L'Été D'Anaïs Actes 3 Et 4
ACTE III SCENE 1 MAEL, ANAIS
Cinq jours après la précédente scène.
Dans la chambre du couple, Maël arrive en trombe et découvre sa mère encore au lit. Il est 11h du matin.
MAEL
O ma mère je peste et je suis en colère
L'homme qui se prétend pour moi comme mon père
M'a montré ce matin une de ses facettes
Qui met mon corps en feu et en trouble ma tête.
ANAIS
Mon dis-moi tout et trouve le repos
Tu ressembles au désert soufflé du sirocco .
Approche toi auprès pour tout l'amour du Ciel
Viens te lover ici au giron maternel
Tu trouveras chaleur et écoute attentive...
La parole a toujours des vertus sédatives.
MAEL
Depuis son arrivée, Mathis m'avait convié
Comme ordinairement peut le faire un aîné
A devenir pour moi le prêtre du tennis.
Je n'y voyais que bien et surtout pas malices.
Ainsi tout le matin nous avons échangé
Des balles et des coups sans rien nous ménager.
J'étais heureux enfin sous son aide avisée
De mieux tenir le court, me sentir progresser,
Si bien qu'en fin de match, tout à fait épuisé,
Il me gagna de peu , s'avoua épaté.
Nous allâmes en chur tout droit vers les vestiaires
Nous doucher ensemble au collectif ordinaire.
Alors que tout gaiement en cur nous sifflions
Baignés dans les vapeurs de leau des ablutions
Je le vis s'approcher, tendu sous la ceinture
Me contourner dun air tout fier de sa monture
Pour enfin se coller d'un air si souverain
Tout contre étroitement mon échine et mes reins..
Puis après un silence
Je sens encore sur moi , au travers du tissu
La hampe épaisse et roide prête à se mettre à nu.
J'y aurais succombé si je n'avais gardé
Au fond de ma conscience un rien de dignité .
Et métant écarté aussi agilement
Je laissai l'outrageant tout coi et pantelant.
Je partis sur les faits vous rejoindre ma mère
Pour trouver près de vous un soutien salutaire.
ANAIS
Voila qui mapparaît blague de régiment
Et une savonnette sur les carreaux suintants
Aurait bien complété le décor théâtral
Dans lequel mon fils-fleur perdait une pétale..
MAEL
Votre ironie me blesse et attise ma hargne.
Son attitude obscène qu'aucune issue n'épargne
A failli un instant me laisser abdiquer
Au point m'en souvenant d'en être tout troublé.
ANAIS
Tes traits ne sont plus seuls à se trouver raidis,
Je perçois des pensées proches de l'interdit
Et ne peux ignorer que tu es petit homme.
MAEL
Pardon de laisser voir la tension maximum
Qui s'exhibe sans fard sous vos yeux maternels.
C'est le souvenir seul de l'empreinte sensuelle
Que je me remémore en culpabilisant
Et non la tentation pour un vilain penchant
Qui me vaudrait sans doute un funeste destin.
Je vous jure ma mère que rien n'est dipien
Dans le désir qui naît sous vos yeux souverains
Mais un dur souvenir et un trouble malin.
ANAIS
Cesse de convoquer les héros de l'Antique
Pour une réaction bien trop automatique.
La colère transmet à tous l'excitation
Qu'il faut savoir soigner avec compromission.
Puis après un silence
Sais-tu que le garçon esquimau qui sanglote
Se calme doucement si quelqu'un le branlotte ?
Là-bas la tradition est des plus naturels !
Le mouvement très doux d'un poignet maternel
A pour effet subtil de le tranquilliser.
En écoutant aussi l'exquise mélopée,
Il se laisse bercer par le chant de sa mère
Au rythme régulier des cinq doigts qui l'enserrent.
MAEL
Si c'est le naturel qui nous vient au secours
Il faut s'en inspirer comme dernier recours.
ANAIS
Quand tu étais petit pour calmer tes colères,
J'usais de la façon autant que nécessaire.
Je te vois irrité , laisse ma main le faire
Et je suis convaincue que la tranquillité
T'habitera bientôt tel un petit bébé.
MAEL
Notre façon aborde un rivage anormal
Mais faite avec amour, il n'y a pas de mal.
