Le Candauliste 2/2
Juliette et Hugo avaient chacun une lampe de chevet de teinte très claire. Elle était rouge du côté de Juliette et celle dHugo était verte. Bien que celles-ci ne fussent pas très puissantes, les deux couleurs complémentaires éclairaient la chambre dun ton indéfinissable, mais agréablement tamisé. La place dHugo avait été réservée dans un coin de la pièce et il sy installa. Juliette, allongée sur le dos, nue comme un ver, avait les yeux fixés au plafond. Damien lobserva une dizaine de secondes, puis commença à se déshabiller. Quand il fut lui-même dévêtu, il se tourna vers son collègue comme pour obtenir un dernier agrément ; son sexe était déjà totalement redressé et Hugo en eut instantanément un coup au cur. Le pénis de Damien était plus gros et plus long que le sien. Si Hugo avant laccident pouvait présenter en érection une verge de taille moyenne, celle de Damien flirtait plutôt avec le double décimètre. La même différence sobservait pour le diamètre de la hampe. Le poignard dune jalousie purement masculine mordit Hugo une seconde fois et il fut aussitôt envieux dun tel sexe et jaloux de sa femme qui allait se faire posséder par cet engin plus long et plus imposant que ne létait son propre phallus. Hugo regretta soudain ce quil avait fait, mais il était trop tard pour reculer. Le vin était tiré aussi, il décida de ne plus penser quà lui et invita de la main Damien, muet, à se coucher. Celui-ci sallongea à côté de Juliette qui ne bougea pas dun pouce et immédiatement se mit à lui embrasser les seins. Juliette sursauta puis se laissa faire. Son amant dun soir prit tour à tour entre ses dents chaque mamelon et aréole quil suça et aspira longuement tandis que Juliette commençait à respirer plus fort. Quittant la poitrine de sa maîtresse, Damien lui lécha le ventre puis le bas-ventre. Il sarrêta un moment sur le mont de Vénus glabre quil baisa amoureusement de ses lèvres humides jusquaux abords de la vulve. Juliette, surprise dêtre excitée par cet homme quelle ne connaissait pas quelques heures auparavant, poussa un profond soupir et malgré elle écarta les cuisses imperceptiblement en fermant les yeux.
Ce gémissement, Hugo le connaissait bien et il eut sur lui un effet bénéfique. Dans son fauteuil, il contemplait, béat, son sexe dressé au milieu de sa braguette ouverte. Profitant de sa forte érection, il commença une lente masturbation et posait les yeux tantôt sur sa femme tantôt sur son gland qui se découvrait par intermittence. « Ça marche ! », jubilait-il « Ça marche ! ».
Damien, placé comme pour un soixante-neuf senhardit et présenta son sexe aux lèvres jusquà présent closes de sa maîtresse. À ce contact, Juliette recula la tête vivement puis ouvrit les yeux par réflexe. Le désir devenu irrésistible, elle se rapprocha bouche béante et eut un petit râle quand ses mâchoires craquèrent pour sécarteler à la bonne dimension. Fascinée par la grosseur du gland quelle suçait, elle entoura de ses deux mains le membre de Damien qui ne demandait que ça. Résolue, elle dirigea la verge vers le fond de sa langue et attendit ; elle ne voulait pas être active. Damien fit aller et venir son sexe loin dans la bouche immobile de sa maîtresse qui émettait de temps en temps les bruits caractéristiques de la nausée quand le mouvement était trop appuyé, ce qui lui était aisé avec une verge de cette envergure. Au bout de quelques minutes, la douleur dans les articulations de la mâchoire devint lancinante et Juliette repoussa son amant. Il quitta ce nid chaud et douillet et retourna Juliette sur le ventre pour la mettre à quatre pattes. Docile elle se laissa faire et, la croupe en lair, présenta des fesses magnifiques que Damien sépara doucement de ses deux mains pour lécher avec vigueur le petit trou aux bords plissés.
Hugo se masturbait toujours. Voyant sa femme à quatre pattes et son collègue lui suçant le sphincter, il eut de nouvelles vagues dexcitation sexuelle dans le bas-ventre ; il en était émerveillé, jamais son pénis navait été aussi gonflé, aussi dur, aussi raide, et cela même avant son accident.
Juliette malgré la réticence quelle avait montrée à Hugo pour cette expérience soubliait totalement, savamment excitée par son amant. Nen pouvant plus, elle ôta son anus de la convoitise de Damien et se mit sur le dos, les jambes largement écartées et légèrement surélevées. Passant son bras entre ses cuisses, elle prit le phallus dune main attirant vers elle Damien resté à genoux. Dans un souffle elle lui murmura :
Viens
La verge en avant Damien se coucha sur elle et, dun seul coup de reins, plongea les vingt centimètres de son pénis dans lorifice brûlant et trempé qui sexhibait. Juliette, le vagin dilaté, entoura la taille de Damien de ses jambes afin de garder son sexe au plus profond delle et lui planta ses ongles dans le dos en poussant un râle guttural. Pour la première fois, elle colla ses lèvres à celles de Damien pour enrouler sa langue autour de la sienne. Enserré par des cuisses énergiques, son amant était limité dans ses mouvements, mais à peine deux minutes plus tard Juliette, à la surprise dHugo, poussa un cri dorgasme de démente quelle fit durer jusquà ne plus avoir une molécule dair dans les poumons. Le temps de reprendre une respiration et un deuxième cri analogue retentit suivi de beaucoup dautres plus brefs, mais tout aussi puissants. Cela dura une éternité au bout de laquelle elle laissa tomber bras et jambes sur le lit pour demeurer immobile en proie à la luxure non encore satisfaite de Damien.
