Clorinde, Ma Colocataire (15)
Elle ma attentivement écouté. Jusquau bout.
Et cest tout ?
Ben oui, cest tout. Cest déjà pas mal, non ?
Mouais
Avec une petite moue de désappointement.
Quest-ce taurais voulu dautre ?
Je sais pas, mais autre chose en tout cas. Non, parce quil est bien gentil votre Martial, là. Il sexcite comme un fou en me matant le cul et les nichons. Cest bien. Cest même très bien. Cest gratifiant. Je vais pas prétendre le contraire. Mais bon, il arrive un moment où ça peut guère que tourner en rond. Parce quil va se passer quoi maintenant ? On peut continuer à le chauffer, si on veut, oui, bien sûr. Lui offrir des photos de ma chatte en pâture. Linviter. Que je le voie baver tant et plus devant moi. Et après ? De toute façon, je donnerai pas suite. Je coucherai pas avec, cest hors de question. Alors ou bien ça va durer indéfiniment comme ça, moi à lallumer et lui à mencercler de désir, ce qui va être terriblement répétitif au bout du compte et mortellement ennuyeux. Ou bien il va se faire pressant. Il va devenir lourd et je vais être obligée de lenvoyer sur les roses. Dans les deux cas
Quest-ce quil y a ? Pourquoi vous faites cette tête-là ? Ça vous étonne ce que je vous dis là ?
Un peu, oui.
Parce que jétais à fond sur Martial et que dun seul coup
Ben oui, mais ça mamuse plus. Finalement il y a rien qui ressemble plus à un mec qui te désire quun autre mec qui te désire. Ils sont désespérément interchangeables. Et il y rien de plus facile pour une nana, quand elle est pas trop mal foutue et quelle sait y faire, que davoir des dizaines et des dizaines dadorateurs prosternés à ses pieds dans lespoir de décrocher le jackpot. Jen ai fait le tour de tout ça. Peut-être que ça reviendra. Je sais pas. On peut jurer de rien. Mais, pour le moment, jai envie dautre chose. De nouveau. De différent.
Et donc, Martial
On le met sur la touche, oui.
Quest-ce que je vais bien pouvoir lui raconter ?
Nimporte quoi ! Par exemple, quon couche ensemble, vous et moi.
Ah, je comprends mieux.
Vous savez ce que jai fait à midi ? Je suis allée au resto.
Toute seule ! Vilaine ! Taurais pu mattendre
Celui en face de la grande surface.
Et tu las vue
Non, mais jai déjeuné juste à côté de deux filles qui travaillent avec. Et quont parlé delle.
Tes sûre que cétait delle ?
Une caissière qui sappelle Alexandra et qua un casoar tatoué sur lavant-bras, il doit pas y en avoir douze mille.
Et alors ?
Alors à ce quil paraît quelle en a après le patron. Quelle fait des pieds et des mains pour le mettre dans son lit.
Ce sont peut-être des racontars.
Et puis peut-être pas.
Tu crois que cest lui quelle voit à lhôtel ?
Quest-ce que vous voulez que jen sache ? Oh, mais on en aura le cur net. Faites-moi confiance quon va en avoir le cur net.
* *
*
Et on a passé les deux jours suivants, le nez quasiment rivé au carreau.
Mais quest-ce quils foutent ?
Ils ont peut-être décidé de mettre un terme
Portez bien la poisse, vous ! Ah, ça y est ! La vlà ! Bon, alors vous avez compris ? Vous passez dans lavenue, de lautre côté et, dès quil sort, vous le prenez en chasse. En voiture sil faut. Vous êtes garé où ?
Sur le parking devant lentrée principale.
Parfait ! Moi, pendant ce temps-là, je moccuperai delle. Allez, feu !
Plus dune heure jai attendu. Et puis mon portable a sonné.
Elle vient de sortir. Vous allez sûrement le voir.
Il a effectivement fait son apparition.
Putain ! Comment il est jeune !
Combien ?
Son âge à elle.
Donc, cest pas le patron.
Il monte en voiture.
Oui, ben le perdez pas de vue ! Je vous laisse. À tout à lheure !
Alors ?
Une dizaine de kilomètres on a fait. Il habite un petit immeuble à la périphérie. Et il est marié.
Comment vous savez ça ?
Parce que je suis allé me garer un peu plus loin, que je suis discrètement revenu et que jai jeté un il dans le hall. Il y a huit appartements. Et ment, huit boîtes aux lettres. Sur toutes il y a « Monsieur et Madame Untel. »
Donc, vous avez raison : il est marié. Vous avez pas relevé les noms ?
Si ! Et même les prénoms.
Génial ! Ça peut servir. On sait jamais. Il est beau gosse ?
Je suis pas très bon juge en la matière, mais jai limpression que cest le genre de type qui doit faire des ravages chez les nanas.
Faudra que jaille jeter un coup dil dessus alors ! Le prochain coup, cest moi qui le pisterai. Et vous, vous occuperez dAlexandra. Ce qui vous donnera loccasion de lui reluquer une fois de plus le popotin.
Ça a donné quoi, elle ?
Elle est allée bosser. Jai fait quelques courses. Je suis passée à sa caisse. Jai échangé quelques mots avec. Et puis voilà. En tout cas, elle a pas dalliance.
Elle est peut-être en couple quand même.
Possible, oui. Mais jen suis pas restée là. Après, je suis allée boire un café en face. Il y avait deux de ses collègues caissières attablées devant un thé. Qui parlaient de médecines parallèles. Dastrologie. De magnétisme. Tout ça. Loccasion ou jamais. Je me suis mêlée à la conversation.
Et tu les as fait parler dAlexandra.
Ça va pas, non ? Elles me connaissent pas. Elles se seraient méfiées. Et je me serais grillée. Toute seule. Comme une grande. Non. Jai posé des jalons. Je me suis passionnément intéressée à toutes leurs histoires de médiums, de rebouteux et de coupeurs de feu dont je me soucie comme de lan quarante.
De grands traits. Des petites cases. De toutes les couleurs.
Quest-ce tu fabriques ?
Un planning. Parce que cest sûrement aux mêmes jours et aux mêmes heures quils se voient. En fonction de leurs horaires respectifs. On naura plus à guetter des heures à la fenêtre comme ça. On saura quand il faut quon soit opérationnels.
Comments:
No comments!
Please sign up or log in to post a comment!