Kentin 7 Souvenirs
Je me souviens, maintenant. A cette époque, mon regard se situait à un mètre de hauteur. Le monde mapparaissait incroyablement grand, les gens marchaient incroyablement vite pour mes petites jambes. Tout allait si vite, tout était nouveau, étrange. Ma seule bouée de sauvetage était la main de maman. Si chaude et pourtant si tyrannique quand elle me traînait à sa suite dans ces rues infinies qui se succédaient les unes aux autres.
-Voyons Kentin, arrête de traîner!
Jaurais tellement voulu marrêter devant ces vitrines aux détails étonnants. Mais il fallait toujours aller de lavant. Nous sommes entrés dans un hall dimmeuble. Des boîtes aux lettres, un escalier, mais surtout le silence et la fraîcheur qui faisaient un contraste avec lextérieur. Nous sommes montés. Un, deux, trois étages je ne me souviens plus, mais ce qui me revient cest la rampe métallique de lescalier, de sa peinture écaillée et aussi de mes doigts sur les barreaux verticaux qui produisait un son grave qui se répercutait dans la cage descalier. Maman frappa à une porte, doucement. Un homme lui ouvrit.
-Jai emmené Kentin avec moi. Je nai trouvé personne pour le garder. Kentin, dis bonjour au monsieur.
-Bonjour monsieur.
Lhomme portait une fine moustache. Il avait lâge de mon père mais il était plus mince. Il membrassa sur la joue. Je naimais ni son contact, ni son odeur. Il sentait fort le tabac.
- Vous prendrez bien un café. Il se rendit à la cuisine.
- Ta maman et moi, nous avons à discuter. Voici, la chambre de Pierre, mon fils. Il nest pas là aujourdhui. Voici sa malle à jouet, si tu veux. Je peux aussi te mettre un dessin animé sur sa petite télé.
- Kentin, tu restes bien sage ici, mon chéri. Maman a à discuter avec le monsieur. Si tu es bien sage je toffrirai une récompense.
Je me retrouvais enfermé dans cette chambre, assis sur le lit à regarder la télé, à jouer aux petites voitures ignorant ce qui se tramait à quelques mètres de moi.
****
- Pierre viendra manger ce soir. Ne toccupe de rien, je suis passée chez le traiteur.
Cétait la première depuis la révélation de leur relation quon se retrouvait ensemble. Au départ on était tous un peu tendus, mais le repas avançant et lalcool aidant, on sest détendus. Corinne avait pour moi des gestes, des attentions qui montraient que cétait bien moi son mari. Elle traitait Pierre uniquement en ami. Je me sentais rassuré. Quand elle est montée coucher Katia, on sest retrouvé tous les deux Pierre et moi devant la bouteille de digestif.
-Ça me rassure que ça se passe comme cela. Je pensais quil y aurait chez toi un ressenti négatif à mon égard, vu la situation. Je ne pensais pas que tu serais un pote à ce niveau là. Jai beau faire le mec sûr de moi, dans le fond, ce nest pas cas. Tous les deux vous comptez vachement pour moi, je me sens si seul parfois.
Corinne est redescendue et on a fini la soirée un peu paf. Quand Pierre sest levé, il sest pris un bon coup de recul. Visiblement, il nétait pas en état de conduire et ni Corinne ni moi nétions en état de le ramener.
-Reste donc dormir dans la chambre damis, lui-ai-je proposé. Je ne veux pas que tu conduises dans cet état
-Mais cest pas loin, je peux
Il est retombé sur le fauteuil comme une masse. Finalement il a accepté la proposition et sest rendu dun pas lourd vers létage.
-Il en tient une bonne, me dit alors Corinne.
Nous avons tout rangé dans le salon, avant de monter nous aussi. Lalcool avait rendu ma femme amoureuse et elle membrassait à pleine bouche en menlaçant dans ses bras. Lalcool la rendait amoureuse. Nous sommes montés nous coucher et je ne suis écroulé dans un sommeil sans rêve.
