Mister Hyde 35 Et 36

– 35 –


Que Frédérique vienne me réveiller n’était pas anodin. Qu’elle soit porteuse d’une enveloppe à mon adresse non plus. Je pris le temps de décacheter la missive et de la lire avant de suivre la jeune femme. Le mot, signé d’un simple « F » était ainsi libellé :
« Je vous ai attribué une salle d’eau particulière ainsi qu’un guide qui, je l’espère est à votre convenance. »
La veille au soir, il avait fait de moi son complice mais par ce mot, il m’adoubait et me laissait carte blanche. Je suivis Frédérique en sifflotant non sans lui avoir confié mes affaires à porter. Arrivé à bon port, je la remerciai en ajoutant :
– Vous êtes meilleure guide que serveuse.
La voir rougir fut délicieux.
***
Une large ouverture ménagée dans le fond de scène et masquée par un rideau presque invisible, donna passage à Julie qui s’installa derrière le pupitre en plexiglas. Elle était vêtue d’un débardeur en soie grège et d’une jupe bouffante extra courte fait de même matière et de même couleur. Le tout donnait l’impression qu’elle était nue tant le léger hâle de sa peau se mariait avec la teinte des vêtements. Aucun rappel à l’ordre ne fut nécessaire pour obtenir le silence des quatorze hommes présents dans la salle.
– Bonjour messieurs, commença-t-elle. J’espère que vous avez tous passé une nuit agréable et que ce début de matinée vous fut plaisant. Nous allons maintenant passer à l’événement qui a motivé votre venue. La vente aux enchères d’aujourd’hui concerne trois lots dont la mise à prix sera identique. À l’issue de celle-ci, les acquéreurs prendront possession de leur bien jusqu’à demain vingt heures. Je présente aux autres mes regrets par avance.
Le premier lot est constitué par « Gourgandine » qui, pour une raison que je tairais, a déplu à son Maître.
Julie s’interrompit un instant, le temps pour celle que j’appelais encore « brunette » apparaisse sur scène. Elle n’était vêtue que d’un string noir qui ne cachait quasiment rien.

Face à l’assemblée, elle se tint debout, les jambes – plus belles encore que ne le laissait deviner sa jupette de la veille – écartées, les bras croisés dans le dos. Sa poitrine, bien que petite, avait une rondeur de pomme et ses tétons, savamment maquillés pointaient à vous crever les yeux.
– La mise à prix est de 5000 €uros reprit Julie tout en faisant signe à la demoiselle de se retourner. Je rappelle que les enchères muettes ne peuvent être supérieures à 5000 €uros et inférieures à 1000 €uros. Par ailleurs, toute enchère contenant une fraction de ces nombres doit être énoncée à voix haute. Procédons !
– La mise à prix est élevée mais la marchandise est de premier choix affirma mon voisin en levant la main.
– 10.000 pour le monsieur à la cravate blanche… Qui dit mieux ?
Les enchères durèrent une dizaine de minutes durant lesquelles Fanny, qui faisait de nouveau face à ses acheteurs, garda la même position et le même visage stoïque. Deux projecteurs l’éclairaient qui vraisemblablement l’empêchèrent de voir nos visages et peut-être même de distinguer dans la masse, les invités qui rivalisaient de désir pour elle. Ce fut mon voisin à cravate blanche qui l’emporta. À trente mille, il n’y avait plus que trois compétiteurs, à trente-cinq, plus que deux. Les enchères montaient désormais par tranche de cinq cents €uros mais arrivées à quarante mille, mon voisin sentit faiblir son adversaire. Il donna l’estocade en énonçant la somme de quarante-deux mille cinq cents €uros.
Julie attendit que le calme revienne et appela « Renarde ». Nathalie apparut. Elle ne portait qu’un string de dentelles vert qui laissait deviner la peau blanche de son pubis. Derrière moi, un long sifflet d’admiration se fit entendre. Décontenancée, la jolie rousse vacilla avant de reprendre la même posture que celle qui l’avait précédée sur le podium.
– Quinze mille cria l’homme qui venait de nous percer les tympans.
– Vingt-cinq renchérit un autre tapi au dernier rang.

Le ton était donné. En un cinq syllabes, les deux concurrents avaient éliminé tous les autres protagonistes. Leurs enchères devinrent plus raisonnables puis, passées les trente-sept mille, elles s’essoufflèrent.
– Quarante-deux mille cinq cents énonça alors un petit homme posté au premier rang.
Les deux prétendants précédents se regardèrent et s’avouèrent vaincus.
Au tour de la blonde maintenant me glissa à l’oreille mon voisin à cravate blanche. J’ai rêvé de sa bouche toute la nuit.
Je ne sais pourquoi mais je plaignis Fanny. Juste une seconde. « Soutim » – Frédérique – entrait sur scène.
La veille, je l’avais trouvée belle. J’étais bien loin du compte. Ses seins, son ventre, ses hanches, l’oblonguité discrète de son pubis, la courbe de ses cuisses, celle de ses mollets, la finesse de ses poignets, de ses chevilles… Tout en elle était parfait. J’étais tellement fasciné que lorsque je me réveillai de ce songe éveillé, les enchères étaient déjà lancées.
J’entrai dans la danse à vingt-huit mille. Mon voisin sauta à trente mille et un grand type du genre vieux beau rajouta mille. Conscient de la faiblesse de mon compte en banque, j’hésitais à surenchérir mais la voix de l’homme à la cravate blanche prononçant le nombre de trente et un mille cinq cents me fit perdre toute retenue. Je rajoutais cinq mille à la somme prononcée. Mon voisin se tint coi et peu m’importait la raison. Le vieux beau en revanche ne s’avoua pas vaincu. Il monta de cinq cents. Je l’imitai. Nous jouâmes ainsi jusqu’à atteindre quarante mille et je tenais la corde. Inquiet, je jetai un coup d’œil vers lui. Il fit signe qu’il jetait l’éponge. J’avais gagné. Mais avant que Julie n’abaisse son marteau, j’en rajoutais une couche : quarante-deux mille cinq cents m’entendis-je prononcer.
***
Des applaudissements éclatèrent signalant la fin de la vente mais la voix de Julie dans les haut-parleurs invita tout le monde à se rasseoir.
– Nous avons trois vainqueurs et quatorze présents.
Cela fait onze déçus. Je n’aime pas ce chiffre. Alors, je vous propose un quatrième lot. Un lot de consolation en quelque sorte. Les conditions sont les suivantes : seuls les onze déçus peuvent concourir et celui qui remportera les enchères n’aura son bien à disposition que pour deux heures mais uniquement après le déjeuner auquel vous êtes tous conviés. La mise à prix est de cent €uros, le lot c’est moi.
Un murmure admiratif s’éleva de l’assistance lorsque Julie retira son haut et laissa tomber sa jupe. À pas comptés, elle vint se placer dans la lumière. Chacun énonça son enchère à voix haute. C’est à ce moment que Frédérique, couverte d’une cape, vint me chercher.
– Merci de m’avoir achetée Maître, murmura-t-elle.
***
Sa voix était chaude, enivrante. C’est sans doute à cet instant précis que j’ai compris que j’étais tombé amoureux. Midi allait bientôt sonner. J’avais trente-deux heures pour lui faire partager ce sentiment.

