Mister Hyde 37
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Lorsque le lendemain la voiture de lhomme se gara dans la cour, seule Lucile Nathalie et Frédéric ne furent pas surpris. Fanny, qui prenait le soleil senfuit aux bras de Julie que sa curiosité aurait plutôt invitée à rester. Frédérique partait travailler et ne prêta guère dattention à ce type qui ne savait vraisemblablement où se rendre. Ce fut Franck, serviable, qui le guida jusquau bureau de son père. Frédéric le reçut à bras ouverts.
Jai plaisir à vous revoir Adémar-Louis, je ne pensais pas que ce serait aussi rapidement mais il faut battre le fer tant quil est chaud. Nest-ce pas ? Asseyez-vous et discutons de ce qui vous amène.
Adémar-Louis fut quelque peu surpris par cet accueil amical. Il bafouilla.
Je viens
Frédéric ne lui laissa pas le temps daller plus loin.
Vous venez me parler de ma Renarde. Cest du moins ce que jai logiquement induit de votre appel de lundi. Est-ce bien cela ?
AL cest ainsi que nous le nommerions plus tard, lorsque lamitié entre nous aura fait son chemin fut décontenancé par la simplicité avec laquelle Frédéric aborda le sujet. Il resta sans voix.
Je vais vous faciliter la tâche, Adémar-Louis. Jaime Nathalie. Nathalie cest son vrai prénom mais nous y reviendrons plus tard. Jaime Nathalie. Je laime depuis longtemps et jai pour elle autant de respect que jai damour. Ce que je veux pour elle ? Son bonheur
Non, le terme est trop grandiloquent. Je veux son bien-être.
Justement, intervint AL.
Laissez-moi terminer voulez-vous. Je sais combien mon discours peut paraître paradoxal au regard de mes actes. Ne lai-je pas vendue aux enchères
Si ! Je lai fait. La raison officielle était une punition mais les motifs que nous mettons en avant ne reflètent pas toujours la vérité. Jai organisé cette vente dans un but précis dont je tenais à ce quil restât secret. Votre présence ici démontre que, pour elle au moins, il est possible que jaie atteint mon but.
AL était abasourdi. Depuis quil avait demandé et obtenu ce rendez-vous auprès de Frédéric, il sinterrogeait sur la meilleure façon de présenter et dargumenter sa requête dont le moins quon puisse dire est quelle sortait des sentiers battus. Pas un instant il navait soupçonné quelle puisse être accueillie aussi facilement et surtout, que Frédéric ferait tout le boulot pour lui. Cependant, et malgré lapparente sympathie dont Frédéric faisait montre à son égard, celui-ci navait fait que formulé la question sans y apporter de réponse. Il était toujours possible que le maître de Nathalie use de ce ton conciliant pour mieux lenfoncer lorsque viendrait le temps dacquiescer ou non à sa demande. Cette idée le tracassa quelques secondes mais, perdu pour perdu, il joua son va-tout.
Absolument pas ! affirma-t-il dun ton qui se voulait assuré. Cest bien là la requête que je suis venu vous présenter. Jai vécu avec Nathalie le plus incroyable des moments et il na guère fallu de temps pour que je prenne conscience que je ne souhaitais pas que cela prenne fin dimanche soir. Je suis, je le crois du moins, un homme honnête. Il nétait donc pas question que je procède à un larcin et quelle et moi vous mentions. Jai donc pris sur moi de venir vous exposer la situation. Ce que, curieusement je nai pas eu à faire puisque vous vous en êtes chargé.
Avant de poursuivre plus avant, je vais faire venir Renarde. Je tiens à ce quelle entende ce que jai à vous dire.
Frédéric pressa à trois reprises un des boutons de linterphone posé sur son bureau. Le silence sinstaura entre les deux protagonistes jusquà larrivée de Nathalie.
Elle était vêtue dune robe dété courte qui mettait en valeur aussi bien ses courbes que lopalescence de ses yeux et la rousseur de ses cheveux. Le seul défaut de cette robe était son absence de manche qui exhibait aux yeux de tous labominable cicatrice de son épaule gauche.
Nathalie se tenait debout, la tête droite, les bras croisés haut dans son dos et les jambes écartées de trente à quarante centimètres : la position parfaite. Pourtant, son maître la morigéna.
Est-ce ainsi quon accueille un invité mademoiselle ? Veuillez faire amende honorable et le recevoir comme il se doit.
Nathalie fit glisser les fines bretelles de sa robe qui se répandit aussitôt au sol. Elle était nue dessous. Elle fit un pas pour se dégager de la flaque de tissu et sagenouilla sur le côté du fauteuil occupé par AL dont elle baisa le pied.
Cest mieux ! constata Frédéric qui, dun signe, intima à sa Renarde de ne plus bouger.
Nous sommes de grandes personnes et notre position à tous les deux nous permet déviter les combats de coqs. Je ne suis pas lamoureux de Renarde, je suis son maître et Renarde, en tant que soumise, rien dautre quune marchandise. Sa cession ne diffère pas dune tractation commerciale classique. Sommes-nous daccord ? dit-il en se tournant vers AL.
AL hésita un court instant. Maintenant quil la connaissait maintenant quil la désirait et quun « je ne sais quoi » lui titillait les sentiments, parler de Nathalie comme dun vulgaire bifteck le mettait mal à laise. Sans compter quelle était présente et ne perdait pas une miette de la conversation
Il fit un effort sur lui-même pour ne pas la regarder. Encore une fois, Frédéric lui sauva la face. Un claquement de doigts, deux mots : « au pied » et Nathalie fit face à AL.
Je crois que monsieur voudrait connaître tes pensées suggéra Frédéric en sadressant à Nathalie.
Nathalie leva les yeux et les tourna vers son maître afin dobtenir le droit de parler. Un clignement dyeux et elle se tourna vers AL.
Mon Maître me traite comme il le veut. Je sais quil le fait pour mon bien, cest tout ce qui importe.
AL ne perçut pas lambiguïté de la réponse de Nathalie, Il ne décela pas le piège sous-jacent dans la seconde partie du bref discours de la soumise. « Je sais quil le fait pour mon bien » signifiait en réalité : « Je sais quil vous ment pour que je sache à quoi men tenir sur votre compte. » AL ne fut pas loin de tomber dans la chausse trappe.
Puisque Nathalie
Renarde ! linterrompit Frédéric. Tant quelle est à moi elle sappelle Renarde !
La mise au point était cinglante, AL se le tint pour dit.
Puisque Renarde à lair daccord, je ne puis quabonder dans votre sens et accepter quelle fasse lobjet dune transaction commerciale.
En prononçant cette phrase, AL ne quitta pas Nathalie du regard mais elle resta imperturbable.
Néanmoins, poursuivit-il, il serait malhonnête de ma part de taire que je ne peux être daccord avec votre vision. Laccepter, oui ; je nai pas dautre choix. Mais je me refuse à la cautionner moralement et je tiens à ce que, si contrat il y a, cela soit stipulé. Pour être franc, monsieur, ces manières de négrier me débectent.
Flegmatique, Frédéric resta quelques instants silencieux, les mains en pyramide devant sa bouche. En son for intérieur, Nathalie sourit. Elle connaissait si bien son Maître que même sans le voir, elle pouvait lire ses pensées. « Il hésite à pousser le bouchon se dit-elle. Être traité de négrier a dû le mettre dans une rage folle. Mais je parie quil va se contenir et mettre fin au jeu. Lhomme (ainsi lappelait-elle encore puisquelle ignorait son identité) a brûlé ses vaisseaux en linsultant et Frédéric sait reconnaître quand quelquun est sincère
»
Sans un regard pour AL, Frédéric se pencha vers Nathalie et caressa sa toison rousse.
Quen penses-tu Renarde, on lui donne sa chance ?
La question était rhétorique et la Renarde se tint coite.
Voici ce que je vous propose dit Frédéric en fixant désormais AL. Vous serez linvité de Renarde durant une année.
Maintenant, je vous laisse entre vous. Lannée commence maintenant.
Frédéric quitta son bureau le sourire aux lèvres. AL et Nathalie restèrent seuls.
Dois-je vous appeler Maître ? demanda la jeune femme.
AL lui tendit la main et laida à se relever.
