L'Amant - Dans La Tête De Kowalski 2/2
- Bonsoir Daphné, ou plutôt devrais-je dire Angélique
Oui, nous sommes déjà le soir, vous êtes restée inconsciente un bon moment. Enfin, je dirais même que la nuit est bien avancée. Nous sommes presque le matin dailleurs
Les yeux dAngélique shabituaient progressivement à la forte lumière. Elle était bien nue, allongée sur ce lit contre le mur. Kowalski sapprochait delle. Il sassit sur le bord du matelas, à distance delle, presque timidement. Il la regarda un moment :
- Ah oui, je vous ai e un petit peu aussi, afin que vous ne repreniez pas conscience tout de suite, après le coup que jai porté sur votre crâne. Je suis dailleurs assez fier de moi. Jai frappé juste et suffisamment fort pour vous rendre inconsciente, mais pas assez pour abimer votre jolie tête. Vous en portez à peine les marques. Ça aurait été vraiment dommage. Jai pu épargner votre visage si gracieux. Je vous prie de mexcuser pour ces désagréments, Angélique, le coup à la tête, la drogue. Elle est inoffensive, ne craignez rien. Ses effets vont disparaitre progressivement. Mais vous devez avoir très soif ?
Kowalski approcha une bouteille de la bouche dAngélique.
- Levez la tête. Buvez
Angélique tourna la tête sur le côté. Peut-être était-ce une nouvelle drogue.
- Nayez crainte, cest juste de leau. Je nai pas envie de vous droguer à nouveau. Buvez
Voilà
Doucement, ne vous étranglez pas
Elle avait soif, tellement soif. Leau fraiche qui coulait dans sa gorge lui fit un bien fou. Elle avait la bouche si pâteuse. Surement un effet secondaire de la drogue
Une fois quelle eut ingurgité une longue gorgée, Kowalski écarta la bouteille :
- Voilà, pas trop dun coup, je vous en redonnerai tout à lheure.
- Quest-ce que vous mavez fait ? Quest-ce que vous allez faire de moi ?
- Prenons les choses dans lordre. Quest-ce que je vous ai fait ? Rien, rassurez-vous.
- Vous êtes un malade Kowalski.
- Tout de suite les grands mots. Je ne suis pas tout à fait dans la norme, cest sûr. De là à me traiter de malade
- Vous nallez pas vous en tirer comme ça. Mes collègues
- Vos collègues ? Ils ont été semés. Ils ne nous retrouverons pas ici. Désolé de vous décevoir. Nous sommes au milieu de nulle part, loin de tout. Oubliez ça Angélique.
- Salaud
- Allons allons Angélique, pas dinsultes entre nous, tout à lheure malade, puis maintenant salaud
. On ne va pas y arriver. Vous allez minterrompre sans arrêt ? Je vais vous bâillonner. Excusez-moi encore, mais jai tellement de choses à vous dire. Ce nest pas trop serré ?
- Hmmmpffff
- Cest mieux comme ça ! Quest-ce que vous avez cru ? Me tendre un piège. Cest moi qui vous ai manipulée depuis le début. Je savais pertinemment qui vous étiez avant de venir à votre rendez-vous bidon. Jai aussi très vite repéré vos amis sur la terrasse. Vous êtes tellement prévisibles vous les forces de lordre. Je savais donc sur qui tirer avant de vous assommer.
Javais repérer les deux guignols à lautre bout de la place. Ceux dans la voiture garée dans la rue dà côté aussi. Le truc cest quils étaient dans le mauvais sens de circulation par rapport à mon sens darrivée. Le temps quils fassent demi-tour quand jai démarré, jétais déjà loin. Jai pris à chaque carrefour une direction différente, jai grillé quelques feux, et dans le dédale des petites rues du centre de Colmar, ils mont définitivement perdu en moins de deux minutes.
Ce qui mavait échappé, par contre, cest votre collègue en moto qui a essayé de nous prendre en filature. Je lai vite repéré et je me suis occupé de lui dans une rue étroite, en freinant brusquement, puis en effectuant une marche arrière à pleine vitesse. Je lai percuté et je lai vu partir en lair. Un joli vol plané. Jespère que je lai bien abimé. Plus personne derrière moi, jétais tranquille. Mais surement que votre collègue motorisé à été en contact radio avec les autres, je navais plus quà brouiller les dernières pistes et vous amener dans mon antre.
Ils ne viendront pas nous chercher ici. Nous sommes au cur de la forêt vosgienne, il ny a personne.
Lieutenant Angélique Quercy de la Section de Recherche de Colmar, cest bien ça ? Vous avez vraiment cru que jallais tomber dans votre piège grossier Angélique ?
Vous nêtes pas sans savoir que je mintéresse toujours aux enquêteurs qui me traquent. Je leur écris pour revendiquer mes actes. Je leur donne des indices, je les mets sur des pistes vraies ou fausses. Vous navez pas fait exception à la règle Angélique. Je me suis renseignée sur cette jeune lieutenante de Gendarmerie qui a de manière magistrale, démonté lhistoire de cet idiot de Dalmasso. Pauvre Dalmasso, marié à une nymphomane et aujourdhui accusé de son . par procuration, mais tout de même.
Jai été intriguée par votre ténacité. En plus vous me tendez un piège qui aurait pu marcher. Ce qui vous a trahi ? Cest la photo bien sûr ! Quand je lai vue et que je vous ai reconnu, ça ma excité. Jai voulu jouer le jeu jusquau bout. Vous pensiez être la chatte, en fait, vous étiez la souris.
Savez-vous Angélique, que jai eu des dizaines denquêteurs à mes trousses et vous êtes celle qui aura été la plus proche de mattr. La seule, même. Je ne parle pas des policiers de Colmar qui ont eu de la chance seulement. Dailleurs, ils nont pas été capables de me garder ! Vous êtes tellement perspicace, quil ma été inutile de vous contacter pour vous refiler des indices, comme avec les autres guignols.
