Le Candauliste 1/2
Prévue pour tout le week-end de cette fin août, la pluie finalement ne se décida à tomber que le dimanche en fin daprès-midi. Hugo rétrograda une vitesse et enclencha les essuie-glaces dun geste mou. La voiture ralentit, leau sur le pare-brise fut balayée rapidement et Hugo poussa un soupir.
À chaque fois quon va chez tes parents, il pleut. Avec la buée, la pluie et ce ciel dapocalypse, je ny vois plus rien. Cest pénible à la fin !
On y va que deux fois par an ! objecta Juliette. Tu peux faire un effort tout de même, ils sont gentils.
Je ne dis pas, ce nest pas comme ma mère, concéda le conducteur. Mais ce nest vraiment pas le bol. On nest pas rentré à cette allure !
Attends, jai de quoi te faire patienter.
Juliette et Hugo formaient un couple denviron vingt-cinq ans. Lui était grand et mince et si ses cheveux étaient abondants, ils étaient malgré son âge curieusement presque gris. Cela tranchait net avec son teint méditerranéen. Juliette était blonde, plutôt petite, mais extrêmement bien proportionnée. Ses fesses rondes dans son legging, ses jambes fines, son ventre plat, sa poitrine fière, ses courbes parfaites en faisaient une femme sur laquelle tous les hommes se retournaient avec admiration voire avec concupiscence. Jeunes et en pleine santé, ils sentendaient merveilleusement bien, au lit comme ailleurs.
Joignant le geste à la parole, Juliette déboucla sa ceinture de sécurité et sallongea sur le côté, la tête sur les cuisses du conducteur. Elle ne voyait plus la route, mais entendait leau violemment projetée sous la carrosserie. Dune main habile, elle dégrafa le ceinturon de cuir, passa les doigts sous la taille du pantalon quelle déboutonna puis fit glisser la fermeture de la braguette. Le jean dHugo, largement béant, laissait apparaître un caleçon aux couleurs vives.
Chérie ! Tu crois que cest prudent ? Jai déjà bien chaud avec le coup de létrier que ma à boire ton père
Dailleurs, tu as aussi les oreilles rouges, je trouve.
Regarde la route et laisse-moi faire, rétorqua sa femme dun ton faussement péremptoire.
Par la fente du sous-vêtement, Juliette fit glisser ses doigts et saisit le pénis recroquevillé. Elle changea de position pour placer la tête sur le bas-ventre de son mari et déposa quelques baisers sur le prépuce qui émergeait du slip. Quelques coups de langue bien appliqués et le sexe prit assez de vigueur pour lui permettre den libérer un gland rond et rose quelle happa goulûment. Hugo poussa un long soupir.
Bon Dieu ! Ce que tu fais ça bien ! souffla-t-il.
Juliette, la bouche pleine, ne put sourire, mais elle le fit intérieurement. Elle aimait entendre son mari lui faire ce genre de compliments, cela la rassurait. Elle sappliqua encore plus à la tâche et fit raidir et gonfler la verge dHugo à son maximum. Elle allait et venait de sa bouche grande ouverte, engloutissant le membre le plus loin possible, se risquant parfois à toucher la peau tendue du ventre et du scrotum de ses lèvres brûlantes. Quelquefois, elle restait la tête posée, immobile autant que faire se peut en raison des cahots de la route et, la langue largement sortie, elle y frottait le gland en balançant le phallus dun geste de la main aussi régulier que celui du pendule dune horloge comtoise. Hugo soupirait de plus belle.
Enfin, pressentant que le moment crucial arrivait, Juliette changea de tactique. Saisissant le prépuce entre ses doigts elle le fit aller et venir rapidement tout en gardant les lèvres arrondies autour du méat. Quand elle reçut la première giclée de sperme, elle lavala précipitamment puis enfourna le gland entre la langue et le palais pour se délecter du liquide qui jaillissait. Hugo rugissait de plaisir en déchargeant sa semence dans la gorge de sa femme puis, il hurla à nouveau, mais de frayeur cette fois-ci et il lâcha le volant. Juliette se redressa, angoissée. Ce furent successivement le dérapage, la perte de contrôle inévitable du véhicule, les trois tonneaux sur la route, les vitres qui explosent, la glissade interminable parsemée détincelles dans un bruit denfer et enfin larrêt brutal de la voiture contre larbre dun champ contigu.
Un voile noir et rouge descendit silencieusement sur les yeux des deux jeunes gens inconscients.
*
Les éclairs multicolores des véhicules de pompiers et de gendarmerie de Nancy tranchaient la nuit en cadence. La pluie redoublait de violence sur la route où des gendarmes, illuminés comme des sapins de Noël, ralentissaient la circulation presque jusquà larrêt. Dans la boue, les bottes crottées, une douzaine dindividus saffairaient autour de la voiture accidentée.
