0233 Sous Le Ciel De Paris (Partie 3 De 3).
Jérém et moi sommes en boîte de nuit à Paris avec ses coéquipiers lorsquune nana traverse la salle et attire lattention de toute la tablée.
« Alors, tu vas pas lui dire bonjour ? » jentends lun des gars lancer à mon Jérém, un gars que jai entendu appeler Léo à plusieurs reprises pendant la soirée.
Jérém ne lui répond pas, préférant lancer un sourire gêné, boire une gorgée de bière et allumer une nouvelle cigarette.
Mais Léo revient à la charge et, avec son plus beau sourire, il balance un truc que je reçois comme un coup de poing en plein ventre :
« Tas du bien tamuser le week-end dernier avec elle ».
Stop ! Arrêt sur image. Quest-ce quil vient de dire Léo ? Que mon bobrun sest tapé une pintade quelques jours plus tôt ? Que ses câlins, ses bisous, ses « tu mas manqué » ne sont là que pour me rassurer et mieux cacher ses escapades ? Comment peut-il me faire ça, après Campan et ses promesses ? Comment peut-il coucher avec des nanas ?
En fait, nous navons jamais parlé de cette éventualité. Certes, il ma dit quil navait pas couché avec des mecs, mais il ne ma jamais dit quil navait pas couché avec des nanas. Est-ce que son besoin de faire et dêtre comme ses potes, pour mieux sintégrer à son nouveau monde, couplé à ses besoins de mec, est plus fort que ce truc quil y a entre nous et sur lequel il est toujours incapable de mettre des mots ? Ou est-ce que tout simplement il se fiche de ma gueule ?
Soudain, jai limpression que le monde seffondre autour de moi. Mes illusions quant à la fidélité de Jérém se fracassent sur lécueil de la dure réalité. Jai choisi de lui faire confiance et voilà que je tombe de haut, de haut, de haut. Et ça fait mal, putain que ça fait mal !
Pendant un court instant, je croise son regard, mais il le détourne très vite.
Je me sens comme si on mavait assené un coup de poing en plein ventre par traîtrise. Jai la tête qui tourne. Je sens la bière tanguer dans mon ventre.
Lorsque jarrive enfin à décrocher mes yeux de Jérém, happé par le besoin de regarder ailleurs pour reprendre mon souffle et mes esprits, je croise celui dUlysse. Et jai comme limpression que ses yeux se baladent sans cesse de Jérém à moi et de moi à Jérém, et quils semblent lire dans ma jalousie, dans le malaise de Jérém, et nous mettre complètement à nu.
« Au risque de te décevoir, Léo, il ne sest rien passé avec elle » jentends mon bobrun se défendre.
« A dautres
».
« Jai une copine ».
« Lun nempêche pas lautre ».
« Je ne suis pas comme ça ».
« Tes sérieux, mec ? ».
« Je te dis que oui ».
« Je ne te crois pas ».
« Casse pas les couilles » finit par lâcher Jérém sèchement.
« Eh, ne me cherche pas » fait Léo, visiblement à moitié ivre, en se levant dun air menaçant.
« Change de disque, Léo, tu as trop bu, tu es relou » jentends Ulysse lâcher, sur un ton tout aussi taquin que ferme, tout en posant un regard bienveillant sur Jérém. Ulysse qui vient dattr lavant-bras de Léo, lobligeant à se rasseoir.
Ce dernier se mure dans un silence énervé et la conversation de la tablée repart illico sur un autre sujet.
Quant à Jérém, lui aussi visiblement chauffé, il na plus du tout lair à faire la fête.
« Allez, les gars, on vous abandonne. Le métro va bientôt fermer » je lentends lancer de but en blanc au bout dune poignée de minutes seulement, en se levant.
« Tu te couches avec les poules » se moque un autre jeune joueur.
« Cest pour ça quil a une meilleure progression que la tienne » lui lance Ulysse.
Quelques instants plus tard, nous nous retrouvons dans lair frais de la nuit parisienne. Mille questions se bousculent dans ma tête. Ce sont des questions qui peuvent fâcher, qui peuvent tout faire basculer entre Jérém et moi. Ce sont des questions dont les réponses me font peur, cest pourquoi je narrive pas à les poser et que je me mure dans un silence qui devient vite oppressant.
« Tu fais la tête ? » finit par minterroger Jérém.
« Quest-ce que tu veux que je te dise ? ».
« Ce qui te tracasse ».
« Dans ce cas, allons y. Tu as couché avec cette nana ? ».
« Non ».
« Et pourtant Léo semblait bien sûr de son coup ! ».
« Ecoute-moi, Nico » fait Jérém en sarrêtant subitement de marcher et en saisissant mes avant-bras pour marrêter « je nai pas couché avec cette nana, ni avec aucune autre ».
« Et pourquoi il a sorti ça, alors ? ».
« Parce quil ma vu partir avec elle, cest tout. Samedi dernier, cette nana ma collé toute la soirée. Oui, on est parti de la boîte ensemble. Mais on na jamais couché ensemble. Elle voulait venir chez moi. Je lui ai dit que javais une copine à Bordeaux, mais elle voulait quand-même. Je lui ai dit que jétais un gars fidèle. Elle sest foutue de ma gueule et on sest quittés. Mais je nai rien dit aux gars avant ce soir. Ils ont imaginé ce quils ont voulu. Le seul qui ma demandé cest Ulysse ».
« Pourtant, Léo avait lair très sûr de lui
».
« Mais il se trompe. Nico
je
».
« Eh, ça va les gars ? » jentends une voix nous interpeller.
Je me retourne en même temps que mon Jérém. Guérin, le préparateur sportif est juste derrière nous.
« Je prends le métro avec vous, je vais dans la même direction » il nous explique.
Le métro est presque vide, la rame pratiquement déserte. Je massois à côté de Jérém, Guérin sassoit en face de nous. Nous restons en silence pendant tout le voyage, jusquà ce que le préparateur sportif nous annonce :
« Je descends à la prochaine gare ».
« Ça va, Jérém ? » je tente dengager la conversation dès que nous sommes seuls.
« Ouais » il lâche.
Dès que nous quittons la rame, Jérém allume une cigarette quil fume nerveusement.