ANAIS
(Elle sexécute en chantonnant )
Ani couni chaouani
Ani couni chaouani
Awawa bikana caïna
Awawa bikana caïna
E aouni bissini
E aouni bissini
Déjà, d'une caresse, tu ne t'agites plus,
Et je vois peu à peu ton sourire revenu.
Laisse aller ta pensée et ferme un peu les yeux,
Apprête-toi bientôt à jouir comme un dieu.
MAEL
Oui je vous reconnais, votre tendre impulsion
Et le doux souvenir de la belle chanson
Ont pour effet magique de me rendre tranquille,
J'en sens bizarrement les effets érectiles .
Puis après un silence seulement troublé par le doux mouvement d'Anaïs et son chant
Ah douce madeleine à l'exquise saveur
Qui me revient si vite comme une balle au cur,
Ma Jocaste je jouis , o ma mère je meurs !
ANAIS
La puissance du jet et sa belle épaisseur
Me rassurent Maël sur les capacités
Que tu auras demain pour garder la lignée.
(Puis approchant ses lèvres)
Tu me rends mon le lait qui t'a nourri
J'en goûte la saveur, l'abondance et le fruit.
Ne sens-tu pas au bout de ton sucre d'orgeat
La succion semblable à celle que tu donnas.
Mais mon dieu, cache-toi, j'entends dans l'escalier
L'homme qui cherchait tant à te socratiser.
Tu n'as plus que le temps d'aller dans ce placard
Et attendre qu'il parte selon son bon vouloir.
Prestement Mael part se cacher dans le placard
-ACTE 3 SCENE 2 MATHIS , ANAIS, MAEL dans le placard
MATHIS
Mon amie je vous trouve encore entre vos draps
Vous avez les réveils de paresseux prélats.
Quant à moi revenant de mes entraînements
A enseigner la balle à votre jeune
Vous me voyez remué, bouillonnant, alangui
Par la fièvre soudaine qui m'a tout envahi.
ANAIS
Embrassez-moi d'abord
MATHIS
Il faut me pardonner...
ANAIS
Cela mettra en paix votre nervosité.
(il l'embrasse sur la bouche)
MATHIS
Votre baiser ma chère a toute lâcreté
Et la saveur secrète propre à nous enivrer.
ANAIS
J'ai gardé en ma bouche un peu de votre offrande
Vous savez que j'en suis si gourmande et friande.
Rappelez-vous deux fois en cette nuit féconde
Vous vous êtes servi de ma gorge profonde.
Après l'interminable et cruelle abstinence
Où vous m'avez réduite avec inconséquence,
J'ai retrouvé la joie de donner le plaisir
Moi qui n'en avais plus qu'un lointain souvenir.
Mais vous semblez déjà n'en plus vous rappeler
Vous trouviez-vous conscient ou bien ensommeillé ?
MATHIS
Ne ressassez pas ça, c'est chose dépassée
Mais pour ma conscience et ma bonne santé
J'ai besoin de vous dire l'ampleur d'une brûlure...
(puis après un silence)
Mais ! visez mon visage plutôt que ma ceinture !...
ANAIS
Si l'autre chef se dresse ainsi devant mes yeux
Si votre mine pâle est d'un air mystérieux
Je tremble de savoir ce qui a pu si bien
Vous rendre priapique déjà de beau matin.
MATHIS
Votre fils madame et pas une autre Omphale !
(puis après un silence)
Après avoir lutté set à set, balle à balle
Dans un match à l'issue infiniment serrée
Où j'ai fini bien tard, sans gloire par gagner
Nous avons cheminé vers le local des bains
Pour ressuyer bien vite les sueurs du matin.
Dans l'atmosphère opaque des douches vaporeuses
Capté par le chant de ses mélodies siffleuses
J'ai aperçu son corps suintant sous l'eau fumante
Ses atours engageants , ses manières fringantes
Et je ne sais pourquoi presque instantanément
Le sang dans mes organes se fit tout bouillonnant.
ANAIS
Hé ! Cette description bien qu'elle soit troublante
N'en est pas moins pour moi bigrement inquiétante.
Vous venez confirmer en à peine cent mots
Vos goûts prononcés pour les frêles jouvenceaux
Ce que je n'ignorais mais ce qui me fait mal
Soit que ce jouvenceau est mon jeune mâle..
