable. Il ne se trompait pas. Il se leva pour admirer la serpentine ondulation du torse de la femme et regretta aussitôt de navoir pas placé une caméra lui permettant dimmortaliser la fluidité des mouvements.
Ta bouche est un écrin Julie. Un écrin dans lequel jaimerais jouir mais je tai promis dautres plaisirs. Il nest pas temps que je prenne le mien. Cesse, sil te plaît.
Julie leva les yeux tout en conservant dans sa bouche le gland de lhomme. Frédéric crut percevoir dans ce regard à la fois étonnement et déception. Cétait bien les deux sentiments qui animait Julie à cet instant. Elle sétonnait de la douceur avec laquelle Frédéric lui avait parlé et était déçue par linstruction qui lui commandait darrêter. Elle obéit pourtant à linjonction pressante de la main qui linvitait à se lever.
« Comment Frédérique a-t-elle fait pour transporter tout ça de Caen et pour linstaller sans que jen sache rien ? » se demanda Julie tandis quelle se laissait mener vers le fond de la pièce. Elle semblait voir la salle pour la première fois. Quand elle en avait appris lexistence, elle navait pas été surprise : Frédérique en avait besoin pour se raccrocher à lespoir que son Maître reviendrait. Mais maintenant quelle le vivait de lintérieur, Julie était estomaquée par le travail titanesque que cela avait demandé. Elle calcula, à laune de ce labeur, la profondeur du désespoir de son amie et regretta amèrement les mensonges quelle lui avait faits.
Docilement, elle fit le tour du pilori tandis que son guide expliquait :
Lavantage du pilori, cest quil na pas de sens. Le mien en a deux. Dun côté, la patiente est courbée, bras et cou insérés dans les trous dédiés et tu peux constater que jai ajouté une petite planchette qui permet également demprisonner les chevilles. Ainsi, plus question déchapper au moindre désir du tourmenteur : en loccurrence, moi. De lautre côté, un aménagement différent qui oblige la patiente à sagenouiller sur la petite estrade en glissant ses mollets dans les couloirs prévus à cet effet. Je te laisse deviner les possibilités quoffre cette position car cest elle que jai choisie pour toi.
Installe-toi je te prie.
Incapable de résister, Julie obéit. Lécartement entre les deux guides des jambes était tel quelle sentit ses adducteurs se tendre comme la corde dun arc. Elle posa son cou et ses poignets dans les cavités que Frédéric referma à laide dun lourd panneau de bois. Dans la situation où elle se trouvait, les opportunités pour Frédéric étaient effectivement multiples. Louverture de ses cuisses offrait une vue imprenable sur son sexe ou son anus et son dos était tout autant explosé. Par-dessous, sa poitrine nétait guère plus protégée, seul son ventre pouvait échapper à la vindicte du martinet.
Quel dommage ! fit la voix de Frédéric. Il ne ta sans doute pas échappé que, dans cet agencement, il mest difficile de me faire sucer encore que la planche qui enserre ton cou ne te laisse guère despace te baiser la bouche serait sans doute une expression plus adéquate. Javais donc fabriqué une marche qui me permets de me mettre à hauteur et je ne la trouve pas. Un oubli de Frédérique, certainement. Le résultat, cest que je vais devoir tenculer sans que ma queue soit lubrifiée par ta salive
La voix, éloignée au début, sétait rapprochée peu à peu. Frédéric dit les derniers mots, penché au niveau du visage de Julie. Celle-ci laissa tomber sa tête et ne répondit pas. Elle ferma les yeux pour se préparer à lassaut.
La douleur quelle ressentit ne fut pas celle attendue. Frédéric pinçait les lèvres de son sexe entre deux doigts mis en étau. Si elle sétait parfois soumise, les dominants qui la manièrent excepté celui qui lavait fouettée se gardèrent toujours de pratiques douloureuses dans cette partie de son anatomie. Frédéric, lui, sen foutait royalement. Elle cria pour quil cesse, il nen fit rien dans limmédiat jusquà ce que dun puissant coup de rein, il senfonçât en elle.
Peu à peu il calma le rythme et ses allées-venues se firent plus langoureuses. Julie le sentait entrer et sortir de son sexe et la douleur qui irradiait encore de ses lèvres se noya bientôt dans le plaisir que prodiguait la queue. Elle se mit à gémir. Cest le moment quil choisit pour parler :
Ta jolie chatte est toute mouillée, comme je les aime. Tu sens comme ma tige coulisse bien dedans. Elle y est comme chez elle. Cest pour ça que je ne te bourre pas comme la salope que tu es. Pour ça que je ne claque pas ta croupe non plus. Pourtant jen meurs denvie : ton cul appelle la fessée. Mais tu te crisperais et cela, je ne le veux pas. Ton petit trou est si détendu que je pourrais glisser mon pouce sans que tu ten rendes compte. Une simple gifle sur ta fesse et il se refermerait. Je ne voudrais pas le forcer. Au contraire, je le veux aussi accueillant que ta fente.