Pas tout le temps dit-il. Pas tout le temps. Appelle-moi AL ou Adémar-Louis, cest mon prénom. Moi je tappellerai par le tien : Nathalie. Rhabille-toi maintenant, sil te plaît. Nous avons à parler.
Nathalie obéit sans pouvoir sempêcher dobjecter.
Mais
Chuut ! la coupa-t-il en posant un doigt sur sa bouche. Pour le moment nous ne sommes quun homme et une femme et nous allons faire connaissance.
***
AL passa tout le week-end à la fabrique. Mais on ne le vit pas. Contrairement à Nathalie qui alla dappartement en appartement poursuivre ou compléter les auditions de ses témoins et de Fanny. Quavait-elle raconté à AL pour quil la laisse libre de ses mouvements ? Ce nest pas difficile à deviner :
Je suis prof et jai été flic. La cicatrice qui vous intrigue tant, je la dois à une balle reçut lors dune intervention. Sous la peau, jai des os en plastique et malgré cela, il marrive encore de souffrir comme si les éclats étaient toujours enfoncés dans ma chair. Pour le reste, ma vie na guère dintérêt. Je sais aussi que vous vous interrogez sur les raisons de ma soumission. Ce serait trop long à raconter. Vous avez dit que pour linstant nous ne sommes quun homme et une femme. La femme que je suis mène une enquête. Je veux découvrir ou se cache le salaud qui a martyrisé mon amie pendant que nous étions tous les deux le week-end dernier.
Que Faisait AL pendant ce temps ? Nul nen sait rien.
***
Quand Frédéric quitta ceux quil appelait désormais « les tourtereaux », il courut retrouver Lucile. Cest à peine sil lavait quittée plus dune heure mais elle lui manquait terriblement. Était-ce un effet secondaire de leurs fiançailles ? Frédéric ne se posait pas la question. Il voulait juste pouvoir la voir, la toucher être sûr quelle était réelle et quil ne lavait pas rêvée. Depuis son accident, cela lui arrivait parfois : limpression de rêver sa vie. Cela correspondait à des instants très brefs qui ne duraient guère plus que le temps dun éclair mais le plongeait systématiquement dans linquiétude et dont les stigmates sinstallaient dans le temps pour ne se résorber quavec la présence apaisante de sa compagne. Son anxiété disparut en la voyant donner le biberon à leur .
Nous navons pas encore un couple mais je crois vraiment que lavenir est prometteur dit-il en enlaçant dun même élan la mère et la fille. Je ne voudrais pas mavancer mais je pense même que Nathalie va le mener par le bout du nez. Maintenant, il faut régler le problème de Fanny et ne pas perdre de vue Frédérique. Je ne sais plus si je te lai dit mais jai invité Florian à se joindre à nous le week-end prochain. Sil vient cest quil est accroché et
Lucile ne lécoutait pas vraiment. Dailleurs, elle ignorait qui était Florian et ne sintéressait vraiment quà une seule des conséquences du week-end passé : bientôt, Frédéric ne serait quà elle seule. Les méthodes employées par Frédéric pour atteindre ce but, cétait le cadet de ses soucis. Elle attendit que Gé soit endormie entre leurs bras pour la coucher et entraîna Frédéric dans leur chambre.
***
Frédérique rentra tard ce vendredi soir et si voir une voiture inconnue dans la cour létonna, elle nen laissa rien paraître. Julie se chargea de lui faire un résumé détaillé de la journée pendant quelles dînaient.
Tu es une vraie concierge ma chérie. Cest terrible. Tu nas rien dautre à faire de tes journées ?
Cest facile pour toi de dire ça rétorqua linformaticienne désuvrée. Tu as un travail alors que moi je ne sers à rien. Tu as un mec qui soccupe de toi au moins une fois par semaine tandis que moi
cest le désert. Comment veux-tu que je ne moccupe pas en glanant les potins.
Ce nest pas mon mec, je te lai déjà dit mille fois et puis, si jen crois la rumeur, tu ne tes pas privée, niveau mecs, la semaine dernière. Mais après tout, peut-être que tu devrais tomber malade
Le ton de Frédérique était malicieux. Cela déplut fortement à Julie.
Tu veux tout savoir, les mecs de la semaine dernière, je les ai sucés pas autre chose. Malade, je le suis déjà. Jai des toiles daraignées plein la chatte à force de ne pas men servir
Quelle élégance ! Il est vraiment temps que tu ailles consulter. Si tu veux ladresse dun praticien qui sintéressera de très près à ton cas, nhésite pas à me demander. Jen ai justement vu un cet après-midi qui na pas cessé de minterroger sur ton compte
Frédérique nen dit pas plus pour savourer le visage stupéfait de son amie.
De quoi tu parles ? Je ne comprends rien.
Pédagogue, avec un rien de condescendance dans le ton, Frédérique expliqua :
Tu te souviens du médecin qui est venu ausculter Fanny ? Eh bien javais rendez-vous avec lui en début daprès-midi
Et
?
La continuation de la phrase de Julie était «
quest-ce que ça peut bien me foutre
» mais Frédérique poursuivit son récit imperturbablement.
Et il na pas arrêté de me poser des questions sur toi. Je crois quil a pour toi des pensées très cochonnes. Peut-être que tu devrais tomber malade ou au moins faire semblant. Un cabinet médical, cest un lieu quon sous-estime souvent en termes de charge érotique mais je peux te dire que ça peut devenir un endroit surprenant. Surtout si la table dexamen est dun modèle à toutes épreuves.
Julie nécoutait plus vraiment. Elle simaginait déjà en petite tenue devant cet homme. Comme par hasard, elle aurait oublié de mettre un soutien-gorge et protégerait bien mal sa pudeur avec ses petites mains. Et puis, lorsquil sapprocherait pour lausculter, elle découvrirait un renflement important au niveau du bas ventre de lhomme. Renflement quelle aurait toutes les peines du monde à ne pas libérer pour le cajoler dans sa bouche
Frédérique agita sa serviette devant les yeux de Julie pour la faire revenir sur terre. Une question fusa :
Il consulte le samedi ?
***
Fanny était à cran. Sa peau la tiraillait, ses cicatrices naissantes la démangeaient. Elle aurait aimé sendormir mais dès quelle fermait les yeux, lhomme à la cravate blanche apparaissait pour la battre de plus bel toujours plus violemment.
À côté delle, Nathalie se sentait impuissante à la calmer et plus encore à la consoler. Elle avait beau chercher les mots et étaler avec douceur un onguent soi-disant calmant, rien ni faisait. Ni ses paroles de réconfort ni lonctueuse crème narrivaient à leurs fins. Alors, en désespoir de cause, Nathalie lui parla dAdémar-Louis.
Jai un nouveau Maître dit-elle.
Fanny sursauta, paniquée par la punition quencourrait son amie si Le Maître : le seul et unique, le leur, lapprenait. Nathalie la rassura.
Cest lui qui ma donnée. Enfin, pas tout à fait donnée. Il ma prêtée. Pour une année entière.
Mais alors, tu vas nous quitter
Linquiétude de Fanny était palpable. Elle voyait dans ce prêt la suite dune punition interminable.
Mais non, ne tinquiète pas, cest lui qui viendra me retrouver ici. Moi, je ne bougerai pas. Simplement, pendant un an, cest un autre que Frédéric qui soccupera de moi. Entre nous deux, ça ne change rien.
Mais cest un inconnu pour toi. Si ça se trouve il est
Lanxiété ne quittait pas Fanny. Son expérience de linconnu avait été tellement traumatisante quelle narrivait pas à capter la quiétude de Nathalie.
Ne tinquiète pas. Je tassure que ce nest pas une brute. La preuve : il attend patiemment que je rentre pour que nous discutions
Mais
Ton Maître tattend et tu es là à perdre son temps avec moi. Il ne faut pas ! Il ne faut pas, il va te punir Il va
Mais non. Il a parfaitement compris que cétait important pour moi de moccuper de toi, de trouver le salopard qui ta fait ça. Jai sa permission et pas de limite dheure. Et je suis certaine que demain sera comme aujourdhui. Frédéric a choisi pour moi quelquun de calme et de réfléchi. Tu sais, quand il a préparé la vente, il a rencontré un à un tous les hommes susceptibles de nous acheter. Celui qui a payé pour toi la trompé. Il est venu ici sous une fausse identité mais après avoir collecté tous les témoignages, jai déjà quelques pistes pour le retrouver. Ce sera sans doute long, très long pour toi. Mais nous y arriverons. Pour moi, en revanche, je pense quil a trouvé quelquun de bien. Je ne le connais pas encore, bien sûr mais jai déjà confiance. Alors, tranquillise-toi. Bientôt, nous serons au bout de nos peines.