Une autre plainte survint quelques secondes après le dernier cri de Juliette. Hugo, qui se masturbait depuis le début des ébats, venait déjaculer un sperme épais et abondant quil crachait jusque sur le mur derrière sa tête. Des coulures se perdirent dans ses cheveux, ses yeux, son nez, ses lèvres ; sa main même était trempée.
Ce dernier, tout dabord ébahi par la force de la jouissance de sa maîtresse, avait été encore plus surpris par lorgasme de son collègue quil ne put sempêcher de regarder. Juliette, le vagin en feu, repoussa Damien et se tourna. Aussitôt, celui-ci songea, frustré : « Tout le monde a pris son pied ici sauf moi ; à mon tour un peu ! ». Sur cette pensée, il saisit brusquement les jambes dociles de Juliette allongée en croix sur le ventre, les rapprocha et lui replia les genoux sur le matelas juste au niveau de la poitrine. Lanus, surélevé, était maintenant correctement exposé et orienté à cinq centimètres de son membre tendu encore mouillé de la cyprine de la jeune femme. Il lui écarta alors les fesses et approcha son gland. Le sphincter également trempé de lubrifiant ne fit aucune difficulté pour souvrir et laisser passer ce phallus hors norme. Juliette poussa un cri de douleur ou de jouissance ou les deux, nul naurait pu le dire sauf elle peut-être. La position aidant, il senfonça le plus loin possible, arrachant de nouvelles plaintes ambigües à sa maîtresse et au bout de quelques aller et retour de grande ampleur lui déchargea longuement son sperme dans le rectum. Vidé, au propre comme au figuré, il demeura immobile quelques instants, le membre toujours planté dans lanus accueillant. Enfin, son sexe ne put maintenir sa rigidité et il se retira. Il avait conservé les mains sur les genoux de Juliette qui ne bougeait plus. Dirigeant son regard vers le sphincter dilaté de sa maîtresse, il aperçut le liquide blanchâtre quil venait juste dinstiller rejaillir en petits jets saccadés et une large tache visqueuse sétala sur le drap. Damien lâcha son amante dun soir qui reprit la position quelle avait quand il est entré dans la chambre avec Hugo.
Dès que les deux époux furent seuls, Juliette dit à son mari :
Tu viens, mon amour ?
Oui, viens vite me chercher.
Quand il fut installé sur le lit, Juliette se pencha la bouche ouverte sur le sexe redevenu flaccide dHugo. Elle le décalotta et suça le gland avec amour, mais en vain. Au bout de plusieurs minutes, Hugo fit cesser les caresses.
Arrête chérie, ça ne sert à rien.
Lérection avait disparu, elle ne revint pas.
*
La semaine qui suivit fut plutôt sombre pour les trois acteurs de la soirée de samedi. Juliette culpabilisait de ne pas avoir réussi à donner elle-même du plaisir à Hugo alors quelle lavait trompée sous ses yeux rien que pour ça. Cela lavait rendue maussade et réservée jusquau week-end suivant. Quant à Hugo et Damien, ils se sont soigneusement évités dans les couloirs de lentreprise où ils travaillaient pendant quelques jours. Ce triolisme particulier dun soir ne devait avoir aucune incidence sur leurs relations, mais ce ne fut pas aussi simple. Hugo le comprit et eut la patience et le tact dattendre quelques semaines avant denvisager une nouvelle tentative avec son épouse.
Le dimanche suivant la visite de Damien, Juliette se laissa enfin approcher par son mari et ils refirent lamour comme avant. Hugo navait toujours pas dorgasme, mais il en donnait sans compter à son épouse avec la bouche, les doigts ou le vibromasseur. Il voulut pour elle tester le gode-ceinture, mais étrangement, Juliette refusa. Le climat était à nouveau sain entre eux, elle avait retrouvé le sourire. La vie reprenait son cours normal. Les relations entre Damien et Hugo étaient également redevenues harmonieuses, aucun des deux protagonistes névoquant cette fameuse soirée avec lautre.
Pourtant, le fantasme dHugo reprit le dessus et un midi après le déjeuner, il interpella son épouse le plus doucement quil put :
Tu sais chérie, je nai pas trop envie de faire la sieste aujourdhui, commença-t-il.
Je naime pas trop faire lamour en plein jour, répondit-elle, mais si tu y tiens
Non, ce nest pas ça, ce soir peut-être, rectifia Hugo. Je voudrais juste quon parle.
Attends, je temmène au salon, fit-elle en poussant le fauteuil roulant. Laissant son mari face au canapé, elle sy installa et dit :
Je técoute mon amour.
Tu sais, je repensais à notre expérience avec Damien.
Juliette se renfrogna.
Cétait une erreur. Nous naurions jamais dû faire ça, je ne veux plus quon en parle et je veux oublier cette soirée.