– 36 –

Je quittais la fabrique le dimanche soir, repu d’orgies et de plaisirs. Avant de monter en voiture, j’allais naturellement saluer le maître des lieux que je trouvais occupé à pouponner.
Sans lâcher sa fille qu’il serrait affectueusement dans ses bras, il m’invita à faire quelques pas dans la prairie qui jouxte les bâtiments. Nous parlâmes de tout et de rien mais surtout pas de Frédérique. Il était évident qu’il tenait à en éviter le sujet. Je ne compris pourquoi il m’avait ainsi retenu qu’en approchant de mon véhicule.
– Revenez me dit-il. Pas la semaine prochaine, ce serait trop proche. Mais dans deux semaines. Nous verrons alors comment réagira Frédérique à votre revenue. Je ne désespère pas de voir un grand sourire fleurir sur ses lèvres à cette occasion.
Bon retour Florian. Je ne vous retiens pas plus longtemps, vous avez de la route.
Disant cela, il posa sa main sur mon épaule en un signe amical. Je n’eus nul besoin de lui répondre, mon sourire avait suffi à l’éclairer sur mes intentions.

***
– Hormis Julie qui s’est conduite comme une dévergondée, tout semble s’être déroulé à merveille.
Et de ton côté ?
– Un enchantement ! répondit Lucile. Maman et Papa ont immédiatement adopté Franck. Quant à Gé, c’est tout juste s’ils ne se sont pas battus pour avoir le droit de la changer. J’ai eu beau leur dire que, des couches sales, il y en aurait pour tout le monde, ils se bagarraient à chaque fois pour l’insigne honneur de renifler le caca de leur petite fille. Je me demande même s’ils ne m’en ont pas voulu d’être la seule à pouvoir lui donner le sein…
La fabrique était silencieuse, Lucile et Frédéric lovés l’un contre l’autre dans leur lit. Elle, le visage sur son torse, lui caressant ses cheveux, ils se turent un instant, savourant le plaisir d’être ensemble.
– Qu’a fait Julie pour que tu la qualifies de « dévergondée » elle n’a quand même pas allumé tous les invités… ? demanda Lucile en caressant le ventre de son amant.
– Pire ! Elle s’est vendue au plus offrant. Mais elle n’en est pas restée là. Pendant le déjeuner, elle a proposé à tous ceux qui allaient repartir bredouille de les sucer pour un somme cinq fois inférieure à son prix d’achat. Je ne te dis pas la colère de son acquéreur…
La main de Lucile descendit légèrement, interrompant le récit de Frédéric.
– Tu as été tenté ?
– Oui ! Tu sais combien la bouche de Julie m’excite. Elle est sans doute la meilleure suceuse que je connaisse. Elle ondule comme…
Frédéric se tut, prenant conscience qu’il était en train d’aller trop loin mais Lucile, loin de se formaliser insista :
– Comme… ?
– Laissons cela.
– Non, non, je veux savoir.
Elle ondule avec la grâce d’un cygne, lâcha Frédéric d’un ton sec. Es-tu contente… ?
– Elle te suce mieux que moi ?
L’insistance de Lucile commençait à agacer Frédéric mais elle s’était saisie de son sexe et le caressait langoureusement.
– Ça n’a rien à voir affirma-t-il sur le même ton.
– C’est que… Je peux m’améliorer, Monsieur murmura Lucile en rapprochant dangereusement son visage du membre désormais dressé.
D’un petit coup de langue sur le gland violacé, elle ponctua son discours. Frédéric ne put retenir un soupir.
– Guidez-moi !
Nouvelle caresse de la langue.
– Vous allez voir…
Récidive.
– … que je sais être…
Petit bisou.
– … une excellente élève.
Autre baiser.
– Moi aussi…
Elle captura l’extrémité du gland entre ses lèvres humides pour le relâcher aussitôt.
– … je veux être…
Elle enroula sa langue autour du nœud.
– … un cygne.
Cette fois, elle goba le gland et le conserva un instant au chaud dans sa bouche.
– Je veux être…
Elle aspira le vit plus profond dans sa bouche sans toutefois l’avaler en entier.
– … votre cygne.
Elle réitéra sa caresse tout en creusant la langue de façon à ce que celle-ci épousât parfaitement la forme du membre qu’elle suçait.
– Éduquez-moi…
Jusque-là Frédéric était resté stoïque et avait profité des caresses de Lucile sans broncher tout en écoutant son discours dont les paroles le touchaient profondément. Entendre la demande de la jeune femme éveilla sans doute en lui le M. Hyde qui ne somnolait que d’un œil.
– Tu veux vraiment que je t’éduque, ma petite chienne interrogea-t-il d’une voix glaciale tout en retenant par les cheveux le visage de Lucile qui s’apprêtait à lui prodiguer d’autres douceurs.
Il y eut un blanc. Lucile se sentit prise au piège de ses propres agissements, enfermées par les mots qu’elle venait à l’instant de prononcer. Elle avait, encore, le choix. Elle pouvait, encore, arguer qu’il ne s’agissait là que d’une coquinerie, une façon d’émoustiller leur libido par un jeu, certes dangereux mais un jeu tout de même. Ou alors, répondre « Oui » et plonger dans l’inconnu. Il y avait dans le ton, dans la voix de son amant, une dimension de sérieux et de permanence qui lui fit peur. Elle opta pour une voie tierce :
– Apprenez-moi à vous donner autant et plus de plaisir qu’elle le fait dit-elle en caressant avec la main, à défaut de sa bouche, le membre turgescent.
Fut-il déçu par la réponse ? Sans doute pas. Néanmoins, il dégagea la main de la jeune femme et se leva. Le charme était rompu et il en était le seul responsable. Lucile l’appela tandis qu’il s’éloignait. Il ne se retourna même pas. Elle le suivit.
***
Lucile connaissait par cœur le parcours que suivait Frédéric dans ce genre de situation. D’abord la salle de bains qu’il verrouillait pour ne pas y être suivi tandis qu’il calmait son désir, puis la cuisine pour avaler des litres de café et fumer des montagnes de clopes qui le feraient tenir jusqu’au petit matin. Ensuite, il allait généralement faire une longue ballade à pied pour ne revenir que sur les coups de midi, lorsqu’il était sûr qu’elle serait partie à la fac ou bien à la bibliothèque. Elle décida d’aller l’attendre au point numéro deux de son périple. Elle attendit sans rien faire qu’il arrive : peut-être rebrousserait-il chemin si l’odeur du café venait effleurer ses narines ?
Elle était nue et la nuit était fraîche, elle se pelotonna sur une chaise. À son approche, elle se leva. Une seconde elle hésita à se jeter dans ses bras mais elle y renonça et parla à distance.
