Le Retour Du Collègue Amoureux 2
Arrivés chez nous, fort de mes doutes, je les laisse quelques instants seuls prétextant daller chercher les boissons. Mais jespionne, dissimulé. Cest trop fort, je ne peux men empêcher. Bien men a pris. Assis sur le grand divan, David la contraint à sasseoir à ses côtés. Il lattire à lui pour lembrasser. Elle tente de le repousser mais il la maintient dune main dans ses cheveux, derrière la nuque. Elle finit par lui abandonner un baiser furtif et rapide sur les lèvres. Je crois entendre alors dans un murmure :
- Pas maintenant, pas ici. Il peut nous surprendre !
Maintenant, ici, surprendre ? Trois mots qui résonnent dans ma tête. Désormais, il est clair pour moi que ces deux là ont quelque chose à me cacher. A moins davoir mal entendu. Elle finit par se libérer de son étreinte et file à la cuisine, le rouge aux joues, au moment où jentre dans le salon. Mais au lieu de minquiéter sur leur réelle relation, aveuglé par la perspective de renouveler lexpérience dil y a dix ans, je souris à David. Un sourire de connivence.
Car enfin, je suis en plein dans mon fantasme ; excité, le sexe en érection, à létroit dans mon pantalon, jen oublie tout discernement. Ce détail néchappe pas à David et lui soutire un sourire ironique. Dix ans que jespère ce moment ! Je vais les voir baiser. Toute jalousie, tout ressentiment devant leurs comportements, tout soupçon, tout sest envolé devant loptique de la soirée de débauche qui saugure. Et pour cause
Chantal nous annonce depuis la cuisine quelle va se changer et prendre une douche. Tous les deux assis dans le salon on se regarde lui, conquérant, moi, impatient.
Nous attendons son retour en silence. David sest assis dautorité sur le canapé me laissant un des fauteuils. Je suis détendu assuré que je vais encore, maître de la situation, conduire le couple dans des égarements sensuels et sexuels pour assouvir mon fantasme. Je décide dengager laction avec une confiance sereine.
- Je crois quelle est dans de bonnes dispositions, non ? Le même état desprit quil y a dix ans ? Tu la trouves toujours aussi désirable ?
Jaccompagne cette phrase dun rire mielleux pour signer notre collaboration. Mais soudain, tout bascule. Silencieux il sort de son portefeuille ce qui mapparaît immédiatement comme une photographie. Il la contemple un instant avant de me la proposer à voir.
- Regarde comme cette photo de Chantal est magnifique !
Alors tout se brouille dans ma tête. Mon cur se met à battre en surrégime. Une photo de Chantal ? Mes mains tremblent quand je me saisis de limage. Je ne vois rien dabord, tout est trouble. Puis progressivement la photo me livre son contenu, et ce que jy vois me glace le sang.
Une piste de danse. Une boite de nuit certainement. Un seul couple se tient au milieu des lumières crues de la salle. Une femme est dans les bras dun homme tout petit et rondouillard et ce que je vois de son visage me fait penser à un maghrébin. Elle a passé ses bras autour du cou de son cavalier, une main sur la nuque lui maintient sa tête plaquée contre son oreille. Il semble lui murmurer des paroles ou lembrasser. Les deux mains de son cavalier sont ostensiblement plaquées sur ses reins. Mais ce quon remarque immédiatement, cest que ces mains ont relevé la robe de la danseuse pour offrir à la vue des témoins dans la boite, des fesses nues de tout sous-vêtement. La blancheur éclatante de la peau de la femme exhibée occupe lessentiel de la scène érotique. En arrière plan David, assis à une table, entouré de trois autres hommes âgés en apparence, semble se réjouir du spectacle des rondeurs de la danseuse et de la réaction de ses compagnons qui manifestement apprécient la beauté du cul exhibé. La tête penchée en arrière, les yeux fermés, la femme semble se réjouir de la situation et/ou du baiser de son cavalier.