(il s'assied sur le rebord du lit)
MATHIS
Calmez-vous ! Même si, sans culpabilité,
Je l'ai bien, en pensée, par dix fois approché,
Si je le veux, par moi, son âme pénétrée,
Telle action pour son corps n'était pas mon projet.
ANAIS
Prenez tout près de moi la pose horizontale
Je suis bien entraînée aux caresses buccales
Et en quelques instants vous saurez savourer
Le jet libérateur propre à vous soulager.
MATHIS
Non !
ANAIS
Vous êtes tendu, il n'est pas raisonnable
De laisser un désir aussi peu maîtrisable...
MATHIS
Je vous veux à genoux, présentez-moi vos fesses,
Les formes de Maël n'étaient qu'une promesse
Qui me donnent envie d' explorer votre corps
Retrouver dans vos reins l'étroit et le confort.
Mathis s'agenouille derrière Anaïs
ANAIS
Oh my god, oh my god...
MATHIS
Est-ce l'objet ou Dieu
Que vous priez ainsi bruyamment de vos vux ?
Il est vrai qu'au toucher le secret orifice
Parait si resserré qu'il vous sera supplice
De bientôt m'accueillir sans l'avoir préparé
Par quelques bons outils qui vous sont familiers.
ANAIS
Nous chercherons plus tard les subtils artifices,
Les jouets érotiques et les autres prémices
Propres à faire hisser lentement le désir
Et le faire durer ou le faire languir.
Je ne peux plus attendre après les privations
Prenez-moi, pénétrez par brutale effraction.
En sachant m'entrouvrir vous me retrouverez.
MATHIS
Dans la prosternation je veux vous voir figée
Et m'offrir bien ouvert le chemin de vos reins.
ANAIS
L'anneau ainsi , la sensation revient.
MATHIS
Vous êtes contractée, vous me serrez si fort
Qu' y entrer juste un peu demande mille efforts.
Tout cela vous pensez, est loin de m'attiédir,
Je récupère intact le tendre souvenir
De tous ces pucelages que j'ai jadis s
Pour leur offrir après source de volupté.
Mathis s'exécute
En quelques va-et-vient je vous sens vous détendre
Votre corps tout entier renonce à se défendre,
Séveille doucement à un enivrement
Que je suscite en vous en allant plus avant.
J'entends déjà un râle, est-ce bien de plaisir ?
ANAIS
Tant de jours sans amour, je me sentais flétrir.
MATHIS
Mettons de la musique pour couvrir vos soupirs
Un air de Puccini me paraît convenir .
Il abandonne un moment Anaïs et va mettre en route un appareil à musique
(La bohème de Puccini : Quando m'en vo soletta per la via.....)
Puis Mathis reprend sa place derrière Anaïs prosternée et pendant tout l'aria va et vient dans le corps d'Anaïs.
ANAIS
Ah Mon Dieu ! Je me sens maintenant détendue
Votre présence en moi a trouvé une issue.
MATHIS
Vous jurez malheureuse, mais c'est moi le damné
Le plaisir si intense que je veux partager
Je le vois peu à peu en vous se propager.
Au fond de vos entrailles je m'en vais me vider!
Ah !
ANAIS
Ha !
Merci maître, vous avez réveillé
Dans mes tissus profonds la vraie sensualité.
C'est comme si ce jour du canal infécond
Je retrouvais la joie de la défloration.
MATHIS
Vos râles extatiques m'auraient presque fâché
Cela mériterait quelques bons coups de fouets.
Je vais l' aller chercher dans le fond du placard...
ANAIS
Non ! Ne le prenez pas...
MATHIS
Que me vaut cet écart ?
Depuis quand osez-vous guider mon entreprise
Deviendriez-vous donc une femme insoumise ?
ANAIS
Je vous prie aujourd'hui d'user de la cravache.
Et pour le ton que j'eus, je comprends qu'il vous fâche...
Tous mes égarements me valent punition
Allez frappez ami au son des partitions...
MATHIS
L'outil est en effet au pied de votre lit
Vous le conserviez donc comme relique envie.
Mais je ne comprends pas en quoi ce choix se fonde
La douleur est plus vive , les marques plus profondes,
Vous crierez plus fort , vous pleurerez sans doute,
Cela résonnera au faîte de ces voûtes.
