Claire Fontaine


Claire fontaine…


À Rennes, à l’extrémité de l’allée de Cancale dans le quartier Saint-Laurent, débute l’impasse Malandrin. Non que cette voie soit mal famée, elle porte simplement le nom d’un édile rennais célèbre de la fin du XIXe siècle, mais qui n’avait hélas, pas le patronyme de l’emploi. Desservant deux petits immeubles de quatre étages, cette allée arborée se distingue par son calme et sa tranquillité. Claire aimait beaucoup la vue sur le parc Gayeulles que lui offraient la fenêtre de sa chambre et le balcon de la salle de séjour donnant du même côté. Elle était vraiment reconnaissante à sa mère, récemment divorcée, de lui avoir cédé cette pièce pour se contenter d’une chambre moins bien exposée, quoique plus grande. En quelques foulées par un sentier piétonnier au milieu des arbres de la résidence, Claire qui pratiquait régulièrement le jogging accédait à une avenue puis au parc où elle courait entre trois quarts d’heure et une heure, selon son envie et les conditions climatiques.
Un jour où elle revenait d’une de ces sorties, elle croisa sa mère sur le palier de l’appartement.
— Ah ! Te voilà, dit cette dernière. J’attendais que tu rentres pour aller faire les courses. Ne m’attends pas avant midi et demi.

Nous étions au mois d’août, il faisait beau, mais sans chaleur excessive. Claire, qui avait eu dix-huit ans début juillet, aimait bien se trouver seule chez elle, car elle pouvait se masturber tout à loisir. Ce n’était pas une fille ordinaire, il lui était difficile de se caresser dans sa chambre sans un minimum de précautions. La première fois qu’elle l’avait fait, elle avait douze ans et elle s’en souvenait encore.

C’était au petit matin, elle se réveilla soudain d’un rêve érotique intense où elle se voyait embrasser voluptueusement un garçon de sa classe qui lui glissait la main entre les cuisses. Lorsqu’elle ouvrit les yeux, elle s’aperçut que c’était sa propre main qui palpait sa vulve mouillée à travers son vêtement de nuit.

La sensation était tellement agréable qu’elle ôta son boxer de coton et continua la caresse en essayant de rattr par la pensée le songe qui lui échappait. Malgré son manque d’expérience ses doigts bougèrent si bien à l’entrée de son vagin et sur son clitoris que, très excitée, elle finit par avoir un orgasme peu commun. Elle hurla une première fois et, de crainte d’être entendue, étouffa aussitôt les cris suivants des deux mains délaissant pour cela son entrejambe en feu. Dans la foulée, elle dirigea son regard entre ses cuisses largement écartées et contempla, effarée, plusieurs jets puissants d’un liquide incolore qui jaillissaient de son sexe. Elle avait l’impression d’uriner, mais à chaque projection correspondaient une ou plusieurs contractions de plaisir. Puis la source se tarit, les spasmes se firent plus espacés et moins violents pour enfin cesser. Essoufflée, le cœur battant, vaincue par l’orgasme, elle s’abandonna sans comprendre à un sommeil bienfaisant sur son matelas trempé.

Plus tard dans la matinée :
— Je n’y crois pas ! T’as pissé dans tes draps ? dit assez fort sa mère en faisant le lit de Claire qui prenait son petit déjeuner dans la cuisine.
Le souvenir de sa masturbation du petit jour lui revint en mémoire et Claire balbutia en pleurnichant :
— Ce n’est pas ma faute, maman, je crois que j’ai rêvé… Je ne sais pas ce qui s’est passé…
— C’est vrai, je t’ai entendue crier tôt ce matin. Bon, ce n’est pas grave, tempéra-t-elle. Ça peut arriver, mais il ne faut pas que ça recommence sinon je t’emmènerai chez le docteur.