Je reste scotché sur cette image. Mon cerveau ne répond plus. Je suis bloqué sans pouvoir détacher mes yeux de cette scène diabolique. Je ne comprends pas ce que vient de me dire David. Quand ? Où ? Comment ? Autant de questions qui se bousculent dans ma tête. La gorge serrée, je mentends lui demander sans conviction et un brin de ridicule car je sais, je lai reconnue :
- Cest qui ?
En fait dabord je refuse dy croire. Je doute même quil sagisse de Chantal. Cest un montage. Ma femme est incapable de se vautrer ainsi dans la débauche. Je la connais si bien avec ses retenues concernant les choses du sexe. Mais alors, pourquoi ce salaud minflige-t-il cette image ? Pour se venger du passé ?
- A nen pas douter Arsène, il sagit bien de Chantal. Chantal coupable dadultère et ma maîtresse depuis deux ans maintenant. Tu es cocu. Tu as mis le feu à nos sens et ni moi ni elle et ni toi ne pouvons plus éteindre cette passion. Demain je vais repartir avec elle.
Son ton assuré, péremptoire ne méchappe pas. Je ne trouve pas la force de réagir. Ses mots ne veulent rien dire, je vis un cauchemar. Ils se moquent de moi. Quand enfin Chantal entre dans le salon en peignoir de bain en soie, je parviens à détacher mon regard de cette image.
Son visage paraît soudainement se vider de son sang et se fige quand elle comprend la situation. Livide, elle titube. David lui prend la main pour la soutenir et la fait sasseoir près de lui. Tout près ! Il lui caresse les cheveux avec tendresse. Elle se le laisse faire, le regard vide, fixé nulle part. Nous sommes tous les trois silencieux. Moi je me sens incapable de la moindre réaction tant le choc est brutal. Pire, je débande !
Cest alors que toutes les incohérences que jai constatées depuis ce retour, sans en comprendre sur le moment le sens réel, révèlent toute leur acuité : la remarque sur la coupe de cheveux, les tutoiements, les réactions de Chantal puis de David, la mutation professionnelle supposée lointaine
Je regarde tour à tour ma femme puis celui qui apparaît au grand jour comme son amant.
Jai envie de crier, hurler pour fuir ce cauchemar. Les tous les deux pour leur faire payer leur infamie. Mais je reste immobile, simple spectateur de ma déchéance, de notre déchéance.
Dans un silence sordide, lentement avec un geste dune infinie tendresse, David lui prend le visage entre ses deux mains et lattire à lui. Chantal noppose aucune résistance mais sans vraiment participer. Lentement il pose ses lèvres sur les siennes. Une caresse plus quun baiser. Les bras posés sur ses cuisses, immobile, elle se laisse embrasser, passive, sans vraiment manifester un quelconque plaisir. Jassiste incrédule à la scène damour sans bouger, la photo toujours dans ma main. Je me mets à espérer une réaction violente de rejet de sa part. Ils restent ainsi quelques longues secondes avant que Chantal, contre toute attente, ne sempare à son tour des joues de son amant pour appuyer et lui rendre son baiser. Je comprends alors quelle laime toujours, après tout ce temps ! Je nexiste plus. Je suis mort, effondré. Le commentaire dune lectrice sur ce texte, il y a dix ans, me revient en mémoire : « les hommes baisent mais ne s attaches pas. les femmes baisent et s attaches et c est comme cela que l on devient un cocu lambda » (sic). Je constate aujourdhui combien elle avait raison. Pendant ce long baiser, ni lun ni lautre na le moindre égard pour le cocu.
Puis, toujours lentement, David se tourne vers moi, me fixe droit dans les yeux pour me provoquer, défait la ceinture du peignoir de bain qui souvre naturellement, en écarte bien les pans et dénude le corps de mon épouse.
- Ils sont beaux non ? Elle a des seins magnifiques.
