0232 Sous Le Ciel De Paris (Partie 2 De 3).
Samedi 13 octobre 2001
Le matin suivant cette belle soirée à Montmartre et cette magique nuit damour, je me réveille à côté de mon bobrun. A vrai dire, je me réveille aussi à cause de mon bobrun. Ce sont ses bras qui menserrent, ce sont des bisous légers posés sur mon cou qui me font émerger de mon sommeil.
Et pourtant, mes oreilles mapportent le bruit familier de la respiration de son sommeil à lui. Ainsi, tout en dormant, mon bobrun a eu envie de me faire un câlin. Nest-ce pas le geste, lenvie, le besoin dun gars amoureux ? Comment pourrait-il aller voir ailleurs alors quil a lair si heureux avec moi ?
La lumière remplit déjà le petit appart. Je me lève, jatt mon portable, il est 8h20. Je vais faire un tour aux toilettes.
Lorsque je reviens, mon Jérém a changé de position. Il est désormais allongé sur le dos, ses pecs et ses tétons dépassent du pli du drap, ses bras écartés dominent toute la largeur du petit lit.
Je mapproche de lui, je lembrasse. Le bel au lit dormant se remue, il sort peu à peu du sommeil. Ma bouche quitte la sienne pour aller embrasser son cou, doucement, lentement. Jérém renverse sa tête en arrière et ma langue glisse de son cou vers ses pecs. Mes doigts saisissent le drap et le descendent petit à petit, ils dégagent le chemin à la lente mais inexorable descente de mes lèvres le long de son torse.
Je menivre des petites odeurs tièdes de sa peau, je sens ses doigts se glisser dans mes cheveux. Cest dabord une caresse douce, qui devient ferme, puis directive, puisquelle guide ma tête vers ses tétons que je vais mordiller pendant quelques instants. Jusquà ce quelle exerce une nouvelle pression, invitant ainsi mes lèvres et ma langue à aller voir plus bas, vers ses abdos, vers le chemin de bonheur qui conduit à sa virilité.
Mes doigts cessent de descendre le drap lorsque celui-ci se trouve à la lisière des poils de son pubis. Je pose mon nez sur le tissu qui cache encore ses attributs masculins.
Jadore faire durer, jadore savourer et profiter de cet instant où tout est possible et rien nest encore ébauché, où nos désirs sont encore intacts. Jadore sentir son désir, son envie, son excitation, son impatience.
Quant à mon impatience à moi, elle fait quà peine quelques instants plus tard je libère sa queue, que je la découvre bien droite, fière, palpitante, frémissante. Je la regarde, la contemple, l'admire. Jhésite entre me jeter dessus direct et l'avaler dune seule traite, jusqu'à la garde, ou bien prendre mon temps, la titiller, la goûter petit à petit avec ma bouche, millimètre par millimètre, de la parcourir lentement depuis le gland d'où perle déjà une goutte cristalline de nectar, jusqu'à la naissance des bourses, jusquà frôler ses poils avec le bout de mon nez et m'enivrer de son odeur virile.
Je choisis la voie lente, la dégustation de gourmet plutôt que la frénésie de gourmand. Je titille son gland, je me rends ivre de ce petit goût qui ne cesse de suinter de son frein au gré des caresses du bout de ma langue.
Mon bobrun frémit de bonheur. Jaime tellement lui faire plaisir. Et jadore son petit sourire canaille juste avant que ma bouche ne s'enroule enfin autour de son gland, se referme, l'emprisonne. Et jadore tout autant ce long gémissement de plaisir que ma bouche arrive à lui arracher lorsquelle descend lentement, inexorablement, le long de son manche raide, ne lui laissant dautre choix que de sabandonner totalement à mes caresses. Et lorsque ses doigts se crispent dans mes cheveux, pile au moment où mes lèvres atteignent la garde de sa queue, je sens mon excitation et mon bonheur exploser.
Pendant un bon petit instant, je garde sa queue bien au chaud dans ma bouche. Puis, guidé par les mains de Jérém toujours accrochées à mes cheveux, je fais remonter les lèvres et ma langue en sens inverse, je prends le temps de goûter à toute la puissance et à toute la saveur de cette queue magnifique.
« Putain, Nico, c'est trop bon, continue, vas-y suce moi, putain suce-moi ! » je lentends lâcher, comme une supplication.
Ce qui me donne des frissons, c'est d'imaginer l'onde de plaisir se propager dans son corps de petit Dieu, et de savoir que cette onde est provoquée par le contact de nos corps, de nos désirs. Cest lescalade vers le précipice de la jouissance, une avancée lente, insupportable, insoutenable. Cest de voir sa petite gueule se crisper pendant l'orgasme, lorsqu'il perd tout contrôle (même si le contrôle, il l'a perdu depuis longtemps, quand ses lèvres sont entrées en contact avec les miennes), comme si l'instant se prolongeait dans le temps, comme si ça se passait au ralenti.
Ce qui me rend carrément dingue, c'est de me focaliser sur ses giclées que je reçois dans la bouche et que javale lentement, comme si c'était une sorte d'élixir. Et de savoir que cest moi qui lui ai offert ce nouvel orgasme.
Après cette bonne pipe du matin, Jérém me fait mallonger à mon tour sur le lit. Et alors que ses lèvres et sa langue excitent lun de mes tétons, sa main empoigne doucement ma queue et entreprend de la branler. En ciblant mes points érogènes majeurs, le bobrun na pas besoin de me caresser longtemps pour me faire venir à mon tour.
Après mêtre essuyé, je le prends dans mes bras et nous nous faisons des câlins. Mais très vite, la beauté de son corps, sa proximité, son goût viril qui persiste dans ma bouche, cette légère odeur de transpi qui se dégage de ses aisselles, tout conduit à nouveau à faire monter mon excitation. Mes caresses câlines ne tardent pas à se transformer en caresses coquines autour de ses tétons.
« Allez, on se lève » fait le bobrun, en bondissant du lit.
« Déjà ? » je fais, alors que je serais bien resté un peu plus au lit et que jaurais bien recommencé une nouvelle galipette.
« Si on se lève pas, on va recommencer ».
« Et alors, cest grave ? ».
« Il vaut mieux quon aille faire un tour ».
« Pourquoi ça ? ».
« Parce que jai match cet après-midi ».
« Et donc ? ».
« Notre préparateur sportif dit que pour être au top sur le terrain, il ne faut pas trop baiser les jours de match ».
« Sil le dit
».
Le rugby me prive ainsi dun nouveau moment de plaisir avec mon bobrun. Mais cest pour la bonne cause, et je me dis que je ne perds rien pour attendre.