Nue, assise sur son lit, Claire souriait de cette mésaventure en frottant nonchalamment ses poils pubiens noirs et drus. La fente de sa chatte se mit à briller à la lumière, en raison de la cyprine que son vagin sécrétait et ses petites lèvres s’écartèrent d’elles-mêmes. Elle alla chercher une bassine à linge dans la buanderie et la posa au sol entre ses pieds en se rasseyant. Elle s’approcha du bord du matelas et dirigea son sexe vers la cuvette.
Ses doigts couraient maintenant le long de sa vulve qui émettait un bruit mouillé tout en caressant le clitoris une fois sur deux lorsqu’elle découvrait délicatement le capuchon. Elle glissa son autre main par-derrière sous ses fesses, ferma le poing, dressa son pouce et le fit pénétrer dans l’anus. Ses deux mains se touchaient par les phalanges. Un doigt dans le rectum, deux dans le vagin, ils allaient et venaient profondément, allaient venaient, Claire gémissait, allaient venaient… Soudain un cri. Devant, Claire ne garda plus qu’un médius tournoyant sur son bouton. Un jet puissant vint frapper le fond de la cuvette vide. La jeune femme hurlait projetant son plaisir dans la bassine à chaque plainte, puis les contractions s’arrêtèrent. Elle scruta sa paume trempée, retira le pouce toujours enserré par son sphincter, et poussa un profond soupir en s’allongeant. Une demi-heure plus tard, elle avait tout nettoyé et pris une douche.

Claire était une belle adolescente. Brune, assez grande, les yeux noisette, elle avait une poitrine, des fesses et des jambes superbes. Sa peau était sans défauts et d’une blancheur extrême. Elle se laissa tomber dans son fauteuil de rotin et contempla le plafond. Était-ce le spasme voluptueux qu’elle venait de s’offrir qui lui donnait ce vague à l’âme ? Elle se demandait bien si elle était normale, si les autres filles avaient le même problème. Jamais elle ne s’était caressée jusqu’à la jouissance sans ces projections handicapantes et inconnues. Elle ne s’était jamais décidée à se confier à sa mère — il aurait fallu lui avouer qu’elle se masturbait — ni à ses copines qui avaient déjà fait allusion à leur propre masturbation, mais sans jamais évoquer autre chose que cyprine, orgasme et sperme pour celles qui avaient couché avec des garçons. Claire était vierge, elle n’avait jamais osé… Comment cela se passerait-il pour elle ? Elle l’ignorait. Ou alors, se rassura-t-elle soudain, c’était normal. Personne n’en parlait, mais c’était normal.
Dans ce cas, elle pouvait et devait sauter le pas… Il lui faudrait trouver un petit ami, mais dans l’instant, elle ne pouvait s’empêcher de ressentir un sentiment de honte…

Le bruit que sa mère fit en rentrant la tira de sa rêverie.
— Je te rappelle que tu dois bosser ton année scolaire, fit celle-ci à la cantonade depuis la cuisine. Je sais qu’avec le départ de ton père, ça n’a pas été facile, mais c’est ta deuxième terminale, n’oublie pas, il n’y en aura pas de troisième…

*

Septembre vint, les arbres de la cour du collège tiraient déjà sur le roux. Claire ne retrouva personne de sa classe précédente parmi la vingtaine d’élèves dont elle faisait maintenant partie. Bien sûr, elle redoublait et ses anciens camarades avaient quitté le lycée pour l’université ou une grande école. Les recalés du bac comme elle avaient apparemment choisi un autre établissement ou étaient entrés selon l’expression consacrée, dans la vie active. C’était donc de nouvelles têtes qui allaient l’accompagner jusqu’à l’examen final. Elle savait bien que, passé une première quinzaine, ces inconnus le seraient un peu moins, mais au début, c’était toujours déstabilisant. Un garçon toutefois attira immédiatement son attention. Mince et musclé, les cheveux brun coupé court, il avait l’air très sportif. Claire avait appris, au moment des présentations d’usage, qu’il venait d’une autre académie et se jura bien d’être la première à lui faire visiter Rennes. Lors d’une pause entre deux cours, elle le vit seul, qui arpentait la cour du lycée. Elle se dirigea vers lui et l’aborda en souriant :
— Tu es nouveau dans la région, tu as dit ?
— Oui. Avant j’étais à Rouen, mais mon père bosse aux Impôts et il a été muté ici.
— Je m’appelle Claire et toi ?
— Maxime.
— Je suis Rennaise depuis ma naissance, si tu veux je pourrais te montrer la ville.
— Bonne idée. De plus comme je ne connais personne… acquiesça-t-il.
— Comme c’est le premier jour de rentrée, les cours finissent à quinze heures, continua Claire.
Je te propose de t’emmener à la cathédrale Saint-Pierre, ce n’est pas loin. Ensuite, on pourrait prendre un pot à une terrasse.
— D’accord pour cet après-midi, maintenant il faut que nous rentrions en classe, fit Maxime en désignant les élèves qui, groupés, réintégraient mollement le bâtiment.