Ces mots accompagnés de ce geste sans équivoque signifie quil moffre ce qui devrait être mien, et me donne une envie de vomir. Le regard fuyant, Chantal ne réagit toujours pas.
- Tu vois Arsène, poursuit-il, tu voulais être cocu, soit content. Je vais tout texpliquer. Chantal mappartient désormais. Ce matin nous nous sommes parlés. Je lui ai avoué que ma visite était destinée à taffranchir de notre relation qui a pris naissance il y a deux ans maintenant. Javais essayé de loublier mais en vain. Alors jai entrepris de la reconquérir. Il ne ma pas été difficile de la convaincre de venir me retrouver une fois à Paris. Ni de la séduire à nouveau. Elle non plus navait pas oublié. Puis elle est revenue, soumise, amoureuse. Alors, je lui ai fait découvrir les plaisirs du sexe, ensemble, comme ceux que tu avais initiés dix ans auparavant. Puis, tu ne me croiras pas, jai eu envie daller plus loin et de faire profiter des charmes de ta femme à des amis. Tu connais ça, hein ? Moi aussi javais des fantasmes pareils aux tiens. Si elle te les refusait, elle moffrait de les réaliser avec une complicité qui te surprendrait. Elle sest révélée une « affaire » comme disent mes amis. Tu ne timagines pas ce quelle est capable de faire. Jai alors envisagé de la garder, de la marier. Seulement elle ne se décidait toujours pas à te quitter. Cest une femme prisonnière de ses convictions et du respect de ses engagements. Aussi, au téléphone ce matin, je lui ai promis de renoncer à tout te dire, et si elle navait pas manifesté le désir de se retrouver ici tous les trois, je crois que jaurais respecté ma parole. Mais voilà, jai compris quelle voulait te faire plaisir une dernière fois en abondant dans ton sens et rééditer notre aventure dil y a dix ans. Je ne supportais pas cette éventualité. Elle ne devait être quà moi. Jai été conforté dans mon appréhension quand elle nous a annoncé quelle allait se doucher. Pour toi, cétait devenu une évidence comme en témoignait tes propos et la bosse au niveau de ton pantalon. Mais moi cela ne me convenait pas du tout. Je voulais la ramener avec moi. Pour toujours. Ta méprise sur mes intentions réelles ma fait sourire. Tu navais rien compris, aveuglé par ton fantasme candauliste. Alors je suis passé à laction. Jai donc décidé de forcer sa volonté et accepter de taffronter.
Je suis assommé ! Pendant toute cette tirade, Chantal ne ma pas une seule fois adressé le moindre regard. Elle est restée les seins nus, caressés par David, la tête posée langoureusement sur lépaule de son amant. Lui, toujours calme et maître de lui me regardait en souriant, triomphant.
Je vais pour réagir quand je le vois qui dégage le peignoir des épaules de sa maîtresse et la dénude entièrement. Par ce geste, toujours avec ce sourire de vainqueur, il tient à me signifier que ma femme est sienne. Il lui caresse le dos de sa main libre tandis que de lautre il lui excite la pointe des seins.
Cen est trop ! Je viens de réaliser limportance du drame qui se noue et qui va avoir pour conséquence la fin de notre couple. Dans un réflexe de survie je madresse à la femme de ma vie.
- Chantal, dis moi que tout cela est faux. Que cest une simple comédie que vous avez imaginée pour revivre tous les trois laventure davant.
Minable, cest tout ce que jai trouvé pour sortir de ce cauchemar.
- Dis-moi que tu ne veux pas me quitter, que tu maimes toujours.
De mieux en mieux, il ne manque plus que les larmes ! Ma voix tremble, jai peine à contenir mes sanglots. Je vois bien que mes paroles sont ridicules, quelles sont banales. Je dois lui faire pitié, le pire des sentiments quand il sagit damour. David sourit toujours, impassible. Un sourire méprisant pour le mari cocu face à lamant vainqueur. Mais Chantal reste silencieuse dans un silence accablant.