A lappart, la fougue qui avait aimanté nos corps jusquà il y a quelques heures plus tôt a laissé la place à un silence pesant. Collé à la petite fenêtre, mon bobrun fume cigarette sur cigarette, le regard perdu dans la nuit parisienne.
« Tu viens pas te coucher, Jérém ? ».
« Je nai pas sommeil ».
« Jérém ».
« Quoi ? ».
« Tout à lheure, avant que Guérin nous rejoigne, tu allais me dire quelque chose ».
« Je sais plus ».
« Quand tu me disais que tu navais pas couché avec cette nana ».
« Je nai pas couché avec cette nana ! » il me lance avec emportement.
« Je te crois ».
« Mais jai failli ».
Cest dur dentendre ça.
« Et quest-ce qui se passera la prochaine fois quune nana voudra coucher avec toi ? ».
« Je ne sais pas, je nen sais rien. Je vais continuer avec lhistoire de la copine tant que je pourrais. Mais je ne pourrai pas leur faire gober ça éternellement ».
Je sais que cest le bon moment pour lui parler de ce sujet qui me tracasse depuis bien longtemps. Mais les mots restent bloqués au fond de ma gorge, retenus par la peur. Jai limpression dêtre au bord dun précipice et de devoir accomplir un numéro déquilibriste extrêmement périlleux.
« Jérém, je ne veux pas tobliger à me mentir » je finis pourtant par lancer.
« Je ne te mens pas ».
« Ce que je veux dire cest
que
si un jour tu craques
je voudrais juste être sûr que tu te protèges
».
« Mais je ne veux pas craquer ».
« Je ne veux pas non plus que tu craques
je ne veux surtout pas que tu craques ».
« Cest dur de te dire ça » je me force à continuer, alors que jai limpression que ma gorge se sèche et se paralyse « mais si un jour ça devait arriver, je veux que les choses soient claires. Entre nous, on fait sans capote. Mais si on va voir ailleurs, on se protège ».
« Tu veux aller voir ailleurs ? ».
La petite note dinquiétude que je crois déceler dans la précipitation de sa question me touche et me rassure dune certaine façon.
« Mais non, pas du tout, pas du tout. Cest toi que jaime et je nai aucune envie de coucher avec un autre gars. Je le répète, je nai pas du tout envie daller voir ailleurs et non je nai pas envie que tu ailles voir ailleurs non plus.
« Nico
» fait le bobrun, en me rejoignant enfin au lit, en me serrant fort dans ses bras musclés et en plongeant son visage dans le creux de mon épaule.
« Promets-moi, Jérém ».
« Je te le promets ».
« Moi aussi je te le promets ».
« Tu es tellement important pour moi, Jérém. Je suis tellement heureux avec toi, surtout depuis Campan » je lui chuchote, tout en caressant doucement ses cheveux.
« Moi aussi je suis bien avec toi ».
Ses mots me rassurent. Sa tendresse me rassure. Son besoin de câlins me rassure.
On peut fantasmer sur tous les bogoss du monde, et cest même inévitable. Mais il nest rien de plus précieux que davoir quelquun dans sa vie qui compte pour nous et pour qui on compte.
Nous restons ainsi, enlacés, mon bobrun blotti dans mes bras, jusquà ce que le sommeil nous happe, alors que la pluie a recommencé à tomber dehors.
Dimanche 14 octobre 2001.
Lorsque je me réveille, Jérém dort encore. Le petit réveil sur la table de nuit indique 10h17. Ce nest pas tôt, mais jen avais besoin. De toute façon, rien ne presse. Bien sûr, cest ma première fois à Paris et une partie de moi trouve dommage de ne pas en profiter pour visiter un peu plus. Mais, une fois encore, je me dis que le plus important pour linstant est de passer du temps avec mon bobrun et que pour visiter Paris jaurais dautres occasions.
Les souvenirs de la veille remontent peu à peu à mon esprit. Les mots de Léo. Le regard dUlysse. Notre départ de la boîte de nuit. Jérém qui me dit quil ne sest rien passé. Ses mots : « mais je ne veux pas craquer ». Oui, jai envie de le croire. Cest beaucoup plus rassurant de le croire.
Est-ce que ma trique du matin me pousse à être trop confiant ? La proximité de mon beau mâle brun me met dans tous mes états. Comme chaque fois au réveil, jai horriblement envie de lui.
Une fois nest pas coutume, mon bobrun ne dort pas sur un flanc ou sur le dos, mais il est à plat ventre, loreiller coincé en travers entre le matelas, son épaule et son visage. Le drap descendu à hauteur de ses reins me permet dadmirer la beauté sculpturale de son dos, de ses épaules, de son cou, ainsi que la sexytude insoutenable de ses tatouages de mec.
Soudain, je me rappelle quil va avoir 20 ans dans deux jours. Et je constate une fois de plus à quel point il est beau comme un dieu.
Pour assouvir mon envie, qui va devenir aussi son envie, je dois dabord le réveiller. Je vais my prendre tout en douceur.
Je commence par poser quelques bisous légers à la base de sa nuque. Le bobrun frémit dans son sommeil. Je laisse glisser mes lèvres le long de son cou à la peau mate. Il pousse un petit grognement de plaisir qui mencourage à continuer mon petit programme de réveil sensuel.
Je passe lentement la langue dans le creux de ses omoplates, je descends délicatement le long de sa colonne vertébrale, jusqu'au creux de ses reins. Le bogoss se remue un peu, sétire, mais ne change pas de position. Les profondes inspirations que je lentends prendre me disent quil semble apprécier le traitement.
Jarrive ainsi à la limite de sa nudité. Pour aller plus loin, je dois dabord tirer ce drap qui recouvre ses fesses bombées, ses cuisses musclées. Là aussi, jy vais lentement. Le glissement du drap sur la peau de ses fesses provoque en lui une sorte de frisson intense que jai limpression de ressentir également en moi. Je sens que lexcitation est en train de gagner son corps et son esprit.