– J’aurais pu répondre « Oui » à ta question. J’aurais pu y répondre « Non » aussi. Mais je n’ai voulu y apporter aucune réponse définitive. Parce qu’il y avait, dans ton ton, la promesse d’une permanence dont je ne veux pas. Je veux bien être ta « petite chienne » mais seulement quand tu en as envie. C’est-à-dire pas tout le temps. Je vois bien comment il t’arrive de fuir Frédérique Nathalie ou Fanny parce qu’avec elles, tu es enfermé dans ton rôle de Maître et que cela te pèse. Je refuse qu’il en soit de même avec moi. Je veux qu’avec moi tu sois libre d’être mon Maître ou mon amant. Tout comme je veux pouvoir rester ton amoureuse. Une chose est sûre cependant, c’est que, chienne ou amante, je veux être celle qui te donnera le plus de plaisir. Pour cela, il va falloir que tu m’apprennes. Peut-être même que tu m’éduques. À cela et à cela seulement, je suis prête.
– Je suis d’accord. Il n’y a décidément que toi pour voir tous les défauts de ma cuirasse.
Je te dois aussi des excuses pour avoir gâché ce moment. Parfois, je ne vaux pas mieux que le chien de Pavlov. J’entends un mot ou une phrase et je me change en M. Hyde. C’est…
– Chuuut ! dit Lucile qui, ayant parcouru les quelques pas la séparant de son amant, défaisait la ceinture de son peignoir pour se serrer contre son torse. Tu vas dire des bêtises.
Lentement, elle fit glisser ses mains le long du dos de son amant pour s’accrocher au creux de ses reins avant de se laisser aller au sol.
– Apprends-moi la souplesse du roseau pour que je puisse te sucer comme tu aimes. Apprends à tout mon corps à t’accueillir pour que ton sexe se sente chez lui ou qu’il veuille. Apprends-moi à te faire l’amour.
Les mains de Lucile caressèrent les fesses et les cuisses de son Frédéric puis elle les glissa dans son dos en signe de docilité.
Frédéric s’accroupit face à elle et prit entre ses mains le visage de sa bien-aimée.
– Suis-moi au donjon lui dit-il de sa voix la plus chaude. La cuisine n’est pas le bon lieu pour ce genre d’apprentissage.
Sans une hésitation, Lucile emboîta le pas de Frédéric. Comme une chienne suit son Maître, à quatre pattes.
***
Frédéric attacha son élève au pilori en l’assurant qu’à défaut de savoir lui enseigner la souplesse, il serait capable de la rendre accueillante de toutes les façons possibles. Cependant il ne la traita pas en soumise et ses demandes ne furent en aucun cas des exigences. Elle s’y conforma néanmoins car, à chaque instant, il s’inquiétait de son confort et l’informait des turpitudes qu’il pourrait être amené à lui faire subir dans le feu de l’action.
– Je vais commencer par ton sexe l’informa-t-il. Quand tu auras joui deux ou trois fois, tu seras prête à affronter l’exploration de nouveau horizons.
Joignant le geste à la parole, Frédéric porta sa main droite sur les lèvres de son amante. Habilement, il faufila un doigt entre les grandes lèvres déjà humides de la jeune femme. Ce faisant, il la berça de mots doux et de compliments sur sa beauté. D’un mouvement lent et calculé, il écarta les plus petites et libéra un ru de liquide. Il remonta alors sa première phalange jusqu’au clitoris de sa belle et entrepris de le masser. De sa main gauche, il fit subir le même sort au téton droit. Sous ses doigts, il sentit gonfler les deux appendices.
– J’aime tes seins dit-il. Ils sont si réactifs. J’aime les voir pointer sous ton corsage quand nous nous promenons. J’aime les voir s’assombrir de désir lorsque je les pince entre mes lèvres ou avec mes doigts. J’aime aussi les soupirs de plaisir que tu laisses échapper quand je presse ton clitoris ou que ma langue le cajole…
Poursuivant la même politique, il énonçait et il faisait. Bientôt sa langue remplaça sa main droite tandis qu’entre son pouce et son index gauches il malaxait toujours plus fort le sein de sa compagne.
Sa bouche la dévorait maintenant. Tantôt avec la lenteur suave d’un tango, parfois au rythme diabolique d’un quadrille, tantôt avec la frénésie d’un bon vieux rock mais le plus souvent à la cadence tempérée d’une valse à trois temps. Ses lèvres et sa langue allaient ainsi d’un bout à l’autre du sexe de Lucile qui, dans l’inconfortable position où elle se trouvait, n’en n’éprouva pas moins mille plaisirs inconnus. Combien de fois jouit-elle ? Impossible à savoir, elle eut l’impression de vivre un orgasme permanent qui ne cessa que lorsque ses jambes, épuisées de tant de secousses, refusèrent de la porter plus longtemps.
Frédéric la délia et l’allongea sur un épais tapis de laine mais ne cessa pas pour autant de l’abreuver de mots ni de s’abreuver de son corps. Encore une fois, elle se cambra. La langue de Frédéric venait d’entrer en elle et la dardait avec la puissance d’un pénis tandis qu’un doigt explorateur s’introduisait dans son entrée secrète. Certes, elle n’était plus aussi vierge qu’elle l’aurait souhaité à cause de ce foutu plug qu’il l’avait obligée à porter en punition mais c’était tout de même la première fois qu’une partie de lui la pénétrait par là. Elle cria un « OUI » qui déchira la nuit.
Mais encore une fois le sort fut contre elle. Dans l’interphone directement relié aux chambres des s et qui marchait en permanence, Gé babillait. Cinq minutes plus tard, voyant que rien ni personne n’arrivait, elle se mettrait à pleurer. Lucile sauta sur ses pieds, attrapa au passage le peignoir de son homme et alla pouponner.
Resté seul, Frédéric ouvrit une des armoires et se vêtit du pantalon et de la chemise de lin noir dont il avait pris l’habitude de s’affubler pendant les séances. Il erra ainsi quelques minutes dans la pièce passant d’un meuble ou d’un instrument de à un autre. Puis il appuya sur un bouton masqué par l’ombre d’une armoire. Un bruit de moteur électrique se fit entendre et, lentement, ce qui semblait être le mur du fond s’éleva dans les airs dévoilant un immense miroir qui couvrait la presque totalité de la surface. À gauche, une porte découpée dans la glace ouvrait sur une salle. Elle était aussi longue que le panneau réfléchissant et profonde de quatre mètres. Munie d’une quinzaine de fauteuils alignés face à la vitre sans tain, d’un bar correctement achalandé et d’un extracteur de fumée, elle permettait, le cas échéant, de recevoir des invités qui ne perdraient rien du spectacle se déroulant dans le donjon même si l’envie leur prenait de griller une cigarette. Sur le côté droit de la salle, un écran géant permettait d’espionner ce qui se passait dans la geôle, de l’autre côté de la paroi.
Frédéric ouvrit la porte et s’installa dans le premier fauteuil à sa portée. Il avait fait installer cette salle dans l’éventualité d’un événement tel que celui qui s’était déroulé la veille et l’avant-veille. Il se demanda s’il n’avait pas, à cet égard, commis une erreur en ne situant pas la vente aux enchères dans le donjon, en cachant tous les acquéreurs potentiels aux regards de ses trois soumises.
Il se leva et quitta la salle. Décidément, il avait eu raison d’agir comme il l’avait fait. Il voulait qu’elles voient et elles avaient vu, elles avaient entendu les enchères. Ainsi, elles avaient désormais conscience de leurs valeurs et c’était exactement ce qu’il avait voulu. En revanche, quand il exigerait d’elles le récit de leurs punitions, il se cacherait là et elles ignoreraient si, oui ou non, il serait seul.