Quelque temps après, Claire et Maxime étaient devenus très proches et un beau jour au lycée, entre deux cours, Maxime entraîna son amie dans les toilettes des garçons. Il verrouilla la porte et embrassa la jeune femme sur les lèvres avec fougue. Ravie de la tournure des évènements, Claire se contenta de l’endroit peu romantique et ouvrit largement la bouche pour répondre à ce baiser. Elle ne connaissait du sexe des hommes que ce qu’elle avait vu sur des sites pornographiques, mais elle y avait appris aussi comment s’en occuper. Sans cesser d’embrasser Maxime, elle défit la ceinture de son pantalon et fit glisser le slip à mi-cuisse. Le pénis était tellement raide qu’il jaillit littéralement du sous-vêtement et Claire s’en saisit délicatement. Il était chaud et ferme. Elle tâta le membre de bonne taille sur toute la longueur, s’attarda sur les testicules qu’elle manipula avec curiosité puis caressa doucement le gland émergeant de son prépuce. Claire s’accroupit pour engloutir la verge de Maxime qui ne demandait que ça. Prenant le sexe de son ami à pleine main, elle entama un lent va-et-vient tout en tétant le gland durci. Elle savait qu’il allait y avoir une éjaculation, elle l’attendait impatiemment ; puisque ses copines prétendaient avaler le sperme, elle le ferait aussi. Le moment en effet vint rapidement et tout en poussant un gémissement, Maxime cracha un liquide séminal abondant et épais dans la bouche de Claire. Après quatre ou cinq giclées, comme elle l’avait vu faire, Claire montra à Maxime la liqueur blanche qui lui recouvrait la langue puis déglutit avec bonheur. La verge débanda faiblement, une goutte de semence au bord du méat fut recueillie du bout des lèvres et Claire suça une dernière fois le gland de Maxime comme pour lui dire adieu.
Elle se releva difficilement de sa position accroupie, prit la main de son amant et la plaqua sans ambiguïté sur son mont de Vénus. Ce fut au tour de Maxime de défaire la ceinture et de baisser ensemble pantalon et culotte. Au passage, il posa quelques instants ses lèvres et la langue sur la vulve trempée de Claire. Trouvant la posture inconfortable, il se redressa et embrassa à nouveau la jeune femme qui s’abandonna. Glissant entre eux une main avide à la recherche de la toison pubienne tant convoitée, il inséra deux doigts entre les petites lèvres puis remonta légèrement pour titiller le clitoris et recommença. Il caressait doucement, trop doucement peut-être pour Claire qui se masturbait plus énergiquement habituellement. Elle lui prit le poignet et termina elle-même le travail. Elle ferma les yeux, savoura ce moment, puis reconnut les prémices de l’orgasme. Elle en oubliait sa particularité, celle qui lui faisait honte. Quand celle-ci lui revint en mémoire, Claire décida de se laisser aller pour en avoir enfin le cœur net : normale ou pas normale ? Elle saurait.
L’orgasme était là, tapi, monstrueux, puis explosa. Claire râla soudain comme une bête blessée. Au premier jet, Maxime ne s’aperçut de rien, au deuxième, sa main était trempée, au troisième le jean de Claire ressemblait à une piscine, au quatrième c’est la jambe du pantalon de Maxime qui recueillit tout, au cinquième, le jeune homme repoussa sa maîtresse violemment :
— Mais qu’est-ce que tu fais salope ? Tu pisses ? Tu m’en fous partout ! T’es dégueulasse ! T’es complètement cinglée, je ne baise pas avec ça !
Secouée par la violence de l’orgasme, Claire répondit peu après :
— Mais Maxime, supplia-t-elle. Ça m’arrive à chaque fois, je n’y peux rien, tu m’as fait énormément jouir Maxime, tu es mon premier garçon. Je veux rester avec toi, tu sais.
— Pas moi, t’es qu’une chienne.
Maxime s’échappa des toilettes abandonnant Claire en pleurs adossée au mur, pantalon et culotte sur les genoux.
Malgré la situation tendue, Claire et Maxime avaient eu la même idée devant les lavabos. Il n’était pas rare, tout au long de l’année, qu’il y ait des « combats de robinet » et qu’un bon nombre d’étudiants ressortent trempés des sanitaires. Ils s’aspergèrent chacun le pantalon sans se regarder et sortirent du local par une porte différente. Ils passèrent ainsi presque inaperçus déclenchant seulement quelques œillades réprobatrices des professeurs et les regards amusés des élèves et des surveillants.
De retour en classe, les yeux rougis de Claire attirèrent l’attention de tout le monde, mais par discrétion, personne n’émit de remarques. La journée fut longue pour elle qui s’efforçait de croiser le regard de Maxime, mais qui lui s’évertuait au contraire. Lorsque Claire fut rentrée chez elle, elle s’allongea sur son lit et se remit à pleurer.
— Anormale, je ne suis pas normale, je le savais. Pourquoi cette malédiction et pourquoi moi ?