Je menhardis, je me faufile entre ses jambes. Jenvoie ma langue exciter une nouvelle fois le creux de ses reins, ce qui provoque un nouveau frisson. Puis, je la laisse descendre lentement, jusquau délicat début de sa raie. Et là, alors que mes mains écartent ses globes, je la laisse glisser doucement dans le sillon de ses fesses. Le bogoss se cambre légèrement, il écarte un peu plus ses cuisses. Je vais directement au but, jexcite son trou avec entrain, animé par lenvie de lui faire plaisir comme jamais.
Très vite, le bogoss plie ses genoux, relève le bassin pour offrir totalement et impudiquement sa rondelle à la caresse gourmande et insatiable de ma langue qui cherche à le fouiller de plus en plus profondément, tout en lui arrachant gémissements et soupirs de plaisir.
Jérém se branle en même temps. Je ne serais pas contre le faire jouir de cette façon. Mais le bobrun a dautres projets. Après un bon petit moment et de nombreux frissons, il se retourne, me fait basculer sur le matelas, sur le dos, il sallonge sur moi, torse contre torse, il membrasse. Puis, il lèche longuement mes tétons, tout en saisissant nos deux queues dans sa main et en les branlant, gland contre gland. Les va-et-vient de sa main sont lents, doux, et cest divinement bon.
Tellement bon que je sens très vite mon orgasme arriver.
« Je vais jouir » je lui annonce.
« Moi aussi » il me répond, tout en membrassant.
Une pluie de giclées chaudes atterrit sur mon torse, nos semences se mélangent sur ma peau, jusquà mes pecs, jusquà mon menton.
Après mêtre essuyé, je retrouve les bras puissants et chauds de mon mec. Et une nouvelle fois, bercé par ce bonheur mâle, je me sens glisser dans le sommeil.
Lorsque jémerge à nouveau, il est presque midi. Jérém nest plus au lit mais je retrouve facilement sa trace en percevant le bruit de leau dans la douche. Lorsquil sort de la salle de bain habillé uniquement dun boxer blanc à la bosse on ne peut plus tentante, ainsi que dun t-shirt bleu ciel moulant ses pecs et ses épaules, jai envie de lui sauter dessus.
« Bonjour toi » je lui lance « tas bien dormi ? ».
« Ça va, et toi ? ».
« Pas mal du tout ».
« Tu passes à la douche, jai faim ! ».
Je prends ma douche, mais pas avant mêtre shooté pendant quelques instants au bouquet viril et oh combien érotique qui se dégage à la simple ouverture de son sac de sport. Je prends ma douche comme dans un état second, enivré par lair chargé dune humidité saturée par le mélange des fragrances de son gel douche et de son déo.
Dès que je suis prêt, nous quittons lappart et nous prenons le métro direction le Champ de Mars. Le bogoss a remis son beau blouson détudiant et il est sexy à mort.
Nous déjeunons dans un bistrot non loin de la Tour Eiffel. Pendant que nous attendons le dessert, Jérém me propose de monter sur la Dame de fer après le déjeuner.
« Ça vaut le coup » il mannonce.
« Tu y es déjà monté ? ».
« Oui, avec des potes ».
« Avec Ulysse ? ».
« Oui, il connaît cette ville par cur ».
« Vous avez lair de bien vous entendre ».
« Entre lui et moi le courant est passé depuis le premier jour. Cest le premier gars qui est venu me parler, cest lui qui ma présenté à tous les autres, cest lui qui ma invité aux soirées, et qui ma fait me sentir bien. Ce gars est un type bien, il maide beaucoup à progresser. Il a beaucoup dexpérience et il sait en faire profiter ».
« Mais au fait, il a quel âge ? ».
« Je crois quil a 27 ans ».
Ah, oui, 27 ans. Je métais dit quil faisait plus âgé et plus mûr que mon Jérém.
« Il est arrivé au Racing il y a deux ans. Avant il jouait à La Rochelle ».
« Doù la copine là-bas ».
« Ulysse est quelquun qui a vraiment lesprit déquipe, du rugby » il continue « Il est généreux, cest un véritable pote. Et en plus, il est marrant. Et puis, il sait toujours garder la tête froide, il sait motiver les troupes, cest le genre de gars qui toblige à aller chercher le meilleur de toi-même pour mériter son amitié ».
« Cest drôle, quand je tentends parler de lui, jai limpression que tu parles de
».
« Thib » il finit ma phrase.
« Et voilà, cest bien ça. Dès que je lai vu, je me suis dit : voilà un « Thibault » en version blond » je confirme.
« Ce gars est mon garde-fou comme létait Thib. Je sais quil sera toujours là pour moi et quil saura me rappeler à lordre si je déconne ».
Les mots de Jérém ne font que confirmer limpression que javais eue dès le départ au sujet dUlysse, le fait que ce dernier a un véritable ascendant sur lui, quil la pris sous son aile, comme Thibault lavait fait à une autre époque.
« Au fait, tu as des nouvelles de Thib ? » il me demande.
« Je lai eu au téléphone le week-end dernier. Nous navons pas pu beaucoup parler, parce quil était dans sa belle-famille dans le Gers. Mais il a lair daller mieux. Apparemment, les médecins sont optimistes, il devrait pouvoir recommencer à jouer avant la fin de lannée ».
« Ça me fait plaisir ».
« Ce que tu as fait pour lui, les retrouvailles entre potes, je pense que ça lui a vraiment fait du bien ».
« Jespère ».
« Cest bien que vous ayez pu vous reparler ».
« Je me sens mieux depuis ».
A la tour Eiffel, il y a de lattente. Jérém commence à simpatienter mais nous finissons par pouvoir engager la montée au premier palier par les escaliers. Vue de près et de lintérieur, la structure métallique de la Dame est impressionnante. Une prouesse architecturale et artistique. Au premier étage, la vue sur Paris est déjà intéressante. Mais nous savons pertinemment quil y a mieux.
Nous nous sentons motivés pour continuer la montée par les escaliers. Les muscles fatiguent mais la détermination ne faiblit pas. Au deuxième étage la vue est saisissante. Dans sa vue imprenable à 360 degrés, je peux admirer la perspective du Champ de Mars, de l'Ecole Militaire, de la tour Montparnasse et du dôme des Invalides. Mais aussi la Seine, ses ponts, ses péniches.