Écoute-moi seulement. Ça na été quun demi-échec puisque cest grâce à toi, quand tu as joui toi-même, que jai pu avoir un orgasme extraordinaire. Je te rappelle que cela fait un peu plus dun an maintenant que cela ne métait pas arrivé.
Juliette baissa les yeux en rougissant. Elle repensait à lorgasme quelle avait eu, orgasme qui, quoiquelle sen défendît, lavait sérieusement secouée. Elle avait fortement apprécié la prestation de Damien, mais se gardait bien de le dire à son mari. Damien, elle ne le connaissait pas, elle ne laimait pas, il lui était totalement indifférent. Tout juste le considérait-elle comme un « super polochon », mais il lui avait donné un plaisir physique intense.
Jai fait lerreur, continua Hugo, de choisir quelquun de mon entourage pour ça. Je crois quil vaut mieux à lavenir sélectionner un homme dont nous ignorons tout lun comme lautre.
Juliette sursauta :
À lavenir ? Tu veux dire que
Oui, interrompit son mari. Je pense quil serait bon pour nous deux de renouveler lexpérience pour que je puisse enfin arriver à mes fins. Je suis sûr de pouvoir tenir une érection avec toi après cela.
Tu étais déjà certain de ça la première fois, objecta Juliette.
Oui, mais Damien je le connaissais trop bien. Ça ma bloqué quelque part. De plus, je souhaiterais quon y apporte quelque chose de plus.
Quoi encore ? Jai déjà donné de ma personne, je crois, que veux-tu de plus ?
Pour tout te dire, jaimerais te voir prendre par deux hommes à la fois. Lorgasme que je
Où vas-tu ? Chérie ? Reviens sil te plait !
Juliette sétait levée dun bond et avait quitté la pièce pour se rendre à la cuisine où quelques tâches ménagères lattendaient. Hugo la rejoignit et immobilisa son fauteuil dans lencadrement de la porte. Une casserole à la main, Juliette déclara :
Tu deviens fou, Hugo. Tu te rends compte de ce que tu dis ? De ce que tu me demandes ?
Oui, je sais, mais moi aussi jai souffert de te voir avec Damien.
Ça na pas eu lair, répondit Juliette. Si tu y tiens vraiment, rappelle-le, je suis daccord pour une autre soirée, mais deux hommes ça non, je ne suis pas daccord.
Hugo semporta :
Ah, je vois. Madame oublie les termes de notre contrat. Madame sest fait tirer par une grosse bite, ça lui a plu, alors Madame en redemande ! Mais moi, elle sen fout !
Juliette haussa les épaules.
Il sait bien sy prendre, cest tout, mais je nai aucun sentiment pour lui et sa quéquette je men fiche, cest bien un truc de mec ça. Il ma donné beaucoup de plaisir et si cest mon orgasme qui commande le tien, avec lui tu es sûr den avoir un du même niveau que lautre soir. Avec un inconnu, a fortiori deux, je ne suis pas certaine de jouir et par là même, de TE faire jouir. Cest aussi pour ça quà la rigueur, jaccepterais encore Damien.
Hugo se radoucit.
Je comprends, mais il ne voudra pas. Nous avons été mal à laise au bureau pendant une semaine ou deux. Maintenant, nous ne parlons plus de ça et nos relations sont redevenues normales. De plus, te voir faire le jambon dans le sandwich mexcite déjà considérablement.
Merci pour la comparaison. Parfois, je me demande si tu maimes vraiment, fit-elle en posant sa casserole.
Excuse-moi, cétait maladroit. Veux-tu bien essayer, je ten prie ?
Juliette aimait tendrement son époux. Elle navait de cesse de lui être agréable, surtout depuis laccident dont elle sestimait en grande partie responsable. Hugo ne lui en parlait jamais, mais quen pensait-il vraiment ? Elle soupira puis, résignée, elle lui dit :
Daccord, daccord puisque tu y tiens. Daccord, mais mêmes conditions que pour la première fois. Pas un mot et ils déguerpissent dès que cest fini.
Hugo regarda sa femme tendrement et lui susurra :
Embrasse-moi et emmène-moi au lit. Jai la langue qui frétille
Prenant les poignées du fauteuil, Juliette accompagna Hugo jusquà la chambre.
Je nai pas trop la tête à ça après ce que tu viens de me dire, dit-elle.
Ne pense plus à rien, nous avons tout notre temps, conclut-il.