Bon par contre votre piège, cest raté, Angélique. Vous ne sortirez pas dici, mais je vous en félicite. Bravo ! Ça prouve votre abnégation. Et votre intelligence aussi ! Il en faut de lintelligence pour faire presque jeu égal avec moi. Je dis presque, parce que finalement, vous vous retrouvez ici, nue attachée et bâillonnée. Il vous a manqué peu de choses. Votre seule erreur, menvoyez cette photo de votre visage. Me sous-estimer en quelque sorte.
Vous mintéressez Angélique. Vraiment ! Vous êtes une énigme
Vous navez rien à voir avec Daphné, qui elle, nétait quune petite pute infidèle. Une pute de classe certes, mais une pute quand même. Daphné, Je laurais massacrée avec joie, après lavoir sautée bien sûr, comme les autres putes avant.
Non, vous Angélique, vous me troublez. Vous êtes si
angélique ! Est-ce que je vais vous violer, vous r un peu ? Jai bien violé la greffière du tribunal, alors quelle navait rien fait ! Elle était juste au mauvais endroit au mauvais moment.
Vous Angélique, vous êtes venue délibérément vers moi. Peut-être que Daphné est une partie de vous finalement Angélique ? Votre côté sombre ? Votre côté vicieux ? Y-a-t il dun côté langélique Angélique, et Daphné la petite pute de lautre ? Est-ce que se sont deux facettes dune même personne ?
Quest-ce que je vais faire de vous Angélique ? Il faut que je me décide.
Vous êtes vicieuse Angélique ? Vous nêtes pas mariée, je le sais, mais avez-vous déjà été infidèle Angélique ?
Mais, suis-je bête !! Vous êtes bâillonnée, vous ne pouvez pas me répondre !!
Mon intention nest pas de soliloquer devant vous. Je veux un vrai dialogue avec vous. Je retire ce bâillon. Attendez
Promettez moi seulement de cesser vos insultes. Voilà, Cest mieux :
- Ecoutez Paul
- Ah ! Jai le droit enfin à Paul, plutôt quun méprisant Kowalski. Nous avançons !
Le syndrome de Stockholm vous guette Angélique.
Jai massacré ces femmes, uniquement parce quelles étaient infidèle. Cest exagéré me direz-vous ? Certes, je ne vais pas le nier. La punition est sévère. Après, ce ne sont pas des femmes qui ont cédé sur un coup de tête, dans laveuglement dun moment qui les dépassait. Même, si je condamne, je pourrais comprendre ces femmes-là. Pardonnez, peut être aussi, même si on doit toujours être maitre de ses émotions.
Non, jai recruté mes victimes seulement sur des sites de rencontre. Ces femmes, Jessica Dalmasso en tête, avaient tout programmé. Le mensonge et le vice étaient ancrés en elles. Des putes
Un peu comme Maman ! Mais je mégare
A ce sujet, encore un bon point pour vous Angélique. Vous êtes la seule de tous les flics qui ont essayé de marrêter, à repérer cette histoire de site de rencontre. Les autres en ont été incapables. Vous êtes la meilleure Angélique ! Je vous le dis.
Quel dommage de devoir vous . La seule qui aura pu rivaliser avec moi. Mais je nai pas le choix. Je le regrette bien sûr, mais je sais aussi que je ne pourrai pas vous faire basculer de mon côté. Dommage Angélique. Dommage ! Vraiment
La courbe de votre mollet est quasiment parfaite
La main de Kowalski sest posée sur la jambe dAngélique :
- Ne me touchez pas
cria à moitié Angélique en se débattant.
Ses liens étaient trop serrés
- Nayez crainte, je ne vais toujours pas vous violez. Par contre, cessez de vous débattre et de crier. Sinon, je vais devoir à nouveau vous bâillonner. Votre mollet est juste musclé
Ce quil faut pour quil ne perde pas sa féminité.
Parfois, les femmes ont de jolis mollets, de jolies cuisses, mais ont des genoux disgracieux qui gâchent tout. Ce nest pas votre cas. Vos jambes sont quasiment un chef-duvre. Je garderai le souvenir longtemps.
La main de Kowalski se posa sur le ventre dAngélique.
- Ne me
- Une fois de plus, je ne vais pas vous violer. Je veux juste toucher vos courbes parfaites, mais vous frissonnez ! Cest ma main froide qui vous fait cet effet ? Ou bien est-ce que cest autre chose ?
- Cest déjà un viol de me
- De vous quoi ? Que savez-vous du viol Angélique ? dit Kowalski en retirant sa main.
Mais ma question était « Avez-vous déjà été infidèle ? » Non, je le vois dans vos yeux. Je vous crois Angélique. Vous voyez, je vous crois
Vous navez jamais été infidèle. Pourquoi devrais-je vous violer ? Dailleurs, je nai même pas violé les autres. Je les ai bien baisées, mais cétait ce quelles voulaient en fait, se faire baiser. Les putes, on les baise. Bon moi, je les ai tuées en plus. Elles le méritaient, non ?
Vous, je ne vais ni vous violer, ni vous baiser. Je vois votre sincérité. Je lis dans les femmes comme dans des livres ouverts. Elles ne peuvent rien me cacher et vous ne faites pas exception à la règle. Vous nêtes pas une pute, vous Angélique. Enfin, si un peu, juste la part de vous qui sappelle Daphné. Mais pas assez pour mourir à cause de ça. On a tous une face cachée, même moi. Savez-vous que je ne suis pas quun monstre Angélique ? Eh oui, il y en moi une part de bonté. Ma face cachée aussi.
Par contre, à supposer que je ne vous viole pas, vous nêtes pas sans vous douter que je ne vais pas vous laisser en vie ! Si ?
- Pourquoi ?
- Pourquoi ? A votre avis Angélique
Cest dommage, croyez-moi, je le regrette vraiment, mais je vais devoir en arriver là.
