De Masques Et De Sang - Prologue
Le soleil s'était couché depuis quelques heures déjà.
L'air, tiède, parfois troublé par quelques bourrasques fraiches, venait apporter un peu de douceur après une journée particulièrement chaude.
Les touristes continuaient d'arpenter les ruelles de Monterey, pour la plupart déjà un peu avinés et prompt à poursuivre une soirée de fêtes et d'abus dés qu'ils auraient rejoint le club le plus proche.
Non loin de là, dans un bar relativement cosy à l'ambiance tamisée, une jeune femme les observait rêveusement. Vêtue d'une robe noire légère qui lui arrivait à mi cuisse, tenant en place grâce à de fines bretelles reposant sur ses épaules nues, elle balançait pensivement sa cheville, son escarpin pendu au bout de ses orteils.
Evie repiqua une de ses longues mèches bouclée d'un noir sombre derrière son oreille, se tournant vers la jeune femme blonde à ses côtés qui s'esclaffait bruyamment. De nature souriante avec un visage presque in illuminé par des yeux noisettes pétillants, la jolie jeune femme aux cheveux corbeaux répondit d'un coup de coude taquin à son amie, suivant le regard de cette dernière.
Un jeune homme au teint hâlé, visiblement adepte des salles de sport, vêtu d'une chemise bleue moulant ses biceps leur adressa un sourire charmeur en retour.
Evie pouvait presque sentir son amie dandiner sur son tabouret et pouffa discrètement. Elle connaissait Marissa depuis l'école primaire. Cette dernière, plutôt timide dans ses jeunes années, avait changé du tout au tout quand la puberté l'avait doté d'arguments très généreux, surtout en terme de décolleté. Bien plus fougueuse qu'Evie, elle s'était habillée pour sortir en conséquence, sa minuscule robe blanche échancrée peinant à retenir son opulente poitrine. Le beau brun était visiblement sensible à ses atouts et n'en perdait pas une miette.
Evie se pencha vers son amie, un sourire au coin des lèvres.
Je sens que je vais encore rentrer seule à l'hôtel ce soir.
Marissa gloussa.
Rien ne t'empêche de venir t'amuser avec nous. Ça ne te ferait pas de mal...
Evie, s'empourprant, toussota, non sans conserver son sourire.
Une autre fois peut être et...
Les doigts fureteurs de Marissa descendant le long de son dos et s'arrêtant sur ses fesses achevèrent de la rendre écarlate, la coupant net dans ses propos.
Son amie blonde éclata de rire avant de se lever et de lisser sa robe, bien décidée à rejoindre le jeune homme qui ne s'arrêtait plus de la dévorer des yeux. Elle pris toutefois quelques instants pour chuchoter malicieusement à l'oreille de la petite brune.
Tu finiras vieille fille...
Evie roula des yeux, amusée et reporta son attention sur son verre.
Elle trainait sur internet avec son téléphone depuis une dizaine de minutes, jetant un il de temps à autre au couple d'un soir qui se pelotait allègrement, quand soudain l'air devint glacial et tout le monde se figea. Une série de détonations, suivies de cris de panique, venait de rompre l'ambiance fêtarde qui régnait dans le quartier.
On pouvait entendre le claquement des semelles de passants courant à toute allure au loin, de nouvelles détonations provoquant une nouvelle vague de hurlements.
Tout se passa très vite, la jeune barmaid souffla aux quelques clients qui n'avaient pas pris leurs jambes à leur cou de se cacher et sans vraiment s'en rendre compte, Evie se retrouva au sol, derrière le bar, côte à côte avec Marissa et son prince charmant du moment. Tout le monde semblait effrayé, chacun s'évertuant à faire le moins de bruits et de mouvements possible à mesure que les vagues de coup de feu se rapprochaient. Evie sursauta en sentant des doigts enserrer les siens et croisa le regard terrorisé de Marissa. Elle serra sa main en retour, forçant un sourire à destination de son amie.
La barmaid au cheveux noirs, couverte de tatouages, se leva d'un bond, semblant soudain particulièrement inspirée et murmura vaguement quelque chose à propos de la grille, s'élançant au dessus du bar.
Un grincement sourd brisa le silence du bar tandis que les grilles métalliques commençait à descendre laborieusement pour condamner laccès au bar. La barmaid, surexcitée, s'acharnait sur l'interrupteur, espérant peut être accélérer la lente descente de la grille.