*
Hugo sétait bien demandé comment il allait pouvoir trouver deux inconnus pour leur proposer de faire lamour avec sa femme. Lentreprise où il travaillait il nen était pas question, lexpérience avec Damien avait suffi. Il y avait bien le café en face où il sarrêtait de temps en temps. Parfois, des inconnus venaient y prendre un verre, mais ils pouvaient trop parler et il risquait de les revoir par la suite, ce dont il navait pas envie. Ce fut alors quil eut lidée de sinscrire sur un site internet dédié au libertinage et de passer une annonce. Il y mit une des photos suggestives de Juliette en ayant soin toutefois de flouter son visage et attendit les réponses. Il en reçut plusieurs, dont de nombreuses farfelues ou bien dhommes ne correspondant pas au profil quil sétait imposé. Il eut aussi des propositions de la part déchangistes auxquelles il ne pouvait évidemment donner suite. Au bout de deux semaines, plus rien dans sa messagerie et il se découragea. Il réfléchissait à une autre manière de recruter deux bonnes volontés quand il reçut un message qui lui parut intéressant. Le texte était clair, complet, bien orthographié, venant de deux jeunes hommes dâge adéquat et dont la motivation était amusante. Il sagissait de deux amis se mariant chacun de leur côté le même jour et ils sétaient promis une soirée à trois comme celle que proposait Hugo pour « enterrer » leur vie de garçon. Leurs futures femmes respectives nétaient bien évidemment pas informées et Hugo se dit que, pour la discrétion, il ne pourrait pas mieux tomber. Il répondit par une proposition de rendez-vous dans un café à lautre bout de la ville qui fut rapidement acceptée. Sur place, Hugo vit que les deux jeunes hommes étaient comme il se les était imaginés, mais ceux-ci furent bien stupéfaits de discuter de leur projet avec un paralytique. Létonnement passé, laffaire fut vite conclue pour le week-end suivant. Trop impatient dannoncer la nouvelle, Hugo apostropha son épouse dès quil rentra chez lui :
Chérie ! Jai invité deux amis pour samedi soir, mais ils ne viennent pas dîner.
Juliette le fusilla du regard :
Ça y est, tas encore négocié mon cul !
Ne dis pas ça comme ça sil te plait
Nous étions daccord, je crois.
Oui, oui, jai accepté puisque cest pour toi, mais ne me demande pas de sauter de joie tout de même.
Tu ne veux pas savoir qui cest au moins ?
Je men fous.
Tu ne devrais pas. Ce sont deux beaux mecs bien bâtis, un ou deux ans plus jeunes que nous et qui enterrent tous les deux leur vie de garçon comme ça.
Je plains leurs femmes, ça promet.
Ils mont demandé si tu ferais tout ce quils exigeront, je leur ai dit oui.
Tiens donc, cest facile ! On voit que tu nes pas à ma place
Pas de sado-maso, ça je ne marche pas.
Non, rassure-toi, je les ai déjà informés. Je taime, tu sais
Elle ne répondit pas et resta dans le salon alors quHugo se dirigea vers le bureau. En son for intérieur, Juliette, qui prenait un air faussement détaché avec son mari, était malheureuse. Elle qui aimait tant faire lamour avec lui
Il était doux, attentionné, il savait lamener à lorgasme de quinze manières différentes sans quelle devinât précisément laquelle il allait employer à un moment déterminé. Coucher avec deux hommes, elle ne lavait jamais fait ou presque. Elle en avait un souvenir amusé et tenta de se remémorer lunique expérience quelle avait eue avec deux partenaires avant son mariage, elle venait juste de fêter ses dix-huit ans.
Ce jour-là, Juliette et son petit copain de lépoque avaient été conviés chez une de ses camarades prénommée Édith. Ses parents avaient déserté la maison le temps dun week-end et Édith en avait profité pour les inviter ainsi que son propre flirt. Le samedi après-midi, dans la chambre de la jeune fille, pendant que les deux couples sembrassaient et se pelotaient chacun à un bout du grand lit, le téléphone sonna. Édith se leva et répondit, cétait sa mère. La conversation terminée, elle signifia aux trois jeunes gens quelle devait impérativement faire une course pour ses parents et quelle allait sabsenter au moins une heure. Elle partit, laissant ses trois invités. Juliette reprit ses activités amoureuses avec son petit ami sous les yeux de celui dÉdith. Au bout dun quart dheure, ny tenant plus, elle ôta son chemisier et dégrafa son soutien-gorge. Son ami en profita pour faire glisser la fermeture de sa braguette et sortit sa verge décalottée que Juliette suça avec entrain. Le copain dÉdith assistait amusé à la fellation et lorgnait avec envie les seins ronds de la jeune fille. Finalement, particulièrement excité dabord par Édith puis par la scène quil observait, il finit par sapprocher du couple et se plaça à genoux derrière Juliette à quatre pattes sur le lit. Il retroussa la jupe et fit glisser la culotte sous lil complice de lautre garçon qui savourait la fellation sans soccuper du reste. Juliette neut aucune réaction partagée entre le fait de ne sortir quavec un seul camarade à la fois comme il était communément admis, et son désir inconscient de connaître une expérience multiple. Voyant cela, le copain dÉdith senhardit, extirpa son pénis raide comme un bambou et lapprocha du vagin trempé. Il pénétra Juliette avec facilité, elle nétait plus vierge depuis ses quinze ans, et cette dernière apprécia un très long moment les deux phallus qui gigotaient lun dans sa bouche et lautre dans sa vulve. Sa seule pensée était à cet instant : « Vont-ils jouir en même temps ? » Vaine question, car cest à ce moment que la porte de la chambre souvrit plus tôt que prévu. Ce fut la panique chez les trois protagonistes et Édith, dans une colère noire, chassa tout le monde de sa maison. Inutile dajouter que plus jamais Juliette ne revit son amie.
Juliette souriait en repensant à cet épisode de sa jeune vie, ce nétait pas si loin. Elle fera ce que son mari lui demande, mais bien pour lui, elle ny voyait pas dintérêt elle-même. « Jespère que ça va marcher cette fois-ci », songea-t-elle.
