Nuatak 7 : Orage D'Acier

La bête avançait. Son pas était lourd de la rage inextinguible qui l'habitait. Ses mains griffus encore maculées des paysans se contractaient par a coups, impatiente de déchiqueter et de broyer. La femelle de magie d'ombre avait abandonnée toute prudence et laissait derrière elle une voie toute tracée vers le futur carnage. Il allait détruire tout ce qui pourrait contester son hégémonie sur ce qui allait être son territoire. Qu'importent les murs, les arquebuses ou les loups. Rien ne saurait l'arrêter.

La cité gobeline était plongée dans la panique la plus totale. Tout ce qu'il y avait de combattant se préparait à vendre chèrement sa peau pour tenter de laisser aux autres le temps de fuir. Les loups avaient renoncé à combattre pour à la place emmener un maximum d's en sureté le plus loin possible. Les époux se disaient déjà adieu.

A l'épicentre de cette panique le mage restait stoïque. Dès que Nuatak était revenus il avait su qu'il serait le seul à même d'affronter un tel monstre. Il maitrisait de nombreuses arcanes et pouvait prétendre à un haut rang. Mais même des seigneurs elfes auraient renoncé à affronter seul un peau d'acier.

Il s'était gavé de potions, tout pour augmenter ses réflexes, durcir sa carapaces. Il avait préparé des sortilèges à un point tel que ses mains tremblaient sous l'énergie contenue. Il portait d'autres parchemins de puissances et une armure de cuir épaisse qu'il avait enchanté. Ses yeux brulaient. Un mouvement attira son attention...deux elfes, deux gobelins et un orc...maudit, ils l'avaient suivis. Il se dirigea vers eux ne leur laissa pas le temps de parler.

-Dégagez. Vos ne ferez que me gênez.
-Te gêner pour anéantir cette cité.
-Stupide elfe ! As tu la moindre idée de ce que je vais affronter ? Prie tout tes dieux que je sois assez fort. Personne n'a vaincu un peau d'acier seul depuis des siècles.
-Comme si un sale sor...
-SILENCE! Mage, que pouvons nous faire ?

L'orc était comme ses camarades désireux d'éviter la ruine de la cité et de son peuple, mais il savait ne pas se laisser aveugler par sa haine de la magie d'ombre.

-Rien. Laissez moi seul c'est tout.
-Nuatak n'est pas avec toi ?
-Elle n'a aucun moyen d'affronter un tel monstre.

Soudainement sa compagne elfique apparut derrière lui. Elle portait deux dagues et un arc, avec lequel se joignait un paquet de flèches.

-J'en ai déjà tué cinq. Je suis la plus expérimentée.
-Ils étaient blessés, il y avait toute une armée de paladins.
-Et la j'ai de quoi me battre ! Pendant que tu commerçais j'ai dépensé des joyaux pour ça. Nuatak tira une de ses dagues et la montra à son compagnon. C'est du noiracier.

Le mage opina, n'essayant même pas d'argumenter. Le noiracier était un métal des profondeurs, immensément cher. Seules les armes enchantées pouvait être meilleures.

-Je suis venue avec toi. Nous le ons ensemble.
-Tseuh ! Pitoyable catin. Si nous survivons soit assuré que...
-La ferme Aengil. SI nous survivons alors cela voudra dire que personne n'aura rien à craindre d'eux.
L'elfe regarda l'orc avec un oeil dur.

-Ton amitié t''aveugle Narkos. De toute façon ce ne sera pas à nous de décider.

Le groupe s'éloigna, non sans que l'orc ne jette un regard fraternel à Nuatak. Celle ci se retourna vers le mage. Ils avaient le même regard déterminé. Sans dire un mot ils traversèrent les portes de la cité pour attendre le monstre. Nuatak respira un grand coup, s'adonnant à un calme irréel depuis la grange.

-La première fois que j'ai vu le soleil c'était un jour comme celui ci.
-Tu penses que c'est un beau jour pour mourir ?
-Non. Je pense que ce jour sera un tournant.

Ils ne dirent plus rien. Le vent souffla, charriant une odeur de métal et un souffle rauque.

