Erotisme Et Cinéma (2) : « Nymphomaniac », De Lars Von Trier (2013)
PREAMBULE
En fin de texte, je mentionne les références que jai consultées, recommandant particulièrement le blog https://explicationdefilm.com/accueil/. Ce texte se veut, sous langle dun texte érotique, une fiche, un synopsis et une analyse. Il appartient à chacun de se faire sa propre idée, en tant que spectateur du film.
Nymphomaniac est un film «franco-britanno-belgo-germano-danois » en deux « volumes » (deux parties), écrit et réalisé par le Danois Lars von Trier et sorti en 2013.
Le « volume I » a été, lors de sa sortie en France, interdit aux moins de 12 ans, puis aux moins de 16 ans. Le « volume II », quand à lui, a demblée été interdit aux moins de 18 ans.
Le montage initial a une durée de 5 h 30 et Lars von Trier refuse d'abord de couper. Il laisse donc la responsabilité du montage final à son producteur, Peter Aalbaek Jensen. Le métrage total présenté au public, réduit de 1 h 30, est ramené à 4 heures et est réparti sur deux films, pour des raisons techniques.
La version soft du film n'a finalement pas été montée. Le diptyque comporte ainsi des scènes particulièrement explicites. Les scènes de sexe sont filmées en gros plans pornographiques. Des acteurs porno ont doublé les comédiens "traditionnels" pour les scènes de sexe. Pour que l'illusion soit parfaite, seuls les troncs des "acteurs et actrices traditionnels" ont été conservés, la partie du corps située en dessous de la ceinture - celle des acteurs porno - a été ajoutée numériquement. Ce prodige technique permet au réalisateur de filmer en plans larges aussi bien qu'en plans serrés.
Ce film a été qualifié doutrage immoral envers la société et la condition humaine, de chef-duvre tordu sous forme dode assumée à lobscénité, de comédie noire dun nihilisme décomplexé, de traité de sorcellerie moderne en deux tomes filmiques, de navet faussement hardcore ayant fini par tromper son monde sur son contenu pornographique.
La version intégrale aide à renforcer le contenu sexuel et explicite du film, et ce au travers dune suite de fulgurances graphiques qui nous poussent à un degré de sidération réellement stratosphérique fellations, cunnilingus, sodomies, doubles pénétrations, sadomasochisme, sans parler dune scène abominable dauto-avortement.
Le film a fait scandale dès le stade de la promotion : sur les affiches, Sur celles-ci, on découvre les comédiens - Charlotte Gainsbourg, Shia LaBeouf (qui joue le rôle de Jerome Morris), Stacy Martin (qui joue Joé jeune) ou encore Stellan Skarsgard (qui joue Seligman)- en plein orgasme.
Charlotte Gainsbourg assume le rôle-titre, après que Nicole mann se soit désistée. Initialement mannequin, Stacy a tourné de nombreuses scènes de nudité explicites, en compagnie de Shia LaBeouf.
RESUME
""Nymphomaniac" raconte, en huit chapitres successifs, lhistoire érotique d'une femme, de sa naissance jusqu'à l'âge de 50 ans, racontée par le personnage principal, Joe, qui s'est auto-diagnostiquée nymphomane.
Joe (Charlotte Gainsbourg) git au sol sous la neige, le visage couvert decchymoses. Elle est recueillie par Seligman (Stellan Skarsgård) qui lui offre un peu de thé et se propose découter la vie tumultueuse de cette jeune nymphomane auto-proclamée.
Joe va lui raconter, en huit chapitres successifs, le récit de sa vie aux multiples ramifications et facettes, riche en associations et en incidents de parcours.
Très jeune, Joe montre des besoins sexuels prononcés. À ladolescence, Joe (Stacy Martin) offre sa virginité à Jerôme (Shia LaBeouf). Le mécanicien va la pénétrer 8 fois : 3 par devant et 5 par derrière.
Avec son amie B (Sophie Kennedy Clark), Joe joue à celle qui sera capable de sauter le plus de mecs possible dans le train. Elle viole S (Jens Albinus) un homme marié et émet déjà des scrupules que Seligman balaie dun revers de la main.
