Clorinde, Ma Colocataire (4)
Maxime mavait adressé un chèque. Un gros chèque.
Non, parce que pas question que tu la nourrisses. En plus ! Ce serait la meilleure
Et on était allés, tous les deux, Clorinde et moi, faire des courses. Des monceaux de courses. Elle remplissait tant et plus les chariots.
Hou là ! Mais on va avoir des provisions pour au moins six mois.
Tant mieux ! Vous pourrez pas me foutre dehors avant comme ça
Comme si jen avais lintention !
À la caisse, on ma tapé sur lépaule.
Martial ! Mais quest-ce tu fiches là ?
Ben, et toi ?
Jhabite dans le coin.
Pareil.
Non, mais cest trop, ça ! Attends ! Donne-moi ton numéro
Faut absolument quon sorganise un truc, là. Quon se fasse une bouffe. Quelque chose.
Et comment ! Ça simpose
Il sest discrètement penché à mon oreille.
Ben, dis donc, tu te mouches pas du pied, toi !
Cest pas du tout ce que tu crois.
Que ce soit ça ou pas, en tout cas il y a un sacré petit lot, là.
Elle a attaché sa ceinture.
Vous me dites ?
Quoi donc ?
Cétait qui ce type ?
Martial.
Oui, ça, javais compris, merci. Je suis pas complètement idiote. Mais encore ?
Je lai connu au lycée, Martial. On a fait les quatre cents coups ensemble. Avant de travailler quelque temps pour la même boîte. On est ensuite restés épisodiquement en contact pour, finalement, se perdre complètement de vue.
Et vous vous êtes retrouvés. Par hasard. Cest un signe du destin, ça ! Faut que vous restiez amis.
On verra.
Il vous a dit quelque chose tout bas à un moment. Cétait pour pas que jentende ?
Tu es très perspicace.
Cétait quoi ?
Il se demandait pourquoi je traînais une fille aussi moche avec moi.
Non. Sérieux
Il te trouvait ravissante.
Je lui ai tapé dans lil, jai bien vu. Il te me jetait de ces regards en douce !
Ah, ça ta bien plu, ça, hein !
Il va venir à la maison ?
Sûrement pas, non.
Hein ! Ben, pourquoi ?
Parce que jai pas du tout envie de te jeter dans la gueule du loup.
Oh, tu parles !
Alors là, je suis bien tranquille. Tu vas lui tomber dans les bras, te tirer aussi sec avec et moi, je vais rester là, tout seul, comme un con.
Nimporte quoi ! Je coucherai jamais avec un vieux. Jamais ! Vous avez pas encore capté ça depuis le temps que je vous le répète ? Je veux juste
Tu veux juste ?
Sentir que je lui plais
Comme si vous le saviez pas !
* *
*
Le lendemain était un dimanche.
Elle sest levée tôt. Beaucoup plus tôt que dhabitude.
Ça va ce matin ?
Oh, oui, ça va, oui. Nickel.
Avec un petit sourire mutin.
Ce que je ne comprends pas
Je sais ce que vous allez dire, je sais.
Cest que, lautre nuit, tes rentrée avec un garçon et calme plat. Silence radio. Alors quhier soir
Jétais toute seule et
Un véritable tsunami. Ah, pour donner ça a donné.
Ben, oui, quest-ce que vous voulez ! On maîtrise pas toujours tout.
Leffet Martial ? Évidemment, leffet Martial. Bien sûr, leffet Martial. Tu racontes ?
Hein ? Oh, non ! Non !
Alors cest moi qui vais le faire. Dabord, tu as imaginé que tu repartais faire des courses, mais toute seule cette fois. À la caisse, il est venu déposer ses achats sur le tapis, juste derrière les tiens. Il ta reconnue. Tu las reconnu. Un bref bonjour. Il ta demandé comment jallais. « Oh, bien ! Bien ! » Et tu ne tes plus préoccupée, en apparence, que de remettre tes courses dans ton chariot, le plus vite possible, mais, en réalité, tu ne pouvais penser quà lui, quà ses regards qui se gorgeaient de toi, qui profitaient de ce que tu avais le dos tourné pour sen rassasier. Tu le savais. Tu le sentais. Quils étaient bons ses regards ! Dadmiration. Démerveillement. De désir. Tu les ignorais superbement, mais quils étaient bons ! Comment ils te troublaient ! Au-dehors, tu as mis une éternité à ranger tes achats dans le coffre pour lui laisser le temps de régler les siens, de surgir à son tour sur le parking, de sinstaller au volant de sa voiture garée là, quelque part, derrière toi, denfouir sa main dans son pantalon en te dévorant des yeux et de donner libre cours à son plaisir.
Un peu, mais pas tout à fait quand même.
Cétait pas au super marché dhier ?
Si ! Sauf que jétais beaucoup plus coquine et audacieuse que ça. Je suis montée à côté de lui dans la voiture et je lai regardé faire.
Jaurais dû men douter. Tu las touché ?
Des yeux. De tout près.
Et cest là que tes venue.
On devrait arrêter den parler. Ça me redonne trop envie.
Je vois ça, oui ! Ta petite culotte te trahit.
Hein ? Oh, là là, oui ! Et vous ?
Quoi, moi ?
Vous allez quand même pas me dire que vous êtes resté les mains sagement jointes sur la couverture alors quà côté jétais en train de brailler comme une forcenée ?
Non. De toute façon, tu ne me croirais pas.
Ah, ça, cest sûr ! Vous pensiez à quelque chose ?
À rien de précis. Tu mas pris de court. Alors jai juste laissé flotter des images.
De moi ?
Ben oui, de toi. Vu les circonstances, ça simposait, non ?
Cétait quoi ?
Toi, à la piscine. Toi, toute nue devant le lavabo de la salle de bains. Toi, affalée sur le canapé avec la culotte qui te rentrait dans la raie des fesses.
Vous mavez imaginée en train de me le faire ?
Cétait le moment ou jamais.
Quand cest que vous avez spermé ? En même temps que moi ?
Un tout petit peu après.
Et dhabitude ? Quand je vous oblige pas à vous précipiter
Vous vous en inventez des histoires ?
Toujours.
Je suis dedans ?
Très souvent.
Vous me les raconterez ?
On verra.
Ah, ben si, si ! Ce serait normal. Je suis quand même la première concernée, non ?
On verra, jte dis !
Bon, ben, en attendant, vous savez pas ? Comme cest dimanche, je vais retourner paresser un peu au lit, moi.
Elle a laissé la porte entrebâillée. Dun tout petit demi-centimètre.
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