Les deux filles discutèrent encore quelques dizaines de minutes et, quand elle sentit que Fanny allait sendormir, elle appela Julie. Cétait son tour dêtre garde de nuit.
Julie tenta bien dextirper quelques infos croustillantes à Nathalie mais dun banal « on mattend », la jolie rousse coupa court. En traversant la cour, elle eut une étrange impression : celle de quitter une vie pour entrer dans une autre. Cela lui fit bizarre de penser que Frédéric nétait plus son maître. Elle savait que, même si lexpérience avec Adémar-Louis échouait, il ne la toucherait plus jamais. Désormais, le seul but de Frédéric était dêtre fidèle à Lucile, quelle soit la seule femme de sa vie. Pour cela, il devait confier ses soumises à dautres. Nathalie respira un grand coup et alla retrouver AL. Le cur battant, elle se demanda quel acte dobédience il allait exiger delle.
***
AL sétait endormi. Il faut dire quil venait de passer une journée longue et ennuyeuse que la solitude dans laquelle Nathalie lavait laissée navait pas rendue plus excitante. En le voyant ainsi, le corps affaissé dans un fauteuil club, Nathalie ne sut que faire. Devait-elle le réveiller ou le laisser dormir ? Elle décida de dîner frugalement le temps dopter pour lune ou lautre des solutions mais à peine eut-elle ouvert son réfrigérateur quelle le referma et alla le réveiller.
Je vous présente mes excuses pour vous avoir abandonné et mes remerciements pour my avoir autorisé. Il est tard maintenant et vous êtes épuisé. Permettez-moi de vous montrer votre chambre.
Mal embouché au réveil, comme beaucoup dhommes, AL posa sur Nathalie un regard qui reflétait son mécontentement. Mais il la reconnut et soupira.
Quelle heure est-il ?
Un peu plus de minuit monsieur. Voulez-vous que je vous montre votre chambre ?
Non ! dit-il dune voix où perçait encore lexaspération. Je suis insomniaque et donc, je me rendors rarement après avoir dormi. Même très peu.
Oh je suis désolée affirma Nathalie qui ne savait pas comment se tenir ni comment réagir. Quoi que je puisse faire, je suis à votre disposition.
Si ce nest pas trop demander, jaimerais un café. Ensuite, je vous demanderai de vous asseoir en face de moi. Je voudrais que nous discutions.
Nathalie se précipita dans la cuisine et glissa une capsule dans la cafetière. Elle avait oublié de demander comment il aimait le café. Réparant cette omission, la voix de AL lui parvint : « Ristretto ! Double ! ». Nathalie fit couler un café très court, changea la capsule et renouvela lopération. Elle prit un plateau, une sous-tasse, une cuillère, un sucrier et amena le tout à son nouveau Maître.
Celui-ci sourit en la voyant.
Vous portez le plateau comme une vraie soubrette. Javais déjà pu apprécier ce talent la semaine dernière mais quil me soit réservé cette nuit, menchante.
Comme beaucoup détudiante, jai été serveuse pour me faire de largent de poche dit-elle en présentant le plateau sans le poser.
Nathalie était pliée en deux et offrait à AL la vision de son décolleté. Il ne se gêna pas pour y plonger les yeux et fit durer son plaisir quelques secondes.
Posez ce plateau voulez-vous. Et asseyez-vous.
Nathalie sexécuta tandis quil continuait à parler.
Vous avez devant vous un homme heureux, Nathalie. Jaime le peu que je sais de vous et votre corps me ravit. Votre chevelure, vos yeux, vos seins, votre ventre, vos cuisses, vos fesses
Tout en vous éveille mon désir. Mais avant den arriver là, je veux tout savoir de vous. De votre naissance jusquà aujourdhui. Il paraît que tout maître demande à sa soumise un acte dobédience. Moi, cest cela que jexige de vous.
La surprise de Nathalie ne fut pas feinte, elle sattendait à ce que lacte marquant sa soumission soit sexuel Frédéric lui-même avait exigé une fellation avant de la sodomiser et AL ne demandait que sa biographie ? Elle nen revenait pas. Au moins, il fallait quelle sagenouille, ne serait-ce que pour démontrer par sa position quelle le reconnaissait pour Maître. Il larrêta.
Restez assise. Je sais ce que vous êtes et je vous reconnais comme telle. Je sais aussi ce que je suis pour vous et nai aucun souci à cet égard. Je vous écoute
Nathalie raconta. De sa petite enfance dans un pavillon de Colombes à la vente aux enchères, elle nomit rien. Ni sa trahison envers Frédéric quelque dix ans plus tôt, ni son amour pour Juan, ni son désespoir, ses années dabstinence sexuelle, son retour à la vie, ni sa découverte de la soumission, ni le plaisir quelle ressentait sous la morsure du martinet. Elle raconta tout. Y compris sa blessure et les horreurs quelle eut à supporter en tant que flic, le mépris de ses collègues profs et sa déconvenue de Suresnes
Elle lui donna même un bref aperçu du discours quelle tint à ses collègues de Beauvais et lui décrivit en détails les impressions quelle ressentît tandis quofferte aux regards de tous, elle entendait grimper les enchères qui décideraient de sa valeur marchande. Lorsquelle se tut, le soleil brillait déjà depuis plusieurs heures.
Allez dormir, lui dit AL, vous devez être épuisée. Mais avant, jaurais une dernière requête, si vous le permettez
Abasourdie. Nathalie fut abasourdie par cette demande formulée avec autant de politesse : il voulait sa permission alors quil pouvait tout exiger delle. Elle estima que cela méritait plus quun accord tacite.
Bien sûr dit-elle. Et prenant son courage à deux mains, elle linterrogea : comment dois-je vous appeler ?
Il se leva, sapprocha delle, glissa deux doigts sous son menton et lobligea à se lever.
Ne vous lai-je pas dit ? la questionna-t-il en rivant son regard dans celui de la jeune femme.
Si
Mais je pensais à quelque chose de plus respectueux.
Déshabille-toi ! Ton obéissance est la seule marque de respect que jexigerai de toi et le souvenir de ta nudité maidera à passer les heures de solitude que je mapprête à vivre.
Comme la veille, Nathalie fit glisser les bretelles de sa robe sur ses épaules. La robe tomba et avec elle les dernières appréhensions de Nathalie. Elle avait un maître quelle appellerait désormais Monsieur.
Monsieur est-il satisfait de sa soubrette ? demanda-t-elle en baissant les yeux.
Très !
Il séloigna de Nathalie pour la contempler à loisir, commanda quelle tournât lentement sur elle-même, tourna quelques minutes autour delle comme pour graver son image dans sa mémoire et lenvoya se reposer.
***
Nue et allongée sur son lit, Nathalie ne dormit pas. Monsieur ne lavait pas touchée et pourtant, il lavait gorgée démotions. En si peu de temps, en si peu de mots, il avait gagné sa confiance, sa soumission et, plus que tout, sa loyauté. À maintes reprises elle fut dévorée par lenvie de quitter sa chambre et daller le rejoindre mais elle ne voulut pas le décevoir en revenant trop tôt : elle devait pouvoir lui dire quelle navait pas réussi à dormir bien quelle eût essayé à plusieurs reprises.
Enfin, vers onze heures, elle quitta sa chambre. Nue, elle avança jusquau salon où il attendait assis dans le fauteuil club quil semblait ne pas avoir quitté un livre entre les doigts.
Monsieur désire-t-il quelque chose ? demanda-t-elle après avoir frappé sur lencadrement de la porte pour prévenir de sa présence.
Désir
désir
Je ne désire pas quelque chose répondit-il en souriant mais quelquun. Ou
Plutôt quelquune. Je vous mets au défi de trouver de qui il sagit.