Avec B, Joe créée une sorte de société secrète dont la vocation est de libérer le monde de lamour, par le sexe. Au grand désespoir de Joe, la plupart des membres de la secte finissent par sattacher à leurs amants et développer des sentiments. Ce qui nest pas son cas. Elle continue donc sa route en solo.
Joe décroche un job de secrétaire pour le compte de Jerôme. À la surprise du jeune homme, Joe refuse ses avances alors que le couple est coincé dans un ascenseur. Pire, Joe couche avec de nombreux collaborateurs pour augmenter sa frustration. Suite au départ de Jerôme, Joe est immédiatement éjectée par Liz (Felicity Gilbert), jalouse du succès de sa collègue.
Joe fait chavirer le cur de Monsieur H (Hugo Speer) qui quitte sa femme (Uma Thurman). Celle-ci débarque, avec les s, pour faire un scandale.
Joe se rappelle dun souvenir plus douloureux. Celui de la mort de son père. Ne supportant pas cette agonie, Joe avait multiplié les relations avec des inconnus à lhôpital. Puis elle avait ressenti une excitation sexuelle devant le cadavre de son père, sans parvenir à se lexpliquer.
Le Volume II concerne les hommes que Joe qualifie de dangereux.
Joe poursuit le récit de sa vie de nymphomane à l'attention de Seligman. En couple avec Jérôme, elle lui donne un fils. Mais son quotidien dépouse et de mère est vite absorbé par sa quête dune jouissance qui lui semble interdite et quelle nenvisage quà travers la douleur : sadomasochisme, tentative de sevrage sexuel, plongée dans la délinquance
"Je ne sens plus rien". Cest sur cet aveu terrassant de Joe encore adolescente que se termine "Nymphomaniac, volume 1" promettant, après le temps de linnocence, de la découvertes et des jeux, celui du sacrifice, des expérimentations extrêmes et de lautodestruction.
Joe souffre davoir perdu son plaisir. Après la naissance, Jerôme comprend bien quil va devoir laisser un peu latitude à Joe, sil veut quelle sépanouisse sexuellement.
Elle tente une double pénétration avec deux Africains, sans que cette expérience soit concluante. Cest lune des scènes les plus controversée du film, où les deux étalons se disputent sur la meilleure façon de pénétrer Joe, avec plan osé des deux pénis en érection au premier plan. Cette scène de sandwich en apparence sordide où deux noirs au membre gargantuesque se disputent les « trous » dune Gainsbourg dépassée par les événements surprend par son ton décalé et grand-guignolesque.
Son amant suivant est K (Jamie Bell), un sadique : plus elle se rend chez lui, plus elle devient négligente. Un soir où elle brille par son absence, son fils manque de tomber du balcon.
Jerôme avait déjà montré des signes de jalousie. Cette fois, il la quitte et dépose le bébé dans une famille daccueil.
Tout le monde au travail est désormais au courant des habitudes sexuelles de Joe. Sa patronne exige en vain quelle suive une thérapie pour soigner son addiction.
Entre temps, Joe cherche à se faire avorter. Devant le refus du médecin, elle sen occupe elle-même. Une scène particulièrement atroce !
Elle suit une thérapie de groupe qui ne la mène nulle part. Après trois semaines, elle claque la porte en insultant tout le monde.
Joe raconte ensuite comment elle a rejoint lorganisation criminelle de L (Willem Dafoe) comme agent de recouvrement. Elle rencontre un homme (Jean-Marc Barr) quelle narrive pas à déchiffrer sexuellement car il est un pédophile refoulé. Pour le récompenser, elle lui fait une fellation ce qui révolte Seligman et déclenche même une dispute.
Sur les conseils de L, Joe forme une apprentie P (Mia Goth) dune quinzaine dannées. Tous les deux développent des sentiments. Au hasard dune mission, Joe doit collecter de largent de Jerôme (Michaël Pas). Elle préfère laisser P soccuper de laffaire. Malheureusement P va développer une liaison avec Jerôme, ce que Joe ne peut supporter.
