Nouvelles Erotiques - 4) G Se Détend

Ce qui est bien quand on réécrit son passé, c’est qu’on peut vraiment tout se permettre, modifier son destin pour le rendre meilleur. Grâce à ma machine, j’ai déjà créé de nouvelles réalités, pleines de possibilités. Il y en a une que je veux explorer plus en avant, découvrir si le destin sera clément ou pas avec moi. Il s’agit de G j’avais passé un merveilleux week-end avec lui qui s’est trop vite terminé.
Depuis ce moment, j’ai pris confiance en moi. De retour chez moi, j’ai suivi un régime strict, je me suis mis au sport, et en quelques semaines, je perdais assez de poids pour enfin plaire aux hommes, pas seulement à G. Lui et moi avions conclu qu’on ne serait que des amis, assez proches pour commencer. Dans mon cœur, j’espérais que ça irait un peu plus loin, une fois qu’on se serait remis.
J’ai également déménagé pour me rapprocher de G, il m’a aidé à trouver un studio et un travail, près de la capitale. Je bosse comme manutentionnaire dans un entrepôt de marchandises. Mon studio me convient parfaitement, il est lumineux, la pièce principale est assez grande pour contenir mon lit, une table avec ses trois chaises, un meuble pour mon écran et mon ordinateur, et des poufs pour s’assoir. J’ai même acheté un paravent pour faire une séparation. Cerise sur le gâteau, je suis proche de mon travail et de chez G, on se voit assez souvent, pas pour le sexe.
Pour ça, j’ai les sites de rencontres, c’est devenu plus facile avec ma perte de poids, et le fait que je prenne soin de mon apparence. Finis les poils hirsutes, j’ai fait retirer au laser les plus gênants, et je taille tous les jours les autres. Je rencontre ainsi des mecs pour une nuit, ou un peu plus, sans vraiment m’attacher. Personne ne trouve grâce à mes yeux, j’ai de trop grandes attentes, ou alors, je n’ai pas envie de m’installer tout de suite. Je suis comme un adolescent plein d’hormones, il me faut rattr toutes ces années d’abstinence.
Cela fait donc plus d’un an que j’ai cette nouvelle vie plus heureuse et équilibrée.

Tout ça après un simple « Salut », un mot si courant qu’on oublie qu’il a tant d’importance. C’est par lui que débute une rencontre ou une conversation, et si on le prononce devant la bonne personne, au bon moment, tout peut changer. Bien qu’il ne soit pas l’homme de ma vie, G reste mon idéal masculin, et peu de gens lui arrive à la cheville (sauf peut-être V, mais c’est une autre histoire).
Tout ça pour dire qu’il faut savoir oser dans la vie, si on reste sur la défensive, on n’avance pas. Malgré les incertitudes, il ne faut pas avoir peur, elle peut devenir la pire des conseillères. J’ai passé ma vie à ne pas vivre, avant de connaitre G, j’étais terrorisé à la seule idée de m’exposer. Il m’a montré un moyen de surmonter mes angoisses, il m’a prouvé qu’on pouvait être beau et avoir un cœur en or. Il m’a à remettre en question nombre de mes certitudes, et m’a conforté dans d’autres.
G est le genre d’homme qui vous pousse à surpasser vos limites, sans que vous ne vous en rendiez compte. Vous finissez par révéler le meilleur de vous-même en sa compagnie, et on se sent bien. On ne peut pas lutter contre ce talent, à moins de s’éloigner de lui. Seul problème, une fois que vous avez gouté au fruit G, vous ne pouvez plus vous en passer, et je ne parle pas de sexe. Il suffit d’une soirée avec lui pour comprendre ce que j’avance, et c’est ce qui me fait l’aimer comme un dingue.
On est dans mon studio, je viens de m’acheter une PS4. G en a déjà une, c’est plus marrant de jouer à deux, même si je reste un aventurier solitaire dans l’âme. G a les pieds nus, une habitude que je lui ai empruntée à force de le fréquenter. En fait, c’est très agréable, on se sent libre sans chausson, et on finit par ne plus faire attention au froid. On s’éclate avec un jeu de baston, c’est vendredi soir. Le week-end est enfin là, j’avais hâte de pouvoir faire la grasse matinée. La semaine a été difficile, moins que celle de G :
-Le type fait que des conneries, s’exclame-t-il en martelant la touche X, et ensuite, il dit que c’est pas sa faute.
J’ai passé deux jours à réparer ses conneries, et il a osé attaquer mon boss aux Prud’hommes, pour licenciement abusif.