Nathalie pâlit. Il arrivait parfois à Frédéric de lui poser ce genre de questions déroutantes qui savéraient être des pièges. La réponse en semblait toujours flagrante au regard du contexte et des paroles prononcées en amont mais la réponse était souvent plus subtile que ne le suggérait lévidence. Elle était trop souvent tombée dans le panneau avec pour récompense une solide fessée pour risquer de commettre la même erreur avec Monsieur. Pour autant, elle ne pouvait lui avouer son ignorance. Ceut été écoper dune punition certaine et elle ne voulait pas que leurs rapports commençassent ainsi. Elle joua soit va-tout :
Serait-ce de moi que vous parlez, Monsieur ?
Si fait ! affirma-t-il en lui tendant la main. Mais pourquoi tant dhésitation ?
Parce que, dit-elle en sagenouillant et en baissant les yeux, jignorais qui de votre soubrette ou bien de Nathalie avait lhonneur dêtre désirée.
Ma soubrette ou Ma Nathalie sont une seule et même personne. Lune et lautre menchantent puisquelles ne sont quune et que par bonheur elles sont Toi. Et comme en plus tu es nue, prête à toffrir à moi, mon bonheur ne saurait être plus complet.
Nathalie leva vers lui des yeux pleins de reconnaissance. Il ny avait en lui aucune malice. Cela confirmait ce quelle avait pressenti le week-end passé : lhomme qui lui faisait face pouvait tout, de la douceur à la violence avec pour seul guide le plaisir. Du plaisir, elle en avait eu. Même lorsquil avait pincé ses tétons avec dabominables bijoux. Même lorsquil avait martyrisé son clitoris à laide dune cravache miniature. Même lorsquil lavait attachée à un mètre du sol pour la baiser en la balançant sur son vit. Pourquoi, dans ces conditions, naurait-elle pas de plaisir sil se montrait tendre et attentionné. Son sexe, aux lèvres gonflées et humides, prédisait au contraire toutes les joies du monde.
Nathalie sapprocha et entreprit de dégrafer le pantalon de Monsieur. Doucement, dun effleurement de la main sur la sienne, il larrêta.
Pas comme ça dit-il. Tu avais raison tout à lheure, cest Nathalie que je désire. Que la soubrette reste à loffice ou est sa place et toi, montre-moi le chemin de ta chambre.
***
Ils mirent un bon quart dheure à arriver jusquà la chambre. Juste le temps nécessaire pour le déshabiller, quil tombe en tentant de marcher tout en retirant son pantalon, quils calment le fou-rire qui les emporta suite à la chute, quils sembrassent à pleine bouche, quil caresse les seins et les fesses de sa belle comme sil sagissait de trésors
et quenfin, il la prenne dans ses bras pour passer le seuil de la porte.
Nathalie était bouleversée quand elle atterrit sur le lit et quelle sentit la bouche de AL embrasser goulûment son sexe.
Il lembrassa avec la passion que met un homme presque noyé à inhaler la première bouffée dair. Il glissa en elle une langue dévorante, inquisitrice qui remua comme un serpent fou jusquà ce quelle perde la tête. Ce nétait pas la classique gâterie dont les hommes banals gratifient leurs aimées ; cétait un baiser de ferveur et de flamme, voluptueux et idolâtre. Nathalie ne résista pas. Elle senvola. Plus haut, plus loin quelle nétait jamais allée. Puis elle devint feuille, tombant en vrille légère et ballottée au gré du vent ou de lappendice serpentin qui fouillait son intimité.
Les mains plaquées au delta des cuisses de sa Femme, AL navait de vivant que sa bouche. Les yeux clos, il goûtait avec voracité le plaisir de Nathalie. Sur ses lèvres résonnaient les cris de sa belle, sur sa langue vibraient les spasmes qui agitaient le corps de son amante, dans sa gorge sécoulait les flots de son orgasme. Nathalie pantelait mais il ne lui laissait aucun répit. Il voulait que cette première fois soit parfaite, inoubliable. Il la retourna et reprit ses caresses en montant jusquau périnée. Pas plus haut, surtout, pas plus haut. Chienne, Nathalie plia sous elle ses genoux et cambra le dos. Elle soffrait, toute entière ; appelait de ses vux la caresse ultime, celle quelle navait jamais tolérée que dun homme. AL sut dinstinct la signification de cette offrande. Il ny répondit pas. Il la frustra, volontairement. Non parce que lenvie ne le tenaillait pas. Tout au contraire. Mais parce ce cadeau, Nathalie le faisait dans le feu de laction et quil nen voulait pas. Il voulait que pour cette caresse, Nathalie le supplie et quelle le fasse à froid, en toute conscience. Alors, seulement il la lui accorderait, comme une aumône. De la même façon, il ne la pénétrerait pas. Pas avant quelle limplore. Dici là, elle naurait droit quà sa bouche. Sa bouche qui, chaque fois, la ferait jouir jusquà lépuisement.
***
Nathalie séveilla, la faim au ventre et la mémoire pleine de souvenirs frémissants. À son côté, AL dormait, serein. Elle se leva dans laube naissante de ce dimanche matin. Elle avait fait, en dormant, plus que le tour du cadran. Silencieuse, elle se faufila jusquà la cuisine dont elle ferma la porte pour éviter que le bruit quelle ferait néveillât Monsieur. Elle sortit la bouilloire et fit chauffer de leau, prépara son thé quelle agrémenta de biscottes beurrées surmontées dune fine couche de confiture. « Demander la permission daller acheter du pain » nota-t-elle pour elle-même. « Demander à Monsieur ce quil veut déjeuner et peut-être dîner », ajouta-t-elle à sa liste. « Demander aussi pourquoi pas sil souhaite que je porte une tenue particulière », ainsi se fit-elle une liste de toutes les questions quelle avait à poser à Monsieur tandis quelle déjeunait dun solide appétit. Elle prit conscience que toutes ces permissions, tous ces conseils, elle ne les avait jamais sollicités de la part de Frédéric. Avec Monsieur, en revanche, elle le ferait parce quelle voulait être pour lui, parfaite. Lorsquelle entendit du bruit en provenance de la chambre, elle glissa dans la cafetière une capsule et fit couler un « ristretto » ouvrit précipitamment la porte quelle avait fermée dans un souci de discrétion, fit couler un second café en urgence et sagenouilla sur le froid dallage de la cuisine.
AL entra dans la pièce, lui aussi était nu. La première chose que Nathalie vit de lui fut son sexe. Bien quencore endormi, elle remarqua quil était lourd de désir inassouvi. Leau lui monta à la bouche. Elle simagina quémandant la permission de le sucer pendant quil déjeunerait. Cette idée eut en elle un tel retentissement quun flot de cyprine inonda sa chatte. En un instant, cette pensée sancra à son cerveau. Un seul ingrédient manquait encore : le courage doser.
AL posa la main sur la tête de Nathalie et la salua poliment à linstant même où lidée entrait dans sa pensée. Elle la rangea soigneusement dans un proche recoin de son esprit et répondit aux questions civiles de Monsieur.
Jai merveilleusement bien dormi, merci Monsieur de vous en inquiéter. Jespère quil en fut de même pour vous.
Elle attendit poliment sa réponse avant de reprendre :
Je suis une piètre ménagère, Monsieur et je ne suis rendu compte ce matin que nous manquons de pain et de nourriture pour le déjeuner et le dîner. Me donneriez-vous la permission daller faire quelques courses, il y a un marché à quelques kilomètres et
AL linterrompit, lui accorda ce quelle demandait à condition de laccompagner et lui demanda si cétait tout.
Non Monsieur, jai tout une liste de demande à vous faire. Mais je crois que la plus urgente est de savoir si
Elle hésitait à se lancer et crut remarquer dans la façon dont Monsieur sasseyait sur le tabouret de bar, une bonne dose dexaspération.
Si ? demanda-t-il dune voix qui confirma son impression à Nathalie.
Elle se lança après avoir respiré un grand coup.
Si vous mautoriseriez à vous sucer ?
Il ne répondit pas tout de suite mais elle constata de visu que sa demande avait porté.
Je suis sûr que tu peux faire mieux. Je trouve ta demande un peu plate.
