Pour Faire Le Vide (Partie 1/2)

Ça fait maintenant un an qu’Olivier m’a laissé. C’est vrai, j’ai été complètement
détruite par notre rupture. Olivier, c’était l’homme de ma vie, mon premier amour avec un
grand « A » et aussi le premier à qui j’ai fait l’amour. À 27 ans, ce n’est pas ma
première peine d’amour, mais celle-ci a fait particulièrement mal. Au départ, je n’étais
pas capable de me l’enlever de mes pensées. Je lui écrivais sans cesse, j’essayais de le
convaincre de me reprendre et j’aurais tout fait pour qu’il veuille de moi de nouveau
dans sa vie. Nous avons d’ailleurs continué de nous voir quelques temps… « pour faire le
vide ». Parfois j’allais chez lui très tard le soir alors que je savais qu’il avait passé
la soirée avec ses amis. Je lui envoyais un petit message texte lui disant : « T’as envie
de me voir? :) » Et lui de me répondre « Minuit ». Une fois que j’arrivais chez lui, je
lui parlais très peu de peur de le déplaire. J’entrais chez lui, nous nous embrassions à
peine, je me déshabillais, je me couchais sur son lit, on faisait ce qu’on avait à faire
et puis je repartais. C’était souvent bestial. On se sautait dessus comme des animaux qui
doivent se battre pour leur survie. J’essayais de lui plaire le plus possible, mais en
fait je me laissais faire. J’étais devenue son objet. Parfois je lui offrais une petite
fellation avant qu’il me pénètre, car je sais qu’il aimait cela. Parfois je buvais de
l’alcool avant d’aller le voir afin qu’il me trouve un peu plus cochonne, car à ses yeux,
je ne l’avais jamais été assez. J’ai toujours refusé qu’il m’explose au visage après que
je le suce par exemple, car je trouvais cela humiliant. Parfois, après qu’il se soit
vidé, il me parlait un peu. Des discussions vides… tout comme ses couilles. Moi je me
collais sur lui – comme dans le temps – car c’est ce que j’avais réellement besoin.

Je
sentais cependant son malaise. Et puis moi aussi j’étais mal à l’aise. Et puis un jour,
je me suis lassée de cette relation unidirectionnelle. Et puis j’ai donc cessé de lui
écrire. Il y a quelques mois, c’est lui qui m’a réécrit. Pour s’excuser de ses actions et
qu’il aimerait bien me revoir… « pour faire le vide ». Et je n’ai pas répondu à son
message. Il n’avait qu’à me faire jouir plus souvent… Petit con.
J’ai donc laissé passer plusieurs mois afin d’oublier cette relation. Plusieurs longs
mois où je n’ai vu personne, où je n’ai fréquenté personne, où j’ai vécu seule. De toute
façon, avec ma thèse de doctorat, je n’avais pas vraiment le temps pour cela, même si je
dois avouer que cela me manquait un peu. Cela-dit, je ne voulais pas m’offrir à n’importe
qui. J’aime le sexe, mais je ne suis pas une salope qui couche à gauche et à droite. Et
puis un jour, alors que j’étais à l’épicerie, j’ai croisé Adam, l’ancien coloc d’Olivier.
Grand brun, un sourire craquant, des mains larges et des épaules qui l’étaient tout
autant. Adam était en couple avec Sophie depuis toujours et il étudiait avec Olivier.
Cela arrivait souvent que l’on organisait des soupers de couples et j’ai toujours
apprécié sa présence. Le voir à l’épicerie, ça m’a donc fait vraiment drôle. Au départ,
j’ai tenté de faire comme si je ne l’avais pas vu. J’ai fait semblant d’être concentrée
dans l’allée des surgelées et d’être si intéressée par les pizzas congelées que je ne
l’avais pas vu en espérant qu’il fasse la même chose.
- Ève? C’est bien toi?
Échec… Il m’a reconnu. Je vais devoir lui parler. Quel malaise.
- Hey! Adam, comment ça va?
Je déteste ce genre de conversation. Je vais être obligée de lui donner de mes nouvelles.
Je ne suis plus avec Oli… et après que veut-il bien savoir de plus? Bon ok. Un peu de
politesse, je me force un peu.
- Bah tu sais, la petite vie. J’ai terminé ma maîtrise en socio et j’ai été admise au
doctorat. J’ai une chaire de recherche et c’est vraiment sympa. Je reviens de faire un
voyage au Pérou et sinon je viens d’acheter un chat pour me tenir compagnie.
Mais quelle conne, il va penser que tu es sur le point de devenir une bonne sœur. Parle
lui donc des recettes de ta grand-mère que tu fais tant qu’à y être. Bon ok, je crois que
la politesse est de lui retourner la question.
- Alors et toi?