Amenez-vous pour la désincarcération ! Merde ! Quest-ce que vous foutez ?! hurla le lieutenant des pompiers.
Deux hommes arrivèrent en courant embarrassés de leurs outils, puis sattaquèrent à la carrosserie de la berline dans un bruit strident difficilement supportable pour les oreilles de lentourage. Le capitaine de gendarmerie élevant la voix jusquà crier, interrogea le pompier :
Heureusement que les airbags ont fonctionné.
Oui, seulement je constate que la femme avait détaché sa ceinture de sécurité. Je mattends au pire là-dessous.
Vous croyez quils ont une chance de sen tirer ?
Je lignore, mais on va bientôt le savoir.
En effet, lun des deux pompiers chargés de désincarcérer les victimes venait au rapport.
Ça y est chef. On a le conducteur, il a perdu connaissance, mais il vit encore. Il faut quon lenlève de là pour soccuper de la passagère. Elle vit aussi, on a un pouls au niveau de la cheville.
Alors, sortez-les de ce tas de ferraille ! Et vite !
Je viens avec vous, assura le capitaine de gendarmerie.
Le pompier repartit en courant suivi du gendarme glissant et pataugeant dans la fange. Le lieutenant, quant à lui, sengouffra dans le véhicule destiné à emporter les blessés aux urgences. Avec moult précautions, Hugo fut extrait de sa prison de métal, mais quand les jambes apparurent, lofficier tiqua.
Bizarre, il a le pantalon sur les genoux.
Puis deux secondes plus tard :
Putain ! Je ny crois pas, elle lui faisait une pipe !
Il avait parlé haut.
Remettez-lui son froc et emmenez-le ! Vite ! Au lieu de vous marrer comme des cons ! vociféra un homme.
Quelques gendarmes prenaient des photos, les flashes ajoutaient à lirréel de la scène.
Noubliez pas la prise de sang, fit le capitaine au pompier.
Ce dernier acquiesça de la tête et, une fois le brancard installé, le véhicule rouge partit toute sirène en action. Lofficier revint vers la femme couchée sur les deux fauteuils avant. Son bras droit était en sang et formait un angle anormal avec lépaule. Elle gémissait faiblement, un liquide blanchâtre facilement reconnaissable lui coula du coin de la bouche. Le gendarme ne put retenir une moue de dégoût, mais finit par lui murmurer à loreille dun ton qui se voulait rassurant :
Ne vous inquiétez pas, Madame, on va vous emmener à lhôpital.
Aussitôt placée dans un brancard, Juliette fut conduite dans le deuxième véhicule ambulance qui démarra en trombe dans les mêmes conditions que le premier.
Où les emmenez-vous ? senquit lofficier.
À Saint-Julien, répondit le pompier.
Le capitaine nota ces renseignements dans un calepin puis, sadressant à un gendarme, ordonna :
Finissez et rentrez. Je retourne à la caserne pour commencer le rapport.
Sans attendre la réponse, lofficier de gendarmerie tourna les talons et se dirigea vers sa voiture. En chemin, soudain contrarié, il se dit :
Zut ! Je ne me rappelle pas « fellation », ça prend un ou deux « l » ?
*
Quelques mois étaient passés. Malgré lalcoolémie dHugo et les circonstances particulières de laccident impudiquement révélées par le rapport de gendarmerie, lassurance avait tout pris en charge. La voiture était hors dusage, mais à part le champ quil avait fallu remettre en état après le passage des pompiers et des gendarmes, les dégâts causés aux tiers étaient nuls. Les sanctions avaient été minimes, Hugo sétait vu retirer son permis de conduire pendant trois mois et avait dû payer une amende salée.
Juliette navait plus le bras dans le plâtre, mais venait régulièrement à la clinique. Elle commençait par rendre visite à son mari qui sétait remis rapidement de son coma puis elle faisait sa rééducation et enfin, ne partait pas sans avoir rencontré le médecin qui soccupait deux depuis le jour de laccident. Ce jour-là, pendant sa séance de kinésithérapie, un homme de taille moyenne, chauve sur le sommet du crâne et vêtu dune blouse blanche entra dans la salle. Il interpella Juliette :
Madame Dusaule, je pourrais vous voir après ?
Reconnaissant le docteur Heyric, Juliette répondit :
Oui, bien sûr docteur. Comme dhabitude.
Bien, à tout de suite alors, dit-il en sortant de la pièce et en fermant la porte doucement.
Ça va sans doute être fini pour vous à mon avis, lui fit le kinésithéute. Il faut dire que votre bras et votre épaule ont retrouvé toute leur mobilité.
Si seulement, rétorqua-t-elle
La séance terminée, Juliette se dirigea vers le bureau du médecin. Celui-ci vint la chercher dans le minuscule salon dattente après quelques minutes. Il avait lair grave, plus grave que dhabitude.