-Si c’était justifié, il va finir humilier. Il cherche juste à se faire remarquer. Je me demande si la première fois qu’il fait ça.
-J’en sais rien, et je m’en fiche. Je ne veux pas me mêler de tout ça.
-Je te comprends. Je sais, demain, je passe te prendre, on va déjeuner ensemble dans ce petit resto, et ensuite, shopping. J’ai repéré une paire de chaussures et un jean. On peut aussi passer chez l’antiquaire.
-Ouais, réplique-t-il vaguement intéressé, ça pourrait me changer les idées.
Le lendemain, après un bon déjeuner dans un restaurant végan qu’on a découvert ensemble (autre virus que j’ai attrapé en le côtoyant, je ne mange plus de viande), on passe la journée dans les boutiques du vieux quartier. C’est une vaste zone piétonne, bordée de restaurants, de boutiques en tout genre, allant de la vente de vêtements jusqu’à une herboristerie. On y trouve également des habitations. C’est un quartier vivant, musical, où les effluves se mêlent à la musique. On pourrait croire que le chaos règne, c’est une fausse impression, ce n’est qu’un joyeux bazar, du style de la Nouvelle-Orléans.
Mon ami retrouve le sourire, ce sourire que j’aime tant, franc et massif, communicatif. Il s’est aussi acheté un jean, et plusieurs polos, ainsi qu’une série de boites anciennes pour ranger les aliments secs, et une commode en bois qu’il se fera livrer dans la semaine. Il est bien content de cet achat, ça lui manquait dans sa chambre pour poser sa chaine stéréo et ranger des affaires.
Au bout de quelques heures, mes pieds et mes jambes ne sont que douleur et raideurs, et je ne parle pas de mes reins. Piétiner dans les magasins, c’est sympa, mais crevant à la longue. G semble également épuisé, il traine un peu de la patte. Je n’ai pas envie d’aller dans un café, il y a toujours trop de monde, et c’est trop tôt pour aller au restaurant.
A la place, on achète des boissons, et on s’installe dans l’herbe d’un parc proche, à l’écart des gens, près d’une petite fontaine. La proximité de l’eau rafraichit un peu l’air :
-Ça fait du bien, soupire G en retirant ses baskets.
-Tu l’as dit, souris-je. Tu as toujours les plus beaux pieds de la Terre, je n’ai jamais trouvé personne de mieux.
-C’est gentil. Tu en es où de tes rencontres ?
-Pas très loin. Beaucoup de sexe, très agréable, ça s’arrête là. Je crois que je suis un peu trop exigeant avec les mecs.
-Parfois, il le faut, tu sais.
-Faut dire que j’ai mis la barre très haut dès ma première fois, pas facile de faire mieux.
-J’ai eu de la chance aussi. On avait passé un bon week-end, pas seulement parce qu’on a couché ensemble. On avait bien rigolé.
-C’est clair, je ne m’étais jamais autant amusé. Et puis, grâce à ça, j’en suis là aujourd’hui. Quant aux mecs, je m’amuse, et si je tombe sur le bon, je fonce. Je le saurai le moment venu, c’est comme ça que ça marche, non ?
-Tu ressens quoi pour moi alors ?
-Tu es mon meilleur ami, je t’aime de cette façon. J’ai toujours du désir pour toi, je pense que c’est ce qu’on ressent pour son premier mec. Et toi ?
-Pareil, y compris pour le désir. Tu m’avais fait des trucs bien, surtout les massages.
-Tu en es friand de massages. Je t’en referai un à l’occasion. Jusqu’ici, j’avais un peu peur de mes sentiments, de me jeter sur toi. C’est bon, maintenant, je maitrise bien.
-Tu sais, si ça doit finir comme ça, on y pourra rien.
-Je préfère éviter, tu es mon ami, pas un objet sexuel. Pour ça, j’ai le monde entier à ma disposition, mais une seule personne qui me comprend.
-D’accord, ça me touche. Ça ne change rien, j’adore tes massages.
On éclate tous les deux de rire, ça soulage de pouvoir dire ce que l’on ressent au fond de soi. Sans réfléchir, je saisis délicatement la cheville de G, il s’appuie contre le tronc de l’arbre sous lequel on est assis, les yeux fermés.
A une époque, j’aurais pensé que c’était le prélude à une relation sexuelle, d’ailleurs, avec certaines de mes rencontres, ça commence comme ça. Cette fois, ce n’est que moi qui soulage les douleurs de son ami, bien que dans ma tête, des images fusent, souvenirs de notre week-end tendre.
