Histoire Des Libertines (46) : La Reine Hortense
Hortense de Beauharnais (1783-1837) avait de qui tenir, puisquelle était la fille de limpératrice Joséphine, dont jai parlé parlée récemment (Voir « Histoire des libertines (41) : Joséphine, grand amour de Napoléon et grande libertine », paru sur HdS le 25 septembre 2019).
Fille dune impératrice, mère dun empereur, elle-même reine, Hortense de Beauharnais connut un destin hors du commun.
LA JEUNESSE DHORTENSE
Hortense était issue du premier mariage de Joséphine, avec le Vicomte de Beauharnais.
Celui-ci, grand libertin, avait mis en cause la légitimité de cette naissance. Sa naissance prématurée, le 10 avril 1783, est même le prétexte de la séparation entre Alexandre et Rose de Beauharnais. Contestée bien à tort par son père, Hortense est finalement reconnue, mais est élevée par sa mère, qu'elle suit aux Antilles en 1788-1790. L'expérience de ses parents ne pouvait que lui laisser méfiance et appréhension du mariage et la séparation des époux, lui semble à tout le moins un état acceptable.
Hortense sera marquée par la terreur, période où elle et son frère furent séparés de leurs parents et où Hortense fut placée chez une couturière.
Joséphine, ayant échappé de peu à la guillotine, devenue veuve, sera la « reine du Directoire », la plus célèbre, avec Mme Tallien, des fameuses « merveilleuses ».
Quand le Général Bonaparte épouse, le 8 mars 1796, la belle créole, il considère les s de Joséphine, Hortense et Eugène, comme ses propres s, ce qui rend enragée la famille Bonaparte, qui, demblée, déteste « la vieille » et les Beauharnais.
Ce mariage va changer le destin dHortense. Hortense et Eugène furent au début très réservés devant le nouvel époux de leur mère, mais la défiance fait bientôt place chez les s à l'admiration, et le général se montre très affectueux. Ce sont dailleurs les s qui, au retour dEgypte, sauvèrent Joséphine du divorce quavait décidé Bonaparte, outré par ladultère de Joséphine avec Hyppolite Charles.
En 1795, Hortense entre à douze ans dans la pension de Mme Campan à Saint-Germain-en-Laye. Elle y croisera plus tard Caroline Bonaparte, la plus jeune sur de son beau-père, qui sera son amie, avant dêtre sa rivale, quand il sagira de penser à lhéritage de Napoléon, à qui Joséphine ne réussit pas à donner un , mais aussi dans les faveurs de Flahaut, qui fut lamant de lune et de lautre
De ces années de pension Hortense gardera le meilleur souvenir, mais aussi des liens continus avec Mme Campan, qui la conseille en véritable directeur de conscience, des amies comme Adèle Auguié, future Mme de Broc, sa confidente, qu'elle verra périr tragiquement. Si elle n'est pas la plus savante des élèves, elle y apprend, jeune aristocrate dans un milieu tout influencé de l'ancien régime, l'art de vivre, la manière de se conduire dans une société perturbée où ascensions et chutes sont soudaines : elle y prend surtout le goût de la musique et des beaux-arts qu'elle saura exercer en amateur averti.
A 16 ans, Hortense est la fille de lhomme le plus puissant de France, devenu Premier Consul après le 18 Brumaire.
FRAICHE COMME UNE FLEUR
Cest ainsi que la décrit, à cette époque, son amie Laure, épouse du général Junot. On peut ajouter quHortense était très intelligente, quelle adorait la musique, composant même des mélodies et sachant peindre.
BELLE-SUR DE NAPOLEON
Joséphine, qui tient à se concilier la famille Bonaparte qui la jalouse, voire la hait, souhaite une nouvelle union, pour sceller l'alliance des familles Bonaparte et Beauharnais.
Elle fait marier sa fille, Hortense, le 4 janvier 1802 à Louis Bonaparte (1778-1846), l'un des frères cadets du Premier Consul.
Très vite, la jeune femme, âgée de 18 ans, tombe enceinte. Louis, le devoir accompli, en profite pour prendre du champ dans son château de Baillon à Asnières-sur- Oise. Il rejoint ensuite son régiment à Joigny, puis part prendre les eaux à Barèges dans les Hautes-Pyrénées.
Le couple aura 3 s, dont le futur Napoléon III, né en 1808. Napoléon, privé dhéritier, songera à adopter le petit Napoléon-Charles (1802-1807), au grand mécontentement du clan Bonaparte, et en particulier de Caroline.
Avec Louis, Hortense sera reine de Hollande, jusquà ce que lattitude de son frère ne conduise lempereur à annexer la Hollande en 1810.
Après la rumeur selon laquelle son premier fils aurait été conçu par Napoléon lui-même, la rumeur rattrapa Hortense lors de la naissance du futur Napoléon III, que Louis reconnut contraint et .
