0212 Une Soirée Très Riche En Émotions (Partie 1).
Ce récit et ses dialogues sont de la pure fiction. Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé, ou avec des faits réels, est à considérer comme purement fortuite.
Cet épisode a été écrit en grande partie au cours dun voyage entre Québec et Montréal. Cest pour cette raison que jai décidé de le dédier aux lecteurs (nombreux) qui suivent Jérém&Nico au pays du (délicieux) sirop dérable.
Solo chi sogna puo volare (Seuls ceux qui rêvent peuvent voler).
De retour de notre balade, nous dessellons nos chevaux et nous les ramenons au pré en contrebas de la pension de Charlène. En remontant, nous passons par lécurie pour déposer les selles et les harnachements. Et là, Jérém matt par la main, mattire dans un box, il me plaque contre le mur, il me prend dans ses bras et il membrasse fougueusement.
Nous sommes tellement happés par nos effusions, que ni lui ni moi ne nous rendons compte que quelquun est rentré dans lécurie. Nous nous apercevons de sa présence que lorsquelle apparaît sur le seuil du box, le regard abasourdi, lorsquelle tente de se dérober, en lâchant un :
« Oh
pardon
».
Un instant plus tard, alors que Charlène détale à toute vitesse, Jérém relâche illico notre étreinte pour lui courir après, lair paniqué.
« Attends, Charlène ! » je lentends lappeler pour essayer de la rattr.
Secoué par ce qui vient de se produire, je nose quitter le box, je suis la scène à distance.
« Jai pas fini de desseller
».
« Cest pas ce que tu penses
».
« Dis pas de bêtises, Jérémie
je
».
« Ah, tu es là, Charlène
» je reconnais la voix de Martine « tu naurais pas du ruban à clôture ? ».
« Si
si
».
« Mais quest-ce qui se passe ici ? Vous avez lair davoir vu un fantôme
».
Après un instant de flottement, Charlène finit par lâcher :
« Non, rien de grave
euh
Jérémie vient de me dire quil pense que son Unico sest fait une entorse
enfin
jespère que cest pas trop grave ».
Sacrée répartie la Charlène.
« Ah, cest pas cool ça ».
« Je vais aller le voir » fait Jérém, pressé de se soustraire aux questionnements de Martine.
« Oui, tu me diras ce quil en est. On en reparle plus tard » fait Charlène.
Jattends que tout le monde soit reparti avant de sortir du box et daller rejoindre Jérém.
Il na pas menti, il est effectivement descendu au pré. Il se tient à côté de son Unico. Il le caresse dune main, tout en fumant une cigarette avec lautre. Mon bobrun a lair soucieux.
« Ça va ? ».
« Oui, ça va » il lâche, sur un ton sec et expéditif.
Malgré sa réponse, je sais que ça ne va pas. Son regard complice et doux de tout à lheure a complètement disparu de son visage. Ses yeux sont fuyants, inquiets.
« Ça tembête que Charlène nous ait vus ? ».
« Toccupe pas de ça ».
Je le sens vraiment à fleur de peau.
« Je ne pense pas quelle va mal le prendre
».
« Jen sais rien
».
« Je pense que tu nas pas à tinquiéter. Elle est tellement bien cette femme. Et puis, elle taime trop ».
Jérém ne répond pas, il fume nerveusement, comme sil marchait sur des braises.
« Je pense quelle va garder ça pour elle, de toute façon » je tente de le rassurer.
« On arrête de parler de ça, ok ? On va aller à la soirée et on va essayer de faire comme si rien ne sétait passé. Ce soir, on samuse avec les autres »
« Jérém
».
« Sil te plaît ».
« Daccord
».
***
Jérém&Nico, le Livre !
Jérém : qui est-il ce garçon ?
Ce livre reprend les 40 premiers épisodes de l'histoire, enrichis de nombreux passages piochés dans les épisodes plus récents, lorsque ces derniers sintègrent aux premiers de façon intéressante.
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Fabien
***
Pendant que nous remontons vers la pension, Jérém demeure silencieux. Je comprends bien que ce petit accident puisse le toucher. Un coming out involontaire, cest un coming out pour lequel on nest pas prêts, cest un coming out « volé » dune certaine façon. Je connais ça, jai vécu la même chose avec maman, le jour où Jérém et moi on sest tapé sur la gueule.
Pourtant, je suis quelque part déçu quil soit à ce point secoué par ce petit accident. Cest vrai, après tout, quest-ce que ça peut faire que Charlène soit au courant ? Charlène ma lair de quelquun parfaitement à laise avec les réactions entre garçons, il suffit de regarder son attitude vis-à-vis de Loïc et Sylvain. Alors, je ne vois vraiment pas en quoi le fait de savoir que son protégé aime un garçon pourrait lui poser un problème.
Je crois plutôt que cest à Jérém que cela pose problème. Le fait que désormais sa « maman de substitution » sache, rend tout cela un peu plus vrai, et loblige à regarder les choses en face, et à les regarder dencore plus près. Un coming out nous met en face de nous même, comme devant un miroir. Un coming out, cest mettre des mots sur une partie de notre intimité, et partager cette intimité avec une autre personne. Les mots et leur partage, sans eux, rien nexiste. Car ce sont eux qui font tout exister. Dès lors quon a mis des mots sur quelque chose, cela devient irréversiblement réel, pour lautre, et pour nous.
« Cest pas ce que tu penses
».
Ce petit accident me montre à quel point Jérém nest pas du tout prêt à sassumer, même devant les personnes qui laiment le plus et qui sauraient sans doute le mettre à laise vis-à-vis de tout ça. Depuis deux jours, javais limpression que les choses étaient vraiment en train dévoluer dans le bon sens dans la tête de Jérém.
Soudain, jai comme limpression davoir un aperçu de ce que je vais vivre à lavenir dans notre relation. Non pas une existence épanouie et assumée, mais une sorte de huis clos.
A cet instant précis, je réalise à quel point jaspire à ça, à une vie à deux, et non pas une vie en cachette. Je ne parle pas de peindre ma future maison, notre future maison, en rose Barbie ou avec les couleurs de larc en ciel, je ne parle pas non plus de mhabiller, de parler, de penser, davoir des fréquentations « gay » H24.
Non, rien de tout ça. Je naspire quà une vie de relative normalité, une vie où nos amis et nos familles seraient au courant que nous nous aimons, sans que cela pose de problème. Une vie dans laquelle nous serions un couple parmi dautres, hétéros ou pas, une vie où le fait que nous soyons deux mecs en ménage ne serait pas notre principale caractéristique dans le « fichage inconscient » des gens qui nous entourent. Je rêve dune vie ou le fait que je sois « gay et en couple avec un autre gars », ne prenne pas plus de place dans mon « curriculum social » que « je suis châtain », jai la barbe qui rouquine », « je suis né en 1983 », « jai fait telles études », « jexerce tel métier », « je suis quelquun de gentil ».
Est-ce que Jérém pourra un jour moffrir ce genre de vie ? A quelle distance se situe-t-il ce jour béni ? Est-ce que je suis prêt à lattendre ? Et si jamais ce jour ne venait jamais ?
Tu te vois, Nico, à passer toute une vie à cacher ta relation avec lhomme que tu aimes ?