Elle poussa un long soupir, soulagée, tandis qu'il ne restait qu'une trentaine de centimètres d'ouverture, se tournant vers les clients inquiets qui avaient jugés préférable de rester à l'abri derrière le bar. Elle leur jeta un regard emprunt de fierté qui semblait dire Vous voyez... mais son enthousiasme se transforma en incertitude quand la cacophonie de la descente de la grille mua en un grincement sourd.
Marissa étouffa un cri d'effroi tandis qu'Evie la forçait à se baisser derrière le bar. La main, impossiblement massive, couverte d'une mitaine de cuir noire, qui avait agrippé et stoppé la grille dans sa descente était entrain de la remonter.
De là où elle était, cachée, Evie voyait vaguement la scène dans le reflet d'une des bouteilles présente derrière le bar. Son cur sembla s'arrêter dans sa poitrine tandis que la barmaid frappait de son talon la colossale main exposée. Les escarpins de la barmaid, couplés à un sursaut d'adrénaline lié à la peur, résultèrent d'un bruit mat et d'un grognement sourd tandis que la main lâchait hâtivement la grille métallique. Rassérénée par son succès, la jeune femme se jeta sur la grille, la tirant vers le bas pour tenter de la fermer pour de bon. Evie ne put que la voir soudain happée sous la grille, hurlant. Il y eut un craquement dont l'origine ne pouvait qu'être sinistre, puis plus rien. De longues minutes de silence où chacun des réfugiés cachés derrière le bar se jetait des regards lourds d'angoisse.
Marissa, pressant toujours la main d'Evie dans la sienne, sortit petit à petit de sa torpeur, jetant un regard aux alentours, suspicieuse.
Stop ! Tu va attirer.. !!
Evie plaqua sa main contre la bouche de son amie, l'interrompant et croisa son regard, secouant la tête, visiblement effrayée. Marissa allait se rebiffer quand un crissement métallique violent les figea sur place. Un bref coup dil au reflet dans les bouteilles confirma que la grille métallique n'empêchait plus personne d'entrer.
Mon père a de l'argent ! Énormément ! Laisse moi juste partir, je te donnerai ce que...
Le flirt de Marissa qui roulait des mécaniques un peu plus tôt n'en menait pas large. Il n'avait visiblement pas eu le temps d'atteindre les toilettes et suppliait désormais qu'on le laissa vivre. Tremblantes, paralysées par la peur, aucune des deux filles n'osa jeter un il à la scène, tandis que les pas lourds continuaient d'avancer inlassablement dans le bar.
Le jeune homme qui n'en avait pas fini de négocier, semblait de plus en plus fébrile, voir terrorisé.
Attend ! Attend ! Ho bordel c'est quoi ce... T'es... NON, NON, NON !!
Des pas claquèrent sur le sol, suivi d'un grincement de caoutchouc, probablement une tentative désespérée de prendre la fuite en courant. Evie ne put empêcher Marissa de jeter un il par dessus le comptoir lorsqu'un bruit de chaises renversées et un claquement sec leur parvint. Alors qu'elle tentait de la forcer à se baisser, elle nota la pâleur extrême de son amie et ne put se retenir de suivre le regard de son amie.
La forme massive et sombre de ce qui semblait être un homme de corpulence exceptionnelle, vêtue de cuirs et de tissu noirs couverts de poussière et de boue, était penchée au dessus du corps inerte du prétendant de Marissa. L'homme leur tournait partiellement le dos. Ses longs cheveux noirs particulièrement sales et emmêlés semblaient impossible à distinguer d'une épaisse barbe fournie et masquaient particulièrement bien son visage.
Evie eut du mal à reconnaitre les sons parvenant à ses oreilles de prime abord ; du tissu déchiré peut être ? Elle reconnut toutefois les suivants, avec horreur : L'homme mastiquait quelque chose. Son regard suivi les bras massifs jusqu'au main couverte d'un liquide rouge poisseux et de morceaux de chair.
Quelque chose en elle voulait hurler, se jeter hors d'ici à toute allure, mais une peur bien plus primaire, instinctive, qui lui gelait la colonne vertébrale, la força à se rasseoir derrière le bar. Elle tira Marissa vers elle, la serrant aussi fort qu'elle pouvait, son amie visiblement tout autant en état de choc.
Les quelques autres clients encore présents se faisaient tout autant invisibles, certains semblant prier, d'autre se contentant de fixer le sol, secoués de tremblements.
Les minutes que l'homme, si il y eut quoique ce soit d'humain chez cette chose, prit à festoyer semblèrent interminables. Une idée horrible se frayait un chemin dans l'esprit d'Evie et elle ne douta pas que d'autres avaient la même ; aussi horribles et insupportables que ce soit ces bruits, que se passerait il quand il aurait terminé ? Qui serait le suivant ?