Je vais vous lavouer Angélique, vous mavez touché ! Eh oui, droit au cur. Le coup de foudre ! Vous croyez au coup de foudre ? Moi non, jusquà aujourdhui. Oh, ça na pas été immédiat. Quand je vous ai vue hier déguisée en pute Daphné, je nai rien ressenti pour vous. Cest seulement cette nuit, quand je vous ai débarrassée des oripeaux de Daphné, quand vous étiez nue devant moi, que jai eu ce coup de foudre. Je vous aime Angélique. Malheureusement, notre amour est impossible, comme on dit dans les romans de gare.
- Je ne vous aime pas, vous me dégoutez même
- Vous ne maimerez jamais, je le sais, je ne peux pas vous forcer à ça. Je dois donc, à regret je précise, me débarrasser de vous. Mais de là à vous violer ! Jen suis bien incapable ! Jaurais violé Daphné sans souci. Angélique, je ne peux pas.
- Vous disiez que jétais une adversaire à votre taille ! Je suis sure que ça vous plais, libérez moi. Nous remettons les compteurs à zéro. Je reprends la traque et
- Vous voulez flatter mon égo Angélique ! Ça ne marche pas
- Pourquoi ? Je vous fais peur Kowalski ?
- Vous avez déjà oublié le Paul ? Déjà ? Je croyais pourtant que nous avions mis en place, comme une certaine
proximité, vous et moi
une complicité même. Appelez-moi Paul, sil vous plaît, nous sommes suffisamment intimes maintenant. Dailleurs, vous ne pouvez rien me cacher. Comment pourriez-vous me cacher quelque chose, allongée complètement nue devant moi. Allongée nue, mais pas alanguie, cest bien ça mon malheur
Peur de vous, vous disiez ? Je nai peur de rien, sachez-le. , javais peur de Maman. Mais cest terminé tout ça. Jai un peu peur de ce que je suis devenu aussi, bien sûr. Mais je vous avoue que je la maitrise parfaitement cette peur-là.
Je vais vous libérez Angélique, nous avons encore tellement de choses à nous dire. Jai aussi des choses à vous montrer. Non, ne vous réjouissez pas, par libérer, je voulais juste dire vous détacher. Je ne vais pas vous laisser partir. Ça, je ne peux pas.
Je reviens, attendez moi patiemment.
Kowalski a quitté la pièce. Il revint aussitôt après avec des vêtements sur le bras.
- Jai préparé cette tenue. Une jolie robe que je me suis procuré spécialement pour vous. Vous voir nue est un délice. Me régaler de la vue de votre silhouette, de vos formes, de votre délicieuse toison blonde, va me manquer, mais cette robe devrait encore vous magnifier, si cest possible.
Kowalski lui détacha les chevilles en prenant garde de rester à distance dAngélique, de lautre côté des barreaux du lit :
- Un coup de pied est tellement vite arrivé. Ne tentez rien Angélique. Vous nêtes pas de taille à vous mesurer à moi physiquement. Certes, vous êtes consciente, mais les effets du somnifère opèrent encore sur votre corps. Je vous maitriserai sans difficulté. Evitons la violence, vous et moi. Je ne veux pas vous abimer Angélique. Par contre, si vous my obligez, je nhésiterai pas une seconde. Cela provoquera en moi un grand désarroi évidement, mais je le ferai.
Il lui détacha les poignets également, puis dit en sécartant du lit :
- Levez-vous Angélique, doucement, ne perdez pas léquilibre. Laissez le sang affluer à nouveau dans vos mains et vos pieds. Une fois de plus, je vous prie de mexcuser, jai dû serrer un peu les liens.
Vous voyez, vous titubez. Vous ne seriez pas de taille à me résister. Voilà, doucement, ça va revenir Angélique.
Passez cette robe.
Il lui tendit une robe noire, magnifique en effet. Surement une robe de créateur, voire de grand couturier. La mousseline de soie était douce au touché. Cétait une robe longue qui lui arrivait aux chevilles, fendue sur le devant découvrant ainsi la moitié de sa cuisse. Elle remonta les fines bretelles sur ses épaules et les ajusta :
- Elle vous va à ravir Angélique, vous êtes merveilleuse. Tenez, mettez ces chaussures aussi. Cest celles que portait la pute Daphné en arrivant ici. Cest tout ce qui méritait dêtre sauvé de sa tenue. Vous nétiez pas du tout compatible avec ce rôle Angélique. Vous êtes bien au-dessus de tout ça. Même si une petite part de vous est bien la pute Daphné. Mais personne nest parfait ! Hein ? Comme je vous lai dit, moi-même je ne le suis pas.
Vraiment superbe ! Si la drogue nétait pas encore présente dans votre sang, je vous aurais fait tourner pour vous admirer. Mais ça risquerait de vous étourdir. Vous êtes encore trop faible.
Quand je vous ai ramené ici, jhésitais à vous violer. Je nai pas pu my résoudre. Je vous ai expliqué pourquoi. On ne viole pas la femme que lon aime. Dun seul coup, là, jai envie de vous faire lamour. Pas de vous baiser, comme les autres putes, mais de vous faire lamour
Je nai jamais fait lamour à une femme. Cest un manque pour moi
Jai baisé des femmes, jen ai violé dautres. Mais je nai jamais fait lamour.
Un voile de tristesse envahit son visage :
- Pour faire lamour, il faut être deux
- Vous avez parfaitement raison Angélique, et cest bien là le problème. Je ne veux ni vous violer, ni vous baiser. Juste vous faire lamour. Jaurais tant voulu vous aimer. Je crois bien que cest impossible. Hélas
Mon charme nagit pas sur vous
Dommage, pour ma première fois, vous et moi, ça aurait été fantastique. Après vous, je crois que plus jamais, je ne ressentirai ça. Cest assez étrange comme sentiment. Surtout pour moi.
