Clorinde, Ma Colocataire (5)
Jai téléphoné à Martial.
Elle est restée la fourchette en lair.
Ah !
Un bon moment on a passé ensemble au téléphone.
Et alors ?
Il ma posé des tas de questions sur toi. Comme ça, mine de rien, sans avoir lair dy toucher.
Quel genre de questions ?
Qui tu étais. Doù je te connaissais. Quest-ce tu fabriquais chez moi. Et sil y avait quelque chose entre nous. Ça le préoccupe beaucoup, ça, apparemment.
Et vous avez répondu quoi ?
Que tu es étudiante, que je théberge momentanément pour rendre service à tes parents et quil ny a rien entre nous. Strictement rien. Point barre.
Il vous a pas cru, jparie !
Il a eu du mal. Il a pas lâché le morceau comme ça. Il y avait peut-être pas, mais il y aurait, non ? Une jolie petite caille comme toi, jallais quand même pas laisser passer une occasion pareille ! Si ? Ah, mais il voyait
Tavais un mec. Auquel tétais sacrément accro. Cétait ça, hein ? Il ma seulement pas laissé le temps de répondre. Ben oui, ment que cétait ça. Et sûr que, du coup, javais effectivement tout intérêt à faire profil bas. Parce quune nana, quand elle était toquée dun mec, cétait peine perdue. Valait mieux attendre patiemment son heure. Je tavais vue à poil au moins ? Non ? Même pas ? Oh, putain ! Lui, il y aurait une nana canon comme toi qui serait venue habiter chez lui, mais il aurait rien eu de plus pressé, dès le début, que de se débrouiller pour voir comment elle était fichue, si elle se rasait le minou, tout ça
Ben, tiens !
Ah, pour lui taper dans lil, tu lui as tapé dans lil, ça, on peut pas dire.
Vous lavez invité ?
Samedi prochain. Il est absolument ravi.
Elle a fait la moue.
Mouais
Non ? Ça te va pas ? Si tas peur quil te drague plein pot, je peux te rassurer tout de suite. Je le connais depuis le temps. Martial, cest le type qui parle beaucoup, qui fantasme beaucoup, qui, à lentendre, a couché avec tout le pays.
Je lai pas vu très longtemps, mais cest bien limpression que jai tout de suite eue, oui. Cest pour ça : je trouve que cest un peu prématuré samedi. Pourquoi si vite ? Il faut lui laisser le temps de la rêver cette rencontre, de lidéaliser, de ne plus penser quà ça. Il ne len appréciera que davantage. Et à moi, il faut me laisser le temps de penser à lui en train dy penser. Je vais adorer.
Je vois. Bon, ben je vais le rappeler alors. Et reporter à une date ultérieure.
Ce serait bien, oui.
Et, au final, tout le monde va y trouver son compte.
Même vous ?
Même moi, oui ! Te voir savourer, à discrètes petites lampées gourmandes, lintense satisfaction que tu vas éprouver à sentir son désir se poser sur toi, sy installer, y séjourner, ça va être, pour moi, un véritable enchantement.
Oh, vous, faudra que je vous emmène avec moi dans mes expéditions, quand jerre par les rues, pendant des heures, que jy croise, par dizaines, des regards qui senchantent de moi quelques fractions de seconde et qui memportent avec eux comme un trésor. Qui me ramènent secrètement chez eux. Avec eux.
Et dont tu vas partager, de longues semaines durant, tous les plaisirs.
* *
*
Elle ma à peine laissé le temps de refermer la porte. Elle ma quasiment sauté dessus.
Vous savez, ma copine Emma ?
Celle qui ta fait découvrir tant et tant de choses ?
Elle-même. Eh bien, à force que je lui parle de vous, elle voudrait vous connaître
Rien de plus facile.
Pas tellement, non. En ce moment, elle est au Guatemala.
Vu comme ça, effectivement
Pour son boulot. Elle est photographe.
Tu les as vues ?
Certaines, oui. Faut reconnaître quelle a du goût et quen général ils sont sacrément bien foutus, les types.
Et bien montés, jimagine.
La plupart. Bon, mais tout ça pour dire quen attendant de vous voir en chair et en os, ce quelle voudrait, cest que je lui envoie des photos de vous. Aussi précises et explicites que possible. « Je pourrai bien me le représenter, comme ça, quand tu men parleras. »
Ben, tiens !
Ça vous pose problème ?
Tu penses bien que oui.
Ce dont je me fiche complètement ! Allez, hop, à poil !
Ça presse vraiment tant que ça ?
Un peu que ça presse. On a parlé de vous tout laprès-midi.
Je vois
Vous voyez rien du tout. Bon, alors, ça y est ? Vous y êtes ?
Et, bien sûr, dans un souci déquité, elle va me rendre la pareille, ton Emma
Moffrir ses charmes à contempler.
Cest prévu. Entre autres
Entre autres ? Cest-à-dire ?
Vous verrez bien. Ce sera plus une surprise sinon
Tenez, allez vous mettre là-bas ! Dans la lumière. On va commencer par en faire en pied. Quelle ait une vue densemble. Attention, bougez plus, le petit oiseau va sortir. Super ! Tournez-vous maintenant ! Côté pile. Et là, faut pas que je me loupe. Parce que les fesses, elle adore ça. Comment elle va halluciner, les vôtres ! Non, cest vrai, elles tiennent vraiment la route. Surtout pour dire que vous avez quarante-six ans. Bien fermes. Bien musclées. On en mangerait. Bougez pas ! Restez comme ça. En gros plan, ce coup-ci. Attendez ! Attendez ! Faut quon mette la dose. On va la gâter.
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