Un grognement la figea net. Le bruit qui l'accompagna ne lui laissa aucun doute, l'homme s'était déplacé, rapidement, et ne semblait plus bouger. Elle avala sa salive et du se faire violence pour jeter un il dans le reflet flou que lui offrait la rangée de bouteille.
Il s'était rapproché de la grille métallique et semblait observer l'extérieur, comme à l'affut. Son cur s'emballa et elle se sentit mourir quand il tourna la tête vers le bar et sembla la fixer en retour au travers des bouteilles. Ses yeux étaient à la hauteur de l'horreur que lui évoquait cet être ; rouge, noir, elle n'était plus en état de le dire, elle n'y voyait que la haine et une faim, une faim dévorante, insatiable, folle. Il balaya le bar des yeux, lentement, comme si l'épais panneau de bois était translucide, et elle sut. Il savait qu'ils étaient là. Et pourtant... Il hésitait. Il jeta un nouveau regard à l'extérieur, redressant la tête, humant l'air.
Chaque inspiration lui brûlait les poumons, elle pouvait presque se sentir tomber dans les vapes et devait se concentrer pour garder une vision clair tant son angoisse était à son comble.
Quand la chose se redressa brusquement, tendant tout les muscles de son corps et bondit dans la ruelle pour quitter son champ de vision à une vitesse vertigineuse, Evie laissa échapper un hoquet de stupeur, n'osant dire ou bouger d'avantage. Il lui fallut quelques minutes supplémentaires pour accepter qu'il avait bel et bien pris la fuite. Elle se laissa pratiquement choir contre Marissa et chuchota faiblement : Il est parti...
Marissa, visiblement en état de choc, chercha le regard de son ami, chacun de ses gestes restant exagérément long. Elle ouvrit la bouche comme pour parler mais se contenta simplement de hocher la tête lentement.
Evie flottait dans un étrange brouillard, appuyée contre le mur extérieur du bar. Les bras croisés, frottant ses biceps, frigorifiée, son regard suivait le contour des pavés de la ruelle. Elle sursauta quand Marissa l'approcha. Son amie avait les yeux rougis et l'air épuisée. Elle opina faiblement, incertaine.
Ils ont dit... Qu'ils nous recontacteraient... Si besoin. Marissa désigna les agents de police encore agglutinés devant le bar.
... Très bien... Rentrons... ?
Les deux jeunes femmes échangèrent un regard angoissé qui se mua en un faible sourire.
Cette nuit là aucune d'entre elles ne trouva le sommeil, elles restèrent silencieuses, réfugiées dans le lit de Marissa, sursautant à chaque bruit un peu plus bas dans la rue ou au moindre grincement de bois dans le vieil appartement.
Evie s'étira, parcourue d'un frisson. Son pyjama de soie beige, composé d'une camisole fine qui lui arrivait un peu au dessus du nombril et le petit short bordé de dentelles, n'était pas de taille face à la température particulièrement basse de cette matinée.
Pivotant légèrement, elle jeta un il à Marissa qui portait un grand t-shirt blanc, les cheveux en bataille et semblait s'être finalement endormie. Redoublant de prudence, elle s'extirpa du lit sans réveiller son amie et quitta la chambre à pas de loup.
Entrant dans la pièce à vivre qui faisait office de salon / cuisine et tout autre usage qui s'imposait dans le petit appartement qu'elles partageaient pour quelques jours, la jolie brune se figea quand son regard se posa sur le manteau abandonné sur la table du salon. L'espace d'un instant son esprit fut submergé par le souvenir de cet homme immense, penché au dessus du corps sans vie de sa victime, mastiquant. L'image se dissipa assez rapidement, mais les bruits de mastication continuaient de la hanter inlassablement.
Rejoignant le frigo, elle y jeta un il incertain avant d'en claquer la porte. Son estomac noué lui en rendait le contenu peu inspirant. S'attardant prêt de l'évier, elle attrapa une bouteille de vin blanc qu'elle avait ouverte avec Marissa quelques jours plus tôt. Elle laissa échapper un soupir et retira le bouchon partiellement mis en place.
Pourquoi pas après tout... Au point où j'en suis...
Portant le goulot à ses lèvres, elle laissa une longue rasade de l'alcool sucré et sirupeux couler entre ses lèvres, avalant le liquide enivrant sans trop d'hésitation avant d'essuyer d'un revers de la main le filet qui s'écoulait au coin de sa bouche.