Nous allons petit-déjeuner dans un bar proche de lappart. Le jus de fruit est bien frais, le croissant croustillant, le café bien corsé. La présence de mon Jérém juste magique. Je vis comme dans un rêve où tout me rend heureux.
Après le petit déj, nous repartons pour un nouveau tour dans Paris. Nous navons quun temps limité, Jérém doit être dans les vestiaires à 14 heures pétantes.
Nouveau trajet, nouveau métro. Nouvelle incursion dans cette ville souterraine qui est le double de la ville de surface mais en plus frénétique. Une deuxième ville de vitesse, de gens pressés, de pas perdus. Une ville quon a tout autant envie de retrouver pour se déplacer que de quitter une fois arrivés à destination.
Tout Paris est à portée en un coup de métro. Ainsi, par la magie des croisements de lignes, nous quittons le ciel aux Buttes Chaumont et nous ne le retrouvons quen émergeant à côté de lArc de Triomphe.
Nous remontons les Champs Elysées jusquà la place de la Concorde. Nous traversons la cour du Louvre, avec sa Pyramide parachutée au beau milieu de ses ailes imposantes. Jaimerais tant avoir le temps de visiter le Musée, mais je commence fortement à douter que ce ne sera pas pour cette fois-ci. Je suis un peu frustré mais je me dis quil y a des priorités dans la vie, et que passer du temps avec mon bobrun est ma priorité absolue pour ce week-end. Et alors que nous quittons déjà lesplanade devant le Palais Royal pour continuer notre balade, je me dis que jaurai le temps de visiter le Musée le plus connu au monde à dautres occasions.
La rue de Rivoli avec ses porches nous conduit à lHôtel de Ville, majestueux.
La première fois quon débarque à Paris on est impressionnés par la Grandeur. La grandeur des espaces urbains, la grandeur architecturale des bâtiments historiques, la grandeur artistique des monuments, la grandeur de son projet architectural et urbanistique. On est touchés par la beauté dune ville où tout semble conçu pour en mettre plein la vue, sans répit.
Mais il est un endroit qui, de par son histoire, lune des plus anciennes de la capitale, et de par son allure, une beauté à la fois austère mais indémodable, met tout le monde daccord pour en faire lun des symboles incontestables de la ville.
Dès que limage des deux clochers carrés de la cathédrale de Notre Dame traverse ma rétine, je suis saisi par une émotion esthétique qui me bouleverse.
Plus japproche, plus je suis happé par sa silhouette imposante. Sur le parvis, je suis complètement sous le charme. Devant Notre Dame, je me sens tout petit. Car « du haut de ses clochers, plus de huit siècles me contemplent ». Huit siècles, mais aussi le génie de bâtisseurs hors normes, le travail acharné de milliers dhommes et de femmes qui ont rendu cela possible. Limmense bâtisse semble vibrer encore de lénergie des esprits qui lont conçue et voulue, du bruit des chantiers pharaoniques qui lont faite sortir de terre, des pleurs, des cris, des souffrances, des espoirs des hommes que ses pierres ont côtoyés et vu disparaître au travers des son histoire.
Jai toujours été fasciné, ébloui, impressionné par le travail de ces hommes qui, au travers des siècles, ont bâti les cathédrales, des uvres qui figurent parmi les merveilles absolues de notre civilisation. Je ressens une admiration infinie pour ces bâtisseurs initiaux qui ne disposaient ni des techniques, ni du matériel moderne, et pour les architectes dont les connaissances n'étaient pas celles d'aujourd'hui, qui ne disposaient d'aucun moyen de calculs pour vérifier à l'avance la solidité de l'ouvrage, et qui pourtant ont réalisé cette prouesse exceptionnelle.
Mais parmi toutes les grandes cathédrales, Notre Dame a toujours eu une place particulière dans mon cur. Peut-être parce que, grâce à un film danimation qui a bercé mon adolescence, jai limpression de la connaître mieux que toutes les autres.
En la voyant si imposante, comme un bateau de pierre qui a traversé les siècles, qui a survécu à la révolution, aux guerres, qui a connu une deuxième jeunesse grâce à un livre de génie dont le dessin animé de mon adolescence est une adaptation, il mest bien évidemment impossible dimaginer que dans moins de vingt ans elle manquera de peu de disparaître dans un affreux brasier. Et pourtant, ainsi va lUnivers. Les choses, comme les Êtres, naissent, vivent, passent. Il suffit dun moment de distraction, dun agent de sécurité formé à la va vite, peut-être dun mégot jeté négligemment ou dun câble électrique mal isolé, pour risquer danéantir le travail de centaines dannées, de milliers dhommes. Et de priver lHumanité dune présence qui lui rappelle ce que le génie des Hommes peut faire de meilleur.
Mais pour lheure, la Dame de Pierre conserve toute son allure, sa beauté, sa grâce, sa superbe.
« Allez, on y va ? » jentends mon bobrun me lancer, tout en allumant une nouvelle clope.
« Je voudrais faire un tour à lintérieur ».
« Vas-y, mais ne tarde pas, on doit rentrer ».
Pénétrer dans un pareil lieu augmente encore le sentiment de me trouver face à quelque chose de grand, dimmense, quelque chose qui me dépasse. Je me sens encore plus petit que sur le parvis, encore plus happé par la force qui se dégage de ces pierres presque millénaires. Car lintérieur de la cathédrale, avec ses voûtes à des dizaines de mètres du sol, ses piliers impressionnants, ses arcades gothiques, ses vitraux colorés, ses rosaces immenses, sa lumière tamisée, apaisante, son silence lourd et son écho vibrant, son ambiance si particulière dans laquelle le temps semble comme suspendu, ne fait que confirmer et amplifier encore mon admiration et ma fascination. Définitivement, ces pierres imposent le respect.
Cette sensation davoir été confronté à quelque chose de grand qui me dépasse et minterpelle me suit en dehors de la cathédrale, pendant un long moment.
Nous continuons notre balade jusquà tomber sur le Centre Pompidou. Là aussi jaimerais pouvoir visiter. Là aussi, je me dis que jaurai le temps de le faire plus tard.
Nous venons de laisser derrière nous le bâtiment à la façade faite de bric et de broc, lorsquun panneau pointé droit devant nous attire mon attention. « Marais ».
Javais entendu parler de ce quartier parisien gay-friendly, mais je navais pas fait jusque-là le rapport avec la vie de Jérém dans la capitale. Mais à cet instant précis, je réalise quavec la présence de ce quartier, Paris offre comme aucune autre ville en France la possibilité de faire des rencontres.