Les mots parvenaient à Julie. Si elle en comprenait le sens, si elle en discernait les effets sur son corps, elle était incapable dy répondre. Tout son être nétait occupé que de la suite dévastatrice quallaient provoquer les lancinants allers-retours. Elle perçut une première tension. Dans son ventre. Puis une seconde. Et les allées-venues cessèrent. À lécoute, Frédéric avait deviné les signes. Il séchappa et alla reprendre plus haut son entreprise de sape.
Le gland de Frédéric perforant son anneau fut une découverte pour Julie. Les hommes qui lavaient prise ainsi étaient toujours pressés dentrer. Pas lui. Il senfonça à peine, bloquant son nud dans létreinte des muscles. Patiemment, il attendit leur détente tout en caressant son fessier de caresses sucrées. Enfin, il avança. Par à-coups, comme un éclaireur qui chercherait à deviner les secrets dun terrain inconnu. Il ne faisait pas mal, bien au contraire. Son invasion navait rien de brutale mais elle marquait une forme de possession absolue que personne ne lui avait jamais imposé. Elle concentra ses efforts pour rester immobile. Cétait pour elle le meilleur (et peut-être le seul) moyen de goûter pleinement cet instant de plaisir.
Bientôt il fut au fond. Bien trop tôt selon elle. Alors commença la décrue. Aussi lentement quil lavait pénétrée, il reflua. Pour mieux revenir.
Trois allers-retours suffirent pour que Julie ne tienne plus. Pour accompagner son tumulte, Frédéric la pilonna jusquà lextinction du fracas.
Cest seulement à cet instant quil la quitta, le sexe encore raidi par ses désirs inassouvis. Il libéra Julie de ses entraves avant même quelle fût revenue à la réalité.
La détente ne dura quun instant. Lorsquelle fut debout, Frédéric lui lia coudes et poignets dans le dos. Elle neut besoin que de baisser les yeux pour savoir ce quil attendait delle. Julie sagenouilla sans attendre. Elle titilla dabord le sexe en le picorant de bisous qui tombaient au jugé. Puis elle goba le gland quelle dorlota de la langue et des lèvres. Enfin, elle laspira. Avec la même lenteur quil avait mis à la sodomiser, la langue creusée pour épouser la forme du pénis. Elle lavala tout entier bloquant le nud au fond de sa gorge dont elle joua pour le masser. Cela occurra quelques bruits de glotte mais la caresse était si savante et si agréable que Frédéric ne sen soucia pas.
Julie relâcha son étreinte et commença dondoyer. Ses mouvements étaient si déliés que Frédéric eut limpression que Julie flottait dans les airs. Sa bouche avait la légèreté, la grâce et la volupté du frôlement dune aile de papillon. Il tenta de se retenir mais la caresse était trop suave pour quil y parvînt : il se répandit sur la langue et dans la gorge de Julie qui ne cessa quune fois le plaisir enfui.
Merci ! dit Frédéric en aidant Julie à se relever. Tu mas fait vivre un grand moment.
Julie ouvrit la bouche, la referma et déglutit.
Merci à vous dit-elle sur un ton faussement volubile.
Frédéric la délia et laccompagna jusquà ses vêtements posés en tas à lentrée de la salle. Quand elle fut rhabillée il prit sa main, la porta à ses lèvres et congédia la belle. Julie sortit à petits pas. Elle serait bien restée.
***
Le samedi fut morose. Frédérique faisait la gueule, Julie nosait pas se retrouver seul avec Frédéric, seul Franck était dhumeur joyeuse. Les deux hommes de la maison passèrent ensemble une bonne partie de la journée.
***
Frédéric écourta son séjour. Rien ne le pressait de rentrer, si ce nest le mutisme dans lequel Frédérique sétait enfermé à son égard : elle ignorait tout bonnement sa présence. Il partit par le train du dimanche après-midi. Ce fut Julie, accompagnée de Franck qui le conduisit à la gare. Perverse, la femme avait revêtu pour loccasion une jupe courte et un pull moulant. Lune mettait en valeur la beauté de ses jambes tandis que lautre ne laissait rien ignorer de la liberté des seins sous le cachemire. La présence de Franck était indispensable. Le fils servit de chaperon au père.