Quand je me suis réveillé, ma tête était engourdie, je regardai lheure au réveil. Une heure, peut-être sétaient écoulées. En étendant mon bras je constatai labsence de Corinne. Je mis quelques minutes à émerger. Jétais désormais lucide et je scrutais les bruits de la maison silencieuse. Rien. Je ne percevais rien. Ni bruit de pas ni chuchotement. Jétais seul dans la chambre à laffût de nimporte quel indice. Je collais mon oreille au mur. Je percevais des sons diffus qui provenaient de la chambre damis. Cétait des bruits de matelas. Corinne était donc allée rejoindre son amant, sous notre propre toit! Et puis comme une prophétie auto réalisatrice, les bruits se sont faits plus régulier. Cétait les sons que javais recherché en collant mon oreille au mur. Et bien ce vu pervers sétait réalisé. A quelques mètres de moi, seulement séparés dune cloison, ma propre femme se faisait baiser par son amant. Je visualisais la scène. Je lavais vue dans de nombreux films pornos. Au lieu de me dégoûter, de minviter à me révolter ce que je devinais me faisait incroyablement bander. Je connaissais la puissance du membre qui embrochait ma femme.
Je me suis mis entièrement nu, ma main couvrait et découvrait mon gland, de lautre main je me pinçais le téton. Les bruits étaient nettement audibles. Corinne soupirait, gémissait. Je suivais la montée de son plaisir, la fréquence des battements du lit. Quand elle eut son premier orgasme, jai joui moi aussi à une hauteur peu commune inondant le haut de ma poitrine. Mon torse était recouvert de liquide visqueux. Ma femme allait rentrer dans la chambre et me trouverait ainsi. Je nosais pas allumer la lumière, jétais paralysé, honteux. Jai fini par messuyer avec mon tee-shirt. Je commençais à retrouver mes esprits quand le balancement du lit reprit dans la chambre voisine. Et comme par synchronisme avec Pierre, je me remis à bander. Je repris mon sexe en main et suivis de nouveau la montée du plaisir de ma femme, un plaisir intense, ponctué de cris animaux, un plaisir que je nai jamais réussi à lui donner, mais que je lui donnais désormais par procuration par lintermédiaire de mon pote Pierre. Cette fois jéjaculais bien avant que mon épouse nexplose. Même par procuration, jétais un éjaculateur précoce. Ils firent lamour encore une ou deux fois dans la nuit. Jai perdu le décompte car jai fini par cacher ma tête sous les oreillers vaincu par cet amant hors norme.
Quand jai émergé le lendemain, Corinne était levée et vaquait en peignoir dans la cuisine. Elle mapprit que Pierre était parti à laube.
-Jespère quon ne ta pas trop empêché de dormir, me dit-elle. Je nai pas pu mempêcher, je ne sais ce qui ma pris.
Elle était nue sous son peignoir, ce qui ne lui arrivait jamais. Je voyais le sillon entre ses seins libres et ça ne me laissait pas indifférent. Son odeur était imprégnée des restes de sa nuit damour.
-Non, non, ma chérie. Je me suis endormi comme un masse. Je nai presque rien entendu.
-Il faudra quon en reparle à tête reposée.
Notre conversation a été interrompue par notre fille qui descendait les escaliers. Je lui ai servi son petit déjeuner.
-Cette nuit, maman a fait un gros cauchemar. Je lai entendue crier. Je ne savais pas que les grands faisaient aussi des mauvais rêves, a-t-elle dit.
-Tu sais, Katia. Ce nétait pas un cauchemar, je crois au contraire que cétait un joli rêve. Quelquefois les grandes personnes font des rêves tellement beaux quils crient de bonheur. Je souhaite quun jour tu fasses aussi des rêves comme celui que jai fait cette nuit.
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