Mais venez Angélique, jai des choses à vous montrer.
Kowalski lentraina dans la pièce dà côté, celle où il se trouvait quand elle avait repris connaissance.
Elle était envahie de cartons. A priori, il ny avait pas de fenêtre, comme dans celle où elle avait été prisonnière. Un escalier qui montait au fond de la pièce semblait indiquer quils se trouvaient dans un sous-sol :
- Venez, je vous aide Angélique, lui dit Kowalski en lui prenant le bras et en la soutenant dans lescalier. Vous êtes encore flageolante, faites attention.
Regardez, le jour est en train de se lever.
En effet, à létage supérieur, la clarté commençait à poindre par les fenêtres donnant sur lextérieur.
- Je sais ce que vous pensez Angélique. Vous avez lespoir de pouvoir vous échapper ! Pas de volets, pas de barreaux aux fenêtres. Oubliez ça
Vous niriez pas loin. Vous en avez encore pour plusieurs heures avec cette faiblesse, la drogue, toujours la drogue.
Mais venez voir ce que jai à vous montrer. Mon petit cabinet de curiosité ! Ma collection !
En la soutenant toujours par le bras, il lattira vers la pièce suivante. En effet, Angélique se sentait encore trop vacillante pour tenter de sévader. Elle avait encore quelques vertiges et les talons hauts et la robe longue ne laideraient pas dans une fuite, sil fallait enjamber une fenêtre ou courir dans la forêt. De plus Kowalski la tenait fermement par le bras. Il se méfiait toujours des réactions quelle aurait pu avoir.
La pièce suivante était surement orientée à lest. Le soleil levant linondait de sa lumière. Angélique vit par la fenêtre quelle se trouvait au milieu dune forêt de sapins, apparemment assez dense.
La pièce carrée possédait sur lensemble de ses murs de petites alcôves en bois accrochées, des sortes de vitrines.
- Mes trophées, Angélique ! Regardez là, ma première victime : Ludivine Marchand à Aix en Provence.
Ce malade avait créé un musée de lhorreur ! Des stèles pour ses victimes. Dans la première vitrine se trouvait sur la gauche une photo de Ludivine Marchand, surement celle de son profil sur le site, à droite, une autre photo de Ludivine manifestement morte, nue et allongée sur le ventre, une flaque de sang sous elle. Au milieu, sur un socle en velours rouge, reposait une mèche de cheveux bruns, appartenant surement à Ludivine et une bague.
- La suivante, toujours Aix ! Emilie Laborde. Regardez son visage Angélique. Elle semble si
chaste
Une charmante jeune femme. Au premier abord surement droite et honnête. Saviez-vous que sur le site des putes, elle se faisait appeler Gourmande13 ? Comment voulez-vous faire confiance à une telle personne ? Une pute quoi ! Une pute toute mignonne, mais une pute. Les bagues, ce sont leurs alliances au fait. jai voulu garder le symbole de leur infamie. Dailleurs, aucun enquêteur na jamais découvert que les victimes navaient plus leur alliance. Des amateurs ! Vraiment ! Je reste persuadé que si vous aviez enquêté sur mes s à venir, vous vous en seriez très vite aperçue.
- Vous navez donc aucun
- Respect ? Pitié ? Non, pas pour les putes
Je ne suis déjà pas quelquun de miséricordieux pour le commun des mortels, alors imaginez pour ces personnes-là.
Là, vous avez la vitrine de Sylvie Mercier, la greffière. Savez-vous quau final, elle ma avoué avoir été infidèle une fois ! Si
Et pas sous la contrainte ! Elle était morte de peur bien sûr, mais je lui ai posé la même question quà vous, « Avez-vous été infidèle dans votre vie ? ». Elle ma répondu un timide « Oui, mais ça fait longtemps et une seule fois ». Je ne suis pas sûr que le temps efface quoi que ce soit. Bon, je ne pouvais pas la baiser, elle naurait pas été consentante. Je lai violée donc, dans la forêt. Je nai pas éprouvé la même joie que pour les autres, je dois bien vous lavouer. Pas la même plénitude, non. Sylvie aura été une uvre inachevée, en quelque sorte.
Mais passons à la dernière, celle qui vous concerne directement : Jessica Dalmasso. Un sacré numéro celle-là ! La reine des putes ! Après Maman bien entendu
Jessica aurait pu être un aboutissement pour moi, vu son pedigree. Mais je nai pas encore lintention de marrêter. Il y a encore des situations à relever.
Jessica donc, quelle salope ! Elle a voulu que je vienne chez elle. Elle baisait à lhôtel dhabitude, ma- t-elle dit lors de nos premiers échanges de messages. Elle ma indiqué vouloir faire ça dans le lit conjugal, pour pimenter la chose. Jen ai reçu des photos delle, dans toutes les positions, mais je vous épargne les détails. Savez-vous que quand elle ma ouvert la porte, elle navait sur elle que des bas résilles et des talons démesurés. Une vraie pornstar. Enfin une actrice de X bas de gamme plutôt. Aucune classe ! Savez-vous quelle ma demandé de lenculer ! Tel quel ! Oui Angélique, avec ces mots-là ! Même moi, qui en ai entendu dautres, jai été un peu gêné. Elle a rajouté « Bien fort ». Cest ce que jétais en train de faire, alors quelle criait « Je suis ta pute », quand son mari est arrivé ! Cest ridicule ! Elle nétait pas ma pute ! Je nai pas de pute, moi
Les putes, je les détruits mais je nai pas de pute
Que ferais-je dune pute ?
Son imbécile de mari qui débarque et qui regarde sans rien dire
Elle non plus dailleurs. Trop drôle ! Oh, je ne lai pas tout de suite reconnu, lui. Cest quand il a fait demi-tour que je me suis rappelé de ce jeune flic au commissariat de Colmar qui a participé à mon arrestation et qui ma interrogé. Là, javoue que jai faillis éclater de rire.