Soudain, jai limpression de me retrouver sur le bord dune falaise, face à un abîme infini. Jai limpression que je ny arriverai pas avec Jérém, que tout mon amour ne suffira pas à le mettre suffisamment en confiance pour lamener à saccepter et à nous accepter. Une immense mélancolie menvahit.
Puis, je sens un petit espoir poindre dans mon esprit. Jai entendu Charlène lâcher à Jérém un « on en parle plus tard ». Jespère vraiment quelle va le faire, et quelle va surprendre Jérém par sa tolérance et sa bienveillance. Charlène a un ascendant énorme sur mon bobrun et je suis certain quelle a un rôle, et pas des moindres, à jouer dans le chemin malaisé que mon bobrun doit parcourir pour arriver à saimer tel quil est. Pour arriver à maimer. Car, oui, avant de pouvoir maimer vraiment, mon bobrun a besoin de saimer lui-même, aimer tout ce quil est, sans exceptions.
Nous arrivons à la voiture de Jérém. Cétait en effet une bonne idée de prévoir des vêtements de rechange, car lodeur du cheval imprègne les tissus de nos vêtements de la journée. Cétait également une bonne idée de prendre une petite laine : le soleil va bientôt se coucher et lair se fait très frais.
Je regarde mon bobrun se changer et je ne peux le quitter des yeux. Jadore le voir se dessaper, même si cest juste pour se changer.
Lorsquil ôte son débardeur gris, la vision de son torse, de ses pecs, de ses abdos, de ses tatouages me frappe de plein fouet et manque de peu de massommer. Ce qui peut paraître étonnant, en sachant que depuis notre première révision je lai vu torse nu un bon paquet de fois. Et pourtant, à chaque fois que Jérém ôte son t-shirt, cest toujours la même gifle puissante. Cest dingue comment ce gars est bien foutu. Ce torse est dune beauté à vriller les tripes. Cest dingue le côté violemment viril apporté par ses poils.
Et quand la beauté plastique se combine au souvenir de lamour, le frisson ressenti est du genre à couper le souffle, à mettre ko.
Ainsi, lorsque le bogoss ôte son pantalon de cheval et quil se retrouve en boxer, je me retrouve projeté dans un état second : ça dépasse livresse visuelle, cest carrément du « coma visuel ». Cest dingue le désir que ce gars minspire. Cest dingue leffet quil me fait. Jai terriblement envie de faire lamour avec lui. Cétait tellement bon, à midi, dans la nature. Cest tellement excitant de savoir que jai encore son jus en moi.
Mon corps en redemande. Mon corps a besoin du contact de son corps, il besoin de sentir la vibration de sa virilité. Jai envie de le sucer, envie de le faire jouir, jai envie de me donner à lui et de sentir la puissance de ses coups de reins. Jai envie de le sentir autoritaire, un brin animal. Jai envie qu'il m'étouffe avec sa queue, qu'il me noie avec son jus, qu'il m'envahisse avec son manche, qu'il me démonte au point d'avoir l'impression de l'avoir toujours en moi des jours plus tard.
Pourquoi ce mec m'inspire une telle violente envie de me laisser remplir par sa virilité, de me laisser gicler partout où je pourrais accueillir son jus de mâle ? Pourquoi j'ai à ce point envie de voir sa petite gueule se crisper sous la vague de lorgasme ? Pourquoi je crève denvie de le sentir crier son orgasme ?
Oui, sa presque-nudité me rend dingue. Et le fait quil sapprête à la cacher sous un t-shirt et un pantalon aurait de quoi me faire hurler de frustration. Mais lorsque sa plastique de fou est « emballée » sous ce magnifique « papier cadeau » quest le maillot de Wilkinson, là je nai plus rien à dire, à part : putaaaaaaaaaaaaaaain ! Oui, putain, quest-ce quil est sexy dans ce maillot !
Un simple polo dont la coupe frôle la perfection, dont toutes les coutures semblent conçues pour mettre en valeur les lignes, les muscles de la plastique de mon bobrun, avec une mention spéciale pour le relief de ses pecs, qu'on devine très, très, très bien sous le coton tendu. Un maillot qui, de plus, possède une symbolique bien à lui, celle du rêve de rugbyman de mon bobrun.
Puis, dans la foulée, son boxer est éclipsé par un beau jeans surmonté par une belle ceinture de mec. Au final, avec son maillot, son jeans et ses jolies baskets rouges, mon Jérém est à hurler.
Pourtant, force est de constater quau-delà de sa tenue, cest son attitude naturelle qui fait sa sexytude. Je veux parler de sa façon de tenir son torse et son cou bien droits, ses épaules bien ouvertes, ses jambes légèrement écartées, ses pieds bien plantés sur le sol. Je veux parler de sa façon de tenir la cigarette dune main, tout en gardant lautre enfoncée dans une poche du jeans. Je veux parler de cette attitude de mec bien dans ses baskets, satisfait et fier de son corps et de sa bogossitude, une assurance masculine qui ne le quitte jamais, même dans des moments de doutes et dinquiétudes comme celui-ci. Car sa sexytude et sa virilité transcendent son état desprit, son humeur. Jérém est sexy et viril même quand il fait la gueule.
Et moi, jai encore plus envie de lui. Jai trop envie de le sucer dans cette tenue, dêtre à genoux devant lui, alors que sa queue dépasse juste de la braguette pour se faire bien astiquer pour disparaître à nouveau après quelle ma rempli la bouche de jus bien chaud de bogoss.
Pendant un instant, je suis à deux doigts de lui proposer une petite gâterie. Ça le détendrait tellement de jouir. Mais nous navons pas le temps, et ce nest pas le lieu. Et puis, je vois bien quil na pas du tout la tête à ça. Il menverrait bouler à tous les coups.
Lexcitation de cet instant est telle quelle arrive à accaparer complètement mon esprit et me faire provisoirement oublier mes inquiétudes. Et alors que je finis de me changer, le bogoss termine sa cigarette, désormais appuyé contre le flanc de la voiture, les jambes croisées, lune légèrement pliée, la pointe dune basket posée au sol. Ah, comme jai envie de lui !
Un instant plus tard, alors que la nuit commence à sinstaller, nous remontons à pied un chemin qui part du centre équestre et qui mène au minuscule village de Pélées. Sur le chemin, nous rattrapons un petit groupe de cavaliers qui savère être composé de Satine, de JP et de Carine.
« Alors, comment ça va le dos, Nico ? » minterroge Carine.
« Ca va aller
je ne sens presque plus rien
».
« Tu nous as fait peur
» fait JP.
« Cest le métier qui rentre
» conclut Satine.
« Jérémie, tu peux être vraiment fier de ton camarade. Jen connais pas beaucoup qui feraient ce que Nico a fait aujourdhui, pour son baptême à cheval ».
« Oui » fait Jérém, laconique.
Jai peur que sa mauvaise humeur nous gâche la soirée. Jai peur que les autres cavaliers la remarquent, quils cherchent à savoir, et que Jérém se rebiffe. Surtout si, comme je limagine, mon bobrun va essayer de trouver du réconfort et de lapaisement dans la boisson. Mais en attendant, quest-ce quil est sexy dans son maillot Wilkinson !