Il regarda sa montre et constata que l’heure approchait où la fabrique se réveillait. Dans l’éventualité d’une rencontre, il quitta ses vêtements. Sa nudité sèmerait le doute quant à ses activités nocturnes alors que sa tenue noire, trop connotée « séance avec une soumise », n’en laisserait aucun et que Lucile serait bientôt découverte comme ayant été l’objet de ses attentions. C’est cela qu’il ne voulait pas.
Frédéric, nu, traversa la cour sous le regard étonné de Nathalie qui depuis quelque temps s’était mise au jogging. Sans perdre contenance, il la salua d’un sourire et entra d’un pas de sénateur dans la partie des bâtiments que Lucile et lui s’étaient octroyée.
***
Nathalie ne perdit pas de temps à s’interroger sur ce qu’elle venait de surprendre et s’élança d’un pas alerte vers la forêt. Elle courut pendant au moins une demi-heure avant de s’arrêter à la frontière du bois et de la route. D’un geste preste, elle regarda sa montre pour constater qu’elle était en avance d’un bon quart d’heure. Avec un peu de chance, il ne la ferait pas attendre aussi longtemps.
De fait, un cabriolet se gara rapidement dans le refuge marqué par une borne kilométrique. Le conducteur sortit du véhicule et appela. Nathalie sortit du Bosquet où elle s’était cachée en entendant approcher la puissante voiture. L’homme rit de bon cœur.
Vêtue d’un mini short rouge et d’un débardeur noir sans manche, l’homme la trouva belle à croquer. Il le lui dit et l’interrogea sur la raison de sa cachette.
– La confusion répondit-elle.
L’homme rit de plus belle.
– Avec quoi, grands dieux, aviez-vous peur qu’on vous confonde ? Avec une cabine téléphonique… ?
– Vous le savez très bien affirma-t-elle sur un ton à la fois choqué et contrarié. Maintenant, j’aimerais savoir les raisons de ce rendez-vous.
Nathalie n’était pas née de la dernière pluie. De son passage dans la police, elle avait retiré la certitude que personne n’est à l’abri de l’espionnage et, fine mouche, avait rapidement soupçonné Frédéric de se livrer à une inspection régulière de tous les PC présents à la fabrique. Si besoin en avait été, elle en avait eu la confirmation le vendredi soir précédent en découvrant parmi les invités, un homme qu’elle avait croisé sur le net et avec lequel elle avait discuté sans jamais accepter de le rencontrer. Elle l’avait reconnu grâce à sa photo de profil et, comme par hasard, il avait remporté les enchères la concernant. Trop de hasards… Cela sentait le coup monté. Donc, lorsque la veille au soir, il lui avait proposé ce rendez-vous, elle accepta.
– Quarante-deux fois, je t’ai proposé une rencontre. Quarante-deux fois tu as refusé. J’ai pensé qu’après ce week-end…
– Ce week-end, vous m’aviez achetée. Lorsque vous m’avez parlé de ce rendez-vous, je vous appartenais encore. Avais-je vraiment le choix puisque je devais satisfaire tous vos désirs ?
– Mais maintenant, tu ne m’appartiens plus et pourtant tu es là… Frédéric est-il au courant ?
– La question n’est pas là, répondit Nathalie en secouant vigoureusement la tête en signe de dénégation. La question est de savoir pourquoi vous avez exigé de moi, ce rendez-vous.
L’homme la regarda. Il la détailla, plutôt. Son regard n’était en aucun cas concupiscent, il était celui d’un homme qui cherche, qui fouille son vis-à-vis en attente d’une confirmation. Cela dura peu, quinze secondes, peut-être vingt mais cela sembla une éternité à Nathalie qui n’osait plus bouger. L’homme, enfin, ouvrit la bouche.
– J’ai eu envie de vous dès notre première discussion. Je ne vous connaissais pas, je ne savais pas quelle tête vous aviez mais peu m’importait. Le constat était là, violent : vos mots, vos pensées, la façon dont vous les exprimiez éveillaient en moi un désir dont je ne me pensais pas capable. Nous nous sommes retrouvés et nous avons repris notre dialogue. Le même sentiment m’habitait à chaque fois : une volonté de possession qui allait bien au-delà de l’entendement. Pourtant, vous aviez dressé des barrières qui auraient dû me faire entendre raison. Mais non. Elles ne m’ont pas freiné. Je me suis mis à vous imaginer. Autour des yeux que vous m’aviez décrits, j’ai créé un visage, puis un buste, puis un corps tout entier. Lors de nos rendez-vous épistolaires, je vous ai demandé confirmation de mes pensées. Parfois vous opiniez, parfois vous déniiez. Et la folle ronde de mon imagination reprenait.
Lorsque Frédéric est entré en contact avec moi pour me convier à ce week-end… particulier, j’ai accepté, sans hésiter une seconde. Cette rencontre que vous me refusiez avec tant de vigueur, j’allais vous la voler et j’en étais heureux.
Vous n’étiez pas la blonde. De cela, je fus certain dès la première seconde. Il y avait en elle une assurance et une sérénité qui ne peuvent venir que de l’habitude de s’offrir. Vous n’étiez pas la brune : son regard ne correspondait pas à celui que vous m’aviez décrit. Vous étiez donc la rousse. Et mon cœur a bondi car c’était la teinte de cheveux que mon fantasme vous avait donnée. Je n’ai alors plus eu qu’une seule idée en tête : remporter les enchères.
Quand vous êtes venue me chercher, j’ai opté pour le silence. Parler m’aurait trahi, vous m’auriez reconnu. Je ne le voulais pas. Du moins pas si vite. J’ai, aussi vite que possible, étanché mon désir pour m’occuper enfin de vous, du plaisir que j’allais vous donner. Et, ce faisant, je me suis rendu compte que vous posséder de la sorte était insuffisant. C’est pour cela que je vous ai fixé ce rendez-vous.
L’homme se tut. Nathalie s’était bien doutée qu’elle avait déjà croisé l’homme qui l’avait achetée sur l’un des quelques tchats qu’elle avait fréquenté. Mais désormais, elle savait avec certitude duquel il s’agissait. « Frédéric est décidément un adorable salopard » se dit-elle. « Il prépare sa sortie avec beaucoup d’intelligence et de finesse. Et en plus, il s’est réservé le beau rôle… »
– Je n’ai rien dit à Frédéric avoua Nathalie. Je ne l’ai vu qu’en coup de vent et la situation ne prêtait pas à ce type de révélation. Et pourtant je suis là, en totale contradiction avec mon serment de soumise. Je n’en suis pas fière mais c’est vous qui m’avez mise dans cette situation.
– Tu aurais pu ne pas venir…
– J’avais accepté.
– Sous la contrainte…
– Une contrainte de façade. J’avais envie de vous dire oui.
L’homme fit un pas vers Nathalie.
– Et moi j’ai envie de te prendre dans mes bras.
Elle recula.
– Non !
L’homme s’arrêta.
– Tu as raison. Frédéric est ton maître et tu ne peux le trahir plus que tu l’as déjà fait. Je comprends. Si cela te convient, je vais solliciter un rendez-vous et lui demander de te céder à moi. Ainsi, il n’y aura plus de tricherie.