Il nous faudra couvrir vos sanglots et vos plaintes
En mettant au plus fort une musique sainte.
(Mathis met alors le Gloria de Puccini à forte puissance. Les coups de cravache s'abattent alors, au rythme des Gloria, sur les reins et les fesses d'Anaïs. La lumière baisse et le rideau se ferme pour la scène suivante)
ACTE III SCENE 3 LOLA MATHIS
Plus tard, dans la même chambre, Mathis lit à voix haute un billet trouvé dans sa poche
MATHIS
Lola voici le mot que j'ai trouvé hier
Dans un des pantalons pendu dans le vestiaire.
(Il lit)
« Ce billet laconique pour vous dire Monsieur :
Je ne puis désormais me masquer à vos yeux .
Vous avez révélé dans mon tout jeune esprit
Un sentiment confus qui a tout étourdi.
Ne pouvant vous avouer devant notre famille
Un amour impossible qu'en mon cerveau fourmille,
Je serai à quinze heures dans la villa voisine.
On y accède par la brèche qu'on devine
Dans la haie de laurier au nord-est du jardin ;
Jai exploré le lieu depuis plusieurs matins .
A ce que l'on prétend chez les gens du quartier
Elle est inhabitée depuis plusieurs années.
Mais la porte est ouverte et les pièces meublées.
On peut y trouver là une tranquillité
Et un isolement propice à mon message
Que je veux exprimer en dépit de mon âge.
Vous trouverez chez moi l'abandon, les faveurs
De toutes les parties de mon corps, de mon cur.
Ne vous privez de rien même si la souffrance
Doit se combiner à l'impossible jouissance.
Ce billet laconique pour vous dire Monsieur
Que je crois vous aimer comme on chérit un dieu. »
LOLA
C'est un beau témoignage, on ne peu plus troublant
Y a-t-il signature au bas du document ?
MATHIS
Ce mot n'est pas signé, qui donc en est l'auteur.
Vient-il de ce garçon ? de son accorte sur ?
Je ne devine rien aux tournures des phrases.
LOLA
Il y a du féminin dans le goût de l'emphase
Mais de l'air masculin pour rester anonyme.
Le risque de façon me paraît bien infime.
MATHIS
Serait-ce un traquenard ou une heureuse aubaine?
Je meurs de l'impatience de connaître la scène
Où je me trouverai face à cet inconnu.
LOLA
Cet inconnu ou bien plutôt cette inconnue ?
Me trompé-je ou j'entends le genre masculin
Qui trahit de vos murs un singulier béguin .
MATHIS
Qu'importe ma Lola, en attendant quinze heures
Allons nous échauffer les parties postérieures.
C'est bientôt votre pause, faîtes moi l'ingénue
Qui rougit mais qui sait s'offrir sans retenue.
Et puis dans la foulée connaissant votre tact
Faites moi le puceau à la nature intacte.
Malgré d'interminables et profondes saillies
Je veux garder en moi mon germe de Marquis
Pour le voir se répandre un peu plus tard ce jour
Abondant et épais dans quelque puits d'amour.
LOLA
Laissez moi vous offrir avant toute effusion
Quelques strophes pastiches de ma composition.
Mal armée de mes vers, je veux nous apporter
Une once de culture à nos faits dépravés,
Non pour nous délivrer de tout souci de sexe
Mais pour les dominer , c'est mon sonnet en « ex » :
Lola lit .
« Si le Kamasutra est pour vous le Codex
Le récit du sacré qui vous rendra plus fort,
Il faut se préparer à se mouiller l'index
Mais pas pour feuilleter ce texte à anaphores.
Bien en sécurité sous le toit d'un Narthex
Ânonnant en neuvaine neuf vains Confiteor
Vous voilà toujours prêt à plisser du latex
Et vous agenouiller entre deux météores.
Même si ce moment vous découvre perplexe,
Pas d'égard ! les passions délivrent des complexes
Pour vous faire retrouver la pratique des Maures.
Ne laissez pas mon corps en état de réflexe
Comme dans la cité jumelle de Gomorrhe
Faîtes subir les faits de mon récit implexe. »
MATHIS
Quelle subtilité dans ces alexandrins
Même s'ils me paraissent abscons en bien des points,
Cela ne devrait pas nous égarer j'espère
Reprenez la posture que vous aviez hier
Et Je commencerai doucement par aller
Dans le temple d'amour si chaud et si douillet,
Puis vous saurez m'offrir sans nullement bouger
Vos reins fins et étroits pour quelques embardées.