Sans se défaire du précieux breuvage, elle se dirigea au centre de la pièce où trônait un canapé de tissu et leur table basse de verre couverte de magazines et de babioles.
Jetant un il vers la porte de la chambre de Marissa, elle attrapa l'ordinateur portable qui reposait au milieu de la table de verre et s'installa dans le canapé, ramenant ses longues jambes nues contre elle avant de les couvrir du plaid roulé en boule à l'autre extrémité du canapé.
Reprenant une rasade de réconfort, elle ouvrir l'ordinateur portable sur ses genoux et entreprit de se rendre sur internet.
Evie commença par regarder les actualités, poussée par un besoin de réponses. Rien... Ce n'était pas étonnant, il était encore tôt et il y avait fort à parier que les médias n'avaient pas encore pu s'emparer de l'histoire. Elle et Marissa seraient probablement déjà poursuivi par des journalistes autrement. Elle grimaça un instant, pensive puis reporta son attention sur le moteur de recherche, mordant sa lèvre inférieure.
Les mots qui traversaient son esprit se transformaient en termes de recherche et liste de résultats sur l'écran brillant de l'ordinateur. Cannibalisme, s sanglants, attaques nocturnes, victime dévorée...
Ses yeux ne clignaient plus à mesure qu'elle lisait les articles les uns après les autres et abreuvaient son esprit déjà secoué par des images les plus horribles les unes que les autres. Un frisson glacial semblait ne plus pouvoir quitter sa colonne vertébrale, du haut de sa nuque au bas de son dos. Comme prise de frénésie elle suivait un lien, puis l'autre, fébrile.
La jolie brune sentit son cur quitter sa poitrine et une vague gelée la submerger alors qu'on frappait à la porte d'entrée.
Poussant l'ordinateur sur le côté, elle jeta un coup dil hésitant vers la porte de la chambre où Marissa semblait toujours dormir, puis, surmontant l'angoisse qui pesait sur sa poitrine, elle commença à avancer sur la pointe des pieds vers la porte métallique à l'autre bout de l'appartement. Elle se sentait soudainement trop peu vêtue et particulièrement vulnérable. Elle appuya son oreille contre la porte, retenant sa respiration, ses sens à l'affut. Le sol gelé sous ses orteils ne l'aidait pas à dissiper l'angoisse qui létreignait. Tout était silencieux, pas un raclement de gorge, pas la moindre quinte de toux ou un semblant de bruit de pas.
# Tout va bien... Respire Evie... Peut être juste une erreur... Et ils sont partis... # Les battements de son cur lui martelait les tempes, elle se força à prendre de petites inspirations et à expirer lentement. Retombant doucement sur ses talons, elle jeta un nouveau coup dil vers l'embrasure de la porte de chambre de Marissa et écarquilla les yeux en voyant la jeune femme blonde, visiblement encore mal réveillée qui titubait vers le salon, la saluant nonchalamment.
Evie voulut lui mimer de rester silencieuse mais déjà son amie lui retournait un regard perplexe.
Qu'est ce que tu... ?
Evie fit un bond en entendant marteler furieusement contre la porte, la poignée tournant frénétiquement d'un côté et de l'autre alors qu'on tentait désespérément d'ouvrir la porte. Marissa tomba à genoux, en état de choc, prenant sa tête entre ses mains, se mettant à hurler, en larmes.
Evie, se sentant submerger à son tour, jeta un regard paniqué aux alentours, avant que ses yeux ne se posent sur la commode bordant la porte d'entrée. Elle se précipita derrière et, mue par la force du désespoir, poussa le meuble en bois d'un petit mètre de haut devant la porte.
On a appelé la police, ils seront là d'un instant à l'autre ! Elle tremblait, mais, tant bien que mal, parvint à garder un ton convaincant. Marissa leva vers son amie des yeux rougis de larme et sembla s'extirper de sa torpeur, hochant vivement la tête avant de se précipiter vers la chambre. Evie sentit un sursaut de réconfort voyant que son amie reprenait quelque peu ses esprits.
L'assaut contre la porte stoppa durant quelques secondes, puis fut suivi de deux violents coups, comme si quelque chose se jetait contre la porte, faisant trembler la commode. La porte tint bon et provoqua un grognement de frustration.
Des bruits de pas résonnèrent et, après de longues minutes, Evie et Marissa eurent la sensation que c'était terminé.