-C’est agréable, souffle-t-il. Oui, juste là.
J’appuie plus fort sur la plate de son pied, là où il a mal. J’ai fait des recherches sur internet pour améliorer ma technique, j’avais la vague idée de séduire G ainsi, avant de réaliser que ce serait vain, on n’est pas fait l’un pour l’autre. Au moins, ça peut me servir pour l’aider à se détendre, et je m’entraine pour mon futur amoureux. Chacun de nous y trouve son compte, tant que ça ne dépasse pas les limites.
Mon seul problème, c’est que je n’ai pas d’huile de massage. Si on avait été chez moi, j’aurais opté pour une huile à la lavande et à l’orange, très relaxante, ou alors celle à base d’Ylang Ylang. Je viens d’en racheter, ça aurait été une bonne occasion d’ouvrir le flacon. Je me demande quel effet ça aurait sur lui, il est difficile de savoir ce qu’il pense. C’est du moins ce que je ressens, une sorte de décalage entre ses pensées et ses mots :
-Y a pas dire, ajoute-t-il, tu as un vrai talent.
-Ravi que ça te plaise, j’ai fait des recherches sur le net pour toi.
-C’est gentil.
J’effectue de petits mouvements circulaires avec le pouce autour de ses malléoles, suivis de mouvements lents en forme de huit. Je répète ces mouvements encore et encore, variant les pressions tout en demandant à G comment il se sent. Il est détendu, dans une sorte d’extase flottante. Je masse ses deux pieds, l’un après l’autre, essayant de ne pas le chatouiller. Apparemment, j’y parviens, il pousse des soupirs d’aise, presque des gémissements érotiques, les mêmes que ce soir-là.
-Si tu continues comme ça, plaisanté-je, tu vas avoir un orgasme.
-J’en suis pas loin, tu masses vraiment bien. C’est mieux que le sexe.
-Merci, c’est flatteur pour moi. La prochaine fois, j’utiliserai de l’huile, ça sera plus facile.
-Tu me feras aussi le dos ?
-Ça signifie que tu seras torse nu.
-Même en boxer, tu pourras t’occuper de mes jambes aussi.
-Et de ta queue aussi. Je sais que tu bandes.
-C’est vrai. Pas toi ?
-Un peu excité. D’accord, ajouté-je, très excité. C’est normal, non ?
-Oui, tout à fait, on est des humains.
-N’empêche, on l’a fait, j’ai pu te toucher sans que ça vire au sexe.
-Ça m’aurait pas dérangé. Je te l’ai dit, on ne doit pas s’en vouloir pour ça.
-Je ne m’en veux pas, simplement, je ne te considère pas ainsi. Je tiens trop à toi pour laisser le sexe tout gâcher.
-Mais je te fais de l’effet.
-Bien sûr, je ne suis pas de marbre, et toi non plus. Une part de moi en a très envie, je me retiens depuis tout à l’heure d’embrasser tes pieds. J’ai pas quitté de l’œil ton entrejambe, j’ai assisté à ton érection avec plaisir. J’en suis la cause, après tout.
-Oh ça oui, c’est toi qui m’as fait bander, pas seulement à cause du massage. C’est tout ça, l’ambiance, tes mains, ta sensualité, l’instant.
-On doit éviter que ça recommence, alors, surtout si l’endroit se prête au sexe. Je ne peux pas.
Je repose son pied au sol, la session massage est finie. J’ai dû me montrer un peu brutal, G fait une grimace. Au moins, ça a eu le mérite de nous en apprendre un peu plus sur nous-mêmes, et nos sentiments. L’attirance est toujours présente, l’envie aussi, elles ne nous quitteront surement jamais. On doit lutter contre elles pour ne pas succomber, je refuse de passer mon temps à me demander si on remettrait ça, ou si G se réveillerait pour me jeter.
-Ecoute, dis-je, je ne veux pas que ça se finisse mal entre nous, juste parce qu’on a laissé nos hormones parler.
-Tu as peut-être raison, admet-il après une seconde de réflexion. Ça ne vaut pas le coup de gâcher ce qu’on a. Il me faut un copain.
-Je ne me fais pas de soucis pour toi, il est là, quelque part à t’attendre. Il te fera tous les massages que tu veux.
-On peut au moins continuer les massages, je te jure de me tenir.
-On essaiera, c’est promis, dans quelques semaines, J’ai besoin de temps pour me remettre.