Quelque chose ne va pas ? fit Juliette inquiète, avant même davoir franchi la porte du bureau.
Asseyez-vous Madame Dusaule, répondit seulement Heyric.
Juliette se tut, suspendue aux lèvres du médecin. Il commença :
Vous savez, Madame Dusaule, que votre mari a été touché à la colonne vertébrale et
Oui, vous lavez même opéré, se dépêcha dinterrompre la jeune femme semblant redouter ce qui allait suivre.
Cétait lopération de la dernière chance, poursuivit le médecin. Je ne vous ai pas caché quelle pouvait aussi bien réussir quéchouer.
Le cur de Juliette saccéléra.
Et ?...
Malgré tous nos efforts, ses jambes restent et resteront définitivement inertes. Nous avons tout tenté, mais Hugo ne remarchera plus. Je suis désolé.
Des larmes coulèrent le long des joues de la jeune femme, la gorge nouée, elle ne pouvait prononcer un mot. Ce silence permit au docteur Heyric de poursuivre.
Ses membres postérieurs ne réagissent plus et son bassin en dessous du nombril est devenu presque insensible. Heureusement, il a conservé le réflexe de miction et de défécation ; il naura donc pas besoin de sous-vêtements spéciaux. Par contre, malgré les divers stimuli auxquels nous lavons soumis, il semble quil ait perdu celui de lérection. À ce stade, ce nest quun détail, me direz-vous.
Il ny a vraiment aucun espoir quil remarche ? articula Juliette entre deux sanglots.
Je suis désolé. Je vous conseille de prendre rendez-vous avec le psychologue de létablissement et que vous vous y rendiez tous les deux. Hugo va sortir avec un fauteuil que nous vous fournirons. Vous pourrez le garder un mois ou deux le temps pour vous den trouver un qui soit mieux adapté. Je vous conseille ce fabricant, termina Heyric en faisant glisser une carte de visite en direction de la jeune femme qui sen saisit sans même la lire, abasourdie par la nouvelle. Puis, après avoir reçu quelques conseils complémentaires quelle nécouta pas, Juliette quitta le bureau du médecin. Parvenue à lextérieur, elle retrouva la voiture neuve quelle avait récemment achetée sur les conseils de son mari. La pluie se mit à tomber lui rappelant cette journée funeste de laccident et elle sécroula sur le volant, étouffée par les sanglots et un sentiment de culpabilité indicible, puis se calma enfin.
La mort dans lâme, elle démarra, les yeux encore brouillés de larmes.
*
Deux semaines plus tard, Hugo était rentré à son domicile, un appartement de quatre pièces que Juliette et lui occupaient depuis plusieurs mois. Il lui tardait de reprendre son activité professionnelle, même si pour le début ce nétait quà mi-temps. Comme il travaillait essentiellement sur ordinateur, son patron avait fait facilement aménager son poste de travail. Juliette, institutrice, avait demandé à lacadémie une année sabbatique quelle pouvait prolonger si elle le souhaitait en fonction de létat de santé de son mari. Lassurance avait versé un gros capital et le couple était à labri des besoins financiers.
Dans lintimité, après plusieurs mois sans relations sexuelles, la situation avait changé. Nayant plus dérection, Hugo sefforçait de donner du plaisir à son épouse avec la langue ou les doigts. Son mari couché sur le dos, Juliette saccroupissait au-dessus de son visage, se reposait sur les coudes et il lui léchait le clitoris jusquà lorgasme. Elle aimait bien le contact de la langue, mais trouvait parfois la position inconfortable. Aussi, souvent, elle sallongeait sur lui, glissait la main dHugo entre eux deux et il lui caressait le petit bouton ou faisait pénétrer deux ou trois doigts dans son vagin. Plusieurs positions étaient essayées parfois si acrobatiques, que Juliette sécroulait sur le lit en riant aux éclats. Hugo était devenu lunatique. Tantôt il riait avec elle, tantôt il la rabrouait et faisait la tête en proie à un état dépressif.
Un soir, pensant faire plaisir à son mari, Juliette sortit dun tiroir de la table de chevet, un vibromasseur quelle lui présenta. La réaction fut tout autre que celle espérée. Hugo sénerva.
Quest-ce que cest que ce truc ? fit-il.
Interloquée, Juliette répondit :
Bah, un vibromasseur ! Tu vois bien. Je lai acheté dans un sex-shop à lautre bout de la ville pour être sûre de ne rencontrer personne de nos connaissances
Je vois bien que cest un vibro ! Je ne suis pas idiot. Cest parce que je ne bande plus que tu en as besoin ? En plus, tu en as profité pour le prendre plus gros que ma bite, bravo ! Tu les aimes bien grosses, hein ? Salope !