Le passage de la police s'avéra infructueux. Loin d'apporter aide ou réconfort, ils insistèrent lourdement sur le sens de l'appel de Marissa, s'interrogeant sur ce qui s'était vraiment passé. Peut être ne s'agissait il que d'un livreur un peu trop zélé, ou simplement d'un voisin agacé. Ce qu'elles avaient vécu la veille était terminé, elles devaient passer à autre chose et ne pas s'imaginer le pire à chaque fois. Les forces de l'ordre avaient bien mieux à faire.
Evie et Marissa échangèrent plusieurs regards lourd de sous entendu, hébétées par les propos qu'elles entendaient. La porte refermée derrière eux, Evie lissa son jeans gris qu'elle avait accompagné d'un pull beige fin, se mordant la lèvre, songeuse. Marissa, dont la robe courte de cuir affriolante n'avait eu raison de l'humeur moribonde des agents, laissa échapper un juron et se frotta le visage.
Je peux pas rester Evie... Je peux pas... Ils veulent pas... Je peux pas...
Evie pinça sa lèvre un peu plus fortement entre ses dents et releva la tête vers son amie, hésitante.
Je... C'était pas les vacances dont on avait rêvé...
Elle força un sourire amer à l'attention de Marissa qui avait déjà mis la main sur l'ordinateur portable qui était resté sur le canapé. La blonde souffla sur ses cheveux pour repousser une mèche, non sans se départir de son air angoissé et pianota pendant quelques secondes sur l'ordinateur. Elle releva les yeux vers Evie, visiblement mal à l'aise.
Le prochain vol pour Phoenix est dans deux jours au mieux... Ils limitent encore le trafic avec les incendies...
Evie se mordit la lèvre, fixant son amie.
Deux jours de plus ici... Dans ces conditions...
Marissa fut prise d'un frisson et secoua la tête avant de tapoter sa tempe de l'index pensivement. Son visage arbora une moue étrange et elle reporta son attention sur Evie, pinçant ses lèvres.
J'ai un... Hum... Ami... A Inyokern. Il pourrait venir nous chercher et de là on pourra toujours reprendre l'avion ou....
... Un ami ? La jolie brune passa sa main dans ses cheveux, roulant des yeux avec un air narquois.
Marissa haussa les épaules en retour.
C'est ça ou on peut rester ici encore deux jours en espérant que...
Elle n'eut pas à finir sa phrase, l'atmosphère redevenant tout aussi soudainement froide et morose. Evie se contenta de hocher la tête en retour, mal à l'aise.
Je l'appelle, je n'en ai pas pour longtemps...
Evie s'abstint de commenter le fait que son amie préférait s'isoler pour passer son coup de fil et entreprit de débuter le rangement de l'appartement qu'elles avaient louées pour la semaine.
L'ami de Marissa semblait plus que ravi de rendre service, ce qui mis la puce à l'oreille d'Evie quand à la nature de leur "amitié". Marissa était particulièrement agréable avec la gente masculine et avait son lot d'amis à travers le pays. Principalement des jeunes hommes déjantés, loin d'être dépourvus d'argent et passant leurs soirées en club.
Il y avait environ cinq heures de route en voiture pour un conducteur raisonnable, au bas mot quatre pour un conducteur très enthousiaste. Il ne leur fallut pas moins de temps pour organiser leur départ et se préparer. Comme elles le craignaient, l'agence qui leur avait trouvé l'appartement refusa de leur rembourser les jours restants. Elles avaient économisé toute l'année pour se payer ces vacances et elles ne purent réprimer un gout amer quant à la tournure que leur séjour avait pris.
C'est chacune dans ses pensées qu'elles attendaient au pied de l'appartement, accrochées à leurs valises. Le temps était plutôt clément, mais Evie ne pouvait s'empêcher de resserrer sa veste en cuir contre elle. Un frisson lui parcourait l'échine et il lui semblait que chacun des passants la regardait étrangement, que chaque coin de rue abritait une menace la guettant, que derrière chaque fenêtre quelqu'un l'épiait.
Elle sortit de ses rêveries brusquement et eut un hoquet de surprise quand une voiture pilla devant elles dans un crissement de pneu strident. Elle ne se détendit qu'un peu en voyant le visage de Marissa s'illuminer tandis que la jolie blonde se pressait vers la décapotable à l'apparence vintage dont le conducteur faisait vrombir le moteur. La voiture jaune citron parcourue par des rayures vertes fluo était clinquante et attirait l'attention. Le conducteur s'en montrait digne. Particulièrement bronzé, probablement adepte des cabines uv, le jeune homme aux dents blanches et aux yeux verts portait des vêtements de sport flashy, un diamant assez imposant en boucle d'oreille et son lot de chaines et bijoux en or. La casquette vissait sur son crane venait parfaire l'accoutrement de l'ami de Marissa.