– Si vous voulez, monsieur répondit Nathalie dont le cœur battait la chamade. S’il accepte, je serais à vous.
Sur ces mots, Nathalie s’enfuit en courant.
Resté seul, l’homme décrocha son téléphone.
***
– C’est l’été, les premiers fruits sont mûrs dit Frédéric en rangeant son téléphone. Devine qui vient d’appeler… ?
Lucile tourna la tête en souriant.
– Un amoureux transi ?
– Sincèrement, je ne pensais pas que ça marcherait aussi bien. On ne se méfie jamais assez des joies d’internet. Je savais que ça pouvait coller entre Florian et Frédérique mais je viens de raccrocher d’avec Adémar-Louis : Nathalie a un amoureux…
Lucile se jeta dans ses bras pour l’embrasser à pleine bouche.
– C’est génial mon Amour dit-elle sans vraiment cesser d’embrasser son amant. Grosse teuf en perspective.
– Encore plus grosse que tu le crois murmura-t-il en se séparant de Lucile pour poser un genou à terre et mettre la main dans sa poche.
J’ai une question à te poser et selon ta réponse, je ferais le voyage jusqu’à Hérouville pour voir tes parents…
Il sortit de sa poche un écrin noir et blanc qu’il présenta à Lucile en souriant. Secrètement, il espérait ne pas avoir à formuler sa question mais Lucile se taisait, ses mains masquaient sa bouche. Il se lança.
– Lumière de mes jours, feux de mes nuits. Mon rocher, mon âme » dit-il en paraphrasant Nabokov. Veux-tu que nous brûlions ensemble d’une même flamme pour les jours qu’il nous reste à vivre ?
Lucile prit la bague et la glissa à son doigt. Puis elle prit entre ses mains le visage de Frédéric et l’embrassa. Elle ne lui dit pas « Oui », elle se réservait pour quand ils seraient devant monsieur le Maire.
***
Bouleversée par sa courte entrevue, Nathalie alla directement frapper chez Fanny. Au fil des jours, les deux jeunes femmes étaient devenues amies et confidentes, il était donc naturel que Nathalie allât lui narrer son aventure. Mais Fanny était en larmes et, de confidente, Nathalie devint consolatrice.
Entre deux sanglots, Fanny raconta l’horreur de ces deux jours passés en la compagnie d’un salaud. Trente-deux heures durant, l’homme à la cravate blanche l’avait battue, martyrisée et n’avait tenu aucun compte de ses cris d’alerte et de ses suppliques de mettre fin à son supplice. De fait, de la poitrine jusqu’aux genoux, Fanny n’était que plaies et bosses : son corps n’était plus qu’un immense hématome strié de zébrures de fouet et de marques profondes laissées par des paddles. L’intérieur de ses cuisses, les lèvres de son sexe étaient tellement cramoisies qu’on les aurait dits noirs. Quant à son dos à ses fesses à ses cuisses ou à ses mollets, la peau en était par endroits éclatée par les coups d’une badine.
Ne voulant pas laisser son amie seule, Nathalie appela Frédéric par téléphone. Il arriva à peine deux minutes plus tard, il lui fallut moins de deux secondes pour être fou de rage, moins de vingt pour joindre un médecin et moins d’une minute pour le convaincre de tout laisser tomber et de rappliquer dare-dare à la fabrique.
***
– L’urgence n’est pas de savoir pourquoi ou comment, Docteur. Il me semble qu’elle est plutôt évidente, vous ne croyez pas. Alors, je vous en prie, faites votre boulot. Les explications viendront en leur temps.
Le médecin examina Fanny sous toutes les coutures et se rapprocha de Frédéric.
– C’est impressionnant, sans doute très douloureux mais moins grave qu’il y parait. Votre amie n’a ni fracture ni lésion interne. Mais nous ferons une série de radios pour être certain quand elle pourra se déplacer sans souffrir le martyr. En apparence, seuls l’épiderme et le derme ont subi des violences. Mais laissez-moi vous dire que c’est là l’œuvre d’un malade. Celui ou celle qui a fait ça est bon à enfermer.
– Ne me regardez pas sur ce ton répondit Frédéric, je suis incontestablement responsable de l’état de Fanny mais totalement innocent des agissements qui l’ont provoqué. Autrement dit, le malade, ce n’est pas moi. Maintenant, il serait bon que vous me disiez comment la soigner.
C’est cet instant que choisit Frédérique pour débarquer dans la mêlée.
– Frédéric ? Docteur ? Qu’est-ce qui se passe ?
En voyant la charmante visiteuse médicale qu’il avait eu la joie de rencontrer une ou deux semaines auparavant, le médecin s’adoucit.
– Votre voisine a subi quelques désagréments physiques. Voyez donc dans vos échantillons si vous avez l’une ou l’autre de ces pommades. Et rapportez aussi une boîte d’anti douleur. Celui dont vous m’avez entretenu l’autre jour serait parfait pour le cas qui nous occupe.
Frédérique fila comme le vent, le médecin se retourna vers Frédéric.
– Je vais arrêter votre amie deux bonnes semaines, le temps que les hématomes disparaissent et que les plaies cicatrisent et je programme les radios en début de semaine prochaine. Mais là où je suis le plus inquiet, c’est pour son moral. On ne subit pas de tels assauts sans y laisser des plumes. Peut-être faudra-t-il qu’elle se fasse aider.
Frédéric régla le praticien et le raccompagna à sa voiture. En chemin, ils croisèrent Frédérique et Julie, les bras chargés de petits tubes de pommade.
– Pour aujourd’hui, appliquez cette pommade en couche épaisse expliqua le docteur à Frédérique sans quitter Julie du regard. À partir de demain, vous appliquerez celle-ci sur les plaies et l’autre sur les hématomes. Normalement, d’ici à huitaine, la peau de votre voisine sera comme neuve. Prenez soins d’elle et soyez douce, je crois que c’est ce dont elle aura le plus besoin ces prochains jours.
Sur ce, il monta en voiture en se demandant dans quelle maison de dingues il avait atterri.
***
Les filles et Frédéric se relayèrent jour et nuit auprès de Fanny. Les filles la câlinaient tandis que Frédéric se tenait à l’écart, dans un fauteuil. Le jeudi, n’y tenant plus, fanny prit la parole.
– Ce n’est pas votre faute.
– Bien sûr que si ! Tout ce qui vient de t’arriver est entièrement ma faute.
Avec un petit sourire narquois au coin des lèvres, Fanny regarda Frédéric.
– J’ai rencontré quelqu’un, il n’y a pas longtemps, qui m’a expliqué que les français confondent souvent les erreurs et les fautes. Vous avez commis une erreur en faisant confiance à un être qui n’en était pas digne. Vous vous êtes fourvoyé, voilà tout. Et moi, qui l’ai vu agir, je crois pouvoir affirmer sans crainte de me tromper qu’il vous a dupé bien plus que vous ne vous êtes trompé. Vous savez, j’ai bossé en unité psy. Des personnes comme lui, manipulatrices et sadiques, j’en ai rencontré. Généralement, on les reconnaît à certains signes dans leur comportement. Lui, il avait l’air clean. Je n’avais rien remarqué d’inquiétant, ni vendredi soir ni samedi quand je suis allée le chercher. Vous n’avez pas à vous en vouloir. Il aurait bluffé n’importe qui. Que ce soit tombé sur moi, c’est juste la faute à pas de chance. Pas celle de mon Maître dont je sais qu’il prendra toujours soin de moi comme il l’a fait jusqu’à présent.