Cette mésaventure eut vite des conséquences néfastes sur son parcours scolaire. La mère de Claire s’en aperçut et, après plusieurs remontrances sans effet, celle-ci provoqua un soir une sérieuse discussion dans la chambre même de sa fille. Désespérée, Claire se livra en totalité, ne cacha rien, ni de ses propres caresses ni de sa brève aventure avec Maxime.
— Alors, à ton avis, je suis une chienne ? Une cinglée ? Un monstre ? finit-elle en pleurant.
La pauvre femme fut abasourdie, mais n’en laissa rien paraître. Elle prit Claire dans les bras et lui murmura :
— Rien de tout ça ma fille, j’en suis sûre. Nous allons en parler à mon gynéco.

*

Claire et sa mère étaient assises dans la salle d’attente sans dire un mot. Claire avait le trac ; c’était pour elle la première fois qu’elle allait montrer, croyait-elle, son intimité d’aussi près à un étranger. Même s’il en voyait défiler des dizaines par semaine, cela la gênait au plus haut point. Enfin, les deux femmes furent appelées et, à peine installées devant le bureau du médecin, la mère parla :
— Nous sommes ici pour ma fille, commença-t-elle en désignant Claire qui baissait les yeux.
Elle exposa la situation et Claire rougissait à certains passages. Le gynécologue écoutait, apparemment inexpressif, et quand la mère eut fini il prit la parole.
— Tout d’abord Mademoiselle, je vous rassure tout de suite, puisque vous êtes vierge je ne vous examinerai pas aujourd’hui. Revenez me voir seule quand vous ne le serez plus. En revanche, en ce qui concerne votre problème, sachez que vous n’êtes pas unique dans ce cas et que ce phénomène est connu depuis l’Antiquité. On utilise souvent le terme de « femmes fontaine ».
Claire leva vers le médecin des yeux pleins d’espoir. Elle n’était ni maudite, ni anormale, ni seule…
— Certaines femmes lors de l’orgasme, continua le praticien, sécrètent via les glandes de Skène et l’urètre un liquide incolore. De quelques millilitres pour la plupart, mais pouvant aller jusqu’au quart de litre pour d’autres. Ces projections sont en général source d’un plaisir intense et on parle alors d’éjaculation féminine. Ce liquide ne doit pas être confondu avec la cyprine, sécrétion vaginale émise par les glandes de Bartholin, qui ne sert que de lubrifiant afin de faciliter la pénétration du membre masculin.
— Mais ça veut dire que je ne suis pas anormale ! se réjouit Claire en souriant et en regardant sa mère et le médecin alternativement.
— Grands dieux ! Non, vous n’êtes pas anormale, reprit le gynécologue, mais pour vos futurs partenaires sexuels ils peuvent aimer ou détester. C’est pourquoi je vous conseille, lors d’un premier rapport, de toujours prévenir l’autre personne.
— Mais si ce phénomène est connu, interrompit la mère, il doit bien exister un traitement ?
— Hélas non, Madame. C’est une particularité avec laquelle il faut vivre. Toutefois, je ne vous apprendrai rien en vous disant que l’orgasme féminin a souvent une part de mystère pour l’homme. Aussi, une éjaculation féminine importante le rassure sur le plaisir qu’il procure, car il fait malgré lui le parallèle avec sa propre éjaculation.
Puis s’adressant à Claire en se levant :
— Quant à vous, Mademoiselle, si votre première expérience avec un garçon a été négative, vous trouverez sans doute plus tard un homme que ça ne dérangera pas, je peux vous l’assurer.
Le sourire revint aux lèvres des deux femmes puis, la conversation terminée, elles prirent congé.