- Ah ça fait vraiment un bye. C’est dommage qu’on ne se soit pas revu après votre
séparation entre Oli et toi. Quelques temps après qu’il t’ait laissé. Enfin… Après que
vous vous soyez laissé, Steph m’a laissé aussi. Ça m’a un peu déstabilisé alors moi aussi
je suis parti en voyage. J’arrive justement d’Afrique du Sud il y a à peine 3 semaines.
Ça me fait drôle d’être ici.
- Ah! C’est intéressant ça. Mais je dois vraiment y aller. ‘Tention à toi!
Visiblement, je n’avais pas envie plus qu’il ne le faut de lui reparler. Je déteste ces
conversations qui rappelle inutilement le passé. Je n’avais rien de prévu ce soir-là,
mais je n’avais aucune envie que cette conversation s’étire. Avec tout ça, j’ai même
oublié de me prendre une pizza à l’épicerie, car j’ai été trop distraite. Des restants
seront sur le menu pour ce soir. Quelle merde d’être célibataire.
Une fois arrivé chez moi, je vois une notification de massage sur mon téléphone. C’est
Adam qui m’écrit
- Ève, je ne voulais pas être discourtois, tout à l’heure. Je suis content d’avoir eu de
tes nouvelles, même si c’était bref. Je viens d’emménager dans mon nouvel appartement.
Pourquoi tu ne viendrais pas manger vendredi. J’ai du vin, je viens d’acheter une pizza
congelée à l’épicerie et j’ai vu que tu n’en avais pas pris finalement ;)
« Discourtois »? Mais qui utilise ce mot aujourd’hui? Et puis il n’avait pas été
discourtois du tout. Et à quoi s’attend-il? Que veut-il? Je suis confuse et à la fois
intriguée. C’est vrai que je l’ai toujours apprécié comme ami, qu’il était plutôt mignon
et qu’il était nouvellement célibataire. Bon ok. Après tout, pourquoi pas?
- Ouais, ça serait sympa! Quelle heure veux-tu me voir?
- Et bah, 18h, qu’en dis-tu?
- Parfait
Ouh là! Premier rendez-vous depuis que je suis célibataire et c’est avec l’ancien coloc
de mon ex! J’avoue que ça me fait un peu drôle. Je ne sais même pas s’il est encore en
contact avec Oli. Je ne sais pas même pas s’il se tape encore Steph « pour faire le vide
». Et puis, ils avaient l’air si heureux ensemble. Et puis jamais je n’aurais cru qu’il
s’intéressait à moi. Je dois dire que j’avais toujours envié Steph d’être avec Adam.
C’est elle qui sortait avec le plus beau des deux alors que moi je me « contentais »
d’Oli. Et puis maintenant que j’y pense. Ça ferait tellement chier Oli que je me retrouve
chez son coloc en train de boire un coup avec lui et de manger sa pizza. Ça ferait
tellement chier Oli de savoir que son ancien coloc se tape son ex et qu’avec lui, je suis
100 fois plus cochonne. Je dois avouer que ça m’excite tout ça. J’ai envie de jouer. À
moi de texter Adam maintenant.
- Alors avec Steph, c’est vraiment terminé? Tu dois trouver ça difficile.
23h et il ne m’a pas répondu. Il doit être occupé. Mais putain? Pourquoi les gens ne
regardent pas plus souvent leur téléphone pour répondre. C’est impoli à la fin! BipBip.
Oh merde. C’est lui….
- Non, ça n’a pas été facile. Le célibat tu sais ce que c’est. J’ai revu Steph quelques
fois, mais sans plus. Après quelques mois, j’ai décidé de couper les ponts et je n’ai vu
personne depuis. Je n’étais pas vraiment pressé et j’avais envie de faire le vide.
Faire le vide? Ahah, ok, j’ai envie de m’amuser un peu.
- Oh, je vois. Alors vendredi, c’est pour faire le vide que tu veux m’inviter chez toi?
Je viens vraiment d’écrire cela? Je suis une vraie démone!
- Ahah, peut-être…
Oh. Il entre dans mon jeu. Voilà que je suis émoustillée tout d’un coup. Je me ressaisis.
- Ah, fallait le dire, pour que les choses soient claires. C’est toujours mieux quand les
choses sont claires!
- Ah, mais ce n’est pas juste pour ça que je veux te voir. Ça fait tellement longtemps
qu’on s’est vu. Je voulais prendre de tes nouvelles!
- Oui bien-sûr. Aller, je me couche. À vendredi!
Mais qu’est-ce que je viens de faire là? Je viens de mettre la table pour qu’il me viole!
Mais Je suis tellement excitée tout d’un coup. Je me suis emportée et je ne peux plus me
dégonfler. Je n’ai plus le choix, je dois assumer.