Nathalie rougit de confusion. Elle avait limpression dêtre déjà allée beaucoup plus loin quelle ne lavait jamais fait et Monsieur trouvait que cétait trop peu. Elle fit appel à tout son courage et reformula sa requête.
Permettez-moi de vous sucer, Monsieur, sil vous plaît. Je meurs denvie de sentir votre queue dans ma gorge.
Cest mieux ! Mais pas encore assez.
Jusquoù donc voulait-il quelle aille ? Nathalie leva sur lui un regard implorant et interrogateur. Son visage était verrouillé et il la dominait de toute sa hauteur. Il était assis sur le tabouret, la jambe droite repliée en appui sur une des barres transversales du siège, la jambe gauche tendue, le pied posé au sol. Nathalie navait, jusquà présent eu dyeux que pour son sexe, en découvrant son pied, elle eut la certitude dadopter la bonne attitude.
Elle glissa ses mains dans son dos et se pencha lentement sur le pied quelle baisa avant de remonter.
Je vous en supplie Monsieur, permettez-moi de vous sucer dit-elle du ton le plus humble.
AL se pencha et caressa la joue de sa soumise.
Quand tu ten donnes la peine, tu es parfaite. Tu peux venir chercher ta récompense.
Nathalie se déplaça latéralement pour atteindre lentrecuisse de Monsieur. Elle leva son visage et lécha lentement les bourses et la hampe de son nouveau Maître. AL saisit la chevelure de la jeune dame pour en faire une queue quil serra fortement dans sa main droite ; ainsi, il disposait dun guide pour contrôler la fellatrice et lui imprimer la profondeur et le rythme de sa caresse. Cela ne dura pas longtemps, la frustration de Monsieur était telle quil ne fallut que quelques va et vient avant quil emplisse la bouche de Nathalie. Satisfait, Monsieur lui fit signe quelle pouvait avaler. Elle obéit et remercia son maître.
Jai beaucoup apprécié ta bouche lui dit-il. Tout comme jai aimé que tu me supplies pour obtenir le droit de ten servir. Mais tu mas dit avoir dautres demandes, je souhaite les entendre maintenant.
Nathalie débita ses questions les unes à la suite des autres. Pour certaines, AL envoya valser la réponse dun revers de main qui signifiait : « Je men fiche. » Pour les plus importantes à ses yeux il prit la peine de formuler sa volonté.
Il marrivera de choisir tes vêtements, sans doute assez souvent. Je le ferais par mail quand nous serons loin lun de lautre, par oral ou en déposant directement sur ton lit les habits que je voudrai te voir porter. Les sous-vêtements, en revanche, dépendent de moi et de moi seul. Je te laisse libre de coiffer tes cheveux comme tu lentends mais je reste décisionnaire sur leur coupe et la fréquence de tes visites chez le coiffeur. Quant au maquillage, je ny connais rien. Donc, même si en telle ou telle occasion il pourra marriver de te demander un style particulier, dans lensemble, tu seras libre den user à ta convenance. Enfin, pour tout ce qui dépend de la tenue de la maison, repas compris, tu as toute latitude et toute ma confiance. Maintenant, si tu nas plus de précision à demander, allons faire un tour dans ta garde-robe. Ah ! jallais oublier ! Mardi au plus tard, tu me fourniras un double de toutes les clés de lappartement sauf celle de ta chambre dont tu me donneras loriginal et toutes les copies.
***
Nathalie ne sétonna même pas quil lui soit si facile de se plier à toutes les exigences de Monsieur, elle les trouvait si naturelles. Elle ne fit même pas grise mine quand, en ce dimanche après-midi, il inspecta sa garde-robe et la contraignit à se débarrasser de tous les vêtements qui lui déplaisait ainsi que des paires de chaussures à semelles plates quelle possédait.
Je te veux désirable lui dit-il. Je veux que tu sois la plus sexy des profs de ton lycée. Donc, finis les pantalons informes et les baskets, finis les collants et les chaussettes ; je choisirai moi-même ce que tu garderas. De toutes façons, tu porteras essentiellement des robes ou des jupes. Courtes de préférence. Tu as des jambes sublimes, tu vas les montrer. Tu porteras des bas, avec ou sans porte-jarretelles au gré de mon plaisir. Quant aux culottes, tu y auras droit pendant tes règles. En dehors de ces périodes, ce sera string ou rien. Tout le reste peut aller poubelle. En matière de soutien-gorge, tu ne conserveras que ceux coordonnés à tes strings et à tes culottes mensuelles. Je te dirais quand les porter mais la règle, cest les seins nus. Les chaussures maintenant : uniquement des talons dun minimum de cinq centimètres ma préférence allant à ceux de douze. Deux exceptions : les chaussures de sport, deux paires et, pour les jours de détente, trois paires à semelles plates. Tout le reste, tu jettes.
Deux heures plus tard, la chambre de Nathalie était envahie de sacs poubelle et son dressing réduit des deux tiers. AL se déclara satisfait. Pour la récompenser et peut-être la consoler de la perte de ses vêtements il la gratifia dune série dorgasmes que sa bouche prodigua savamment. Mais il ne la pénétra pas. En revanche, lorsquelle eut recouvré ses esprits et parce quelle avait su limplorer comme il le souhaitait, il autorisa Nathalie à user de sa bouche sur lui. Aussitôt après, il sen alla en donnant rendez-vous à sa soubrette le mardi suivant.
Dès quelle fut libre, Nathalie courut chez Fanny lui conter ses dernières aventures.
***
Il est vachement plus strict que Le Maître sétonna Fanny après avoir écouté toutes les directives quavaient reçues Nathalie. Mais bon, tu as lair contente, cest tout ce qui importe. Et pour le reste, il est comment ?
Nathalie prit un air rêveur que Fanny interpréta immédiatement comme étant celui dune femme comblée. Elle respecta le silence souriant de son amie et se mit à parler dautre chose. Apparemment, la félicité de Nathalie jouait en positif sur son moral. Délestée de cette inquiétude, elle était de nouveau capable de babiller sans trop defforts.
Elles parlèrent fringues. Les préoccupations de Nathalie la poussaient à cela et elle savait Fanny férue de mode.
Je nai jamais cessé dêtre coquette avoua la jolie brune. Quand je rendais visite à Frédéric à lhôpital en dehors de mes heures de service, je ne mhabillais pas uniquement pour lui. Pour moi aussi. Ce nest pas parce que les mecs que je rencontrais mennuyaient que je nappréciais pas, de temps en temps, quil y ait une lueur lubrique dans leurs regards en me voyant. Être abstinente ne veut pas dire négliger son image. Pas toujours en tous cas dit-elle en adressant un amical coup de poing vers Nathalie. Que ton Monsieur te veuille belle pour lui et pour les autres me semble une preuve de la confiance quil te fait et de la considération quil a pour ta plastique. Lhabitude de porter des jupes reviendra vite et tu seras étonnée de la rapidité avec laquelle on ne peut plus envisager de marcher autrement quavec des escarpins.
Et si ça me donnait lair du
Dune Pute ? Ma chérie, tu tangoisses pour rien. Sil a envie de te voir en pute, ce sera pour lui tout seul ou alors il te punira. Et de toutes façons, quest-ce que ça peut te foutre ? Dans une boîte de conserve, il ny a pas toujours ce qui est écrit sur lemballage. Souviens-toi du scandale des raviolis à la viande de cheval
Nathalie napprécia quà moitié la comparaison. Sa moue, à cet égard fut expressive et Fanny éclata de rire.
Oh ma chérie ! Rigole ! Avoir lair dune pute, cest pas la mer à boire. Et puis il y a des putes très classe !
On voit bien que ce nest pas au bout de ton nez que ça pend. Brrr ! Jen ai froid dans le dos.
Fanny rit de plus belle à voir la mine déconfite de son amie.
Tu te fais des films. Et puis, si je me souviens bien, ce ne serait pas une première. Rappelle-moi la façon dont Le Maître a voulu que tu thabilles la première fois
Cétait Frédéric ! Ce nest pas du tout pareil.
Parce que Lui, tu laimes et pas ton nouveau maître
La réponse du tac au tac que venait de lui servir Fanny plongea Nathalie dans une réflexion quelle navait pas imaginé avoir un jour.