La présence autour dHortense, au cours de lété 1807, moment de la conception de l, de plusieurs hommes dont les charmes ne semblaient pas laissé indifférente la jolie et voluptueuse Hortense, a été soulignée, avec malveillance, par les partisans de lillégitimité du futur empereur. Sans compter Napoléon, une demi- douzaine de pères possibles ont ainsi pu être relevés. Lors de ce séjour à Cauterets dans les Pyrénées, Hortense avait près delle deux amoureux fervents : lamiral hollandais Verhuel (1764-1814) et Decazes (1780-1860), le futur ministre de Louis XVIII.
Loncle de Napoléon, le cardinal Fesch, dira : « Quand il sagit de ses grossesses, la reine Hortense sembrouille toujours dans ses calculs ».
Sans oublier ce que lon nomme «laffaire de Gavarnie». Soit une excursion quHortense fit fin juillet 1807 au cirque de Gavarnie avec une amie et un mystérieux guide pyrénéen, qui, selon certains, naurait pas fait que montrer le ciel étoilé dune belle nuit dété à la jeune femme alors âgée de 25 ans.
Malgré le divorce de l'empereur en 1809, Hortense sera, grâce à son tact, une des rares intimes de la nouvelle impératrice Marie-Louise d'Autriche
UN MARIAGE DESASTREUX : LES AMANTS DHORTENSE
Le mariage avec Louis se révèle désastreux : Hortense était follement éprise du général Duroc (1772-1813), aide de camp de l'empereur et qui fut probablement son amant.
Louis, hypocondriaque, souffre d'une obsession de la persécution, d'une paralysie du bras droit et d'une maladie vénérienne jamais soignée. Il tourmente sa femme de sa jalousie morbide.
Hortense, qui navait suivi Louis en Hollande qu'avec réticence, y résida à peine.
Belle, séduisante et intelligente, Hortense tombera ensuite amoureuse de Charles de Flahaut (1785-1870), aide de camp de Murat et fils naturel de Talleyrand, dont elle aura un fils naturel, Charles (1811-1865), le futur duc de Morny. Flahaut avait été lamant de Pauline et surtout de Caroline Bonaparte, qui tenta de lempêcher de tomber dans les bras dHortense, ce qui finit par arriver en 1810.
Flahaut sera le grand amour dHortense.
A une époque où ces choses ne se font pas, surtout avec le nom quelle porte, Hortense aura une naissance adultérine. Elle réussira à faire en sorte que laccouchement soit clandestin.
Napoléon disait au sujet dHortense : « Hortense, si bonne, si généreuse, si dévouée, nest pas sans avoir quelques torts avec son mari ; jen dois convenir, en dehors de toute laffection que je lui porte et du véritable attachement que je sais quelle a pour moi. »
La séparation tacite des époux répond aux vux d'Hortense mais elle se refusera toujours au divorce, moins soucieuse de conserver ses titres et sa position dans la cour que de veiller à l'avenir de ses s.
Pendant la Première Restauration, elle aura quelque temps une liaison avec le tsar Alexandre Ier de Russie. À la demande de celui-ci, Louis XVIII la fait en 1814 duchesse de Saint-Leu.
EXILS ET DEUILS
Fidèle à l'Empereur pendant les Cent-Jours, elle est contrainte de gagner la Suisse, où elle élève seule ses fils.
Deux décisions sont prises par la Reine Hortense pendant cette période : celle de rompre avec Flahaut, qui eût désiré l'épouser, plus exactement de lui laisser sa liberté. Hortense veut rester fidèle au nom qu'elle porte et assumer les exigences du malheur. D'autre part elle continue à refuser de libérer Louis, qui cherche désormais à faire annuler son mariage, jusqu'à la décision négative du Saint-Siège en 1819.
Elle s'exile à Rome en 1826. Elle perd son fils Napoléon-Louis pendant la révolte italienne en mars 1831. Peu après, à la fin d'avril 1831, elle se rend à Paris et, par l'entremise du général d'Houdetot, aide de camp du nouveau roi des Français Louis-Philippe Ier et ancien ami d'Eugène de Beauharnais, elle obtient une entrevue secrète avec le souverain.
Il est probable qu'elle voulait discuter des conditions d'un établissement durable en France pour elle et pour son fils, le futur Napoléon III. Quoi qu'il en soit, elle repart rapidement pour l'Angleterre.
Elle ne revient plus en France puisque la première loi d'exil du 10 avril 1832 frappe également, comme famille ayant régné sur la France, les membres de la famille Bonaparte. La même année, la mort du duc de Reichstadt fait de son fils l'héritier des prétentions bonapartistes.
Elle meurt en 1837 dun cancer de lutérus.
PRINCIPALES SOURCES
Outre le chapitre que lui consacre Juliette Benzoni dans son livre « Dans le lit des reines » (Perrin, 2011), je renvoie, sur internet, à larticle de Wikipédia et aux liens suivants :
https://www.napoleon.org/histoire-des-2-empires/biographies/beauharnais-hortense-de-1783-1837-reine-de-hollande/
https://www.parismatch.com/Royal-Blog/royaute-francaise/Enigmes-de-l-Histoire-3-4-Qui-etait-le-pere-de-Napoleon-III-1462805
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