– Mais jamais…
– Je sais bien Frédéric que vous n’avez pas voulu ça. Je le sais et vous ne méritez pas de vous en vouloir. En revanche, j’estime que vous me devez un service et je vais vous le demander sans attendre : je veux que vous m’appreniez à manier le fouet, le paddle et le martinet. Parce qu’un jour ou l’autre, je retrouverais cette ordure et je lui ferais subir le même sort que celui qu’il m’a imposé.
Frédéric acquiesça. Le désir de vengeance le tenaillait aussi.
***
Frédéric se mit au travail. À partir du pseudo utilisé par l’homme à la cravate blanche sur le tchat où il avait discuté avec Fanny, il tenta de remonter l’adresse IP de son ordinateur. Il tomba sur un VPN, un réseau privé auquel on se connecte pour éviter d’être tracé.
– C’est une sorte de magma informe où les adresses se mélangent, s’échangent, se noient, expliqua-t-il à Fanny. Il faudrait des semaines pour en débrouiller l’écheveau. Il y a certainement un moyen plus simple…
– On pourrait commencer par une simple enquête de police intervint Nathalie qui ne quittait que rarement le chevet de Fanny.
Fanny et Frédéric la regardèrent avec un air horrifié. L’idée de mêler les flics à leurs recherches ne leur plaisait pas du tout du tout.
– Qui vous parle de ça ? demanda Nathalie. Un flic, vous en avez un sous la main, même si je n’ai plus de carte, j’ai encore une tête.
La première chose à faire, c’est d’interroger les témoins et la victime. Si je regarde bien autour de moi, j’ai une victime à ma droite et un témoin en face de moi. Dans le bâtiment d’en face, j’ai deux autres témoins. Que demande le peuple ? En plus, je suis prête à parier que tout ce joli monde sera très coopératif. Et pour une fois, je ne suis pas cynique en le disant.
***
Nathalie passa sa matinée à interroger les témoins. Elle vit d’abord Frédérique, puis Julie et, bien que celles-ci ne lui aient pas appris grand-chose, elle les prévint qu’elle les reverrait le lendemain pour éclaircir ou préciser certains points. Ensuite, elle consacra près de quatre heures à Fanny dont elle enregistra chaque parole. Par lambeaux, d’abord, puis de façon plus fluide, elle se fit raconter par la victime tout ce qu’elle avait subi avant de mettre l’accent sur les détails. Tout était important, son port de tête quand il frappait, le sourire ou le rictus qu’il arborait en contemplant le résultat de ses sévices, la posture qu’il prenait en photographiant sa victime, l’ordre dans lequel il utilisa les instruments de … Nathalie obligea Fanny à passer en revue chaque seconde de son calvaire. Vers treize heures, lorsque Lucile apporta le repas, elle les força à s’arrêter.
– Repose-toi, conseilla Nathalie à Fanny. Demain, nous reprendrons. Je sais combien c’est difficile et douloureux pour toi mais tu ne te doutes pas à quel point nous avons avancé. Cet après-midi, je vais voir Frédéric et ce soir, je viendrais te faire un résumé de toutes les informations que j’aurai collectées.
Dors ma chérie ajouta-t-elle en l’embrassant sur la joue. Dors, tu en as besoin.
Lucile et Nathalie quittèrent ensemble l’appartement de Fanny dès qu’elles eurent la certitude que celle-ci dormait.
– J’ai encore trahi Frédéric dit Nathalie de but en blanc.
Lucile s’arrêta et se contenta de répondre :
– Raconte.
Nathalie se lança dans le récit de son week-end et conclut par le rendez-vous du lundi matin.
– Excellent argument le « Je devais toujours accepter ce qu’il me demandait ». C’est un peu tiré par les cheveux et d’une mauvaise foi parfaite, je suis sûre que Frédéric va adorer, affirma Lucile en guise de résumé.
Nathalie blêmit mais Lucile la rassura.
– Je te taquine. Frédéric est, à ton égard comme à celui du monsieur qui t’es cher, dans les meilleures dispositions. De cela, je peux t’assurer. Mais je crois quand même que ce serait pas mal que tu lui annonces la couleur avant leur rendez-vous de demain matin. Disons que ce serait, « fair-play » de ta part.
***
Nathalie toqua à la porte ouverte de la bibliothèque sans faire un pas à l’intérieur.
– Va m’attendre dans mon bureau dit Frédéric sans lever le nez. Je te rejoins dans cinq minutes.
***
Nue et agenouillée, Nathalie attendit Frédéric, son collier posé à plat sur ses mains présentées en plateau devant elle. Il n’éprouva aucune surprise de la voir ainsi installée mais, juste pour la forme, il l’interrogea sur son étrange posture.
– Je vous ai menti, Maître. Menti par omission. J’aurais dû vous dire que l’homme qui m’a achetée avait exigé de moi un rendez-vous et que j’y suis allée.
Sans se départir de son calme, Frédéric observa Nathalie. Aucune colère ne voilait son regard.
– Tu as baisé avec ce type pendant ce « rendez-vous » ?
– Non Maître, bien sûr que non ! nous ne nous sommes même pas touchés.
La question avait sincèrement blessé Nathalie, c’était indubitable. Malgré cela, Frédéric décida de jouer un peu avec elle.
– Lundi matin… tu l’as vu pendant ton jogging ?
– Oui Maître.
Nathalie baissa les yeux. Elle sut d’instinct le tour qu’allait prendre la conversation et l’excitation la gagna.
– Donc, tu étais quasiment à poil quand vous vous êtes vus. Ton short laisse apparent la moitié de ton cul et ton débardeur rose ne laisse rien ignorer de ta poitrine. Tu voulais qu’il te désire…
Nathalie hésita – comme elle avait hésité le lundi matin avant d’enfiler un débardeur noir qui révélait moins sa poitrine – à rétablir la vérité sur ce détail, avant d’avouer :
– Oui Maître.
– Es-tu arrivée à tes fins ?
– Je crois que oui, Maître.
– Et tu ne l’as pas soulagé de son désir ?
– Non Maître. Je…
– Même pas une petite pipe ?
– Noooon !
– Pourquoi ?
– Parce que je n’étais plus à lui.
Nathalie avait levé les yeux en criant son indignation, elle les rabaissa en prononçant sa dernière phrase.
– Mets ton collier et viens ici ! ordonna Frédéric. Debout, je veux vérifier quelque chose.
Nathalie obéit et se présenta à lui les jambes écartées et les mains derrière la nuque. Frédéric plaqua aussitôt sa main sur le sexe de sa soumise et le fouilla d’un doigt.
– Tu mouilles ! Mais pour qui ?
– Pour vous Maître, pour vous…
Frédéric fit le tour de sa femelle et lui claqua le cul.
– Penche-toi !
Nathalie se plia en deux.
– Si je t’enculais, là, tout de suite ! Que dirais-tu ?
– Rien Maître. Je suis à vous.