De Frédéric je peux le dire sans problème. Ce nest dailleurs un mystère pour personne. Monsieur, cest autre chose. Cest plus diffus mais cest présent. Il mattire, cest sûr et jaime la manière dont il me traite. En fait, tu as raison. Même sil voulait que je mhabille en pute chaque jour de ma vie, je le ferais. Ça me fait un peu peur parce que je ne vois pas de limite à ce quil pourrait exiger de moi.
Tu veux un bon conseil ? murmura Fanny redevenue sérieuse. Fais ce quil dit tant que cela te rend heureuse. Si tu as ne serait-ce que limpression que cela te fera pleurer, refuse. Ton droit de soumise cest dempêcher ton maître daller trop loin. Son devoir est de técouter. Sil ne le fait pas, ce nest pas un bon maître, sil te force, sil te harcèle sil toblige à aller trop loin. Quitte-le. Jai passé trente heures avec un mauvais dominant à le supplier darrêter. Jai cru quil allait me . Jamais je nai eu peur comme pendant ces siècles. Je crois que je ne men remettrais jamais et quil va nous falloir, au Maître et à moi, beaucoup de patience pour que je retrouve un peu de celle que jétais. Toi, promets-moi de tenfuir à temps si ton histoire tourne au vinaigre.
Fanny avait souri, ri, maintenant elle pleurait. Nathalie la prit dans ses bras, impuissante à faire plus pour la consoler.
Tu sais quil ne ma pas touchée. En trente heures, il na même pas posé un doigt sur moi. Il avait des gants et même avec ses gants il ne ma pas touchée. Pour aller dun lieu de à un autre, il ma obligée à ramper. Quand je refusais davancer il me cravachait ou il me fouettait avec une badine. Il a cassé sur moi des baguettes en bambou. Il a menacé de lacérer mes seins à coups de fouet. Il a frappé ma poitrine avec le gros paddle pour me punir dêtre récalcitrante. Mais pendant trente heures, jamais il na posé la main sur moi pour me réconforter. Et le pire, cest quà la toute fin il ma e à gagner la cellule et là, alors que jétais étendue sur le ciment, il a pissé sur mes plaies. Je ne sais même pas comment je suis rentrée chez moi.
Nathalie se sentit coupable. Lhomme lavait laissée éreintée au soir de ce fameux dimanche. Elle aussi était rentrée chez elle. Exténuée, elle sétait endormie sans prendre de nouvelles de Fanny et de Frédérique et les deux autres avaient agi comme elle. Cétait normal : le week-end avait été dur pour elles trois. Nathalie nen demanda pas moins pardon à Fanny de sa négligence.
Elles senlacèrent un peu plus fort. Lune pour signifier sa tristesse lautre son absence de ressentiment. Mais Nathalie se dégagea pour bondir comme une furie.
Je suis vraiment la reine des connes dit-elle en se dirigeant vers la porte. La reine des connes je te dis. Tout le week-end, jai eu sous le nez un témoin et je ne lui ai pas posé la moindre question. Quelle conne mais quelle conne !
***
Comme une balle de fusil. Cest ainsi que Julie qui croisa Nathalie, la décrivit à Frédérique. Et cest bien à cette vitesse que Nathalie comptait aller. Elle rentra chez elle et se jeta sur ses notes. Dans le compte-rendu quelle avait fait du témoignage de Frédérique, elle avait griffonné en marge que la susdite navait pas mis les pieds dans le donjon durant toute la durée de ce fameux week-end. Il en était de même pour elle. Or, malgré lignorance dans laquelle elle était des pratiques usitées dans ce genre de situation, il lui semblait logique que lunique donjon soit partagé à temps égal par les différents couples. Pourtant, lhomme à la cravate blanche lavait occupé du début à la fin. Cela ne pouvait signifier quune chose : il sétait entendu avec les deux autres acquéreurs pour en être le seul occupant. Et lhomme qui lavait quitté depuis à peine plus dune heure était lun de ces deux hommes.
Bien quil fût à moins de deux minutes de son appartement, Nathalie préféra appeler Frédéric pour lui demander une entrevue. Naturellement, il accepta mais lorsquil raccrocha, il fit la moue en regardant Lucile.
Jai peur que ça ne se soit pas si bien passé que ça. Nathalie est dans tous ses états. Elle va arriver, je vais la recevoir dans le bureau.
Lucile se contenta dincliner la tête en signe dassentiment. Depuis que Frédéric lui avait parlé de son plan pour se désengager de son harem, elle estimait devoir se tenir en retrait de ses affaires. Sa seule implication consistait désormais à prendre soin de Fanny. Elle nen souhaitait pas dautre de crainte de se mettre les filles à dos alors quelle éprouvait pour elles une véritable amitié.
Frédéric descendit les marches et se retrouva nez à nez avec Nathalie dont la fébrilité linquiéta.
Viens avec moi dit-il. Nous allons nous installer dans le bureau, nous y serons mieux pour causer.
Nathalie suivit le mouvement et saffala sur une des chaises en face du bureau.
Je técoute. Tu peux tout me dire.
Selon toute vraisemblance, Frédéric sattendait à ce que Nathalie fonde en larmes et déblatère sans fin sur le compte dAdémar-Louis. Il ne comprit donc rien aux explications de lex-flic.
Cétait un coup monté Frédéric. Il avait tout prévu, tout organisé pour être tranquille tout le week-end et causer le plus de dégâts possibles. Ce type est une ordure, il avait tout prémédité.
Mais de qui parles-tu à la fin ? Si cest dAdémar-Louis je te fiche mon billet que
Mais non ! Tu ny es pas du tout. Lhomme à la cravate blanche, il avait tout prévu. Son comportement avec Fanny, ça na rien dun coup de folie.
Vas-y ! Reprends du début parce que je ne comprends rien.
Nathalie posa sur le bureau le cahier dans lequel elle avait pris des notes pendant les auditions. Elle louvrit à la page réservée aux déclarations de Frédérique.
Jai noté : « Frédérique a à peine entrevue le bonhomme, elle la juste vu discuter quelques minutes avec son
» Enfin avec le mec avec qui elle était. Je dois avouer que je ne sais pas vraiment comment les qualifier ces trois zozos. Moi, je ne me souviens de rien de tel mais je me suis absentée, avec ton accord pour aller aux toilettes pendant que Julie briefait les zozos sur ce quils avaient ou non le droit de faire. Mais je pense quil a eu un entretien aussi avec Monsieur. Pour en être certaine, je voudrais ton accord et surtout ton intervention pour que je puisse linterroger. Juste sur ce point précis.
Si ce nest que cela, je peux lui poser la question
Non, non. Tu ne comprends pas. Il faut que ce soit moi qui linterroge. Jai été formée pour ça et je sais reconnaître les signes du mensonge. Désolée dêtre aussi brutale mais, à lévidence, toi tu ne les pas.
Frédéric ne fut pas vraiment enchanté de se faire traiter de dupe mais force lui était de reconnaître que dans cette affaire, cest exactement ce quil avait été.
OK ! concéda-t-il. Je vais arranger un entretien hors contexte avec
Comment dois-je lappeler « Ton zozo » ou « Monsieur » ?
Nathalie piqua un fard sans répondre. Frédéric en rajouta une couche.
Je peux faire la même chose avec Florian, le « zozo » qui était avec Frédérique. Il marqua un temps.
si cest nécessaire.
Bref, tu peux le faire mais tu préférerais ne pas avoir à le faire. Jai bien compris. Pourtant, ce zozo pourrait aussi nous apprendre une ou deux choses intéressantes. Donc oui. Cest nécessaire.
Vendredi soir prochain. Au plus tard samedi matin.
Timing parfait pour Frédérique mais trop tard pour moi. Monsieur sera là mardi matin, ce serait parfait si tu pouvais morganiser une entrevue avec le « zozo de Frédérique » dès mardi après-midi.
Et que devrais-je faire de
Monsieur ?
Nathalie naima pas du tout le ton employé par Frédéric, elle lui répondit du tac au tac avec un zeste dagressivité dans la voix.