« Cest ici le Marais ? » je ne peux mempêcher de me demander à haute voix.
« Je crois, oui
» fait Jérém.
« Tu es déjà venu ici ? ».
« Non, jamais. Ni en balade, et encore moins pour draguer des mecs, si cest le sens de ta question » il se moque de moi.
« Je nai rien dit ».
« Je préfère que les choses soient claires ».
« Je te crois, Jérém ».
Nous traversons le Marais, quartier tantôt chic, tantôt monumental, avec ses bâtiments aux façades en pierre et en brique, aux toits en ardoise, tantôt aux allures de village, avec des ruelles et des passages de conte de fée. Et souvent très gay aussi, avec ses saunas, ses bars, ses magasins aux couleurs de larc en ciel bien foncé.
En arrivant aux Buttes Chaumont, nous nous arrêtons dans un petit bistrot pour manger un bout. Lorsque nous rentrons à lappart, Jérém prends une douche et se prépare à partir pour le match.
Mon bobrun revient de la salle de bain habillé dun t-shirt noir parfaitement coupé mettant en valeurs ses épaules, ses biceps et le V de son torse, dun short en jeans mettant en valeur son beau cul musclé. Sa tenue est complétée par une casquette, à lenvers bien entendu, avec mèche de cheveux bruns qui dépasse de lespace au-dessus de la languette de réglage, casquette lui donnant une parfaite allure de petit con de compétition. Jai trop envie de lui.
« Ça me fait plaisir que tu viennes au match » il me lance, lair plutôt fier.
« Ça me fait plaisir aussi de venir te voir jouer
même si je préfèrerais te voir jouir
».
« Tes vraiment un coquin, toi ! » il me répond, tout en plantant son regard brun dans le mien, comme sil voulait aspirer mon âme.
« Cest de ta faute, tas quà pas être aussi sexy ! ».
« Allez, on y va, jai un match à jouer ! » me lance le bogoss, en attrapant son sac de sport, le sac du trésor Mâle.
Mon Jérém semble bien parti pour quitter lappart, lorsque je le vois sarrêter net, se retourner, me regarder bien dans les yeux, le regard empli dune flamme des plus coquines. Le bogoss laisse tomber son sac de sport à terre, il savance vers moi, il matt par les épaules, il me fait tomber sur le lit. Et il entreprend de membrasser fougueusement, pendant que ses mains se glissent sur mon t-shirt pour aller agacer mes tétons.
« Je croyais quon navait pas le temps » je le taquine.
« Et je croyais que tu ne devais pas faire de sexe avant le match » jinsiste, alors que le bobrun continue de me couvrir de bisous et de mexciter.
« Ferme ta bouche
» il lâche, la voix traînante.
« Si tu continues comme ça, cest sûr que je vais te faire jouir » je le préviens, alors que je sens mon érection monter à grand pas.
« Qui a dit que jai envie de jouir ? ».
Et ce disant, il défait ma braguette, il descend mon short et mon boxer et il commence à me sucer. Cest bon à en perdre la raison. Le bogoss me pompe avec entrain, comme sil voulait précipiter mon orgasme. Le temps presse. Mais quelques instants plus tard, alors que je commence à ressentir les premiers frissons annonciateurs de lexplosion de mon plaisir, sa bouche quitte ma queue. Le bogoss défait sa braguette, il ôte son short et son boxer. Sa belle queue se dresse fièrement devant moi. Il ôte également son t-shirt noir, son torse musclé et velu, ainsi que ses beaux tétons saillants se dévoilent à moi, tellement sensuels, tellement tentants. Mais alors que je mattends à sentir sa queue senfoncer en moi, à me sentir envahi et possédé par sa virilité puissante, le bogoss sallonge sur le lit, sur le dos, à côté de moi et me lance :
« Jai envie de toi ».
Voilà comment je me retrouve une nouvelle fois à faire lamour à mon beau rugbyman, juste avant un match important. La sensation de me sentir glisser en lui, le frisson apporté par chacun de mes va-et-vient entre ses fesses musclées, ce sont des bonheurs inouïs. Quant au fait de voir mon bobrun prendre son pied, le sentir ahaner de plaisir, gémir de plaisir, voir et sentir ses mains parcourir fébrilement mon torse, enserrer mes biceps, mes épaules, mes pecs, mes tétons, cela décuple mon excitation et mapproche très vite et dangereusement de lorgasme. Jai très envie de jouir en lui, mais jessaie de me retenir.
Cette fois-ci, létincelle qui va embraser mes sens est apportée par sa main se glissant délicatement entre nos deux bassins et caressant mes couilles. Dès que le bout de ses doigts entre en contact avec mes bourses, et alors que jentends le bogoss me chuchoter, comme dans un état second :
« Je sens que tu vas bien gicler, mec ».
A cet instant précis, je me sens perdre pied.
« Je viens, Jérém ».
« Fais toi plaisir ptit mec ».
Quest-ce que ça mexcite sa façon de mappeler ptit mec !
Mon orgasme est tellement intense que, pendant les derniers coups de reins qui accompagnent mes giclées, pendant que mon esprit sévapore sous laction dun plaisir qui dépasse lentendement, je ressens le besoin impérieux de mabandonner sur son torse et denfoncer mon visage dans le creux de son épaule. Le bogoss menlace de ses bras puissants et glisse ses doigts fébriles dans mes cheveux. Et alors que je sens sa queue raide compresser mes abdos, je suis surpris par une sensation on ne peut plus excitante, la sensation dune chaleur qui se répand sur mon torse. Mais ce nest pas la chaleur qui embrase le ventre pendant lorgasme. Cest une chaleur qui se diffuse sur ma peau. Les ahanements profonds et excités de mon beau mâle mindiquent quil est en train de jouir à son tour.
« Tas joui finalement
» je lui lance, alors que nos torses moites de jus de bogoss viennent de se décoller.
« Je n'ai pas pu retenir, c'était trop bon ».
« Men parle pas, cétait fou ».
« Tu y prends goût, ptit mec ! » il me lance, avec un grand sourire, ses doigts jouant doucement avec mon oreille.
« Toi aussi tu y prends goût ».
« Cest juste pour te faire plaisir » il me glisse, tout en se marrant dans la moustache.
« Cest ça, à dautres. Le coup de bite, quand on y a gouté, on ne peut plus sen passer ! » je le taquine.
« Mais ta gueule ! Regarde-toi un peu dans quel état tu es, va donc prendre une douche ! ».