Le peau d'acier avançait depuis plusieurs heures maintenant. Il voyait les murailles depuis un moment et alors que le sol incliné devenait plus plat il aperçut la porte. Ses dents le démangeaient, la soif de sang, la rage de voir ce qu'il considérait comme son territoire occupé. Sa peau lisse couverte de stries noires palpitait presque à l'approche du carnage. La grange n'avait été qu'un prologue, une flaque. Il allait faire couler des fleuves de sang.

Au pied de la porte deux silhouettes lui firent face. Il les sentit aussi. Elles débordaient de magie d'ombre. C'étaient, comme lui, des mutants. La femelle le regardait avec un air de défi. Et à coté le mâle...exsudait encore plus. Il débordait d'énergie, pas seulement d'ombre mais de tout. Il semblait puissant, avec un corps modelé pour le combat et ses cornes légères ajoutaient à son aura prédatrice. Rien de bien dangereux.

Le peau d'acier prit néanmoins son temps pour avancer, pour savourer le combat à venir. Ses yeux rouges ne quittaient pas ses deux adversaires. Il écarta ses lèvres, dévoilant ses crocs terribles et hurla.

Nuatak encocha une flèche et décocha en un geste d'une fluidité parfaite. Son tir fila vers la mâchoire du peau d'acier, un tir parfait qui se heurta sur ses dents qu'il avait refermé. La bête s'élança vers eux, avec une vitesse insoupçonnée. Nuatak décocha d'autres traits, cherchant à atteindre les yeux mais le peau d'acier les évitait tous de justesse. Il n'était plus très loin quand le mage entra en action.

Il leva la main gauche, paume vers le haut et pointa le monstre de sa main droite. D'un seul coup celui ci tomba à terre, retenu par une force titanesque tandis qu'une pluie de traits de glace et de feu mêlée s'abbatait sur lui. Le choc fut violent mais il en ressortit indemne. Il essaya de sauter sur le mage mais il fit un autre geste, le retenant prisonnier d'une force invisible. Il serra alors le poing, tentant de briser le corps du peau d'acier dans un étau. Mais il résista et centimètres par centimètres il prit le dessus jusqu'à briser le sortilège. Il prit alors une pierre qu'il lança de toute ses forces vers le mage qui l'évita, mais perdit un instant précieux.

La bête était proche, si proche. Même lui avait du mal à faire aussi bien, même Nuatak aurait eu du mal. Il avait lancé un sort pour ralentir le temps, par réflexe. Il se saisit de deux parchemins qu'il lança en direction de la bête. Les sortilèges se déclenchèrent sur sa pensée et une tempêtes d'énergie repoussa le peau d'acier avant de l'envelopper. Ce ne serait pas suffisant, mais il lui restait encore un atout.
Le mage leva les deux mains en direction du ciel. Le sort de gel de temps s'estompa. Il psalmodia des paroles que nuls n'aurait attendu de lui. Nuatak encocha plusieurs flèches.

Le ciel se déchira de lumière, une lance pure d'énergie solaire fila vers sa cible. Derrière venait des boules de lumières pures. Nuatak décocha ses traits, tous mortels. Tout disparut en un éclat aveuglant absolut. Quand le mage put enfin rouvrir les yeux la bête était à genoux. Juste à coté de l'impact. Sans rien d'autre que des blessures superficielles. Son bras droit était tendu en direction de Nuatak, à terre, assommé par une pierre qu'elle n'avait pu voir, son arc brisé avait amortit l'impact.

Le peau d'acier avança en direction du mage. Il avait eu mal, il avait faillit mourir. Il avait la rage. Dans un dernier sort le mage invoqua un marteau de guerre étincelant digne des paladins et para les griffes du monstre. Il fit un pas de coté pour le faire glisser et tenter de frapper mais son ennemi était la mort venue des profondeurs du monde et ne se laissa distancer.

Sur les murailles tous espéraient, priaient, pleuraient. Le combat était inégal, le mage était trop en difficulté. Mais il y avait encore un espoir, un infime espoir. Un coup, peut être. Pour espérer vivre. Le corps surchargé de mixture de l'humain tenait bon. Il réussissait à parer, à être assez rapide. Il y avait une chance.

Il n'avait aucune chance. Ses coups ne faisaient rien, il lui fallait une arme tranchante. Ses muscles hurlaient sous la douleur de l'épreuve de force avec cet être. Il évitait encore mais il était si lent et la bête si rapide. Il tenta un coup large pour se donner de l'espace et signa sa défaite. Le peau d'acier évita le coup et lança sa main gauche vers le torse du mage. Il posa sa main à plat et serra le poing. Les griffes se plantèrent la cuirasse et la carapace. Il racla, creusa au travers. Le mage recula et tomba à terre, blessé. Le peau d'acier allait l'achever mais un cri fusa. "Laisse le !".