A peine, avait-il quitté lappartement, que Jessica a voulu quon remette ça « Tinquiète, je trouverai bien une explication bidon pour lui, ce soir ou demain ». Comme elle me la demandé, je lai à nouveau sodomisée. Bien fort comme elle voulait. Jy ai mis du cur, croyez moi. Enfin, pas du cur, si vous voyez ce que je veux dire. Javais très envie de jouir en elle. Mais impossible, on ne baise pas une pute sans préservatif. Jai donc éjaculé dans mon préservatif. Et puis ça évite les traces dADN, dont vous les flics êtes si friands. Je ne veux pas trop vous faciliter la tâche non plus.
Je lai prise par les cheveux, alors quelle était encore à moitié étalée sur le lit, encore râlante, après ce que je venais de lui mettre, je lai entrainée dans la salle de bain et je lai égorgée au-dessus de la baignoire.
Cest seulement quand jai trouvé les fleurs sur la table, que jai pensé à cette mise en scène. Jai fait couler un bain, jai mis la pute dedans avec les fleurs. Cétait assez réussi finalement. Le tableau était joli. Toute cette eau rouge et ces roses rouges qui flottaient à la surface, et Jessica au milieu. Une jolie nature morte !! Vous mesurez lironie de la chose ? Jallais faire accuser ce con de Dalmasso. Celui qui avait participé à mon arrestation, qui pérorait, tel un jeune coq, lors des interrogatoires. Vous imaginez la vengeance que jen tirais ? Bon, daccord, jallais perdre le bénéfice de ce -là. Mais jallais men remettre. Peut-être quau bout dun ou deux ans, quand Dalmasso aurait bien été cassé en prison, je laurais disculpé et je me serais attribué le .
Mais vous avez tout deviné Angélique. Je ne peux que vous applaudir ! Vraiment ! Vous le méritez
comment avez-vous deviné au fait ?
- Votre ADN justement !
- Mon ADN ? Où ça ?
- Un de vos poils dans le vagin de la victime.
- Ah tiens ! Je naurais jamais pensé à çà
Je ferai attention dorénavant ! Merci du tuyau Angélique !
- Il ny aura peut-être pas de prochaine fois
- Mais si, mais si ! Vous croyez que vous allez marrêter ? Dailleurs, regardez bien, il y a dautres alcôves vides, qui nattendent que dêtre remplies.
La vôtre est dans la pièce suivante
- La mienne ???
- Eh bien oui, venez voir. Vous avez une place de choix. Je ne peux pas vous mélanger avec les putes. Impensable. Pas vous
Kowalski lentraina dans la pièce suivante en enfilade. Une seule vitrine sy trouvait :
- Regardez Angélique, vos photos sont déjà là. Celle du site, celle de Daphné, et celle de votre visage, que vous mavez envoyé, celle dAngélique quoi. Parce que cest bien vous Angélique sur ce cliché, pas Daphné. Restera à ajouter une de vos jolies mèches blondes. Par respect pour vous, je ne mettrai pas de photo de votre cadavre. Mais, jy pense, je peux vous photographier avec cette jolie robe qui vous sied tant.
- Espèce de malade, lança Angélique, des sanglots dans la voix.
- Allons allons, Angélique, soyez forte, ne craquez pas
Il me reste encore à vous montrer la pièce maitresse de ma collection : Maman !
Il y avait dans la pièce suivante une stèle au milieu sur laquelle reposait
la tête naturalisé dune femme.
- Je vous présente Maman. Mon premier . Enfin ma première uvre devrais-je dire. Voyez-vous quand Maman nous a abandonné, et après que Papa ai mis fin à ses jours, je me suis retrouvé en foyer, puis en famille daccueil. Ça ne sest pas toujours très bien passé. A 17 ans, jai fugué et je suis parti à la recherche de Maman. Jai pu consulter le dossier de jugement sur mon placement, en entrant par effraction dans les archives de ladministration et jai trouvé une adresse où Maman avait séjourné à lépoque.
Jai remonté sa trace, dadresse en adresse, damant en amant. Javais très envie de massacrer chacun de ces amants. Mais ça naurait pas été prudent, ça aurait pu mettre la puce à loreille à Maman. Peut-être un jour, je reviendrais leur rendre une petite visite !
Ça ma pris des années, mais je suis persévérant. Je lai retrouvé dans le Var, habitant chez un vieux beau, riche, qui devait lentretenir. Je lai surprise un jour où elle était seule dans la villa. Jai sonné. Elle ne ma pas reconnu demblée. « Tu ne me reconnais pas ? ». Je voyais bien quelle avait le sentiment de me connaitre, mais narrivait pas à remettre mon visage. Javais certes changé. La dernière fois quelle mavait vu, jétais un et maintenant un adulte. Mais jétais son fils, bordel !
« Mais si, cherche bien ! ». Elle a pâlit quand enfin, elle ma reconnu « Paul ! Cest toi ». Elle avait lair inquiète. « Oui Maman, cest moi ».
« Quest-ce que tu me veux ? », « Quest-ce que je te veux ? Cest la seule question qui te vient à lesprit ?».
Jai perdu mon calme. Je lai frappée. Elle est tombée en arrière. Je lai relevée, javais sorti le couteau que javais amené et je lai égorgée. Je regrette, jai perdu mes nerfs. Je voulais la , bien sûr, mais pas sous le coup de la colère. Jaurais tant aimé parler avec elle avant, quelle mexplique, vous comprenez ? Et peut-être que je laurais violée après, pour laver définitivement tout ça.
Layant tuée et nétant pas nécrophile, je nai pas pu. Cest un peu pour ça que je suis parti en croisade après et que je suis devenu un tueur en série. Peut-être que jaurais tout arrêté après Maman, si javais pu lui faire expier complètement ses fautes.
Aujourdhui, je me préserve toujours de la colère. Elle nest pas bonne conseillère.