« Et toi donc ! » je le taquine à mon tour.
Je vais à la douche en premier, Jérém y revient après moi. Pendant que je mhabille, je ressens dans mon ventre la douce chaleur qui suit un bel orgasme. En repensant à lincroyable moment de plaisir que je viens de partager avec mon bobrun, je me dis que même si ce nest pas la première fois que Jérém me demande de le prendre, je trouve toujours tout autant incroyable ma chance de pouvoir goûter à lintimité ultime dun Dieu Mâle comme Jérém. Après ce partage sensuel, après cette marque de confiance quest le fait de se donner à moi sans protection, je me sens rassuré. Et je me dis que sa fougue, son désir, sa façon de se donner à moi, sont autant de marques qui doivent à tout jamais me rassurer vis-à-vis des doutes et des questionnements qui mont assailli lorsquon a traversé le Marais. Non, Jérém ne couche pas ailleurs.
« Allez, on y va, je suis déjà en retard ».
« A qui la faute ? » je le cherche.
« A toi, tes un obsédé du cul ».
« Et toi non
».
Lorsque nous arrivons au stade, nous sommes obligés de nous séparer. Jérém se dirige vers lentrée des joueurs, vers les vestiaires. Quant à moi, je vais au guichet, je donne mon nom et je rentre directement dans lenceinte du stade. Jérém a pu mobtenir une place au bord du terrain.
Je ne mintéresse pas vraiment au rugby, et la simple idée de me déplacer pour voir un match ne me traverserait même pas lesprit si ce nétait pas pour la raison que mon bobrun y joue. Mais il faut bien admettre quil règne dans les tribunes une ambiance festive qui donne la pêche, une ambiance saturée de testostérone qui fait vibrer pas « mâle » de cordes sensibles en moi. Car il y a pas mal de beaux mecs dans les tribunes. Le plus souvent sans copines, entre potes, ce qui leur permet dexprimer tout leur potentiel dhétéros de base se passionnant pour le sort dun ballon ovale et pour les bières.
Le match va bientôt démarrer, les deux équipes déboulent sur le terrain.
Je cherche mon Jérém du regard, je le trouve facilement. Il est tellement sexy dans son maillot blanc et bleu ciel, il le porte divinement. Sur le terrain, on ne voit que lui. Je ne vois que lui.
Le jeu démarre et je ne peux pas le quitter du regard. Mon bobrun a lair de séclater et cest beau à voir. A la faveur du jeu, il sapproche suffisamment de moi pour que nos regards se croisent. Je suis presque certain quil me cherchait. Je suis carrément sûr de lui avoir vu esquisser un petit sourire en me voyant.
A la quinzième minute de jeu, Tommasi marque son premier essai. Ses co-équipiers le félicitent. Mais il en est un qui le félicite plus longuement que les autres, qui le prend dans ses bras et semble lui chuchoter quelque chose à loreille qui a lair de bien le faire marrer. Cest le co-équipier auteur de la passe que mon bobrun a transformé en essai.
Le gars est assez loin, mais suffisamment proche pour que je détermine quil sagit dun mec blond, avec une chevelure fournie qui, reliée avec une barbe drue dau moins une semaine, forme une sorte de crinière virile qui a lair très douce. Le mec nest pas très grand mais il a lair sacrement bien bâti. A lui aussi le maillot ciel et blanc lui va comme un gant.
Dentrée, sa carrure me rappelle une autre carrure bien connue, celle de mon pote Thibault. Dailleurs il porte le même maillot, le numéro 9, celui du demi de mêlée, que mon pote toulousain.
Un besoin pressant prend instantanément forme dans mon esprit : il faut que je voie ce gars de près. Un vu qui, à la faveur des déplacements de laction de jeu, ne tarde pas à être exaucé.
Le boblond finit par se retrouver à quelques mètres de moi. De dos, dabord. Cest un dos massif, surmonté par un cou puissant, entouré par des beaux biceps rebondis à souhait. Mais aussi un cul denfer, ainsi que des cuisses et des mollets solides.
Le gars possède un profil bien barbu, bien mec, bien viril, bien sensuel. De plus, sa simple présence respire la virilité, ainsi que lautorité naturelle.
Cest dans sa façon de se planter au milieu du terrain, les jambes un peu écartées, les pieds bien plantés au sol, les bras croisés, les épaules vers larrière, le cou très droit. Cest dans sa façon de tenir la truffe en lair en permanence, humant lair du jeu, très attentif à tout ce qui se passe, comme un lévrier à laffut de sa proie, comme sil tentait tout le temps danticiper pour avoir un coup davance. Cest dans sa façon de chercher sans cesse à coordonner laction de son équipe. Le mec est un meneur, ça ne fait pas un doute.
Le jeu vient de sarrêter, lun des joueurs de léquipe adverse tente de transformer un essai. Le boblond est peut-être à dix mètres de là où je me trouve. Une distance relativement rapprochée qui me permet de réaliser quen même temps que cette virilité bien marquée qui en impose, le gars dégage une sorte de douceur qui me fait craquer. Ça doit venir de ses cheveux blonds qui donnent des envies dinfinies caresses. De sa peau claire qui donne des envies de bisous. De ses petites oreilles prises entre les cheveux et la barbe qui donnent des envies de mille câlins.
La transformation est ratée, le boblond exulte de bonheur. Même sa façon de manifester sa joie, en sautillant sur place et en levant les bras a quelque chose de profondément sexy.
Je me demande quel est le prénom dune telle bombasse mâle. Soudain, une intuition simpose à moi, comme une évidence. Et si cétait lui, le fameux
« Ulysse ! Ulysse ! Tu es le meilleur ! » jentends une nana crier pas très loin de moi.
Et là, je vois le boblond se retourner et lâcher lun des sourires les plus incendiaires que je nai jamais croisés de ma vie.
Jai toujours cru que le plus incendiaire des sourires ne pouvait venir que dun bobrun. Le gars me fait revoir ma copie avec un argument de taille. Avec ses yeux gris, clairs, limpides et lumineux comme le diamant, son visage entouré par ces cheveux blonds et cette barbe dans laquelle son petit menton tout mignon semble noyé ; avec sa peau claire, les joues et le front marqués par la rougeur de leffort, le gars ressemble à un véritable ange viril. Et son sourire est beau à se damner.
Ainsi le voilà, le fameux Ulysse, le nouveau meilleur pote de mon Jérém. Je lavais imaginé brun, aussi grand que Jérém. Même genre de mec, quoi. Il nen est rien. Je lavais également imaginé du même âge que Jérém. Là aussi je me suis planté lamentablement. Car le gars doit facilement avoir cinq ou six ans de plus.