*

Passé cet entretien bénéfique, les résultats scolaires de Claire remontèrent notablement. Elle avait retrouvé le goût de vivre et ne regardait même plus Maxime qui d’ailleurs s’était trouvé une autre petite amie.

Les travaux pratiques de chimie rassemblaient deux classes et chaque poste était occupé par deux personnes. Bien sûr, les élèves avaient formé les paires depuis le début de l’année, mais cette fois-ci, la coéquipière de Claire était absente. Une jeune femme de l’autre classe était dans le même cas, aussi le professeur les regroupa. Elle s’appelait Manon et quand elle dévisagea sa nouvelle collègue, cette dernière comprit tout de suite qu’elle lui plaisait énormément. Claire était troublée, elle s’attendait bien à attirer l’œil d’un garçon un jour ou l’autre, mais pas celui d’une fille. Elle fit celle qui ne voyait rien jusqu’au jour où, dans la cour du lycée, Manon l’invita chez elle un samedi après-midi. Claire accepta, mais fut surprise le jour venu d’être seule avec son amie.
— Mes parents sont partis en week-end, j’ai prétexté des devoirs importants pour lundi pour ne pas aller avec eux, expliqua Manon. Tu viens dans ma chambre ? continua-t-elle.

Claire avait bien remarqué une lueur lubrique dans les yeux de Manon. Ce n’était pas pour lui déplaire, c’était une belle fille de type nordique, blonde, les yeux bleus et la peau blanche. Ses mains étaient douces et ses caresses également. Dans la pièce aux rideaux tirés sommairement, Manon passa sa main sous le pull de Claire, puis sous son soutien-gorge et lui pétrit la poitrine en fermant les yeux. Claire n’y tenant plus enleva son pull, défit son soutien-gorge et embrassa Manon avec vigueur. Elle sentit sa culotte se mouiller et, tandis que son amie se déshabillait, elle ôta ce qu’il lui restait d’habits.
Nues toutes les deux, elles s’allongèrent sur le lit tête-bêche et chacune comme par instinct, plongea la langue dans le jeune sexe de sa partenaire. Si Claire arborait une toison pubienne brune et bien fournie, Manon n’avait que de rares poils si blonds qu’ils en étaient presque incolores. La vulve de Manon sentait bon, sa cyprine, qui inondait la bouche et les joues de Claire, avait un goût sucré. Celle-ci savourait l’instant puis soudain se souvint…
Elle stoppa tout et se redressa au grand désappointement de Manon.
— Je ne peux pas ! dit-elle soudainement. Je ne peux pas…
— Que se passe-t-il ? fit Manon interloquée. C’est la première fois ?
Claire repensa à ce que lui avait dit le gynécologue. Prévenir son partenaire oui, prévenir… Elle se lança :
— Avec une fille oui, c’est la première fois, mais je suis vierge et je suis différente des autres filles.
Manon la regardait sans comprendre et Claire lui raconta sa particularité, sa souffrance. Quand ce fut terminé, Manon posa la main sur la cuisse de Claire et dit en souriant :
— J’avais entendu parler de « femmes fontaine », mais je n’en avais encore jamais rencontré. Ne t’inquiète pas, j’ai tout ce qu’il faut.
