Compiègne : Au Jardin Des Tuileries (Épisode 9)

Virginie venait de se rendre compte que Phil avait mis en ligne la vidéo de son trio réalisé la veille dans la forêt de Compiègne. Elle ne pouvait pas risquer de l’appeler sans réveiller Bob qui venait de s’endormir. Lui envoyer un texto était impossible, Phil ayant désactivé la fonction sur son portable. Il ne lui restait plus alors que d’appeler le lendemain.

Le lendemain, Virginie appela Phil de son lieu de travail, pour que Bob ne soit pas au courant. Elle l’appela plusieurs fois dans la matinée, en-dehors et pendant sa pause, mais à chaque fois, elle tombait sur son répondeur. Il en était de même l’après-midi. Ce ne fut, finalement, que le soir, de chez elle, qu’elle put contacter Phil. Virginie avait alors prétexté à Bob un coup de fil urgent à passer à une copine qui avait de sérieux problèmes de couple. Virginie sortit alors de l’appartement, téléphone à la main :
- Bah, où tu vas ? lui demanda Bob.
- Je dois téléphoner à Anaïs. Elle a de sérieux problèmes de couple. Elle ne veut pas que toi ni personne d’autres de ma famille ne soit au courant. C’est pourquoi je descends en bas dans le hall, pour téléphoner.
- Ok, fit Bob, avec étonnement.

Virginie descendit donc les escaliers et, au lieu d’appeler une certaine Anaïs qu’elle ne connaissait même pas, elle s’empressa de rappeler Phil :
- Allo Phil ? Tu peux m’expliquer. C’est quoi cette histoire ? lui demanda Virginie au tel.
- Ah, Virginie, je suis vraiment désolé, répondit Phil. « Il y a méprise, je vais arranger ça. »
Au téléphone, Phil paraissait conciliant et sincère. Il n’était pas le seul à gérer l’entreprise. Même si sa boite s’appelait « les Studios de Phil », il en était que le co-gérant. Il avait surtout, aussi, délaisser la gestion de sa boite et la comptabilité pour se concentrer sur les castings, ces derniers le branchant beaucoup plus.

Phil expliqua à Virginie, au téléphone, que la vidéo n’aurait pas dû se retrouver en ligne puisque l’avant-veille, précisément le dimanche après-midi à Compiègne, il avait cassé le contrat passé avec Virginie, à la demande de la belle qui portait ce jour-là, escarpins et robe blanche.

Phil ajouta ensuite qu’il allait se renseigner et demanda à Virginie de le rappeler un peu plus tard dans la soirée. Virginie acquiesça, à demi-rassurée.

Il était dix-neuf heures quand Virginie appela Phil pour la première fois, ce soir-là. Après le diner passé en presque tête-à-tête avec Bob (ils étaient tous les deux en plateaux-repas dans le canapé devant la télé), elle tenta de rappeler Phil. Elle n’avait plus envie de descendre les trois étages de l’immeuble. Elle se résolut finalement à l’appeler le lendemain matin, en partant au travail.

Le lendemain matin, au moment où Virginie appela Phil, la vidéo était encore en ligne. Personne d’autres, encore, que les deux gars du parc Floral ne l’avait importunée. Elle téléphona à Phil vers les huit ou neuf heures du matin en allant au travail. Les gens dans le métro écoutaient sa conversation :

- Comment ça, il faut que je rende l’argent ?
- Oui, je me suis renseigné, tu dois rendre l’argent que l’on t’a versé pour que la vidéo soit retirée du site. C’est le règlement, je n’y peux rien.
- Mais quel règlement ? répondit Virginie choquée et scandalisée.
- Ecoute, si tu veux, on peut se voir à Compiègne, demain, là où l’on s’est rencontré pour la première fois.
- Non, à Compiègne, je ne peux pas !
- Sur Senlis alors ?
- Non plus, je travaille sur Paris ! ajouta la belle.
- Ok, alors je monte demain sur Paris, ça te va ?
- Oui, répondit Virginie fermement.

Phil raccrocha. La conversation terminée, Virginie eut l’impression de s’être faite bernée sur toute la ligne. Elle avait donné rendez-vous à Phil sur l’heure du repas non loin de son lieu de travail. Elle se garda bien de le faire venir au siège de sa boite et lui donna rendez-vous d’abord dans une brasserie puis au jardin des Tuileries. Elle n’avait pas franchement envie de déjeuner avec lui.

Le lendemain (nous étions le jeudi, déjà !), Phil retrouva Virginie au lieu et heure du rendez-vous, près du petit bassin rond des Tuileries, celui qui est le plus près du musée du Louvre.
La belle attendait debout. Elle aurait pu s’asseoir dans l’un de ses fauteuils en ferrailles du jardin, mais non, elle n’en avait pas envie.

Phil vint la surprendre par derrière :
- Bonjour ma belle ! dit-il.

La belle se retourna brusquement et vit l’homme avec qui elle eut une relation sexuelle quelques jours plus tôt :
- Tiens, voilà ton argent ! lui dit-elle froidement en lui tendant une enveloppe.
- Je suis désolée que tu le prennes comme ça, ajouta-Phil.
- Oh, ne t’inquiètes pas. J’ai compris.

Phil prit l’argent et ajouta :
- On reste en contact ?
- Je ne crois pas non. Tu m’as bernée comme j’ai berné Bob à cause de toi. C’est fini.
- Ok répondit Phil. C’est dommage car tu es un sacré coup !
Virginie aurait pu être flattée d’un tel compliment. En d’autres circonstance, elle l’aurait été, mais trop c’était trop. Elle se sentait flouée, bernée par Phil et cela elle ne l’acceptait pas.
- Tu vas retirer la vidéo en ligne, j’espère maintenant ajouta-t-elle.
- C’est déjà fait, ajouta Phil.

Avant de se séparer, Virginie vérifia sur son téléphone si Phil ne lui mentait pas.
- Ok, fit-elle.
- A bientôt, répondit Phil.

Virginie avait envie de répondre « à bientôt » mais elle se garda bien de le faire. Elle savait qu’elle ne devait plus jamais le revoir, ni lui ni Yves qu’elle avait déjà un peu oublié car des deux hommes, c’était surtout Phil qui lui avait fait tourner la tête.

Virginie se jura qu’on le la reprendrait plus. Phil passa son chemin. Il quitta la vie de Virginie aussi vite qu’il en était entré. La belle rejoignit sa boite et tout rentra dans l’ordre.

Le soir, elle fit l’amour avec Bob, plus désireuse que jamais.

A suivre…

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