Bref, je réalise à quel point javais tout faux sur ce gars. Sauf le fait quil est bogoss. Mais jétais loin dimaginer que derrière ce prénom si atypique, si rare, si mythique, se cacherait une telle bombasse mâle, une bombasse blonde, un gars beau comme un Dieu et armé dun putain de charme qui défriserait même les statues de Notre Dame.
Le fait dimaginer que mon bobrun puisse côtoyer un tel gars au quotidien, quils soient très proches suffit à provoquer en moi une intense poussée de jalousie.
Et si, entre ces deux-là
Non, Nico, arrête un peu tes délires. Le gars na pas du tout lair dêtre homo
Jérém non plus, et pourtant
Arrête un peu, tu veux ? Tous les beaux rugbymen ne sont pas gay
Mais rien que le fait de côtoyer un gars comme Jérém peut donner des envies, susciter des vocations, faire naître des besoins
quant au fait de côtoyer un gars comme cet Ulysse
Mais ta gueule, Nico ! Jérém taime, il taime tellement quil a surmonté plein de tabous pour toi, il te reçoit à Paris, il te fait lamour, il se donne à toi
Le ballon ovale repart vers la ligne de but de léquipe adverse. Comme un lévrier ayant enfin levé sa proie, Ulysse détale comme une fusée, il se mélange aux autres joueurs.
Au gré des errances du ballon, dimpressionnants mouvements de joueurs se produisent. Voir trois dizaines de mecs bien costauds courir sur un terrain, dans la même direction, voir tant de muscles, de fougue, de puissance, de vitesse, de gnaque, de testostérone en action, ça fait toujours son bel effet.
A la base, je trouve le rugby un sport particulièrement disgracieux. Voir tant de mâles se mettre des coups de malade, chercher la confrontation physique brutale, en risquant des blessures, parfois graves, et tout ça pour obtenir le contrôle dun ballon, je trouve cela complètement idiot.
Et pourtant, il faut bien admettre que le rugby possède son charme. Un charme qui, en ce qui me concerne, tient exclusivement à ses joueurs. A mes yeux, le rugby est avant tout et surtout une incroyable vitrine de beaux mâles. Ainsi, le gars qui a eu lidée du calendrier des Dieux du Stade na fait que trouver la plus belle des façons de mettre à lhonneur ce que le rugby a de plus beau à montrer. Non pas son jeu, mais ses joueurs.
Le rugby, comme les autres sports co, présente cependant un autre atout majeur, bien plus noble que le jeu lui-même : il rend possibles de magnifiques aventures humaines. Pour prendre conscience de cela, il suffit de parcourir les biographies souvent passionnantes danciens joueurs.
Ainsi, le fait que le rugby a le pouvoir de façonner des corps de dieux grecs et des belles histoires humaines ferait presque oublier à quel point cest un sport inélégant.
Laction se poursuit, le ballon ne cesse de parcourir le terrain dans tous les sens. Je tente de faire un inventaire rapide des charmes masculins en présence. Dans chacune des équipes y a un certain nombre de bogoss avec des corps et des petites gueules à faire naître illico lenvie de leur donner la bonne pipe sans protection (alors quil faut quand même se protéger, car une bonne petite gueule et un corps de Dieu ne valent pas garantie de cleanitude, et le risque est trop grand).
Oui, les bombasses mâles ne manquent pas, mais mon regard ne cesse de revenir sans cesse auprès des deux charmes masculins qui agissent sur moi comme deux aimants entre lesquels mon esprit balance et se déchire.
Jérém, Ulysse, Ulysse, Jérém, le bobrun, le boblond. Au milieu de la foule, on ne voit queux, je ne vois queux. Car lun comme lautre, et chacun dans son style très différent, ils dégagent une aura virile, un truc de dingue. Les avoir tous les deux dans le même coup dil, est une expérience extrême. Excès de bogossitude, surchauffe de neurones.
A force de mater, linévitable finit par se produire. Lorsque laction amène le boblond vers le coté du terrain proche de la tribune où je suis installé, je finis par croiser son regard. Et cest un regard clair, profond, viril, un peu sévère mais terriblement charmant, un regard dans lequel on a envie de se noyer, un regard qui happe mon esprit, qui semble me mettre à nu, et lire direct dans mes pensées. Un regard qui fait vibrer toutes mes cordes sensibles sur lintense « fréquence » du Masculin. Un regard tellement intense et pénétrant que je suis incapable de le soutenir pendant plus dune seconde.
Une seconde pendant laquelle je me demande si le gars na pas capté que je le mate. Quand je dis que le boblond est à laffût de tout ce qui se passe
Le boblond séloigne à nouveau très vite, happé par laction de jeu. Une seule petite seconde, et pourtant je suis secoué par ce simple contact, car le frisson provoqué par son regard résonne toujours en moi comme une douce ivresse.
Le jeu semballe, je sens que quelque chose dimportant va se produire. Ulysse récupère le ballon et, après quelques enjambées, juste avant quun joueur adverse ne fonce sur lui, il sen sépare. Sa passe est parfaitement calculée et maîtrisée. Car Jérém est bien placé, et il reçoit le ballon à pleines mains, en pleins abdos. Puis, il détale comme un lapin, il glisse sur la ligne de jeu comme une fusée. Plusieurs joueurs de lautre équipe tentent de lui barrer le chemin, mon bobrun arrive à chaque fois à les éviter ou à les dégommer sans ralentir. Comme quoi, le sexe avant le match ne nuit en rien à la performance sportive.
Jérém fonce droit devant lui et finit par marquer un essai spectaculaire. Un essai qui, à quelques minutes de la fin du match, assure un avantage irrattrapable pour son équipe. Grâce au tandem Jérém/Ulysse, la victoire est dans la poche.
« Klein et Tommasi sont en train de créer un sacré duo de choc ! » jentends un mec lancer juste derrière moi.
« Cest vrai, depuis trois matchs quon les voit jouer, leur complémentarité de jeu est de plus en plus marquée ».
« Ils vont aller loin ces deux-là ».
Quelques instants plus tard, larbitre annonce la fin du temps de jeu. Léquipe de Jérém et Ulysse a gagné.
Une fois de plus, je vois le bobrun et le boblond se féliciter mutuellement, se prendre dans les bras, pecs contre pecs. Ah quelle est belle cette étreinte virile. Ah putain que cest beau ce contact entre beaux mâles en sueur, le brun et le blond, le Yin et le Yang, deux éléments qui se complètent à la perfection.