Le relais est un grand bâtiment en briques rouges situé à lentrée du minuscule village. Une bâtisse faisant partie dun corps de ferme plus vaste et qui, dans le temps, a certainement dû être une étable. Il est entouré par un petit pré clôturé avec du ruban blanc dans lequel quatre chevaux sont en train de paître.
Nous rentrons par une petite porte qui donne sur un premier espace, pas plus grand que le studio de la rue de la Colombette, mais au plafond très haut. A droite, une curieuse structure en bois attire mon attention. Neuf loges y sont aménagées, occupant la totalité de la paroi, on dirait un lit superposé à plusieurs étages. Et en effet, quatre des loges sont occupées par des sacs de couchage multicolores. Apparemment, quatre chevaux et quatre cavaliers vont dormir au relais cette nuit.
Nous tournons sur la droite et avançons vers une nouvelle porte.
« Les toilettes, cest ici » mexplique Carine, en mindiquant une toute petite porte sur la droite « ça ne fait pas longtemps quelles ont été installées ».
« Elles ont été installées à la demande réitérée, très réitérée, des nanas de lassos » plaisante JP.
« Bah, oui, vous les mecs cest facile, vous sortez le tuyau et vous faites pipi nimporte où. Pour nous, les nanas, cest pas pareil » sinsurge Satine.
« Cest clair » confirme Carine.
« Si tu ten sers, Nico, tu nous raconteras comment tu as vécu cette expérience
extrême » fait JP sur un ton faussement sérieux et, de ce fait, très hilarant.
« Pourquoi, elles ont quelque chose de particulier ? ».
« Ce sont des toilettes sèches » explique Carine.
« Tu fais ce que tas à faire et tu recouvres avec de la sciure, il y a un stock juste à côté » précise Satine face à mon silence interrogatif. Javoue que je ne connaissais pas le concept.
« Tu fais comme les chats : tu fais, tu grattes et tu recouvres
» plaisante JP, tout en ouvrant la porte qui amène dans la salle principale du relais.
Chaleur, lumière, simplicité (dans le décor, les fringues, dans les relations humaines), conversations enjouées, rires sonores. En résumé, impression dun endroit extrêmement accueillant : voilà ce que je ressens en une fraction de seconde alors que la porte vient tout juste de souvrir. Je suis impatient de pénétrer dans ce lieu, de plonger dans cette ambiance, de me laisser transporter par cette soirée qui sannonce tout aussi agréable que la journée que je viens de vivre. Si seulement mon bobrun arrêtait de faire la gueule !
Le grand espace est dominé par une grande cheminée dans laquelle crépite un beau feu qui fait chaud au corps et au cur. Cest fou comment un simple feu de cheminée peut donner une profonde impression de bien-être et de bonheur. Cest le cas pour moi. Dautant plus que le crépitement et lodeur du bois qui brûle me rappellent les sensations découvertes dans la petite maison de Jérém. Des sensations que jassocie désormais au bonheur le plus absolu.
La grande pièce doit faire une hauteur dau moins 4 mètres, et elle est surmontée par un plafond en bois soutenu par des vieilles poutres apparentes. Un beau lustre rustique, constitué dune ancienne roue de charrette sur laquelle ont été installées des ampoules, y est suspendu par de nombreuses chaînes. Les murs interminables sont peints à la chaux et présentent de nombreuses traces dinfiltration deau par le toit. Sur ma gauche, une petite fenêtre et une grande porte fenêtre, lune comme lautre fermées. Sur ma droite, un escalier en bois plutôt raide conduit certainement au grenier.
Une immense table, entourée de longs bancs pouvant accueillir plusieurs dizaines de convives, trône au milieu du grand espace. Cest une table en bois massif, tout comme les bancs, comme on nen voit quà la montagne.
Le salle est sommairement meublée, avec des pièces (canapés, crédence, commode, étagères) qui nont pas grand-chose à voir les unes avec les autres, sagissant certainement de meubles de récupération. Et pourtant, lensemble dégage quelque chose de « cohérent », car chaleureux, accueillant, douillet.
La plupart des cavaliers sont déjà là, assis à la grande table centrale ou en train de discuter et de se réchauffer devant la cheminée. Et lorsquils nous voient arriver, ils nous accueillent tout autant affectueusement que bruyamment.
« Tiens, le voilà le toulousain ! » lance le jovial Daniel.
« Il va être parisien, bientôt
» relance JP.
« Mais il sera toujours toulousain, jespère, dans son cur » fait Martine.
« Alors, comment va le futur gagnant du Brennus ? » se corrige Daniel.
« Ça va, ça va » lâche mon bobrun sur le bout des lèvres.
Définitivement, Jérém nest pas dans son assiette. Et ça me fait mal au cur. Comment va se passer cette soirée sil continue de tirer cette tête ?
« Bien sûr quil va bien
quand on est foutu comme il est foutu, on ne peut aller que bien » lance Satine, avant de conclure « si seulement javais 20 ans de moins
».
« Si tavais 20 ans de moins, il ne voudrait pas de toi quand même
» fait Daniel.
« Et pourquoi donc ? ».
« Parce que tes trop casse couilles
».
« Mais ta gueule ! ».
« Mais tu voudrais de moi, si javais 20 ans de moins, hein ? » fait Martine, taquine « remarque, on sen fiche des 20 ans de trop, je crois que je viens de me découvrir à linstant une vocation de cougar
».
« Mais arrêtez un peu de lemmerder » tranche JP « vous êtes toutes largement périmées pour un mec qui est né quand vous aviez déjà des gosses au collège ».
« Tes quun rabat-joie, laisse-nous rêver un peu ! » se rebelle Satine.
« Ça faisait un moment qu'on ne lavait pas vu, il faut bien quon le taquine un peu » fait Martine à son tour « tu nes pas venu nous voir souvent, dernièrement ».
« Cest quil avait un tournoi à gagner, le petit » explique Daniel.
« Allez, ne leur prête pas attention, elles sont folles » fait JP « ça doit être à cause de la Lune. Jérémie, viens boire un verre entre mecs. Tu bois quoi ? ».
« Un whisky ».
« Monsieur est servi » fait Daniel, le gardien de la boisson et de la bonne humeur, en tendant un verre à moitié rempli à mon bobrun. Ça commence fort.
« Et toi, tu bois quoi, Nico ? ».
Mais avant que jaie le temps de lui répondre, il précise :
« Je suis désolé, je nai que de lalcool
», tout en feignant une fausse désolation, et en cachant maladroitement une bouteille rouge et blanche derrière son dos.
« Nimporte quoi, mais sans alcool
» je finis par lui répondre.
« Je nai rien de tel ».
« Il ment » fait Martine.
« Tes sûr que tu ne veux pas essayer un vrai apéro ? Une bière ? ».
« Si elle est blanche
».
« Je nai pas de blanche. Moi je préfère les blondes, ou les brunes, ou les rousses » semble vouloir mexpliquer Daniel, avant de dér sur lhumour grivois « quand elles sont blanches, cest trop vieux pour moi
».
« Dans ce cas, la bouteille que tu caches derrière ton dos, ça me va très bien
».