*
Quand ils arrivèrent, avec une demi-heure de retard, chez Juliette et Hugo, les deux garçons étaient légèrement éméchés. Ils avaient dû boire deux ou trois apéritifs avant de venir. Ils étaient jeunes et beaux comme lavait signalé Hugo, mais sentaient lalcool. Ils se présentèrent, Maximilien et Gregory.
Hugo conduisit les deux garçons dans la chambre, prit sa place dans langle du mur et dun geste, leur fit signe quils étaient libres de commencer. Juliette attendait sur le lit depuis déjà un moment, elle était nue, assise en tailleur et avait froid. Maximilien senhardit et, tout habillé, monta sur le lit. Il enlaça Juliette quil embrassa sur la bouche, la langue sortie. Celle-ci répondit au baiser et sallongea sur le dos en dépliant les jambes. Gregory, lui aussi habillé, mit la tête entre les cuisses de la jeune femme et lui lécha la vulve avec avidité. Juliette, qui aimait cette caresse, lubrifia immédiatement et abondamment. Maximilien quitta les lèvres de Juliette, se leva et se déshabilla en un temps record. Il remonta sur le lit à genoux et, voulant faire plus que son ami, présenta sa verge à une bouche avide qui souvrit séance tenante. Il enfonça son phallus dans ce confortable fourreau et ne bougea plus. La jeune femme prit alors les devants et fit aller sa tête davant en arrière dans un mouvement régulier tout en suçant le gland qui lui était offert. Gregory cessa son cunnilingus et ôta également ses vêtements. Il sallongea sur Juliette, toujours en train de pomper Maximilien qui se poussa, et la pénétra. Juliette poussa un soupir en ouvrant la bouche et il extirpa son pénis. Par signe, puisquils ne devaient parler en aucune façon, il fit comprendre à Gregory de pivoter sur le lit. Ce quil fit et ce dernier se retrouva sur le dos avec Juliette couchée à plat ventre sur lui. Juliette comprit et, de ses deux mains, écarta ses fesses offrant ainsi son anus. Sous laction habile des trois protagonistes, le sphincter ne fit aucune difficulté pour souvrir et Maximilien enfonça sa verge loin dans le rectum de Juliette. Lépouse dHugo subissait sans émotion aucune les assauts de ces deux hommes, mais ne pensait quà son mari.
Dès que celui-ci vit sa femme possédée dans ses deux orifices, Hugo se mit à bander comme il lespérait. Il entama une masturbation quil souhaitait fructueuse, mais devait attendre pour cela lorgasme de Juliette, du moins le pensait-il. Il fixa son regard sur ce quil pouvait voir des fesses de sa femme et des phallus la pénétrant en cadence. Il était heureux, son épouse faisait « le jambon » !
Alors que Gregory embrassait Juliette goulûment, Maximilien, par derrière lui malaxait les seins. Ils se remuaient dans leur conduit respectif, mais lorgasme narrivait pas vite, sans doute en raison de lalcool bu avant de venir. De son côté, Juliette sennuyait ferme sachant quelle naurait aucun orgasme cette fois-ci et en était désolée pour son époux. Elle attendait que ça se passe. Lassés également, Maximilien et Gregory, qui sétaient parlé en chuchotant, quittèrent lanus et le sexe de Juliette. À genoux, un de chaque côté, ils sapprochèrent du visage de la jeune femme, lui ouvrirent la bouche et lui firent comprendre de la garder telle quelle. Ils positionnèrent leur pénis au-dessus des lèvres béantes et se masturbèrent au-dessus.
Hugo les voyait faire et il imagina tout de suite le sperme de ces garçons couler dans la gorge de Juliette qui avalerait la semence mélangée. Il ferait comme eux, sans sa femme toutefois. Soudain, il poussa un long soupir, une éjaculation puissante se produisit, suivie de beaucoup dautres. Hugo eut un orgasme plus fort que le dernier, mais plus bref. Il continuait à se branler énergiquement, il ne voulait pas arrêter de faire aller et venir le prépuce, il ne voulait pas que la jouissance cesse
Juliette en fut étonnée. Normalement, cet orgasme naurait dû arriver que si elle-même avait joui, ce qui nétait pas le cas. Quelle explication aurait Hugo cette fois-ci ? Dans le même temps, Maximilien poussa également un soupir et dirigea son gland sur la langue de Juliette. Il déchargea en ahanant une grosse quantité de sperme qui se répandit dans la bouche de la jeune femme. Il fut suivi immédiatement par Gregory qui ajouta sa semence à celle de son ami. Juliette, soumise comme convenu, les questionna dun regard : que devait-elle faire ? Eux-mêmes samusèrent un instant de voir la langue et les dents de la jeune femme disparaître en partie sous le liquide blanc et visqueux quil venait tous deux déjaculer. Gregory lui prit alors la mâchoire, la ferma et la maintint dans cette position. Juliette comprit et déglutit dun bruit de gorge appuyé. Les deux amis se regardèrent, rirent, et dun commun accord, se levèrent non sans avoir embrassé chacun un sein de la jeune femme. Ils quittèrent la pièce et lappartement en un temps record, comme sils étaient honteux de ce quils venaient de faire. Juliette se tourna sur le ventre et pleura dans le traversin.
Par respect pour son chagrin Hugo, ancré dans son fantasme, ne comprenait pas bien la réaction de son épouse, mais se tut et attendit de nombreuses minutes. Enfin, nayant pas perdu de vue son objectif, il se sentit prêt à réessayer.