Enfin troisièmement sans trop précipiter
Votre bouche Lola qui sait bien versifier
Devra bien m'enrober pour un dernier verset..
LOLA
Le programme est donné, l'action peut démarrer !....
Mathis saisit Lola pour lui faire l'amour alors que la lumière baisse.
Fin de l'acte III
ACTE IV SCENE 1 LOLA MATHIS
Dans le séjour de la maison voisine alors plongée dans l'obscurité
On entend les voix de Mathis et Lola à l'extérieur qui semblent s'approcher
On voit dans la pièce une silhouette qu'on ne peut identifier.
MATHIS
Le passage en effet dans ces fourrés épais
A tout de la mission d'un apprenti troupier.
LOLA
Savez vous seulement qui vous allez trouver
Dans cette résidence à l'air abandonné.
N'appréhendez-vous pas un curieux face-à-face ?
Il est parfois prudent de délaisser la chasse.
MATHIS
Vous me savez friand de plaisantes surprises,
L'inconnu est pour moi l'élément qui m'attise
Et je veux m'en remettre à la fatalité
Quitte à parfois me plaindre de ma légèreté.
Les deux personnages ouvrent la porte.
ACTE IV SCENE 2 LOLA MATHIS MANON
Le salon est entièrement meublé . Les fauteuils et meubles sont recouverts de draps blancs.
LOLA
Nous y voilà enfin, faisons de la lumière
En tirant les rideaux. Que cesse le mystère !
MATHIS
Ah c'est toi
MANON
Oui c'est moi.
MATHIS
Pas la peine de dire,
Je comprends que c'est toi qui as osé m'écrire.
MANON
Je comprends bien aussi que vous n'attendiez pas
En rendez-vous secret dans ce curieux endroit
La fille que je suis mais une autre personne
L'aimable Ganymède plutôt que Perséphone :
Serait-ce donc mon frère que vous préféreriez ?
MATHIS
Je ne t'accorde pas le droit de supputer.
N'ignores-tu donc pas que ma situation,
Mes goûts particuliers pour donzelle et giton
Me permettent d'user sans aucun préalable
Du corps de l'une ou l'autre pourvu qu'il soit domptable.
MANON
Depuis notre rencontre un effet s'est produit
Tout a tourné en moi , je suis comme engourdie.
Je sais votre pratique auprès de notre mère
L'approche en séduction, puis les propos amers,
Et même deviné quelque geste brutal.
Mais je devine en elle une quête du Mal ,
Une indicible foi et un amour obscur
Qui vous font partager un destin d'écriture.
Je sais que pour vos yeux je ne suis qu'une
Qui demeure invisible et anonymement,
Pourtant je veux m'instruire avec avidité
Du sujet des passions et leurs tourments secrets.
MATHIS
Oui, j'entends ta prière et j'y suis bien sensible.
Il ressort de tes vux bien des actes possibles,
Mais je ne peux répondre aussi directement
On ne prend pas ainsi son père pour amant
MANON
Pardon de vous redire nous n'avons de commun
Que le plaisir de vivre ce moment opportun ;
Pas de sang, pas de nom, vous n'avez rien versé
En aucun territoire qui fait que je suis née.
MATHIS
Et le code pénal loublies-tu mon petit
Et notamment l'article deux cent vingt-sept , vingt six,
Qui punit l'ascendant ayant autorité,
Ou qu'elle soit de droit ou qu'elle soit de fait ?
MANON
Et si je refusais que votre autorité
Pût s'exercer ainsi ; c'est mon bon droit parfait.
On laisse désormais aux femmes...
MATHIS
Mille millions !
Que cette péronnelle ne manque pas daplomb !
À Lola
Agenouillez-la pour première pénitence,
Je veux la voir avec un peu moins de prestance.
LOLA
Voyez comme en prenant ces cheveux à poignées
Je peux la dominer et la faire courber.
Son visage à présent est bien à la hauteur
De la protubérance aux contours prometteurs.
MATHIS
Regarde, ma jolie, enserré dans la toile,
L'objet qui désormais au repos ou martial,
Te dominera, toi, et ton cur et ta vie,
Occupera sans fin tes journées et tes nuits.