Juliette, déçue et choquée, eut malgré cela la présence desprit de désamorcer le conflit naissant :
Mais non, il nest pas plus gros. Il y en avait des plus gros encore, mais aussi des plus petits. Tu vas rire, je lai choisi sur le présentoir en fermant les yeux et en les enserrant de ma main lun après lautre jusquà ce que je retrouve le diamètre de ton sexe
La physionomie dHugo changea et il se mit à sesclaffer.
Je timagine palper tous ces machins à la recherche du format idéal ! Jaurais voulu te voir !
Méchant ! dit-elle en riant et en frappant son mari avec le sex-toy.
Viens là quon létrenne, reprit Hugo plus sérieusement.
Juliette cessa de rire et se pencha pour embrasser son époux. Elle se positionna ensuite à quatre pattes en faisant demi-tour comme pour un soixante-neuf. Elle évitait toutefois deffleurer le sexe inerte quelle avait devant elle de peur de mettre son mari mal à laise. Hugo remarqua la vulve brillante et la cyprine qui perlait. Il approcha le vibromasseur, actionna linterrupteur et caressa doucement les lèvres et le clitoris de sa femme qui poussa des petits cris de plaisir. Soudain, il arrêta la vibration, pointa lextrémité à lentrée du vagin et appuya. Lappareil senfonça dune dizaine de centimètres et un long soupir se fit entendre. Il commença doucement à aller et venir dans ce puits damour qui émettait dérotiques bruits de succion. Juliette se reposa sur ses coudes et ses lèvres ne purent sempêcher de déposer quelques baisers sur la chair inerte entre les cuisses de son mari. Hugo, ne sentant ni ne voyant rien, les ignora. Au fur et à mesure que le vagin lubrifiait, il poussait le vibromasseur nettement plus loin jusquà parvenir jusquà la garde de lobjet.
Mets-le en marche chéri, implora Juliette dune petite voix déformée par lexcitation.
Tout en maintenant ses va-et-vient, Hugo actionna linterrupteur. Le bruit lancinant reprit, couvert par les plaintes rapprochées de sa compagne qui poussa soudain un cri dune ampleur quHugo ne lui avait jamais connue. Pendant presque une minute, comme il était bien placé, il devina les contractions du vagin chacune accompagnée dun profond gémissement qui diminuait en intensité au fur et à mesure. Juliette sécroula sur son mari.
Arrête ! Je ten supplie ! implora-t-elle. Je nen peux plus.
Hugo stoppa les vibrations et sortit le vibromasseur de son fourreau. De la cyprine coula en quantité. Il laissa sa femme reprendre sa respiration tout en lui caressant les fesses.
Quel pied ! Chéri, je taime
lui dit-elle.
*
À partir de ce jour, le vibromasseur fit très souvent partie de leurs jeux sexuels. Hugo était ravi pour Juliette qui en tirait beaucoup de plaisir, mais au fond de lui quelque chose le dérangeait. Il ne savait quoi exactement jusquà cet après-midi de printemps où il comprit.
Depuis son retour de lhôpital Hugo, qui travaillait le matin, avait pris lhabitude après le repas de midi de faire la sieste dans le salon pendant une demi-heure à une heure sur son fauteuil roulant. Pendant ce temps, son épouse lisait ou avait une quelconque activité silencieuse pour ne pas déranger son sommeil. Ce jour-là pourtant, cela faisait seulement dix minutes quil sétait abandonné aux bras de Morphée, il se réveilla subitement. Un son indéfinissable de faible intensité lui arrivait aux oreilles. Il avait beau écouter attentivement, il ne parvenait pas à en deviner la nature. Bien que son fauteuil fût électrique, il décida de sapprocher silencieusement de la source sonore en faisant tourner les roues manuellement. Quittant le salon, il sengagea dans le couloir et se dirigea vers la chambre doù semblait émaner le bruit. La porte était entrebâillée, il sapprocha pour glisser un regard curieux. Dans un premier temps, ce quil vit le surprit et le choqua.
Juliette, entièrement nue, était allongée sur le lit à califourchon sur le traversin positionné dans le sens de la longueur. Dans la partie basse, un gode-ceinture cernant le polochon, lui pénétrait profondément le vagin. Juliette enserrait de ses bras le haut du traversin, et de ses reins, faisait aller et venir dans son intimité le godemiché retenu à la courroie de cuir tout en poussant de petits gémissements plaintifs quelle sefforçait de rendre discrets en mordant le drap. Le premier réflexe dHugo fut dentrer brusquement et lui demander ce quelle faisait, mais il se ravisa. Ce quelle faisait, cétait évident. Pas besoin de chercher et puis, pourquoi gâcher son plaisir ? Pourquoi sans lui ? Là était la vraie question. Mais le gode-ceinture quil navait jamais vu auparavant et ce polochon succédané dun corps masculin, semblaient lui jeter au visage son infirmité. Cétait bien la représentation dun mâle le sexe dressé et sa femme, en dépit des cunnilingus, des caresses digitales, du vibromasseur, avait besoin de létreinte dun homme ! Et ça, il ne pouvait plus le lui offrir ! Malgré cela Hugo observa son épouse avec lubricité et laissa lorgasme semparer delle toute entière, spasme damour quelle dissimula au mieux de ses cris étouffés. Il ne sut décrire exactement quel sentiment lenvahissait à voir sa femme jouir ainsi sans lui, mais il se sentait troublé. Quand ce fut terminé, il fit demi-tour et silencieusement reprit sa place initiale pour faire semblant de dormir. Vingt minutes plus tard, Juliette, détranges cernes bleutés sous les yeux, lui dit :
Alors chéri, bien dormi ?