« Aaaah
ça ? Tu bois du pipi de chat ? ».
« Cest ça
».
Après avoir joué les clowns, Daniel me sert enfin de la boisson à bulles, lair dépité.
Je trinque avec Daniel (qui fait la grimace, puisque « on ne trinque pas avec du pipi de chat »), avec Jérém (qui fait toujours la gueule), et avec tous les cavaliers et cavalières à proximité (qui semblent tous ravis dêtre là).
« Allez, si je mactivais, moi » fait Martine « la fondue ne va pas se faire toute seule ».
« Je vais venir taider » fait Ginette.
« Moi aussi » se proposent à tour de rôle Carla et Satine.
« Perso, je suis vraiment fier pour ton recrutement, je le savais que tu étais destiné à accomplir de grandes choses » fait JP.
« Merci
jespère que ça va bien se passer
» fait Jérém, touché.
« On va te voir à la télé, alors » fait Loïk.
« C'est bien possible ».
« Et sur un calendrier à poil
» renchérit Sylvain.
Je crois bien que celui-là cherche des gifles. Sil continue sur ce ton, il ne va pas tarder à en trouver.
« Pour linstant, je vais essayer de jouer du mieux que je peux, et ce sera déjà énorme » le douche mon Jérém. Yes !
« Tu sais déjà quand tu vas partir ? » se renseigne Daniel.
« Je ne sais pas encore, jattends un coup de fil dun jour à lautre ».
Je suis heureux pour mon Jérém. Ce recrutement est une occasion en or pour lui. Je suis certain quil va faire des étincelles. Pourtant, lidée de ce coup de fil qui doit arriver « dun jour à lautre » me donne envie de pleurer, car cela sonnera inexorablement la fin de ce moment parfait.
Après ce coup de fil, des centaines de kilomètres nous sépareront. Comment va tenir cette relation, comme va-t-elle résister à la distance, au temps, aux tentations parisiennes ?
Lidée de ce coup de fil me rend triste, mais je mefforce de ne rien montrer, jessaie de profiter de linstant, de cette soirée, de ces gens qui me font rire et qui nous entourent de bienveillance et damitié. Mais cela serait plus aisé si Jérém arrêtait de tirer une gueule pas possible. Dailleurs, un instant plus tard, il a quitté la conversation pour sen aller fumer, seul, à côté de la grande cheminée, tout en sirotant son whisky, le regard ailleurs, la tête ailleurs. Heureusement quil avait dit quon devait faire comme si de rien nétait, et nous amuser. Ça semble mal parti de son côté
Et merde, il a fallu quon se fasse gauler par Charlène. Déjà quil y avait eu la remarque de Loïc sur le débardeur passé à lenvers après notre petite escapade sexuelle dans la nature ; maintenant, cet « accident » en plus, ça risque de faire beaucoup.
Détail qui a son importance, depuis que nous avons débarqué au relais, Jérém na adressé ni un seul mot, ni un seul regard, à Charlène. Jérém a mis de la distance entre Charlène et lui, une distance qui est également physique, puisquil se tient éloigné delle, alors quils étaient si complices, et souvent physiquement proches, jusque là.
Charlène, quant à elle, discute et rigole tour à tour avec les uns et les autre comme si de rien nétait. Elle na pas lair perturbée pour un sou. Son rire franc et tonitruant résonne dans le grand espace et jaillit par moment par-dessus toutes les conversations.
« Tas lair soucieux, Jérémie » fait ladorable Ginette.
« Non, ça va. Je suis juste un peu fatigué ».
« Cest vrai, tu nas pas lair bien » enchérit Satine.
« Ça va, Nico ? ».
La voix de Charlène très proche de mon oreille me surprend. Je ne lai pas vue approcher.
« Oui
».
« En tout cas, ton pote na pas lair daller bien ».
« Je ne sais pas pourquoi il réagit comme ça ».
« Tu crois que cest à cause de
tout à lheure ? ».
« Je pense, oui ».
« Bouge pas, je vais arranger ça » fait Charlène sur un ton décidé et tranché.
« Il y a quelque chose qui te tracasse ? » jentends Satine insister auprès de mon bobrun.
« Tout va bien » fait Jérém sur un ton agacé.
« On ne dirait pas ».
« Tu veux pas changer de disque ? » lâche le bogoss avec un humour qui nen est pas vraiment.
« Cest à cause de lentorse dUnico ? » fait Martine en se joignant au cur de nanas curieuses.
« Oui
oui
» fait Jérém sur un air expéditif « on verra ça demain
».
« Tu vas appeler un veto ? » fait Ginette.
« Je ne sais pas
je ne pense pas » fait Jérém, fuyant, franchement agacé.
« Il faut pas sinquiéter, parfois ce nest rien du tout » tente de le rassurer Martine.
« Mais ça peut être grave aussi » sinvite Charlène « et si on ne le soigne pas de suite, ça peut avoir des graves séquelles ».
« Cest vrai, ça. Je me souviens que mon Gringo
».
« Allez, assez palabré » tranche net Charlène, sans prêter la moindre attention à lhistoire que Satine sapprête à raconter « Jérémie, Nico, venez avec moi, on va voir Unico ».
« On verra ça demain » tente de se dérober Jérém.
« Une entorse, cest pernicieux. Plus on soccupe vite, plus on évite les complications ».
Soudain, jai limpression de capter dans les mots de Charlène comme une subtile allusion, un parallèle entre lentorse à soigner rapidement et son désir bienveillant de mettre tout aussi rapidement les choses au point avec Jérém.
« Pas maintenant ».
« Maintenant, tout de suite, petit con ! » fait-elle en levant la voix, en accompagnant son injonction par un sourire sonore.
Jérém renonce à la ramener et emboîte le pas à Charlène qui se dirige tout droit vers la sortie du relais. Jemboîte à mon tour le pas à mon bobrun.
« Il fait pas chaud » commente Charlène une fois dehors, en relevant le col roulé de son vieux pull.
Ni Jérém ni moi ne trouvons rien à ajouter. Elle fixe une petite torche sur son front à laide dun élastique qui fait le tour de sa tête. Lorsquelle lallume, on dirait quelle a un troisième il. Ou un seul il. Comme un cyclope. Comme un Illuminati.
Guidés par le faisceau lumineux, nous descendons au pré. Enfin, à vrai dire, nous ne faisons que nous nous éloigner du relais. Lorsque nous sommes à bonne distance, Charlène ne prend pas de détours et va droit au but.
« Allez, raconte, Jérémie ».
« Tu veux que je te raconte quoi ? ».
« Je voudrais savoir pourquoi tu fais la gueule ! ».
« Je fais pas la gueule ! ».
« Si tu fais la gueule ! ».
« Je te dis que non ».
« Si, tu fais la gueule » je me surprends à considérer à haute voix.
« Tu vois, il ny a pas que moi qui lai vu ».
« Je ne sais pas quoi vous dire ».
« Allez, fais pas chier, on na pas le temps. Ecoute-moi, petit con. Tu crois que ce que ce que jai vu tout à lheure ma choquée ? ».
« Je ne sais pas ».