LOLA
Quand autant de candeur et d'ingénuité
Viennent soffrir à vous dans un corps de beauté
Vous ne pourrez jamais en digne débauché
Laisser cette occasion en chose à négliger.
MATHIS
Et non certainement, je m'en vais vite faire
De cette exquise une bonne ouvrière.
Mais j'aurais mieux goûté si pendant quelque temps
Elle avait résisté tout en s'effarouchant.
Ah ! C'est mon bon plaisir que de forcer un peu
Un corps qui au départ semble peu partageux,
Quitte à parfois soumettre l'indocile apprentie
A quelque châtiment pour faire qu'on s'y plie.
LOLA
Nul n'empêche après coup que ces plaisirs sadiques
S'expriment sans colère en sanction domestique.
Voyez ces reins fragiles et ces fesses si douces
Sous le court vêtement qu'elle même retrousse.
La donzelle anticipe de plaisante manière
Votre goût prononcé pour les jolis derrières
En nous arrivant nue sous sa petite jupe.
MATHIS
Oh que cela m'atteint Oh que cela m'occupe.
Depuis ma position je ne peux qu'admirer
La jolie croupe intacte , le visage parfait....
Enseignez je vous prie à cette bouche neuve
La caresse profonde dont les prémices émeuvent,
Et pour parfaire aussi votre initiation
Accompagnez le geste en donnant la leçon.
LOLA
Tout bas à Manon :
Saisis ce sexe roide par tes lèvres ouvertes,
Enveloppe-le bien comme une bouche experte
Caresse doucement sans en craindre la taille,
Puis observe là-haut ton maître qui défaille.
MATHIS
Masquez je vous en prie ces doux yeux qui m'observent
Que prudence et lenteur ensemble me préservent.
Je ne veux exploser sur cette jeune langue
Qu'après l'avoir fouillée jusqu'à en être exsangue.
LOLA
Ce bandeau que je noue la privera de vue
Mais pour le calme offert , je n'en suis convaincue.
Au contraire je crois qu'il vous excitera
De voir les yeux qui pleurent au travers de ce drap.
MATHIS
Vous êtes, ma Lola, une bonne enseignante
En si peu la petite est bonne pratiquante.
Voyez elle parvient de ses lèvres si fines
A faire des caresses aux sensations divines.
LOLA
Je tiens à pleine main cette nuque fragile
Et donne l'impulsion qui la rend si gracile.
Goûtez ces happements de plus en plus profonds
Qui à moi-même font parcourir des frissons..
Plus tard.
LOLA
Par trop de mouvement, vous hâterez l'issue,
Le plaisir saccommode avec la retenue.
Saisissez ses cheveux d'une poigne solide
Vous guiderez ainsi votre sexe turgide
Avec de la lenteur, au fond de son palais,
Au risque, calculé, de la voir suffoquer.
MATHIS
La diablesse m'épuise , je ne puis résister,
Je me sens me dissoudre, mourir, m'abandonner...
Ah !
LOLA à Manon
Reçois dans ta bouche l'abondante liqueur,
Déglutis doucement sans écouter ton cur,
Gardes-en bien le goût, l'épaisseur et le fruit,
Pour t'en remémorer dans le secret des nuits.
Manon se lève et, les yeux baissés et les mains jointes
MANON
Ai-je péché mon maître de tant de sujétion
Après cet exercice quelle est la correction ?
MATHIS
Je me sens las de tout après nos errements.
Veuillez chère Lola la fesser lourdement.
Je veux qu'elle crie fort et s'agite sans cesse,
Que marquées et rougies soient ses splendides fesses...
Dans ce lieu isolé où personne ne vient
Laissez aller sans trêve vos caprices et vos mains...
LOLA
Viens vite belle t'allonger sur mes cuisses
Je veux vite donner la couleur écrevisse
Aux deux divines parts de ta croupe garçonne...
MATHIS
Je n'ai d'yeux que pour elle et que Dieu me pardonne !
Est-elle , je vous prie de belle fermeté ?
LOLA
Assurément Monsieur, elle l'est à souhait.
Lola fesse Manon qui crie sous lil amusé de Mathis qui allume une cigarette.
MATHIS
Lola vous aiderez notre jolie Manon
A donner à ses formes un ton moins rubicond.
