Clorinde, Ma Colocataire (1)
Maxime ! Comment tu vas ? Ça fait si longtemps
Vingt ans. Plus de vingt ans. La dernière fois, cétait à Mougins juste avant la naissance de Clorinde.
Que je ne connais pas du coup.
Que tu ne connais pas, non. Et justement : cest à propos delle que je tappelle. Si tu pouvais nous rendre un petit service, ça nous retirerait une sacrée épine du pied.
Si cest dans mes cordes
Que je texplique. On lui avait trouvé un petit appart sympa à deux pas de la fac, sauf quhier, quand on sest pointés, il sest avéré que cétait une arnaque. Le type a loué une bonne douzaine de fois un truc qui lui appartenait pas et sest barré avec les cautions. Sans doute à létranger. Et on se retrouve le bec dans leau. À deux jours de la rentrée.
Je vois.
Alors comme thabites quasiment la porte à côté de la fac, on se demandait si taurais pas pu lhéberger. Juste quelques jours. En dépannage. Le temps quon se retourne. Quon lui cherche quelque chose de potable. Mais si ça te dérange, tu me dis franchement, hein ! Je me vexerai pas.
Aucun souci. Jai de la place.
Elle tencombrera pas, tu verras. Cest pas le genre. Elle mènera sa petite vie de son côté et te laissera mener tranquillement la tienne.
Mais oui, jte dis ! Amène-la quand tu veux.
Ce fut le lendemain matin.
Cétait une fille aux yeux vifs, châtain clair, bronzée, qui ma gratifié dun large sourire.
Merci. cest sympa. Parce que sans vous
Et a aussitôt voulu aller visiter sa chambre.
Oh, mais cest immense ! Je vais être comme une poule en pâte, moi, là-dedans. Je peux voir le reste ?
Je lai accompagnée de pièce en pièce.
Mais cest un palace ! Un vrai palace.
Elle sest penchée à la fenêtre qui donnait sur larrière.
Et il y a une piscine ! Cest pas vrai quil y a une piscine ! Oh, mais je repars pas, moi ! Je reste là jusquà la fin des temps.
Maxime a souri, haussé les épaules.
Elle est nature, hein ! Bon, mais je te la laisse. Et encore merci.
Elle sest installée.
Dans la chambre. La porte du dressing sest ouverte et fermée à plusieurs reprises.
Dans la salle de bains.
Hou ! Hou ! Vous êtes par là ? Je peux pas avoir un peu de place sur la tablette au-dessus du lavabo ?
Des flacons. Des tubes. Des sprays. Des boîtes.
Tout ça !
Ah, ben, eh ! Si je veux être un minimum présentable
Je lui ai libéré un peu despace.
Cest tout ?
Un peu plus.
Je voudrais vous demander un truc, tiens, tant que jy suis.
Je técoute.
Ma chambre, là, je pourrai pas y faire venir quelquun des fois ?
Tas un petit copain ?
Attitré, non. Mais des fois ça arrive quil y ait un mec qui me plaise bien.
Tu feras bien comme tu voudras.
Oh, mais allez pas vous faire un film non plus, hein ! Ce sera pas le défilé. Bon, mais vous savez quoi ? Je crève denvie daller me baigner, moi. Vous venez ? On y va ?
Et elle a dévalé lescalier sans attendre ma réponse.
* *
*
Comment elle est bonne ! Un vrai délice !
Elle navait pas perdu de temps. Elle était déjà à leau.
Toute nue.
On en profite vachement mieux comme ça, vous trouvez pas ?
Jen étais, moi aussi, intimement convaincu.
Ah, vous voyez ! Eh ben allez, alors ! Virez-moi toutes vos frusques et venez me rejoindre. Quon fasse la course. Vous tenez pas trois longueurs de piscine, je suis sûre
Oui, ben cest ça, ce quon va voir.
Cest tout vu.
On sest affalés, hors dhaleine, sur deux matelas pneumatiques, côte à côte.
Comment je vous ai pelé, nempêche !
ment, tas triché.
Wouah ! Cette mauvaise foi ! Je vous parle plus puisque cest comme ça.
Et elle a fermé les yeux. Elle sest voluptueusement offerte aux caresses du soleil auquel elle a abandonné ses seins en pente douce, aux larges aréoles claires, aux pointes légèrement dressées.
Elle sest retournée. De lautre côté. La nuque. La longue descente du dos. Les deux petites fesses si gentiment rebondies.
À nouveau pile. À nouveau face. Longtemps.
Elle a fini par se redresser, par se tourner vers moi, appuyée sur un coude.
Pourquoi vous restez toujours sur le ventre ? Vous voulez vous bronzer que le dos ?
Jai haussé les épaules.
Cest comme ça. Je sais pas.
Oui, ben moi, je sais ! Cest que vous bandez comme un âne que je sois là, comme ça, à côté de vous et que vous voulez pas que je men aperçoive. Cest pas vrai peut-être ? Ah, vous voyez ! Vous répondez pas. Ça veut tout dire. Oh, mais cest normal, pour un mec, de bander, hein ! Cest le contraire qui lest pas.
Elle a chassé, dune pichenette, un insecte venu se poser sur son sein.
En même temps, je vous comprends de réagir comme ça. Parce quil y en a plein des filles de mon âge qui supportent pas lidée de faire de leffet à un homme du vôtre. Vu quelles néprouvent pas dattirance pour lui, elles voudraient quil en ait pas non plus pour elles. Ben oui, mais cest pas comme ça que ça se passe ! Une fille, à vingt ans, elle est au top du top. Elle brille de tous ses feux. Quelle le veuille ou non, elle attise le désir. Il a beau avoir quarante ans le type, ou cinquante ou soixante, elle lémeut. Elle lui chavire la tête et les sens. Cest comme ça. Faut faire avec. Moi, ça me dérange pas. Pas du tout. Même quon soit nettement plus âgé que moi. Du moment quon reste dans les clous. Quon essaie pas de passer à lacte. Parce que coucher alors là, non, non et non. Pas question ! Cest réservé aux jeunes comme moi, ça. Et cest pas négociable. Par contre, quon flashe sur moi, quel que soit lâge, jy vois pas vraiment dinconvénient. Cest même plutôt gratifiant. Carrément flatteur, oui.
Mais ?
Cest quand même plutôt souvent que ça marrive. Et des types bien de leur personne, hein ! Des messieurs. Ce quest trop, cest quand ils essaient de le cacher et quils y arrivent pas. Que cest plus fort queux. Quils arrêtent pas de te jeter des coups dil par en dessous. Tu te régales à les voir faire. Deux, il y en a eu hier. Un dans le bus. Cinquante ans. Quelque chose comme ça. Juste en face de moi il était assis. Et un autre à la poste, pendant que jattendais mon tour. Dans la file dà côté, il faisait la queue. Et aujourdhui, il y a eu vous.
Elle sest levée.
Tout de suite, dès que vous mavez vue, dès que jai passé la porte, je vous ai tapé dans lil. Je me trompe ?
Et elle sest jetée à leau.
Elle se trompait pas, non.
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