Elle se leva, fouilla dans une armoire et en sortit une alèse qu’elle déplia. Puis elle s’approcha de son bureau sur lequel trônait un ordinateur, déplaça discrètement l’écran qu’elle éteignit après un clic de souris. Elle rejoignit son amie qui, soulagée, les yeux fermés, attendait nue sur le lit. Manon installa le protège-matelas sous les fesses de Claire dont elle écarta et fit plier les jambes. Celle-ci offrait ainsi son sexe résigné et détrempé. Manon, à genou devant elle, enfonça sa langue tendue entre les petites lèvres et se mit à lécher l’intérieur immédiat du vagin puis remonta soudainement sur le clitoris qu’elle excita doucement pendant cinq secondes. Elle replongea ensuite dans les douces chairs de la jeune femme pour revenir caresser le petit bouton. Après quelques minutes, Claire prit la tête de Manon entre ses mains et souffla les yeux toujours fermés :
— Je vais jouir, Manon… Je vais jouir !
Manon, prévenue, se retira, s’étendit sur le côté de Claire et de la main finit le travail entamé avec la bouche. Claire laissa venir l’orgasme sans crainte, sans honte, avec toute la fougue de ses dix-huit ans. Elle hurla soudain en se cabrant sur le lit. Elle éjacula de sa vulve six jets incolores qui lui provoquèrent un spasme comme elle n’en avait jamais connu. L’alèse fut trempée, les fesses de Claire baignant dans une flaque creusée dans le matelas par son propre poids, puis ce fut la fin.
Après une minute de pause et non sans difficultés, les deux jeunes femmes transvasèrent le contenu du protège-matelas dans une cuvette et la vidèrent dans le lavabo. Quand ce fut terminé, Manon reprit Claire dans ses bras et l’embrassa avidement. Elle s’allongea sur le tapis de bain, écarta les jambes et encouragea Claire :
— Lèche-moi maintenant, ordonna-t-elle. Je sens que je vais partir rapidement.
Claire se mit à genou et fut ravie de sucer les grandes et petites lèvres de son amie. Elle s’enhardit à lui plonger le pouce dans l’anus bien profondément comme elle faisait pour elle-même. Cette caresse n’était pas passée inaperçue si l’on en juge par le soupir que Manon émit. L’orgasme n’était pas loin et vint subitement. La jeune femme enserra soudain la tête de Claire entre ses cuisses, alors que chaque contraction vaginale lui expulsait un peu de cyprine dans la bouche. Les fesses de Manon étaient tellement contractées que Claire ne pouvait pas retirer sa main. Enfin, Manon se relâcha, libérant le doigt et le visage de son amie.
— C’était magnifique Claire, magnifique, avoua Manon, ses grands yeux bleus dans le vague.
— Tu sais, j’ai joui intensément aussi. Toute seule ou avec Maxime, ça n’a jamais été aussi fort.
Les deux filles sortirent de la salle de bains, reprirent possession du lit, se coulèrent dans les bras l’une de l’autre, se caressèrent, s’embrassèrent et finirent par refaire l’amour avec les précautions d’usage pour Claire.
Ce fut vers vingt-deux heures, après avoir joui chacune cinq ou six fois, que Claire se décida de rentrer chez elle. Sa mère l’accueillit froidement :
— Tu en as mis du temps pour un T.P. de chimie !
— Oui, c’était long et on n’y comprenait pas grand-chose. Mais rassure-toi maman, j’étais bien avec une copine, ajouta-t-elle en souriant.
— Bon, alors c’est bien. Va prendre une douche puis va te coucher. Tu as l’air crevé.