Je regrette de ne pas avoir pensé à prendre un appareil photo.
Nous empruntons lascenseur pour atteindre le dernier étage. Au troisième palier, la vue est impressionnante. Il y a du vent et le sommet de la tour oscille de façon perceptible donnant à la plateforme un léger mouvement de berceau.
Il est 16h00 lorsque nous redescendons.
« Il est à quelle heure ton train ? » me demande Jérém.
« 18h58 ».
« Tu veux encore te balader ? ».
« Non, je veux rentrer à lappart pour te serrer contre moi ».
Le bogoss sourit. Ma réponse a lair de lui plaire et daller dans le sens de sa question.
A lappart, dès la porte dentrée claquée derrière nous, nos mains respectives se glissent impatiemment sous le t-shirt de lautre. Très vite, ces derniers remparts de tissu finissleent par sauter, permettant aux mains et aux bouches de se promener librement sur les pecs, les épaules, les cous.
Jérém me fait lamour une dernière fois, puis me pompe jusquà me faire jouir à mon tour.
Nous venons de nous offrir du plaisir mutuellement. A cet instant précis, jai juste envie de mendormir à côté de mon bobrun et de me réveiller le lendemain toujours à côté de lui.
Hélas, lheure tourne et il est temps pour moi de bouger si je ne veux pas rater mon train pour Bordeaux.
Je nai tellement pas envie de partir. Surtout que dans deux jours cest son anniversaire et que je voudrais bien le lui fêter avec lui comme il se doit.
Mais une nouvelle semaine arrive, une semaine de cours à la fac pour moi, une semaine dentraînements et de cours aussi pour mon Jérém. Je sors de la douche, je mhabille et, avant de partir, je sors les deux petits paquets de mon sac et je les lui donne.
« Cest quoi ça ? ».
« Cest pour ton anniversaire ».
« Oh, Nico, il ne fallait pas » il me lance, lair très touché « merci beaucoup ».
« Avant de me remercier, ouvre-les ! Peut-être que tu vas pas aimer ».
« Je suis sûr que si
».
Le bogoss ouvre le premier paquet, contenant les photos de Campan.
« Bon anniversaire Jérém, avec un peu davance
».
« Ah, des photos ! De nous deux
à cheval
à Campan
on a passé vraiment des beaux moments avec cette bande de fous. Jai passé vraiment des bons moments avec toi » je lentends dire, en feuilletant rapidement le petit paquet dimages.
« Moi aussi jai passé un moment génial là-haut, avec toi ».
« On est beaux tous les deux » je lentends sexclamer en recommençant un nouveau diaporama.
« Grave ! » je confirme.
« Ça se voit quon est bien ensemble » jajoute.
« Merci, merci beaucoup, Nico ».
Jérém a lair vraiment touché. Emu.
« De rien, de rien » je lui réponds, en essayant de contenir mon émotion.
Jérém pose les photos sur la table, vient vers moi et il me serre très fort dans ses bras. Le contact avec son torse, ses bras, son visage est pour moi une source de bien-être absolu et de bonheur immense.
« Merci dêtre là. Jai de la chance de tavoir rencontré
si je navais pas fait le con dans mon premier lycée, je ne taurais jamais croisé ».
« Ne moublie pas Jérém ».
« Ça ne risque pas » il réagit, tout en décollant son torse du mien, en me regardant droit dans les yeux et en me donnant un bisou.
« Il reste un petit cadeau » je lui lance, pour faire diversion et cacher mes larmes.
« Tes fou, Nico ! » fait-il, tout en ouvrant le deuxième paquet.
« Je ne sais pas si tu vas aimer, mais tu peux la changer à Toulouse si tu veux ».
Le bobrun ouvre la petite boîte et il en extrait la chaînette de mec que jai achetée quelques jours plus tôt.
« Mais-elle-est-magnifique ! » il sexclame, en détachant bien les mots, comme pour mieux me montrer à quel point il apprécie mon cadeau.
« Jespère quelle est à ta taille ».
« Il ny a quun moyen de le savoir » fait-il, en me tendant le petit bijou et en se retournant pour que je puisse la lui passer autour du cou.
Les doigts tremblants, je la fais glisser autour de son cou puissant, et je lagrafe. Jérém matt par la main et mamène vers la petite salle de bain. Il sarrête devant le miroir, il contemple sa nouvelle chaînette calée sur son t-shirt bleu ciel, à hauteur de ses pecs moulés par le coton doux.
Je ne suis pas peu satisfait de mon coup. Car je trouve que la longueur, la taille de la maille, sa forme, son éclat, tout est parfait. Je trouve que ça lui va comme un gant. Je trouve que ça ajoute encore de léclat à une sexytude déjà insupportable. Je limagine déjà, en train de me faire lamour, cette chaînette ondulant autour de son cou au gré de ses va-et-vient. Je regrette de ne pas lui avoir donné plus tôt dans le week-end, pour pouvoir la voir en action pendant lamour. Jai encore envie de lui.
Cependant, jattends son verdict avec un peu dappréhension. Mais il ne se fait pas attendre.
« Elle est parfaite ».
« Cest vrai, tu laimes ? ».
« Elle est très belle
mais il ne fallait pas ».
« Si, il le fallait. Tu mas donné la tienne, et ça manquait à ton cou ».
Pour toute réponse, le bobrun glisse ses doigts dans larrondi de mon t-shirt et il en extrait son ancienne chaînette.
« Elle est à toi maintenant. Comme ça, je suis toujours un peu avec toi » fait-il, en touchant ma chaînette.
« Et maintenant, tu es toujours un peu avec moi » il enchaîne, en touchant mon cadeau.
« A nouveau, merci beaucoup Nico » fait-il, en me serrant une nouvelle fois dans ses bras.
« Jérém
je suis désolé. Je voudrais ne jamais partir, mais lheure approche ».
« Ah oui, tu as raison ».
« Cest maintenant quon se quitte » je lui lance.
« Non, parce que je vais taccompagner à la gare » fait-il, en attrapant son blouson détudiant sexy et en le passant par-dessus son beau t-shirt bleu ciel agrémenté dune nouvelle chaînette tout aussi sexy.
« Mais tu vas pas te taper plus dune heure de métro juste pour maccompagner ».