– Tu es à moi ? Est-ce bien sûr ? interrogea-t-il en enfonçant deux doigts dans le rectum de la belle.
– Oui Maître ! Je… Je… Je… suis… à vous. Tototota… lement ! cria Nathalie que la surprise et la douleur faisait bégayer.
– Totalement ? Ça veut dire jusqu’où ?
– J’ai accepté d’être vendue. Peut-on aller plus loin ?
– Bien sûr ! Il reste des domaines que tu n’as pas explorés. L’urophilie par exemple.
Malgré l’inconfortable position qu’elle occupait et qui, lui coupait partiellement la respiration, Nathalie pâlît à cette évocation.
– Eeeuh… Je ne suis pas sûre de comprendre.
– Si je te pissais dessus. Comment réagirais-tu ?
Nathalie déglutit difficilement avant de répondre.
– Je n’aimerais pas ça.
– Là n’est pas la question. Obéirais-tu ?
Incapable de répondre, Nathalie se tut. Frédéric laissa le silence s’installer puis le brisa :
– Il me semble que je t’ai posé une question.
Nathalie avait la bouche sèche, le sang lui montait au cerveau et ses yeux se voilaient de petites étoiles ; elle était incapable de réfléchir pour s’échapper de ce piège. Pourtant, elle devait répondre. Mais elle était tiraillée entre sa raison qui criait de dire non et ses obligations de soumise qui l’incitaient à accepter.
– Oui finit-elle par articuler.
– Oui quoi insista Frédéric. Oui je t’ai posé une question ou oui…
– Oui, je vous laisserai pisser sur moi dit-elle vaincue.
Frédéric retira ses doigts et l’aida à se redresser.
– Dis-moi ça en me regardant.
Nathalie leva les yeux, ouvrit la bouche mais aucun son ne sortit.
– Je ne peux pas ! admit-elle.
Frédéric la prit dans ses bras et la câlina un instant.
– C’est bien ! lui dit-il à l’oreille. Tu te connais assez pour savoir où sont tes limites et pour les avouer. Ton prochain maître va adorer.
Nathalie s’éloigna de Frédéric. Elle s’agenouilla. Une larme perlait sur sa joue.
– Vous me répudiez, Maître ?
– Non, la Renarde. Je ne te répudie pas, je te confie à un autre qui t’apportera beaucoup plus que je ne le ferais jamais.
Frédéric souriait. Nathalie le regarda avec un soupçon de timidité qui se mua bien vite en détermination.
– Ai-je la liberté de parler franchement ? demanda-t-elle.
Frédéric opina.
– La vente aux enchères était un coup monté, n’est-ce pas ? Vous avez décidé de passer la main et vous vous êtes choisi des remplaçants. C’est bien cela… ?
Frédéric sourit de plus belle.
– Je savais bien que l’une d’entre vous le devinerait. Et j’avais parié sur toi. Tu me connais assez, Nathalie, et tu es suffisamment intelligente pour percer à jour toutes mes intentions je ne te mentirai donc pas. Je veux passer la main, c’est vrai. Je ne veux plus de ce harem. Pas parce que je ne vous aime plus mais parce que j’aime Lucile plus que je n’osais l’espérer. Quand j’ai retrouvé la mémoire, j’ai voulu construire ce lieu comme un havre où je pourrais vous protéger. Mais je me suis vite rendu compte qu’il était une prison plus qu’un lieu de paix, pour vous. Et surtout pour Lucile. Je ne veux imposer cela ni à vous, ni à elle. Surtout pas à elle. Parce qu’en retour à la quiétude qu’elle m’offre, j’impose le chaos dans son âme. C’est dégueulasse et je ne peux plus le supporter.
Pourquoi ce moyen, me diras-tu. Parce que si je vous avais dit de but en blanc d’aller chercher ailleurs, vous ne l’auriez pas fait. J’ai voulu jouer mon rôle jusqu’au bout. Et mon rôle imposait l’usage d’un subterfuge. Ironie du sort, c’est Fanny qui m’en a donné l’idée. C’était un de ses fantasmes. J’ai bien mal réussi mon coup avec elle. Avec toi et peut-être avec Frédérique, il semble que je m’en sois mieux sorti.
Il tendit la main à Nathalie qui refusa de se lever.
– Je suis encore à vous pour quelques heures, ne me les gâchez pas en me rendant ma liberté trop tôt et m’interdisant de vous remercier. Demain, votre dernière exigence sera que je rende hommage à mon nouveau Maître. J’ignore encore ce qu’il m’ordonnera de faire pour me soumettre à lui. Ce que je sais en revanche, c’est que je ne pourrais obéir si vous ne m’avez pas dit « adieu » auparavant.
Sur ces derniers mots, Nathalie glissa ses bras dans le dos, ouvrit la bouche et tira la langue. Frédéric approcha et posa trois doigts sur la langue. Il les poussa dans la cavité et fouilla la gorge de Renarde. Nathalie eut un hoquet de rejet qu’elle réprima. Frédéric fit refluer ses doigts puis revint à la charge. Lorsqu’il les retira, ils étaient luisants de salive. S’accroupissant, il les planta dans le sexe de la jeune femme avant de les présenter à nouveau à sa bouche. « Suce ! » ordonna-t-il. Nathalie s’exécuta et quand elle les eut nettoyés il réitéra sa manœuvre afin de les mouiller de bave. Cette fois, c’est son cul qu’il fouailla puis derechef il exigea qu’elle les rende propres. Désormais, Nathalie savait qu’il allait la prendre par tous ses orifices sans se soucier de son plaisir et qu’après chaque orgasme, il lui imposerait de le nettoyer. Elle bascula en avant et lui baisa les pieds.
***
Nathalie avait totalement oublié la raison de sa présence dans le bureau. Pas Frédéric. Il força Nathalie à prendre un siège et à procéder à son interrogatoire. Nathalie éprouva quelques difficultés à endosser son costume de fliquette : c’était la première fois qu’elle procédait, nue, à l’audition d’un témoin.
***
Le téléphone de Frédéric ronronnait désormais sans discontinuer. Pour insister ainsi, Lucile était soit très en colère, soit avait de lui un besoin urgent. Frédéric attendit néanmoins d’avoir achevé son entretien avec Nathalie pour rappeler.
La conversation dura peu et Frédéric prit la poudre d’escampette mais revint sur ses pas.
– Sois gentille, occupe-toi de Gé pendant mon absence dit-il en s’adressant à la cousine de sa compagne.
Et sois au donjon à vingt et une heures. Cette fois, il s’adressait à la soumise.
***
Lorsqu’à neuf heures moins cinq Nathalie pénétra dans la salle, Frédéric était déjà là, vêtu de sa tenue de lin noir. Consciencieuse, elle se déshabilla et vint se placer à genoux devant celui qui, pour un soir encore, était son maître. Elle n’avait plus sur elle que son collier, Frédéric se leva pour y accrocher une laisse. Il lui fit faire le tour de la pièce à quatre pattes et usa de la poignée de la laisse comme d’une cravache lorsqu’il jugeait qu’elle avançait mal ou qu’elle ne cambrait pas assez le dos.