*

Le dimanche, Claire n’entendit pas parler de Manon et n’osa pas lui téléphoner. Elle se dit que peu importait puisqu’elle la reverrait le lendemain.
Quand, toute guillerette, elle arriva dans la cour du lycée le lundi matin, des doigts la désignèrent de loin, des conversations s’arrêtèrent, des rires fusèrent, des dizaines de paires d’yeux se tournèrent vers elle. Un serrement d’estomac s’empara soudain de Claire qui se mit à avancer comme une somnambule sans comprendre. Un garçon qu’elle ne connaissait pas s’approcha d’elle une tablette tactile à la main et la tendit à la jeune femme en riant.
— Je ne savais pas qu’il fallait emporter un parapluie quand on sort avec toi ! dit-il haut et fort.
Il appuya sur une touche de l’écran et médusée, Claire revit une grande partie de sa relation intime de samedi avec Manon dont le visage avait été, quant à lui, soigneusement flouté. Quand elle comprit que Manon l’avait piégée, elle hurla de détresse, jeta la tablette aux pieds du garçon hilare et s’enfuit du lycée en pleurs sous les rires amusés de tous les élèves de sa classe et de Manon, dissimulée derrière un arbre.
Claire courut à en perdre haleine, parcourant les rues au hasard et parvint à l’avenue François Château qu’elle traversa sans même se méfier des voitures heureusement rares. Elle dévala l’escalier menant au quai, abandonna son sac à dos et sans une hésitation sauta dans la Vilaine. Le bruit de sa chute dans l’eau attira l’attention d’un pêcheur qui donna immédiatement l’alerte. Un homme, dans une barque à moteur non loin de là, repêcha la jeune désespérée qui fut transportée, inconsciente, à l’hôpital le plus proche. Les pompiers, qui avaient récupéré son sac à dos, prévinrent la mère de Claire qui, affolée, lâcha son travail instantanément pour se rendre au chevet de sa fille. Celle-ci, dans sa chambre d’hôpital, avait repris conscience, mais était sous sédatif.
L’interne de service s’interposa :
— Votre fille est hors de danger, Madame, mais elle a voulu mettre fin à ses jours.
— Fin à ses jours… ? Je ne comprends pas… comprends pas.
— Nous la gardons vingt-quatre heures en observation, venez la chercher demain vers dix-sept heures. Vous pourrez rentrer avec elle et tenter d’en savoir plus, conclut-il en la raccompagnant.

*

Trois semaines plus tard :
— Ça y est ! J’ai ma mutation à Nantes, lança, joyeuse, la mère de Claire en entrant dans sa chambre.
Claire avait été arrêtée deux mois par le médecin. Ce dernier avait recommandé à sa mère de quitter la ville après avoir effectué les démarches nécessaires auprès des autorités pour effacer toute trace de la vidéo scandaleuse et porté plainte contre Manon. La société où travaillait la mère de Claire disposait d’une unité de production à Nantes et le déplacement en avait été grandement facilité. Amaigrie, les yeux enfoncés au fond des orbites, Claire répondit, résignée :
— Ça ne va pas arranger mon problème de fond, mais au moins je verrai du nouveau.

Claire débarqua au second trimestre dans un lycée et une classe inconnus. Les élèves l’accueillirent avec curiosité ravis d’une nouvelle recrue et Claire se sentit ragaillardie. De tout le restant de l’année, elle ne toléra aucune avance des garçons de sa classe. Elle passa pour une fille sérieuse et « bosseuse » et finalement on l’accepta comme telle.
Dans l’intimité, elle avait même cessé toute masturbation, elle ne voulait plus entendre parler de « femmes fontaine », d’orgasme ou de quoi que ce fût. Elle avait relégué le sexe au dernier rang de ses préoccupations.
Mi-juillet, ses efforts portèrent leurs fruits, Claire obtint son bac mention « bien ».

*

Fin septembre à Nantes. Cupidon vous envoie sa flèche quand vous vous y attendez le moins, c’est bien connu et Claire, du haut de ses dix-neuf ans, n’échappa pas à cette règle. Il s’appelait Thomas et était en troisième année de médecine alors qu’elle entamait seulement la première. Grand, brun, portant une barbe courte, il avait un semblant d’accent du Midi hérité sans doute de son père natif de Marseille. Ils se sont rencontrés dans un amphithéâtre et sont vite devenus inséparables. Claire vivait cette relation toute platonique avec allégresse évitant de penser à l’avenir.
Vers Noël pourtant, Thomas proposa à Claire un week-end prolongé dans un chalet en montagne, propriété de ses parents, rien que tous les deux. Lorsqu’il lui suggéra cette sortie, elle se mit à pleurer.
— Je ne peux pas, Thomas, je ne peux pas…
— Mais pourquoi ? Je t’aime et je croyais que tu m’aimais. Je vois que je me suis trompé…
— Non, je t’aime aussi Thomas, affirma-t-elle en lui prenant la main, mais…
— Mais quoi ?
— Promets-moi de ne pas me jeter comme un kleenex quand je t’aurai dit.
Intrigué, Thomas répondit sincèrement :
— Quel que soit ton secret, Claire, jamais je ne t’abandonnerai.
Claire sécha ses yeux et son nez.
— Alors, écoute et ne m’interromps pas s’il te plait, dit-elle le regard rivé au sol.