Voilà, jai ensuite décapité Maman, jai gardé la tête et le reste de son corps se trouve dans un endroit où on nest pas près de le retrouver. Jai emmené une bonne partie de ses affaires aussi et jai laissé une lettre, où elle annonçait à son vieux beau, quelle le quittait. Sortie dune limprimante la lettre, pour éviter les écueils de la graphologie.
Voilà, pour tout le monde Maman était partie une fois de plus, on nallait pas la rechercher.
Jai dabord congelé sa tête, avant de minitier à la taxidermie. Jai même étudié les sciences de la momification de lEgypte ancienne et même des civilisations précolombiennes ou des indiens Jivaros, vous savez les réducteurs de tête.
Bon, le travail nest pas parfait. Je suis obligé de la congeler régulièrement. Je ne sors Maman que de temps à autre, pour lui parler. Et aujourdhui, pour vous la montrer.
- Cest horrible
- Maman ? Oui cétait une personne horrible. Une très belle femme, mais à lâme mauvaise.
Mais oublions Maman, Angélique, oublions les putes, discutons, venez dans le salon, installez-vous sur ce fauteuil, je vous prie. Parlons de nous Angélique.
- De nous ? Quest- ce quil y a à dire sur nous ? Nous navons rien en commun
- Oh si, énormément au contraire.
Vous êtes tellement radieuse Angélique. Vous êtes une femme si riche. Je parle de votre esprit là. Un travail que vous aimez, une vie équilibrée. Que pourriez-vous désirer de plus ? Je vous envie Angélique. Je ne suis rien de tout ça
Un malade comme moi quand il a envie quelque chose, il devrait le prendre. Je devrais avoir envie de vous arracher les yeux, de souiller votre corps
- Et ce nest pas le cas ?
Kowalski sourit :
- Non bien sûr
Déjà parce que vos yeux sont magnifiques.
Et oui, je vais vous avouer une chose Angélique. Je me retrouve désarmé face à vous. Face à la beauté qui émane de vous. Et je ne parle pas que de votre physique quasi parfait pour le coup. Je ne vais donc pas arracher vos jolis yeux bleus.
- Merci
- Ça serait un péché ! Vous me fascinez tellement Angélique. Avoir une authentique ennemie jurée comme vous est psychologiquement envoutant pour moi. Un peu comme Joker avec Batman ! Vous connaissez ?
- Justement, libérez-moi, nous pourrons rependre notre combat
- Non, vous avez perdu la partie Angélique, je ne peux pas. Mais je veux profiter de ces dernières heures avec vous pour menrichir. Menrichir de vous. Et en garder le souvenir pour toute ma vie.
Nous nous ressemblons tellement, vous et moi !
- Cest une plaisanterie
- Je ne plaisante pas ! Pensez-vous que je suis fou Angélique ?
- Je ne suis pas psy !
- Certes
Mais vous devez bien avoir une petite idée sur la question.
Je vais vous aider. Il ne faut pas être complètement équilibré pour massacrer des femmes seulement parce quelles sont infidèles.
- Ça, jen suis sure !
- Je me suis souvent posé la question de savoir si jétais fou. Peut-être, mais pas si sûr que ça au fond. Voyez-vous Angélique, vous et moi sommes pareils.
- Ben voyons !
- Si, je vous assure. Vous êtes une sainte et moi un vil pêcheur, mais nous sommes si proche lun de lautre. Nous avons fait le même voyage, depuis des directions opposées.
- On est loin den être au même point ! Et on ne risque pas de se rejoindre
- En êtes-vous si sûre ? Allons, réfléchissez un peu
Nous sommes les deux faces dune même pièce. Opposés certes, mais liés, indissociables même. Nous voyons le monde de la même façon, nous voyons les mêmes choses.
- Vraiment ? Vous délirez.
- Vous êtes policière. Vous êtes consciente quil ny a pas de justice universelle. Le mal nest pas puni, mal puni en tout cas. Le bien nest pas récompensé, ou pas assez. Vous avez failli mattr, mais ça a capoté et vous êtes ma prisonnière maintenant. Le monde regorge de gens qui nont pas été attrapés, qui font le mal et qui sen tirent parfaitement en menant une vie agréable, faite de loisirs, de bonne chair, de plaisirs, de sexe
Combien de fois, dans votre métier, avez-vous croisé le regard dune victime et vu son besoin de justice ? Son appel à laide ? Son envie désespérée pour que tout soit réparé ? Et combien de fois avez-vous compris que la justice était illusoire ? Quaucune aide ne viendrait ? Et que rien ne pourrait contrebalancer ce quelle a subi ? Nous les avons vu tous les deux ces regards-là, quoique pour des raisons très différentes bien sûr.
- Et après ? Ça ne nous rend pas pareils vous et moi. Vous êtes un criminel, je
- Je ne dis pas que nous sommes identiques. Je dis que nous sommes proches. Vous voyez le monde tel quil est et vous trouvez quil est injuste, et vous faites tout ce qui en votre pouvoir pour le changer. Je vois le monde sous le même prisme que vous, mais je fais ce que je peux pour que ce monde serve mes intérêts.
Nous sommes tous deux face à la même feuille blanche. Sauf que ce que nous écrivons est différent.
- Cest justement ce qui fait la différence entre nous. Et elle est fondamentale cette différence.
- Croyez-vous en Dieu Angélique ?
- Je ne sais pas, non surement. Je ne sais pas
Je ne sais plus
Le moment nest pas idéal pour avoir ce genre de conversation
- Vous hésitez Angélique. Exactement comme moi. Mais calmez-vous, je vous en prie. Je ne doute pas que votre situation soit très confortable, mais nous essayons davoir une conversation dun niveau au-dessus de la moyenne. Je sais que vous en avez la capacité. Autant que moi.
- Allons-y, continuons dans le genre « La philosophie pour les nuls »
- Non, vous vous trompez, cest un point essentiel.