« Tu me connais mal » fait le bobrun, en savançant vers moi dun pas rapide, et en me collant contre le mur comme sil voulait me faire lamour sauvagement. Mais au lieu de quoi, il att mon visage entre ses deux mains, et il membrasse fougueusement. Des baisers tellement chauds qui ont le pouvoir de me faire bander sur le champ.
« Allez, on y va » il lance, en se décollant de mes lèvres.
« Tas raison, maintenant que je bande comme un âne ».
Le bobrun revient vers moi, il presse sa bosse bien tendue contre la mienne, contact qui me procure un frisson intense qui me fait sursauter.
« Toi aussi tu bandes » je constate, dans un état second.
« Beau ptit mec » il lance, lair aussi excité que moi.
« Cest toi qui es beau comme un Dieu ».
« Si on avait le temps » il enchaîne en me chuchotant à loreille « je te boufferais bien le cul jusquà te rendre dingue, avant de te défoncer jusquà ce que tu demandes pitié ».
« Et tu me remplirais de ton jus chaud ? ».
« Oh, que oui, et tu partirais fourré comme jamais ».
En quelques baisers enflammés, en quelques mots allumeurs, le bobrun a réussi à provoquer en moi un incendie de désir. Un incendie qui sest propagé dun corps à lautre et qui nous ravage désormais denvies sensuelles. Jai tellement envie de lui que je serais prêt à rater mon train.
Je regarde ma montre. Je me dis que jai bien dix minutes pour me faire défoncer une dernière fois par mon beau mâle, avant je ne sais pas combien de temps.
Je le regarde droit dans les yeux, et dans les siens je lis le même désir qui est le mien. Sans ciller, je défais sa ceinture et sa braguette.
Le bogoss me regarde faire, excité à mort.
« Nous navons que dix minutes » je lui lance.
« Ce sera largement suffisant pour te faire grimper au rideau ».
Et là, je le vois se débarrasser de son blouson détudiant en le jetant nonchalamment sur le lit, baisser son pantalon et son boxer avec des mouvements précipités, savancer vers moi, mattr par les épaules avec un geste très ferme, me faire pivoter en me positionnant face au mur.
Et là, tout en squeezant le passage « je te boufferais bien le cul jusquà te rendre dingue » par manque de temps, jentends le bogoss cracher dans sa main, se badigeonner rapidement la queue, puis mon trou.
Un instant plus tard, son gland se faufile dans le sillon de mes fesses, visant pile à lentrée de mon trou de bonheur. Le bobrun senfonce en moi, glisse en moi, prend possession de moi. Il commence à me tringler, tout en envoyant ses doigts caresser habilement mes tétons.
« Vas-y, défonce-moi bien beau brun ! » je lui lance, fou de plaisir.
« Oh oui, je vais bien te défoncer » fait-il, en envoyant ses coups de reins avec une puissance décuplée.
« Fais-toi plaisir, mec » je le chauffe encore « naies pas peur de méclater le cul, je veux sentir tes coups de bite jusquà Bordeaux, je veux me souvenir de ta puissance de mec pendant des jours ».
Et là, je sens ses mains empoigner mes hanches si fort que jen ai presque mal. Le jeune mâle fougueux, chauffé à bloc, me défonce en mode marteau piqueur. Jai limpression que son gland tape si fort et si loin comme jamais auparavant. Ses couilles frappent les miennes comme des coups de martinet. Au début, ça me fait même un peu mal. Mais avec la montée de lexcitation, ça en devient une partie du plaisir.
Ses va-et-vient sont si puissants et rapides, les glissements de son manche raide dans ma chair si nombreux que, peu à peu, je sens une brûlure sinstaller à lentrée de mon trou. Une brûlure qui nest pas encore désagréable, et qui est exactement ce que je cherchais, une brûlure qui va me suivre pendant des jours, comme lors de nos premiers ébats dans lappart de la rue de la Colombette à Toulouse, une brûlure qui va se réveiller à chaque fois que je vais marcher, rester assis pendant longtemps, ou simplement contracter mon trou. Une brûlure que je vais sentir pendant que je me branle, pendant que je jouis. Une brûlure qui va me rappeler la puissance de mon mâle, qui va me faire sentir bien à lui, et pendant longtemps.
« Ah putain Jérém, tu me baises tellement bien ! ».
« Tu la kiffes ma queue, hein ? ».
« Elle me rend fou, elle est tellement bonne ! ».
« Je téclate bien le cul, hein ? ».
« Tu me fais plaisir à un point que tu ne peux même pas imaginer ».
« Je vais te remplir, mec
» je lentends souffler, la voix coupée par lorgasme qui submerge déjà son esprit.
Et là, je sens ses coups de reins ralentir jusquà presque sarrêter. Sa queue bien enfoncée en moi ne donne plus que des petits coups espacés, des petits coups synchros avec des soupirs profonds sortant de sa cage thoracique, chacun dentre eux me notifiant une nouvelle bonne giclée de sperme de mâle brun fourrant bien profondément mes entrailles.
Je suis tellement excité que je peux mempêcher, une fois que le bobrun se retire de moi, de me mettre à genoux devant lui, de prendre en bouche sa queue toujours raide, dastiquer son gland jusquà retirer la moindre trace de cette boisson divine qui menivre comme une drogue.
Lorsque je me relève, aidé par ses mains qui se faufilent sous mes aisselles et maident à me mettre debout, je prends Jérém dans mes bras et je le serre très fort contre moi.
« Cétait trop bon » je lui chuchote.
« Cétait un truc de malade. Je tai pas fait mal ? ».
« Non, tu mas fait trop de bien ».
Je lui fais plein de bisous dans le cou, insatiable deffusions vis-à-vis de ce corps, de ce mec qui ma offert tant de plaisir.
« Il faut y aller, Nico ».
« Pffff, jai pas envie ».
Le bogoss sourit.
Je commence à remonter mon boxer et mon jeans, lorsque je réalise quelque chose que je navais pas remarqué jusquà maintenant. Lun et lautre sont souillés de taches humides. Je touche mon gland, il est humide aussi. Je réalise que jai joui sans même men rendre compte. Le plaisir provoqué par sa queue me limant avec une puissance de dingue, ainsi que le bonheur de le sentir jouir en moi a dû happer mon esprit jusquà mempêcher de sentir mon propre orgasme.
