Ingrid, Petite Allemande
Que Roland me pardonne, je vais écrire ici lhistoire de sa cousine. En sus germaine la dite cousine... un comble, non ?
Roland, cest mon correspondant allemand. Il habitait à Konstanz, am Bodensee. Lété, début juillet, je prenais le Dau, Bordeaux/Paris puis, après changement de gare à Paris en taxi, lexpress vapeur de nuit, direct jusquà Constance.
Normal quil y ait eu en ce temps de mon adolescence une liaison directe de Paris jusquau Bodensee car nous avions alors, Français, des troupes doccupation dans ce coin-là.
Un mois plus tard, je reprenais le chemin à linverse, avec mon copain allemand, douze ans guère plus lui aussi et pas encore de poil au menton, pour nous retrouver en ma famille sur le Bassin dArcachon.
La cousine Ingrid qui fait le titre de cette histoire était une grande. Je veux dire par là quelle était largement notre aînée. On était des gamins, quoi...
Elle était de Meersburg, de lautre côté du lac. Meersburg, Stadt am Bodensee.
Néanmoins elle venait par le gros ferry à vapeur et roues à aubes au lycée de Konstanz, quotidiennement.
Un jour par semaine elle était à table chez nous, cousine, dans la famille de Roland.
Elle était belle avec chevelure claire et yeux bleus et svelte morphologie de Walkyrie. Elle me plaisait.
Le Français na pas failli et a embarqué la petite Allemande pour une promenade de mercredi après-midi sur les hauteurs du Lac de Constance.
Sur un banc public, genre Brassens, devant les cygnes barbotant dans leau noire, jai tripoté ses petits seins. Les premiers seins jamais venus dans mes mains. O quils étaient vivants ces petits seins-là...
Et puis les lèvres dIngrid, baveuses indécentes qui parlaient français lors que les miennes langue violeuse entre ses dents aiguës parlaient allemand.
On sest aimé de jeunesse adolescente à fond et sans retenue.
Ensuite, on sest écrit, chaque semaine depuis nos pays lointains.
Rien ne sest fait en vrai. On ne sest jamais revus.
Mais dans les fantasmes de mes rêveries, cette Ingrid a probablement sûrement été ma première.
Et je ne vous dis pas tout ce que, année après année, je lui ai fait découvrir. Tout ce que nous avons ensemble vécu, partagé.
Ma main sur elle, juste posée, chaude sur le moite sur le mouillé.
Sa main à elle aussi, crispée sur la dure saillie.
Sa bouche pour recueillir mes épanchements trop précoces hoquetants entre ses lèvres.
La mienne pour manger le bitmini au creux de sa touffe de blonde et boire ses coulettes de fille aimante.
Et tutti quanti
Mais rien ne sest fait en vrai. Ingrid et moi, on ne sest jamais revus.
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