- Je nai pas besoin dun Dieu, pour connaitre la différence entre vous et moi !
- Selon une théorie, le monde serait composé dautant de bien que de mal. Du 50/50. Dun côté, il y a la shoah, de lautre des aurores boréales. Dun côté des viols, des monstres tels que moi, de lautre des uvres dart bouleversantes, de la compassion.
Autre exemple, Angélique, vous et moi. Je vous disais que nous étions les deux faces dune même pièce. Lidée forte de cette théorie, cest quau bout, tout séquilibre, se compense. Imaginez un Dieu, une entité, une force, Mère Nature, lunivers, appelez ça comme vous voulez, qui ferait en sorte déquilibrer le bien et le mal, avec sa pièce, jouant à pile ou face.
Il la balancerait en lair, pile ça serait Hitler, face Gandhi. Pile le méchant Paul, face la gentille Angélique. Jadore cette idée-là !! Pas vous ?
- Le destin ?
- Cest un peu lidée, mais pas complètement. Je vois cette entité installée dans son antre, à jouer indéfiniment avec sa pièce, distribuant bonheur et malheur. Au final, les lancers finissent par séquilibrer, au bout dun certain temps.
- Et ça nous amène où tout ça ?
- Que le monde est le reflet de la nature de ce Dieu. Versatile et schizophrène. Et sa miséricorde nest pas autre chose quun lancer aléatoire de pièce.
Kowalski sest levé de son fauteuil. Après avoir fait quelques allers et venues au centre de la pièce, il se figea debout devant celui dAngélique. Il faisait des grands gestes, comme pour rendre son discours plus persuasif. Malgré la peur quil lui inspirait, Angélique voyait bien quil nétait pas agressif. Il voulait juste convaincre :
- Je vous vois Angélique, et je sais ce que vous pensez de moi, de ma toute petite bribe dhumanité, de ma monstruosité. Mais, je suis comme une personne qui souffre de famine et quon place devant une assiette pleine. Je mange et je ne peux pas men empêcher.
Vous me comprenez Angélique, je le sais. Vous savez au fond de vous pourquoi jai fait ce que jai fait.
- Je suis votre confesseuse maintenant ? Ne comptez pas sur moi.
Non, je ne comprends pas
Non, je ne vous absous pas
- Oh si, vous comprenez. Vous comprenez que je ne pouvais pas men empêcher.
- Vous avez choisi, on a toujours le choix.
- Avez-vous fait le choix daimer les gens que vous aimez ? Pouvez-vous vous retenir daimer ?
Toujours debout devant Angélique, la voix de Kowalski se faisait un peu plus aigüe, comme sil allait se mettre à pleurer, comme sil voulait vraiment quon le comprenne, comme sil voulait justifier ses actes. Angélique eu le sentiment quil redevenait le petit Paul, apeuré devant sa mère :
- Ça na rien à voir
- Si, il y a des forces qui nous dépassent, cest tout. Et lorientation morale de ces forces na rien à voir avec ça.
- Est-ce que ce que vous faites, vous rend heureux Paul ?
- Au début oui
Je ne peux pas résister, je me laisse aller, cest jouissif, je ne maitrise rien, je ne tente même pas de maitriser quoi que ce soit. Ensuite vient le temps des remords.
- Et pourtant, vous continuez. Vous recommencez.
- Cest ce que je vous disais sur les forces qui nous dépassent. Je ne peux pas faire autrement. Je regrette déjà ce que je vais vous faire Angélique. Quand je vous dis que je vous aime, cétait la pure vérité. Je suis tombé amoureux de vous.
Cette fois, Angélique en était sure. Elle voyait une larme poindre au coin de lil de Kowalski :
- Et pourtant, je vais devoir vous , je ne le souhaite pas, jen conserverai toute ma vie un regret etern
« Ici Vigie, cible verrouillée, jattends votre ordre de tir. »
Le tireur délite du GIGN est allongé à même le sol, son fusil de précision posé sur son trépied et dirigé vers la fenêtre du chalet de Kowalski.
- Ici Aigle Royal, vous êtes sûr quil sagit de la cible Vigie ?
- Affirmatif Aigle Royal.
- Lotage est hors de portée de votre tir Vigie ?
- Affirmatif.
- Ordre de tir confirmé Vigie. A tous, groupe Gerfaut prêt à investir le chalet. Groupe Balbuzard en couverture.
Vigie cale la crosse du fusil au creux de son épaule, bloque sa respiration, joue avec son index sur le ressort de la gâchette afin de trouver le point de blocage. La croix de sa lunette de visée est positionnée au milieu du crâne de la cible. Aucune hésitation chez Vigie au moment dappuyer enfin dun coup sec et précis sur la gâchette. A cette distance, aucune perturbation ne doit venir interférer sur le tir. Pas de tremblement, pas le moindre mouvement.
La munition sest instantanément extraite du canon de larme, et sen est allée rencontrer sa cible en un centième de seconde. Vigie neut même pas le temps de relâcher sa respiration, que le métal pénétrait le crane de la cible. Vigie se ressaisit juste après le moment de déconcentration qui suit immédiatement le tir. Il repose son il sur la lunette, pour vérifier la justesse de son coup.
Angélique vit Kowalski être projeté en arrière, un jet de sang éjecté de son crâne éclaboussa le mur dans son dos.
Angélique sest plaquée au sol à plat ventre. Elle entendait dans lentrée et les pièces adjacentes les cris des gendarmes du GIGN qui investissaient le bâtiment.
La porte de la pièce où elle se trouvait fut ouverte dun coup de pied. Un gendarme fusil dassaut pointé en avant pénétra dans la pièce. Il balayait du canon de son arme les quatre coins de la pièce, sarrêtant et se fixant sur Angélique.
- ON NE BOUGE PAS !!! RESTEZ AU SOL
Connaissant par cur les procédures, elle resta ventre à terre, les mains bien en vue et écartées de son corps.