Soulagée davoir vidé son sac, Joe demande de rester chez Seligman pour la nuit. Le vieil homme accepte et se permet de poser un diagnostic sur les maux de son invitée. Un peu plus tard dans la soirée, il se permettra aussi dessayer de la pénétrer, sous prétexte quelle a couché avec de nombreux partenaires.
Joe le tue puis se rhabille et sen va.
UN REGARD SUR LA NYMPHOMANIE
On ne sait pas ce qui a mis Joe dans cet état. Une chose est certaine, elle est dans un sale état. Aucun ami nest là pour soccuper delle sinon cet homme dâge mûr. Il va soigner ses blessures, la conforter et lécouter ce que personne na fait jusque-là peut-être. Joe se sent suffisamment en confiance pour se confier. Elle parle.
Tandis que le regard sur laddiction au sexe, dans le cas des hommes, est en train de changer, laddiction au sexe reste encore un tabou dans le cas des femmes. On la dénigre, on sen moque même. Les nymphos, il ny a que le train qui ne leur est pas passé dessus, comme le veut lexpression. En loccurrence, tous les passagers du train ont effectivement goûté aux faveurs de la belle Joe.
Ma propre expérience me fait penser que lhypersexualité, et sa dérive ultime, la nymphomanie ont un rapport avec le complexe dElectre. Le rapport entre Joe et son père est dune nature particulière. Tous les deux entretiennent une relation de quasi-vénération mutuelle. Cest un peu comme si Joe cherchait à retrouver chez un homme, nimporte quel homme, le sentiment de valorisation que son père lui procurait étant . Cette émotion est restée gravée en elle. Elle en a besoin de manière compulsive.
Je retrouve aussi, comme Joe, le besoin den parler. Elle le fait en racontant sa vie à Seligman, je le fais dans mes récits autobiographiques.
Il est important pour elle dassumer sa nature et les souffrances qui vont avec. Joe fait leffort de parler de sa vie avec un inconnu. Ce nest pas ment évident. À présent, elle ouvre des chapitres de sa vie qui sont pénibles, le cur ouvert, la sensibilité à fleur de peau, sentretenant de sa relation malsaine avec les hommes
à un homme.
Seligman trompe pourtant la confiance de Joe car il finit par juger, comme les autres. Il fait mine découter, enchaine des références savantes sans que personne ne le lui demande. Le vieux garçon se cache derrière sa condition. Le vieux pervers joue les faibles pour attendrir sa proie mais lui réserve le même traitement que les autres. Seligman pourrait incarner une figure paternelle dont on sait quelle compte énormément pour Joe. Il rassure, puis trahit.
NYMPH( )MANIAC ET SA SIGNIFICATION
Si lon oublie la lettre « o » du titre pour conserver au contraire les deux parenthèses, le sens en devient alors transformé : il ne reste alors que les mots « nymph » et « maniac », séparés par un caractère symbolique à triple sens. Parfait résumé du film : deux personnages (la nymphe et le maniaque) rassemblés dans un dialogue autour dun sujet qui les réunit autant quil les distingue. Et ce sujet est déjà en soi à plusieurs visages, donc propice au scandale autant quà lexégèse : le sexe (a fortiori féminin), la question du regard sur toute chose soumise à la discussion (et là-dessus, le film se révèle quasi encyclopédique), ou plus largement, la construction narrative du film lui-même.
Il ne surtout pas croire que la division du film en deux volumes résulterait dun calcul malin de distributeur, soucieux de ne rien perdre du matériau original tout en faisant le pari dun nombre dentrées multiplié par deux. On saperçoit vite que, à linstar des deux parenthèses du titre, chaque volume simpose comme le négatif de lautre, installant ainsi un système de correspondances symboliques en miroir, où tout est vu et décortiqué sous langle dune analyse sans cesse inversée.