Je suis obligé de rouvrir ma valise, de me changer, sous le regard amusé de mon bobrun qui a allumé une clope.
Je regarde la montre. Il ny a plus une minute à perdre. Nous nous échangeons un dernier bisou et nous quittons lappart. Dès la porte refermée derrière nous, cet appart me manque déjà. Jespère le revoir bientôt. Si javais les moyens, jy reviendrais déjà le week-end prochain. Au pire, je reviendrai dans deux semaines. Je me dis quil faut que je revienne au moins toutes les deux semaines.
Nouveau métro, un peu plus peuplé en ce dimanche soir. Le Parisien revient au bercail avant le début de la nouvelle semaine.
Comme toujours, en quelques images furtives, un geste, un regard, un sourire, un jeans bien porté, un t-shirt ajusté, une barbe, une traînée de parfum, le métro me plonge dans cette multitude tourbillonnante, bouillonnante, enivrante et infinie de tout ce quune ville comme Paris peut compter de charmes masculins. Des sexytudes à la fois captivantes, ensorcelantes, incandescentes, allant du bogoss viril et ténébreux, mâle alpha, au choupinou à couvrir de câlins, une multitude multicolore se renouvelant à chaque minute, presque chaque seconde, à chaque couloir, à chaque station de métro.
Je ne peux pas ne pas ressentir une sorte de vertige en essayant vainement de saisir toutes ces nuances de bogossitudes, en essayant de prolonger par mon regard aimanté cet instant trop bref où jai été dun coup percuté par la jeunesse, la bogossitude aveuglante dun ptit con ou dun beau barbu.
Cest terriblement frustrant de ressentir ce sentiment paradoxal de se trouver au milieu de leffervescence de tant de vies, mais den rester à lextérieur. Et je ressens comme une envie de me diluer dans la foule, comme un fluide, comme un brouillard, pour pouvoir toucher, caresser, sentir toute cette jeunesse et ces bogosses dans leur entièreté, dans leur totalité, pour pouvoir tout savoir de tous.
Oui, dans une ville nommée Paris, il y a un endroit appelé métro, une ville sous la ville composée dun complexe réseau de couloirs et de gares, mais aussi par un encore plus inextricable réseau de vies, de destins, démotions, de frustrations.
Parfois je me demande pourquoi je ressens tous ces frissons, et à quoi bon me poser toutes ces questions. Dautant plus en présence du garçon que jaime.
Et puis linstant daprès, je me dis que je ne pourrais pas renoncer à cet aspect de ma vie intérieure, à cette partie de moi. Même si je suis heureux dans ma vie sentimentale.
Je peux mempêcher de coucher avec un beau mec. Ce qui est dailleurs très simple la plupart du temps, car limmense majorité des beaux mecs que je croise mest inaccessible. Mais je ne pourrais jamais sempêcher déprouver un frisson, de fantasmer sur ces mêmes beaux mecs. Car la bogossitude fait appel à un instinct primaire qui échappe définitivement à mon contrôle. Alors, apprécier la bogossitude est un besoin primaire comme respirer, boire, manger, dormir.
A la Gare Montparnasse, Jérém maccompagne jusquau quai. Au moment de nous quitter, jai limpression quil est ému.
« Je voudrais tant être capable de te rendre heureux » je lentends lâcher tristement.
« Mais tu me rends heureux ! Tu ne peux même pas imaginer à quel point ! ».
« Tu nas pas à tinquiéter pour ce dont on a parlé cette nuit. Je nai pas du tout envie daller voir ailleurs » il enchaîne, adorable.
« Moi non plus je nen ai pas envie. Je taime Jérém ».
Jai du mal à retenir mes larmes.
« Monte ! » je lentends me lancer.
Sans savoir ce quil a en tête, je mexécute. Et là, après avoir regardé autour de nous quil ny ait personne dans les parages, il me claque un dernier bisou volé au temps et aux regards. Nos lèvres viennent tout juste de séloigner lorsquun type rentre dans le train derrière nous.
« Avant de te rencontrer, je ne savais pas ce que cétait dêtre heureux. Et pour ça, tu es quelquun de très spécial pour moi » il me glisse discrètement « Cest ça que je voulais te dire hier soir quand Guérin nous a interrompus ».
Ah putain, quest-ce que jaime ce Jérém !
« Moi aussi je suis tellement heureux de tavoir rencontré ! Tu vas me manquer ! ».
« Toi aussi tu vas me manquer, ourson
».
« Je viendrai te revoir bientôt, ptit loup ! ».
« Envoie-moi un message quand tu es arrivé à Bordeaux ».
« Ok, Jérém, on sappelle. Et on se revoit bientôt ».
Le bogoss sourit et descend tout juste une poigné de secondes avant que les portes ne se referment. Je le regarde, il ne me quitte pas des yeux. Nos regards saimantent jusquà ce que lavancement du train les arrache brutalement lun de lautre.
Quitter Jérém est une déchirure. Jai tellement envie de pleurer. Cest horrible à quel point il me manque déjà. Cest comme si son corps était une partie du mien, comme si son âme était une partie de la mienne. La séparation, je la vis comme une violence extrême, comme une injustice, comme une mutilation de mon cur, de mon âme.
Il me faut de longues minutes pour me décider à quitter le passage entre wagons pour aller chercher une place assise. Le train étant à moitié vide, je peux choisir une place sans personne autour.
Je ferme les yeux et je repense au week-end qui vient de se terminer. Je repense aux bons moments avec Jérém. A nos retrouvailles, à sa façon de me faire lamour. Je repense à notre soirée à Montmartre et sur la Seine, magique. A quand nous avons fait lamour au son de la pluie.
Et je ne peux mempêcher de repenser à notre sortie au « Pousse au Crime ». Et aux mots de Léo quant à cette nana que Jérém aurait ramenée chez lui le week-end davant. Jai choisi de croire Jérém quand il ma assuré quil ne sétait rien passé. Et pourtant, en méloignant de lui, je recommence à douter. Et si Jérém mavait menti pour me ménager ? Et sil avait vraiment couché avec cette nana ? Et sil lavait fait pour faire ses preuves aux yeux de ses nouveaux potes ? Ou bien parce quil ne peut pas tenir trois semaines sans coucher ? Ou parce que son égo a besoin dêtre rassuré ?
