Lucille (Suite 1)
Lucille sétait levée tôt. Elle avait convenu avec sa mère quelle viendrait chercher Audrey en tout début de matinée. Elle était persuadée que ce quelle avait intimement vécu la veille et quelle attribuait à une consommation peut-être exagérée de boisson alcoolisée aurait disparu de son cerveau comme un mauvais rêve. Il nen fut rien. Au contraire ! Tous les sentiments et toutes les sensations qui lavaient bouleversée la veille, revenaient défiler au galop dans sa tête, aussi réalistes et aussi forts que si elle les vivait vraiment à nouveau.
Sortant de la salle de bain et vêtue seulement de ses sous-vêtements, elle passait devant le lit où son mari dormait encore. Elle sarrêta pour lobserver. Il était nu. La couette recouvrait le bas de son corps. Elle le trouva plus beau encore que dhabitude. Mince, musclé, poilu sur la poitrine. Elle se retourna et alla choisir ses vêtements dans la garde-robe. Elle allait sortir sans bruit de la chambre.
La main déjà posée sur le bouton de porte, elle se ravisa. Elle fit le tour du lit et y grimpa tout doucement, sans faire aucun bruit. Elle regarda dormir son mari encore un instant. Puis, très délicatement, elle retira complètement la couette quelle laissa choir sur le sol, découvrant sa nudité intégrale.
Elle le contempla ainsi quelques temps, sans bouger. Elle sentit alors monter en elle une émotion confuse, trouble, prenante de plus en plus.
Une émotion équivoque surtout.
Observant non sans plaisir cet homme ainsi offert à ses regards, elle ne pouvait dire à qui pensait-elle vraiment ! A son mari qui était là, à ses côtés ? Ou à lAutre, inaccessible au-jourdhui, mais tout aussi terriblement présent et puissamment ancré dans son esprit depuis hier ?
Elle se pencha sur son mari et lui couvrit la poitrine de baisers, dune épaule à lautre. Plein de baisers comme elle savait les donner ! Se réveilla-t-il ? Il semblait continuer à dormir. En tout cas, il demeura yeux fermés.
Son mari devait sans doute sortir peu à peu de son sommeil, car, louchant dans cette direc-tion, elle vit sa masculinité séveiller progressivement, se gonfler imperceptiblement. Elle glis-sa la main entre les cuisses dures et musclées et commença à en caresser lintérieur. Elle re-monta doucement. Lhomme gardait toujours les yeux fermés, mais il se réveillait sans doute car il écartait les jambes
Lucille sourit
Juste devant son visage, la « chose » grandissait et durcissait maintenant à vue dil !
Cétait la première fois quelle provoquait aussi directement son mari, depuis quils se con-naissaient ! Ils faisaient pourtant régulièrement lamour, à vrai dire, presque tous les jours. Mais jusquà aujourdhui, ce fut toujours son mari qui fit les avances. Elle aimait dailleurs ses provocations et elle aimait encore plus y succomber.
Cela commençait souvent par un simulacre de lutte où il prenait facilement lavantage, mais se gardait bien den profiter. Se contentant de lutiner sa charmante petite femme jusquà ce que cette dernière, selon son humeur et ses dispositions, présente docilement des signes de plus en plus évidents de soumission.
Elle se souvenait comme si cétait hier de leurs premiers ébats qui avaient seulement comme enjeu un petit baiser. Puis, plus tard, un peu avant le mariage, comme elle avait fini, mais seu-lement après sêtre longtemps et farouchement défendue, par lui laisser la découverte exclusive de ses petits trésors. Haletante, elle lavait laissé caresser sa poitrine et cela avait duré beaucoup plus longtemps que ce quelle avait cru lui autoriser.
Cest ce soir-là quelle avait découvert la « nature masculine » Il lui avait pris la main et elle navait pu se défendre de la lui laisser porter jusque « là ». Dabord avec réticence, puis avec une conviction qui allait croissante, elle répondit à sa demande muette mais pressante. Ca-ressant seulement le vêtement pour commencer, puis après discrète action sur la tirette, elle fit la découverte de cette chair, dure et douce et vivante à la fois ! Elle consentit, en cachant de plus en plus difficilement son trouble, de satisfaire à la caresse proposée
Tout ça dans la voiture des parents de Marc, avec le danger des passants qui pouvaient les découvrir à tout moment
Elle se souvenait ensuite de son angoisse, rentrant chez elle, à la pensée que sa mère, qui sa-vait toujours tout, allait sans doute se rendre compte de quelque chose
ou deviner peut-être
avec ses joues en feu et son esprit « ailleurs » ! Sa mère était encore debout. Bien sûr ! Elle attendait toujours que Lucille rentre. Mais elle navait rien dit. Navait-elle rien remar-qué ? Des années plus tard, Lucille se le demandait encore
Marc avait donc toujours pris linitiative dans leurs joutes amoureuses et Lucille navait ja-mais été déçue de leurs ébats. Elle ne parlait jamais de sa vie intime avec qui que ce soit et ne sintéressait pas davantage à lintimité des autres. Ce qui montrait chez elle quelle était par-faitement comblée.
Ce matin, cétait très différent. Peut-être pour tenter d son naissant et brûlant se-cret, elle avait pour la première fois dans sa vie amoureuse, pris le risque de linitiative.