Je vous vois déjà oindre les marques de vos doigts
Pour le grand bénéfice des grâces de l'endroit.
Vous la rhabillerez et sécherez ses larmes,
Tant pis pour le spectacle de ses novices charmes.
Mathis sort de la villa
ACTE IV SCENE 3 LOLA MANON
MANON
Vous avez ma Lola été de bon conseil
Pour assouvir le maître qui exige et qui veille.
Je suis toute agitée de mille sensations
Si cérébrales quand vient la domination.
Et je conserverai dans mon jeune épiderme
La brûlure secrète et le plaisir en germe.
Maintenant vous parlez de votre ton badin
Et vos doigts délicats font uvre de doux soin.
Vous m'avez bien appris que l'agenouillement
Invite à la prière mais pas uniquement,
C'est aussi la posture que l'on se doit d'offrir
Au pied du bien-aimé qui vous fera souffrir.
Tout comme abandonner demain ou bien après
A sa puissance mâle mes virginaux accès...
Je me sens prête et forte à devenir soumise.
LOLA
Cette prime aventure qui t'a parue exquise
Ne doit pas t'égarer dans des voies inconnues
Je t'impose d'entendre un discours convenu :
Anaïs, je le sais, veut te voir rester vierge.
Ne va pas succomber au don qui te submerge !
J'entends le postulat, le principe et la clause
J'en partage l'idée, le sens des saintes choses,
Ton hymen est pour tous un beau cadeau du ciel
Que lon doit protéger de tout péché mortel.
La nature nous fait, nous les fragiles femmes,
Sensibles et sensuelles du corps comme de lâme,
Du cheveu le plus haut à la plante des pieds,
De toutes les parties visibles ou cachées,
De celles qui s'agitent ou qui sont immobiles...
Le sujet d'émotions de plus en plus subtiles.
MANON
Oui mon cerveau bouillonne de mille sensations
A l'énumération de cette évocation.
Si ma mère l'exige j'obéirais sans doute
Je mettrais une pause sur l'immuable route
Qui doit me diriger par tant d'expériences
Vers une vie d'emprise au risque de souffrance.
LOLA
Les femmes et les hommes vivent une différence
Qui n'est pas seulement de par leur dissemblance.
Les unes dont l'esprit plein de douce attention
Vibrent plus par les mots que par toutes actions
Laissent l'évolution d'une passion naissante
Se faire à feu couvert par flammes émollientes ...
Pour les autres, les hommes, il leur faut du concret
Le spectacle bien franc de la sensualité
Des images de nus, de corps martyrisés,
Des mélanges vulgaires d'êtres enchevêtrés ,
L'animation bien claire de la pénétration...
Et que ces épopées soient en répétition,
En délire orgiaque, en denses réunions ..
Couvrent la variété de la copulation...
Et tous ces faits alors les animent d'ardeur
Qu'ils guident vers l'organe qui se prend de raideur
Sans que les douces murs et les principes sages
Ne calment leur fureur , n'atténuent leurs ravages...
Chez nous vois-tu, l'idée, la simple suggestion,
Nous remplit chaudement d'une vive émotion,
Un geste imperceptible ou un regard volé,
Quelques mots griffonnés sur un petit billet
Et voilà brusquement que notre cur s'emballe
Que le corps tout entier répond à ce signal...
Et que les joues s'empourprent, puis la bouche s' assèche...
Notre poitrine vient d'être criblée de flèches...
Et nos dix doigts tremblants ne peuvent apaiser
Le ventre qui nous brûle, entre ses plis secrets.
MANON
Que cela est bien juste, je comprends désormais
Les émotions vécues depuis plusieurs années.
Cela était confus, et en moi tout enfoui,
Le désir se découvre quand il se voit soumis.
Ma très chère maman doit-elle enfin apprendre
Que je puisse glisser dans la carte du Tendre
Au plus fort des torrents, des flots tumultueux,
Vers la Mer de passion aux courants hasardeux.
LOLA
Va la rejoindre vite, elle ignore ces faits
Use de l'allusion plus que de vérité
Cela te permettra par de menus aveux
D'admettre l'évidence, la montrer à ses yeux.
On n'a besoin d'autrui que pour se rassurer
Du bon regard porté sur ce que l'on paraît.
Fin de l'acte IV
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