Le casting fait lui aussi les frais de ce jeu dopposition : outre lidée géniale de changer lincarnation des personnages de Joe et de Jérôme moins au gré de leur âge que de leur caractère, cest surtout la duplicité progressive de Joe qui sidère en raison du choix de deux actrices aux physiques très divergents. Perversité en marche contre obscénité en action, telle est la duplicité qui régit les deux volumes : là où le volume 1 filme la sexualité comme un absolu à atteindre pour contrer la souffrance qui sinstalle chez lhumain, le volume 2 ose le virage à 180° en faisant de la sexualité un outil de pouvoir et de destruction, censé révéler la souffrance qui sinsinue chez tout un chacun et ainsi briser les faux-semblants sociaux.
Tout est déjà posé dès le premier chapitre, narrant linitiation de Joe à la nymphomanie au travers dune similarité entre la drague et la pêche. Joe se voit alors assimilée à une « nymphe » (le terme évoque lun des premiers stades de la vie dun insecte), désireuse de perdre sa virginité, allant jusquà servir dappât lors dune compétition sexuelle lancée par une amie lors dun voyage en train celle qui baisera le plus grand nombre dinconnus gagnera un sachet de chocolats.
Joe est-elle une amazone féministe cherchant à se venger par la nymphomanie de lhypocrisie dominante du sexe fort, ou juste une figure féminine qui assume son désir obscène et se sert des autres comme des mouchoirs usagés ? Traiter le film de féministe ou de misogyne est un contre-sens.
La nymphe est encore en chantier dans la vie, même si elle a dépassé la quarantaine et Séligman se révèle être asexuel, alors quil a déjà dépassé la soixantaine
). Les personnages de tous les films de Von Trier sont assez faciles à définir : il y a toujours chez eux le désir dexorciser ce qui les obsède ou ce qui les bloque dans leur bien-être, pour guetter une issue rassurante qui se révèlera être une impasse fatale. Nymph()maniac va cependant plus loin, en particulier lorsque Joe tente de réfréner ses pulsions et de reprendre le contrôle de son corps.
Ce film est extrême. Joe sincarne pour de bon en créature désespérée, naviguant dun extrême à lautre. On laura vue subir une défloration brutale, sinsurger contre une société obsédée par lamour élaborer un mépris de la gent masculine, finir par atteindre lharmonie sexuelle avant de la perdre aussitôt, renouer avec un corps qui aura lâché prise avec lesprit, considérer les tabous comme dommageables pour lêtre humain, éviter la négation de soi pour assumer pleinement sa nymphomanie, retourner sa culpabilité à son avantage en faisant de la déviance un gage de pouvoir, initier une jeune fille (Mia Goth) à son travail criminel, et finir tabassée dans une ruelle à la suite dun acte désespéré.
Plus sombre, plus violent, plus viscéral aussi, le second volet montre le vrai visage dun cinéaste mu par un nihilisme absolu qui sapplique depuis des années à nous faire éprouver au plus profond de notre for intérieur les expériences limites et pathétiques de ses personnages.
Von Trier a eu lintelligence de garder la forme du conte pour présenter son propos, effectuant par là-même un décalage salvateur entre une réalité indéniable -une femme confesse ce quelle pense être ses péchés à un homme- et une réalité retranscrite et possiblement en partie fantasmée.
Nous apprenons dailleurs que Joe choisit le titre de ses chapitres en fonction déléments réels présents dans la chambre, preuve sil y en a dune contamination du champ narratif par des éléments extérieurs. Coupable aux yeux dune Église vue comme garante de lordre moral depuis lapparition de ses désirs charnels, la femme fautive effectue dans ce film un vrai parcours du supplicié, dabord assimilée à la putain de Babylone puis au Christ lui-même.
Après la phase de honte où la recherche dune punition est la seule manière daccepter une existence quelle juge elle-même contre-nature, Joe se rebelle contre lordre établi et saffirme enfin en tant que femme à part entière en faisant de son addiction une arme contre lautorité masculine.