La bête laissa le mage pour se tourner vers Nuatak. Elle avait dégainé ses dagues de noiracier et reculait lentement, pour éloigner le monstre de son compagnon. Le peau d'acier exhala un souffle rauque et chargea l'elfe noire, son bras gauche fusa, ses griffes prête à lui arracher la chair, mais il mordit dans de l'ombre. Nuatak sembla devenir fumée et reprendre forme derrière la bête pour lui asséner des coups de dagues dans le dos.

Elle ne réussit pas à percer sa peau mais elle le pouvait, elle l'avait déjà fait. Alors qu'elle se remettait en garde l'elfe d'ombre comprit qu'elle avait une chance, elle comprit comment vaincre. Son agilité déjà exceptionnelle s'était encore accrue avec son pouvoir, la rendant insaisissable. Elle sourit en réponse au monstre.

-Viens.

Un autre ballet commença. Sous les yeux de la population de la cité, une elfe tenait tête à l'une des pires créatures connues. Le peau d'acier se tendait et se détendait comme un ressort, griffant sans cesse comme un ouragan de métal. Nuatak ne cessait de se mouvoir, disparaissant dans des ombres pour surgir ailleurs. Elle affichait un air sauvage, totalement dominée par la fureur du combat. Les doutes qui l'avaient assaillis, les peurs, rien de cela n'existait désormais.

Lentement les deux êtres se déplaçaient en combattant, laissant dans leur sillage le sol strié de griffures profondes. Les lames de noiraciers glissaient, Nuatak n'arrivait à donner des coups d'estocs ou alors le monstre s'arrangeait pour que ses os subissent le choc. Il était complètement fou, mordant à travers les ombres dans l'espoir d'attr sa proie.

Nuatak s’éloigna et lança une de ses dagues vers le plexus du monstre. Un lancer parfait, réalisé alors qu'elle était dans les airs en plein saut. Il l'attrapa et la jeta au sol. Mais cette fois il ne souriait plus. Au centre de son ventre, une minuscule goutte d'un sang maléfique perla.

Le combat reprit de plus belle, Nuatak ne cessait de faire passer sa dague d'une main à l'autre, prenant de plus en plus de risques pour l'infime espoir d'avoir l'ouverture qui lui donnerait la victoire. Les griffes la frôlait de si près qu'elle sentait le froid métallique du monstre contre sa peau, touchant le tissus. Elle avait oublié la notion du temps, la fatigue n'était qu'un feu qui la rendait plus forte.

La balance du destin se mit en branle. Un vainqueur allait être désigné. Dans un ultime assaut Nuatak inversa sa prise sur son arme et attaqua frontalement la bête. Vingts décennies se concentrèrent en un seul geste. Deux cents vingt trois années d'existence pour se tordre, esquiver les griffes pour ne pas recevoir de blessure mortelle.

Nuatak tomba à terre sur ses genoux, lacérée. Son sang coulait sur l'herbe grasse. Juste devant elle le peau d'acier s'effondra après un regard incrédule, la lame de noiracier fichée dans sa clavicule jusqu'à la garde, transperçant son cœur de métal.

Un sang noir se répandit sur l'herbe. Un silence dansa sur la plaine.

Nuatak avait gagné.



Salut !

Après plus d'un an voici enfin le nouveau chapitre de Nuatak. Franchement il m'a fallut du temps pour m'y mettre mais j'espère que le résultat, même sans sexe, sera à la hauteur de vos attentes.
Pour être honnête je commence à me retrouver dans une impasse avec ce personnage. j'ai envie d'en faire plus avec, d'en faire faire une véritable histoire si l'on peut dire. Même si ma décision n'est pas encore prise c'est sans doute l'avant dernière histoire qu'il y aura avec elle dans cette continuité. Je n'exclut pas de faire d'autres histoires avec elle au contraire, mais dans d'autres situations.
C'est l'un de mes personnages préféré je dois le dire, et j'espère qu'il vous aura plut. J'ai naturellement des tas d'autres projets en cours et qui, espérons, viendrons rapidement.