Oui mon amour, mais jai fait de drôles de rêves, tu sais
répondit-il avec un sourire énigmatique qui laissa Juliette perplexe.
*
La fin de la semaine arriva et le dimanche matin, alors que sa femme sortait de la douche nue comme un ver, Hugo en riant la photographia plusieurs fois à laide de son smartphone. Juliette étonnée lui demanda :
Quest-ce que tu fais ?
Regarde ces belles photos. Maintenant, au boulot quand je penserai à toi, je pourrai te voir sur mon téléphone dans lhabit que je préfère.
Pas plus pudibonde que ça, elle répliqua :
Si ça te plait
Mais ne me laisse pas traîner sur ton bureau !
Rassure-toi, je taurai toujours sur moi.
Juliette oublia cet incident quand un soir de la semaine, Hugo se lança :
Chérie, jai quelque chose à te dire, mais dabord promets-moi de ne pas minterrompre.
Cest promis, mais tu minquiètes. Je naime pas une conversation qui débute comme ça.
Ne ten fais pas, écoute-moi seulement. Ce matin au bureau, jai eu un début dérection.
Quoi ? Mais cest formidable chéri ! Tu sais, on va
Sil te plait. Tu mas promis de ne pas minterrompre.
Oui, cest vrai, mais cest tellement merveilleux
Effectivement, pendant une seconde jai eu un début dérection, mais cest tout. Cest bien la première fois depuis ce foutu accident. Seulement voilà, ça sest passé dans des conditions particulières.
Une femme ? sinquiéta Juliette.
Sil te plait
Oui, pardon.
Lautre jour, je tai surprise avec le polochon et le gode-ceinture. Je ne ten ai pas parlé, mais je suppose que tu ne las pas fait quune seule fois.
Un silence gêné sinstalla, Juliette rougit jusquaux oreilles. Un sentiment de laideur delle-même lenvahit et elle baissa le nez. Cette fois-ci, elle ninterrompit pas son mari.
Naie pas honte, chérie ; le plaisir solitaire fait partie de notre vie. Cependant, jai compris une chose ce jour-là, cest que tu avais besoin dun homme, dun homme avec un sexe qui bande et que tu peux serrer dans tes bras pendant quil te possède. Mes doigts, ma langue et même le vibromasseur, ça va un temps. Ton traversin affublé du gode-ceinture, cest comme si moi, dans ta situation, je baisais une poupée gonflable sans te le dire.
Le gode-ceinture, je lavais acheté pour toi, mais jai eu peur que tu le prennes mal. Je ne tai jamais trompé, tu sais, affirma Juliette.
Jen suis sûr chérie, répondit Hugo. Puis il poursuivit :
Un matin, au bureau, je contemplais avec envie les photos que jai faites de toi quand tu sortais de la douche. Je navais pas remarqué un collègue qui se tenait derrière moi lorsque soudain je lentendis dire :
« Putain, la nana ! Fais voir ! Tas eu ça où, sur le Net ? » et, sans que je puisse faire un geste, il me prit lappareil des mains. Il se rinça lil sur toutes tes photos, les yeux écarquillés. Je voulus reprendre mon téléphone, mais il ne me laissa pas faire. Je remarquai son air lubrique, son excitation sexuelle qui devenait tangible, je suis sûr quil commençait à bander. Ce fut alors que moi-même, je ressentis comme un spasme au niveau du pénis. Rien quen me contractant, je le faisais légèrement bouger dans mon slip. Je ny croyais pas et savourant le phénomène plein despoir, je continuai à dévisager le collègue qui te scrutait avec convoitise.
Il finit par me rendre le téléphone et quitta la pièce ; je regardai à nouveau tes photos, mais la magie nopéra plus. Le lendemain, il me demanda de lui montrer tes clichés une fois de plus, ce que je fis pour en avoir le cur net. Dans les mêmes conditions que la veille, jeus un début dérection en voyant cet homme te fixer avec envie. Je compris soudainement que ce nétait pas tes photos qui me provoquaient ça, mais bien LA VISION DE lAUTRE QUI TE DÉSIRAIT ! Jétais devenu candauliste, à limage de ce roi mythique de Lydie. Cette révélation me terrassa et mintrigua à la fois.
