Fillette
Ses chaussettes blanches fines montaient aux genoux. La jupe plissée bleu marine virevoltait à chacun de ses gestes et dévoilait des cuisses fines de reinette. De reinette, de princesse même...
La gamine était rieuse et son minois gai et ses yeux clairs enchantaient la noce.
Déjà à léglise tous lavaient repérée. Les hommes surtout. Les hommes ont une réelle aptitude à repérer. Mais les femmes nétaient pas en reste et se partageaient entre celles, les plus nombreuses, qui se méfiaient de cette dévergondée toute prête à gober cru qui leur mari qui leur amant et les autres qui trouvaient bien du charme à cette petite et imaginaient en faire leur quatre heures avec initiation aux choses du sexe en intimité dalcôve saphique et broutage réciproque de minou.
La gamine, elle, était indifférente à toutes ces turpitudes, saine dans sa tête saine dans son corps.
Lors que cette fille navait aucune conscience de ce qui se tramait, autour delle une centaine de gens construisaient dans leur tête des fantasmes dont elle était, malgré elle, le barycentre, lhéroïne.
Les mâles, eux, étaient tous, yeux perdus sur lhorizon de sa jupe plissée dans lidée du gonflé du devant de sa culotte, de sa touffe naissante de petite jeune fille. Et de labricot glabre tout juste habillé de duvet léger, glabre mais déjà juteux quand même, comme fente de grande qui, manifestement, était son avenir son devenir certain. Enfin, dichotomie de fille toute jeune sur les rails irrépressibles de sa destinée de femelle.
Les femmes, cest plus compliqué. Toutes étaient troublées par cette gamine qui leur rappelait leurs années dinnocence.
O, linnocence ne dure jamais bien longtemps chez les filles et la jeune fille dhier se retrouve bientôt, sans avoir entendu crier gare, femme lendemain dans les bras dun garçon caressant.
Souvent les garçons caressants sont bien séduisants aussi, trop.
Toutes ces femmes en trempaient leurs gousset de voir les mimiques joyeuses de la gamine et se revoyaient elles-mêmes à son âge, sattendrissant sur leur propre destin, sur le jour où tout eu basculé dans leur vie.
Elle revoyaient en mélancolie le garçon, celui par qui tout avait changé tout était arrivé.
Alors, elles balançaient entre méfiance vis à vis de cette très jeune fille qui allait aujourdhui, ou demain au plus tard, précipiter leur fils ou leur amant dans un monde nouveau dans lequel elles nauraient plus place. Méfiance bec et ongles castagne de filles.
Elles balançaient sans détermination entre méfiance et tendresse.
Tendresse vis à vis de cette belle fille toute fraîche telle quelles furent et en qui elles se reconnaissent. Tendresse physique à vouloir la serrer dans leurs bras à respirer son cou de cigogne à écouter son babillage.
Dans léglise, tout au long de la cérémonie, la fillette était la star et tous navaient dyeux que pour elle.
Les garçons dhonneur et leurs copains de leur âge bandaient dur dans les frocs empesés en matant ses petites fesses drapées dans la jupe plissée bleu marine.
Les hommes, debouts auprès de leurs épouses chapeautées entre bancs cirés odorants et prie-Dieu, avaient lil émoustillé à regarder sa frimousse juvénile et gaie. Et surtout surtout le petit sein rond qui pommelait le chemisier blanc avec téton miniature déchirant le coton par devant. Les hommes aiment la jeunesse, les cailles, les palombes, les gazelles. Ils aiment à chasser à laube en campagne, les hommes.
Les aïeuls de noir vêtus regardaient la fille marcher en dansant lentement dans lallée centrale portant le filet de velours au bout dun long manche pour la quête. Elle souriait en sollicitant chacun et loffrande venait facilement. Personne dans lassistance ne pouvait résister en pingrerie à cette invite. Grand père pensait, le curé de cette paroisse est diablement habile qui a choisi cet pour récolter. Voilà un homme avisé qui connaît ses ouailles et sait exactement ce qui les motive au fond du cur.
Les femmes, elles, nétaient pas en concordance. Toutes, en organdi ou en dentelles ou en voile pastel, tenaient dragée haute et exprimaient de poitrine opulente leur féminité féconde et accomplie.
Mais la gamine savait Corneille, savait le Cid et navait aucune vergogne à sy croire. Elle levait le nez et narguait les épouses et les mamans. Elle savait quaprès la messe et le jeté de riz dessus le couple des mariés, dans la mêlée de sortie du culte, les hommes, du plus jeune au plus ancien, seraient, tous, en nuage bourdonnant autour delle, comme frelons, comme faux-bourdons, en après-midi caniculaire dété.
A vouloir, tous, à en perdre la vie, poser leur graine.
La fille ne voyait rien ou du moins semblait ne rien voir, tout en innocence apparente. Innocence feinte ?
Mais sur les cuisses de cette gamine, sur ses hauts de cuisse, dégoulinait la mouille du creux delle qui disait haut et clair son état desprit, son aptitude, sa disposition.
Heureusement personne de la noce ne savait cela.
Personne ne le savait mais tous le supputaient. Sont clairvoyants les invités des noces, toujours, non ? Nest-il pas ?
A la grande table, à la tablée de famille, la fillette était assise avec ses copines, cousines filles de son âge, blondes à tresses en robes à smocks, noyée dans le groupe. Le babillage in faisait foutrement illusion lors que tous savions que, sous sa robe blanche sage, de sa touffe juvenile perlaient les gouttes de bienvenue blanches et fluides. Douces et fines aux doigts qui invitaient à parcourir doucement son dindon compliqué pour y entrer mais aussi caresser le lieu tendu, phare de son intimité, bouton minuscule à vif de ses félicités.
La fillette regardait les hommes, tous les hommes, sans vergogne. On voyait dévidence quelle en voulait.
Ou bien se faisaient-ils des idées tous ces gars-là et, en réalité vraie, cette fille, si jeune, navait pas la moindre velléité, pas la moindre inclination au sexe ? Et si tout ceci nétait que fantasme de garçons éjaculateurs précoces, de maris inassouvis, de vieillards libidineux ?
Va savoir.
Jai hésité à écrire la suite. Y a t il réellement une suite ?
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