Puis ma détresse se transforme en colère, en haine. Je commence à comprendre que tout est fini. Mais je ne soumets pas et jimagine spontanément une autre stratégie pour récupérer dans un ultime effort, une situation qui semble perdue.
- Tu sais mon amour, cette photo sur cette piste de danse est très excitante. Jimagine que tu as dû te faire défoncer par cet homme. Et même les mecs à la table avec David, qui te regardent avec envie, ont dû bien profiter de toi, de ton cul, de ta chatte, de ta bouche.
Je fais exprès dêtre vulgaire. Je sais quelle naime pas.
- Jimagine quils tont partouzée, non ? Tu tes sans doutes laissée enculer pendant que tu en suçais un autre. David est aussi obsédé que moi. Cest super, on va pourvoir vivre ensemble des moments de débauches que jappelle de mes vux depuis toujours. Enfin ! David tu me fais découvrir la petite salope, la petite pute que jabritais sous mon toit. Tu seras notre chienne, notre garage à bites
A cet instant, Chantal relève la tête et me regarde.
- Tais-toi !
Ce cri, il sort de son ventre, je le sais, je le connais.
Silencieuse, elle semble réfléchir. David ne sourit plus. Surpris par mes propos. Elle se lève, enfile et se couvre du peignoir de bain et se dirige pour monter à létage vers notre chambre, sans un mot. Ma tentative de créer un choc a semble-t-il réussi.
Les deux mâles se font face, prêts à bondir. Il prend linitiative de parler. Je constate, satisfait, que le ton de sa voix est moins assuré, peut-être dans une tentative de se convaincre ou de me convaincre.
- Désolé Arsène mais cest moi le maître désormais. Jai fait de ta femme une bête de sexe, même si au début elle était réticente. Je lai exhibée, faite baiser avec des collègues, des amis, des hommes mais aussi, écoutes bien, des femmes ! Jen ai fait une salope soumise aux plaisirs du sexe. Elle venait me rejoindre en te disant quelle allait en séminaire ou visiter sa famille. Ne te doutant de rien tu néprouvais pas le besoin de vérifier ses alibis.
Jécoute ses propos, sans vraiment comprendre ce qui le pousse à me vomir ces paroles, si ce nest pour mexciter ou maccabler. Je devrais me révolter et lui mettre ma main sur la gueule. Mais je reste à écouter ses révélations, tétanisé mais aussi curieux. Japprends quun de ses amis est même venu nous rendre visite chez nous, en ma présence, à son instigation. Il lui aurait demandé de forcer Chantal à flirter avec lui, en se dissimulant de son cocu, sous la menace de tout me dévoiler. La soumettre pour lhumilier. La blesser dans son orgueil de femme libre, vaincre ses dernières barrières de bourgeoise. Je me souviens très bien de cet homme. Il sétait présenté comme un ami dun collègue du Québec en transit en France. Chantal à ma surprise lavait invité à dîner et javais trouvé cela bizarre. Je ne saisissais pas le bien fondé de cette invitation car nous ne le connaissions pas. David poursuit sa litanie pour son salut. Je lécoute impassible car maintenant jen suis maintenant convaincu, cest ma femme qui détient le mot de la fin.
- Une humiliation qui ne lavait pas refroidie poursuit-il. Elle était allée jusquà accepter dôter sa culotte discrètement pour lui faciliter laccès à son intimité pendant le repas, alors que tu allais à la cave chercher une bonne bouteille pour lui faire honneur. Tu ne te doutais pas que laisser Chantal se soumettre à cet individu était un gage dhonneur bien plus fort que ta bouteille pour cet homme. Elle était à deux doigts de lui faire une pipe si tu nétais pas reparu trop tôt.
- Tu es un salaud David, mais je ne te laisserai pas me voler Chantal. Tu as sali notre ménage en souillant ma femme.