« Pffff !!! Tu me gonfles ! Alors, rassure-toi, ça ne ma pas choqué du tout. Cest vrai que sur le coup jai été surprise, mais ça cest pas du tout le genre de truc qui me tracasse ! ».
« Tes pas déçue ? ».
« Et pourquoi, déçue ? ».
« Je ne sais pas ».
« Si dois être déçue pour quelque chose, cest que tu réagisses de cette façon, que tu puisses penser que ça puisse me poser de problème daccepter ce que tu es, et ce qui te rend heureux ».
Jérém se tait, sort son paquet de cigarettes pour en saisir une. Charlène lui en empêche.
« Tu sais, il ny a aucun mal à ça. La seule chose importante cest que tu sois heureux. Du moment que tu es heureux, je suis heureuse pour toi. Parce que le plus important, dans la vie, cest dessayer dêtre heureux. Quimporte si on est heureux avec un mec ou avec une nana, tant quon lest. La vie est trop courte pour perdre du temps à sempêcher daimer avec des prétextes aussi foireux que la peur des « quon dira-t-on ». Une dernière chose. Le fait que tu sois avec un gars ça ne change rien, tu mentends, rien de chez rien pour moi. Tu as toujours été comme un fils pour moi, et ça ne changera pas. Jamais. Je taime et je taimerai toujours. Et jaimerai celui qui te rendra heureux. Alors, jaime Nico aussi
».
Jai limpression que Jérém est en train de pleurer. Je suis au bord des larmes.
« Viens là, petit con » fait Charlène, visiblement émue elle aussi, en prenant dans ses bras le jeune étalon redevenu poulain. Leur étreinte dure plusieurs secondes.
« Nico a lair dun bon gars » fait-elle, en mattrapant la main et en la serrant dans la sienne. Ce contact me fait un bien fou. Je pleure.
« En plus, vous avez lair heureux ensemble. Mais de quoi tas peur, Jérémie ? ».
« Les pd, tout les monde leur crache à la gueule ».
« Ce « tout le monde » dont tu parles, on sen fout, ce ne sont que des cons. Mais tu sais comme moi quil y a bien des gens, des gens bien, et en particulier ici à lABCR, qui ne sont pas ce « tout le monde ». Regarde, il ny a jamais eu aucun problème avec Loïc et Florian, et il y en a pas avec Sylvain ».
« La vie, ce nest pas que lABCR
».
« Certes, mais une chose est certaine, si tu veux du respect de la part des autres, il faut déjà que tu en aies pour toi et pour ce que tu es ».
« Désolé que tu laies appris ça de cette façon, jaurais dû ten parler ».
« Mais tu las fait, Jérémie
»
« Et quand ? ».
« Hier, avant-hier. Je pense que si tu mas présenté Nico cest aussi pour me faire comprendre ce que tu nosais pas me dire avec des mots. Je me trompe ? ».
« Je ne sais pas ».
« Nico est un bon gars et tu es bien avec lui. Ça se voit que tu es bien avec lui. Alors, ce que jai vu tout à lheure ne ma surprise quà moitié ».
« Tavais compris ? ».
« Je crois que jai compris la première fois que vous êtes venus me voir tous les deux
».
« Pourquoi, on fait pd ? ».
« Arrête de dire pd, cest tellement moche. Mais non, pas du tout. Cest à cause de vos regards. Les regards de deux êtres qui saiment ne trompent pas. Ah oui
et aussi, tout à lheure, quand vous êtes revenus après la sieste au bivouac. Jai bien vu que vous veniez de faire plus quadmirer le paysage ».
Jérém rigole pour la première fois depuis l« accident ». Et ça me met du baume au cur.
Pendant que nous remontons vers le relais, Jérém et Charlène parlent des chevaux, de la balade, ils se taquinent. Ils semblent avoir retrouvé leur complicité. Je suis heureux.
« Vous êtes tellement beaux tous les deux ! Je suis presque jalouse de ce que vous avez, de votre bonheur » fait Charlène à mi-voix en arrivant devant la porte du relais « ne gâchez pas ça, le bonheur ne se laisse pas attr souvent dans une vie ».
« Et tinquiète, ça restera notre petit secret tant que tu le voudras
» précise Charlène juste avant douvrir la porte de la grande salle, alors que le bruit indistinct et atténué des conversations vives de lintérieur fait vibrer tout mon corps dimpatience et dexcitation. Cest un peu comme lorsquon attend avant dentrer dans une boîte de nuit, alors que les basses de la musique qui séchappent de la salle font vibrer le sol sous les pieds de ceux qui sont encore au vestiaire.
« Merci Charlène » fait simplement mon bobrun. On dirait un gosse qui vient dapprendre quil ne sera pas grondé malgré la bêtise quil vient de faire. Il est tellement touchant.
« Alors, cette entorse ? » questionne Martine.
« Ça a lair daller mieux, beaucoup mieux » fait Jérém.
« Parfois, il suffit de regarder les choses dun peu plus près pour se rendre compte quil ny a pas de problème. Jérémie sinquiétait pour rien, pour rien du tout » précise Charlène.
Jadore le regard complice que ces deux-là séchangent à cet instant. Jérém a lair à nouveau bien dans ses baskets. Il a lair soulagé. Il sourit. Quest-ce que ça me fait plaisir de le voir comme ça !
A partir de cet instant, la soirée peut vraiment commencer. Jérém est dans la place, et moi avec lui. A partir de cet instant, je me laisse emporter par le cyclone de la bonne humeur ambiante, par les répliques tour à tour cinglantes, fracassantes, parfois déroutantes, qui fusent de partout.
Martine, Satine, Daniel, Arielle, JP, Carine, Charlène, Nadine, Carla, Daniel, Lola, Marie-Line, Bertrand, Loïc, chacun semble avoir son rôle à jouer dans ce scénario de folie. Sylvain est le seul qui semble un peu en retrait, comme sil avait du mal à trouver sa place.
Sinon, tout le monde rigole, charrie, balance. Même ladorable Ginette, laînée de la bande, semploie à utiliser des mots et des expressions qui de premier abord étonnent dans la bouche dune dame de son âge, à lair si respectable. Ainsi, elle a parfois des sorties très drôles. Malgré ses nombreux printemps, Ginette a lair dêtre quelquun qui a su garder le cur et lesprit très jeunes.
Oui, les grandes gueules ne manquent pas à lABCR. Et force est de constater que Jérém se fond parfaitement dans ce décor. Il répond aux piques, drôles, parfois « frontales ». Il rigole, il a de la répartie, il est drôle, il est beau à tomber. Crever labcès avec Charlène lui a fait un bien fou. Cest comme sil avait été libéré dun poids immense. En fait cest ça dont mon bobrun a besoin. De se sentir accepté, aimé pour ce quil est. Il a besoin quon lui dise quil na pas à avoir peur, quil na pas à avoir honte. Et Charlène est la bonne personne pour le faire sentir bien.
Les discussions, ponctuées de blagues en tout genre, de franches rigolades et de ces fous rires incontrôlables dont Nadine a le secret, vont bon train. Dans le relais, il y a une ambiance de fou !
Les délires des nanas sont parfois ponctués par une réplique de JP qui apporte de la sagesse, du consensus, de la réflexion, une bonne tranche de rigolade.