***
Il rentra rue Molière car si Frédérique le battait froid, lui boudait Lucile depuis son intervention intempestive. Par acquit de conscience nouveau terme pour désuvrement il alluma son ordi et vérifia sa boîte mail. Outre de nombreux spams vantant les mérites de tel ou tel produit, des indésirables liés à son inscription sur un tchat et quelques messages de sa banque en rapport avec sa fortune en numéraire, il ne trouva que deux courriers dignes dintérêt. Le premier était de Lucile, le second de Fanny ainsi libellé.
« Monsieur,
Votre silence séternise et je considère quil me rend ma liberté. Je ne peux vous cacher que cette indifférence à mon égard me peine mais je me plais à imaginer quelle est plus douce que les paroles que vous pourriez me dire. Nayant dautre choix, jen prends acte.
Jaimerais malgré tout solliciter de vous une dernière faveur. Jai décidé de poursuivre la route que vous mavez montrée, celle de la soumission. Jai donc besoin de vous pour trouver un maître digne de vous succéder. Seule, je crains de ne pas y arriver. Jespère en vos conseils et peut-être, si vous ne trouvez pas cela trop déplacé, en votre présence lors de mes futurs rendez-vous.
Je sais que je vous demande beaucoup mais ma confiance en vous est telle que je peux envisager un refus de votre part sans désespérer de mon avenir.
Votre dévouée
Fanny. »
Frédéric répondit aussitôt sa lecture finie.
« Je serai là pour toi maintenant et toujours. »
Puis il ajouta, pour parer à toute éventualité :
« Hormis jeudi soir prochain, je suis disponible tous les jours. »
Et il signa : « 26 »
Enfin, il ouvrit le mail de Lucile qui ne contenait que trois mots : « Tu me manques » suivis du dessin scanné dun cur en larmes. Cétait puéril mais charmant. Frédéric ferma son ordi et courut à Courbevoie.
***
Nathalie trouvait le temps long. Depuis le vendredi passé, elle écumait les cinémas pour tromper son attente. Elle avait vu tellement de films depuis trois jours quelle avait les yeux rouges de fatigue. « 19, se dit-elle. Si je continue à ce rythme-là il va bientôt ne rester que les navets. » À nouveau, elle fut tentée de demander que le rendez-vous fût avancé dun jour ou deux. Elle y renonça aussi vite jugeant que Frédéric ne lentendrait pas de cette oreille. Lhomme dont elle avait fait la connaissance dans son donjon nétait pas aussi malléable que celui quelle avait aimé dix ans auparavant.
Elle regarda son programme et renonça, ses yeux la piquaient trop. Elle héla un taxi et lui donna son adresse. Le donjon trottait dans sa tête. Pourquoi y avait-elle pensé. Quelle idiote elle faisait. Aussitôt chez elle, elle se débarrassa de ses chaussures, enfila des pantoufles et bougea la souris de son ordinateur. La luminosité de lécran léblouit mais elle avait besoin den savoir plus sur certains points.
Dans la barre de recherche google, elle ne tapa que deux lettres : SM. Elle jeta un rapide coup dil aux résultats et décida de faire précéder sa demande des lettres « B » et « D ». Les réponses furent plus pertinentes. Elle cliqua sur le premier article dont elle abandonna la lecture au bout de quelques minutes. « Deux sur vingt jugea-t-elle. Cest mal écrit, bourré de termes techniques pas ou mal définis, aucun plan. Cest nul. » Le second étant plutôt axé sur le bondage, elle le remisa également. En revanche, elle sintéressa à lexistence dun tchat exclusivement consacré aux relations dominant/dominé. Elle y tenta sa chance.
Elle choisit « Curieuse » comme pseudo et se déclara neutre, les autres propositions étant : soumis(e), dominant(e) ou switch. Le temps de se déshabiller et denfiler son pyjama, elle avait quinze messages dont deux émanaient de femmes. Elle les lut mais les élimina doffice. Demblée elle supprima aussi ceux qui lui parlaient en abrégé ainsi qui ceux qui ne lui disaient que « bonsoir » sans même regarder à quelle obédience ils sétaient affiliés. Elle nen conserva que trois : lun commençait comme un cours magistral, le deuxième lui demandait ce quelle recherchait et le troisième, moins classique, lui proposait un scénario susceptible selon lauteur de déterminer ses penchants. Prof elle-même, elle sut à lavance que son « collègue » allait la barber. Un second message de la même source impatiente la convainquit définitivement de ne pas lui répondre. Restaient deux : le curieux et le psychologue. Les deux la tentèrent : que ce soit par les questions posées ou par la façon de gérer une situation quelle se faisait forte de perturber, ils allaient lui en apprendre long sur les dominants. Elle se lança.