David se met alors à rire très fort.
- Salie ? Mais tu as raison ! Ecoute ça ! Souvent je lai faite prendre par des inconnus sans protection. Elle ne voulait pas, de peur de contamination. Mais sous la pression, elle a fini par céder. A la fin, elle acceptait sans sourciller. Je tavoue que je demandais discrètement aux mecs de me fournir un certificat de bonne santé avant de les laisser sauter Chantal qui nen savait rien ! Jy tiens à ta femme et je tiens aussi à ma santé. Elle était presque décidée à arrêter la pilule. Tu te rends comptes ! Mais cest toi qui larrêtait ! Tu vois, elle maime au point de me donner un bébé.
Je ny crois pas ! Cest impossible ! Il ment. Cest un crime de laisser une femme se soumettre à ce point. Chantal réduite à un objet sexuel et David comme un protecteur. Ce mec me met à lépreuve. Tout cela nest que pure invention.
La porte de la chambre souvre et Chantal descend nous rejoindre au salon. Elle est toujours livide, mais semble vouloir reprendre la maîtrise de la situation.
Elle vient sasseoir auprès de David mais laisse un espace entre eux. Il tente de lattirer à elle, mais elle le repousse. Elle reste silencieuse quelques secondes. De longues secondes pour moi. David a quitté son sourire triomphant pour une mine dinquiétude.
- Ecoutez-moi tous les deux. Ne minterrompez pas ! Arsène, tout ce que vient de tavouer David est exact. Tout ! Enfin presque.
Mon dernier espoir de nous sauver seffondre.
- Il mavait promis de ne rien te dire et il a trahi sa parole. Je ten veux David. Tu as aussi oublié de dire que je voulais arrêter notre liaison.
Il y a de la colère dans sa voix. Mais contre toute attente, cest moi qui explose à mon tour.
- Incroyable ! Tout cela est donc vrai et tu te présentes devant moi comme une victime ? Et tu mimposes de ne pas tinterrompre. Mais je rêve. Tu es une salope. Tu as baisé avec larabe avec qui tu danses sur la photo ? Dis-moi. Et les copains qui te matent ? Avec eux aussi ? Dis-moi ! En même temps ?
- Sil te plait, écoutes moi
- Non ! Toi, écoutes moi. Tu les as sucés, et tu as avalé leur foutre ? Et ils tont baisée sans protection. Tu as aimé sentir leur sperme envahir ton ventre, hein, dis moi.
- Je ten conjure Arsène cesse de me tourmenter, je taime.
- Ben voilà la cerise sur le gâteau ! Madame aime son cocu de mari. Tu vas me répondre à la fin ? Tout ça est vrai ? Comme te laisser mettre enceinte ?
Son silence fait office dacquiescement. Je la regarde, elle semble vraiment accablée, choquée par tous ces mots. Insensible, je poursuis.
-Et le type qui est venu, ce soit disant collègue canadien, jusquoù es-tu allée avec lui dans notre maison ? Tu las sucé ? En tous cas il sen est vanté auprès de David.
Cracher ces mots me soulageait. Jen éprouvais une certaine justification dans le mal qui me dévorait.
- Non, cest faux.
- Tu ne las pas sucé ? Tient donc
Elle semble soudain avoir retrouvé la parole.
- Non
Je lai juste branlé.
- Où ? Dans quelle pièce ? Et jétais où ?
Je suis fou de rage. Jai envie de la gifler mais ce nest pas dans mes principes.
- Tu étais allé, je crois, chercher du vin à la cave. Il était venu me rejoindre dans la cuisine.
- Il a éjaculé ?
- Sil te plait, Arsène
- Il a éjaculé, répète-je en haussant la voix ?
- Oui. Il a voulu jouir dans ma culotte. Il la emportée.
- Tu vois que je ne tai pas menti, souffle David, timidement, étonné par la violence de ma réaction.