Mon amour, tu maides sil te plait ?
Les yeux rougis, Juliette se leva et soutint son mari pour quil sallonge sur le lit. Elle se mit à genoux et goba le pénis flaccide pour en exciter le gland. Au bout de dix minutes, il ne sétait rien passé et Hugo finit par lui dire :
Laisse, cest fichu pour ce soir.
Juliette ne lécouta pas et insista encore un moment puis elle fondit en larme.
Hugo lui prit la tête et lamena vers lui :
Embrasse-moi, lui dit-il.
Les joues mouillées elle colla sa bouche sur celle de son mari pour un baiser passionné. Se retirant, Hugo questionna maladroitement :
Ta bouche sent leur sperme, ça a le même goût que le mien ?
Choquée, Juliette se leva dun bond et fila dans la salle de bains.
Ne pousse pas le bouchon trop loin sil te plait, dit-elle en claquant la porte.
Hugo ignora la réponse de son épouse, il imaginait déjà la suite.
*
Il dormit comme un loir, mais Juliette passa une nuit blanche. Le matin au petit déjeuner Hugo, sans prendre garde aux yeux rougis cernés de noir et au visage défait de son épouse lui déclara :
Je sais ce qui ne va pas.
Fatiguée, Juliette némit quun grognement.
Ce nest pas ton orgasme qui commande le mien. Je lai cru la première fois avec Damien, mais après lexpérience de cette nuit je me suis bien rendu compte que cétait le fait de te voir possédée qui ma fait jouir. Jai joui moins longtemps, mais plus fort hier soir. Je sais pourquoi jy ai beaucoup réfléchi.
Sans manifester un grand intérêt, Juliette répondit :
Ah ? Et tu as trouvé quoi cette fois-ci ?
Quand Maximilien et Gregory tont pris les fesses, tu embrassais celui du dessous, mais jaurais aimé autre chose. Jaurais voulu que tu suces une autre bite en même temps.
Nous y voilà ! fit Juliette désabusée. Maintenant, tu vas men proposer trois, je parie : et tu vas tarrêter où comme ça ? Trois et je peux encore en branler deux, mais cest tout, ajouta-t-elle caustique.
Les yeux dans le vague, son mari éluda :
Écoute. Trois types et je suis sûr de prendre un pied phénoménal. Si tu ne parviens pas à me faire bander après, nous arrêterons là, cest promis.
Non, cest inutile. Je taime chéri, mais je nirai pas plus loin.
Hugo sénerva :
Comment ça tu niras pas plus loin ?! Tu me dois bien ça pourtant ! Cest la faute à qui si je suis dans ce fauteuil, hein ? Qui est-ce qui a voulu me sucer à tout prix dans la voiture alors que je nétais pas daccord ? Moi je te fais jouir quand tu veux et comme tu veux. Alors tu dois faire pareil pour moi. Je suis devenu candauliste par ta faute alors il faut bien que tu assumes !
Juliette était effondrée sous les paroles de son époux. Jusquà présent, elle ignorait comment la jugeait Hugo depuis laccident. Elle savait maintenant quil la tenait pour responsable et elle se sentit soudain tellement redevable envers lui
Alors oui, elle allait encore accepter. Oui, elle allait encore prêter son corps à la jouissance de parfaits inconnus, oui elle allait être lesclave dHugo et de son addiction sexuelle. Elle devait lemmener à lorgasme comme dans un couple normal, quelle quen soit la manière. Alors oui, oui, oui pour tout
Encore une fois si tu veux, sentendit-elle répondre.
*
Hugo trouva les prochains amants de sa femme à lécole dinfirmiers de la ville : trois jeunes étudiants de première année, tous citadins et de bonne éducation. Quand ils furent reçus par Juliette et Hugo ils étaient intimidés, mais dès quils pénétrèrent dans la chambre, leur libido prit le dessus.
En pleine santé, ils se prêtèrent Juliette lun après lautre de manière à ce que chacun deux éjaculât dans les trois orifices que leur proposait la jeune femme et pût se reposer entre deux prestations. Juliette fit ainsi lamour neuf fois sans sarrêter, trois fois elle reçut le sperme dans le vagin, trois fois la semence se perdit dans son rectum et trois fois elle avala le liquide séminal des garçons. Elle neut, quant à elle, quun seul orgasme et exceptionnellement pour elle, lors dune sodomie. Le jeune homme qui lavait provoqué nen était pas peu fier, même si Juliette lavait largement aidé en se caressant machinalement le clitoris pendant quelle était à quatre pattes.
Hugo, voyant sa femme prise dans ce qui ressemblait à une tournante, jouissait du regard et obtint en se masturbant la première fois un orgasme exceptionnel supplantant les deux derniers. Il eut pareillement le temps et le loisir dentamer peu après une deuxième masturbation qui déboucha aussi sur un orgasme, mais de moindre qualité. Cétait la première fois depuis laccident quil jouissait deux fois en moins de deux heures.
Les étudiants aux anges remercièrent beaucoup Juliette épuisée ainsi que Hugo pour lexcellente soirée quils venaient de passer. Ils partirent à regret, sachant quils ne reviendraient plus comme il était convenu dans le marché.