Ah comme ça mest insupportable de les imaginer plus intimes que ça
Mais tais-toi, Nico !
Les joueurs sortent du terrain, direction les vestiaires. Rien que le fait dimaginer tous ces beaux mâles se déshabiller les uns à côté des autres, passer aux douches me donne des frissons à la fois dexcitation et dinquiétude. Je me souviens des mots de Thibault, lorsquil ma raconté comme il ne pouvait pas sempêcher de mater certains gars sous les douches, et en particulier Jérém
est-ce que Jérém mate Ulysse ? Est-ce quUlysse mate mon Jérém ? Que pensent-ils lun de lautre ? Dans la vie ? Dans le jeu ? Sous la douche ?
Jai-dit-ferme-la-Nico !
Une bonne demi-heure plus tard Jérém sort du stade, tout beau, tout propre, les cheveux encore humides, sentant bon le déo de mec, le corps encore chaud de leffort fourni pendant le match. Il porte le sac de sport aux couleurs de léquipe par-dessus lépaule et il me rejoint sur le parking où il mavait donné rendez-vous en arrivant.
« Félicitation, champion ! » je lui lance.
« Merci ! Mais ce nest pas moi qui ai gagné, cest léquipe. Le rugby est un sport déquipe, sans les autres gars, on nest rien ».
« Vous vous complétez bien avec
Ulysse ».
« Cest un très bon joueur ».
« Hey, Jérém ! » jentends une voix appeler mon bobrun.
Jérém se retourne et je me retourne en même temps que lui, attiré par la voix mâle quon vient dentendre. Cest une voix posée, thoracique, une voix qui me fait frissonner.
Ulysse porte un t-shirt rouge et un jeans, et il vient vers nous, lui aussi avec son sac de sport aux couleurs de léquipe par-dessus lépaule.
« Tu viens boire un coup ? » il lance à Jérém.
« Non, je ne pense pas. Mon
cousin est venu me voir pour le week-end et je vais lui faire faire un tour en ville. Au fait
Ulysse, voilà Nico mon cousin
Nico, voilà Ulysse
».
« Enchanté » je lui lance, tout autant décontenancé par ce « cousin » que Jérém a sorti de je ne sais pas où que par la musculature du boblond mise en valeur par ce beau t-shirt.
« Tu étais au match, dans les premiers rangs
» il me lance, en me regardant droit dans les yeux avec son regard clair et blond. Un regard qui, vu de si près, est carrément aveuglant. Sa poignée de main est solide. En ça aussi ce gars me rappelle mon pote Thibault.
« Oui
» je fais, un peu inquiet que le boblond puisse lâcher devant mon Jérém que je lai maté pendant le match.
« Jai trouvé le match très intéressant. Vous formez une bonne équipe » jenchaîne, pour changer de sujet.
« Il y a encore du taf, mais on y travaille » il me lance.
« Venez tous les deux, on va au Pousse au Crime » il enchaîne, en sadressant à Jérém.
« Sans façon, Ulysse. Nico nest là que pendant le week-end et je tiens à quil garde une bonne opinion de son cousin ».
« Comme tu voudras. Mais ce soir on fait péter le champ ! » fait le boblond en nous quittant pour aller rejoindre dautres joueurs.
« Ton cousin, hein ? Celle-là je ne lavais pas vue venir » je le taquine, dès quUlysse est assez loin.
« Ne le prends pas mal, Nico, je préfère rester discret. Dans les vestiaires, les blagues sur les pd fusent dans tous les sens. Le rugby est un monde très macho. Je commence juste à mintégrer, je commence tout juste à faire mes preuves. Je nai pas envie quon se moque de moi, quon me traite comme une merde. Tu comprends ça, Nico ? ».
« Je comprends, oui ».
« Mais ça ne change rien à ce quil y a entre nous
».
« Il y a quoi entre nous ? ».
« Tu sais bien ce quil y a ».
« Jaimerais bien lentendre ».
« Je ne sais pas dire ce genre de choses. Mais je crois que je te lai montré depuis Campan. Jai beaucoup changé pour ne pas te perdre ».
« Cest vrai, Jérém, et japprécie vraiment beaucoup ».
Si nous nétions pas en public, je le couvrirais de bisous. Mais nous ne sommes pas seuls, et je dois me faire violence pour maîtriser mon amour débordant.
Jadore me balader dans Paris avec mon bobrun. Jai limpression de marcher dans une dimension où notre amour ne dérange personne, en tout cas aucun des inconnus que nous croisons. Non pas que nous nous affichions, mais je me sens bien, en paix avec moi-même et avec le monde. Personne ne nous connaît et cet anonymat est tellement agréable. Jérém semble lui-aussi toujours aussi bien dans ses baskets. Cest bon de visiter Paris tout en ayant sans cesse envie de lui faire des bisous. Cest bon de découvrir des merveilles, tout en me disant : dans une heure, je ferai lamour avec lui. Et en me disant aussi que Jérém en a tout autant envie que moi.
Paris le jour possède une beauté insolente. Mais Paris la nuit révèle un charme inouï. Nous dînons dans une brasserie non loin de la place de la Concorde. Jadore aller au resto avec Jérém, me retrouver en tête à tête avec lui, au milieu de tant de gens qui sont les témoins inconscients de notre amour discret.
Il est dix heures lorsque nous rentrons à lappart des Buttes Chaumont. Cest lheure parfaite pour lui montrer à quel point ses mots de tout à lheure mont touché. Cest lheure parfaite pour le couvrir enfin de bisous, et pour refaire lamour. Ce dont nous ne nous privons pas, pas du tout. Je fais lamour avec un mec beau comme un Dieu, un grand rugbyman en devenir. Ah, putain, quest-ce que jai comme chance !
Après le plaisir dans lappart plongé dans une semi-obscurité faiblement éclairée par la petite lampe de chevet, nous nous assoupissons dans les bras lun de lautre.
Il est un peu plus de onze heures lorsque je suis tiré de mon premier sommeil par une sonnerie de téléphone qui nest pas la mienne.
Jérém se réveille en sursaut, il se penche par-dessus le matelas pour récupérer son jeans nonchalamment abandonné au sol avant nos ébats. Il sort le téléphone de la poche et regarde lécran.
« Ils font chier ! » il souffle, agacé, la tête dans le coltard.
« Quest-ce qui se passe ? ».
« Ce sont mes potes » il me répond, alors que la sonnerie vient de cesser.
« Ulysse ? ».
« Oui ».
« Quest-ce quil te veut à cette heure-ci ? ».