La jolie blonde était déjà penchée vers lui, lui offrant un point de vue imprenable sur son décolleté, tout sourire.
Jason ! Mon sauveur ! Tu n'imagines pas à quel point je suis heureuse de te voir !
Il lui rendit un sourire plus que chaleureux, se redressant sur son siège.
Je suis sur que tu me revaudras ça. (Il lui adressa un clin dil, suivi d'un regard appuyé avant de se tourner vers Evie.) Tu nous présentes... ?
Evie resta crisper sur sa valise, plutôt mal à l'aise face au regard fureteur qui la déshabillait sur place.
Marissa, aux anges, vint attr la jolie brune par les épaules et la guider vers la voiture avant de désigner le jeune homme.
Evie, je te présente Jason un... Ami...
Intime ! la coupa Jason avec un rictus plein de sous entendus. Marissa gloussa avant de reprendre. Evie, toujours aussi peu en confiance, lui adressa un sourire hésitant et un faible signe de la main.
Jason, voici Evie, ma meilleure amie depuis... Oulah...
Marissa roula des yeux, son visage ne quittant plus une sorte de candeur bien heureuse. Jason eut un sourire en coin, plongeant son regard dans les yeux fuyant d'Evie, laissant apparaitre une rangée de dents blanches.
La route est longue, nous auront surement l'occasion de faire plus ample connaissance...
La jolie brune força un sourire et se racla la gorge.
Surement... D'ailleurs nous devrions sans doute... Hum... Nous mettre en route...
Il n'en fallut pas plus à Marissa pour jeter sa valise sur un des sièges arrière et enjamber la portière pour s'installer à côté de son chevalier servant motorisé qui ne semblait pas désireux de se contenter d'une princesse. Evie pris place à l'arrière, derrière Marissa et noua consciencieusement sa ceinture après avoir lissé son jean et réajusté sa veste.
Evie s'attendait au pire mais Jason se révéla un conducteur prudent. Elle s'enfonça un peu plus dans le siège, observant le paysage qui prenait une teinte orangée avec le soleil couchant. Il tenta à plusieurs reprises d'ouvrir la discussion avec sa passagère brune quand il ne lui jetait pas des illades via le rétroviseur intérieur, mais ses réponses minimales en vinrent à le dissuader. Marissa, elle, était loquace pour deux et profitait de chaque occasion pour poser sa main sur la cuisse de Jason. Elle gloussait pour un rien et semblait vouloir évoquer des souvenirs communs à tout prix comme pour raviver un lien que le temps aurait affaibli.
C'était peut être la discussion de fond, la nuit qui tombait, la voiture qui vibrait tranquillement sur l'interminable route qui devait les amener à la prochaine étape, ou simplement le fait de s'éloigner des horreurs des dernières vingt quatre heures, mais Evie s'assoupit et sombra dans un sommeil sans rêves.
Une bosse sur la route la ramena à elle. Encore un peu embrumée, elle tendit l'oreille, n'osant bouger. Des bruits de succions humides et des gémissements l'encouragèrent rester immobile. Entrouvrant faiblement les yeux, les joues rouges, quelque peu mal à l'aise, elle osa un regard vers l'avant du véhicule. Dans l'embrasure des deux sièges de devant, elle pouvait apercevoir le visage de Marissa, posé partiellement sur les cuisses de Jason dont le jogging avait été retroussé au dessus de ses genoux. La jolie blonde avait les yeux fermés et dodelinait la tête d'avant en arrière, ses lèvres encerclant le chibre épais que lui offrait le conducteur. La main large de ce dernier, couvert de bagues en or, lui empoignait les cheveux, lui imposant un rythme lent mais soutenu. La jeune femme suffoquait par moment, ses traits se fronçant tandis qu'elle engloutissait difficilement le membre toujours plus enthousiaste à l'idée de se frayer un chemin dans la gorge de Marissa. Evie sentit ses joues s'empourprer, un mélange de honte et de culpabilité se mêlant en elle. Mais il y avait autre chose, au fond d'elle, qui l'empêchait de détourner le regard de son amie en pleine fellation. Marissa manqua de s', s'efforçant de s'éloigner de Jason, poussant contre son abdomen avec sa main libre mais ce dernier maintint sa prise, ne lui offrant qu'un faible répit. Elle ouvrit les yeux pour lui jeter un regard de défiance tandis qu'il coulissait encore entre ses lèvres, un filet de salive et de liquide séminal s'écoulant au coin de la bouche de la jolie blonde. Evie entendit le conducteur souffler à voix basse.