Je repense aussi aux mots de Julien et du sage Albert, quant au fait que je ne pourrai pas lui empêcher davoir des aventures. Ça me fait horriblement mal dimaginer mon bobrun au lit avec une nana, même si cest juste pour se soulager et pour montrer à ses potes quil est lun des leurs. Et pourtant, je devrais peut-être laccepter. Tant que je suis spécial à ses yeux, tant que je suis le seul à lui offrir son véritable plaisir, le seul avec qui il fait lamour, le seul avec qui il couche sans se protéger, cela devrait me suffire. Cette histoire de nana, quelle soit vraie ou pas, a quand même un côté positif : elle nous a permis daborder le sujet de la protection et cela devrait me rassurer dune certaine façon.
Même si, dun autre côté, le fait davoir parlé prévention a un revers de la médaille qui me donne déjà des sueurs froides. Je ne veux pas que maintenant que nous avons parlé de cela, Jérém se sente libre daller voir ailleurs en se disant que, peut-être je vais voir ailleurs aussi. Je repense à sa réaction vive lorsque je lui ai dit que nous devons nous protéger en cas daventures. Jai eu limpression que lidée que je puisse coucher avec un autre gars la fait tiquer.
Ce qui me pourrait vraiment me rassurer, cest de lavoir entendu dire « quil ne veut pas craquer ». Et ce serait le cas, si seulement dans ces mots je navais cru déceler un déchirement, le déchirement entre la volonté de rester fidèle à son engagement vis-à-vis de moi, de ne pas me faire du mal et la tentation à laquelle il est exposé et vers laquelle la pression sociale le pousse avec insistance.
Plus je méloigne de Paris, plus jai limpression que le tableau sassombrit. Peut-être bien que Jérém a tenu bon jusquà maintenant. Mais quen sera-t-il pour lavenir ? Jusquà quand pourra-t-il résister à la tentation et à la pression de ses nouveaux potes ? Quand allons-nous nous revoir ?
Dans ce tableau, il y a un personnage qui vient de débouler au tout premier plan : Ulysse.
Ce gars a un ascendant fou sur Jérém, qui semble lui vouer une véritable admiration. Comme cétait le cas pour Thibault, mais dune façon encore plus entière. Cest peut-être du fait de son âge, de son expérience, mais en présence de ce gars, mon Jérém dordinaire très sûr de lui, semble complètement subjugué, conquis, fasciné, captivé par sa personnalité. Jérém a besoin dêtre rassuré et ce gars semble remplir ce rôle à merveille.
Ulysse semble vouloir « protéger » Jérém, le dernier arrivé, son nouveau pote, quil a pris sous son aile ou plutôt sous son biceps puissant. Il semble vouloir aider le jeune rugbyman débutant à exprimer son potentiel.
Pourvu que ce gars nait pas de vues sur mon Jérém ! Parce que si jamais Jérém tombe sous le charme dun gars comme cet Ulysse, je ne pense pas que je ferais le poids. Les nanas, au fond, ne me font pas peur. Mais un gars comme Ulysse
Arrête, Nico, tu te fais du mal.
Est-ce que Ulysse a vraiment compris pour Jérém et moi comme je lai cru pendant la soirée en boîte ou est-ce que je me suis fait des idées ? Jai choisi de ne pas en parler avec Jérém. Est-ce que jaurais dû ? Est-ce que je devrais ? Est-ce que si cest vraiment le cas, Ulysse va en parler à Jérém ?
A force de me poser de questions sans réponse, jai limpression que ma tête va exploser. Je ferme les yeux pendant quelques instants, jessaie de me calmer. Lorsque je les rouvre, jessaie de me distraire en lançant un scan de bogossitude dans ma rame.
La recherche nayant donné aucun match remarquable, jen profite pour avancer dans mon bouquin dHarry Potter. Les kilomètres senchaînent, les pages aussi. A Poudlard cest déjà Noël lorsque le train sarrête en gare de Poitiers. Un arrêt de quelques minutes, pendant lequel je suis distrait de ma lecture par les mouvements des passagers qui se préparent à descendre et par ceux qui sinstallent. Le remue-ménage cesse enfin, le train repart vers la gare suivante.
Je me dis que je vais enfin pouvoir me replonger dans mon livre, lorsque quelque chose de remarquable attire mon attention.
Un mec vient de rentrer dans la rame. Il est assez grand, il a les cheveux châtain clair, des yeux clairs entourés par des lunettes fines qui lui donnent un regard un peu intello. Il doit avoir genre 25 ans, et il est habillé dun jeans et dune chemise à tout petits carreaux bleu et blanc. Et il nest pas mal du tout. Il na pas de bagage, mais il se trimballe un sac en plastique du genre carré et assez costaud, comme ceux qui sont en vente aux caisses des supermarchés, Un sac qui mintrigue, parce quil a lair de
bouger tout seul.
Le mec avance dans ma direction et finit par sinstaller trois rangées plus loin, de lautre côté du couloir, pile dans mon champ de vision. Il est vraiment pas mal. Il est même plutôt sexy. Il a un regard pétillant qui attire la lumière et le désir. Jessaie de le mater discrètement pour ne pas me faire repérer.
Mais très vite, le gars accroche mon regard. Et une fois accroché, il le ferre avec un putain de sourire à me faire tomber de mon fauteuil.
Cest la première fois que cela marrive, quun gars inconnu me mate de cette façon, sans détours. Et cest la première fois que jai la presque certitude que son regard dit ce que je pense bien qu'il dit. Le gars narrête pas de me mater et me lancer des petits sourires plutôt charmeurs. Dès que je lève le nez de mon bouquin, son regard est là, il semble mattendre.
Je ne peux mempêcher de chercher ce contact, flatteur, intriguant, excitant avec son regard. Dautant plus quun autre truc mintrigue chez ce gars : cest le fameux sac quil a posé sur le siège à côté du sien. Un sac qui ne cesse de bouger bizarrement.