*

La nuit était noire quand la voiture qui emportait Claire et Thomas dans les montagnes stoppa devant un chalet de bois isolé au milieu d’une prairie. La Lune n’était pas de la partie, mais la vue sur la Voie lactée était magnifique.
— C’est ici ? demanda naïvement Claire.
— La route s’arrête là, alors oui c’est ici, répondit Thomas en riant.
Les deux jeunes gens grimpèrent un escalier et Thomas déverrouilla la porte d’entrée. Le temps de remettre en marche le compteur électrique et d’allumer un feu dans la cheminée, et le fromage à raclette grésillait déjà à côté d’une bouteille d’Apremont. À la fin du repas, après un verre de genièvre, Thomas tendit la main à Claire et lui dit amoureusement.
— Viens maintenant ! Viens, j’ai trop hâte.
Claire, le cœur battant, se laissa conduire dans la chambre qui sentait bon la résine du bois de pin, mais aussi la fumée. Thomas sortit une alèse étanche de sa valise et en recouvrit le matelas. Il s’approcha de son amie et très doucement la déshabilla et l’étendit sur le dos. Il l’embrassa voluptueusement, s’attarda sur la pointe de ses seins, son ventre, sa toison pubienne et enfin plongea sa langue raidie le plus loin possible au milieu des petites lèvres de la vulve de Claire. Elle gémit en lui caressant la tête. Thomas lui suréleva les cuisses à l’aide de ses épaules, fit glisser sa langue jusqu’à l’anus qu’il lécha un long moment, remonta l’enfoncer dans le vagin brûlant, titilla le clitoris et refit le chemin en sens inverse. Claire, qui se consumait d’amour, n’était plus qu’un sexe, tout son être n’était qu’une immense zone érogène. Il lui semblait qu’elle aurait pu jouir s’il lui avait simplement effleuré le nez. Puis, ce fut l’apothéose.
— Chéri, je n’en peux plus d’attendre. Finis, je t’en prie, finis-moi !
Thomas ouvrit grand la bouche sur la vulve de Claire tout en asticotant le bouton rose. Il entendit le cri de Claire en même temps qu’il reçut dans la gorge le premier jet de sa partenaire. La deuxième giclée lui déborda des lèvres, il se retira légèrement, ferma les yeux et soumit son visage à cette douche féerique qui paraissait ne pas vouloir s’arrêter. Claire était épuisée, son orgasme avait été extrêmement violent. Elle tira son amant vers elle et se jeta sur lui pour l’embrasser et le lécher de toutes parts.
— Tu es trempé, mon pauvre chéri…
— C’était merveilleux Claire, encore plus que dans mes fantasmes les plus fous.
Claire rit, pleura et rit à nouveau.
— À toi maintenant !
Elle se retourna à quatre pattes, offrit ses fesses à Thomas et, quand elle sentit son sexe dur s’approcher derrière elle, elle le guida vers l’orifice le plus étroit. D’abord étonné, Thomas appuya son gland sur le sphincter qui, lubrifié par toutes les sécrétions, s’ouvrit largement sous la poussée. En quelques minutes de va-et-vient, Thomas était à point. Il enfonça jusqu’à la garde son pénis dans le rectum de la jeune femme qui poussa un faible cri et éjacula une quantité impressionnante de sperme en une dizaine de spasmes. Lorsqu’il ressortit sa verge, son liquide séminal sortit de l’anus et coula sur l’alèse au milieu des fluides corporels de Claire.
Ils s’écroulèrent tous deux sur le lit, puis après un moment :
— Jamais je n’ai été aussi heureux, avoua Thomas.
— J’allais dire la même chose, répliqua Claire en prenant son amant dans les bras.

Thomas et sa jeune amie se firent jouir mutuellement avec la main ou bien la bouche le restant de la nuit. Claire perdit sa véritable virginité un peu avant l’aube, à l’heure où les oiseaux commencent à chanter et où les cloches trahissent les vaches paissant au milieu de l’herbe humide de rosée.

Avant de s’endormir paisiblement, Claire sourit aux anges et ne put s’empêcher de parodier un proverbe en songeant :

« Au moins, Thomas ne pourra jamais dire “Claire Fontaine” je ne boirai pas de ton eau ! »

*

Comments:

No comments!

Please sign up or log in to post a comment!