Infirmière

Allongé sur son lit d’hôpital, il s’ennuie. Deux semaines qu’il est là, à cause d’une foutue jambe cassée. Deux semaines à lire, à regarder la télé, sans pouvoir trop bouger. Mais là, plus rien à faire : il s’ennuie.
Il a dans les trente ans mais il fait moins. Une barbe commence à voir le jour sur son visage, il ne s’est plus rasé depuis l’accident. Ça lui donne un peu plus d’années, un peu plus d’expérience. Il aime bien.
La tête posée sur les oreillers, il regarde le plafond, uniformément blanc, constellé de grains. Il soupire et croise les bras, étouffe un bâillement.
Marre d’être là, marre de ne pas pouvoir bouger. Il voudrait marcher, courir, sauter, mais il ne peut pas. Ça lui apprendra, peut-être. Probablement pas.
Deux semaines à regarder des émissions débiles et débilitantes à la télévision, deux semaines à lire tous les livres que ses potes ont pu lui amener, deux semaines à manger la bouffe immonde de l’hôpital, deux semaines sans rapport sexuel – à part avec lui-même, dans la discrétion de la nuit, deux semaines à espérer pouvoir gambader comme avant, deux semaines…
Deux semaines à pourrir dans sa blouse blanche à poix bleus fort peu seyante, à voir ses poils de torse sortir de son col en V.

Il soupire encore. Il allait essayer de se lever quand la porte s’est ouverte. Il ouvre la bouche pour pester encore sur le manque d’intimité de l’hôpital, mais il la referme doucement, subjugué.
C’est une infirmière, mais pas celle de d’habitude, non. Elle est plus petite, plus jeune et surtout : elle n’est pas habillée pareil que les autres, on dirait qu’elle porte un costume d’infirmière et pas l’espèce de t-shirt bleu peu seyant. Là c’est une blouse blanche, avec l’encolure brodée de rouge, une blouse qui lui ceintre bien la taille, qu’elle a fine. Elle porte un stéthoscope autour du cou, qui descend sous la blouse, et le petit chapeau ridicule sur la tête.
C’est peut-être cliché mais ça lui va tellement bien : elle est magnifique, elle dépasse la beauté du commun des mortels.

Ses cheveux sont retenus par une queue de cheval, elle a une tête un peu ronde mais très mignonne, des yeux qui pétillent et une bouche pulpeuse, des lèvres bien rouge.
Il ouvre la bouche de stupéfaction, un peu bête.
— Bonjour, lui dit-elle d’une voix chantante. Comment va-t-on aujourd’hui ?
Parvenant difficilement à reprendre ses esprits, il répond d’une voix un peu rauque.
— J’ai un peu mal…
Elle fait une petite moue mignonne avec sa bouche et s’approche de lui.
— C’est dommage, ça…
D’un geste lent et mesuré, pendant qu’elle le regarde dans les yeux, elle caresse la partie du milieu de son stéthoscope et descend. Comme sa blouse la dérange, elle enlève les deux premiers du haut pour le prendre. Ce faisant, elle laisse voir un peu de dentelle rose pâle de son soutien-gorge et la peau, pâle elle aussi, du début de ses seins qui ressortent un peu tant la blouse est serrée. Elle a un grain de beauté sur le sein droit.
Plus bas, sous la chemise, sous la couette, quelque chose se réveille. Il se passe la langue sur ses lèvres qui s’assèchent. D’une main douce, elle caresse la gorge du blessé,
— Ici ? demande-t-elle, murmurant presque.
Il ne répond pas, tellement subjugué par la situation. Sa glotte monte et descend, signe de son trouble. Une goutte de transpiration coule lentement sur sa tempe.
Elle se penche sensuellement, lui dévoilant ses douces formes, pour lui faire un bisou dans le cou. Il sent son souffle sur sa peau qui le chatouille. Il sent son parfum, plutôt sucré. Puis il sent sa langue, qui s’avance, comme timidement ; et ses lèvres qui se referment sur un bout de peau. C’est chaud, c’est humide, c’est moite… mais qu’est-ce que c’est bon… Elle lui mordille doucement le cou et murmure :
— Ça va mieux ?