Ma curiosité ne tarde pas à être satisfaite. Le « sac » émet un petit couinement. Le gars se penche sur son « bagage » et une boule de poil couleur sable pointe le bout de sa truffe par-dessus le bord. Il sagit dun chiot labrador, jen suis presque certain.
Je suis touché par cette image, un bogoss transportant un petit chiot. Je ne peux les quitter des yeux, touché tout autant par lhomme que par lanimal. Ainsi, je croise à nouveau le regard du mec, illuminé par un beau sourire. Une fois de plus, je me refugie dans mon bouquin.
Je suis conscient de jouer avec le feu. Se sentir désiré est tellement flatteur, et a fortiori quand cela vient de quelquun par qui on est également attirés. Flatteur et excitant. Une excitation qui est comme une drogue, qui nous ôte le contrôle de nous-même et qui est tout à fait capable de nous pousser à faire des bêtises si on ny prend pas garde suffisamment tôt.
Je décide de me ressaisir. Je reviens à ma lecture, et je me promets de ne plus la quitter jusquà ce que le gars quitte le train et disparaisse à nouveau dans sa vie.
Du coin de lil, je remarque que le gars lit lui aussi. Ce qui rend plus facile leffort de tenir la tentation à distance. Un effort hélas en partie compromis par la présence du petit labrador. Car, de temps en temps, le chiot passe sa tête par-dessus le bord du sac et le gars le caresse, lui fait des papouilles. Un beau gars attendri par un animal sans défenses, cest beau et touchant. Et ça attire mon attention dune façon irrépressible. Nos regards se croisent à nouveau. Et dans le sien, je décèle un intérêt clair et non dissimulé. Ça mattire et ça me fait terriblement peur.
De toute façon, le gars va descendre à un moment ou à un autre et ce petit jeu se terminera par la force des choses.
Mais le mec ne descend ni en gare dAngoulême ni en gare de Libourne. Il va donc à Bordeaux lui aussi !
Dans quelques minutes, nous allons descendre à la même gare, et nous éloigner, sans savoir rien lun de lautre, à part le fait que nous nous sommes plus. Le fait est que cette fois-ci, pour la première fois de ma vie, ça ne tient quà moi que ça aille plus loin ou pas. Le gars ma clairement montré que je lui plais, il ny a pas photo, il a même insisté. Cest moi qui le fuis. Si jétais célibataire, je foncerais
Mais je ne le suis pas et je ne veux pas tromper le gars que jaime, le gars adorable qui ma dit quil ne veut pas me tromper et que je vais lui manquer, le gars qui a tant changé pour moi, qui sait désormais me prendre dans ses bras, me couvrir de bisous et de tendresse, le gars avec qui je me sens si bien que chaque instant passé loin de lui est une privation, une petite souffrance. Mais aussi le gars qui quelques heures plus tôt ma défoncé comme un Dieu, dont le souvenir de sa queue puissante demeure bien vif entre mes cuisses, dont le sperme est encore en moi.
Et pourtant, ça fait quand même bien chier de devoir dire non à un gars qui me plaît.
Pourquoi ce genre doccasion ne mest pas arrivé un an plus tôt, quand jétais encore célibataire ?
Peut-être pour ne pas dévier de ma trajectoire de vie qui ma conduit vers Jérém.
Pourquoi cela marrive-t-il maintenant ?
Peut-être parce que quand on est amoureux, le bonheur de notre esprit irradie à lextérieur de nous et nous rend plus attirants.
Peut-être que cela arrive pour me mettre à lépreuve, pour tester la solidité de mon amour pour Jérém.
Il faut à tout prix que je tienne bon.
Lorsque le train sarrête en Gare St Jean, je décide de rester le nez plongé dans mon bouquin jusquà ce que le gars quitte la rame, quil séloigne, rendant impossible tout contact ultérieur, toute tentation ultérieure.
Le wagon se vide peu à peu. Et alors que je mattends à ce que linévitable se produise, le voir partir et disparaître dans sa vie inconnue comme chacun des gars sexy croisés au hasard du quotidien, quelque chose détonnant se produit.
Du coin de lil, jarrive à voir quil ne semble pas pressé de descendre non plus. Je le regarde et je le vois noter quelque chose dans lune des dernières pages de son livre.
Nos regards se croisent. Il me sourit à nouveau. Mon cur tape à mille dans ma poitrine.
Le gars arrache la page du livre et la plie en deux, et encore en deux. Il referme son bouquin, le glisse dans la poche de son blouson, tout en gardant à la main la feuille arrachée. Puis, il att le sac à labrador, il se lève.
Et bien que la sortie de lautre côté soit nettement plus proche pour lui et nettement plus dégagée, il choisit de sengager dans le couloir dans ma direction.
Je le regarde approcher, sans arrêter de me mater. Arrivé à ma hauteur, il me balance un clin dil très sexy, tout en laissant glisser la fameuse feuille pliée dans louverture de mon livre. Sa main libre enserre furtivement mon épaule. Ce simple contact me donne des frissons.
« A bientôt, espère » je lentends me lancer, avant de quitter le wagon.
Mes battements cardiaques saccélèrent encore, jai limpression que mon cur tape dans ma gorge et que mes tempes vont exploser. Jai le souffle coupé, la tête qui tourne.
Et ce nest quau bout de nombreuses, longues secondes que, les mains tremblantes, jarrive enfin à déplier le petit papier et à en lire le contenu.
« Tu me plais beaucoup. Benjamin 06 19 65
. PS : le chiot sappelle Simba ».
Lorsque le train sarrête en Gare St Jean, je décide de rester le nez plongé dans mon bouquin jusquà ce que le gars quitte la rame, quil séloigne, rendant impossible tout contact ultérieur, toute tentation ultérieure.
Mais en partant, le gars me glisse un petit mot griffonné sur une page blanche arrachée au livre quil était en train de lire.
Et ce nest quau bout de nombreuses, longues secondes que, les mains tremblantes, jarrive enfin à déplier le petit papier et à en lire le contenu.
« Tu me plais beaucoup. Benjamin 06 19 65
. PS : le chiot sappelle Simba ».
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