***
Frédéric arriva chez Lucile ventre à terre. A lui aussi elle lui manquait et il navait besoin que dun signe, si minime soit-il, pour passer outre à leur dispute. Lerreur de Lucile avait eu lieu, il fallait composer avec. La jeunesse, linexpérience, la confrontation avec un monde qui lui était tout à fait étranger
était autant dexplications et de circonstances atténuantes au comportement de Lucile. « Je suis un idiot, conclut-il. Mon rôle est de comprendre et dexcuser pas de condamner. » Cest exactement ce quil dit à Lucile en la prenant dans ses bras. La jeune fille, de son côté ne fut pas avare dexcuses et appris à Frédéric quelle avait renoué les liens avec Nathalie.
Je ne suis pas sûr que lexpression soit pertinente dit-il en riant et en lembrassant mais jen suis heureux.
Ils firent lAmour. Point dorgue de toute réconciliation. Puis il raconta ses déboires. Il commença par Fanny, passa au cas de Nathalie et enfin se lança dans lexposition de son projet. Elle trouva lidée plutôt originale mais ne put sempêcher une pointe de sarcasme :
Tu réunis ton Harem, en quelque sorte.
Je ne voyais pas ça sous cet angle mais tu as raison. Cest exactement ça. Je réunis mon harem.
Cest bon davoir quelquun capable de mouvrir les yeux sur les évidences ajouta-t-il en lembrassant.
Sauf que je my suis pris comme un con. Jai considéré que Frédérique serait daccord avant même de lui en parler. Du coup, je lai totalement négligée et
Elle ta envoyé chier.
Tu sais quelle me plaît bien. Elle a un sacré caractère. Si tu men avais parlé avant, je te laurai dit. Ton projet, il a des tas de conséquences sur la vie de toutes les personnes concernées. Mais celle pour qui ça en a le plus, cest Franck.
Frédéric la regarda, éberlué.
Ah ! Naturellement, tu as pensé en mec. Il serait temps de chausser tes lunettes de père. Quel âge a ton fils ?
Deux ans mais je ne vois pas
Quand ton projet sera prêt il aura ?
Quatre ans. Où veux-tu en venir.
A lécole mon vieux. Quand on a quatre ans, on va à la maternelle. Où est la maternelle la plus proche ?
Je vois. Tu marques un point. Tu ferais une mère redoutable.
Je ferai une mère redoutable, le conditionnel na pas lieu dêtre.
Oh Putain ! Décidément, cest ma journée
Quand on ne veut pas se faire battre, on ne tend pas de verge. Tu devrais le savoir mieux que nimporte qui.
Pax ! dit-il en mettant ses deux mains devant lui en guise de bouclier. Je me rends. Aide-moi plutôt à trouver un moyen de rattr le coup avec Frédérique.
Où est-elle cette semaine.
Dans le Vercors lundi et mardi, entre La Tour-du-Pin et Bourgoin-Jallieu le reste de la semaine.
Ok. Là, je suis paumée. Cest où tout ça ?
Du côté de Grenoble
Donc elle dort à Grenoble. Cest la merde ça.
Non. Elle dort à Villard demain soir et à La Tour à partir de mardi. Lauberge de Villard a une très jolie vue et La Tour du Pin est une ville magnifique. Sans compter quelle aura moins de kilomètres à faire.
Je suis impressionnée. Tu connais toute la France aussi bien ?
Je nai aucun mérite, ma marraine habitait Meylan, jai des cousins à La Tour et je me suis cassé la jambe à Villard-de-Lans. Tu vois, aucun mérite.
Je vois. Nempêche que jen ai appris plus sur toi en dix minutes que ces trois derniers mois. Jai une autre nouvelle pour toi : tu pars pour Villard-de-Lans demain matin. Jespère quil leur restera des chambres
Je crois que ce serait plus prudent de téléphoner.
***
Nathalie ferma son navigateur. Elle nétait pas restée plus de trois quarts dheure à discuter avec ses deux correspondants. Le curieux lavait inondé de questions insipides mais ne répondait jamais aux siennes. Quant à lautre, il voulait des détails, toujours plus de détails et exigeait quelle répondît avant même davoir lu son message en entier. Et en plus, le goujat avait la prétention de corriger ses fautes de frappe. Elle lavait congédié en lui signalant quelle nétait pas dactylo.
« Quelle bande de pithécanthropes ! Sils sont tous sur le même moule, autant rester nonne » pensa-t-elle. Et elle alla se coucher lesprit serein.
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