Hugo se tut, attendant la réaction de son épouse.
Can
quoi ?
Candauliste. Rassure-toi, il y a encore une semaine jignorais tout de ce terme. Jen ai découvert lorigine dans la mythologie où un certain roi du nom de Candaule trouvait sa femme tellement belle quil voulut la montrer nue à un officier de sa garde personnelle. Le type se cacha un soir derrière un rideau et admira la reine quand elle se déshabilla. Pour la petite histoire, cela ne porta pas chance au roi qui plus tard fut trahi par son épouse et assassiné par ce même officier. Maintenant, jai appris que le candaulisme consiste pour un homme, non seulement à sexciter en montrant sa femme nue, mais plus communément à trouver du plaisir sexuel à la voir faire lamour avec un ou plusieurs partenaires.
Juliette restait silencieuse et observait son mari avec une telle expression quil eut soudain le rouge aux joues.
Et je peux savoir où tu veux en venir ? fit-elle dune voix glaciale.
Hugo fit mine de ne pas sapercevoir de la froideur de sa femme :
Juste une faveur, je ten serais reconnaissant. Tu es belle Juliette, mais même nue, la serviette sur la tête au sortir de la douche ce nest pas dun érotisme exacerbé. Puisque le collègue ta trouvée excitante ainsi, jaimerais pouvoir lui montrer des photos de toi davantage
Comment dirais-je ? Plus
émoustillantes. Je mimagine que sil est encore plus troublé en te voyant quil ne la été jusquà présent, mes chances dérection seront plus importantes. Tu sais que je my connais pas mal en photographie, jaimerais bien que tu poses pour moi, mais nue, et absolument sans retenue.
Que je pose pour toi, je veux bien, mais pour montrer à quelquun dautre ! fit remarquer Juliette.
Oui, cest vrai, admit Hugo. Mais notre future entente sexuelle est à ce prix.
Juliette retint cette dernière phrase qui lémut. En une fraction de seconde, elle envisagea la vie avec son mari handicapé, mais sexuellement apte.
Il sait qui je suis ?
Non, je ne le lui ai pas dit. Il pense que jai trouvé les photos sur internet.
Bon, cest daccord, mais tu ne lui dis toujours rien.
Cest promis.
Le dimanche suivant, Hugo réalisa une série de clichés avec une Juliette amplement consentante. Un peu intimidée toutefois au début de la séance, elle se prit au jeu et finit par accepter sans rechigner des positions extravagantes qui exhibaient de près ses organes les plus intimes, glabres sur la demande de son mari. Les derniers clichés la représentaient avec le vibromasseur, mais elle refusa que ces photos-là soient montrées.
Passablement excitée, Juliette fit en sorte que les prises de vue se terminent dans la chambre avec un savant cunnilingus de la part de son époux, mais cette fois-ci tout appareil photo éteint.
*
Plusieurs jours sécoulèrent et, un mercredi après la sieste dHugo, Juliette abandonna son ordinateur pour tenir compagnie à son mari. Silencieuse et à lécoute, elle attendait manifestement quelque chose et Hugo le remarqua. Juliette se lança dune petite voix faussement désintéressée :
Tu as du nouveau ?
Hugo prit la balle au bond.
Je suis content que tu men parles en premier, car oui, jai du nouveau, mais je nosais pas aborder le sujet. Il va falloir que tu sois forte chérie.
Que veux-tu dire ? Tu ny arrives plus ? fit Juliette inquiète.
Si, mais laisse-moi te raconter. Lundi matin à la pause-café, je glissai innocemment à Damien, mon collègue, que javais dautres clichés de « la fille nue » quil avait déjà vue, autrement dit toi. Fortement intéressé, il me rejoignit dans mon bureau et sassit à moitié sur mon secrétaire. Je lui donnai le téléphone et il fit passer les photos une à une dans un sens et dans lautre. Sur certaines, il restait plusieurs secondes. « Putain ! Ce quelle est bien foutue ! » a-t-il dit plusieurs fois. Au bout de quelques minutes, il glissa la main dans la poche de son pantalon et je le vis prendre et remettre en place son sexe durci. Son érection était à son maximum et, en lobservant ainsi excité, la mienne vint également. Elle était normale et me gênait un peu aussi. Enfin, il quitta le bureau en tiraillant à nouveau son sexe pour que son érection ne se remarque pas trop. « Il faut que jaille me branler », dit-il comme sil se parlait à lui-même. Dès quil fut sorti, je débandai aussi sec et me mis à me lamenter sur mon sort.
Hugo laissa un blanc.