Juliette sassoupit quelques minutes et ce fut Hugo qui la réveilla en sapprochant du lit et en la secouant.
On essaye sil te plait ?
Juliette aida son mari à se coucher et tenta une fellation quelle savait dinstinct inutile. La suite lui donna raison et Hugo, de mauvaise humeur, la rabroua.
Tu nes bonne à rien, lui dit-il.
Juliette encaissa puis, trop éreintée pour répondre, tourna le dos à son mari et sendormit.
*
Ce dimanche, Juliette se leva très tard. Tout son corps lui faisait mal et lui rappelait la nuit passée à faire jouir les trois hommes trois fois de suite par tous les orifices de sa personne. Il était midi et elle sinstalla devant un bol de café. Une migraine sournoise survint, elle mit son coude sur la table pour soutenir son front de la paume de sa main qui lui parut fraîche. Hugo qui sortait du bureau arriva guilleret dans la cuisine, les yeux brillants. Inconscient de lépuisement de sa femme il lança :
Bonjour chérie ! Ça va ce matin ?
Sans attendre la réponse, il enchaîna :
Tu mas bien fait jouir hier avec les trois garçons. Mais deux fois, ce nest pas assez ! Jai besoin de plus, je veux te voir soumise à dix, vingt ou trente hommes, voire plus. Je veux te voir possédée par de gros phallus qui entreraient lun après lautre dans ton sexe, dans ton anus ou dans ta bouche. Pas plus de cinq minutes par gars, en une nuit tu pourras en faire jusquà cinquante ! Hein ? Quen dis-tu ?
Juliette, inquiète, tourna la tête vers son mari et cest là quelle surprit la folie dans ses yeux.
Nous ferons ça sur la terrasse, il ny a pas assez de place dans la chambre ! Ha ! Ha ! Ha ! Tu pourras crier ta jouissance à tous les voisins, ils sauront combien je te rends heureuse malgré mon infirmité et moi, moi je me masturberai et jaurai un orgasme si fort que mon sperme ira se perdre dans les étoiles ! Mes gamètes féconderont des milliers de planètes, je serai légal de Dieu !
Juliette, tremblante, se leva et partit dans la salle de bains.
Je vais prendre une douche, jen ai besoin, dit-elle.
Sitôt la porte fermée au loquet, Juliette sempara de son téléphone portable et composa le numéro des urgences. Peu de temps après, une ambulance du CHU de Saint-Julien emmenait Hugo qui se débattait.
Juliette saffala dans le canapé du salon et sanglota pendant une heure.
*
Le temps était nuageux et froid le jour où Juliette, qui sétait bien remise des dernières semaines passées, arrivait à lhôpital Saint-Julien. Elle avait rendez-vous avec le docteur Werstein, le psychiatre qui avait accueilli Hugo lors de son internement. Cétait un homme de petite taille, des lunettes rondes et une barbiche de jais. Ses cheveux étaient plus rares, mais avaient conservé leur couleur noire. Il vint chercher Juliette dans la salle dattente les mains dans les poches de sa blouse blanche. Il ne sortit que la main droite quil tendit pour la saluer. Quand ils furent installés à son bureau, Werstein prévint :
Ce nest pas maintenant que je vais vous laisser rendre visite à votre mari. Vous savez, son état ne sest pas encore stabilisé, il a subi un gros choc émotionnel.
Je vous en ai donné lexplication et tous les détails sordides lorsque je vous ai vu la première fois, docteur. Même si jai dû tirer un trait sur ma fierté personnelle, je vous ai tout raconté sans rien omettre.
Oui, je sais et cela ma bien aidé pour asseoir mon diagnostic. Pour le reste, ne vous inquiétez pas, jai entendu des choses bien plus saugrenues et quoi quil en soit, le secret médical, surtout dans notre branche nest pas un vain mot.
Jen suis certaine, dit Juliette en rougissant.
Le candaulisme développé par votre mari na quun but : celui de vous rendre heureuse. Il sait que sa perte dérection ne lui permet plus de se comporter comme un homme avec vous et les compensations que vous avez trouvées nont fait que mettre en lumière lacte principal du coït dont il nest plus capable. En ce sens, Hugo a voulu remplacer le mâle quil nest plus par un ou plusieurs autres hommes dont il espérait bien quils vous mèneraient à lorgasme. Votre orgasme a déclenché en lui son érection et sa propre jouissance. Plus tard, cest le simple fait de vous voir prises par dautres qui a facilité son plaisir. Dans son esprit, plus il y avait dhommes qui vous possédaient, plus il pensait vous rendre heureuse et plus grand était son propre plaisir. Le cadeau quil vous faisait valait pour vous, mais aussi pour lui.
Mais alors, pourquoi a-t-il complètement perdu les pédales ?
Chez les candaulistes pratiquant couramment ce jeu sexuel, les deux membres du couple se font plaisir mutuellement. Lhomme par la satisfaction dune addiction connue depuis lAntiquité, la femme par la possibilité de varier ses partenaires sexuels avec le plein accord de son compagnon. Parfois même, lhomme le fait par un besoin dintense humiliation ou bien il peut prendre plaisir à assister à un simulacre du viol de sa partenaire officielle. Mais ça sarrête là, il y a rarement cette spirale « inflationniste » que votre mari voulait vous imposer. Par ailleurs, comme il vous rend responsable de laccident de voiture dont vous avez été victimes il y a un an et demi, cette spirale lui servait aussi à vous punir sans quil en ait conscience. Doù les excès dont il a fait preuve et qui vous ont été imposés. Ajoutés au traumatisme même de cet accident, ces deux sentiments sopposèrent violemment en lui et finirent par lui faire perdre la raison.