Dautres silhouettes entrèrent dans la pièce :
- ANGELIQUE ! TU VAS BIEN ?
- Vincent !! Mon dieu Vincent !!!
- CEST BON, CEST ELLE, CEST LOTAGE, cria Vincent au gendarme.
Il sagenouilla auprès delle, laida à se redresser, la prit dans ses bras et la serra très fort.
- Tu nas rien ?
- Non, dit-elle en larmes sur lépaule de Vincent.
- Bon sang, je naurais jamais cru un jour serrer ma lieutenante dans mes bras, et chialer avec elle. Tu nous as fait peur. Vous avez une couverture pour elle ? dit-il aux gendarmes qui saffairaient maintenant autour du cadavre de Kowalski.
- Jai eu si peur
Il était terrible. Il me terrifiait même. Mais pire que ça, à un moment, jai cru que jallais plonger et entrer dans son jeu, que jallais finir par lécouter. Je commençais à être fascinée par lui. Son regard, sa voix, il est, enfin il était, ensorcelant. Jai faillis craquer plein de fois. Je voulais rester forte, distante. Je suis épuisée Vincent !
Elle se remit à pleurer :
- Jétais au bord du précipice, un pied dans le vide. Je résistais, mais il était en train de me faire basculer. Je me disais que vous alliez arriver, je me raccrochais à ça. Cétait mon dernier espoir.
- Remets-toi, cest terminé maintenant. Il a le crâne explosé Kowalski. Bon sang Angélique, la trouille quon a eu. Tu nes pas blessée ? Il ne ta pas touchée ?
- Non, il ma e, mais il ne ma pas touchée. Et Leïla ? Jai eu juste le temps de la voir tomber avant de perdre connaissance.
- Elle na pas grand-chose, la balle la touchée à lépaule. La clavicule a été effleurée, mais elle na pas trop morflé. Cest douloureux, mais elle va sen remettre assez vite, sans séquelles. Peut-être quelques rhumatismes quand elle sera vieille. Par contre, elle est là dehors. On a dû lempêcher de participer à lassaut avec son bras en écharpe. Thierry aussi est là avec un fusil à pompe. Tu imagines ? Lui qui ne sort jamais de derrière son ordi. Il est avec le deuxième groupe qui est resté en couverture et qui bloque toutes les issues au cas où Kowalski aurait réussi à échapper à notre groupe. Pour Leïla, jai dû ménerver et lui donner lordre de rester tranquille. Je lui ai dit quen ton absence, le chef de groupe cétait moi et quelle devait mobéir. Et au fait, la capitaine aussi est dehors. Même Duchemin est là.
- Si Duchemin est là, je suis rassurée
Angélique se mit à rire, la tête toujours appuyée sur lépaule de Vincent. Ses larmes se tarissaient doucement.
- Putain, tu nous as fait peur Angélique. Ne nous refais plus jamais un coup comme ça ! Promis ?
- Promis. Cest trop bon de vous retrouver.
Vincent laida à se relever, posa la couverture sur ses épaules et la soutenant, lentraina vers la sortie :
- Au fait, vous mavez retrouvée comment ?
- Seul notre motard a pu vous suivre après lenlèvement. On vous a perdu après que le motard a été percuté. Mais un hélico est arrivé sur place. Il a pu filer le véhicule de Kowalski le temps quon puisse prendre des voitures pour tenter de le rattr. Il a pu le suivre loin hors de Colmar, mais nous on ne la pas rattrapé. Il avait trop davance.
Lhélico la perdu aussi, une fois quil a pénétré dans la forêt. Trop de végétation, trop touffu.
Lhélico a continué à tourner pour vérifier si la Clio ne sortait pas de la forêt. Ça na pas été le cas. On savait donc que tu étais quelque part dans cette forêt de plusieurs hectares. On a tout ratissé avant de trouver ce chalet abandonné, qui servait il y a longtemps de relais de chasse, bien plus tard dans la nuit. La Clio garée sous un arbre nous a permis de nous assurer que cétait le bon endroit. Il nous a fallu plusieurs heures pour ça. Le GIGN est arrivé vers trois heures du matin. Avec leurs lunettes de vision thermique, ils ont repéré deux traces de chaleur distinctes. On a donc su que tu étais là, avec Kowalski et encore en vie. Le GIGN a voulu attendre laube, qui nallait pas tarder pour intervenir. Il y a cinq minutes, leur tireur délite a eu un angle de tir
Et voilà toute lhistoire. Mais bon sang que ça a été long dattendre, en sachant que tu étais à lintérieur à la merci de ce malade. Bon, ils suivaient tous vos mouvements avec leurs lunettes thermiques, mais quand même.
Jetant un dernier regard sur le corps de Kowalski, Angélique dit à Vincent :
- Il était complètement fou. Mais dune intelligence pas possible. Une force et un ascendant hors du commun aussi. Il savait être persuasif. Jai essayé de lui tenir tête, sans le braquer bien sûr... Mais à un moment, jai vraiment cru que jallais basculer et me mettre à croire ce quil racontait. Il était terrifiant, je te jure.
- Viens, oublie ce gugusse. Ça va être long et dur. Tu vas devoir te faire aider. Nous on est là déjà ma grande, Leïla, Thierry et moi...
Lui est au sol, mort une balle dans la tête et toi tu es debout et vivante. Donc tu es plus forte que lui.
Bon, je te connais, dans un mois, tu seras revenue au boulot. On va tavoir dans les jambes à nouveau !
- Un mois ? Tu rigoles. Je me repose une semaine, pas plus
Et puis tes blagues douteuses vont trop me manquer !
- Mais bien sûr
Tiens en parlant de gens prêts à taider, regarde qui est là !
- Thierry, Leïla, cest trop bon de vous revoir. Et Duchemin
Mon capitaine, désolée, je vais avoir du mal à faire le salut réglementaire !
FIN.
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