Nu Trop Loin 2/17

(II)
Il était parti. Sensation dingue de solitude et de vulnérabilité. J’aurais pu chialer mais ça n’aurait servi à rien alors j’ai commencé à marcher sur le bord de la route découverte et sans végétation environnante. Je marchais vite et mon pénis brinqueballait au rythme de mes pas. Je le regardais bouger à droite et à gauche, en haut et en bas pendant les déhanchements imposés par les pas et je me dis que tout mon problème venait de lui. C’est à cause de lui que je m’étais mis dans une situation si invraisemblable.

Un bruit de moteur, la route tourne et je vois arriver une voiture de loin. Je plonge dans le fossé comme si j’avais reçu une décharge d’électricité. Je m’y accroupis en attendant que le véhicule passe. Au dessus de ma tête le bruit de la voiture se déplace et je l’entends qui s’éloigne. Premier incident évité. Je regarde l’entre jambe et constate que la décharge d’adrénaline a accentué l’érection qui est devenue très solide. Ca n’arrange pas mes affaires.

Pas question de marcher dans ce fossé au milieu duquel beaucoup de flaques d’eau stagnent. Je remonte avec peine sur le bitume de la route et reprend ma progression. Combien de temps s’est passé depuis mon abandon ? Aucune idée. Il fait encore jour mais le soleil décline sérieusement et la nuit arrive par l’est.

Je marche entre l’herbe bordant la route et le goudron. Je marche vite et prend progressivement conscience de ce que je suis en train de faire. Le risque est énorme et inconsidéré. Je suis barge. Mais il faut que j’arrête de gamberger, ça ne sert plus à rien, je suis comme dans un fleuve et je dois le traverser ; il est trop tard pour me demander pourquoi j’y suis entré.

Quelques petits arbres plantés dans un autre virage. Des troncs très minces qui ne me protègeront d’aucun regard. Je regarde ce que devient la route à l’horizon et observe que couper par un champ de maïs me permettrait de gagner du temps. Je descends le talus de la route et essaye de me frayer un chemin parmi les hautes céréales.

La plupart sont plus hautes que moi. Les feuilles et les épis sont très desséchés et presque piquants si ce n’est tranchants. Je me faufile difficilement entre les plants car je dois souvent les écarter des mains pour éviter leur contact mais après mon passage ils se remettent en place et fouettent durement la peau. J’avance ainsi dopé par la volonté de circuler le moins mal possible entre les épis et celle aussi de sortir de ce champ le plus vite possible. Un moment je me dis que cette marche entre les plants de maïs est une folie et que je ferai mieux de rebrousser chemin car je risque d’en sortir totalement hachuré par les blessures et les coupures mais il est impossible de retrouver la trace derrière moi et comme je ne vois pas où cette plantation s’arrête je décide de poursuivre. Dans ce combat incessant avec les feuilles de maïs, les jambes et les côtes sont les premiers touchées mais le pénis est aussi blessé et je m’en suis pas rendu compte immédiatement. Plus la progression est difficile et plus je m’applique à le protéger des mouvements des feuilles qui lacèrent. J’en ai oublié ma nudité, mon statut d’homme nu, le port du pénis érigé. Ce dernier est maintenant strié de multiples rainures très rouges.

Je finis par sortir du champ et me retrouve sous le talus de la route au niveau du fossé. Il fait quasiment nuit et je m’arrête un instant, effrayé par ce qui vient de m’arriver, essoufflé par tant d’efforts. Je suis à genoux et tente de retrouver mes esprits. Devant moi une flaque d’eau. Un peu d’eau pour laver quelques plaies. J’observe ce corps qui est le mien mais qui d’une certaine façon appartient aussi au mec qui m’attend au rendez-vous. J’ai mal aux genoux et m’accroupis dans l’herbe pour inspecter Celui par qui tout est arrivé. Il est très rouge mais ne saigne pas contrairement à quelques blessures aux mollets et aux cotes. Je fais couler avec une main un peu d’eau fraîche dessus pour y calmer les démangeaisons mais évite de trop le frôler.


L’air qui devient plus vif me rappelle que je suis nu dehors et cette impression me sort de mes méditations sur la présence de cette chose sur moi. Mais je reste encore un peu à le regarder car jamais je n’ai eu la sensation de le porter comme ce soir-là. Je me dis que c’est bien ce pénis qui m’a rendu intéressant aux yeux de celui qui m’attend. C’est cet organe qui souffre désormais par ces blessures superficielles et moi je dois l’aider. Cette eau fraîche lui fait du bien, l’apaise et le ravive. Mon boulot est de l’amener à ce mec à qui il appartient et qui l’attend sous un abri bus quelque part pas trop loin de cette flaque d’eau.

Il m’attend là-bas et je n’y suis pas encore …….

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