Je ne connais ces gens que depuis quelques heures et pourtant je ne me suis jamais senti aussi bien dans un groupe auparavant. Je sens de la bienveillance autour de moi, je sens de lamitié.
A plusieurs reprises, on vient me parler, on me charrie, moi aussi jai droit à ma part de piques. Je me sens intégré de cette façon, par la déconne, par la bonne humeur, par la rigolade franche et réjouissante. JP raconte ma chute, et dans ses mots je me sens apprécié, valorisé. Ça fait un bien fou. Jai envie de connaître ces gens, jai envie quils fassent partie de ma vie, durablement. Je nai pas envie de repartir, de les quitter, jai envie de ne plus jamais repartir de ce village, de ce relais, de cette soirée.
Je respire à pleins poumons cette chaleur, cette convivialité, cette bonne humeur, ce sentiment pour moi inédit de faire partie dune sorte de grande famille.
Les conversations senchaînent sans répit, elles se chevauchent, se croisent, se mélangent. Jécoute plus que je ne cause, car les conversations, lorsquelles ne sont que pure déconne, tournent le plus souvent autour de cette passion qui réunit toutes ces fortes personnalités dans ce relais, dans ce foyer « transfamilial ». Jécoute avec intérêt ces conversations, ponctuées de mots que je découvre, par un jargon qui esquisse dans ma tête un monde (presque) inconnu.
« On dirait que ça va mieux » me glisse Charlène discrètement.
« On dirait, oui. Et cest grâce à toi. Merci pour cette petite explication, merci davoir pris les devants
».
« Parfois il faut prendre le taureau par les cornes ».
« Cest bien vrai ça ».
« Je porte un toast pour Nico qui a fait toute la balade sans avoir jamais monté auparavant, et qui est remonté sur Tequila de suite après être tombé » lance JP sur un ton enjoué.
Tout le monde trinque à mon exploit.
« Il est tombé ? » feint de sétonner Daniel, tout en entonnant le fameux refrain « il est des nooootres !!!! ».
« Mais toujours pas pour la boisson
» il se corrige.
« Au fait, il va bien ton pote Thibault ? » demande JP.
« Bien, bien ».
« Il doit être content de son recrutement au Stade Toulousain ».
« Oui, oui, je crois
en fait, je nai pas trop de nouvelles
on se voit moins
».
« Ah bon ? Cest dommage. Ce gars est vraiment quelquun de bien. Un mec de cet âge, avec cette maturité, ces valeurs, cest incroyable. Vous nêtes pas fâchés quand même ? ».
« Non, enfin, bref
» tente de se dépatouiller Jérém.
« Je parie que cest à cause dune gonzesse » lance Daniel « il ne faut jamais laisser les gonzesses gâcher lamitié entre potes ».
« Allez, on mange, chaud devant ! » lance Martine avec sa voix puissante et enjouée, en déboulant de la cuisine avec un caquelon qui a lair bien lourd et bien chaud. Lirruption de Martine donne loccasion a Jérém de se sortir de ce pétrin.
Satine et Ginette disposent sur la table deux autres caquelons fumants.
Enfin le repas va commencer. Il était temps que ça arrive, il commençait à faire faim. Je ne bois pas, je déteste les apéros qui séternisent, surtout quand je commence à avoir de lappétit.
Je minstalle en bout de table, à un mètre de la cheminée. Mon bobrun sinstalle à côté de moi, Martine et Satine juste en face. Je sens quon va bien rigoler.
Le feu dans la cheminée chauffe mon corps et lambiance conviviale du repas chauffe mon cur. Et la présence de mon Jérém, sa proximité physique, nos regards, mais aussi notre complicité retrouvée, me rendent heureux comme jamais.
Les quiches et les salades sentrechoquent sur la table. Chacun a apporté de la nourriture.
Martine allume les réchauds positionnés sous chaque caquelon. La bonne odeur de la fondue commence à chatouiller agréablement les narines. Ensuite, elle annonce quil faut goûter pour voir si les papilles vont être titillées aussi favorablement que lodorat.
Nadine sy lance. A en juger par son regard ravi, lessai est concluant. Très vite, tout le monde suit son exemple. La bataille des caquelons vient de commencer. Cest dorénavant chacun pour soi, fourchette spéciale à la main, pour tremper, sans le laisser tomber, son morceau de pain dans le mélange onctueux.
Vraiment, cest super bon la fondue ! Les niveaux descendent à vue dil dans les caquelons. Les joues rougissent, les voix portent plus haut, les rires fusent, les verres se remplissent, les bouteilles se vident. Et la joie dêtre ensemble est bien là. Dans les cabas, chacun a amené non seulement de la nourriture, mais aussi sa bonne humeur. Et pour certains, cest le cas de Daniel, quelques blagues quil développe sans retenue, bien aidé de JP, pendant la première partie du repas.
« Comment on appelle un chien sans pattes ? On ne lappelle pas, on va le chercher ! ».
« Cest lhistoire dun aveugle qui rentre dans un bar
et dans une chaise, et dans une table, et dans un mur ».
« Deux ufs discutent ensemble. Le premier dit à lautre : « Pourquoi t'as des poils et tu es marron ? ». « C'est parce que moi je suis un kiwi, connard ! ».
Entre deux bouchées de fondue, Martine demande à Jérém et moi de lui raconter notre balade. Et dans ses mots, dans sa façon de raconter mon petit exploit, je ressens quelque chose qui ressemble à de la fierté. Dans son regard, je me sens apprécié, je me sens « important », comme il lest depuis longtemps dans le mien. Fini le mépris des premières révisions. Désormais je me sens bien dans son regard. Quest-ce que jaime, ce nouveau Jérém ! Et quest-ce quil est sexy dans son maillot Wilkinson !
Martine propose de respecter jusquau bout le tradition de la fondue en cassant des ufs dans les caquelons pour épaissir ce qui reste du fromage et racler le fond. Elle se saisit de lun des caquelons, elle vide le fond des deux autres dedans et sen va chercher les ufs. Elle en casse quatre, les brouille dans ce qui reste de fromage, jette deux poignées de pain dedans, tout en continuant à mélanger. Tout le monde suit avec attention et curiosité son drôle de manège. Il y en qui se déclarent sceptiques.
« Tes sure que ça va être bon ? » demande Satine.
« Allez, laissez-moi bosser » fait Martine « dois-je vous rappeler que je suis savoyarde ? Vous nallez pas mapprendre à faire une fondue ! ».
Peu à peu, lodeur du mélange gratiné vient chatouiller les narines des convives. Finalement ils sont de plus en plus nombreux à vouloir tester le « gloubiboulga », pour ne pas « mourir bête ».
Jétais moi aussi silencieusement sceptique. Et pourtant, lorsque je goûte, je trouve ça plutôt pas mal, voire délicieux !
Le dernier caquelon passe de main en main et il revient récuré jusquà lémail. Nous sommes tous repus, le ventre bien tendu. La salade verte de Lola, la copine de Daniel, arrive pour rafraîchir cette fin de repas.
A chaque fois que je regarde mon bobrun, je me peux mempêcher de me dire que je le trouve sexy comme pas possible, et que, de plus, la façon dont ce maillot le met en valeur cest un truc de fou. Apparemment, je ne suis pas le seul à me faire la remarque.