Si tu y es arrivé, il doit bien y avoir moyen de recommencer, fit Juliette. Et puis, pourquoi me dis-tu que je dois être forte, cest plutôt encourageant ce que tu me racontes.
Tu te rappelles ce que je tai appris un jour sur le candaulisme ?
Oui, vaguement
Voilà. Je suis arrivé à la conclusion suivante. Dans un premier temps, quelques photos non suggestives de toi, nue sortant de la douche, ont excité mon collègue et je me suis mis à bander sensiblement. Des photos plus érotiques lont allumé un peu plus et jai bandé plus également. Si je veux avoir une érection complète et peut-être avoir un orgasme, il faut aller plus loin encore.
Ah ? Et comment ? fit Juliette qui ne voyait pas où son mari désirait en venir.
Hugo fit mine de réfléchir puis enfin sélança :
Il faut que je te voie faire lamour avec lui.
QUOI ?!!! hurla Juliette. Ça ne va pas dans ta tête ?
Tu sais maintenant pourquoi je tai priée dêtre forte
, reprit Hugo dune voix intentionnellement douce.
Non, mais là cest trop me demander. Tu divagues chéri. De plus, cest peut-être un gros porc, beurk !
Pas du tout. Il na que deux ans de plus que moi, cest un sportif et il a beaucoup de succès auprès des collègues féminines.
Peu importe. Cest hors de question.
Voyons, chérie
Non, non et non ! termina Juliette.
Elle se leva et fonça dans la chambre dont elle ferma la porte. Rageuse, elle se jeta sur le lit, prit une revue qui traînait à terre et sy propulsa toute entière. Au bout de deux pages cependant, elle reposa le magazine, glissa les deux mains sous sa tête et fixa le plafond en une intense réflexion.
À lheure du dîner, Juliette et Hugo se mirent à table dans un silence gêné. Au milieu du repas soudain Juliette questionna :
Tu as une photo de ton collègue ?
Hugo la dévisagea fixement, nosant espérer ni faire un geste.
Je nai pas encore dit oui, précisa sa femme.
Le jeune homme interloqué sortit son téléphone, le manipula quinze secondes et le tendit à son épouse.
Tiens, cest lui à côté de moi. Cest un autre collègue qui nous a pris au cours dune réunion.
Oui, effectivement cest un beau garçon. Mais cest toi que jaime, comprends-tu ? Comment peux-tu me demander ça ?
Hugo, les yeux pleins damour pour sa femme, se justifia :
Écoute chérie, moi aussi je taime et jai envie davoir avec toi une vie de couple aussi normale que possible malgré mon handicap. Je sais que cette vie ne sera possible que si nous nous entendons bien sexuellement. Le fait que je naie plus dérection nous mènerait droit dans le mur et je te perdrais si nous ne faisons rien. Le seul moyen pour cela cest que je retrouve une érection normale afin de faire lamour avec toi comme au premier jour ; ce moyen est à notre portée. Oui, je te demande un sacrifice, mais celui que je fais est au moins aussi grand, reconnais-le ; si la situation était inversée, que ferais-tu ? Tes-tu posé la question ? Quand jaurai retrouvé toutes mes facultés, nous pourrons enfin être heureux et tout ceci ne sera plus quun mauvais souvenir. Oui tu as mal, oui jai mal, mais cest un mal nécessaire pour notre amour.
Un long silence sinstalla. Juliette versait silencieusement quelques larmes dans le creux de ses mains. Hugo fit glisser son fauteuil à ses côtés et posa la tête sur son épaule.
Cest daccord, déclara-t-elle. Mais je ne veux pas entendre le son de sa voix et nous ne nous rencontrerons quune seule fois.
Tu verras, nous serons heureux après, dit Hugo, je te le promets.
*
Le mois de juin arrivait avec ses longues journées et ses courtes nuits. Un vendredi soir alors quils avaient travaillé tard au bureau, Hugo invita Damien à prendre lapéritif au café proche. Quand ils furent attablés au fond de la salle et après quelques banalités, Hugo entra dans le vif du sujet :
Tu sais qui cest la fille sur mon téléphone ?
La fille à poil ?
Oui.
Non, je ne sais pas qui cest, mais je donnerais cher pour avoir son numéro ! répliqua Damien en riant.
Je peux te le donner si tu veux et je peux même faire mieux.
Intrigué, Damien senquit :
Que veux-tu dire ?
Bon, écoute, je ne vais pas y aller par quatre chemins. La fille à poil comme tu dis, cest ma femme et elle sappelle Juliette.
Damien en eut le souffle coupé. Hugo se serait soudainement transformé en dragon ou en mammouth quil naurait pas eu les yeux plus ronds.
Tu
Tu rigoles ?