Cest lété. Apprends-lui à faire des confitures. Parfois, il y a des événements plus importants que de nous occuper de vos egos. Moi par exemple, jai un salaud à retrouver et je te jure que je vais le faire vite et bien. Ensuite, je consacrerais une bonne partie de mon temps à lui pourrir la vie. Si cela vous dérange, toi et Adémar, je peux aussi faire mes valises mais je peux te garantir que je ne partirais pas seule. Pour linstant, je peux tassurer que je ne fais pas quaider Fanny. Toi, AL, Florian
Je suis en train de vous tirer une sale épine du pied à tous. Alors, sur ce coup-là, je vous conseille vraiment de mécouter et de faire ce que je dis comme je le dis. Je taime Frédéric mais si je dois choisir entre toi et Fanny, tu nen sortiras pas vainqueur. Et si tu me mets des bâtons dans les roues, je nhésiterais pas une seconde à técraser. Ce type a sans doute fait dautres victimes et en fera encore si on ne fait rien pour le stopper. Sa technique est trop bien rodée, ses mensonges trop crédibles pour quil en soit à son coup dessai. Je ne laisserai pas passer ça. Qui que soit celui qui se mettra en travers de ma route, il apprendra très vite de quel bois je me chauffe. Voilà ! Tu es prévenu. Alors sois sympa, informe tes petits camarades quil y a une sheriff en ville et quelle ne rigole pas.
***
Tu lui as vraiment dit ça ?
Fanny, Julie, Frédérique et Lucile nen revenaient pas. Nathalie les avait réunis chez Fanny afin de toutes les informer de lévolution de son enquête.
En fait, jai rêvé de pouvoir le dire dès mon premier jour dans la police. Je ne pensais pas, à lépoque que ça se passerait dans ces circonstances mais loccasion était trop belle. En plus, je crois que je lui ai vraiment foutu la trouille.
Inquiète, Lucile demanda quelques précisions sous la forme dune question damoureuse :
Tu ne bluffais pas ?
Pas vraiment. Organiser une vente aux enchères dêtres humains, ce nest pas vraiment permis. Il faut être en mesure de prouver que le consentement des personnes vendues existe et quil nest ni ni vicié de quelque façon que ce soit. Frédéric est franchement borderline. Même si nous avons accepté de notre plein gré, un bon flic pourra toujours démontrer quen tant que soumises et punies, nous navions pas le choix. Il pourrait alors y avoir procès et on ne sort jamais totalement blanchi dun procès. Quand on en sort pas avec les menottes aux poignets. Quant aux acheteurs, cest une accusation de traite desclaves qui leur pend au nez. Même les types qui sont repartis bredouille pourraient écoper dune accusation de complicité. Faut-il que je vous fasse un dessin représentant les conséquences pour nous tous ?
Les quatre amies étaient atterrées. Elles imaginaient déjà Frédéric en prison. Encore une fois, ce fut Nathalie qui les sortit du chaos où elles étaient plongées.
La grande force de cravate blanche, cest ça. Il sarrange pour être convié dans ce genre de rallye, il fait sa petite affaire et il fout la trouille aux organisateurs si ceux-ci lui cherchent des noises. Pour nous éviter ça, jai ma petite idée mais avant tout, il faut le retrouver.
Que sait-on de cravate blanche ? Quil a donné un faux nom à Frédéric mais que la somme quil a dépensée a réellement été versée. Donc, ce type a le réseau pour se procurer des faux papiers. Au pire, il est lui-même faussaire. On sait aussi quil dispose de fonds : on ne fait pas un chèque de cette somme et surtout, ce chèque nest pas honoré, si on a pas un rond. Donc, ce type paie, il doit considérer cela comme des dommages et intérêt quil règle aux victimes ou à leurs propriétaires. Ce qui signifie que certains dentre eux le connaissent au moins superficiellement ou bien quil pourrait être reconnu. En payant, il achète sa tranquillité. Cependant, il sait disparaître. La conclusion logique de tout cela est quil nen est pas à son coup dessai.
Si je peux me permettre intervint Lucile, Frédéric a envoyé lundi, un texto sur le numéro quil lui avait donné et le texto a été lu. Ne me demandez pas comment il a fait mais il avait « accroché une balise » au texto.
Jai demandé à Frédéric darrêter de simpliquer dans cette histoire. Je ne rigole pas. Il faut vraiment quil arrête de jouer au con, cest un jeu où on gagne à tous les coups. Je
Non. Nous comptons sur toi pour quil mette ses mains dans ses poches et sa tête au cran du repos. On a déjà suffisamment demmerdes comme ça, pas la peine quil nous en serve dautres.
Lhistoire du texto, il men a parlé aussi et jallais y venir. La balise, Julie nous le confirmera, est une petite phrase encodée dans le texto lui-même et qui déclenche une réponse automatique et invisible du lecteur, dès quil est ouvert. Nous savons donc que le lundi après-midi, cravate blanche utilisait toujours sa ligne. Jai demandé à un de mes contacts de faire la même chose jeudi à partir dun mobile vierge. Apparemment, cest le black-out sur la ligne mais elle na pas pour autant été clôturée. Mon ami na pas eu davis de rejet. Pas plus quhier ou vendredi. Pour aujourdhui je ne sais pas, je nai pas eu le temps de le joindre.
Voilà. Cest tout ce que je peux vous dire ce soir. Réfléchissez-y, jai sans doute oublié des trucs, vous aussi peut-être. Il y a peut-être aussi des conclusions que je nai pas poussées assez loin. Toutes les idées sont bonnes à prendre.
Julie, ajouta Nathalie en se tournant vers son amie, est-ce que je peux te parler en privé, jai un immense service à te demander.
Julie acquiesça, les autres regimbèrent.
Il y a des choses quil vaut mieux que vous ignoriez. On nest pas en train de jouer les filles.
Nathalie neut pas besoin den dire plus. Frédérique prit Fanny et Lucile par la main et les emmena dans la chambre tandis que Julie et Nathalie quittaient lappartement.
***
Julie senferma dans sa chambre et se mit au travail. Elle commença par mettre en place sur son ordinateur un VPN et un modificateur de connexion DNS quelle fit suivre par un second VPN. Ensuite, elle lança sa recherche. Le résultat tomba assez rapidement, elle connaissait maintenant le fournisseur daccès mobile, le véritable ouvrage commençait.
En passant par le réseau Tor, elle se connecta à un premier serveur situé en Finlande, de là, elle passa en Espagne, au Paraguay et aux USA pour revenir en Allemagne et échouer sur un réseau ukrainien. Enfin, elle plongea sur le serveur du fournisseur. Elle passa le premier pare feu sans grande difficultés. À tel point quelle se demanda sil était bien sérieux de confier autant de précieuses données à des gens aussi négligents. Mais elle nétait quau début de ses peines. Le deuxième pare feu présentait quatre points daccès évidents : des trompe-couillons se dit-elle. Elle délaissa également une porte soi-disant dérobée quelle trouva un peu trop éclairée, ainsi quune autre, plus discrète mais qui puait tout de même le piège à plein nez. Longtemps, elle chercha le trou de souris par lequel elle allait pouvoir se glisser. Bizarrement, elle le trouva par le biais dun logiciel obsolète de lecture de fichiers PDF qui devait être là depuis la création du serveur et avait fini par se faire oublier. Les défenses du troisième pare feu se concentraient sur le processeur, il suffit à Julie de le contourner pour passer. Enfin, pas tout à fait. Elle se trouva devant un choix. Soit elle choisissait dattaquer le noyau, soit elle optait pour un second contournement afin datteindre les données plus rapidement mais la laisserait nue si, par malheur, elle déclenchait une alarme. Elle hésita un petit moment et, narrivant pas à se décider, elle rebroussa chemin en prenant soin deffacer toutes ses traces. « Parfois ; pensa-t-elle, il vaut mieux laisser tomber et réfléchir que de foncer tête baissée et attr une grosse bosse. » Rien que dy penser elle eut mal au crâne.
***
Une bonne nuit de sommeil et Julie repartit à la recherche de son Graal. Elle modifia totalement sa configuration réseau et entama les procédures de connexion. Elle sentit un malaise dès le premier pare feu, celui quelle avait dépassé si simplement. Il avait été modifié depuis son incursion de la veille : de toute évidence, sa tentative avait été remarquée et la tâche allait savérer plus ardue quelle ne lavait pensé. La solution la plus simple aurait été de faire appel aux connaissances de Frédéric mais Nathalie lui avait commandé de ne pas limpliquer et le ton de lex-fliquette ne souffrait aucune exception. Elle choisit donc de joindre lun de ses camarades détudes par le canal sécurisé quil avait mis au point des années auparavant ; en espérant quil navait pas désactivé son code daccès et que son réseau était toujours actif.