« Je suis sûr quil est avec les autres gars, et quils veulent que jaille faire la bringue avec eux ».
Sur ce, le téléphone se met à sonner à nouveau.
« Putain
ils ne vont pas me lâcher, surtout après une victoire ».
« Tu veux faire quoi ? » je linterroge.
« Dis
» il me lance, après un instant de flottement « ça tembête si on va prendre un verre avec eux ? ».
La sonnerie vient de sarrêter à nouveau. Je suis un peu pris au dépourvu par la proposition de Jérém. Je suis dans le lit du gars que jaime, et je venais de massoupir. Je suis partagé entre lenvie de rester au chaud et mendormir pour de bon à côté de Jérém et la curiosité de connaître un peu plus ses potes. Notamment Ulysse.
« Non, on peut y aller si tu veux » je finis par lui répondre, car je sens quil en a envie aussi, sinon il ne laurait pas proposé.
« Merci, Nico » fait mon Jérém, en accompagnant ses mots par un bisou sur ma joue.
Un instant plus tard, il rappelle Ulysse.
« Hey, mec, ça va ? » il fait, avec un sourire radieux.
Il sen suit une conversation de deux ou trois minutes pendant laquelle mon bobrun ne cesse de sourire, de rire, de se marrer. Ce que lui raconte son pote doit être plutôt drôle.
« Ok, ok, je viens, je viens, fais pas chier ! » jentends mon bobrun lâcher juste avant de raccrocher.
« Merde, il va falloir se doucher et shabiller à nouveau » il souffle en raccrochant.
« On va où ? »
« Dans une boîte où nous avons nos habitudes. Par contre
tu es toujours mon cousin, ok ? ».
« Mais oui !!!!!!!!!!!! ».
Le métro, la nuit, a des allures de paysage lunaire. A cette heure tardive, la ville souterraine est certes moins densement peuplée, mais non pas dépourvue de bogossitudes filantes.
Une demi-heure plus tard, nous franchissons la porte du fameux Pousse au Crime, une boîte branchée du centre-ville. Je suis heureux que Jérém ne veuille pas me cacher, quil me présente à ses amis, même si ce nest quen tant que cousin.
La boîte pullule de bogoss plutôt bien bâtis. En fait, cest un repère à rugbyman. Ce lieu serait donc un aperçu du Paradis si la bogossitude ne saccompagnait pas dun corollaire bien moins attirant, à savoir, une importante présence féminine attirée par limposante présence masculine.
Nous venons de rentrer lorsque je vois un mec blond faire de grands gestes à notre encontre, un mec dans lequel je reconnais le bel Ulysse. Le gars est assis à une table dans un coin avec plusieurs autres mecs, chez qui je reconnais autant de co-équipiers, et deux nanas. Ulysse fait une place à Jérém à côté de lui, je massois à côté.
En le voyant ainsi de près, assis, je peux détailler le spécimen comme il se doit. Je peux apprécier une nouvelle fois ses beaux cheveux qui ont vraiment lair terriblement doux, tout comme sa barbe, une barbe bien taillée, avec les bords bien nets, qui entoure son visage.
Ulysse porte une chemise vert « camouflage » complètement ouverte sur le même t-shirt rouge de tout à lheure, t-shirt mettant bien en évidence ses pecs de fou, sur lequel est désormais posée une belle chaînette de mec. Les manches de la chemise sont retroussées sur ses biceps saillants. Une belle montre massive est accrochée à son poignet gauche, tandis quune gourmette brillante est attachée à son poignet droit.
Définitivement, avec sa gueule dange viril, le boblond barbu est sexy à mort. Une sexytude encore décuplée par les quelques marques au nez et aux joues dues aux coups reçus pendant le match. Mais comment on peut cogner une petite gueule comme la sienne qui ne demande quà recevoir des bisous ?
Les tournées de bières et autres boissons alcoolisées senchaînent sans que je puisse suivre le rythme. Les mecs déconnent entre eux et je ne peux faire quécouter leurs conversations portant essentiellement sur les deux grands sujets autour desquels gravite lUnivers tout entier, à savoir, le rugby et les nanas. Jérém discute et rigole avec tous les gars, et jai limpression que les gars lapprécient bien. Il a lair de sêtre vraiment bien intégré au groupe, son nouveau monde. Mais le mec avec lequel il semble avoir la plus grande complicité est définitivement le bel Ulysse. Dailleurs, ils narrêtent pas de se marrer dans leur coin.
Je me sens un peu exclu de ce petit monde, et je commence à me dire quau-delà de laspect bogossitude, ce genre dambiance hétéro ne mattire pas vraiment.
Une nouvelle tournée de boissons vient dêtre servie, lorsque les gars décident dorganiser un petit tournoi de bras de fer. Deux co-équipiers de Jérém sy lancent, puis deux autres. Après quoi, des voix se lèvent pour demander un duel entre Jérém et Ulysse. Il y en a qui parient que mon bobrun va dégommer le boblond et dautres prêts à parier lexact contraire.
« Celui qui perd paie une tournée à tout le monde ! » lance lun des gars, suivi dune ovation dapprobation du groupe.
« Eh les gars, vous ne devriez pas jouer à ce genre de conneries, ça cest bon pour se fracturer le radius et le cubitus ou encore le poignet, et pour louper une saison entière » fait lun des gars.
« Eh, Guérin, si tu es aussi rabat-joie avec ta meuf, je la plains » fait Ulysse, taquin.
« Je ne suis pas le préparateur sportif de ma meuf, mais le vôtre, bande de petits cons ! ».
Les deux potes sinstallent face à face, prennent position. Les deux coudes se posent sur la table, les mains se joignent, les avant-bras se touchent, les biceps se gonflent. Le contraste entre la peau bien mate de mon bobrun et la peau claire du boblond est saisissant.
« Cest pas juste ça » jentends Ulysse rouspéter.
« De quoi tu parles ? » fait Jérém.
« Regarde ça » fait le boblond, tout en empoignant lavant-bras de Jérém dune main et le caressant avec lautre « regarde-moi cette saloperie ditalo-toulousain, avec la peau bronzée à toute saison ».
« Mais ta gueule ! » lâche Jérém, tout en dégageant son avant-bras de la prise dUlysse « dis plutôt que tas la trouille que cet avant-bras ne fasse quune bouchée du tien ».
« Cest ça ! » fait le boblond, sur un ton de défi, tout en posant lourdement son coude sur la table et en présentant sa main ouverte.