La retrouvera-t-il docteur ?
Nul ne peut le dire. Nous sommes vraiment des débutants dès que lon sattaque à lesprit humain. Votre mari peut rester dans son monde pendant tout le reste de sa vie ou bien sa conscience peut se réveiller dans une semaine. Mais je ne peux ni ne veux vous donner un quelconque espoir. Notre seul rôle maintenant est de veiller sur lui.
Juliette essuya les larmes qui perlaient au coin de chacun de ses yeux.
Que va-t-il devenir ?
Les soins sont terminés ici et, le diagnostic ayant été posé, je vais lenvoyer dans une clinique spécialisée non loin de là. Cest un excellent établissement, Hugo y sera traité comme il se doit. De plus, jai quelques patients qui y séjournent déjà, je ne manquerai pas de me faire communiquer son dossier à chacune de mes visites.
Juliette se leva, prit son manteau quelle avait posé sur une chaise à ses côtés et tendit la main à Werstein.
Merci docteur, faites pour le mieux. Jai confiance en vous.
Tout en gardant la main de Juliette dans la sienne, le médecin lui dit :
Comptez sur moi, assura-t-il sincèrement.
*
Juliette, affligée par la tournure des événements, était rentrée depuis seulement cinq minutes quand le téléphone sonna :
Tu es allée voir mon fils ? Comment va-t-il ? Va-t-il bientôt sortir ? débita une voix sans autre forme de politesse.
Bonjour belle-maman, répondit Juliette avec une pointe dhumour quand elle reconnut sa correspondante.
Oui, oui, bonjour
répondit la mère dHugo dune manière excédée.
Oui, je suis allée à lhôpital. Il va bien autant que faire se peut. Jai discuté longuement de lui avec le docteur Werstein, poursuivit-elle.
Il va le faire sortir ?
Acculée, Juliette fut obligée de répondre :
Pas tout de suite, il est toujours en observation.
Il a donné une date ?
Non, pas encore.
Tu vas aller le voir souvent ?
On ne peut pas pour linstant, vous savez
Je vais en profiter pour prendre quelques jours de repos à la montagne, jen ai bien besoin. Pouvez-vous passer à lappartement pendant quelque temps ?
Cest ça, tu abandonnes ton mari ! Heureusement quil a une mère. Tu peux ficher le camp, va, ça nempêchera pas que cest à cause de toi que mon pauvre Hugo est dans cet état. Ça ne ta pas suffi de le rendre paralytique, il a fallu aussi que tu le rendes fou !
Mais cétait un accident, se défendit Juliette.
Un accident ? Tu oses appeler ça un accident ! Tu oublies que mon frère est retraité de la gendarmerie. Jai pu avoir le rapport du gendarme qui a constaté les faits, je ne ten dis pas plus, tu vois de quoi je parle espèce de dépravée, ne moblige pas à être grossière ! Heureusement que mon mari nest plus de ce monde, il naurait pas pu supporter cette honte !
Je
commença Juliette sans aller plus loin.
Cest ça, tais-toi ! Tu nas plus rien à dire ! Oui, je passerai à lappartement et jarroserai les plantes, ne ten fais pas. Jai mes clés et jespère bien ne pas ty rencontrer.
Sur ces paroles, la mère dHugo raccrocha sèchement. Juliette lança le téléphone violemment à terre et sécroula dans le canapé, en pleurs. « Tout le monde connaît donc lorigine de laccident. Hugo, sa mère, le gendarme, tous maccusent. Le docteur Werstein certainement aussi, malgré ce quil prétend
La belle-mère a raison, il vaut mieux que je parte ; la honte, la culpabilité et la dépravation sont sur moi. Qui donc pourrait me pardonner pour tout ça ? ».
Après dix minutes, ses sanglots se calmèrent et ses yeux se portèrent sur une revue publiée par la municipalité. La photo de couverture représentait en gros plan le crucifix dune église remarquable de la ville, revue dont Juliette caressa doucement le papier glacé du bout des doigts. Retirant sa main soudainement, comme si la couronne du Christ lavait elle-même piquée, elle alla chercher un vieil annuaire papier. Il nétait plus à jour bien entendu, mais Juliette détestait les annuaires électroniques et pour ce quelle voulait, ce nétait pas important. Quand elle eut trouvé, elle ramassa le téléphone à terre, remit les batteries en place ainsi que le couvercle qui se cachait sous un meuble et lair décidé, composa un numéro.
Allo, fit-elle fébrile quand la correspondante décrocha.
Bonjour. Couvent des Surs de la Mansuétude, que puis-je pour vous ?
Bonjour ma sur, je voudrais prendre rendez-vous avec la mère supérieure, sil vous plait.
Oui, cest à quel sujet ?
Dites-lui que jai trop de péchés sur la conscience
*
Vous pourrez retrouver Juliette dans « Le voyeur », prochainement sur HDS.
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