***
Nathalie passa sa journée du lundi à synthétiser ses notes et à dresser un portrait de « cravate blanche » avec laide dune de ses relations, spécialisée en psychologie criminelle. Elle découvrit à cette occasion quelle était une menteuse crédible quand elle voulait sen donner la peine et quelle était parfaitement capable de reléguer ses principes au rang des accessoires : la fin justifiant parfois les moyens.
Elle reçut ce jour-là, deux appels. Lun de Frédéric qui lui confirma ma venue pour le mardi matin ; lautre dAdémar-Louis. Face à lurgence, celui-ci linforma quil avançait sa venue au soir-même de façon à ce quelle disposât dun maximum de temps pour digérer, compiler et synthétiser tout ce quil pourrait lui apprendre. Frédéric avait dû se montrer fichtrement convaincant pensa-t-elle.
***
AL ne perdit pas de temps à aller saluer Frédéric. Il se rendit directement chez Nathalie et la trouva en plein travail. Elle non plus ne perdit pas de temps en salamalecs, elle le guida vers son bureau. Là, elle linterrogea comme sil sagissait de nimporte quel témoin. À aucun moment AL neut limpression dêtre, pour Nathalie, autre chose quune mine de renseignement, un citron quil fallait presser jusquà la dernière goutte de jus. Lorsque leur entretien fut officiellement terminé il lui en fit, sans amertume, la remarque.
Vous mavez dit, pas plus tard quavant-hier que vous désiriez tout connaître de moi, vous venez de faire connaissance dune de mes facettes, javoue que celle-ci est un peu rêche mais je suis aussi comme ça. Dire que me montrer à vous sous ce jour désagréable, menchante, ce serait un mensonge. Cependant, jestime que toute vérité est bonne à dire et, à choisir, je préfère que vous soyez informé ainsi, vous pourrez vous faire une idée plus complète de qui je suis.
Tu sais quen dautres circonstances, jaurais pu te punir
Nathalie vissa un regard vert deau dans celui dAL et lui répondit sans la moindre trace dhumilité :
Vous auriez pu
dans dautres circonstances. Mais comme elles sont absentes, je ne suis pas certaine que cette remarque soit de bon aloi. Jai maintenant, et jen suis désolée pour vous, du travail dont je ne peux à aucun prix me laisser distraire. Je suis sûre que vous comprenez.
Je comprends, répondit AL sans se départir de son sourire. Je vais donc rester assis et te regarder travailler.
Nathalie ne dit rien et se mit au travail. Elle commença par retranscrire sur le papier tout ce qui lui semblait important dans laudition à laquelle elle venait de procéder. Ensuite, elle répartit ses notes en plusieurs piles de post-it. AL laurait bien interrogée sur les raisons de ce classement mais la concentration dont faisait montre lex-fliquette lui interdît de la déranger. Ceci terminé, elle entreprit dintégrer les données classées à lintérieur de sa synthèse.
Vous a-t-il touché ?
AL la regarda, étonné. Selon toute apparence, il ne comprenait pas la question.
Vous mavez raconté quil vous a pris à part pour vous demander si vous aviez lintention dutiliser le donjon. À cette occasion, vous a-t-il touché, pris par le bras par exemple ?
Non. En fait, il sest approché de moi et a ébauché un geste mais sans aller jusquau bout. Son intention de mentraîner à lécart était si flagrante quil nen a pas eu besoin, je lai suivi naturellement dit AL en fermant les yeux pour mieux revivre la scène.
Peut-être vous a-t-il serré la main à la fin de la discussion, cest une façon classique de sceller un accord.
Non plus, non. Il ma juste dit un truc du genre : « Nous sommes donc daccord ? » Jai acquiescé et il sest éloigné. Si lentretien a duré deux minutes au total, cest le bout du monde. Mais non, à aucun moment il ny a eu entre nous le moindre contact physique.
Nathalie réfléchit quelques instants avant de revenir à la charge.
Mes souvenirs ne sont pas très nets mais il faut dire que jétais assaillie de sensations diverses à ce moment. Pouvez vous me dire sil a participé aux enchères me concernant ?
Je ne crois pas hésita AL en fouillant sa mémoire. Mais mes souvenirs sur ce point ne sont pas très précis non plus. Je me souviens de plusieurs voix mais pas des visages de leurs propriétaires. À vrai dire, je regardais la scène, pas le parterre.
Nathalie rosit à ce compliment déguisé et baissa les yeux.
Il est tard, Monsieur dit-elle en le nommant ainsi pour la première fois de la soirée. Si vous ny voyez pas dinconvénient, je vais me retirer.
Si fait ! Jy vois un gros inconvénient, dit-il en reprenant le terme. Tu ne minvites pas à te suivre. Et pour ça je vais te fesser. Jen meurs denvie depuis que je suis arrivé.
Nathalie ne répondit pas, elle le prit par la main, le cur battant. Toute la soirée elle avait eu envie des mains de Monsieur sur son corps, de sa langue sur son clitoris. Dans un instant, lun de ses désirs serait exhaussé, fusse par des claques sur son cul, elle naurait plus à dissimuler sa soif.
***
AL saisit la main tendue et fit pirouetter le corps de la jolie rousse pour lenfermer dans ses bras. Délicatement, il déposa un bisou sur son cou tout en sasseyant sur le bureau. Habilement, il retourna sa proie et lui fit prendre appui sur le plateau où il était assis. Si elle lavait voulu, Nathalie aurait facilement pu séchapper. Mais elle sentit les mains quelle désirait relever sa jupe et caresser sa croupe avec tendresse. Elle ne se fit pas dillusion, bientôt les claques remplaceraient les caresses ; ses fesses seraient en feu et elle nattendait que cela. Depuis son algarade de la veille avec Frédéric, son esprit et son corps étaient tendus, la fessée la libérerait de sa culpabilité. Lorsque la première gifle latteignit, au lieu de crier, elle gémit.
Merci Monsieur ! souffla-t-elle.
AL apprécia de trouver la peau nue sous sa main. Il avait bien remarqué que, conformément à sa demande de la veille, la poitrine de Nathalie était libre mais il avait eu, concernant le dessous de ses hanches, des doutes durant tout leur entretien : Nathalie portait une robe portefeuille dont le tissu, diaphane au niveau du torse, masquait par son doublement les secrets cachés sous sa taille. La main de AL crocha la fesse quil venait de frapper et la pétrit sans ménagement.
Japprécie, dit-il en ponctuant sa phrase dune claque retentissante, votre obéissance à mes volontés malgré la puissance que la vôtre vient de me démontrer. Japprécie, insista-t-il en brutalisant le joli cul de sa soumise pour la troisième fois, votre soumission à liniquité dont je fais preuve en vous punissant de votre force de caractère alors que javais formellement accepté de my plier pour le bien de tous. Japprécie également les remerciements dont vous me gratifiez.
Quatrième coup, quatrième « Merci Monsieur ! ». Le jeu dura ainsi jusquà dix-huit puis la main sinfiltra dans la raie et la fente béantes de la belle soumise. Les doigts agiles de AL senfoncèrent dun même mouvement dans les deux orifices. Nathalie len remercia en gémissant.
« Merci Monsieur ! Merci
». Nathalie répétait la même phrase à lenvi, à chaque va et vient de la main de Monsieur. Et à chaque « Merci » son souffle était plus court, son désir plus brûlant et son plaisir plus proche de limplosion.
Prenez-moi ! Par pitié prenez-moi ! sanglota-t-elle lorsquelle nen put plus.
Elle séchappa et, à quatre pattes baisa le pied de son maître pour officialiser sa supplique. Ensuite, elle leva vers lui un regard implorant.
AL saisit la crinière rousse attachée en queue de cheval et tira doucement dessus. Toujours à quatre pattes, Nathalie suivit docilement Monsieur. La jupe, bloquée dans la ceinture de sa robe, découvrait son cul magnifique qui se dandinait au rythme de son avancée.
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