Jérém en fait de même, et les doigts des deux potes sentrelacent. Un instant plus tard, le bras de fer sengage, sous les encouragements bruyants des autres gars. Le duel est serré, les biceps en présence semblent développer une puissance sensiblement identique. Très vite, il paraît évident que cela ne se jouera pas à la puissance, mais à lendurance.
Les secondes senchaînent, les deux gars chauffent, mais rien ne se passe, les mains oscillent mais ne penchent ni dans un sens ni dans lautre.
Les deux compétiteurs sont entourés par les encouragements des coéquipiers ainsi que dune petite foule qui sest attroupée autour de laction.
Puis, à un moment, mon bobrun semble peu à peu prendre le dessus. Les mains commencent peu à peu à pencher du côté de sa victoire. Ceux qui ont parié sur Jérém, se félicitent de façon plutôt sonore. Les autres encouragent le boblond à ne pas se laisser faire.
Lavantage de Jérém semble désormais acquis. Mais cest sans compter avec la ressource physique du boblond. Ce dernier rassemble toutes des forces et les envoie contrattaquer. La progression de Jérém est stoppée net. La remontée dUlysse est spectaculaire, en quelques secondes, les mains reviennent à la position initiale. Puis, petit à petit, lavantage commence à sinverser. Le moral des troupes change de signe instantanément. Ulysse est félicité, Jérém est encouragé
Mon Jérém a beau tenter de résister, la progression du boblond semble inarrêtable. Au prix dun dernier effort, dont lintensité est rendue par la grimace de douleur qui déforme sa belle gueule, Jérém arrive à bloquer la progression de son adversaire alors que les bras penchent à près de 45 degrés. Mais un instant plus tard, il est obligé de lâcher, leffort étant devenu insoutenable pour lui. Sa main heurte bruyamment la table et Ulysse se lève dun bond, lattitude triomphante.
Jérém a lair déçu. Jérém na jamais aimé perdre. Mais Ulysse a la victoire « amicale ».
« Eh, Jérém, tu as vraiment failli mavoir. Putain, tu mas vraiment chauffé. On se fera la revanche le week-end prochain et sil le faut, tu vas me mettre une branlée ».
Il est près dune heure lorsque la « tournée du perdant » est commandée. Les gars continuent à discuter de chose et dautre, et ils ne semblent vraiment pas pressés de partir.
Plus jobserve Ulysse, plus la sensation que javais ressentie pendant le match semble se confirmer. Le gars est très charismatique, cest un vrai meneur. Il y a une sorte de magnétisme qui se dégage de son regard intense, qui impose le respect, mais aussi de sa voix basse, virile, de son débit de parole lent, posé, de sa façon dêtre, de son attitude assurée et rassurante. Un magnétisme qui en fait un leader naturel, un gars quon écoute dès quil louvre.
Définitivement, que ce soit de par sa taille, sa carrure, son charisme, son rôle dans léquipe et cette virilité tranquille qui le caractérisent, ce gars me fait penser à Thibault. Et cela est vrai également pour lascendant quil semble avoir sur Jérém. Jérém qui semble boire chacun de ses mots et qui semble porter sur ce gars un regard très admiratif. A croire que mon bobrun a besoin davoir un pote pour qui il a de lestime, un pote qui le guide, qui le rassure.
Pourvu que ça sarrête là et que ça ne dé jamais comme ça a dérapé avec Thibault
Nico, ta gueule !
A un moment, Jérém part faire un tour aux toilettes. Pendant quelques minutes, je me retrouve seul avec un verre à nouveau plein que je nai plus du tout envie de boire.
« Ça va, le cousin ? » jentends Ulysse me demander à brûle-pourpoint, la voix traînante, lhaleine agréablement alcoolisée.
« Ça va, ça va ».
« Et sinon, tu fais quoi dans la vie, le cousin ? ».
« Je fais des études à Bordeaux ».
« Cest bien ça » il commente, sans chercher à en savoir plus, lesprit nageant entre les degrés dalcoolémie.
Puis, comme sil reprenait ses esprits, il enchaîne :
« Toi aussi tes à Bordeaux, comme la copine de Jérém ».
« Euh
oui, cest ça » je confirme, en me souvenant que Jérém avait emprunté la belle voiture dUlysse pour venir me voir à Bordeaux en prétextant une copine.
Soudain, jai limpression que ça façon de mappeler « le cousin » en détachant bien ces mots du reste de la phrase est une façon de me faire comprendre quil ne croit pas à lexplication de Jérém quant à notre relation et quil se doute de quelque chose. Lalcool délie sa langue, mais le gars a lair bien perspicace. Mais je me fais peut-être des films.
« Et toi, tu es de la région ? » je tente de faire diversion.
« Non, moi je suis un chti ! Je suis originaire de Dunkerque ».
« Ah, oui, cest bien chti, ça ! » je commente bêtement, alors que je réalise que le gars a un petit accent qui le rend encore plus charmant.
« Ah, lautre cousin vient de revenir ».
Il est près de deux heures et une nouvelle tournée est commandée. Je me sens fatigué, et je nai plus quune envie, celle de me retrouver dans le lit de mon Jérém, blotti dans ses bras.
La conversation porte sur une nana quUlysse se serait tapée le week-end précédent. Les gars le taquinent à cause de sa copine « officielle » de la Rochelle. Mais le boblond a du répondant, et lalcool le rend très joueur.
Puis, soudain, je vois la tablée échanger des regards complices, chuchoter des mots apparemment drôles. Je comprends quil se passe quelque chose, car tout le monde semble sourire sous la moustache et changer dattitude. Je suis les regards des gars et je réalise quils convergent vers une nana brune qui est en train de traverser la salle accompagnée dune copine. Elle est bien gaulée, bien habillée, bien maquillée, elle a un regard profond et charmeur. Bref, elle flirte avec la vulgarité tout en y échappant de justesse.
En passant à un mètre de notre tablée, elle lance un « Bonjour » plutôt hautain, auquel tous les gars sempressent de répondre, presque à lunisson. Tous sauf Ulysse et Jérém.
« Alors, tu vas pas lui dire bonjour ? » jentends lun des gars lancer à mon Jérém, un gars que jai entendu appeler Léo à plusieurs reprises pendant la soirée.
Jérém ne lui répond pas, préférant lancer un sourire gêné, boire une gorgée de bière et allumer une nouvelle cigarette.
Mais Léo revient à la charge et, avec son plus beau sourire, il balance un truc que je reçois comme un coup de poing en plein ventre.
« Tas du bien tamuser le week-end dernier avec elle ».
Prochain épisode, dans 15 jours.
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