La nymphomanie de Joe dans ses jeunes années nest immorale quau sens « judéo-chrétien ». Elle collectionne les amants mais ne fait de mal à personne. Dans cette deuxième partie, elle rencontre des hommes dangereux, dont limmoralité nest plus une question de bonnes murs, mais est profondément perverse, voire criminelle. Joe est à présent soumise et ne dirige plus rien, elle est victime de son addiction et va en payer le prix.
CE FILM ET MOI
Jai lu beaucoup de textes critiques sur ce film en deux volets, certaines élogieuses, dautres très sévères.
Sa thématique principale ma évidemment fait penser à une période précise de mon parcours et naturellement sur ce qui différencie et rapproche hypersexualité et nymphomanie. Je veux terminer en revenant sur ce point.
Partant de mon expérience, jai consacré plusieurs textes sur lhypersexualité, auxquels je renvoie, en particulier « Philippe, le mari candauliste et Olga, l'épouse hypersexuelle (41) : l'hypersexualité selon Olga. 1ère PARTIE : CE QU'EST L'HYPERSEXUALITE ET CE QU'ELLE N'EST PAS.», texte publié sur HDS le 29 mars 2018. Jy développe la différence entre lhypersexualité et la nymphomanie, même si, jen conviens et jen témoigne, la frontière peut être poreuse.
Je vais donc reprendre les passages de ce texte où je minterrogeais pour savoir si jétais ou avais été nymphomane.
Je suis consciente que la période où jai été sous la coupe de Rachid, plus de deux et demi à partir de juillet 2007, fut celle où jai failli basculer définitivement dans la nymphomanie. On peut dire que jétais alors nymphomane ou proche de la nymphomanie pour les raisons suivantes :
La multiplicité des partenaires auxquels Rachid ma offerte va dans ce sens, avec les séances hebdomadaires avec les jeunes de la cité, les partouzes organisées par Marie C., les séances dabattage dans les foyers.
La place centrale que la recherche du plaisir occupait dans ma vie, au détriment de toute autre considération, y compris mes sentiments pour mon mari et notre réputation sociale. Mon mari, à cette période, navait plus que le port de lalliance et le titre. Rachid se comportait à tout point de vue comme mon mâle, à domicile, mais aussi dans la rue et dans notre vie sociale. Cette logique a été poussée à son extrême quand Rachid a fini par me faire un , en présence et avec laccord de Philippe.
Mes journées étaient consacrées au plaisir. Rachid, très vite installé à demeure, occupant le lit conjugal, me possédait plusieurs fois par jour. Il ne me laissait aucun repos pour que je me livre à dautres débauches. Je passais mes journées à baiser et à jouir. Je ressentais une dépendance totale envers Rachid, il pouvait disposer de moi comme il lentendait. Ma récompense était quand il me possédait, au sens sexuel du terme.
Le sacrifice total de ma position sociale et de celle de mon complice candauliste, Philippe. Notre réputation fut ruinée dans notre immeuble et dans la ville où nous habitions alors, parmi les notables dont Philippe faisait partie et ce jusque sur son lieu de travail.
Le mépris que je ressentais fréquemment pour ma conduite me poussait à accepter la brutalité de Rachid et les séances SM de Marie C, comme étant une juste punition pour ma conduite.
Parce que je létais aux yeux de Rachid. Dans sa culture, dans sa mentalité de macho, une femme qui soffre comme je le faisais ne pouvait être quune malade. Le terme était souvent dans sa bouche, comme celui de pute, de chienne, de salope, résumés dans le mot arabe de « kahba ». Cest pourquoi, dès le départ, il était décidé de moffrir au plus dhommes possibles, à me transformer en machine à plaisir dont il aurait la totale maîtrise. Il se comportait ainsi dautant plus quil humiliait un couple de « bourges » et parce quil en tirait profit, même sil a toujours juré le contraire.
Et pourtant, malgré tout ça jai pu en sortir. Le déclencheur, je le reconnais, ce fut Hassan, qui mit fin «manu militari» à ma relation avec Rachid.