Elle se recule tranquillement, certaine de son charme, de son emprise et sourit. Un sourire merveilleux, qui lui remonte les joues et plisse ses yeux rieurs, fait voir ses dents blanches.
Elle prend son stéthoscope et glisse le pavillon sous sa chemise, ce qui le fait frissonner, passant du chaud au froid du métal. Son cœur bat plus vite, plus fort et il se demande pendant une fraction de seconde si elle le sent, si elle l’entend.
Puis elle sourit sournoisement et descend le pavillon encore un peu. Elle le passe sur les pectoraux, le glisse plus bas en se rapprochant encore un peu de lui, sur le ventre… Elle joue avec le chaud de leurs deux corps et le froid du pavillon du stéthoscope, et elle descend encore.
Il gigote un peu sous la du froid, mais elle se plaque contre lui, lui mordille l’oreille et murmure tout bas au fond de son oreille :
— Doucement, doucement…
Elle se recule encore, plonge ses yeux clairs dans les siens, comme une vision d’un autre réalité et l’embrasse. Ses lèvres sont chaudes, douces, sucrées ; elle insère la langue dans sa bouche, la fait danser avec l’autre langue.
Elle retire le stéthoscope et le pose à côté, le caresse de ses mains. Elles sont froides, elles aussi, mais bien moins que le pavillon du stéthoscope. Elle le déshabille, jette ses vêtements dans la chambre, au loin, ils sont oubliés. Il n’y a que le moment présent, où elle debout devant lui, où il est allongé nu sur le lit. Elle passe des yeux dévorants sur son corps, bientôt suivis par ses mains.
Elle frôle de ses doigts froid toute sa peau, du cou jusqu’au ventre, puis en sens inverse ; toujours les yeux dans ses yeux. Au fil de ses montées et de ses descentes, elle descend de plus en plus, sans qu’il ne fasse rien pour la faire aller plus bas, aller plus loin. Jusqu’aux cuisses, jusqu’à ses poils, jusqu’à son membre en érection. Elle le caresse doucement avant de commencer à le masturber pendant qu’il gémit d’extase.
Face à ses gémissements, elle sourit et accélère en se mordillant la lèvre. C’est divin, merveilleux, magiques. Ses mains sont douces, expertes, douées.
Elle se penche encore à son oreille et lui murmure :
— J’aime quand tu gémis…

Elle lui fait un bisou sur la joue et descend ensuite dans son cou, descend sur ses pectoraux, sur son ventre qu’il rentre quand elle passe.
Arrivée devant son sexe, elle le branle doucement en passant sa langue sur ses boules. Lui il adore ça, tellement elle est experte pour faire ça, il serre les draps avec ses poings, à tel point que ses jointures blanchissent.
Elle prend son sexe dans sa bouche en entier, joue avec son gland de sa langue. Il est en extase quand elle le suce goulument. Il gémit de plus en plus fort pendant qu’elle continue de plus en plus vite.
La tête en arrière, les yeux fermés, il murmure difficilement :
— Je vais… Je viens…
Elle continue jusqu’à ce qu’il jouisse dans sa bouche, dans un râle un peu ridicule. Elle sourit perversement avec son foutre dans la bouche, puis l’avale. Elle essuie ses lèvres de sa main et remonte vers son visage qui sourit lui aussi.

La porte s’ouvre. Une infirmière entre, elle est plus grande, plus large et habillée normalement de la blouse bleue qui ne lui va pas.
— Bonjour, lui dit-elle d’un ton professionnel. Comment va-t-on aujourd’hui ?
Allongé sur son lit, les bras croisés sous sa tête, il sourit au plafond et reporte son attention vers la réalité. Ce n’était qu’un rêve, un rêve éveillé, pas original pour deux sous mais bon, pourquoi faire original quand on rêve éveillé ?
— Ça va bien, répond-il à la vraie infirmière pendant que l’autre disparait de son esprit. Quand est-ce que je sors ?

Comments:

No comments!

Please sign up or log in to post a comment!