Fais pas ta mijaurée, c'est loin d'être ta première et c'est pas la dernière, hein ?
Marissa s'empourpra et referma les yeux, visiblement quelque peu humiliée. Elle s'efforça de se reconcentrer sur sa tâche, et Evie put distinguer le bout de la langue de la jeune femme qui courait sous le membre gonflé qui continuait d'aller et venir dans sa bouche.
Evie avait chaud, elle déglutit, ayant l'impression que sa bouche se remplissait de salive inlassablement. Elle pressa ses cuisses l'une contre l'autre dans un bruissement de tissu et se crispa soudainement, l'impression désagréable d'avoir fait un raffut impossible à louper. Mais le visage concentré de Marissa et les halètements rythmés de Jason la persuadèrent du contraire. Elle sentit son cur battre la chamade dans sa poitrine quand Marissa eut un hoquet étouffé tandis que Jason la plaquait contre lui. Les yeux de la jolie blonde s'ouvrirent grand, révélant sa panique, et son visage se crispa à chaque soubresaut secouant la verge enfouie au fond de la bouche de la jeune femme. Jason laissa échapper un grognement rauque et un Ha soulagé avant de relâcher son étreinte. Marissa se recula, le membre légèrement ramolli s'échappant de la bouche aux lèvres pulpeuses, un filet blanchâtre continuant de les relier l'espace de quelques secondes.
Marissa disparut du champ de vision d'Evie qui déglutit à nouveau, se sentant particulièrement exposée. Son regard s'arrêta quelques instants sur le chibre de Jason qui reposait sur la cuisse du conducteur, luisant de salive, avant qu'elle ne relève les yeux et croise le regard du jeune homme dans le rétroviseur intérieur.
Un frisson glacial la parcourut. Elle se dépêcha de regarder ailleurs non sans noter le sourire étrange qui avait orné le visage basané. Marissa et lui reprirent des conversations plus mondaines très rapidement, comme si rien ne s'était passé. Evie se reblottit comme elle put dans le siège de la voiture et préféra faire mine de continuer à dormir. Tout lui semblait soudainement inconfortable, elle avait chaud et froid, chaque pli dans ses vêtements ou dans le cuir des sièges devenait une et l'idée de bouger un peu trop résonnait comme un risque mortel pour elle à cet instant. Elle ne tarda toutefois pas à être rattrapée par le manque de sommeil de la nuit précédente et replongea dans un sommeil agité.
Vous êtes en plein délire... C'est bon...
Je suis certaine que cette voiture nous suivez...
Marissa semblait énervée. Evie connaissait ce ton, la jeune femme blonde l'utilisait à chaque fois qu'elle se savait dans le vrai et qu'on la contredisait. Comme si son interlocuteur faisait preuve d'une stupidité extrême et qu'elle s'était résignée à son incapacité de lui faire entendre raison. Jason, en retour, adoptait un ton méprisant.
Il est trois heures du mat, on est sur une nationale, c'est normal. (Il renifla, se renfonçant dans son siège, la voiture accélérant subrepticement.) Vous avez subi un truc pas cool, ok, je comprend. Maintenant faut arrêter la parano et passer à autre chose.
Evie toussota en se redressant pour signifier qu'elle était réveillée. Sentant que la conversation prenait une tournure qui ne pouvait que mal se terminer, elle se racla la gorge et hasarda un changement de sujet.
Ça fait un moment qu'on roule, on ne devrait plus être très loin ?
Jason grogna en se penchant légèrement vers le tableau de bord puis il s'étira en laissant échapper un soupir.
Encore deux bonnes heures... On a du faire un détour... Il pivota légèrement vers Marissa, lui jetant un regard empli de dédain. Cette dernière l'ignora simplement, contemplant les ombres et le peu du paysage éclairé faiblement par la voiture à l'extérieur. Evie jugea que le sujet était sensible et se détendit un peu contre la banquette, tournant son regard vers l'extérieur pour imiter son amie.
La voiture resta plonger dans le calme pendant un long quart d'heure, à l'exception d'un bref incident où Jason commençait à dévier dangereusement sur la route, probablement à cause de la fatigue. Marissa lui fit remarquer et récolta quelques jurons bien sentis qui ne l'incitèrent pas à insister. Si la jeune femme blonde était décidée à faire la tête en retour, elle ne put contenir son élan quand elle aperçut des phares qui se rapprochaient rapidement derrière eux.