Au-delà, et cela ma été confirmé par les spécialistes à qui jen ai beaucoup parlé, il y avait cependant chez moi des éléments quon ne retrouve pas chez la nymphomane :
Multi-orgasmique, je sortais de ces ébats repue de plaisir, même si je sais que le plaisir physique nest pas le marqueur entre lhypersexualité et laddiction sexuelle. En tout cas, je ne pratiquais pas de fuite en avant, faite de rapports sexuels compulsifs insatisfaisants.
Mon amour et ma complicité avec Philippe. Sa présence fréquente lors de mes débauches, le plaisir quil prenait de voir se réaliser, au-delà de tous ses rêves, ses envies candaulistes, mapaisaient. Jai souvent dit que mon plaisir était décuplé par sa présence, ses regards, son excitation, ses caresses. Je faisais tout cela pour mon plaisir mais aussi pour le sien. Plus je devenais salope, plus il prenait son pied. Pendant longtemps, il était consentant et complice de Rachid, qui navait pourtant pas besoin dencouragements. Et lorsque, comprenant les dangers de la pente vers laquelle je glissais, il a voulu y mettre fin, je nai pas suivi, devenue sexuellement dépendante de Rachid. Il a fallu que je rencontre un amant dun calibre au moins équivalent, Hassan, pour quenfin Rachid sorte de ma vie.
Pour toutes ces raisons, il y a des passages dans le film où le comportement de Joe ma fait penser à mon propre parcours, sans me lancer dans une comparaison entre lexpérience de Joe et la mienne, chacune sur une trentaine dannées.
Bien évidemment, je suis révulsée par les passages les plus choquants, les plus « gore » ou les plus « trash », et ne supporte pas la violence qui émane du personnage de Joe ou les fréquentations qui sont les siennes dans un milieu hors de la loi.
Plus prosaïquement, et cest qui motivera les lecteurs et lectrices de HDS, on retiendra le réalisme des scènes de sexe qui vont particulièrement loin pour un film qui nétait pas, à proprement parler, classé X et réservé aux salles spécialisées. Les scènes de sexe sont réalistes, avec la réserve de la technique employée, celle du doublage par des acteurs et actrices porno, avec un montage lors de la finalisation du film. Oui, sont excitantes la scène de dépucelage de Joe, le défi quelle lance à son ami B dans un train (celui de baiser avec le plus dhommes possibles). Jai un petit regret, celui que le trio de Joe avec deux Blacks particulièrement bien dotés par la nature nait pas été jusquau sandwich promis. A la place de Joe, jaurais été particulièrement frustrée.
Il ressort de « Nymphomaniac » que la nymphomanie, comme toute addiction, est une souffrance dont il est difficile de sortir. Joe nen sort pas et le film se termine tragiquement, par la mort de celui à qui elle avait tout dit, parce quil avait voulu, à son tour, profité delle.
Le remède repose dabord sur lentourage et lamour quil apporte à la victime dune addiction sexuelle. Ce remède sappelle lamour, et jai la chance immense den bénéficier, de la part de mon mari candauliste, Philippe, et de ma compagne Agun. Je suis en quelque sorte deux fois protégée de la malédiction qui frappe Joe.
Enfin, considérant comme vaine labstinence, que jai tentée et qui se traduit par des rechutes graves, la solution passe aussi par une maîtrise de ses pulsions, à travers une hypersexualité « régulée ». Cest ce que, grâce à laide de Philippe et dAgun, je mefforce de faire, avec la ferme volonté de ne plus retomber dans les graves travers que jai connus.
SOURCES SUR INTERNET
https://explicationdefilm.com/2019/06/03/nymphomaniac-volume-1/
https://explicationdefilm.com/2019/06/04/nymphomaniac-volume-2/
La critique de Guillaume Gas : http://www.courte-focale.fr/cinema/analyses/nymphomaniac-directors-cut-lars-von-trier/
https://www.lesinrocks.com/cinema/films-a-l-affiche/nymphomaniac-volume-2/
https://www.avoir-alire.com/nymphomaniac-volume-2-la-critique-du-film
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