Sans répondre, Hugo poursuivit :
Nous aimerions que tu nous rendes un service. Voilà. Pour faire court et si tu nétais pas au courant, sache que depuis mon accident, non seulement je suis devenu paraplégique, mais aussi impuissant. Tu imagines bien que cela empoisonne nos relations alors que nous nous aimons fort tous les deux. Malgré son amour pour moi, elle a souvent envie de coucher avec un homme, elle me la confié plusieurs fois, mentit Hugo. Jusquà présent, jai réussi à ce quelle ne le fasse pas, mais je sais maintenant que si je continue dans cette voie, elle le fera en cachette et là, cest la mort de notre couple.
Damien vida son verre dun trait.
Je lignorais, jen suis désolé, mais quest-ce que je viens faire là-dedans ? dit-il.
Je ne veux pas me morfondre dans la jalousie tous les jours en me demandant si elle la fait ou non. Guetter lheure où elle rentre à la maison, fouiller son sac, éplucher lhistorique de son téléphone, soupçons et compagnie
Non, je ne pourrais pas. Si elle doit senvoyer en lair avec un autre, je préfère de loin savoir avec qui et quand, au moins je serais fixé. Alors, dun commun accord, nous avons convenu que je la laisserai coucher avec un homme à trois conditions.
Quelles sont-elles ? fit Damien qui commençait à comprendre.
Un préalable imposé par ma femme, lhomme ne doit pas prononcer un mot ; une condition que jai posée personnellement, je serai spectateur de ses ébats sans rien dire ni participer bien entendu ; et enfin, une condition admise par nous deux, cela ne se passera quune seule fois avec le même homme.
Et tu as pensé à moi pour
Hugo se contenta de regarder son collègue sans répondre. Damien se mordilla le pouce en fixant un point imaginaire de lautre côté de la cloison.
Nous avons aussi des relations damitié et de travail, tu es sûr que ça irait après ?
Ne ten fais pas, jai beaucoup réfléchi à cette solution. Rien ne sera changé entre nous, je te le promets.
Damien médita une minute puis finit par déclarer :
Ta femme sera la plus belle fille que jaurai enlacée de toute ma vie. Cest daccord, donne-moi ton téléphone, sil te plait que je ladmire encore
Un creux dans lestomac, le rythme cardiaque affolé, Hugo sortit son portable et le tendit en tremblant à son collègue qui se replongea dans les photos dénudées de Juliette. Il fut convenu que Damien serait invité le samedi du week-end suivant, Juliette ayant demandé à Hugo le temps de se préparer à lidée dès quelle aurait connaissance de la date fixée pour le rendez-vous.
« Le sort en est jeté », songea Hugo, un pincement au cur.
*
Juliette, informée dès quHugo fut rentré, voyait soudain avec anxiété se profiler la réalisation prochaine dun acte qui jusquà présent navait été quun fantasme un peu flou. Elle se renfrogna, se refusa à Hugo toute la semaine et lui parlait peu. Hugo, constatant le manque denthousiasme de sa femme, nétait plus bien sûr de lui et la veille du jour fatidique il lui déclara :
On peut encore tout annuler, tu sais
Juliette répondit sur un ton qui nadmettait pas de réplique.
Non. Cest décidé, tu iras jusquau bout et moi aussi. Si tu dois retrouver une érection et un orgasme après ça, je ne veux pas que tu me reproches toute ma vie de ne pas lavoir fait.
Hugo baissa les yeux. Elle avait raison, mais il sentait fébrilement en lui mordre le poignard de la jalousie quil avait fait semblant dignorer jusquà présent.
Le samedi soir, appréhendé par Juliette et attendu par Hugo ou vice-versa peut-être, arriva enfin. Damien avait été à lheure et après lapéritif, avait dîné de bon appétit. Juliette et Hugo, tous deux lestomac serré, un peu moins. À la fin du repas, Hugo avait servi les digestifs, mais Juliette nen voulut pas. Résolue, elle prit congé vers vingt-trois heures.
Je me douche et je vous attends, fit-elle laconique.
Quand elle fut sortie de la pièce, Damien questionna Hugo :
Tu es sûr quelle a envie de coucher avec un mec ? Elle na pas lair dans son assiette.
Si, si, mais cest la première fois. Tu comprends, elle est intimidée.
Bon. Jai pris une douche juste avant de partir de chez moi, dit-il pour information.
Hugo, ny tenant plus de ce suspens, déclara :
Si tu as fini ton verre, on y va quand tu veux.
Damien ne répondit pas, mais se leva pour se placer derrière le fauteuil dHugo.
Quand ce sera terminé, tu ten vas immédiatement après pour me laisser seul avec ma femme. Daccord ? poursuivit-il.
Compris, répondit Damien.
Suis-moi alors, conclut le maître de maison.
Linvité posa les mains sur les poignées du fauteuil et le poussa jusquà la chambre où la porte était entrouverte
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