« Il est beau ton maillot. Tu las eu comment ? » demande Martine.
« Cest Nico qui me la ramené de
Londres » fait Jérém sans réfléchir. Je sens dans sa petite hésitation avant de prononcer « Londres », quil regrette déjà davoir répondu aussi franchement.
« Il te va très bien » commente Sylvain.
Lui, il ne parle pas beaucoup, mais à chaque fois quil louvre, jai envie de lui en mettre une. Ça va tomber, ça va tomber
« Un mec foutu comme lui, même un sac lui irait comme un gant » fait Satine.
« Cest vrai, oui » insiste Sylvain.
Rien que sa voix mindispose.
« En tout cas, ton camarade ne sest pas foutu de toi » fait Daniel, avant denchaîner « Minou, il me faut le même ».
« Mais chéri, avec ton bidon, tu ne vas pas le porter pareil, du tout, du tout ».
« Tu crois ? ».
« Je ne le crois pas, jen suis sure ! ».
Tout le monde rigole.
« Bientôt nous pourrons acheter un maillot « Tommasi »
» fait JP, adorable.
« Moi je veux te dire un truc, Jérémie » fait Daniel.
« Quest-ce que tu vas encore sortir comme bêtises, toi ? » demande Lola, sur un ton faussement agacé.
« Je suis sérieux ».
« Ten es capable ? ».
« Je vais essayer. Ce que je veux te dire, Jérémie, cest de faire attention à toi quand tu seras à Paris ».
« Pourquoi, tas peur quil se fasse violer ? » fait Satine.
« Mais tu veux bien la fermer ? » lance Daniel du tac-au-tac.
« Ce que je veux te dire, Jérémie, cest que le rugby cest un très beau sport. Je sais que ça ne se voit pas, mais jai joué au rugby dans ma jeunesse, jusquà ce quon appelle maintenant la pro D2. Depuis que jai arrêté, jentraîne des jeunes, tous les ans. Et jai vu comment ce sport a évolué au fil du temps.
Ce que je veux te dire, cest que le rugby nest plus ce quil était il y a 30 ans. Il a bien changé, surtout depuis la professionnalisation il y a quelques années, depuis que loseille est rentrée dans les clubs. Loseille, ça gâche tout ».
« Cest vrai, avant on jouait pour samuser, aujourdhui on doit jouer pour gagner. Il y a une pression sur les clubs et sur les joueurs qui nexistait pas avant » abonde le sage JP.
« Ce que je remarque » continue Daniel « cest que le rugby est de plus en plus violent, et quil arrive de plus en plus daccidents graves, notamment à cause de plaquages brutaux. Fractures, dégâts aux cervicales, à la colonne vertébrale, la liste est longue et franchement pas jolie. Quand on suit le rugby de près comme je le fais, on voit que les gabarits sépaississent et que la puissance des coups est de plus en plus violente. Les gars sont HS de plus en plus jeunes. Certains sont obligés darrêter prématurément leur carrière parce quils boitent, ou parce quils ont le dos en compote, dautres parce quils ne supportent plus la pression, et quils pètent un plomb.
Ce que je veux te dire, Jérémie, cest quaujourdhui tu es jeune et tu peux être tenté de te donner à 200% pour faire décoller ta carrière. Mais il ne faut pas. Limite-toi à te donner à 100% et, surtout, fais travailler autant le mental que le physique. Rappelle-toi que la tactique est plus importante que la puissance. Fais attention aux coups. Tu dois vivre ton rêve, car je suis certain que tu vas faire des merveilles. Mais si tu ne te ménages pas, le rêve va vite se transformer en cauchemar. Fais attention à ne pas tabîmer trop tôt. Tu as un seul corps, un seul mental, une seule jeunesse : une fois que tu les as niqués, ils sont perdus à tout jamais ».
« Tu veux bien arrêter de lui saper le moral ? » sinsurge Nadine.
« Non, je ne veux pas lui saper le moral, pas du tout, je veux juste quil sache à quoi sen tenir, au-delà du rêve quon va lui vendre à Paris. Parce que cest un rêve sans mode demploi. En très peu de temps, tu vas avoir de largent, de la notoriété, tu vas goûter à la belle vie, voitures de luxe, boîtes de luxe, put
enfin
poules de luxe. Il faut bien sûr profiter de tout ça, mais en gardant à lesprit que tout cela ne dure quun temps. Il ne faut pas que ça te monte à la tête, il ne faut pas que ça te perde. Et, aussi, il ne faut jamais oublier que tout ce bling bling a un prix
».
« Cest quoi le prix ? » fait Jérém, intrigué.
« On va te marteler H24 et 7 sur 7 que tu dois être fort, de plus en plus fort, que tu dois être technique, tactique, physique et que ça te rendra riche et connu. Mais il est où l'humain là-dedans, bordel ? Il est où le plaisir de jouer avec tes potes ? On fait de toi une machine en te faisant croire qu'il faut donner toujours plus ! Tu vas courir après toi-même, après l'argent, après la gloire, et tu te rendras compte un peu tard que toutes tes illusions ne sont que du vent. Parce que quand ça s'arrête, y a plus personne. Alors, entre deux matches et entre deux cuites, fais des études, mets de largent de côté, élabore un plan B pour quand cela sarrêtera. Nattends pas.
Une carrière sportive à haut niveau nécessite une implication totale. Cest un boulot, un vrai. Dur et éprouvant, mentalement autant que physiquement. Ne tépuise pas à vouloir prouver à tout le monde que tu es toujours au top du top. Ce nest pas humain. Ecoute ton corps et accepte ses faiblesses. Si un jour il dit STOP, il faut le respecter. Et plutôt que de rêver à être le plus riche et le plus connu, garde toujours à lesprit que tu nes rien sans les autres ».
« Ceci étant dit, on attend tous avec impatience de voir tes fesses sur le calendrier de lannée prochain » fait Nadine. Une note marrante, bienvenue pour détendre lambiance un peu plombée par les mots de Daniel.
« Pfffff, les nénettes ! Tout ce qui les intéresse au rugby, cest de voir des mecs à poil » commente Daniel.
« Il ny a pas que les nénettes que ça intéresse » fait Sylvain.
Si celui-là louvre encore une fois, je crois que je vais lemplâtrer.
La bienveillance de Daniel à légard de Jérém me touche profondément. Je sais quil a parlé pour le bien de Jérém, pour le mettre en garde. Et je lui en suis profondément reconnaissant. Ce qui nempêche pas que sa tirade fait ressurgir en moi des inquiétudes que jessaie de maîtriser tant bien que mal depuis que jai appris pour son recrutement parisien. Et, aussi, de malerter sur dautres sujets dinquiétude auxquels je navais pas encore pensé et qui marrivent à la figure comme autant de gifles.
Que Jérém va être exposé aux tentations de la grande ville, soirées, rencontres, ça je lavais anticipé. Ce que je navais pas anticipé cest que largent et la notoriété puissent changer mon bobrun. Et, encore moins, que le rugby puisse être un sport à ce point dangereux.