– J’aurais dû t’apprendre à marcher. Je crains que ça ne fasse mauvais effet sur ton futur maître lui dit-il en frappant son sexe par l’arrière. Tu dois creuser ton dos, non pas le bomber et garder tes mains dans l’alignement de tes genoux. Que tu ailles lentement, ce n’est pas grave. Au contraire, ce n’en sera que plus gracieux. Mais que tu ne mettes pas ce joli petit cul en valeur, ça, c’est un pêché.
Frédéric se saisit d’une longue badine et ordonna à sa Renarde de refaire un tour. Nathalie s’appliqua, elle ne reçut qu’un coup.
– C’est bien ! affirma Frédéric. Tu apprends vite. Nous verrons tout à l’heure si tu n’oublies pas aussi vite. Mais pour l’instant, voici ta récompense.
Il dénoua la cordelette qui tenait son pantalon et présenta sa verge molle à la bouche de sa patiente.
– Fais-moi bander dit-il.
Nathalie approcha sa bouche du membre flaccide et le goba avec délicatesse. Lenteur et douceur étaient les sensations qui présidaient les fellations dont Frédéric était l’objet. Nathalie s’appliqua à respecter ces directives tacites. Elle aspira et étira la hampe endormie en l’enserrant entre ses lèvres où elle la fit coulisser. Sa langue tournoya autour du gland que le désir ne gorgeait pas encore puis, brusquement, elle mit fin à toute pression. Elle écarta les lèvres et, forte de la salive qui tapissait sa langue elle laissa le sexe patiner languissamment dessus.
Mains sur les hanches et visage baissé vers sa soumise, Frédéric contemplaît les allées-venues de sa queue dans la bouche de Nathalie ainsi que les ondoiements du dos et de la nuque de sa femelle. Jamais il ne se lassait de ce spectacle, il s’en reput donc jusqu’à ce que sa queue donne les premiers signes de plaisir.
D’un geste tendre, il interrompit Nathalie. Il voulait la baiser, s’épancher dans sa bouche pouvait attendre.
D’un coup sec sur la laisse, il la guida vers le fond de la pièce et la fit monter sur un piédestal qui lui permettait de rester debout tout en prenant sa femelle en levrette. Lorsqu’elle eut grimpé sur le podium, il la prit sans ménagement et sans attendre. Il s’enfonça en elle d’un puissant coup de reins et la besogna comme un forcené. La violence de l’assaut fit crier Nathalie car, si elle appréciait d’être prise comme une chienne elle préférait de beaucoup que ce fut avec lenteur. Ballottée comme un bateau arraisonné, elle supporta la charge et patienta que la vigueur de son Maître se calme. Mieux que quiconque, elle pensait savoir que l’orage ferait bientôt place à la brise. Elle faisait erreur. Frédéric l’abandonna pour reprendre sa bouche. Les instants de douceur grâce auxquels il calmait ses ardeurs, il les passerait entre ses lèvres ; les pénétrations de ses deux autres orifices seraient, au contraire, brutales.
Il entra de nouveau en elle après l’avoir immobilisée d’un ordre péremptoire. De bateau ivre, elle était devenue la porte d’un château que l’agresseur défonçait à grands coups de bélier. Les secousses incontrôlables faisaient vibrer son corps, fendillant toujours un peu plus le désamour qu’elle affichait pour la sauvagerie dont il usait sur elle. D’agressée, elle se sentit devenir bestiale. La chaleur montait en elle et les coups de boutoirs transformaient peu à peu sa douleur en plaisir. Ils transformaient aussi la vision qu’elle avait d’un tel comportement. Moralement, elle l’acceptait : puisqu’il était son Maître il avait tous les droits. Mais son corps, jusque-là, s’était toujours asséché. Or, à cet instant précis, ce n’était plus le cas. Son corps se soumettait à cette tyrannie comme il s’était plié aux coups de martinet ou de cravache. Une brèche venait de s’ouvrir qui lui faisait aimer cette férocité.
Un autre passage par sa bouche et l’invasion reprit de plus belle dans un déchaînement de fureur. Elle tenta d’obéir et de rester inerte mais le plaisir l’envahissait. Elle répondit en ondulant au pilonnage dont elle était la proie. C’était sa façon de ralentir la montée de l’orgasme. Alors, subitement, Frédéric stoppa net.
– Ne bouge pas ordonna-t-il en lui claquant les fesses avec violence. Ferme les yeux et écoute ton corps.
Elle s’attendait à être de nouveau bringuebalée. Il n’en fut rien. Frédéric s’était radouci. Certes il la besognait toujours mais ses mouvements étaient plus amples, plus paresseux. Elle était redevenue bateau. Mais cette fois c’était les vagues qui à leur gré, l’emportaient vers la terre, vers cette île toujours inconnue qu’on appelle l’orgasme. Elle se laissa couler en lui comme un naufragé rampe sur le sable avec la volonté d’aller toujours plus loin vers l’intérieur, vers ces terres inexplorées qui muent à chaque retrouvaille. Elle mordit son poignet pour un cri quand elle sentit Frédéric jouir en elle. Jamais, depuis leurs dix-sept ans, il ne l’avait refait et voilà qu’aujourd’hui, au dernier jour de leur contrat, il lui accordait ce cadeau. Elle serra les paupières jusqu’à voir des étoiles et se laissa aller à un plaisir sans bornes.
Mais il lui prit la bouche et la força à nettoyer les traces de son emportement, brisant net son rêve. Elle suça le vit encore dur, sentit sur sa langue les goûts emmêlés de leurs fluides, rendit ses lèvres, ses joues, sa langue aussi douces que possible mais ne put se défaire de l’impression que, s’il avait bien éjaculé, Frédéric n’avait pas joui.
Pourtant il reprenait vigueur et bientôt il l’interrompit pour encore l’embrocher. Il pressa son gland dur contre la porte étroite et entra en vainqueur. Il n’eu nul besoin de batailler, le chemin était libre. Il s’enfonça en elle comme on se promène sur les sentiers d’une forêt : tantôt marchant d’un pas alerte tantôt baguenaudant. Parfois, il marquait une pause, parfois il poussait un peu plus loin dans le sous-bois. Mais quoi qu’il fasse, elle gémissait. Lorsqu’il l’avait enculée la première fois, elle avait aimé la sodomie mais ce soir, la magie était exceptionnelle. Elle était un violon dont l’archet de l’instrumentiste faisait vibrer chaque corde pour lui faire chanter des sons ininventés. Pour la deuxième fois elle bascula dans le vide insondable du plaisir. Pour la deuxième fois, il éjacula dans son corps. Pour la deuxième fois elle se sentit happée par des territoires vierges, dont il la ramena comme la première fois. Mais à l’instant où elle émergea, elle ne fut pas dupée comme elle l’avait été quelques minutes auparavant. Ce n’était pas son plaisir à elle qu’il souhaitait circonscrire : elle n’était en réalité que la victime collatérale de l’interdit qu’il s’imposait. À elle, au contraire, il avait offert des orgasmes inégalables. Pour cela, il était allé jusqu’à mettre en péril son désir le plus cher : n’avoir plus d’yeux, de vie, de vit, que pour Lucile.
Nathalie s’effondra, exténuée de plaisirs et d’Amour. Elle venait de recevoir le plus beau des cadeaux d’adieu.

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