C'est la voiture !!!
Jason s'apprêtait à rétorquer quelque propos désagréable mais il prit la peine de regarder dans le rétroviseur central et sembla soudainement bien plus concentré.
Qu'est ce que c'est que ce... Il marmonna dans sa barbe tandis qu'Evie se contorsionnait pour regarder vers l'arrière, un peu perdue.
La voiture ... ?
Marissa déglutit, visiblement inquiète, en rendant son regard à la jolie brune.
Quand tu dormais... Ce 4x4 nous a suivi pendant plusieurs kilomètres, un coup il nous collait carrément, la fois suivante il faisait mine de maintenir une certaine distance. On a fait des détours mais...
Evie frissonna, s'affalant sur la banquette pour aligner son regard avec le reflet du rétroviseur central. Jason renchérit tandis qu'il accélérait progressivement.
C'est peut être une erreur... Ou l'autre route qui était fermée et il a fait demi-tour... (Il semblait inquiet à son tour mais mima rapidement une assurance peu convaincante.) De toute façon si il nous cherche des noises il sera reçu...
Il tapota le côté de son siège, y dissimulant probablement quelque moyen de défense, ce qui ne parvint pas à réduire l'anxiété d'Evie qui oscillait désormais entre la surveillance du 4x4 qui continuait de se rapprocher à vive allure, et de bref coups dil vers les deux autres passagers dans l'espoir de décrypter leurs pensées.
Jason continuait d'accélérer et dépassait désormais largement ce qu'on aurait pu qualifier d'une allure raisonnable. Néanmoins cela ne sembla pas perturber l'autre véhicule avec lequel l'écart continuait de se réduire.
Il grinça des dents, agrippant son volant plus fermement tandis qu'il se redressait dans son siège. Il cligna plusieurs fois des yeux, visiblement concentré.
La route était bordée de chaque côté de collines rocailleuses qui témoignaient de l'aridité de la région, parsemée par quelques buissons épineux et d'arbres éparpillés aux alentours. Tandis que leur véhicule avalait les kilomètres invraisemblablement vite, Evie déglutit en apercevant le pont qui se rapprochait dangereusement, la structure métallique franchissant un vaste canyon. La route devenait de plus en plus large à mesure que les phares du véhicule révélait une part grandissante du précipice qu'ils s'apprêtaient à franchir.
Jason fit une embardée sur le côté, son pied collé au plancher. Le 4x4 qui les talonnait émit un crissement de pneu, se faisant couper la route tandis qu'il tentait de les dépasser.
Les manuvres habiles de leur conducteur n'eurent de succès que peu de temps, le 4x4 commençant à gagner du terrain tandis que les deux véhicules s'engouffraient à vive allure sur le pont de métal. Jason tenta encore une fois de couper la route au véhicule noir mais tandis qu'il braquait à gauche, ils percutèrent l'aile avant de leur poursuivant, la décapotable rebondissant brutalement vers la barrière métallique qui les protégeait d'une chute d'une bonne dizaine de mètres de haut.
Marissa laissa échapper un cri de stupeur, paniquée. Evie serrait fortement ses genoux contre elle, fixant avec effroi le 4x4 noir à leur côté qui déviait de plus en plus à gauche, creusant l'écart entre les deux bolides.
Elle glapit et savança brusquement, essayant d'attirer l'attention de Jason.
ATTENTION ! IL VA.... !!!
Jason ouvrit de grands yeux, tentant vainement de piler tandis que le 4x4 les heurtait violemment de côté, projetant violemment la décapotable dans la rambarde métallique. Ils hurlèrent, la barrière grinçant, le métal se déchirant. L'imposant véhicule noir maintint la pression tandis que les pneus de la voiture à l'agonie éclataient, s'arrachant contre le métal. Evie aurait voulu s'accrocher à quelque chose mais elle ne parvenait à reprendre son souffle, ballottée dans tout les sens à mesure que le flanc de la décapotable s'abimait un peu plus, compressée contre la rambarde. Le jeune conducteur tentait désespérément de reprendre le contrôle du véhicule mais il était trop tard. Le 4x4 reprit un semblant d'élan avant de violemment frapper le flanc de la décapotable. Un ultime craquement métallique résonna. Le véhicule sombra dans les ténèbres, entrainant ses passagers qui ne purent que hurler de terreur alors qu'ils basculaient dans le vide.
- Suite prochainement -
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