Heureusement, très vite la soirée repart sur un ton beaucoup plus léger, et je suis vite enveloppé à nouveau par la bonne humeur. Les desserts arrivent. Crumble, tarte, salades de fruits, le flan de Carine. Pendant que je déguste ce dernier, jécoute JP et Charlène raconter un épisode survenu lors dune balade dans les Pyrénées, sur un itinéraire quils appellent « Chemin des Contrebandiers ». Comme cest le cas à chaque fois que JP parle, les oreilles se tendent pour écouter son récit. Cest ça avoir du charisme.
« Pendant la rando, il a plu tout le temps » fait JP.
« Tu espérais quoi, dun mois davril au pays Basque ? » se moque Martine.
« On a choisi le printemps pour éviter les grosses chaleurs, banane ! » explique JP.
« Bref » il enchaîne « toujours est-il quun jour à midi, on sest retrouvés perdus au milieu de nulle part. On essayait de lire la carte, mais on nétait pas daccord sur la direction à suivre. Charlène avait un avis, Carla un autre, Loïc était HS par rupture de stock de cigarettes, et moi je navais pas dormi de la nuit. Il pleuvait depuis la veille au soir, non stop. Tout était mouillé, y compris nos provisions. On navait pas dîné, on navait pas dormi, on navait pas déjeuné. On était trempés, fatigués, affamés, et on était perdus ».
« Autant vous dire que lambiance était tendue » fait Charlène.
« Nous sommes arrivés dans un petit village. On la traversé sans voir personne. Puis, près de la sortie du hameau, nous avons enfin vu un type dehors. Il était sur le seuil de sa porte, et il regardait la pluie tomber. Nous nous sommes arrêtés et nous lui avons demandé des renseignements. Et quand on lui a dit quon cherchait le chemin des Contrebandiers, il nous a raconté quil était lui aussi randonneur à cheval et quil avait déjà fait cette rando. Et ni une ni deux, il nous a invités à déjeuner chez lui. Dans létat où lon était, on a dit oui sans même réfléchir.
Sa maison était la dernière du petit village et il y avait un pré juste à côté. Le type nous a proposé de faire paître nos chevaux.
« Cest à ce moment-là, quon a recommencé à croire quil y a quelquun là-haut » commente Carla.
« La maison de nos hôtes était simple et chaleureuse. Il y avait un feu dans la cheminée. Trempés comme on était, cet abri et ce feu étaient à nos yeux le plus beau cadeau qui soit. Le mec sappelait Pierre, et il nous a présenté sa femme Thérèse. Ils formaient un couple charmant, dune soixantaine dannées. Une demi-heure plus tard, nous étions assis autour dune table et Thérèse débarque avec une platée de spaghettis. Bien sûr, nous avons mis en commun notre pique-nique. Ça fait du bien de retrouver la civilisation après une semaine de bivouac ».
« Dautant plus que ce jour-là, nous avons partagé plus quun simple repas. Nous avons partagé un moment fort, avec des gens simples et intéressants. Leur histoire était assez bouleversante » explique Charlène.
« Vas-y, raconte-là » lencourage JP.
« A 45 ans, Pierre était devenu paraplégique, à la suite dun accident de voiture. Les médecins ne croyaient pas quil remarcherait un jour, et encore moins quil remonterait à cheval.
Mais cet homme en avait décidé autrement. Soutenu par sa femme, il avait décidé de remarcher. Et il a remarché. Puis, il avait décidé de remonter son cheval. Et il est remonté. Aujourdhui, 15 ans plus tard, il remonte comme avant, sans corset, sans rien. Il repart en rando, dort dans une tente, fait sa toilette dans une rivière. Ce gars nous a donné une bien belle leçon, très émouvante ».
« Une leçon qui nous a remis les idées en place et qui nous a fait oublier nos petits tracas » assure Carla.
« Cétait comme si, grâce à ce moment délicieux, le soleil était revenu dans nos têtes » fait JP, avant de continuer « A la fin du repas, ces gens nous ont laissé repartir sans rien nous demander, sans répondre à nos propositions d'échanges de coordonnées. On na pas insisté, on sest dit que le hasard nous avait mis sur leur route, et quil fallait laisser le hasard uvrer de nouveau ».
« Cest une belle histoire » commente Jérém, le regard ému, et en me serrant très fort la main sous la table. Je suis moi aussi très ému.
« Allez, assez déconné ! » fait Daniel « il est temps de passer aux choses sérieuses
».
Et là, ni une ni deux, le bonhomme att la guitare appuyée au mur derrière lui et commence à gratter sur ses cordes. Lola sactive aussi, elle sort de son sac plusieurs classeurs avec de dizaines de textes de chansons.
Daniel continue de gratter sur la guitare en alignant des notes au hasard. Puis, soudain, les accords sharmonisent pour dessiner une mélodie, sur laquelle notre musicien aux cheveux dargent va poser les couplets bien connus :
Je m'baladais sur l'avenue le cur ouvert à l'inconnu
La suite, dans quelques jours.
Jérém&Nico, le Livre !
Jérém : qui est-il ce garçon ?
PS : je cherche un pro des réseaux sociaux et autres moyens de communications pour orchestrer la promo du livre. Candidature à envoyer par retour de ce mail. Merci !
Après une longue gestation, le premier livre de Jérém&Nico est enfin imprimé et prêt à être expédié.
Ce livre reprend les 40 premiers épisodes de l'histoire, enrichis de nombreux passages piochés dans les épisodes plus récents, lorsque ces derniers sintègrent aux premiers de façon intéressante.
Il en résulte une toute nouvelle structure narrative, allégée et plus cohérente.
Tu peux commander ta copie dédicacée en version papier ou epub (pour liseuse) dans la boutique virtuelle www.tipeee;com/jerem-nico-s1.
En achetant le livre papier ou numérique, tu contribues au travail décriture de la suite de laventure Jérém & Nico.
Merci davance pour ta contribution à Jérém et Nico !
Fabien
Jérém&Nico
L'inspiration
« Jérém & Nico est une histoire qui est venue à moi un jour dété, un jour où jai eu lintuition que je devais construire autre chose, réorienter ma vie tel un fleuve creusant un nouveau lit qui ferait dévier son cours ».
L'histoire
Jérémie est un beau brun ténébreux, rugbyman et tombeur de nanas. Son camarade de lycée Nico est un jeune homo à lesprit pur et rêveur.
Pourtant, cest Jérémie qui, lors des révisions pour le bac, initie Nico à lamour physique entre garçons.
Mais alors que Jérémie ne semble intéressé que par le sexe, Nico est fou amoureux de lui. Ainsi, lamour physique avec le beau brun, pourtant explosif, ne lui suffit pas.
Mais qui est réellement Jérémie ? Comment vit-il leurs « révisions » sexuelles avant le bac ? Que ressent-il vraiment pour Nico ?
Quel rôle pour Thibault, le meilleur ami de Jérémie, à qui Nico finira par se confier ?
Lhistoire se déroule à Toulouse entre 2001 et « nos jours ». Cest en effet en 2018 que le Nico adulte raconte ses années lycée et fac.
Nico na jamais pu oublier son Jérém. Bien que depuis tant de temps déjà, leurs vies ne marchent plus ensemble.
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