Chantal reste figée, livide et tremblante. Petit à petit ma colère tombe. Elle me touche, si fragile, si belle. Je suis terriblement amoureux delle et jai vraiment peur de la perdre.
- Et maintenant, tu ne regrettes pas de mavoir trahi ? Davoir menti à notre amour pour de prélasser dans le stupre et la fornication ? Car bien entendu tu prenais du plaisir non ?
- Oui, finit elle par répondre dans un souffle à peine audible. Cest vrai. Oui je regrette mais laisse moi texpliquer, sil te plait.
- Ok ! Explique
lui dis-je dans un ton peu avenant, vaincu.
- Il ny a rien à expliquer éructe David qui sest levé. Chantal est heureuse avec moi et semmerde avec toi. Elle narrête pas de me le dire. Cest aussi simple que ça. Alors laisse nous partir. Allez viens ma chérie, on se tire.
- Non, assieds toi et écoute moi. Et toi aussi Arsène.
Cette fois, elle a retrouvé sa force pour lutter et a réussi à nous clouer le bec à tous les deux.
- Arsène, crois moi, je ten prie. Je me suis bien laissée entraîner dans cette débauche. Ne me demande pas pourquoi, je ne le sais pas moi-même. Par contre, je sais quaprès chaque événement avec lui, ou voulu par lui, ma mémoire sest chargée de tout effacer. Crois moi. Le noir, tout est effacé. Cest le même phénomène avec toi, quand je cédais à tes fantasmes. Rentrée chez nous je navais pas de mal à redevenir ton épouse. Je taime. Je suis fidèle à mes amours.
- Un peu facile non ? je lui dis.
- Sil te plait laisse moi terminer.
- Je doute de ta sincérité, Mais vas-y !
- Je suis sincère écoute. Après notre aventure que tu as initiée sans en considérer les risques et conséquences, je suis restée longtemps dans la nostalgie de ce jeune garçon qui mavait séduite alors. Quand il ma contactée, jai hésité puis jai cédé mais cest pour retrouver notre complicité dil y a dix ans que je suis allée voir. Tu sais tout le reste. Je ne sais pas pourquoi, mais je narrivais pas à résister à ces pulsions inavouées que David me réclamait. Au début par amour, jai accédé à tous ses fantasmes, tous ses caprices, jusquà me laisser prendre sans protection au risque pour ta santé et la mienne. Cétait pour lui un moyen de me soumettre à son pouvoir. Mais une fois près de toi, crois moi je ten supplie, tout seffaçait, je redevenais ton épouse, ton amour. Pas de regrets ni de remords, car je redevenais ta femme avec loubli de ma débauche. Ce matin il ma annoncé son dessein de tout tavouer et me ramener avec lui. Je croyais len avoir dissuader. Mais ce soir il a trahi sa parole. Lingrat. Arsène, je nai pas lintention de le suivre, ni de tabandonner. Je taime, je te lai déjà dit. Tout ce que David ma fait faire, je le rejette. Jai agi sans réaliser le mal que je pouvais te faire. Maintenant, tu sais. Maintenant tu dois avoir mal, mais sache, mon amour, que je te reste fidèle de cur, même si les apparences semblent dire le contraire et me condamnent.
Un long silence pesant sinstalle dans le salon. En écoutant son plaidoyer, je sens faiblir ma colère, ma révolte. Lespoir de la récupérer mapparaît accessible, possible.
- Chantal, tu nespères pas que je vais croire ce que tu viens de dire, sécrie alors David. Tu mas souvent avoué que tu maimais, rappelle-toi. Et moi tu sais combien je taime. Tu as toujours accepté de me suivre dans mes débordements libertins avec consentement et plaisir. Dis à Arsène que cest moi lhomme de ta vie. Que tu veux un de moi.
Sa voix est mal assurée, il accuse le coup.