-Non, ce soir, chez toi, j’apporte le diner.
Le soir, G, allongé sur mon lit, ne porte que son boxer. Je n’ai pas pu refuser, quelque chose en moi m’en empêchait. La peur a guidé mes paroles, celle de le perdre, de me perdre. J’en ai oublié l’essentiel, G et moi sommes des adultes, on sait ce qu’on fait. Ce n’est que du sexe, ça ne signifie pas qu’il me prend pour un objet ou inversement. Ce n’est que du plaisir entre deux personnes irrémédiablement attirées l’une par l’autre, il ne faut pas lutter.
-Je vais utiliser une huile à l’Ylang Ylang.
-Pas de problème, c’est toi l’expert.
Délicatement, je verse l’huile sur sa nuque, et je commence à masser d’une main. Ses muscles sont durs, il a des nœuds partout. Je m’emploie à les détendre un à un, et je l’avoue, je prends mon temps exprès. Sa nuque se ramollit, je passe à ses épaules en rajoutant un peu d’huile. Sa peau se met à luire, elle est encore plus douce que d’habitude. Il a pris sa douche chez moi et a utilisé mes produits. Tous mes sens sont en éveil, je ressens avec une intensité nouvelle chaque contact entre mes doigts et G. Je redécouvre son corps d’une manière plus intime :
-Ça va ?, demandé-je.
-Impeccable, souffle-t-il. Surtout, ne t’arrête pas.
-Je n’y comptais pas. Tu as le dos très noué, ça risque de faire mal.
-N’hésite pas, ça ira.
-Et du côté de ton entrejambe ?
-Rien du tout, je te l’avais promis. Et toi ?
-Je tiens le coup.
Malgré la rougeur de mes joues, ajouté-je in petto. Ce n’est pas comme si c’était la première fois que je le voyais dans cette tenue, ni allongé, à la merci de mes mains. La seule différence, c’est que ça se passe dans mon lit, aucun homme n’y a jamais dormi. Je m’arrange pour aller chez eux, afin de préserver mon intimité, ou on fait ça en extérieur. G est le premier à tester mon lit, acheté d’occasion. Il est à sa place, dans ma chambre, presque nu.
Petit à petit, G se détend, son corps se ramollit comme sa nuque. Ça devient plus facile de le masser. Son souffle est paisible, régulier, pendant une seconde je me dis qu’il s’est endormi. Non, il a un sourire tendre sur le visage, les yeux fermés. Je ne vois que son profil, ça me suffit pour savoir qu’un rien pourrait mettre le feu au poudre, un simple mot de ma part pour que ce lit devienne le théâtre de nos ébats torrides.
-Et maintenant, m’enquis-je, tu te sens comment ?
-Apaisé, répond-t-il la voix pâteuse, détendu, mou.
-C’est parfait, souris-je. Repose-toi, G.
-Reste avec moi, C.
-Je n’irai nulle part, j’ai encore tes jambes à faire.
-Pas la peine, garde ça pour demain ou un autre jour. On recommencera, hein ?
-Oui, dis-je en m’essuyant les mains et en m’allongeant près de lui, jusqu’à ce que tu trouves ton homme.
-Même après, peut-être de façon moins sexy.
-On fera comme tu l’entends, j’en ai envie.
-Moi aussi, et je respecte ton choix. Tu avais raison, on ne peut pas coucher ensemble sans que ça change tout entre nous.
-Tout à déjà changé, non ?, répliqué-je. La vraie question est de savoir si on arrivera à tenir.
-Pourquoi le devrait-on ? Je veux dire, si c’est vraiment ce qu’on veut, quel mal y-a-t-il à se faire du bien ?
-J’en sais rien, ça fait un peu bizarre. On a eu notre chance, on l’a fait, et on a pu passer à autre chose. Remettre ça, ce serait admettre qu’on n’a pas vraiment tourné la page, une sorte de régression.
-Ou alors, contre-t-il, c’est le signe qu’on a évolué, qu’on est prêts à s’amuser ensemble sans que les sentiments s’en mêlent. Sur ce point, tout est clair entre nous.
-Oui, c’est vrai, je ne risque plus de tomber amoureux de toi.
-Rien ne nous empêche donc de passer à l’acte, si le besoin s’en fait sentir. Pas de contraintes, juste deux amis qui se donnent du plaisir.
-Comment refuser une telle proposition ?, plaisanté-je.
-Impossible, sourit-il en se remettant sur le dos.

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