La virilité de son mari triomphait à quelques centimètres à peine de son propre visage. Elle fut étonnée de son état. Il était dressé, vibrant, gonflé, droit comme un arbre gonflé de sève. Elle ne lavait jamais vu comme ça ! Du moins, lui semblait-il
Inspirée par cette vision puissante, elle se prit à le caresser. Le caresser de toutes les façons auxquelles son imagination en verve la poussait.
De la bouche sensuellement entrouverte, Lucille agit avec lenteur comme pour r son partenaire autant que pour le satisfaire. Son seul geste jusque là, son mari avait posé simple-ment la main dans les cheveux de sa conquérante amoureuse et continuait de laisser faire
Elle ouvrit la bouche. Le gland était là, devant elle, rouge écarlate et humide autant dexcitation que davoir été amoureusement léché. Elle prit le bout en bouche et lintroduisit entièrement.
Elle détestait pourtant cette caresse. Elle ny prenait aucun plaisir. En tout cas, aucun plaisir physique direct. Cétait un autre besoin, beaucoup plus trouble et beaucoup plus profond, qui la guidait. Celui de sassurer du plaisir de son partenaire. En fait, elle était mue par le désir ambigu de dispenser le plaisir à deux partenaires : son mari, présent physiquement, et envers qui le devoir de tendresse lui était dun plaisir tout naturel et, ensuite, son amoureux secret, celui dhier soir, tout aussi présent, mais seulement en pensée, et pourtant à qui cette caresse, quelle ressentait comme honteusement humiliante pour elle, était vraiment destinée
Souffrant comme si elle avalait sa propre honte, elle engloutit ce prépuce qui lui paraissait énorme. Elle laccueillit presque jusque dans le fond de la gorge. Elle commença alors un sa-vant mouvement de va-et-vient.
Pour elle, cétait un supplice. Mais une force invincible lui dictait de sy soumettre. Il lui semblait que sa soumission totale à cette pratique honteuse allait lexorciser de ses désirs équi-voques.
Comme pour se punir elle-même de ce désir subversif quelle ressentait secrètement, mais sincèrement, depuis quelle aimait deux hommes en même temps, son inspiration lui dicta de soffrir encore davantage. En conservant le bout du membre de son mari en bouche, elle sagenouilla entre les jambes de son mari.
Elle savait que derrière elle les grands miroirs de la garde-robe reflétaient maintenant à son mari en vis-à-vis, les détails de son anatomie postérieure. « Son petit cul si mignon, pensa Lu-cille, excitée ! »
Elle avait encore son string et qui empêchait à peine ou pas du tout une vision vraiment très suggestive. Cétait la première fois quelle sexhibait volontairement dune manière aussi indé-cente.
Elle lorgna vers son mari et fut satisfaite de constater quil « profitait » du spectacle comme elle lavait prévu. Elle pensa quelle devait à son amant imaginaire daller encore plus loin. Elle aurait voulu sécarteler. La pire des indécences lui paraissait encore trop sage. Elle voulait exciter les hommes et se donner à eux. Totalement.
Elle descendit donc le bout de tissu, avec une lenteur diabolique, laissant apparaître avec une audace lubrique quelle navait jamais exhibée jusquà présent. Lidée même de ce spec-tacle ne lui était dailleurs jamais venue à lesprit et laurait écurée au plus haut point jusquà ce moment précis. Mais le résultat fut bien celui escompté : tout à coup, dans sa bouche le morceau de chair enfla encore et le mouvement saccéléra spontanément. Elle eut limpression quelle allait . Elle fut satisfaite de cette punition et souhaita même la voir se prolonger indéfiniment. La douleur physique de cette suffocation et la douleur morale de cet avilissement transcendait en elle le double amour qui la torturait. Et le justifiait. Elle aimait deux hommes. De tout son cur. Elle voulait les aimer aussi de tout son corps. Elle en acceptait davance toute la souffrance
Tout à coup, son partenaire se raidit dans un cri quil ne put retenir. Un liquide chaud gicla avec force dans la bouche de Lucille. Cétait la première fois quelle éprouvait cette sensation. Cétait si désagréable, quelle la considéra comme une épreuve de plus à surmonter. Yeux fer-més, elle avala.
Elle estimait que cétait le prix à payer. A payer pour quoi ? Cétait confus dans son esprit. Peut-être seulement pour les chauds baisers et les attouchements complices échangés secrète-ment la veille avec un inconnu ? Peut-être davantage pour lAmour, aussi illégitime que vi-brant, qui en avait spontanément jailli
Ouvrant les yeux, elle fut bien surprise de constater que son mari restait dans des disposi-tions amoureuses « fort inspirées ». Mais cela suffisait ! Elle se dégagea habilement des bras qui voulaient lenserrer, se sauva de la chambre en courant, emportant au passage les vêtements quelle avait préparés
« Fais dodo, mon amour, je vais chercher la petite chez maman, bisous, à tantôt
»
Par ce beau matin ensoleillé, Lucille se sentait pleine de bonheur. Le café passait et exhalait déjà sa bonne odeur. Lucille se sentait prête pour affronter toutes les difficultés du monde. Elle marchait sur des nuages.
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