- Oui David, je te lai dit et je tai suivi. Et jétais sincère sur le moment. Je pense quen fait ce que jaimais, cétait le souvenir de notre première aventure avec Arsène. Du sexe oui mais accompagné de tendresse, démotion. Tout ce que je tai consenti alors, cest au nom de ce souvenir, tout comme jai suivi Arsène dans certains de ses fantasmes, par amour. Quant au bébé, je nétais pas prête et tu le sais.
Elle se tourne vers moi et poursuit en me fixant de ses yeux rougis par des larmes :
- Je ne souhaite quune seule chose maintenant : que tu me pardonnes et que nous reconstruisions notre foyer. Je comprendrais que tu me rejettes, si tu es convaincu que jai agi par vice et que ne suis plus la femme que tu as épousée.
Des larmes glissent lentement sur ses joues. Je veux rester de glace pour cacher ma douleur, mais je ne peux pas. David est devenu livide à son tour. Il se rend compte quil a peut-être perdu la partie. Je la regarde droit dans les yeux et je mentends lui dire à peine lucide :
- Chantal, je veux te faire lamour. Jai envie.
Elle madresse un sourire plein de lassitude et de tendresse.
- Pas ce soir. Je suis trop choquée.
Après un court silence de réflexion, elle ajoute dune voix bien assurée.
- Pas avec toi, mais avec David, celui dil y a dix ans. Je veux lui dire adieu, en passant la nuit avec lui.
Encore un nouveau revirement de sa part ! Ils me prennent pour un imbécile, ce nest pas possible. Je préfère ne pas linterrompre pour boire le poison jusquà la lie.
- Mais cest aussi pour te faire plaisir, poursuit-elle, et assouvir ce fantasme qui te poursuit et auquel tu penses depuis hier soir. Je le ferai avec toi et pour toi. Je me sens libre désormais. Libre de laisser sexprimer mes pulsions et de les assumer. Je veux par cette nuit effacer les derniers mois qui mont certes permis de voir en moi. David, ce sera un adieu sans retour. Je me donnerai à toi sans retenue comme Arsène la souhaité il y a dix ans, et comme je veux que tu le ressentes pour te convaincre de ma sincérité dans ma décision et conviction de rompre avec toi.
Sur ces mots, elle se lève du canapé, défait la ceinture de son peignoir et nous apparaît nue. Belle, éblouissante, divine ! Elle sapproche de moi et me tend la main. Je nhésite pas un instant tant son regard me subjugue et me fait fondre.
- Emmène moi dans la chambre damis, dit-elle. Offre moi à ton fantasme et permet moi de tourner définitivement la page de cette aventure sordide. Je taime, je ne serai jamais la femme objet que David a voulu façonner, mais une épouse fidèle attentive à tes envies et désirs.
Ce geste est fort. Elle mest revenue. Je nai plus du tout envie de croire le contraire. Ma reconquête est totale. Pire, cest moi qui vais loffrir à nouveau à cet homme, pour le perdre définitivement. Cest aussi notre couple, cest notre amour qui a ce pouvoir. Pas David !
Je laccompagne à létage, dans la chambre damis, voisine de la notre. Nue, elle sallonge sur le lit, hôtel de loffrande. Jambes serrées, les mains le long du corps, elle se prépare pour la catharsis.
Je retrouve David au salon. Il est décomposé, mais en même temps je sens quil espère trouver dans cette nuit, le moyen de récupérer son jouet. Mais moi je sais, jai compris la leçon. Jai retrouvé toute la confiance en cette femme avec laquelle jai déjà partagé tant de moments de bonheur. Plus jamais je ne laisserai mes fantasmes jouer avec notre amour, cet amour qui est bien plus fort que nous. Seulement cette nuit
Serein, dun ton plein de condescendance, de dédain même, je madresse à lui, triomphant :
- Vient, suis moi, je temmène.
(à suivre)
Comments:
No comments!
Please sign up or log in to post a comment!